Citations de Jean Racine (1501)
En combattant pour vous, me sera-t-il permis
De ne vous point compter parmi mes ennemis ?
Acte I, Scène IV (v. 295-296)
Il faut se croire aimé pour se croire infidèle.
Je n’écoute plus rien, et pour jamais Adieu.
Pour jamais ! Ah Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Car enfin ce cruel, que vous allez braver,
Cet ennemi barbare, injuste, sanguinaire,
Songez, quoiqu'il ait fait, songez qu'il est mon Père.
Rassurons-nous, mon cœur, je puis encor lui plaire :
Je me comptais trop tôt au rang des malheureux ;
Si Titus est jaloux, Titus est amoureux.
(Acte Il, Scène 5)
Tu vas ouïr le comble des horreurs...
J'aime... A ce nom fatal, je tremble, je frissonne.
J'aime...
CRÉON:
L'intérêt de l’État est de n'avoir qu'un roi.
Qui d'un ordre constant gouvernant ses provinces,
Accoutume à ses lois et le peuple et les princes.
Ce règne interrompu de deux rois différents,
En lui donnant deux rois lui donne deux tyrans.
Par un ordre, souvent l'un à l'autre contraire,
Un frère détruirait ce qu'aurait fait un frère ;
Vous les verriez toujours former quelque attentat,
Et changer tous les ans la face de l’État.
Ce terme limité que l'on veut leur prescrire
Accroît leur violence en bornant leur empire.
Tous deux feront gémir les peuples tout à tour,
Pareils à ces torrents qui ne durent qu'un jour :
Plus leur cours est borné, plus ils font de ravage,
Et d'(horribles dégâts signalent leur passage.
(Acte I, scène 5)
Une mère m'attend, une mère intrépide,
Qui défendra son sang contre un père homicide.
Vous verrais-je toujours, renonçant à la vie,
Faire de votre mort les funestes apprêts?
Un bonheur si commun n'a pour moi rien de doux,
Ce n'est pas un bonheur, s'il ne fait des jaloux.
Mais Rome veut un maître, et non une maîtresse.
Junie : Et quel est donc, Seigneur, cet époux ?
Néron : Moi, madame.
Junie : Vous !
Acte II, scène 3
Enfin je me dérobe à la joie importune
De tant d'amis nouveaux que me fait la fortune ;
Je fuis de leurs respects l'inutile longueur,
Pour chercher un ami qui me parle du coeur.
Néron :
Oui, Madame, je veux que ma reconnaissance
Désormais dans les cœurs grave votre puissance ;
Et je bénis déjà cette heureuse froideur,
Qui de notre amitié va rallumer l'ardeur.
"Quand tu sauras mon crime, et le sort qui m'accable, je n'en mourrai pas moins, j'en mourrai plus coupable"
Mais qu'aisément l'amour croit tout ce qu'il souhaite !
(Bajazet - I,4)
Hyppolyte :
N'importe, écoutons tout, et ne négligeons rien.
Examinons ce bruit, et remontons à sa source,
S'il ne mérite pas d'interrompre ma course,
Partons; et quelque prix qu'il puisse en couter,
Mettons le sceptre aux mains dignes de le porter.
-Dans Phèdre, acte II, scène V
(Voilà qui est tourné, non? )
Ô mon souverain Roi !
Me voici donc tremblante et seule devant toi.
Mon père mille fois m’a dit dans mon enfance
Qu’avec nous tu juras une sainte alliance,
Quand pour te faire un peuple agréable à tes yeux,
Il plut à ton amour de choisir nos aïeux.
Même tu leur promis de ta bouche sacrée,
Une postérité d'éternelle durée.
Hélas ! ce peuple ingrat a méprisé ta loi.
La nation chérie a violé sa foi.
Elle a répudié son époux, et son père,
Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère.
Maintenant elle sert sous un maître étranger.
Mais c'est peu d'être esclave, on la veut égorger.
Nos superbes vainqueurs insultant à nos larmes,
Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes,
Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel
Abolisse ton nom, ton peuple, et ton autel.
Ainsi donc un perfide, après tant de miracles,
Pourrait anéantir la foi de tes oracles ?
Ravirait aux mortels le plus cher de tes dons,
Le saint que tu promets et que nous attendons ?
Non, non, ne souffre pas que ces peuples farouches,
Ivres de notre sang, ferment les seules bouches
Qui dans tout l'univers célèbrent tes bienfaits,
Et confonds tous ces dieux qui ne furent jamais.
Pour moi, que tu retiens parmi ces infidèles,
Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles,
Et que je mets au rang des profanations
Leur table, leurs festins, et leurs libations ;
Que même cette pompe où je suis condamnée,
Ce bandeau dont il faut que je paraisse ornée
Dans ces jours solennels à l'orgueil dédiés,
Seule, et dans le secret je le foule à mes pieds ;
Qu'à ces vains ornements je préfère la cendre,
Et n'ai de goût qu'aux pleurs que tu me vois répandre.
J'attendais le moment marqué dans ton arrêt,
Pour oser de ton peuple embrasser l'intérêt.
Ce moment est venu. Ma prompte obéissance
Va d'un roi redoutable affronter la présence.
C'est pour toi que je marche. Accompagne mes pas
Devant ce fier lion, qui ne te connaît pas.
Commande en me voyant que son courroux s'apaise,
Et prête à mes discours un charme qui lui plaise.
Les orages, les vents, les cieux te sont soumis.
Tourne enfin sa fureur contre nos ennemis.
Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie : il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.
Il n'est point de secrets que le temps ne révèle.