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Citations de Jean-Christophe Rufin (2790)


La caravane passa lentement devant nous, et soudain, je compris ce qui m'émerveillait dans ce pays : il était le centre du monde. En lui-même il ne disposait pas de qualités exceptionnelles, mais l'histoire avait fait de lui le lieu vers lequel tout convergeait. C'était là qu'étaient nées les grandes religions, là que se mêlaient les peuples les plus divers que l'on croisait dans les rues : arabes, chrétiens, juifs, turcomans, arméniens, éthiopiens, indiens. Surtout, c'était vers lui que les richesses du monde entier étaient attirées. Ce qu'on produisait de plus beau dans la Chine, l'Inde ou la Perse, y rejoignaient les meilleures fabrications de l'Europe ou du Soudan.
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En Cantabrie, j'ai connu la même alternance de rejet et d'attachement. Je me suis impatienté de devoir subir l'intenable compagnie de cette mer dépourvue de fantaisie et, oserais-je dire, de conversation. Et puis, au moment de la quitter, je me suis attaché à elle au point de souffrir à l'idée d'ne être séparé et cela avant même que le Chemin m'ait éloigné d'elle. Les dernières nuits en sa compagnie étaient douloureuses de plaisir. Si je me permets ici une confidence, je dirais que ce paradoxe est celui de toute ma vie. Sans doute ne suis-je pas le seul à goûter les choses et les êtres au moment où ils nous quittent. Mais j'ai poussé plus que d'autres le vice ou la gourmandise jusqu'à m'éloigner souvent de ce que j'ai de plus cher, pour en mesurer le prix. Jeu dangereux où l'on peut gagner beaucoup, mais où il y a encore plus à perdre.
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Il avait été élevé dans un monde désorganisé où il fallait faire la queue à tout propos. Ce qui était difficile pour lui c’était de conserver dignité et volonté dans de telles ambiances. Son premier réflexe dans la foule était de retrouver la soumission et la passivité que le monde communiste exigeait de ses sujets.
(p. 85)
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Aurel devenait tout à coup prodigieusement intéressant. La valeur qu’il n’avait pas en lui-même, il l’acquérait par sa fonction. La fille leva les yeux de sa carte de visite et le gratifia d’un sourire qui pouvait tout laisser promettre.
(p. 65)
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Dans son monde, on est habitué à penser en termes de séduction et de désir. Elle était certaine que ce pigeon-là était pincé.
(p. 63)
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Elle avait coiffé ses cheveux en arrière et son court chignon dégageait une nuque très longue qui lui donnait un air de biche. En même temps, son œil était froid : elle avait détaillé Aurel en un instant. Il sentait qu’elle l’avait immédiatement classé dans la catégorie des minables.
(p. 62)
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Lemenêtrier ne répondit rien, laissant l’avenir ouvert. Il ne s’opposait pas puisqu’il n’en avait pas le pouvoir ; mais il ne serait pas dit qu’il aurait formellement approuvé.
(p. 44)
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Baudry, le Consul Général, en bon fonctionnaire, savait reconnaître et apprécier les cas d’esclavage volontaire ;
(p. 41)
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Le raffinement des galeries et des jardins allait croissant à mesure qu'ils avançaient. Le dernier, attenant à la résidence du roi, était presque entièrement planté de roses. Le climat d'Ispahan leur était si favorable, l'habileté et le nombr des jardiniers si remarquables qu'elle triomphaient en taille, en variété et en splendeur (...) Leur parfum, dans cette enceinte close, était si violent qu'il eût à lui seul ut enivré un souverain plus tempérant.
Depuis que la dynastie safaride avait chassé les turcs du pays, cent ans plus tôt, la race des rudes guerriers du début avait fait place peu à peu à une cour délicate. Ellen 'était plus guère préoccupée que d'une conquête : celle de plaisirs toujours renouvelés, de jouissances inédites. Les rois avaient concentré dans leurs palais tout ce que les pays voisins et l'Iran même produisaient de plus beau en amtière d'orfèvrerie, de soierie, de tapis ou de musique. La seule vue de ces temples du goût rassuraient les souverains ; il leur semblait bien improbable que des barbares pussent un jour franchir ces murailles sans tomber à genoux d'admiration avant de parvenir à la dernière. Et pourtant les tribus afghanes commençaient à descendre de leurs montagnes...
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- Alors, dit-elle quand elle fut près de lui, que t'as dit cet ambassadeur ?
- Il ne veut rien faire.
- Tu vas y aller toi-même.
Le ton d'Alix était tout à fait neutre. Il n'exprimait ni une question, ni un doute, ni un reproche. Peut-être seulement une intuition. Jean-Baptiste lui jeta un bref coup d'oeil de surprise et de curiosité.
- Tant pis, grommela-t-il, Juremi est un vieux bonhomme maintenant. Il ne voudrait pas lui-même qu'on en fasse trop. J'ai essayé. C'est impossible. Il faut s'y résigner.
Alix le regardait en formant un léger sourire mais il fuyait ses yeux. Elle le prit par la main, et après avoir forcé une légère résistance, elle l'entraina derrière elle. Ils sortirent du jardin des simples et allèrent jusqu'au banc de pierre, dans la rsoerai, où ils purent s'asseoir côte à côte. elle garda les mains de Jean-Baptiste dans les siennes. Il ne quittait pas son air boudeur.
- Ecoute moi un instant, dit-elle doucement. Tu le sais bien Jean-Baptiste : les événements disposent de nous pour presque tout. Les rares fois où il nous revient de décider librement, nous n'avons pas le droit de vouloir autre chose que le bonheur. Eh bien, le bonheur, nous ne l'aurons pas si tu restes. A chaque moment de ta vie, tu te reprocheras de ne pas avoir secouru Juremi et tu nous en voudras de t'avoir retenu. Je déteste l'idée que tu partes, Jean-Baptiste, mais tu vas partir.
Cette roseraie, à la manière persane, ne comportait point d'allée ; un gazon serré, que les domestiques coupaient au ciseau, couvrait le sol jusqu'au pied des fleurs. Sur ce fond cru, le visage clair et les bras nus d'Alix, sa gorge tendue sous la fronce du décolleté flottaient entre le terrestre et le céleste, l'humain et le végétal. Jean-Baptiste la regarda et, saisi d'une violente émotion, la serra contre lui. Il était le premier d'ordinaire à chasser la mélancolie, comme on refuse de porter une couleur qui ne vous va pas. Alix, cette fois, avait montré plus de vigilance que lui ; elle venait, en lui rappelant l'essence même de leur amour, de le ramener à l'optimisme et à la volonté. Bien sûr il était indécent de montrer trop de joie à l'idée de partir. Il n'était pas moins ridicule de cacher qu'il l'avait déjà décidé et elle l'avait fort bien compris. Donc, il partirait, il ramènerait Juremi, et au bonheur de le sauver s'ajouterait celui de retrouver Ispahan.
Déjà il sentait tous les bienfaits de cette décision. D'abord en regardant alix en respirant son parfum, en frôlant sa nuque douce de ses lèvres, il découvrait cette disposition de la mémoire particulière à ceux qui vont partir et qui comble leur esprits des choses les plus insignifiantes et qui seront demain les plus précieuses.
(...) et puis il venait une dernière objection, qu'il formula tendrement : n'allait-elle pas trop souffrir d'être séparée de lui ? Elle dit qu'elle souffrirait plutôt de le retenir.
Quand elle y pensa, par la suite, elle se dit qu'elle n'avait peut-être pas avoué toute la vérité, faute de la voir encore bien clairement. Bien sûr, pour se déterminer, elle avait d'abord pensé à Jean-Baptiste, à la nostalgie qu'il avait de l'abyssinie et des voyages, à son amitié pour Juremi, à sa liberté. Mais plus tard et peu à peu, elle avait senti que ce retour des temps troublés, aventureux, incertains comblait en elle quelque désir secret qu'elle ne s'avouait pas. Françoise auprès de Saba et Jean-Baptiste parti, elle se sentit soudain libérée comme mère et comme épouse. Quelle femme, saisie si jeune par un amour heureux et qui ne s'est point interrompu, ne rêve-t-elle pas de retrouver, si peu que se soit, l'émoi d'une première jeunesse encore inaccomplie, où la liberté ne consiste pas encore seulement à faire le bonheur d'un autre ?
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Comme ces découvertes qui détruisent tout ce qui les a précédées, le pèlerinage de Compostelle, tyrannique, totalitaire, fait disparaître les réflexions qui ont conduit à l'entreprendre.
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La médecine est la vie, ma vie, toute la vie.
Aujourd'hui que je luinparais si peu fidèle, j'en suis plus proche que jamais. J'ai envie de raconter cela, de montrer cette unité.
La médecine est le véritable sujet de ce livre.
Qu'on veuille bien me pardonner d'y parler beaucoup de moi; c' est le seul moyen que j'ai trouvé pour parler d'elle.
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Un semblant de soleil, hésitant et sournois, se glissait sous la jupe grise des nuages que le vent du soir avait soulevée.
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Ayant beaucoup aimé nombre de ses écrits, j'attendais avec impatience de lire ce nouveau roman de JC Ruffin. J'avoue être déçue, ni l'histoire, ni le personnage principal (manifestement appelé à être récurrent) ne m'ont convaincue, et je n'en sais pas plus sur Conakry qu'avant d'ouvrir le livre.
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Personne ne pouvait avoir vécu cette guerre et croire encore que l'individu avait une quelconque valeur.
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Derrière l'œil fixe et dur brillait une petite lueur maligne, comme une ébauche de sourire. Pas un sourire social, pas un sourire anonyme, adressé à tous. C'était plutôt un sourire intérieur, ironique et même triste, une manière de juger la vie et d'en tirer les conséquences.
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Dans son monde, on est habitué à penser en termes de séduction et de désir. Elle était certaine que ce pigeon-là était pincé. Il y avait souvent des histoires avec des hommes amoureux qui se faisaient larguer et qui essayaient par tous les moyens de rattraper celle qui les avait plaqués.
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On aurait dit un portrait-robot, ou plutôt le portrait d'un robot, sans expression, dur, impénétrable, ni gai ni triste, sans humeur ni sentiment. C'était le visage d'un homme tendu vers l'action et pourtant enfermé en lui-même. Aurel ne prit pas le temps de le détailler. Il se contenta de fourrer le cliché dans une chemise en carton. Fébrilement, il enfila son veston et son manteau, ferma le bureau, quitta le bâtiment et trottina jusque chez lui en serrant le précieux document contre lui.
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Aurel était extrêmement habile au maniement des ordinateurs. Pour être tranquille au bureau, il jouait à celui qui n'y connaissait rien. En réalité, si une motivation personnelle existait, il était capable de se transformer en un geek accompli. Le clavier informatique l'excitait autant que celui du piano et lorsqu'il posait les mains dessus, une joie exubérante s'emparait de lui.
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C'était un fonctionnaire en fin de carrière, et il était évident au premier coup d'œil qu'il ne survivrait pas à la retraite. Son visage au teint bistre ressemblait à un formulaire administratif qu'un usager devenu fou aurait rempli n'importe comment, à grands coups de rides, de taches, de boutons. Il était veuf et la rumeur, dans l'ambassade, voulait qu'il eût recours aux services de prostituées africaines très jeunes, et même mineures. Ce vice présumé lui valait un dossier chargé qui avait compromis depuis des années tout avancement.
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