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Citations de Jean-Paul Dubois (1855)


... cette manière si simple et tellement nordique qu'il avait de vous faire ressentir que tout ce qui nous entoure n'est que vie, que chaque chose a son sens et son prix, et qu'il suffit de prêter son attention et son regard pour comprendre que nous faisons tous partie d'une gigantesque symphonie qui, chaque matin, dans une étincelante cacophonie, improvise sa survie.
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Moi, si souvent caparaçonné par les pesanteurs de l'indécision, évaluant sans cesse les répercussions du déplacement du moindre pion, je suis depuis toujours fasciné par ces natures capables de déclencher délibérément un séisme domestique, de répudier, en quelques mots, une existence consommée, de vider le corps d'une armoire, de passer d'une maison à une autre, de changer de lit, de partenaire, d'habitudes, parfois même d'opinions, et cela, comme disent les Araméens, en moins de temps qu'il n'en faut à une chèvre pour mettre bas (pp. 159-160).
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- Tu entends ça ? Avec mon nouvel ampli c'est vraiment formidable. Un Harman Kardon, deux cent watts avec des baffles Lansig. J'ai tout changé même les câbles. Tu sens la différence ?
- Le son est bon, mais ce que tu écoutes... Tu pourrais aussi bien passer ce truc sur un vieux Teppaz.
- Je ne comprends pas ce qui te gêne dans la musique qu'on aime. Tu as vraiment des goûts bizarres. Par exemple, tu est le seul type que je connaisse qui n'aime pas les Beatles.
- C'est comme ça.
- Quand même, merde, les Beatles.
- Quoi "quand-même-merde-les-beatles". C'est trop roublard, trop anglais, je ne me sens pas à l'aise quand j'écoute ça.
- Non, mais attends, tu peux pas dire une chose pareille... Redis-moi les noms des types que tu aimes, toi, comme ça, pour voir...
- Curtis Mayfield, John Mayall, Isley Brothers, Brian Eno, Marvin Gaye, Soft Machine, Bob Seger.
- Mais c'est quoi ça ? Putain, j'en connais pas un seul. Je suis sûr que si tu demandes à n'importe qui ici c'est pareil, personne connaît. Je vais te dire une chose : la musique c'est un truc simple. Tu mets deux balles dans la machine et si au bout de trente secondes tout le monde danse pas, c'est que c'est de la merde. Tu t'ai fait pomper ce soir ?
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Elle ne comprenait pas qu'un homme de mon âge, diplômé de médecine, ait quitté son pays, sa ville, sa famille pour s'installer à Miami et jouer à la cesta punta, ce jeu puéril fait, disait-elle, "pour des bergers". "Qu'un basque fasse de ça un métier, c'est déjà bizarre. Mais toi tu n'es pas basque. Et en plus tu es docteur. Qu'est-ce qui cloche chez toi ?"
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Les jours qui suivirent furent encore plus froids. Durant le week-end, la neige se mit à tomber. De gros flocons comme on en voit toujours dans les films canadiens, à la fois légers et dodus, bâtis pour le cumul et l’amoncellement, conçus pour rendre la vie difficile et fatiguer les toitures.
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Un détail est parfois la discrète signature d'une âme.
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Il était établi qu'à l'intérieur d'une cabine les passagers changeaient souvent de place en fonction des entrées et sorties des occupants. Et cela dans l'unique but de se réapproprier un espace supplémentaire, d'optimiser leur « sphère de confort ». Pauvres de nous. Insectes prospères et négligeables. Soumis et sournois. Toujours en train d'opérer des calculs invisibles, de médiocres menées. De recalibrer subrepticement des surfaces. D'analyser la pertinence des déplacements. D'espérer des réappropriations. Nous étions ainsi, mesquins, avides, manœuvriers, dans les ascenseurs, comme dans la vie.
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"La flatterie est comme l'ombre : elle ne vous rend ni plus grand ni plus petit."
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"Car cette maison et moi partagions désormais une histoire commune. La suite n'était qu'une question de patience. Saison après saison, nous devions apprendre à vieillir, chacun de notre côté, dans l'ordre de la vie et le silence des choses."
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Une application de tous les instants, une certaine rouerie apprise dans les joutes gauchistes et la grande décontraction de l’époque me permirent de me faire adopter dès la fin du printemps. Avec Grégoire, bien sûr, nous parlions de musique. Il avait des goûts terriblement conventionnels, d’une médiocrité confondante, s’enthousiasmant avec une sincérité renversante pour des groupes affligeants comme America, Ash Ra Tempel, Pink Floyd, Kraftwerk et l’inexcusable Jethro Tull. Il n’y avait aucune sophistication, pas la moindre cohérence dans ses choix. Il possédait autant de discernement qu’un juke-box.
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Je disposais de deux trajets pour rejoindre la côte atlantique. Soit les routes du Gers, par Auch, l'austère, les coteaux des vins de Saint-Mont, Manciet, le circuit de Nogaro, puis les routes des Landes, Mont-de-Marsan, et Dax qui sentait presque déjà la pipérade. Je pouvais également rejoindre Bayonne par Martres-Tolosane, traverser les nappes malodorantes des usines de pâte à papier de Saint-Gaudens, frissonner dans l'air vivifiant du plateau de Lannemezan, plonger dans la rampe de Capvern, oublier Tarbes, négliger Pau, prier pour que le vent souffle dans le bon sens afin d'échapper aux effluves putrides de mercaptan relâchées par les raffineries de Lacq, puis cingler vers Orthez, Peyrehorade, Biarotte, les bords de l'Adour, et le goulet d'Anglet. Mais ce que j'aimais par dessus tout, c'était la traversée et la descente de Bidart, qui ne ressemblait pas à grand-chose et ne laissait raisonnablement rien espérer de bon, et pourtant soudain, sur la droite, le miracle s'opérait et une ouverture inespérée s'offrait sur l'océan, une promesse d'immensité, l'ourlet grossier de la plage et l'air iodé qui s'engouffrait soudain par la vitre ouverte. J'avais l'impression de retrouver un ami d'enfance qui m'avait attendu toujours au même endroit, saisons après saison, année après année. Pour un homme comme moi, venu des terres, cette trouée de Bidart était l'annonce d'une vie meilleure.
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Avant de s'endormir, Ana s'était mise à mastiquer du chewing-gum au lit. Et chaque soir, pendant une dizaine de minutes, j'entendais le bruit de ses maxillaires et de ses dents s'acharner sur la gomme, la broyer, j'imaginais sa langue tournant et retournant cette masse humide et malléable, cet agrégat d'aspartame. J'écoutais cela en silence et avec une attention soutenue pour ne rien perdre des subtilités d'un pareil concerto.
Et je pensai : " Pourquoi mâche-t-elle ainsi, qui veut-elle mordre à ce point?"
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Tous les jours de la vie, nous avons à choisir : ou la souffrance d'aimer, ou cette autre, bien pire : celle de ne pas aimer.
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Lorsqu'il estima toutes les conditions réunies, il délivra un message dont il n'imaginait sans doute pas alors qu'il aurait un tel retentissement : " C'est dans le silence des pierres et des forêts que nous parvient parfois le murmure des dieux."
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Des mines et encore des mines, creusées à ciel ouvert, profondes, récurées jusqu’au ventre de la terre, des cratères lunaires gigantesques, des fosses martiennes démesurées, taillées en escaliers, striées de routes tortueuses, des terrils poussiéreux, roulés en boule, pareils à d’énormes animaux endormis.
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Quoi qu'il en soit, et malgré son habitabilité surprenante, cette NSU birotor se révéla être un véritable désastre, avec son catalogue de pannes moteur aussi inattendues et variées les unes que les autres. La Ro 80, censée préfigurer la technique et l'inventivité du monde de demain, modéra ses ambitions, vit ses ventes s’écrouler et quelque temps plus tard, précipita à elle seule la faillite, puis la disparition, de la marque NSU, qui finit par être rachetée par Audi. En tout cas, l'arrivée dans notre famille de ce véhicule aussi couronné que mal né coïncida avec la détérioration des relations entre mon père et sa femme. Mais aussi entre le pasteur et son église.
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« Les femmes elles sont pas comme nous. Elles ont un cerveau différent. Il se passe de drôles de choses dans leur tête, des choses que tu ne peux ni envisager ni comprendre. Des fois on dirait qu’elles ont la possibilité de lire dans le futur, de voir ce qui va arriver. Et c’est pour ça qu’on comprend pas ce qu’elles font et pourquoi elles le font. En réalité, elles anticipent, amigo. Elles anticipent. Justement pour ne pas avoir à subir les conséquences de toutes les conneries que, nous, on a déjà en tête sans le savoir. »
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Le chat ouvrit ses yeux / Le soleil y entra / Le chat ferma ses yeux / Le soleil y resta.
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Il m’a tendu son cornet de churros, j’en ai saisi un qui était à peine tiède. Au moment où j’ai mordu dedans, toute l’huile du monde a giclé dans mes dents. C’était l’huile la plus ahurissante que j’ai jamais goûtée, recuite, bien grasse, lourde, presque pâteuse, infiniment saturée. Une huile pour moteur diesel, une huile de jour de fête.
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Jean-Paul Dubois
Autrefois tu pouvais acheter l'âme d'un homme avec une image pieuse sans qu'il demande autre chose qu'une bénédiction. Aujourd'hui, pour obtenir ce que je suis venu chercher , il faudra accompagner ce frère, répondre à ses questions, calmer ses inquiétudes et le border avec des gestes patients d'un référent fatigué des Alcooliques Anonymes.
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