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Citations de Jean Echenoz (753)


Il y a des gens assez marrants. Allez, venez. Bon, dit Ferrer, mais je ne reste qu'un instant, vraiment. Je prends juste un verre et je m'en vais.
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Comme Victoire était une fugitive, la descente pour elle était moins agréable qu’elle aurait pu l’être. Il y avait toujours la crainte de voir surgir, dans la végétation qui bordait le cours d'eau, ou campé sur l’un des ponts qui le surplombait, la silhouette de son poursuivant. Mais tout de même le paysage valait le coup d’œil. Et comme rien de grave, somme toute, ne semblait devoir arriver dans l’immédiat, Victoire se détendit, se laissa bercer par les mouvements réguliers qu’elle imprimait à son embarcation. Peu avant midi, elle accosta une étroite plage de galets, tira son kayak sur la berge et, débardeur remonté au-dessus du nombril, s’étala sur les rochers chauffés par le soleil. D’autres rameurs, seuls ou en binômes, la dépassèrent, saluant la dormeuse sur leur passage. L’un même, lèvre piqueté d’une fine moustache, bronzage régulier, aborda la crique à son tour. S’arrachant à son repos, Victoire darda sur lui un regard qu’elle espérait dissuasif. L’intrus, loin de se dérober à ce regard en pointe, tâcha de lui représenter combien il était incongru pour une jeune fille comme elle de voyager seule – incongru, malséant, dangereux. Il se proposa de lui tenir compagnie, suggestion que Victoire déclina assez fermement. Pour elle la conversation était close, toute son attitude le dénotait. L’homme – pas fou – n’insista pas davantage. Regagnant son kayak, qu’il remit péniblement à flot, il se laissa à nouveau happer par le courant, pagayant erratiquement jusqu’à ce qu’un détour de la rivière le dérobe aux yeux de Victoire.
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Max vit s'amplifier dans le miroir la silhouette massive et dégarnie de Parisy, physique de loukoum rétractile à grosses lunettes, costume croisé, transpiration chronique et tessiture de ténor léger.
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Ils sont assis sur un banc, à soixante centimètres l’un de l’autre. Ils parlent à voix basse, sans trop agiter leurs lèvres ni se regarder comme c’est l’usage pendant les rendez-vous d’espions. Les rares promeneurs ne peuvent imaginer qu’ils s’entretiennent, n’ayant pas l’air de se connaître mais de se trouver côte à côté par hasard, fatigue ou désœuvrement, désir d’observer trois cygnes barbotant à la surface du lac – plan d’eau ceignant une île aussi artificielle que lui, en forme de pain de sucre à demi fondu, coiffée d’une rotonde périptère inspirée par le temple de Vesta à Tivoli.
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Déterminé, ouvert à toutes propositions, j'attends avec sérénité : de Fulmard Gérard vous aurez des nouvelles, du cabinet Fulmard vous entendrez causer.
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J'ai lu pour vous le "premier chapitre" afin que vous vous fassiez votre opinion.
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résumé :

Georges Chave, né à Ivry-sur-Seine le jour de la bataille d'Okinawa, est domicilié à Paris dans le 11e arrondissement. Il vit de peu, meuble son existence d'une activité de bars, de cinémas, de voyages en banlieue, de sommeils imprévus, d'aventures provisoires ; écoute souvent des disques américains. L'un de ces disques lui manque, une version rare de Cherochee, qu'on lui a dérobé il y a dix ans. Tout cela n'est rien, mais il s'en contente jusqu'à ce que Véronique surgisse dans sa vie. Dès lors, Georges s'agite un peu.
Il ne voulait pas grand-chose, pourtant : gagner assez d'argent pour offrir cette robe jaune à Véronique. Mais déjà elle l'a quitté. Et à peine rencontre-t-il une autre femme qu'elle aussi disparaît. Celle-là, Georges va la chercher partout, suivre ses traces jusqu'à la mer du Nord, cependant que tout le monde se lance à sa poursuite — policiers, voleurs, divers intermédiaires. Sait-il seulement pourquoi ? Le voilà seul comme un Peau-Rouge dans un jeu de piste truqué, sur le sentier d'une guerre qu'il n'avait pas songé à déclarer.
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Comme si cela me regardait, Bardot a tenu à m’expliquer la situation au sein de la Fédération populaire indépendante. Ainsi que l’on pouvait s’y attendre après la mort de Nicole Tourneur, la vacance de sa direction était en train de créer le désordre, aiguisant les convoitises et chauffant les rivalités. p. 119
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Profitons-en plutôt, nous avons un peu de temps, pour esquisser une vie brève de Dorothée Lopez. Enfant unique du professeur Patrick Lopez– gastroentérologue à Sèvres, clientèle à boyaux fortunés, doyen de l’Académie de médecine, lauréat du prix Shanti Swarup Bhatnagar – et de Geneviève Lopez née du Gavial – présidente de la Fédération des comités familiaux œcuméniques –, la jeune Dorothée s’est précocement fait remarquer par une vive indépendance de pensée. Mettant le plus tôt possible un terme à ses études, après six semaines d’École du Louvre en auditrice libre elle a choisi de s’orienter vers une carrière de star, destin qui cependant ne se décide pas comme ça. Figurant d’abord dans quelques spots publicitaires – Moulinex, Ultrabrite, Lactel –, elle a déniché diverses panouilles dans le milieu cinématographique rose avant d’obtenir un vrai rôle, enfin, dans un téléfilm normal, sa part de dialogues étant hélas réduite après montage à ces mots : « Ah bon ? Deux mois ? » Son engagement artistique semble s’être ensuite effrangé, cédant la place à une consommation accélérée d’hommes plus ou moins jeunes, tous dotés d’une très brève espérance de lit en attendant de trouver mieux, ce mieux étant un amant à péremption plus tardive qu’elle suivra aux îles Baléares. On en sait peu sur ce moment de sa vie, interrompu par le retour précipité de Dorothée Lopez vers la France, plus précisément vers un office notarial de Marnes-la-Coquette après la mort accidentelle de Patrick et Geneviève Lopez dans l’explosion en vol d’un Fokker F100 Bruxelles-Oslo. p. 99-100
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confronté à ce qui semblait être un enlèvement d’ordre politique – et pas n’importe lequel, Nicole Tourneur étant une figure notable de cette sphère –, l’unanimisme grave a encore été de rigueur, Chanelle malgré son excellente forme s’est aligné sur ce registre, choisissant de rester sobre, digne, drapé dans une posture de hauteur blessée. Rediffusion de la vidéo pour ceux, a précisé l’animateur, qui viennent de nous rejoindre. Et là, j’ai plus attentivement écouté ce que disait la mère Tourneur. Il ressortait de ses propos qu’elle était retenue par un groupe dont la nature et le but m’ont paru flous, les revendications elliptiques et l’idéologie brumeuse, mais qui semblait ouvrir la porte à des négociations : la nature de celles-ci serait précisée dans un prochain communiqué. Tout cela était bien vague à moins que je n’aie su l’analyser. En attendant mieux, je dois témoigner que Nicole Tourneur n’est vraiment pas mal dans le genre de son âge, catégorie mature que je ne dédaigne point.
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Revenons à moi qui me nomme Fulmard, me prénomme Gérard et suis né le 13 mai 1974 à Gisors (Eure). Taille : 1,68 m. Poids : 89 kg. Couleur des yeux : marron. Profession : steward. Domicilié rue Erlanger, Paris XVIe, où je vis seul.
Gérard Fulmard, donc, et si j’ai quelques raisons de me plaindre, du moins ne suis-je pas mécontent de ce patronyme assez peu courant, qui ne sonne pas mal, qui est presque le nom d’un bel oiseau marin auquel j’aimerais m’identifier sauf qu’il est grégaire et moi pas plus que ça. Sauf aussi que je n’ai pas le physique, ma surcharge pondérale s’opposant en toute hypothèse à ce que je prenne un jour mon vol. Même si des vols, vu mon métier j’en ai pris pas mal, mais d’abord ce n’est pas la même chose et ensuite, cette profession de steward, je ne l’exerce plus. Mon vrai statut actuel est celui de demandeur d’emploi en passe de se reconvertir, mais je vais développer ce point.
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Si l’on peut s’étonner que ces chutes de déchets spatiaux provoquent si peu d’accidents fâcheux, on peut aussi les supposer amenées à se multiplier. Car après les quelque cinq mille lancements consécutifs à celui de Spoutnik 1 en 1957, ce sont à peu près sept mille tonnes de matériel qui orbitent aujourd’hui dans la voûte céleste au-dessus de nos boîtes crâniennes. Et ce, dans ces dernières, afin d’alimenter nos cerveaux en informations diverses et, naturellement, de mâcher le travail de renseignement sur nos personnes. Des vingt milliers d’objets qui se promènent ainsi, nous surplombant en orbe, on est en droit d’imaginer que les trois quarts, ceux qui évoluent à moins de mille kilomètres d’altitude, retomberont un de ces jours n’importe où, pourquoi pas à tes pieds. Notons avec soulagement qu’au-delà de cette distance, l’espérance de vie du quart restant est une affaire de siècles et peut même prétendre, dans les hauteurs extrêmes, à l’éternité.
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Quand il m'a appelé le lendemain matin, j'étais à ma fenêtre où souvent je me poste quand je n'ai rien a faire, très souvent. Je guettais un fait nouveau dans la rue Erlanger, n'importe lequel m'aurait suffit mais je sais bien qu'il ne s'en produit guère, ce n'est pas tous les jours qu'un chanteur de charme s'y jette de son balcon ni qu'un fils de famille jaune y ingurgite une étudiante blonde.
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Bien que cette scène se déroule dans le sud des États-Unis et que pas mal de gens portent ce nom de Gluck un peu partout dans le monde, celui-ci a mené en France des études scientifiques avancées jusqu’à l’École centrale des arts et manufactures où il a obtenu un diplôme d’ingénieur en génie mécanique. Puis il s’est marié, dirigé vers la construction plutôt que vers les mines qui lui ouvraient aussi leurs portes en souriant. (…) Il s’agissait surtout de bâtir des ponts.
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Cependant, Gregor en a conscience, ces idées ne sont que des reprises d’anciennes esquisses, elles commencent à date un peu, il serait bon d’en trouver une nouvelle : il la trouve. En ces temps où la guerre se remet à menacer un peu partout dans le monde, il lui en est venu une dont il n’est pas mécontent. Il s’agirait cette fois d’un procédé invisible de grande puissance, faisceau de particules ravageur et fièrement baptisé Rayon de la mort. L’arme absolue. Fondée sur le principe de l’accélération des particules – qui vont si vite qu’elles n’ont pas besoin pour nuire, d’être volumineuses -, cette arme serait susceptible d’arrêter une voiture en pleine course, un bateau fendant l’eau ou un avion en vol, en les faisant tout simplement fondre. Un tel dispositif défensif rendrait tout pays, grand ou petit, faible ou fort, d’autant plus apte à assurer sa propre protection qu’indestructible par les forces adverses, qu’elles soient aériennes, terrestres ou maritimes. Sa capacité dissuasive serait telle qu’elle en viendrait à rendre inenvisageable, impensable, la possibilité même de la guerre. L’arme absolue, décidément, provoquant l’harmonie mondiale. C’était déjà quarante-cinq ans plus tôt l’idée, qui vaut ce qu’elle vaut, d’Alfred Nobel avec ses explosifs.
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Très tôt, parmi celles-ci, lui vient la certitude qu’il ferait bien par exemple un petit quelque chose avec la force marémotrice, les mouvements tectoniques ou le rayonnement solaire, des éléments comme ça – oui, pourquoi pas, histoire de commencer à se faire la main, avec les chutes du Niagara dont il a vu des gravures dans des livres et qui lui semblent assez à son échelle. Oui, le Niagara. Le Niagara, ce serait bien.
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La naissance de Gregor se déroule ainsi dans cette obscurité bruyante jusqu'à ce qu'un éclair gigantesque, épais et ramifié, torve colonne d'air brûlé en forme d'arbre, de racines de cet arbre ou de serres de rapace, illumine son apparition puis le tonnerre couvre son premier cri pendant que la foudre incendie la forêt alentour.
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A l'entrée du métro un mendiant lui a quémandé une cigarette et distraitement, au lieu d'accéder à sa requête, Tausk lui a demandé du feu. Ca ne se fait pas, voyons. Ca fait partie des choses qui ne se font pas. Quel manque absolu de savoir-vivre. Pourtant le mendiant s'est fouillé longuement cependant que Tausk s'impatientait(......)
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Rien ne prédisposait à la vie politique cet homme qui est rien moins qu'un tribun. Intellectuel spéculatif peu liant, préférant l'écrit solitaire à l'oral tumultueux, Franck Terrail n'est pas plus effusif que disert, pas homme à mener campagne et s'en aller serrer des mains sur les marchés du dimanche : il n'aime ni les dimanches ni les marchés ni serrer quoi que ce soit.
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J'aurais pu refuser le marché, bien sûr, n'ayant nulle garantie sur cette affaire mais comme ç'avait été à prendre ou à laisser, que j'avais tout intérêt à prendre et que j'avais pris, il a bien fallu s'y mettre.
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