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Citations de Jean-Paul Delfino (281)


Puis tous ces gens de la bonne société (…) qui brillaient par leur paresse, leur bêtise, leur ignorance, leur mépris et leur babil creux, forgé dans la prétention, leur infatuation et leur morgue maladives.
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" L'esclavage est un cancer mortel qui menace les fondements de la Nation. "
( José Bonifacio de Andrada e Silva)
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L'esclavage est la honte noire du Brésil !
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Puis, était-ce parce que l'on était seul dans son choix que l'on était fatalement dans l'erreur ?
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Les journalistes sont des jean-foutre, tenez-le-vous pur dit ! S nous continuons ainsi, le Brésil ne sera bientôt plus connu que pour sa musique et pour ses danses. Dites-moi donc un peu à quoi tout cela rime ! Le Brésil est un pays d'hommes, de guerriers, de capitans-do-mato, de bandeirantes et de bâtisseurs. Danser et faire de la musique, c'est bon pour les femelles et les enfants. San oublier les Noirs, mais seulement le dimanche.
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Viens m'embrasser, mon beau Nègre! J'en ai rien à faire d'être salie et mouillée, si c'est par les bras de l'homme que j'aime.
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Malgré la fatigue et la sueur qui perlait sur son visage et sur son corps, malgré ses muscles douloureux et l'appréhension de ce long voyage dont il ignorait quelle serait l'issue, il se sentait infiniment paisible et serein.
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Les Wayanas, avant l'arrivée des orpailleurs, vivaient en paix. Leur philosophie était d'une simplicité désarmante. Pour eux, seul existait l'instant présent. Le passé était le passé, on ne pouvait le changer. Le futur n'existait pas encore, et il ne servait à rien de s'inquiéter pour une chose qui ne possédait pas de réalité. Ils consacraient ainsi toute leur énergie à jouir du temps qui passe . À la naissance, il n'y avait ni riche ni pauvre. Chacun ne possédait en propre que ce qu'il fabriquait de ses mains et il ne serait jamais venu à l'esprit d'un Wayana de vouloir posséder plus que nécessaire. S'élever, tenir un rang social, étaler ses richesses ou, au contraire, masquer sa pauvreté ? Rien de tout cela n'avait de sens. La seule vie raisonnable qui existât ici-bas était celle qui passait ainsi que le fleuve et que l'on pouvait toucher de ses doigts.
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Pour les moins chanceux, ce sont les colonies qui nous attendent. Casser des cailloux, pour les hommes. Espérer une amnistie et compter les jours, pour les femmes. Ne pleure pas sur notre sort, ma fille. On a fait un rêve, peut-être un rêve démesuré. Et ça, dis-toi bien que personne ne nous le prendra. Jamais.
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(Les premières pages du livre)
Chapitre I
« Les riches font ce qu’ils veulent. Les pauvres font ce qu’ils peuvent. »
Proverbe guyanais

« Silence, Dans les rangs! La prochaine que j’attrape à parler, je lui colle trois jours de mitard. Vous m’avez bien compris? Le mitard, avant la cale et le pays des singes verts. Vous ferez moins les bravaches que sur les barricades. Allez, garces! On file, on file! On file et on se tait!»
Les mots de l’argousin avaient claqué dans le matin comme autant de gifles sèches. Sur la petite route qui menait d’Aix-en-Provence à Toulon, la cohorte des bagnardes replongea aussitôt dans son mutisme. En ce mois déjà étouffant de juin 1872, l’on n’entendit plus alors que les galoches de bois sur le chemin de pierres. Ces bêtes de somme, une trentaine tout au plus, piétinaient sous la surveillance étroite de soldats placés à intervalles réguliers.
Après avoir essuyé la sueur qui coulait de son front, le gardien enfouit son mouchoir dans la poche de sa veste et reprit, cette fois pour lui-même: « Et dire que c’est cette chienlit qui voulait faire la révolution. Même le bagne, pour ces gredines, c’est encore trop bon.– Salopard... »
Malgré la crainte du cachot, Clara n’avait pas réussi à emprisonner dans sa gorge ces trois syllabes hérissées de mépris. Le maton, en réalité un bon papa dans le civil, ne les entendit d’ailleurs pas – ou peut-être fit-il seulement semblant. Il avait trop de métier pour répondre à la première provocation. Pour lui, ces femmes-là ne comptaient pas plus qu’un simple troupeau de chèvres. Son rôle était de les conduire d’Aix-en-Provence jusqu’au bagne de Toulon, avec le moins de casse possible.
Sur le même ton martial, il jappa une nouvelle fois: «On avance ! Et en silence !»
À main gauche, la silhouette lourde du massif de Sainte-Victoire semblait s’être assoupie, pelotonnée en gros chat. À droite, sur l’éperon rocheux du village de Fuveau, se détachait en contre-jour l’église Saint-Michel, que les paroissiens du cru désignaient volontiers, avec une fierté non feinte, sous l’appellation de basilique. Entre les deux, une plaine fertile où les parcelles d’oliviers, de blé et de vignes se disputaient le moindre mètre carré. L’angélus de sept heures avait sonné depuis longtemps déjà et, courbés sur leurs travaux de peine, les quelques paysans disséminés de part et d’autre de la route ne levèrent pas même les yeux sur ce convoi de poussière qui ne faisait que passer. Depuis la fin de la Commune, près de deux années s’étaient écoulées. Au début, le spectacle des bagnards, hommes ou femmes, avait bien un peu excité la curiosité. On avait délaissé les outils et la tâche pour les voir se traîner dans la pierraille, eux qui tiraient la chaîne jusqu’à Toulon avant d’embarquer pour la Guyane ou la Nouvelle-Calédonie. On leur avait lancé des insultes, des quolibets. Puis, à force d’habitude, l’on n’y avait même plus prêté attention. Chacun portait sa croix. Celle de la terre à enfanter n’était guère plus légère que celle de la justice à rendre. Qu’il pleuve ou qu’il vente, les cohortes des réprouvés avaient continué à se succéder. Il n’y avait plus désormais que les enfants les plus jeunes qui, parfois, s’asseyaient sur les talus herbeux des bas-côtés afin de profiter tout à leur aise de ce spectacle gratuit, celui de la désespérance en marche.
Placée en tête de la chaîne processionnaire, Clara se retourna tandis que le convoi obliquait vers le Sud, en direction du hameau de la Bouilladisse. D’un seul regard, elle embrassa le ciel pur de Provence, le moutonnement des champs grillés par le soleil, l’échine blanche et indigo de Sainte-Victoire.
Sous leurs masques de peine et de souffrance, elle reconnut le visage de chacune des filles qui lui emboîtaient le pas. Toutes étaient passées par le même calvaire, toutes arboraient des rictus douloureux figés par la colère, indifférentes à la honte, à la chaleur. L’enthousiasme de la Commune et les espoirs fous d’un nouveau monde à naître, les réunions enfiévrées des cercles, les amitiés et les amours naissantes sur les flancs des barricades, la confraternité d’une classe se soulevant contre le capitalisme, tout cela était désormais loin. Presque une autre vie. La cruauté imbécile d’Adolphe Thiers avait tranché dans le vif. Paris s’était dressée contre Paris ? Il avait répondu au peuple par le feu, la poudre et le sang. Chacun en avait eu son compte. Clara non plus n’avait pas abandonné sa part aux chiens. Clara, mais aussi toutes ces bagnardes qui la suivaient. Blanchisseuses, dentellières, brodeuses, piqueuses de bottines, cigarières, simples journalières ou paysannes montées à la capitale pour inventer un nouveau monde sur les cendres encore chaudes du précédent : toutes y avaient cru. Elles avaient joué, elles avaient perdu. Le coup avait été dur, mais régulier. Dans le train pénitentiaire qui les avait conduites de Paris à l’étang de Berre, puis de celui-ci à Aix-en-Provence, il n’y avait eu ni soulèvement ni tentative d’évasion. Aucune plainte ne s’était élevée – sinon pour maudire les maladroites qui, d’un coup de pied, manquaient parfois de renverser le pot d’aisance, plein jusqu’à la gueule. Celles qui avaient eu besoin de pleurer l’avaient fait en silence. Pour l’heure, elles étaient encore des femmes. Parvenues à Toulon, elles savaient de façon confuse qu’elles deviendraient autre chose. La Cour de Versailles leur avait assez rabâché qu’elles étaient la lie de la société. À Toulon, elles entreraient, de gré ou de force, dans la peau de leur nouvelle existence.
Ce ne fut qu’une fois étendue sur son bat-flanc, le corps brisé par une marche qui avait duré deux jours entiers, que Clara prit le temps de se remémorer les raisons pour lesquelles, à pas même dix-huit ans, elle avait atterri au bagne de Toulon. Celles-ci ne possédaient rien de rare. Si la Commune n’était pas venue pousser de la corne dans son quotidien de misère, Clara n’aurait jamais tâté de la chaîne. Elle était née le 16 décembre 1854, à Aix-en-Provence, le jour même de la mise en service du barrage François Zola. Son père, terrassier né à Bari, s’était crevé la paillasse afin que cet ouvrage pût voir le jour et que les Aixois, hiver comme été, pussent boire jusqu’à plus soif. Deux ans plus tard, imitant le concepteur du barrage, il était mort d’une mauvaise pleurésie, abandonnant dans leur taudis de la ruelle La Baratanque une femme noueuse comme un pied de vigne et une ribambelle d’enfants malingres, méchants et pétris de vices, passés maîtres dans l’art du chapardage.
«Dame... Il fallait bien manger.»
À la mort du père, la mère prénommée Giuseppina avait fait de son mieux, plaçant plusieurs de ses filles à l’usine de savon. Les garçons, eux, avaient trouvé à se louer dans les campagnes des alentours, du côté des Granettes ou du Val de l’Arc. Elle, avait redoublé d’efforts dans la minuscule échoppe de passementerie qui l’employait depuis déjà une dizaine d’années, rue Fabrot. Là, en compagnie de sa fille Clara dont elle avait obtenu l’embauche en tant qu’apprentie, elle ne comptait plus ses heures, tirant sur le fil jusqu’à la nausée, le front bas, les lèvres scellées. Dès le premier jour, la patronne lui avait dit son fait, sans haine et sans mépris, comme la chose la plus naturelle du monde. Elle n’était qu’une Italienne, une immigrée venant voler le travail et le pain des Français et, si elle tenait à garder sa place, ce n’était que justice qu’elle fut taillable et corvéable à merci. Giuseppina n’avait pas répondu. Puisque Dieu lui avait donné ces cartes, quand bien même étaient-elles mauvaises, il ne lui restait plus qu’à les jouer. Ses enfants, peut-être, se bâtiraient une vie meilleure, si elle acceptait de souffrir pour eux. Ses enfants ou, plus sûrement, les enfants de ses enfants.
À l’hiver 1868, une porte avait semblé s’ouvrir sur le quotidien de la veuve. Une lointaine cousine issue de son village natal, Caraglio, avait croisé sa route sur le cours Mirabeau, lors de la procession mariale de l’Immaculée Conception. Cette parente possédait une sœur, Francesca, qui avait poussé le voyage depuis l’Italie jusqu’à Paris afin de s’y établir. Sur la butte Montmartre, elle avait ouvert une petite gargote pour les ouvriers du bâtiment qui, contre une pièce ou deux, pouvaient s’offrir une chopine de vin et une assiette de ragoût trempé de pain bis. Avec les travaux incessants décidés par le baron Haussmann, Paris était devenu un immense chantier, les manœuvres et les gâcheurs de plâtre avaient afflué de l’Europe entière et l’affaire de Francesca s’était agrandie en conséquence. Elle avait alors eu besoin de bras. Giuseppina n’avait pas hésité une seconde. La semaine suivante, Clara partait pour la capitale avec, en poche, quelques mots de recommandation et l’adresse du caboulot – au Tabouret percé – griffonnés sur un bout de papier. Au moment de quitter la cité du Roy René, les derniers conseils maternels avaient sonné à ses oreilles: il lui fallait se méfier des hommes qui étaient tous des porcs. Seul Dieu pouvait la sauver des flammes de l’enfer. Et, si cette Francesca acceptait de l’embaucher, sa reconnaissance se devrait d’être éternelle.
« Ma pauvre maman... »
Dans les gémissements des taulardes ne parvenant pas à trouver le sommeil, au bord de la suffocation à cause des odeurs fortes, animales, produites par les corps trempés de transpiration et de crasse, Clara ouvrit les yeux sur la nuit, tout juste trouée par un quinquet à huile qui grésillait, à l’autre bout du dortoir. Elle se revit en train de poser son sabot sur le marchepied de la voiture. Elle n’était alors qu’un moineau, une mésange. Toute de nerfs et d’os, avec une chevelure abondante d’un noir de jais et de grands yeux charbonneux. Clara n’était pas ce que l’on pouvait appeler une belle fille, non. Elle faisait plutôt songer à une ombre, une rescapée de naufrage, tant ses joues étaient creusées, ses lèvres amères, ses membres grêles.
Lorsque Francesca, dans le petit matin de
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S'il l'avait pu, le géant Émile Zola aurait fait sauter le couvercle de son cercueil, se serait dressé et, les poings sur les hanches, dévisageant l'humanité entière, il aurait hurlé : "Assassins !
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Le poète roula de sa main unique une énième sèche et, à la flamme de la bougie, l’incendia dans les crépitements discrets de brins de tabac se tordant dans la braise.
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Moi, je suis bien placé pour savoir que l’écriture ne nourrit pas son homme. Pour en vivre, il ne faut pas seulement écrire. Il faut en plus savoir manigancer, manger à tous les râteliers, avoir de l’entregent et, souvent, pas beaucoup de fierté ni d’orgueil. Kostro était doué pour ça. Et Cocteau, à ce jeu-là, c’est un maître. Moi, pas.
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Il n’y avait pas d’eau courante. Encore moins de gaz et d’électricité. C’était cela l’univers d’Erik Satie, le créateur des Gnossiennes qui, elles, voyageaient maintenant à travers le monde, libres de toutes entraves, applaudies, admirées, louées pour leur modernité.
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Cela était écrit. Cette nuit serait sa dernière nuit.Le visage trempé de sueur, figé au plus profond de ce matelas qu'il maudissait,il cherchait. Il laminait son cerveau pour répondre à la question qui tambourinait entre ses tempes.
Quelqu'un voulait sa mort. Mais qui ? Qui possédait au fonds de lui suffisamment de haine pour mettre un terme à son existence ?
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La question est celle-ci : d'où vient l'homme ? Où va l'homme ? Je la résous triomphalement en disant : l'homme va et vient dans la nuit.
Emile Zola
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Le soleil commençait à s'assoupir.
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Exister, c'est risquer.
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..".Si seulement les hommes pouvaient regarder le monde comme ils regardent les femmes dont ils tombent amoureux...Si cela arrivait, il n'y aurait certainement pas assez d'encre ni de papier pour relater toute la beauté de ce petit caillou bleu que nous piétinons du lever au coucher, en armées imbéciles et sans but;3
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Tout ce que je peux te dire,avec le temps, c’est que je suis incapable aujourd’hui d’écrire trois lignes qui valent quelque chose quand c’est ma tête qui se mêle de vouloir commander mes doigts. C’est propre, c’est clair, bien léché. C’est digne d’être publié. Mais ce n’est pas de la littérature. C’est de la réflexion écrite. C’est de la leçon bien apprise, de la technique, du écrit à la manière de. De la culture aussi. Ça n’a pas de tripes, pas de jus. Pas d’âme quoi. Cette nuit-là, j’ai bien compris que je ne trempais pas ma plus dans un encrier, mais dans la vie immédiate. Et encore, je n’ai pas écrit à la plume...
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