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Critiques de Jean-Claude Izzo (262)
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L'aride des jours

Oserais-je le dire? Ce livre traînait dans ma pal depuis 2003... mieux vaut tard que jamais!



Il s'agit d'un recueil de poésie publié en 1999. J'aime beaucoup la poésie... quand elle me parle. Ici, elle ne m'a pas dit grand chose.



Les photographies de Catherine Bouretz-Izzo sont en noir et blanc et de mauvaise qualité. Elles représentent des pierres.



Je vais terminer sur un extrait que j'ai beaucoup aimé :



"Le silence émergé des crêtes

s'effiloche entre les doigts.

La vie passe."



Challenge multi-défis 2017 (33) - L'auteur est marseillais.
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Chourmo

On t'avait quitté Fabio, dans ton frêle esquif, à l'entrée du port de Marseille. Lové sous des couvertures, ton Lagavulin tourbé sous la main. Aux premières loges de l'aube sanguine se déversant sur le théâtre désabusé de la ville. Lole à tes côtés. Enfin. Quelque chose qui pourrait s'approcher du bonheur.



Et nous te retrouvons ici, dans les premières pages, démissionnaire de la police après avoir collé une droite sucrée à un commissaire. Conséquence logique. Tu pensais sûrement semer le drame qui te colle au cul depuis le précédent tome en prenant ainsi ce brusque virage professionnel. Mais la camarde te suit de trop près.



Terminus. Tout le monde descend. Ou se fait descendre.



Encore une fois, tu te retrouves face à un cadavre ami. Et tu dois t'agenouiller pour bien t'assurer que oui, cet homme allongé sur le bitume, tu le remets trop bien. Comme si le destin et la mort désiraient dans cette macabre génuflexion t'adouber "Chevalier de la déveine". "Capitaine guigne".



"Je m'accroupis devant lui. Un mouvement qui m'était devenu familier. Trop. Autant que la mort. Les années passaient, je ne faisais que ça, poser un genou à terre pour me pencher sur un corps. Merde ! Cela ne pouvait recommencer encore, et toujours. Pourquoi ma route était-elle jonchée de cadavres ? Et pourquoi était-ce de plus en plus souvent ceux de gens que je connaissais ou que j'aimais ? [...] La mort ne me lâchait plus, comme une espèce de poisse dans laquelle, un jour, j'avais dû foutre les pieds. Mais pourquoi ? Pourquoi ? Bordel de merde !"



Cette odeur lancinante et nauséeuse ne va dès lors plus te quitter.



Car désormais, outre le cercle amical c'est dans ta famille même que la faucheuse vient frapper. Ton petit cousin, le fils de la belle Gélou, étendu raide. Alors tu ressors les hameçons et les esques. le milieu marseillais ne te suffit plus. Tu ferres la Camorra napolitaine, les barbus du FIS qui ont lu le Coran en courant, le FN qui entretient le brasier raciste, le blanchiment et les marchés immobiliers truqués.



Tu mijotes une bouillabaisse indigeste et fatale que tu agrémentes d'un peu de rouille de flics pourris, pour corser le tout.



Pourtant tu le sens. La machine est lancée."J'avais fumé plusieurs cigarettes, en regardant la mer, avant de me décider à bouger. Je savais ce que j'allais faire, et dans quel ordre, mais je me sentais lourd. Comme en plomb. Un petit soldat de plomb. Qui attendait qu'une main le manipule pour entrer en action. Et cette main, c'était le destin. La vie, la mort. On n'échappe pas à ce doigt qui se pose sur vous. Qui que l'on soit. Pour le meilleur et pour le pire".



Tu tentes d'échapper à l'inéluctable. Tu essaies tous les antidotes qui peuvent convoquer la vie en toi : la bouffe, la musique, la poésie. Tu sors de plus en plus en mer avec ton bateau, comme pour t'offrir des entractes. Des pauses que tu sais inutiles mais que tu ne peux t'empêcher de prendre. Une goulée d'air dans l'asphixie qui te guette. "Cela m'était essentiel de prendre, chaque jour, de la distance avec les humains. de me ressourcer en silence. Pêcher était accessoire. Juste un hommage, qu'il fallait rendre à cette immensité. Loin, au large, on réapprenait l'humilité. Et je revenais sur terre, toujours plein de bonté pour les hommes."



Tu fuis mais elle est là, douce salope, qui guette le faux pas qui t'enverra dans le décor du sentier de ta vie. Prête à tout. Patiente et sage comme l'éternité.



Alors tu plonges plus profond encore, dans les bas-fonds de la galère et tu y vas gaiement : dealers, toxicos, balances. C'est la "chourmo". Nom donné aux prisonniers de droit commun et aux esclaves qui au 17ème siècle servaient de moteur aux galères royales, enfermés dans l'arsenal de Marseille. Aujourd'hui, la chourmo c'est le quotidien de misère, les combines pour un billet, le chômage, la dèche qui referme ses serres sur les cous graciles. Mais c'est aussi une certaine solidarité. Ceux qui, enchaînés au banc de l'infortune ou au ban de la société, rament d'une même cadence.



Pour qui sait lire les signes que les dieux envoient pour alerter les hommes des embûches à venir, l'avertissement est clair : le malheur et sa mauvaise étoile sont bien là, tapis derrière les nuages. Pavie que tu croises dans ton périple et son prénom de désastre ne sont pas là pour rien. Pourtant Fabio, tu ne vois rien ou tu éludes.



Tu poses des colis piégés et tentes ensuite de les désamorcer avec la nonchalance suicidaire d'un démineur daltonien. Tu vis un présent dangereux noyé dans un passé éthéré qui ne passe pas. Tes fantômes continuent à te hanter, t'obséder. Lole s'est à nouveau déguisée en courant d'air, mais tu la vois partout. Tu discutes avec son absence. Tu étreins son parfum menthe basilic. Gitane à la fumée évanescente.



Marseille elle aussi voit ses souvenirs et ses antiques vestiges mis à nu par les tractopelles des promoteurs. Un hier qui gratte sous la surface des trottoirs mais qu'aujourd'hui ne veut plus entendre. Comme un vieux cadavre encombrant et demi-mort, mal enterré. Qui pue. Qui hurle la gloire ancienne dans le désert de la rue contemporaine et pressée.



Tu endosses les habits trop serrés du héros mythologique. Ulysse inversé. Tu invoques les morts au bord du Lacydon (la nekuia) et tu restes chez toi en rêvant d'un ailleurs, par delà les champs noirs des flots. Ta ruse te sort mille fois d'affaire mais à la fin, tout cela t'use.



Marin perdu. Tu prends l'amer sans larguer les amarres.



Les "où" qui nomment les chapitres font écho à ta divagation, à ton voyage immobile. Choeur triste et sombre qui rythme tes pas dans un chant lugubre.



"Un café brûlant à la main, je me plantais devant la mer, laissant mon regard errer au plus loin. Là où même les souvenirs n'ont plus cours. Là où tout bascule, au phare de Planier, à vingt milles de la côte.

Pourquoi n'étais-je jamais parti , pour ne jamais revenir ? Pourquoi me laissai-je vieillir dans ce cabanon de trois sous, à regarder s'en aller les cargos ? Marseille, c'était sûr, y était pour beaucoup. Qu'on y soit né ou qu'on y débarque un jour, dans cette ville, on a vite aux pieds des semelles de plomb. Les voyages on les préfère dans le regard de l'autre. de celui qui revient après avoir affronté "le pire". Tel Ulysse. On l'aimait bien, Ulysse ici. Et les marseillais, au fil des siècles, tissaient et détissaient leur histoire comme la pauvre Pénélope. le drame aujourd'hui, c'est que Marseille ne regardait même plus l'Orient mais le reflet de ce qu'elle devenait.

Et moi j'étais comme elle. Et ce que je devenais, c'était rien, ou presque. Les illusions en moins, et le sourire en plus, peut-être. Je n'avais rien compris de ma vie, j'en étais sûr. Planier d'ailleurs, n'indiquait plus leur route aux bateaux. Il était désaffecté. Mais c'était ma seule croyance, cet au-delà des mers.



Je reviendrai m'échouer dans le coeur des navires.



Ce vers de Louis Brauquier, un poète marseillais, mon préféré, me revint en mémoire. Oui, me dis- je, quand je serai mort, j'embarquerai dans ce cargo qui part, à destination de mes rêves d'enfant. En paix enfin."



La mer, l'amour et la mort. Ces trois-là sont connues depuis Troie sur les rives de "notre mer".



Les ombres grandissent sous le soleil du maudit. Cours Fabio, vis. Ne te retourne pas et souviens toi d'Orphée et de la malheureuse Eurydice.



L'escalier comporte trois marches. Plus bas, on y gémit et on y meurt. La cale sèche.



Ne suis pas le chemin qui descend. La pente. le trajet dit.



Zigzague. Surprends et déjoue la trilogie.

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Les Marins perdus

Un roman noir bien mené du début à la fin.

Jean-Claude Izzo nous raconte le destin de trois marins, un grec, un libanais et un turc, bloqués à quai depuis plusieurs mois.

L'histoire est prenante et les personnages, malgré pleins de défauts, attachants, on se laisse embarquer avec plaisir dans les aventures de Nedim mais surtout dans les pensées d'Abdul et de Diamantis.

C'est un texte assez dur, brut, désenchanté, un bon roman noir.

Le récit nous entraîne par petites touches au coeur de Marseille et l'on sent que l'auteur aimait sa ville. Moi qui ne l'ai jamais visitée ma lecture m'a donné envie d'y faire un tour.

Il y a aussi de belles évocations de la mer et du métier de marin.

Une bonne lecture.
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Total Khéops

Un polar certes, mais une immersion dans la ville de Marseille !

La cité phocéenne aux multiples ethnies, aux multiples cultures, aux multiples cultes : cette ville qui ouvre généreusement ses bras et son coeur à tous ceux arrivent d'Afrique, du Moyen Orient sans distinction, à ceux qui dealent, volent, flinguent, se prostituent et tous ceux qui jouent aux cons ! Les truands, les mafieux, les indics, les flics et les politiciens véreux avec un F.N qui prospère, les règlements de compte, les trafics divers et variés !

Oui, mais il y a Fabio Montale, fils d'immigrés ritals, assez " border-line" qui a été aussi un petit malfrat avec ses potes : Manu et Ugo mais, qui dirige maintenant la brigade de surveillance des secteurs !

Ces derniers ont été " refroidis " et, Montale cherche à trouver le ou les coupables, de plus sa protégée : Leïla, jeune étudiante à la Fac d'Aix vient d'être retrouvée violée et tuée ! Trop c'est trop : c'est le Total Khéops donc le bordel intégral : Montale au coeur tendre qui aime, qui baise, qui boit, qui déguste la cuisine marseillaise et qui pêche la dorade aux Goudes va sortir la " surmultipliée " et, va partir découvrir dans cette " jungle " : la vérité !

C'est un grand polar que Jean-Claude Izzo nous présente : une agréable découverte de cet auteur pour moi , de son style rythmé, incisif mais surtout un retour dans des lieux que je connaissais bien ! Nostalgique d'arpenter les rues, le Vallon des Auffes, le Roucas blanc, la Canebière, les quartiers Nords, les Goudes et, de savourer les spécialités culinaires savoureuses de Marseille....

L.C thématique du polar de juin : une couverture sombre.



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Total Khéops

Waouh!

C'est violent, c'est poisseux, c'est moche; ça cogne, ça boxe et ça saigne.

Le béton est roi, la came aussi.

C'est la Marseille du milieu, des quartiers nord, des truands qui s'allient au FN pour remporter la mairie et avoir les mains libres.

La Marseille de ceux qui traînent et qui, à trop jouer aux cons, finissent aux Baumettes ou le corps criblés de balles et de piqures dans une ruelle où il ne fait pas bon vivre, depuis presque toujours quand ils ne tombent pas dans les filets de plus forts qu'eux.



Et en même temps, c'est beau, magnifique même et doux comme un air de jazz et une matinée en mer. Comme le dernier instant qui prélude au désir et à la nuit qui durera -du moins le croit-on- presque toujours.



On m'avait dit que les romans de Jean-Claude Izzo étaient aussi sublimes que noirs, qu'ils portaient entre eux autant de noirceur que de lumière. Que leur désenchantement était à la hauteur de leur poésie et je n'y croyais pas complètement.

On m'avait parlé de Fabio Montale et moi je grinçais des dents: les flics pétris d'idéaux, cabossés par la vie et qui descendent des litres de whisky pour tromper leur désespoir et leur vague à l'âme, je croyais en avoir soupé. On m'avait parlé de Fabio Montale et je ne savais pas que malgré mes préventions, je l'aimerais, avec ses fêlures, ses coups de sang et ce petit quelque chose d'indéfinissable qui pour moi le fait ressembler à Corto Maltese...

Et puis, j'aime les romans noirs et les histoires de Camorra (ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien...)



"Total Khéops" pourrait commencer comme une chanson. Une comptine qui nous raconterait la trajectoire de trois gamins de Marseille, fils d'immigrés et du Panier qui s'amourachent tous trois d'une belle gitane, sans que leur amitié n'en pâtisse. Les mômes grandissent et franchissent la ligne jusqu'à la fois de trop qui finit par les éloigner les uns des autres: l'un reste à sombrer, le deuxième fuit et le troisième devient policier.

Le premier c'est Manu, le second c'est Ugo et le dernier c'est Fabio.



Bien des années plus tard, Manu puis Ugo se font descendre et c'est Fabio par amitié autant que par fidélité aux souvenirs du beau temps d'avant qui tente d'éclaircir les meurtres.

Oui mais voilà, Montale n'a pas bonne réputation, Fabio est trop tendre avec les crouilles et les voyous et il comprend bien vite que sa hiérarchie ne le laissera pas aller au bout de ses investigations.

Et puis, un troisième cadavre: celui de Leila. Elle avait vingt ans, elle était belle et Montale l'aimait. Il se jure alors de trouver le salaud qui s'en est pris à la jeune fille: c'est une question d'honneur. De cœur aussi peut-être.

Les deux affaires se croisent pour ne faire plus qu'une et Fabio Montale se retrouve aux prises d'une histoire qui le dépasse où les chefs de La Famille s'unissent au FN et aux politiciens, où les quartiers ne sont pas loin de flamber tandis que dans les arrières salles enfumées des bistrots se décide l'avenir de Marseille.



Avec "Total Khéops", j'ai eu l'impression de me retrouver dans l'un de ces films noirs français qu'adorait mon père, ceux avec Gabin et Ventura pour la noirceur auquel viendraient s'ajouter pour leur poésie le "Quai des Brumes" et "L'Hôtel du Nord" et pour leur violence les plus récents "La French" et surtout "Shéhérazade"... Un mélange détonnant en somme bien que ces comparaisons cinématographiques soient bien impuissantes à rendre de la manière la plus fidèle qui soit l'atmosphère du roman, sa noirceur sans espoir, la complexité de ses protagonistes et sa portée engagée...



J'irai bien moi ce soir rejoindre Montale à son cabanon et partager avec lui un plat de pâtes aux fruits de mer. On ouvrirait une bonne bouteille, on oublierait les politicards corrompus qui laissent crever les banlieues et les amours; les idées nauséabondes qui sentent les années 40 et qui crachent sur les immigrés; les adolescents qui n'en peuvent plus, qui ne croient plus en rien et qui en crèvent et on parlerait de Rimbaud, de jazz et de la beauté de l'horizon. On serait bien.



On serait bien jusqu'à la prochaine affaire.

Jusqu'à "Chourmo" et sûrement jusqu'à "Solea".

Et après, bah... On prendrait la mer, le cap sur "Les Marins Perdus".







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Solea

Une lutte à mort contre la mafia internationale( avec ses ramifications italiennes, varoises et marseillaises. )

Comment sauver de cette nasse démoniaque ceux que Fabio Montale aime. Sous le soleil méditerranéen, cette trilogie s'achève comme une tragédie grecque.
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Total Khéops

Total Kheops

Je ne suis pas marseillaise. Pour autant, je connais le quartier du Panier, Les Goudes, le cours Julien, la rue St Ferréol (grand tube des années 70 😊) et tous ces lieux dont parle Izzo qui font que Marseille est une ville envoutante. Les aventures de Fabio Montale, je les ai empruntées pour terminer le Challenge ABC-2018/2019. C’est donc un choix un peu instrumental mais…quel régal ! J’ai dévoré Total Kheops et me suis laissée séduire par le flic désabusé, solitaire, malheureux en amour, un vrai humaniste, ouvert aux autres et à leurs conditions (pourquoi avoir choisi Delon pour l’incarner ?).

Les amis d’enfance de Fabio sont décimés : d’abord Manu dans un règlement de compte, puis Ugo abattu par la police. Lole, leur amour de jeunesse a disparu. Cantonné à pacifier la vie des quartiers et à traiter avec le menu fretin, il va néanmoins prendre des risques pour mener l’enquête et se réconcilier ainsi avec son passé.

C’est efficace, de facture classique – mais c’est ce qui est bon – tous les archétypes du genre s’y retrouvent : la prostituée au grand cœur, la mère adoptive, les ripoux, les indics, … c’est plein de tendresse et de désespoir, le tout sent l’iode et le soleil est généreux. A lire sans modération.



Challenge ABC – 2018/2019





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Vivre fatigue

Ma découverte de Jean-Claude Izzo, commence par cet âpre et court recueil de nouvelles bien noires.

La fatalité, l'amour et la mort se disputent les mots de cet auteur habité par ce sud étouffant à la lumière sombre et aveuglante.

Et, ce qui magnifie le tout, c'est cette tendresse d' Izzo pour ces personnages écrasés, abandonnés par le destin.

Un livre qui me donne envie de continuer dans la Phocée de l'auteur.

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Total Khéops

« Où l’on côtoie l’infiniment petit de la saloperie du monde » Total Kheops chapitre 12.



Marseille… Les riches, les pauvres, les cigales, les bons, les truands, les gangsters, la misère, le vieux port, les braquages, la cuisine à l’huile d’olive, la chaleur, la mer, les quartiers nord, l’amour, la drogue, le marché aux poissons… la mort…



Total Kheops, c’est une plongée à cœur ouvert dans la ville de Marseille, en tournant les pages on a l’impression de discerner les odeurs, d’entrevoir un paysage, une rue, un quartier, d’entendre le brouhaha de la foule sur le vieux port, de souffrir de la chaleur… En tournant les pages on se noie dans cette gigantesque cité, elle nous attrape de toutes ses forces.



Fabio Montale a dans les 45 ans, c’est un « putain » de flic depuis trop longtemps, les quartiers nord, il connait comme sa poche, les rouages de la délinquance, de la filouterie. Comme personne il sait quand et comment intervenir, et surtout pourquoi. Fabio Montale, il a grandit à Marseille, avant, on imaginait tout sauf le voir un jour chez les poulets. Quelque part c’est ce virage qui lui aura fait perdre ses seuls amis, ses meilleurs amis à l’époque. Ugo et Manu ont continué à donner dans les braquages, à grimper dans l’échelle sociale de la pègre marseillaise. Lole ne savait plus ou pas qui aimer dans ce trio, elle a préféré ne choisir personne.



Mais le passé a souvent tendance à ressurgir, pas forcément pour le meilleur. Manu est retrouvé mort un matin, assassiné, Ugo en cherchant à le venger tombera sous les balles de la police, Lole préfèrera l’exile, la fuite vers un ailleurs qu’elle n’est même pas certaine de connaître. Fabio, même vingt ans après n’arrive pas à s’y résoudre. En rester là ? Impossible, ce n’est pas de la vengeance, non, c’est comme ça. La justice, une justice, quelque chose. Pour le meilleur, comme pour le pire.



On referme « Total Kheops » dans un drôle d’état, Fabio Montale et son univers, eh bien on s’y attache vraiment. Du coup, c’est avec fébrilité qu’on file chez son libraire pour se procurer « Chourmo » les deuxième volet de « La trilogie Fabio Montale ».
Lien : http://testivore.com/total-k..
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Solea

Troisième et dernier volet donc de la trilogie marseillaise avec Fabio Montale.

On retrouve là encore le style de Jean-Claude Izzo, qui nous promène dans Marseille au gré de vues choisies, de quelques recettes et de beaucoup d’alcools.



Le style ; efficace aux accents marseillais dans les dialogues.

L’histoire ; encore une fois cruelle et sanglante. Les méchants ne font pas semblant, ni dans la demi-mesure. Tout ça fait froid dans le dos et on se dit que ça finira mal. Après les extrémismes marseillais, on parle de mafia. Le livre est haletant, suivant un rythme digne d’une course poursuite violente.

Étonnant de voir tout ce que Fabio peut se prendre et rester debout, ou presque, autant pour les coups dans la gueule que pour les coups de gnôle.



Solea est évidemment à lire quand on a déjà lu Total Kheops et Chourmo, mais il peut se lire indépendamment des deux autres aussi. Dans les deux cas, ne vous en privez pas.


Lien : https://chargedame.wordpress..
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Chourmo

Deuxième volet de la trilogie mettant en scène Fabio Montale à Marseille, Chourmo fait suite à Total Kheops.



On retrouve le style si particulier de Jean-Claude Izzo, qui nous promène dans Marseille, qui nous invite à goûter par l’imagination des plats, des vins, des alcools aussi… beaucoup de vin et d’alcool.

Dans Chourmo, Fabio Montale part à la recherche de deux adolescents disparus et nous tombons avec lui dans le sordide, entre extrémismes, drogue et mafia.

Petite mention aux titres de chapitres, par exemples « Où quand on parle, on en dit toujours trop », « Où il n’y a pas de mensonge innocent ».

Des descriptions de Marseille agrémentent l’histoire ; pas de grandes descriptions, mais des coups de projecteurs sur des endroits bien particuliers de Marseille, une rue, un restaurant, une vue… le tout bercé par le langage marseillais dans les dialogues.



Un livre qui se laisse lire bien vite.

Alors au suivant !


Lien : https://chargedame.wordpress..
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Total Khéops

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Total Keops. Coup de poing. Coup de coeur. Total KO. Total chaos, Marseille je ne la connaissais pas, c'est le héros du livre.



Peu de pages, du concentré, des phrases courtes, sans adjectifs ni adverbes, qui te mènent de la première ligne à la fin, sans te lacher. J'y ai passé la nuit, et pas une blanche.



Noir c'est noir

Il n'y a plus d'espoir

Oui gris c'est gris

Et c'est fini, oh, oh, oh, oh.



Cela faisait un bout de temps que cela ne m'était arrivé. Merci Izzo. Merci beaucoup. Marseille t'a eu pour finir. Toi aussi.







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C'est la rentree ! 16 écrivains racontent

Une anthologie consacrée à l'école et qui donne la parole à 16 écrivains qui se racontent de Michel Besnier jusqu'à Daniel Zimmermann en passant par Régine Déforges, Jean-Claude Izzo ou encore Daniel Picouly. Ma sensibilité de lectrice fait que je n'apprécie pas tous ces textes de la même manière, d'où ma note moyenne. Mais ce recueil est une bonne manière d'appréhender écritures et auteurs.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Chourmo

C'est la suite de Total Khéops avec toujours Marseille en toile de fond et Fabio Montale un peu flic de seconde zone, un peu alcolo un peu sensible amateur de bonne chaire et de whisky Lagavulin (pour les connaisseurs).

La magie est toujours là
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Total Khéops

Du Panier aux quartiers nord, du Vieux port à l'Estaque, de la Canebière à la Belle de mai, une déambulation marseillaise sur les pas de Fabio Montale. J'ai redécouvert Marseille fin des années 70est la description de Jean-Claude Izzo dans les années 2000 correspondait à ce que je voyais . Mais aujourd'hui si l'esprit de Marseille reste inchangée, bien des lieux se sont modifiés, la rue Saint Ferréol n'est plus une des rues les plus chics de la capitale du Sud, et l'insécurité s'est accrue dans certains quartiers, des fusillades quasi quotidiennes font la une de la Provence. L'intrigue n'est pas des plus addictives, mais la personnalité de Fabio Montale est attachante et la lecture addictive.
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Solea

ça y'est, j'ai terminé "Solea" et je dois dire au-revoir à Fabio Montale...



C'est un au-revoir qui me laisse un gout bien amer et la mélancolie chevillée à l'âme. Je me sens infiniment triste et très seule surtout. J'ai un peu froid soudain, malgré Marseille. J'ai eu peur aussi et très mal.



Cet opus est encore plus sombre, encore plus pessimiste et désespéré, encore plus violent que les deux précédents et il a anéanti mon moral déjà bien écorché par cette année qui n'en finit et qui semble t-il n'en finira jamais.



"Solea" est un chant aussi tragique que sublime et presque un chant funèbre dans lequel le soleil et la mer n'ont plus rien de lumineux.

"Solea", c'est la fin de tout et la fin du monde. Ce sont des cris et des coups de feu, la souffrance inextinguible de Montale et une époque qui s'en va pour toujours



On y retrouve Babette, l'amie journaliste qui s'en revient de Rome avec le dossier le plus ambitieux jamais monté contre la Mafia et qui se retrouve avec la mort à ses trousses. Eperdue, elle fait parvenir à Fabio une dernière déclaration d'amour et de précieuses disquettes sans savoir à quel point elle le met en danger.

Autour du Corto Maltese marseillais, le sang des siens soudain versé et les dernières amours comme un morceau de musique qui s'échappent.

Pour survivre et sauver ce qui reste des siens, il n'a pas d'autres choix que celui d'entrer en guerre, à en perdre haleine et à en perdre son humanité.





D'une plume toujours aussi belle mais bien plus sombre aussi Izzo nous live un récit poignant, haletant qui prend au tripes et dans lequel la mafia n'a rien de son romantisme de cinéma...au contraire.

ça fait un mal de chien mais c'est intense et presque beau, comme la réalité à chaque fois que les rêveurs viennent s'y cogner quand ils n'ont plus qu'elle.



Cette fin! Cette fin...



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Chourmo

Je viens de terminer "Chourmo" et comme à la fin de "Total Khéops", je suis complètement sonnée, hébétée.

Et puis, j'ai un cafard monstre aussi, c'est samedi soir de spleen et de révolte face à laideur du monde et à son cynisme, que raconte si bien Jean-Claude Izzo, qui croyait sans doute bien plus en la beauté de la mer et du soleil qu'en celle du genre humain.



J'ai été heureuse de retrouver Fabio Montale une seconde fois, son faux air de Corto Maltese, sa rudesse, les blessures qu'il noie dans l'alcool et son désespoir: celui d'un homme qui ne croit plus en rien.

Et puis, il y a Marseille aussi qui m'attendait et je me suis jetée dans ses bras, alors même qu'elle est si noire, si violente, si bétonnée.

On est loin de la carte postale, du chant des cigales et du parc Borély avec Izzo, mais il l'aimait sa ville et savait y voir ce que personne ne remarque, cette intensité, cette richesse, cette ambigüité qui la rend attirante et qui m'a piégée pour la seconde fois.



Montale a démissionné de la police, Lole est partie et au début du roman, il vit comme un ermite, dans son cabanon. Comme un ermite, mais avec la mer à ses pieds.

Un jour, comme ressurgie du passé, Gélou débarque chez lui. Gélou, c'est sa cousine préférée, la belle cousine dont il était un peu amoureux adolescent et qui ressemble toujours autant à Claudia Cardinale. Ils ne se sont pas parlés depuis dix ans mais elle est là et elle a besoin de lui.

Son dernier fils, Guitou, a fugué à Marseille et comme il ne donne aucune nouvelle, sa mère s'inquiète. Montale accepte donc de se lancer à la recherche de l'adolescent qui aurait mis le cap sur la cité phocéenne pour retrouver Naïma dont il est fou amoureux.



Montale n'imagine pas à quel point cette enquête va le jeter en eaux troubles ni qu'elle va le conduire à assister au meurtre d'un presque ami au coeur de la cité dans laquelle il cherche Naïma ou à s'interroger sur l'assassinat d'un historien algérien menacé de mort en Algérie.

"Chourmo" le mène du deal aux ententes louches de la police et des politiques avec les réseaux mafieux, des terrains vagues aux milieux islamistes qui gangrènent les quartiers nord, abandonnés des pouvoirs publics et de la mairie.



C'est encore plus dur, encore plus violent, encore plus désespéré que "Total Khéops", ou peut-être est ce que c'est parce que ça m'a touchée davantage…

La misère et la détresse affleurent à chaque page dans ce roman beaucoup trop noir et poisseux ou faire la guerre et semer la haine semble plus facile que faire l'amour.

Au delà de l'enquête menée tambours battants et qui ne m'a pas laissée souffler une seconde, pour laquelle mon coeur a cru manquer un battement, j'ai été particulièrement touchée par les personnages de cet opus qui chacun à leurs manière m'ont poignardée: Guitou, Naïma, Mourad et leur famille, Serge ou encore Arno... Enfants, adolescents, amoureux broyés par un système plus puissant qu'eux, alimenté autant par la soif de l'argent que par des idées à vomir et qui n'hésite pas à les sacrifier: ça m'a fait mal, parce que c'est un reflet assez authentique de ce qui se passe encore. Et pas qu'à Marseille.



Ce soir, moi, je voudrais oublier "Chourmo" et les cités dont tout le monde se fiche alors qu'elles sont pleines de gamins merveilleux (je le sais moi, je travaille avec) qui méritent qu'on se batte pour eux, les politiciens et le monde.

Et danser. Danser, encore et encore.

Mais je ne peux pas, parce qu'Izzo est foutrement talentueux, que Montale est un héros qui a su se faire aimer et qu'il en faut des romans de cette force, de cette trempe et de cette beauté (oui, de cette beauté aussi) là.











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Chourmo

Deuxième roman de la trilogie Fabio Montale avec Marseille au premier plan, son melting -pot, ses odeurs, sa lumière, la mer qui est aussi un personnage important . Un héros fidèle en amitié, attachant, vibrant. On aimerait partager les savoureuses préparations culinaires d'Honorine.
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Solea

J'avais aimé les deux premiers tomes de cette trilogie, lus il y a quelques années, avec cette plongée immersive dans un Marseille aux odeurs envoûtantes et aux mœurs relâchés. J'ai retrouvé ici cette ambiance brumeuse, ces incursions culinaires, le jazz de Coltrane qui accompagne si bien les états d'âme de ces gens un peu désabusés, à la nostalgie à fleur de peau. La trame policière est bien présente avec ces meurtres méthodiques perpétrés par une Mafia en mission, mais c'est la dimension humaine, cet espèce de blues de vivre des protagonistes, qui fait de ce livre ce qu'il est.



L'écriture de Izzo m'a semblé tellement parlante, évocatrice, autant dans les registres colériques que tendres, romantiques que vengeurs. Le contraste entre l'anonymat, la froideur de la Mafia tentaculaire, et la passion des tripes et du cœur de ses victimes est frappant. Malgré les probabilités, malgré le peu d'espoir des acteurs eux-mêmes, on se prend à espérer un dénouement pas trop brutal, pas trop désespérant. Preuve que l'auteur nous a bien embarqué dans son histoire . . .
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La Trilogie Fabio Montale, Intégrale

total Khéops,chourmo,solea

constituent une trilogie

marseillaise qui a pour personnages central fabio

montale, un flic marginal qui, après une jeunesse

délinquante,a rejoint la police.son honnêteté,son

sens de l, humain,sa connaissance du milieu le

caractérisent.

dans total Khéops,montale

va découvrir,a la suite de la

mort de son ami manu et

l, assassinat d'une jeune beur qu'il aimait,les relations étroite entre les

truands et les hommes politiques.écœurer,il démissionne.

c'est un homme au chômage qui entame dans

chourmo,une deuxième

enquête a la suite de l,

assassinat du fils de sa belle cousine.montale va

se retrouver mêle aux intégristes musulmans et au front national.

dans solea,c'est une ancienne maîtresse, Babette qui appelle montale a son secours .la

jeune femme est journaliste et mêne une

enquête sur la mafia en France.et elle est menacée de mort.

Alain Delon incarnera montale dans une série télévisée.
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