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Citations de Jean Dutourd (208)


* Mon oncle dit « bigrement », mon père dit « bougrement » ; de semblables différences, insignifiantes à première vue, éclairent cependant les caractères. « Bigrement » est étroit, réticent, faussement audacieux, et témoigne en outre d’une certaine recherche. « Bougrement » est ample, vorace, expansif, peu soucieux de raffinement ou de courtoisie. Cela n’est rien en apparence, mais signifie beaucoup pour qui s’intéresse aux âmes et à leurs moyens d'expression. Dans des termes comme ceux-là, gît plus de psychologie que l'on ne croit.

* D’ailleurs, je pense qu'il n’y a qu'une véritable aristocratie : celle de l’intelligence du coeur.

* Il y a longtemps que, pour ma part, j’ai franchi toutes les portes de mon père et de mon oncle. J’ai parcouru leur âme en tous sens, je connais ces deux hommes aussi bien que moi. Aussi bien que moi, dis-je. Je ne me déteste pas, quoique je n’ignore rien de moi. Je ne déteste pas mon oncle ni mon père. Au contraire, je les aime infiniment, et je prétends que cette amitié sans leurre est solide et précieuse. Pour aller au fond de mon sentiment, j’ajouterai que je suis certain d’avoir déjeuné aujourd'hui une fois de plus avec les meilleurs hommes qu’il soit possible de trouver. Ce ne sont pas des mots creux que l'honnêteté, l’amour, la générosité, la bonté, la loyauté, le courage. Chacun de ces mots revêt pour moi le visage de mon oncle ou celui de mon père.
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Jean Dutourd
En art comme ailleurs, il faut vivre au dessus de ses moyens.
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C'est avec le tanin de la mémoire, quand il se dépose au fond de la bouteille du temps perdu, que l'on crée.
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Le pouvoir d'un discours est immense, surtout sur celui qui le fait !
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 Tout ce qui est mal écrit est insignifiant. 
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 Quand on est jeune, on est mal dans sa peau, mais on n’a mal nulle part. Quand on est vieux, on est bien dans sa peau, mais on a mal partout.
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Les héros-chiens de Jack London ne sont pas anthropomorphiques. C'est là une facilité et un piège dans lesquels il ne tombe jamais. Mais ce sont des héros en ce sens qu'ils sont des chiens exceptionnels : beaux, puissants, intelligents, je dirai presque ambitieux. Leur puissance, leur intelligence, leur faculté d'aimer ou de haïr sont spécifiquement canines. Cependant, le lecteur s'attache à eux comme à certains personnages de Balzac, par exemple, non ceux qui règnent sur la société ou la conquièrent, les de Marsay, les Vautrin, les Rastignac, mais les humbles piétons de la Comédie humaine, les opprimés, tels que le curé de Tours ou la grosse Mlle Cormon. En effet, les chiens de London sont des créatures dépendantes, dont la volonté est sans cesse dominée par l'homme ou par les circonstances. Par le destin surtout. C'est là l'une des trouvailles les plus curieuses et les plus intéressantes. Les chiens de London sont marqués par le péché originel, car l'homme a infecté de ce péché la création tout entière. Plus l'âme d'une créature est obscure et rudimentaire, plus le destin paraît inexplicable et effrayant. Croc-Blanc, Buck, Michaël avancent dans la vie avec leur parcelle de lumière intérieure comme des hommes d'autrefois, des hommes d'un temps très reculé, entourés de mystères, cherchant le bonheur dans les ténèbres d'un univers chaotique. Il y a quelque chose de très émouvant, aussi, dans la façon dont London décrit l'expérience des chiens, comment ils perçoivent le monde, les chemins que prennent leurs sentiments et leurs passions. Le bien, le mal, l'amour, la haine, la responsabilité, la rancune sont des concepts humains, qui ont servi à faire et à défaire les morales successives des hommes. Ces concepts se retrouvent dans l'âme des chiens, non point à l'état embryonnaire, mais selon des combinaisons originales. L'un des aspects du génie de London, c'est d'avoir entrevu ces combinaisons, et de les avoir exposées avec une clarté cartésienne.
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Cette vie de larves que nous menions, cette douceur aigre, non faite d'acceptation ou d'amour, mais de débilité, qui s'était installée dans les rapports des hommes, lesquels n'avaient plus assez de vigueur pour s'aimer, pour se haïr, pour agir sur le monde, pour s'entre-tuer ou pour se sacrifier, n'était-ce pas déjà l'enfer ? Il me venait des idées bizarres, peut-être vraies, sur le Bien et le Mal. Je pensais que la marque du Mal, son visage authentique, immédiatement reconnaissable, n'était ni la cruauté, ni le vice, mais la tristesse. Je me disais que l'enfer n'est rien d'autre que cela : une immense tristesse calme, probablement indolore, due à ce que rien de nouveau, jamais, n'apparaîtra.
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L'intelligence de la vie... Ce mélange si particulier de respect des convenances et de largeur d'esprit, cette faculté de comprendre avant de savoir.

Mémoires de Mary Watson (1980)
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« tout se paye dans la vie, tout se paye !... »
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Les hommes les plus paisibles trouvent immanquablement une forme de violence qui leur convient. (p.179)
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Pendant les quinze jours qui suivirent ma première communion, je fis quelques efforts pour être aimable, serviable, patient, appliqué en classe, aussi peu écervelé que possible. J'offrais au Seigneur, qui venait de m'accueillir auprès de lui, ces menues contraintes. Elles me semblaient la moindre des choses, le moindre des remerciements. Pour ce qui est de la piété, je n'y étais pas plus enclin après la manducation de l'hostie qu'avant ; comme la plupart des gens sans inquiétude métaphysique, je confondais la foi et la morale.
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La bataille de Trafalgar a été gagnée par des marins enrôlés de force, vivant comme des bagnards et châtiés à coups de garcette. Elle a été perdue par des hommes libres, des républicains, qui se battaient avec enthousiasme pour leur patrie et leur empereur bien aimé. Comment l'analyse marxiste de l'histoire se débrouille-t-elle avec cela ?
(17 Novembre 1974)
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Ce qui me charma dans le lycée Janson, c’est que l’existence y était rythmée de façon militaire. Toutes les heures, le concierge se plantait au milieu de la cour de récréation ou, s’il pleuvait, sous le préau, et faisait entendre un long roulement de tambour. Il se servait de cet instrument en virtuose tantôt avec force, tantôt avec subtilité, accumulant, comme pour le plaisir, les concetti et les roulades. Le son du tambour , répercuté et amplifié par les bâtiments entourant la cour, était puissant et exaltant comme l’orgue accompagnant «  l’Ite missa est ». Et il avait une signification voisine puisqu’il nous apprenait que la messe pédagogique était finie.
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Hormis quelques pessimistes cyniques, qui eût dit, le 5 juin 1981, que le gouvernement et le chef de l'Etat considéreraient comme une grande victoire d'avoir vendu pour trente-cinq milliards d'armes à l'Arabie Séoudite ?
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Jean Dutourd
Faire parler un homme politique sur ses projets et son programme, c’est comme demander à un garçon de restaurant si le menu est bon.
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Quand il fait chaud, il enlève le veston, et l'on contemple son torse étroit de vieux monsieur, plus maigre en haut qu'en bas, ses épaules pointues, ses bras fluets, son ventre rond, sculptés impitoyablement par le polo. Les mains manucurées sont couvertes de taches marron appelées "fleurs de cimetière" ; elles sont noueuses et veinées. Ce sont des mains de septuagénaire. Quelles bonnes femmes, mon Dieu, acceptent de coucher avec cette ruine rafistolée qui embaume l'eau de toilette ? Elles ne sont guère dégoûtées.
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Jean Dutourd
« Un peuple qui raisonne peut à chaque instant devenir une armée de révolutionnaires »
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Parmi les diverses guerres inédites dans lesquelles est plongée l’humanité de la fin du XXᵉ siècle, il en existe une entre les bandits et les honnêtes gens, entre les terroristes et les paisibles civils. Cette guerre est très inégale, car les bandits et les terroristes non seulement sont armés jusqu’aux dents, mais encore n’observent pas les lois de la guerre qui comportaient un peu d’honneur, celui consistant, en premier lieu, à ne se mesurer qu’avec des ennemis armés eux aussi, et à épargner les femmes et les enfants.
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Les parents n'ont pas leur pareil pour tomber à côté. Il suffit que l'on décide de faire quelque chose d'héroïque, pour qu'aussitôt chez eux fleurissent le speticisme et sarcasme. Il n'existe pas d'endroit oú l'on soit plus méconnu que chez soi. On vous prend au sérieux lorsque vous ne l'êtes, on vous brocarde quand vous l'êtes.
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