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Critiques de Jean-Claude Izzo (264)
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Total Khéops

Massilia cafoutche



Une virée dans les rues de Marseille, juste pour me trouver des raisons de relire ce premier volet de la trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo.



Le passé de Fabio Montale vient de se prendre une belle claque.

Le flic marseillais aux illusions perdues est proche du protocole commotion.

Manu, un ami d'enfance trempé dans les trafics jusqu'à la moelle s'est fait dessoudé. Pour le venger, Ugo, avec lequel Fabio et Manu ont fait les quatre cents coups, descend de Paris et dézingue le présumé commanditaire. Il y laisse lui aussi la peau dans une course poursuite avec la police.

C'est Total Khéops, le gigantesque désordre, le grand bordel. Le mix d'IAM entremelé du blues électrifiant de Buddy Guy ou du Jazz salsa de Dizzy Gillepsie est lancé sur les platines.

Les cadavres se mettent à pleuvoir au beau milieu des chants de cigales glorifiant un cagnard impitoyable d'aisance dans le ciel bleu azur.

Leila une jeune fille avec laquelle il entretient une relation sentimentalement ambigue est également retrouvée gisante, transpersée de trois balles.

Il est temps pour Fabio de partir à la pêche dans les eaux troubles d'une voyoucratie marseillaise aux bras tentaculaires. L'exercice sera houleux, très houleux. Qu'importe, Fabio est prêt à se faire passer pour un emmerdeur et foutre le souk pour sortir de l'obscurité.

Total Khéops, monument de la série noire, est un formidable roman noir écrit à l'encre de Marseille. Des embruns emplis de poésie s'échappent des flots formés par les phrases tumultueuses de l'auteur comme un véritable catharsis au vague à l'âme qu'il éprouve pour la seule capable d'embraser son coeur. Marseille.

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Le soleil des mourants

Vivre fatigue m'avait impressionné, voici déjà six ans.

Replongeant ma main dans ma bibliothèque en piles et en cartons, j'ai extrait ce morceau d'anthracite flamboyant qu'est le soleil des mourants.

Dans ce roman à deux voix, Izzo nous propose d'accompagner Rico dans ses rues de galère et de misère.

Rico, comme Titi et tant d'autre, a connu cette dégringolade jusqu'à l'extrême précarité. Rico, bouffé par l'alcool et dévasté par le décès de Titi,va quitter Paris pour Marseille... Marseille comme l'espoir de retrouver un souvenir heureux et, peut-être, d'émerger.

Que le futur lecteur se rassure ou se désespère: il n'y aura pas de happy end... Ce n'est pas le genre de la maison Izzo!

Mais il y aura des rencontres et des pauses qui réchauffent.

Mais Rico connaîtra une sorte de substitut au fils qu'il a perdu en même temps que sa femme et son ancienne vie...

Le livre date de la toute fin du siècle dernier, et les Rico, Titi, Dédé et autres naufragés de la rue sont toujours là et plus nombreux encore.

Même si cette lecture a pu être grise et dure pour Horusfonck des noirs de noirs, merci à vous, jean-Claude Izzo qui n'êtes plus.



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Total Khéops

F, A B, I, O BI BI BI O

Sur ma remington portative

j'ai écrit ton nom FABIO.

Fabio Montale, un nom qui sonne doux comme un chant napolitain: O sole mio, Fabio!

Ton soleil, c'est à Marseille que tu l'as trouvé, toi, le fils d'émigrés italiens.

Avec tes deux potes: Ugo et Manu, tu as fait les quatre cents coups et puis tu t'es rangé, tu es devenu flic.

Les deux autres ont mal fini, après les casses, ils ont vraiment fini par se la casser, la pipe!

Ta vie: c'est Total Khéops: un vrai foutoir comme ils disent dans la chanson d'IAM! Surtout quand tu as appris le décès de Manu dans des circonstances très louches. Tu as voulu enquêter pour connaître la vérité.

Les femmes, tu t'es arrangé pour qu'elles te quittent l'une après l'autre...

Mais quand Marie-Lou danse reggae, ça te console oh ouais!

Marie-Lou, la prostituée couleur café, tu aimes sa couleur café!

Leïla, la belle étudiante t'aime, tu la protèges de toi-même et de ton désir.

Leïla, you got me on your knees

Leïla, darling won't you ease my worried mind...

La jeune fille se fait sauvagement assassiner, arracher à un destin qui semblait si prometteur.

Ton coeur est grand, Fabio, il te faut pousser loin la barque de l'éternité pour savoir qui a tué les êtres qui te sont si chers: Manu, Leïla!



Marseille est belle sous la plume d'Izzo, elle est décrite avec tant de poésie et en même temps avec la rigueur du sociologue!

J'ai relu Total Khéops et j'ai pris le temps d'écouter les musiques qui sont citées au fil du roman: salsa, jazz, reggae, rap...

Je me suis laissée porter par les parfums du vieux port et j'ai savouré...

Un grand polar, un héros au cœur tendre, un portrait de Marseille précis et émouvant.

Tiens, je prendrais bien une petite salade de supions sur le vieux port avec un Terrane rouge de Toscane...

Et je finirais bien la soirée avec un petit Lagavulin, au doux arômes de tourbe pour fêter nos retrouvailles: mais en tout bien tout honneur, Lole est dans ta tête et ton cœur!

Ciao Fabio!

Allez Paco, sors ta guitare et joue-nous un petit air!



http://youtu.be/2oyhlad64-s
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Solea

Montale, Marseille, Mafia: trois mots pour le dernier opus d'une trilogie.

Montale, homme roc mâtiné d'ours, au cœur tendre et meurtri par les deuils.

Marseille, ville lumière, écrin blanc de cette perle noire de polar qu'est Solea.

Mafia, omniprésente dans les trois volets de la trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo: elle est au centre de Solea comme une gangrène.

Nous retrouvons Fabio Montale définitivement seul: Lole l'a quitté pour un musicos ne lui laissant aucun espoir.

Il vit seul, avec ses regrets quand un rayon de soleil semble venir frapper à sa porte. Il prend les traits de Sonia, belle brune aux yeux gris-bleu pour lesquels Fabio serait prêt à retenter l'aventure!

L'amour entrevu est hélas aussi fugace qu'éphémère! La belle Sonia est retrouvée la gorge tranchée à son domicile: pas de doute sur le modus operandi: c'est la mafia.

Solea est un morceau de jazz teinté de flamenco et joué par le divin Miles Davis. Il en a les accents à la fois tragiques et lancinants. Personnellement, je préfère Tutu, beaucoup plus énergique... Mais ce n'est peut-être pas le sujet.

La musique est omniprésente dans le récit de Jean-Claude Izzo: du flamenco à la salsa de Barretto au jazz de Coltrane, elle est plus qu'un élément du décor, elle jalonne les moments importants de la vie du héros qu'elle semble transcender, parfois.

Je ne puis terminer sans rendre remercier l'amie qui m'a confié ces trois ouvrages en pensant à juste titre que je serai susceptible de les apprécier.

Marianne, merci donc, tu portes un bien joli prénom célébré par Michel Delpech, et je te dédie donc ce morceau qui est en même temps un petit clin d’œil à Jean-Claude Izzo, journaliste un temps au quotidien la Marseillaise. De là-haut, j'espère qu'il appréciera!

Je ne puis que vous recommander la lecture de cette trilogie, chef d'oeuvre intemporel aux accents de Marseille: il ne manque plus que les cigales... Et ça ira, ça ira!

http://youtu.be/BP-pTgqOTv8
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Le soleil des mourants

Une belle surprise ce roman qui retrace avec force la route de Rico, un sdf parmi tant d'autres, les origines de sa déroute, ses rencontres, ses débrouilles, ses amitiés et ses amours, la dignité qu'il tente de conserver.

C'est un récit tellement réaliste que l'on pourrait penser que l'auteur a passé quelques temps avec Rico, Titi et les autres avant d'écrire cette fiction. C'est touchant, c'est écrit simplement, c'est beau et triste en même temps.

L'auteur parvient à ouvrir les yeux de son lecteur sur ce monde invisible, et il y parvient avec brio, c'est une franche réussite de ce point de vue. J'ai apprécié le chemin parcouru vers le soleil des mourants qui se mêle au cheminement personnel induit par cette lecture.





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Le soleil des mourants

Mes amis, mes amours mes emmerdes...

Rico, il en a plein son collector Pannini, surtout dans la catégorie "galères".

Une rupture familiale, une fuite en avant dans l'alcool et tout son cortège:perte d'emploi, de repères... et on finit à la rue: sdf, encore un sigle pour nous voiler la face et mettre un écran protecteur entre eux et nous.

Eux: les laissés pour compte, les oubliés de nos sociétés capitalistes et évoluées.

Ce roman écrit à la fin des années 90 n'a pas pris une ride, Jean-Claude Izzo a mis tout son talent de journaliste pour décrire de façon réaliste et sans sensiblerie la vie d'un homme comme vous et moi dont la vie a basculé un jour du mauvais côté.

Nous cheminons au rythme des rencontres de Rico, du vulgaire au sublime car le long du chemin nous croisons quelques belles personnes ayant appartenu au présent et au passé de notre héros.

La plume se veut poétique parfois, avec un brin de cruauté mais jamais cynique.

Laissez-vous réchauffer au "Soleil des mourants", la misère est certes moins dure au soleil mais elle vous glace comme le mistral!

Du grand Izzo! Pour un peu j'irai faire un tour au Panier!

.
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L'aride des jours

Comme nombre de lecteurs, je connaissais Jean-Claude Izzo pour ses romans policiers comme « Total Khéops » et « Les marins perdus ». Pourtant, il serait erroné de cantonner ce grand écrivain dans le monde du polar car il a écrit plusieurs recueils de poésie.

Dans « L’aride des jours » on retrouve toujours cette lumière du sud, et plus particulièrement de Marseille, qui baigne ses écrits. Qui dit lumière dit ombre et il n’en manque pas dans l’œuvre de Jean-Claude Izzo



« Même arraché à mon corps,

L’écriture aura toujours une couleur sombre »



Qui est-on vraiment ? il faut creuser, chercher sans cesse pour le savoir. La question existentielle est partout dans les vers du poète



« J’ai érodé les pierres

Pour percevoir mon nom



On ne survit qu’à force de racines »



Les origines sont essentielles chez Izzo, tout d’abord ses parents italiens et puis sa ville natale : Marseille, qui est un personnage central dans ses romans. Et de cet héritage, il faut construire quelque chose, ou plutôt l’écrire.



« Tout le lointain : le plain du pays, je ramasse

mes mots. Je fais trace : j’écris. »



Dans « l’amertume des pierres », au milieu de ce minéral, il s’interroge sur la vie, la mort.



« Le soleil émerge des crêtes

S’effiloche entre les doigts.



La vie passe. »



Ce recueil est illustré de photos en noir et blanc à la recherche des traces parmi les pierres, les branches et le ciel. Les clichés sont de Catherine Bouretz qui a été la dernière épouse de Jean-Claude Izzo.

Dans cette poésie, monologue d’un homme solitaire qui questionne l’existence, dans ces mots qui peuvent être rudes comme la pierre, on sent le vent, le soleil et on est ébloui comme en pleine lumière.









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Chourmo

La baraka ne doit pas être dans le dictionnaire de Fabio Montale: ce serait plutôt la "chourmo": en provençal, ça veut dire la chiourme, les rameurs de la galère!

Et pour galérer, ce n'est pas une galéjade, notre Fabio il s'y entend...

Sa Lole est partie pour une durée indéterminée, côté coeur, ce n'est pas la panacée.

Il a envoyé sa lettre de démission à la police: sur le plan professionnel ce serait plutôt Waterloo, morne plaine!

Heureusement, il a ses amis, la vieille Honorine, sa voisine qui veille sur lui comme si c'était la prunelle de ses yeux et qui lui mitonne des bons petits plats!

Et puis il y a l'inattendue, la cousine qui débarque après dix ans d'indifférence. Elle est gironde Gélou: le sosie de Claudia Cardinale. C'est pour elle que Fabio a ressenti les premiers émois adolescents.

Alors quand elle vient lui demander de retrouver son fils Guitou qui a fugué à Marseille, il ne sait rien lui refuser.

Guitou a semble-t-il fui pour retrouver Naïma, sa petite amie. Le côté cœur d'artichaut semble sérieusement inscrit dans les gènes de la famille.

L'enquête menée par Fabio Montale le mène dans les milieux islamistes du mouvement tabligh à l'origine des attentats de Marrakech en 1994 et de Paris en 1995.

En fin limier, Montale va défaire l'écheveau bien entendu mais en y laissant une fois de plus quelques plumes.

Un bien drôle d'oiseau ce Montale, l'archétype du flic désabusé, solitaire porté sur la bouteille et les femmes!

Mais tout le talent d'Izzo est justement dans tous ces petits détails que nous apprenons au fil du récit sur le héros et qui en font un être attachant et charmant.

Bon je ne vais pas en remettre une couche après ma critique de Total Chéops, sinon certaines mauvaises langues diront que Lorraine 47 est en train d'onduler de la toiture!

Un excellent moment de lecture et dire que Solea m'attend sur ma table de chevet!

J'en connais une qui va prendre sur son temps de sommeil...

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Vivre fatigue

Merci à la personne qui a posé ce recueil de nouvelles dans une boîte à livres. Il y en a sept aux dénouements cruels dus à la bêtise, l’incompréhension, le manque de communication. La plus terrible, pour moi, est Chien de nuit où Osman est victime de racisme alors qu’il sympathisait avec les enfants d’une femme qui lui rappelaient les siens. Une écriture sociale qui va direct au but et qui frappe notre confort. Poignant ! ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️
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Les Marins perdus

Sur le port de Marseille il y a des marins qui déchantent...

L'Aldébaran, vieux rafiot rouillé semble avoir fait son dernier voyage, saisi et donc immobilisé à quai en attendant que son armateur véreux paye ses dettes.

Le capitaine Abdul Aziz, d'origine libanaise a le sens des responsabilités et négocie des indemnités pour permettre à son équipage de rentrer chez lui ou de voguer vers d'autres cieux. Lui, rivé au bastingage, attend désespérément des nouvelles de sa femme qui l'a mis en demeure de choisir entre les flots et elle. Choix cornélien pour un vieux loup de mer comme lui!

Son second, Diamantis, grec et fier de l'être n'a rien à envier à son capitaine, lui aussi, il l'a dans la peau sa Méditerranée. Il n'acceptera de lâcher la mer que quand il aura réglé certaines affaires sentimentales avec Amina, et qui lui ont valu une belle dérouillée de son Mac vingt ans auparavant.

Pour un drame, il faut un troisième acolyte, il porte le prénom de Nassim. Ce dernier devait rentrer dans sa Turquie natale, mais dépouillé par deux entraîneuses, il n'a d'autre choix que de trouver de l'aide auprès de Diamantis.

Trois marins perdus, au coeur de la nuit marsellaise, trois destins brisés vont se fracasser sur la grève sous nos yeux impuissants.

La belle écriture de Jean-Claude Izzo est une ode à Marseille, perle de la Méditerranée chère à Braudel, Camus et tant d'autres.

Des personnages qui ont toute notre empathie même si leur portrait est ébauché sans épargner leur noirceur. Un thriller psychologique et une analyse sociologique du monde marin à la Guédiguian, autrement dit impitoyable et tendre.

Des marins perdus qu'ont aurait envie de repêcher dans nos filets!
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Loin de tous rivages

Jean Claude Izzo peint avec ses mots forts sa terre natale.

On y trouve des échos camusiens : Noces de la terre et de la mer , mais celles de Camus sont plus légères, le soleil tout aussi aveuglant (L’Étranger), la terre aride est belle, le vent, les pierres, le silence sont omniprésents (Le vent à Djémila).

Il m’a fallu relire le recueil pour en saisir toute sa subtilité. En reliant cette lecture à celle de la trilogie d’Izzo, on redécouvre que Fabio Montale était aussi lyrique dans sa façon de penser, de se comporter et d’aimer la nature.

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Total Khéops

Je ne sais pas trop où classer ce livre magnifique.

C'est bien sur un roman policier mais le personnage principal est bien sur Marseille avec ses quartiers et son ambiance.

l'intrigue est bien secondaire, ce qui fait le charme de ce livre c'est de suivre le personnage de Fabio Montale au quotidien.

Ce personnage a été repris à la télé par Alain Delon qui en a fait totalement autre chose : Fabio c'est l'anti Alain Delon
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Total Khéops

Ce roman m'a plongée dans les excellents polars joués au grand écran par nos grands acteurs français : Gabin, Delon, Ventura etc...

Nous voici donc dans le Marseille des années 80 où la monnaie était encore nos bons vieux Francs, avec le Minitel, les caïds (qui jouaient dans la cour des grands), les cités où les pompiers ne se faisaient pas encore caillasser, les calanques, l'odeur de la soupe de poisson au détour de chaque rue ...

L'auteur, Jean-Claude Izzo, nous propose ici une véritable excursion touristique à Marseille en nous dressant la toile de la ville : quartiers, nom des rues, gastronomie, vie Marsellaise ... L'intrigue policière arrive ici en second rôle .. Fabio Montale, flic de seconde zone, destiné à arranger les petits problèmes dans les quartiers nord. Ses amis d'enfance, Ugo et Manu, abattus lors de règlements de compte, Lole la belle gitane, maïtresse des 3 amis, Leila la beurette violée et tuée sauvagement, Babette l'amie confidente de Fabio et Marie Lou la prostituée. Beaucoup de personnages qui finalement se retrouvent tous dans un panier de crabe dans cette enquête. Tout s'enchaine, tout s'embrique au fur et à mesure des chapitres avec à chaque fois le portrait du lieu, du quartier, des odeurs de la ville.

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque sur les conseils d'un ami qui finalement me ravie car j'ai pu découvrir l'auteur et son écriture fluide et intéressante.

Adapté à l'écran par Delon (difficile à comprendre lorsqu'on comprend la personnalité de Fabio Montale, je ne suis pas sûre que Delon a pu se mettre dans sa peau à 100 %).

Si vous souhaiter vivre à Marseille quelques heures je vous conseille vivement ce bon polar.
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Total Khéops

C'est une expression que je n'ai jamais entendu dans ma ville mais qui existe. Elle a été forgée par les Impérial Asiatic Men, aussi connus sous le nom d'IAM. Elle signifie peu ou prou qu'on est face à un pharaonique bordel. Un total Khéops.



Et c'est dans ce mauvais jus antique que baigne le héros, Fabio Montale. Flic en bordure. Sur le fil. Entre deux eaux. A fréquenter le Milieu, il ne sait plus distinguer sa droite de sa gauche.



Tout lui échappe, lui file entre les doigts.



Son métier tout d'abord qu'il ne comprend plus et la politique du chiffre qui débute en ces années 90.



Puis sa ville qui s'antagonise et qui voit le Nord et le Sud, le pauvre et le riche s'éloigner toujours un peu plus jour après jour.



Ses amours n'en finissent pas de mourir en des soubresauts et des rebondissements douloureux. Son passé qui le blesse par intermittence, comme une lame furtive au creux des reins.



Chaque pas dans cette ville le renvoie à cet avant qu'il n'a pas su, pas pu retenir. Ses meilleurs amis ont avalé leurs bulletins de naissance brutalement. Manu et Ugo ont fini sur le pavé, avec des boutonnières en métal cousues à même la peau. Et lui reste là. Seul. Orphelin de l'amitié. Coupable. Sans avocat, omis d'office.



Puis autour de lui, ça continue à tomber. C'est la merde. Son présent se met aussi à lui échapper. La belle Leïla qui lui tendait les bras et qu'il ne voulait pas décevoir de son amour défectueux est retrouvée morte, violée, abattue comme un animal.



Ça déborde pour Montale. C'est le cadavre de trop à Saint-Pierre. Alors il remonte ses lignes, va pêcher au gros. Car tous ces assassinats murmurent des noms, des gros numéros dans le noir et racontent une histoire identique qu'il ne saisit pas encore.



L'intrigue, ce n'est pas ce qui m'a saisi dans ce roman.



C'est Montale. Son prisme. C'est lui le bijou. le livre de prix.



Il voit la ville et les gens d'une manière que j'ai adoré. C'est la voix de Marseille. Minérale, des phrases courtes, précises et efficaces. Violentes presque. Et puis d'un coup, derrière un virage, du beau, de la poésie, des envolées. Comme ça d'un coup, sans crier gare. C'est le Vallon des Auffes en bas des escaliers de la Corniche. C'est la calanque au milieu des roches bouillies.





Pas de panneau signalant le panorama ou le monument. Il faut mériter. Savoir errer. Se perdre. Ne pas abandonner. Ne pas juger trop vite.



Ce contraste c'est Marseille. le paradoxe sale. le ciel bleu immense au dessus d'une décharge sauvage. Une belle femme qui se noie dans un bar, dans un coin, dans un verre, dans un alcool. C'est la main qui se ferme en un poing qui casse des dents puis qui serre la main d'un ami. Chaleureusement. C'est rien. C'est tout. C'est banal et c'est merveilleux.



C'est Montale qui voit, qui vit, qui aime et a haï. Qui baise et boit, qui reprend de l'aïoli.



Il me plaît bien ce flic. Ça serait bien qu'il existe quelque part. Qu'il prenne son bateau depuis les Goudes pour se laver le coeur de la crasse marseillaise après sa journée de labeur. Et qu'il cite Louis Brauquier en mangeant des farcis.



Il livre une belle vison de cette ville, de ses gens. de sa gastronomie même. Je suis tenté de reproduire les recettes qu'il savoure. de goûter ces whisky tourbés.



Et surtout l'amour et l'amitié. Des bouées. Mais qui sont si loin au large qu'on en a les bras ankylosés et qu'on frôle se néguer. (se noyer)



Izzo c'est aussi cette faculté de mélanger dans la phrase même, dans l'encre aussi peut-être, le passé et le présent. Dans un paragraphe, on passe de l'un à l'autre sans transition brusque comme on écarte un rideau du revers de la main. C'est Montale et sa langue. Il est ce qu'il dit et ça le définit, l'influence, le maudit.



Il rumine constamment ses souvenirs, ses remords et ces derniers s'invitent constamment dans son discours. le t de présent est déjà le é de passé.



C'est la marque d'Izzo dans Montale. Ou l'inverse.



Il me tarde de lire les poèmes d'Izzo.



Isométries.
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Le soleil des mourants

Très belle surprise pour ce roman, il était dans mon pense-bête je ne sais plus d'ailleurs ni pourquoi ni quand ni comment il s'y trouvait. Toujours est il, que je le retrouve sur les rayons de la biblio, et voilà le livre lu.

L'histoire d'un homme dont le bonheur un jour s'en est allé, il finit par se retrouver à la rue. De rencontre en rencontre, il se fait son petit quotidien et un copain Titi. C'est à la disparition de ce dernier que Rico, décide de repartir au point de départ, à Marseille où il a connu Léa.

C'est un très beau roman dans un style simple mais émouvant. L'auteur a su peindre la décadence d'un homme, la vie des SDF et des laisser pour contre.

Court, simple mais efficace.
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Le soleil des mourants

Cette lecture, un uppercut violent, une plongée hyper crue , terriblement réaliste dans le monde cruel des SDF.

"C'est la que j'ai rencontré Rico. A Marseille, et que j'ai appris tout ce que je sais de lui et de cette chienne de vie, où tout le monde est seul et comme vaincu". C'est Abdou, le jeune algérien clandestin, qui parle et qui raconte Rico, ce qu'il lui en a dit de sa vie, de sa descente aux enfers.

C'est puissant, bouleversant, une lecture à la fois d'un noir infini et d'une flamboyance exacerbée.

Rico, avant de mourir veut revoir Marseille où il connut un premier amour heureux. Il quitte Paris, voyage clandestinement en train, s'arrête quelques jours à Chalons sur Saône, transite par Vienne, Valence, Avignon.

La cité papale , comme bien souvent au cœur de l'hiver et malgré un ciel bleu trompeur est balayée par un puissant mistral glaçant. Rico y vivra un nouveau cataclysme.

Et puis Marseille, le soleil et la mer pour y mourir.

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Les Marins perdus

Dans le port de Marseille, l'Aldébaran est immobilisé depuis plusieurs mois par décision de justice.

Son armateur véreux a pris la poudre d'escampette.

Ne restent à bord que trois hommes désœuvrés, le capitaine libanais, le second grec et un marin turc.

Ils apprennent à mieux se connaître, partagent leur conception de la vie, leurs déceptions, leurs doutes, leurs souvenirs......

Ils découvrent Marseille où le passé du Grec le rattrape.

C'est un bel hommage à tous les marins.

Les conséquences de leurs longues absences pèsent sur leurs vies.

Un bel hommage à la mer tant aimée de ces marins.

Et aussi un hommage à Marseille, ville de cœur de l'auteur.

J'aime beaucoup Jean-Claude Izzo.

Il sait donner une âme à ses personnages.

Il sait faire émerger les sensations intimes.

Ces trois hommes sont beaux avec leurs failles.

Si le début du livre est consacré à leurs états d'âme, à leurs passés, à leurs attentes, vers le milieu une véritable intrigue pointe le bout de son nez et la tension monte.

Et là j'ai été complètement happée par les événements.

Vraiment un beau roman, plus qu'émouvant.
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Méditerranées

Comme pour toutes les anthologies ce petit livre m'aura servi à découvrir des auteurs et à sélectionner d'éventuelles lectures. J'ai ainsi fait de belles rencontres et d'autres qui m'ont semblé moins intéressantes, mais c'est la faiblesse des anthologies. Quelques très beaux textes donc. Un livre qui colle à l'actualité.
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Solea

Avertissement : gâchis à venir. Fin dévoilée ci-dessous.



Troisième acte Fabio. le dernier. Tu as poussé tous les curseurs, brûlé tous tes vaisseaux. Tu es allé te jeter droit dans la gueule du loup. En restant conscient tout du long. La tragédie. L'antique grecque. Celle qui détruit tout.



Comme un plat qui bout à petit feu, gentiment, doucement. Une soupe au Pistou fatale. Je t'ai suivi dans ta funeste course. Ramassant ce que tu jetais négligemment par dessus ton épaule : la bonne bouffe, les bons alcools, la bonne musique, les bons auteurs et les belles femmes. Tout ce qui n'a pas suffi à te garder vif.



Car à force de la sentir partout cette odeur de mort, elle t'a rattrapé. Tu n'as pas couru assez vite ; en fait tu t'es plutôt arrêté, volontairement. Pour qu'elle te rattrape et que le spectacle se termine ainsi. Comédien fatigué. Amant transi, à la bouche close.



Fabio Montale en a marre. Tous ces morts pour une vérité triste et glaçante que personne n'a envie de lire, de voir, de connaître. Ça et des souvenirs qui tordent le bide. Les remords et pire les regrets. Cette farandole qui rend tout aigre et le quotidien tranchant.



Solea. Ce palo flamenco qui veut dire "solitude". Car oui, ce qui est triste est souvent beau et se goûte dans les larmes salées de l'isolement. Et ça Fabio, t'isoler tu sais faire. Jusqu'à crever sur cette île double du Frioul. Ce rocher pelé. Sur cet air gitan et Lole comme bande originale.



Tout autour de la ville, les flammes d'un gigantesque incendie. Comme le cercle de feu dans lequel tu te jettes, vieux lion édenté. Ton dernier tour de piste.



Tu me laisses songeur. Un peu déprimé et enclin au Lagavulin. Tu me laisses une liste de chansons à écouter et à partager et des auteurs à lire. Tu es devenu un ami Fabio. Toi l'ex-flic amateur de poésie, le plus cabotin des caboteurs. Marin perdu, tu as finalement pris le large.



Avec qui irai-je boire au bar des Maraîchers ?



Peut-être avec le fantôme génois d'Eugénio Montale...



Trijolie trilogie.



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Le soleil des mourants

Des fois, je me mettrais bien volontiers des claques.



Qu'est ce qui a bien pu me passer par la tête le jour où j'ai acheté "Le Soleil des Mourants" franchement? Et quelle idée de le lire?

Certes, j'ai adoré la trilogie des (mes)aventures de Fabio Montale et la plume si particulière de Jean-Claude Izzo, son mélange de noirceur et de lumière, de romantisme et du réalisme le plus désespéré… Sa poésie et son amertume.

M'enfin… J'aurais aussi pu m'abstenir.



Mais non. C'est à croire que j'aime souffrir; que j'aime avoir mal. Que 2020 ne me suffit pas avec son ciel noir, lourd et en forme de chape de plombe.

Quelle crétine. Des gifles, je vous dis!



C'est ce titre aussi, que je trouve tellement beau: "Le Soleil des Mourants" et les avis enthousiastes suscités par le roman qui m'ont eue. Ce n'est pas de ma faute… Ou si peu.



Voilà qui m'apprendra, tiens. Plus jamais. Izzo et moi, c'est fini. Pour toujours.



"Le Soleil des Mourants" est l'un des livres les plus noirs, les plus tristes qu'il m'ait été donné de lire.

C'est aussi un roman d'une beauté à couper le souffle et d'une humanité profonde, poignante.

Un roman bouleversant qui m'a fait passer de la compassion à la colère et de la tristesse à l'envie de tout casser. Certes, le fait est que je suis une madeleine ascendant cascade, mais là… C'est au-delà du chagrin de roman et des larmes romanesques et cinématographiques. Ce sont des larmes à verser sur le monde et la société, et sur notre petit confort qui nous fait fermer les yeux parce que c'est moins douloureux comme ça.



Rico a tout perdu: sa femme, son fils, son travail, sa maison et s'est réfugié dans l'alcool. L'engrenage, l'effet domino qui l'a jeté à la rue. Dans cet enfer, il n'est pas seul, pas vraiment: il a rencontré Titi.

Titi, c'est le frère de galère, celui qui ne le lâche pas -quand tous ses amis d'avant, eux, lui ont tourné le dos quand sa vie a pris l'eau-, celui qui lui raconte les romans qu'il a lu autrefois, celui qui lui permet de tenir, même quand il fait froid et qu'il faut faire la manche sous le regard arrogant et dégouté des passants. Sauf que la mort, cette garce, elle a fini par prendre Titi aussi, sous un banc de la station de Ménilmontant. C'en est trop pour Rico: il n'en peut plus de Paris et de sa vie alors il décide de prendre le large. Avant de crever, il voudrait revoir Marseille, le soleil et la mer et Léa, son premier amour. Son grand amour, celui de ses vingt ans et des verbes qu'on conjugue au futur et à la première personne du pluriel. Celui qui devait durer toujours.

Il en croisera sur son chemin des compagnons de galère. Des paumés, des oubliés, presque des indésirables: Félix qui parle à peine et surtout pas de ce qui compte; Mirjana jeune bosniaque qui se prostitue en attendant un mieux qui ne viendra jamais et qui ne dort pas la nuit parce qu'elle revoit sans cesse le visage de ceux qui ont tué ses parents; Abdou qui voudrait oublier Alger mais pas Zineb et qui ne rêve que de serrer un ours en peluche dans ses bras d'enfant trop vite grandi.



"Le Soleil des Mourants" est un roman court mais intense, percutant et nécessaire. Un uppercut dans la tête et le ventre qui fait mal à en crever.

Jean-Claude Izzo raconte avec beaucoup de tendresse, de sensibilité et d'émotion ces hommes et ces femmes, sans aucun jugement. Leur descente aux enfers nous est dépeinte sans concession, comme si Izzo voulait -à raison- nous bousculer, nous ouvrir les yeux en même temps qu'il fustige notre société qui laisse les faibles et les paumés au bord de la route.



J'ai eu tellement mal en lisant! Tellement de colère aussi, parce que je ne vaux pas mieux que beaucoup de bien-pensants. Combien de fois ai-je feint de ne pas voir un homme ou une femme faisant la manche dans le métro parce que c'est plus simple, moins douloureux? Est-ce qu'il ne m'est jamais arrivé de changer de banc dans un parc parce que je n'étais pas sereine à cause de cet homme à côté de moi avec son pack de six? J'ai eu honte parfois en lisant.

Mais les livres servent aussi à ça, non? A nous émouvoir, nous tordre le ventre et à nous réveiller: Izzo l'avait bien compris et son soleil des mourants remplit sa mission. On ne changera pas le monde, mais grâce à lui on n'oubliera pas, on n'oubliera plus les blessures au coeur et l'histoire cachées derrière ceux qu'on préférait ignorer et abandonner derrière un sigle bien politiquement correct.

On ne fermera pas les yeux, on les ouvrira plutôt et on sourira. L'humanité tient parfois dans un sourire, comme elle tient dans ce roman magnifique et dans la lumière des dernières pages, dans la tendresse qui unit Rico et Abdou, dans cet amour filial qui panse un peu leurs plaies.



Mais quand même, Jean-Claude Izzo et moi, c'est fini. Pour toujours.

Ou ça le sera quand j'aurai lu "Les Marins Perdus"...

Je n'ai pas fini de souffrir moi...
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