Laissez tomber le Marseille de Marius, faites de même avec celui de la série Poubelle La vie et entrez – si vous l’osez – dans une ville qui a tout d’un enfer annoncé.
La plume d’Izzo a un léger accent du Sud, vé, additionnée de quelques mots d’argot et elle t’entraine, avec son Fabio Montale de flic, à travers un Marseille qui a tout du 93 d’Olivier Norek !
Ici, on vote communiste, le FN fait son business et tout le monde en à après l’Arabe (Algérien), le Noir, le Jaune.
Bref, ils voudraient bien n’avoir que du Dash : le Blanc de Blanc. Ici, l’immigré, c’est de travers qu’il est regardé et bien entendu, parqué dans des Cités, terreau du banditisme.
Sans sombrer dans le pathos, l’auteur, au travers de son flic désabusé, nous montre une ville gangrénée par son racisme ambiant, violent, par son Histoire, aussi, pas très nette durant la Seconde Guerre Mondiale.
Izzo, il n’y va pas par quatre chemins et appelle un chat, un chat et le texte est ponctué de gros mots tels que bougnoule, crouille (terme raciste et injurieux utilisé pour désigner une personne d’origine maghrébine) ou niaquoué.
Je déteste ces mots, mais quand un raciste parle, il ne met pas des gants et cela aide à vous plonger encore mieux dans l’ambiance sombre et sordide de ces quartiers mal notés.
Fabio Montale non plus ne fait pas dans la dentelle, bien que lui, le racisme, il n’aime pas ça. Flic un peu trouble, au passé peu glorieux, voyou avant d’être flic, il est désabusé, a peur de s’engager, peur d’aimer. Un flic brisé mais on l’aime de suite, le Fabio.
Cette enquête qu’il réalisera moitié en sous-marin, moitié en officiel, est aussi un bon prétexte pour nous faire découvrir la vile de Marseille au travers de ses banlieues, ses truands, ses petites frappes, sa zone, ses exclus, ses flics violents, ces parents qui ont démissionné, ces jeunes qui ne savent pas quoi faire et qui ne connaissent pas leur identité.
Bien que nous soyons dans les années 1995, rien n’a changé depuis, hormis le Minitel qui est mort et les smartphones qui ont fait leur apparitions.
C’est un roman brut, un récit sans une once de lait (mais avec une pointe de sexe) rempli de misère sociale, économique, de racisme, de cadavres, c’est une enquête parmi les truands, le tout avec une touche de cuisine, de philosophie de la vie et de farniente. Oui, Fabio aime la cuisine, les calanques, la pêche et pas qu’au voyou.
Un putain de bon roman noir qui m’a enchanté, transporté, fait grimacé, serré les tripes devant certains faits. Dans ce roman, Fabio n’est pas le personnage principal, la ville de Marseille l’est aussi, ainsi que tout ce qui gravite dans ses ruelles.
— Fabio, j’aime les mojitos, mais je sens bien que je ne tarderai pas trop à aller me boire quelques pastis avec toi ! Vé !
Lien :
https://thecanniballecteur.w..