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Citations de Jean-Claude Carrière (447)


D'autres fois on leur coupe les mains et on les lache dans la forêt en leur disant :"allez porter des lettres ! "
Las Casas .
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Le voyage immobile

Deux paysans discutent, quelque part en Europe centrale, à l’occasion d’une foire. Ils racontent leurs vies.
- Moi, dit l’un, j’ai connu tant et tant de pays ! J’ai connu la Russie, la Pologne, la Biélorussie, l’Allemagne, que sais-je encore ?
- Tu as donc beaucoup voyagé ? lui demande l’autre.
- Penses-tu. Je n’ai jamais quitté mon village.
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Pour les hommes, l'été, la sieste apportait deux heures de répit à une activité incessante. Tradition des pays chauds, autre signe du Midi, la sieste coupait la journée en deux. (...)
Femmes et enfants restaient éveillés. Les femmes tricotaient à l'ombre, après la vaisselle, devant la porte. Les enfants jouaient aux billes et tentaient de s'enfuir pour courir çà et là, surtout vers la rivière. Mais ils avaient ordre de ne pas se baigner moins de deux heures après le repas.
La sieste : un morceau de temps suspendu, une odeur de sueur, les volets à-demi fermés, les mouches sur le drap, la voix basse des femmes et le chant des cigales.
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La bague

un ami dit à Nasreddin :
- donne-moi une bague. Chaque fois que je la regarderai, je penserai à toi.
-Je ne te donnerai pas de bague, lui répondit Nasreddin. de cette façon, chaque fois que tu regarderas ton doigt vide, tu penseras à moi.
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Quand on cherche à savoir, c'est pour un certain temps. Quand on décide de ne pas savoir, c'est pour toujours.
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L’Europe du milieu, la fameuse Mitteleuropa si riche de philosophes, d’hommes d’Etat, d’artistes, porteuse d’un patrimoine exceptionnel, creuset d’idées comme de sentiments, se trouve avalée depuis plus de vingt ans par un monstre idéologique d’une stupidité et d’une brutalité qui ne sont déjà plus, en 1968, à discuter. Le masque est tombé depuis les années 1930, depuis les purges de Moscou, même si la victoire sur l’Allemagne a relégué au second plan la vraie grimace du communisme. (…) Une timide tentative de prise de liberté, à Budapest, en 1956, a été écrasée par les chars de Moscou et peu de voix ont protesté. Un peu plus tard, Nikita Khrouchtchev a coupé le souffle aux députés de la Douma en révélant tranquillement les crimes de Staline, du génial « petit père des peuples », et en promettant des réformes. Coup de théâtre sur la scène mondiale.
Mais Khrouchtchev venait de la même écurie. Animé par une foi sans partage dans l’avenir du communisme, il avait soumis l’Ukraine au pouvoir central en faisant du massacre un geste politique -au point qu’on le surnomma « le boucher de l’Ukraine ». Colérique, populiste, malin sans doute, mais malin aveuglé par tant de bandeaux, il a poursuivi la même politique, mettant ses pas dans ceux de Staline, risquant de lancer le feu atomique sur la planète à propos des fusées qu’il envoyait à Cuba.
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Jean-Claude Carrière
Le rêve est la vraie victoire sur le temps.
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Le bourreau Sanson a raconté que le duc de Charost lisait un livre dans la charrette qui le conduisait à l'échafaud. Avant de monter les gradins, il corna la page.
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Nous sommes ici avec une intention précise : décider de la nature exacte des Indiens. Décider s'ils sont les descendants d'Adam et d'Eve, soumis au pêché originel, s'ils ont été rachetés par le sang du Christ, s'ils ont un âme semblables à la nôtre, s'ils peuvent comme nous prétendre à la vie éternelle.
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On peut coucher, on peut dormir ensemble. Ce sont là des manières de dire, et non de faire.

Le plus simplement du monde, on se fait aimer.
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[...] ... - "Je ne peux évidemment que le suggérer," dit le cardinal, "mais pourquoi ne pas ramasser [ces Africains] vous-mêmes, en nombre suffisant ? Vous auriez ainsi une main-d'oeuvre assurément robuste, docile et encore moins dispendieuse. La mortalité des Indiens s'en verrait ainsi compensée. Je suppose qu'en Afrique, ça se trouve facilement ?

- Leurs rois eux-mêmes les vendent," affirme alors le cavalier.

Le court silence qui suit est cette fois rompu par Sepúlveda :

- "L'esclavage est une institution ancienne et salutaire, qui répond aux classifications de la nature et permet la préservation de la vie. Cela s'est maintes fois remarqué dans l'histoire. Les esclaves sont un réservoir de vie. Leur immense apport, constamment renouvelé, permet la sauvegarde de l'espèce humaine de catégorie supérieure, la seule qui compte aux yeux du Créateur."

Tous - sauf Las Casas et Ladrada - approuvent de la tête. Le phénomène naturel que vient d'évoquer le philosophe est bien connu. Il est ici indiscutable. Sauvons les meilleurs.

Sepúlveda demande alors :

- "L'Eglise ne s'opposerait pas à ce type d'expéditions ?

- Pourquoi s'y opposerait-elle ?" demande le prélat.

Il ajoute, en se retournant vers le comte Pittaluga :

- "Est-ce que la Couronne s'y oppose ? Bien au contraire. Quelle raison pourrait avoir l'Eglise ?"

Sepúlveda n'a rien à répondre. Las Casas, à ce moment-là, intervient :

- "Eminence, le roi n'a jusqu'à maintenant accordé que des autorisations particulières, non sans réticence et regret, pour subvenir au manque de bras. Si l'Eglise autorise officiellement cette opération, cela risque de devenir très rapidement un grand commerce. L'appétit de l'argent peut conduire à tous les abus.

- Et à des guerres," ajoute Sepúlveda lui-même. "A des révolutions."

Même le philosophe paraît désemparé. Son inquiétude est évidente devant une idée imprévue. Une large dimension des événements lui échappe. Sur le moment, tout ce qu'il peut y entrevoir est sombre, hérissé de dangers, très vague. ... [...]
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Un maître zen offre un melon à son disciple et lui demande :
- Comment trouves-tu ce melon ? Il est bon ?
- Oui, il a très bon goût, répond le disciple.
- Où se trouve ce goût ? demande alors le maître. Dans le melon ou sur ta langue ?
Le disciple réfléchit et commence à se lancer dans des explications compliquées :
- Ce goût provient d'une interdépendance entre le melon et ma langue, car ma langue seule, sans le melon, ne peut pas...

Le maître l'interrompt brutalement :
- Triple idiot ! Que vas-tu chercher ? Ce melon est bon. Ça suffit.
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… sur les pentes du Jura suisse … s'est installée, depuis longtemps, la plus grosse colonie de fourmis d'Europe. Plus de cent vingt millions de fourmis vivent ici, sur une superficie d'environ soixante-dix hectares. Ces fourmis se réunissent dans de véritables résidences, qu'elles édifient, et que nous appelons des dômes.
On compte dans cette partie du Jura suisse plus de deux mille dômes, qui sont chacun comme une ville active (au moins pendant la belle saison).

2163 - [p. 26]
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La relativité générale est restreinte (et vice versa)

Marius et Olive :

Une histoire semble remettre en cause les principes fondamentaux de l'arithmétique.
Marius et Olive s'engagent pour participer à une course pied. Pour des raisons inconnues (mauvais temps ?), la plupart des concurrents se désistent. Marius et Olive se retrouvent seuls au départ.
Ils font la course, et Olive gagne.
Quelque temps plus tard, un ami, qui n'est pas au courant du résultat, rencontre Marius et lui demande :
-Alors, et cette course ?
-Elle a eu lieu.
-Et qu'est-ce que tu as fait ?
-J'ai fini second répond Marius.
-Pas mal. Et olive ?
-Olive? Il a fini avant-dernier.
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Une autre fois, j'ai vu un soldat, en riant, planter sa dague dans le flanc d'un enfant et cet enfant allait de-ci delà en tenant à deux mains ses entrailles qui s'échappaient.
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Si l'histoire - invention construite dans un certain ordre, baptisée "fiction" - est souvent annoncée clairement comme telle, elle peut être, aussi, très souvent, clandestine. Elle peut se cacher partout. Elle peut être là sans que nous le sachions.
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Nous nous réjouissons à chaque naissance, nous nous affligeons à chaque décès (sauf exceptions). Pourtant, la première ne va pas sans l’autre. Chaque nouveau-né est un futur cadavre.
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Tout peuple, si barbare qu'il soit, a le droit de se défendre contre une agression armée.
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Le pays est vert, accidenté, sillonné de ruisseaux, froid l'hiver à cause du vent du Nord qui descend en sifflant du massif, chaud et même très chaud l'été, mais riche en ombre fraîche, en arbres bien feuillus, en mousse, en herbe à sauterelles. On y trouve de l'eau partout et pourtant c'est bien le Midi. Cela se reconnaît aux cyprès du cimetière, aux oliviers, aux cigales, aux réclames pour le Pernod et à l'accent, même si dans certaines familles on roule les "r" , comme plus haut dans les montagnes sombres, là où habitent les "gavaches". (...) Ils vivent au nord, dans les régions froides et peu civilisées des montagnes centrales. Ils parlent patois et ne sont bons qu'à faire brouter les vaches. A certaines saisons ils descendent dans les terrains méridionaux comme travailleurs périodiques. C'est l'occasion pour nous de voir comme ils sont frustes et ignorants. Le gavache est la référence barbare. Il est ce qu'il ne faut pas être. (...)
Beaucoup plus tard, en travaillant en Espagne, je découvris que pour les Espagnols tous les Français sont des gavachos. Et j'appris l'origine de ce mot. Les Gavaches furent un peuple du Massif central qui, au Moyen-Age, lorsque l'Espagne était encore verte (...), franchissaient la frontière pour venir y faire les récoltes.
Des journaliers, des saisonniers. Les Français ont été pendant plusieurs siècles travailleurs immigrés en Espagne. Il paraît que le mot existe aussi en italien.
On est toujours le gavache de quelqu'un. Il fallait s'y attendre.
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A cette époque-là, dans ce pays-là, il est difficile d'imaginer la somme d'efforts physiques qu'on demandait à un enfant. D'abord, dans ces terrains accidentés, tout chemin montait ou descendait, et tout trajet se faisait à pied. Quand j'eus une bicyclette, le problème se compliqua. Il fallait alors monter à vélo le plus de côtes possible, à moins de passer pour un incapable. D'où des concours incessants avec les autres. Pour monter à Saint-Martin, chez mes grands-parents, une partie du chemin marquait une pente très forte. Cet endroit, redouté des charretiers et des chauffeurs, s'appelait La Renarde. Généralement les femmes et les enfants mettaient pied à terre en bas de La Renarde et montaient à pied, en poussant la machine. Je me rappelle encore ma joie lorsque - je devais avoir onze ans - je montai pour la première fois cette côte sans descendre de vélo. J'en parlai à tout le monde. J'écrivis même la grande nouvelle à ma tante et à mon oncle, à Marsillagues. j'étais initié, promu.
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