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Critiques de Jean Ray (327)
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Le cap d'argent

J’ai acheté ce livre et entrepris sa lecture en connaissance de cause. Il s’agit de la version non expurgée d’une de mes précédentes lectures de Jean Ray. Je veux bien sûr parler de La malédiction de Machrood, publié en 1984 par les éditions NéO. Mais l’éditeur savait-il qu’il ne publiait pas l’œuvre originale parue en flamand en 1946, mais une pâle copie. J’ai failli écrire édulcorée. Mais ce serait faire une insulte aux édulcorants. Je me rappelle d’une forte nouvelle assez insipide. Mais là changement complet de point de vue.



Je serais plus catégorique que l’auteur du texte de présentation de l’Amicale Jean Ray. L’usurier juif est une caricature. Même de Funès dans l’Avare est plus crédible. Et le racisme ? Bien sûr, certains lecteurs ne pourront s’empêcher d’accuser Jean Ray d’antisémitisme mais, pour moi, ces expressions ne sont que le reflet du caractère excessif de ce personnage exécrable, avare au point d’en être bête et sans scrupule. Ces insultes, proférées par l’un des gentils de l’histoire ne sont là que pour renforcer votre haine de ce sinistre individu. Quoiqu’il en soit, il est vrai que Jean Ray aurait tout aussi bien pu le nommer usurier plutôt que juif. ça aurait été tout aussi parlant. Soit. Ça n’excuse pas pour autant les éditeurs qui se permettent de supprimer de longs passages. Car j’ai découvert le premier chapitre. Il avait carrément disparu de La malédiction de Machrood.



En bref : Si vous faites partie de cette mouvance qui renie tout ce qui devrait ne pas être dit de peur de choquer, qui voient le mal partout, alors contentez-vous de la version allégée. Mais si vous voulez vraiment lire un court roman de Jean Ray, dans lequel les personnages ont un tant soit peu de profondeur, de caractère, alors il vous faut en passer par là et lire Le Cap d’Argent plutôt que La malédiction de Machrood. Et gardez bien à l’esprit que l’histoire se déroule au XIXe siècle et qu’il est du coup logique de mettre dans la bouche des protagonistes des expressions courantes à l’époque.



Et puis ça peut être l’occasion de vous mettre au flamand, puisque vous aurez entre les mains une édition bilingue.
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Edmund Bell - Intégrale des nouvelles, tome 2

Une fois encore, je reprocherai à l’Amicale Jean Ray de n’avoir apporté aucun soin à la relecture. C’est bien la peine de s’y être mis à deux pour les traductions, tiens ! D’aucuns me feront remarquer qu’il y en a beaucoup moins dans la première. Encore heureux ! puisqu’une variante a été publiée dans Harry Dickson, tome 13 des éditions Marabout en 1972. D’ailleurs, il n’y a que Les mains de Monsieur Tombs qui échappent à cette duplication. Mais alors ? Comment se sont-ils débrouillés, s’il y avait déjà des éditions françaises pour glisser autant de coquilles ? Mots ou lettres manquants, erreurs de conjugaisons, etc. Il doit y en avoir une toutes les deux pages.



J’ai une question beaucoup plus existentielle à poser : pour, dans une recueil consacré à Edmund Bell, ce personnage n’apparaît-il que dans une nouvelle sur cinq ? Oh ! Toutes les nouvelles m’ont plu. Là n’est pas la question. Mais le titre est trompeur. Et après avoir lu les tommes 1 et 2 de cette série, je comprend mieux pourquoi les éditions Lefrancq n’avaient publié que deux volumes d’enquêtes d’Edmund Bell.



Bon. Après ces médisances, parlons des histoires en elles-mêmes. Les trois dernières sont très courtes et justifieraient d’être appelée Mortimer Triggs : souvenir de jeunesse. Dans L’Ombre qui frappe Triggs nous raconte comment, alors que, venant de finir ses études, il cherche l’inspiration pour un roman, il découvre un meurtre et identifie l’assassin. L’Affaire Mardison se déroule alors qu’il est lycéen. À ses heures perdues, il met en évidence un trafic, mais ce contente de faire peur aux contrebandiers. Minuit dix ! est très courte et du coup, manque d’intrigue. À peine entre-t-on dans le vif du sujet que la solution nous est donnée.



Vraiment, il n’y a que les deux premières qui justifient vraiment la lecture de ce volume. Mais les amateurs de Jean Ray ont déjà lu Le fantôme des ruines rouges. Je me demande si Jean Ray a fait autre chose que substituer aux noms de Triggs et Edmund Bell ceux de Harry Dickson et Tom Wills. Les mains de Monsieur Tombs n’est disponible dans aucun autre volume et n’a subit aucun recyclage. Il faut donc lire ce livre pour en prendre connaissance... et elle le mérite. Pourquoi s’intéresse-t-on aux mains de M. Tombs ? Pourquoi son patron a-t-il été assassiné à l’aide d’un poison qui, aux premier coup d’œil, passe pour du sang ? Pourquoi la maison Heystreet a-t-elle été louée pour ne pas être occupée ? Voilà une série de questions aux quelles vous n’aurez de réponse que dans les dernières de cette relativement longue nouvelle (54 pages).



En bref : Même si je ne comprends pas pourquoi l’Amicale Jean Ray a appelé ce livre Edmund Bell - 2, je suis satisfait de ma lecture. Et elle me donne envie de prendre le temps de replonger dans les autres enquêtes d’Edmund Bell ou les aventures d’Harry Dickson. Un livre qui fera plaisir aux amateurs de Jean Ray/John Flanders.
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Malpertuis

Jan, un jeune marin, revient dans sa ville natale, un port des Flandres, où il apprend que la maison où il est né a été détruite. Il décide alors de se rendre à Malpertuis, la maison de son oncle Cassave. Mais il se perd dans les rues du port et arrive dans le quartier chaud où, pris dans une bagarre, il est assommé. A son réveil, il se retrouve dans sa chambre de Malpertuis. Il découvre que la vaste demeure est peuplée de personnages insolites, tels un bourgeois lubrique, trois veuves passant leur temps à filer et à coudre, un géant boiteux et sa compagne… Un désormais classique !
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Le carrousel des maléfices

Pour ce dernier recueil, le maître de Gand semble s'être assagi, du moins au niveau du style. Les phrases sont moins chargées. La narration ultra-rapide, les récits se précipitent vers les chutes redoutées. Mais Jean Ray est heureusement toujours aussi féroce et cruel envers les petits bourgeois, les naïfs, les médiocres. L'horreur surgit hors des pages, en trois dimensions, agressant le lecteur comme aucun écrivain n'est arrivé à le faire. L'humour noir ravage les esprits dans ses "histoires drôles". Les apparences sont trompeuses. Pourquoi se méfier de trois petites vieilles? D'une riche dame qui invite des pauvres hères à de fastueux dîners? Du croquemitaine inspiré par Gilles de Rais (ou Ray)?
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Les contes du whisky

On trouve quelques maladresses encore, dans les textes de ce premier recueil fantastique de 1925, mais pas suffisamment pour ne pas se laisser bercer par la langue de Jean Ray. Il a l'art des images marquantes et des métaphores qui sonnent juste, celui, également, d'insinuer un peu de poésie dans le parler populaire tout en parvenant à en rendre l'oralité.



Ce sont peut-être l'atmosphère et les visions (d'horreur évidemment) déployées dans ses textes qui m'ont le plus marquée. Si le sommeil de la raison engendre les monstres, ici l'ivresse, causée en premier lieu par le whisky, produit les spectres, les chimères, suscite aussi les haines et les violences aveugles, et finalement pour les plus malchanceux provoque la folie, l'incarcération ou la mort. Un brouillard à trancher au couteau participe à l'étrangeté de l'atmosphère et à l'incertitude des personnages quant à ce dont ils sont témoins.



J'ai apprécié la logique des récits, où l'intervention surnaturelle constitue souvent une forme de justice, ainsi que leur brièveté, qui rend les images évoquées d'autant plus fortes. J'ai aimé aussi les fins abruptes, les récits clos sur un vide ou une interrogation.



L'objet-livre en lui-même est agréable, malgré un papier intérieur peut-être un peu trop transparent. La couverture de cette toute récente édition de l'Espace Nord est sombre et élégante, à l'opposé des précédentes couvertures des éditions de l'Alma, qui donnaient une image presque enfantine des ouvrages.



Si l'appareil critique est le bienvenu, je trouve regrettable que l'analyse des particularités de l'écriture de Jean Ray soit si longue et surtout si scolaire. La longue litanie des exemples venant appuyer chacun des points semble interminable.



Enfin, je préfère prévenir les futurs lecteurs que ces nouvelles sont par places violemment antisémites, une violence ici littérale, les personnages rencontrant des fins violentes. Je vois cela comme un (triste) reflet de l'époque et comme une piqûre de rappel utile, mais cela peut évidemment heurter.



Je remercie l'Espace Nord et Babelio pour cette lecture.


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Les derniers contes de Canterbury

Ce fut un plaisir de lire ces nouvelles. Le style employé est désuet mais il contribue à créer des atmosphères uniques tantôt fantastiques et oniriques tantôt effrayantes...

Je recommande ce livre que ce soit pour se laisser emporter vers une autre époque où un autre univers en solo, mais aussi pour les amateurs de " veillées-lectures partagées, telles que nous les aimons ici ! ( à la lueur de bougies ;))
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Le grand nocturne - Les cercles de l'épouvante

Dans de vieilles demeures paisibles, dans des ruelles hors du temps, dans des tavernes de marins et des ports noyés de pluie, jusque dans le néant de la pleine mer, Jean Ray fait planer le souffle des Ténèbres. Par la déraison d'un homme, un tour de magie noire ou le simple jeu du hasard, des passerelles fragiles sont jetées entre les mondes, d'où des démons déchus, des créatures invraisemblables, tour à tour féroces et pathétiques, viennent briser et tordre entre leurs griffes le destin des humains.

Ou tout cela n'est-il qu'une vision hallucinée, fruit de trop de whisky ?



Trois longues nouvelles et quatre brèves histoires composent ce recueil, toutes rédigées de main de maître.

Parmi les premières, "le Grand Nocturne", une histoire d'amour, de mort et de malédiction, dans une veine assez proche de Malpertuis, n'est pas celle qui m'a le plus marquée. J'ai en revanche beaucoup aimé "le Psautier de Mayence", petit bijou d'horreur maritime qui n'est pas sans rappeler les abyssales inventions de Hodgson et de Lovecraft. Et "la Ruelle Ténébreuse", où des créatures d'un autre monde viennent semer terreur et désolation - mais pas seulement - dans une petite ville bien tranquille, est indubitablement ma préférée du recueil, impeccablement construite, fascinante de bout en bout et agrémentée d'une jolie pincée de romantisme obscur.

"Les Sept châteaux du roi de la mer", "la Scolopendre" et "le Fantôme dans la cale" jouent de manière assez intéressante avec le principe même du mystère - chacune à sa façon, et non sans une certaine ironie macabre plus ou moins affirmée. Enfin, "Quand le Christ marcha sur la mer", sorte de conte étrange et cruel, longtemps laisse en tête une impression de grise mélancolie.



Si la Cité de l'indicible peur et Malpertuis m'avaient plu sans entièrement me conquérir, ce recueil de nouvelles me fait bien mieux adhérer au talent de Jean Ray dont les ambiances et le ton, décidément, ne ressemblent à aucuns autres.
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Malpertuis

Une maison des plus étranges sans parler de leurs habitants tout aussi inquiétants. De quoi frissonner même en plein jour. Un vrai coup de cœur même si perplexe j’ai du relire l’histoire un seconde fois pour en saisir les tenants et les aboutissants. C’est en lisant les annexes de fin de livre que je me suis aperçue que je faisait fausse route. Et j’ai bien fais de le relire. Si comme moi, vous appréciez la mythologie, alors vous serez surpris ! c’est un fascinant huis-clos où se chevauchent plusieurs histoires (liées entre elles) dans le temps et c’est là qu’il faut être attentif à ne pas s’emmêler les pinceaux. dans ce XIXème siècle, cette maison hantée et même maléfique renferme des couloirs labyrinthiques, des spirales d’escalier, des sculptures grimaçantes de cuivres et de tarasques, des décors sombres et menaçant où aucune logique ne trouve place. Et les nombreux personnages tous dissemblables évolues dans ce cauchemar éveillé où la fuite est synonyme de terrible poursuite, où des cadavres flottent dans l’espace et où les morts se comptent.



Pour finir je reste vraiment admirative de cette incroyable intrigue. C’est un livre qui vous marque par son style, par sa complexité, par son mystère et par l’énergie pesante qu’il dégage.
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Malpertuis

Au seuil de la mort, l'oncle Cassave convoque sa famille : ceux qui veulent son héritage devront habiter Malpertuis, son étrange demeure. Pire, seul le dernier survivant touchera l'intégralité de cette fortune...



Malpertuis est un livre qui me tentais depuis bien longtemps, et lorsque j'ai eu la surprise de le recevoir dans ma KUBE, je me suis dit que c'était enfin le bon moment ! Sur la forme, l'écriture de Jean Ray est riche, parfois un peu ampoulée, mais si agréable à découvrir. Son style un brin vieillot contribue à dresser une ambiance très particulière, presque hors du temps, qui renforce le sentiment de malaise qui baigne Malpertuis en permanence. La première partie du roman paraît un peu longuette, on ne sait pas trop où l'auteur nous emmène, et il faut attendre la seconde partie pour enfin assembler les pièces du puzzle. Et là-dessus, j'avoue avoir été agréablement surprise !



Avec un pitch comme celui d'un héritage qui reviendra à l'unique survivant de la famille, je m'étais attendue à une histoire proche de celles d'Agatha Christie sur fond de maison hantée, et j'ai adoré me tromper ! Malpertuis est un livre très riche, qui se plait à perdre le lecteur avant d'enfin aborder son propos. L'ambiance confine au malaise, les petites révélations nous perdent plus qu'elles ne nous aiguillent, et pourtant une fois la fin arrivée, force est de constater que tout se tient à merveille, ce qui pousse à le relire une seconde fois pour savourer cette première partie qui se dévoile enfin.



Tant sur la forme que sur le fond, Malpertuis est à mes yeux un grand classique de la littérature horrifique, qui se classe aux côtés d'autres grands noms comme ceux de Arthur Machen ou encore H.P. Lovecraft. L'histoire est extrêmement riche, les scènes horrifiques ne sont pas gratuites, et l'ambiance est un bijou tel que c'est la demeurer de Malpertuis elle-même qui semble vivante.



Un très très bon livre horrifique !
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La Malédiction de Machrood

John Flanders, alias Jean Ray, alias Raymond Jean Marie De Kremer, était un fervent lecteur de Dickens et de Stevenson. Dans ce court roman, il propose un récit tortueux empruntant à la fois à "Oliver Twist" et à "L'île au trésor", presque un hommage. Nous suivons en effet de jeunes protagonistes face à de sinistres comploteurs qui tentent de capter un héritage et recherchent un trésor dans un marais maudit. Si l'atmosphère est fantastique en diable, la résolution se rapproche d'une intrigue policière. Un mélange bien dosé, dont John Flanders avait assurément le secret. Dans ce recueil composé par les éditions NEO, on trouvera aussi une série contes très brefs ; une sorte d'encyclopédie de superstitions exotiques, qui démontrent la folle imagination de l'auteur. Au final, une nouvelle un peu plus longue et très intrigante, "Les collines rouges", emmène les lecteurs dans une étrange cité en ruines au milieu de montagnes rouges.
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Harry Dickson, tome 7 : L'étrange lueur verte..

La série des Harry Dickson, c'est comme une madeleine de Proust pour moi. Un jour quand j'étais jeune et que j'avais déjà emprunté tous les sherlock holmes et Agatha Christie de la bibliothèque de mon père, il est revenu avec un Harry Dickson en disant tiens un autre détective par un écrivain belge tu vas apprécier. Et en effet à l'époque j’ai lu toute .la série.

Aujourd'hui je les relis pour un challenge mais j'apprécie toujours autant. Un détéctive qui devine tout par de petits indices mais ne dis jamais rien et on comprend tout seulement à la fin, en tout cas moi je me suis encore fait avoir je n'avais rien deviné.

Il y a deux histoires dans ce tome, la première une étrange lueur verte brûle des hommes et des bâtiments. Et dans la seconde ma préférée, Harry Dickson surveille un savant qui aurait fait une découverte pour accéder à la quatrième dimension. Dans cette seconde histoire on est vraiment dans le brouillard au début on ne comprend même pas l’enquête et on pourrait croire à une histoire fantastique.
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Malpertuis

Un roman effrayant! Plus que l'histoire d'une maison hantée c'est celle d'une famille maudite. La maison a une place centrale c'est vrai avec ses pièces sombres, ses lumières vacillantes, son architecture tortueuse mais c'est surtout la galerie de personnages sombres et étranges qui effraie. Le personnage de la première partie est aux prises avec un secret familiale monstrueux qui l'emmène proche de l'enfer. Puis les religieux qui recueillent son témoignage et celui de Doucedame seront témoins d’événements terribles. Il y a des êtres qu'il vaut mieux ne pas côtoyer.
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Malpertuis

Comment parler de ce livre sans révéler tout ou partie de la fin ? Car c’est bien dans la fin que réside toutes les clés de cette histoire… Après s’être perdu dans les méandres de l’histoire, après s’être demandé où l’auteur veut l’emmener, le lecteur finit en effet, à la fin, par rassembler les fils de l’histoire, et par rester un peu ébahi. « Comment me suis-je retrouvé là ? », voilà la question qui lui vient à l’esprit au moment de refermer ce livre…



Pourtant, en chemin, on peut douter. La construction de l’histoire est, comme le domaine de Malpertuis, labyrinthique. On s’y perd, on s’y égare, la même porte ne donne jamais accès à la même pièce. On hésite, on s’égare, on tremble de ce que l’on pourrait découvrir au bout de tel ou tel passage que l’on a pourtant emprunté cent fois sans surprise.



Chaque personnage semble tour à tour bizarre, curieux, étrange, menaçant, protecteur, brutal. Aucun point fixe auquel se raccrocher ne nous est proposé, accentuant encore la double sensation, d’étrangeté et de malaise.



Rajoutez à cela un texte érudit, non seulement dans ses sources – Jean Ray, visiblement, connait bien la mythologie, les religions, les mythes -, mais aussi dans son vocabulaire. Cryptogames, spagyrie, rudéral… il ne m’arrive pas si souvent que cela de devoir consulter un dictionnaire pour comprendre ce que je lis, mais voici quelques exemples pour lesquels il m’a fallu sacrifier à l’exercice.



On se sent comme une souris, ou un lapin, entre les griffes d’un félin, comme un humain pris dans les complots des dieux. La seule chose évidente, c’est que l’on ne parvient pas à percevoir la situation d’ensemble, que nous sommes chahutés par les vents sur une surface dont nous ne pouvons qu’essayer de deviner les contours. Tout tangue, tout est mouvant. Le seul élément probable, c’est l’inévitable aboutissement. Le destin ?



Est-ce que j’ai aimé ? Pas complètement. Mais, ce qui est certain, c’est que j’ai été emporté dans cette bourrasque, baladé comme un fétu de paille. Quel art de la construction, quel sens de l’articulation : on croirait un horloger organisant le mouvement de précision d’une montre, pour que chaque détail tombe précisément au bon endroit au bon moment. Il faut cependant être prêt à se laisser promener, ce n’est donc pas le livre que je choisirai pour faire découvrir le fantastique à un esprit cartésien… j’aurais trop peur de provoquer l’effet inverse de celui attendu…
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Malpertuis

Un livre sympa mais qui m’a été mal vendu…



J’avoue que j’étais très curieuse de découvrir cet auteur dont j’entendais beaucoup parler. Il faut dire que son œuvre fantastique est en cours de réédition.



J’ai beaucoup aimé ce récit fantastique, avec ces personnages malsains enfermés, « séquestrés » par un oncle bizarre dans une maison afin de toucher un héritage faramineux. Très vite, j’ai eu des doutes sur certains d’entre eux, mais les bords restent souvent flous.

L’ambiance dans la maison est terrible. Mon Dieu ! Entre ça et ses habitants, n’importe qui se croirait dans un asile ! C’est superbe !



La construction du livre est particulière. En effet, ce sont des récits qui se complètent les uns les autres, qui dévoilent des pans d’histoire jusqu’à ce que la vérité nous soit révélée. Cela ajoute à l’atmosphère malsaine qui émane du récit.



Une petite déception cependant. En effet, on me l’avait vendue comme un archétype de la maison hantée. Or, et bien que la maison ait un rôle important, elle n’est pas hantée (genre avec une entité qui veut du mal à ses habitants).

Mais bon, c’est très relatif.



J’avoue ne pas trop quoi savoir dire de plus sur ce grand classique. J’ai apprécié et j’aimerai bien découvrir les autres textes (des nouvelles ; Malpertuis est le seul roman) de cet auteur.

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Harry Dickson - Intégrale Marabout, tome 11

Cela commence par une déposition de police. Le sergent Hormond, en présence d'Harry Dickson, interroge Mr Poggers, riche propriétaire terrien du domaine des Campanules. Le garde forestier, Barnett, a été tué par quelque animal féroce et pourtant les derniers loups vus sur ces terres l'ont été en 1846...

Harry Dickson évoque ses débuts dans la carrière de détective et en vient à conter, au cercle d'amis qui s'est formé atour de lui, la drôle d'affaire que fût "le problème Blessington". Au temps de sa jeunesse, il y avait deux vitrines à la pâtisserie que portait ce nom, et le propriétaire y vendait, pour de pleines poignées de billets de banques, de belles brioches chaudes farcies de diamants....

Lorsque l'agent 164, blotti sous le porche de l'hôtel Clifton, pestant contre la pluie, entend un cri affreux qui déchire les ténèbres, le bruit des pas de la ronde policière qui s'approche le fait tressaillir de contentement. Le surintendant Goodfield, de Scotland-Yard, l'accompagne. Lorsque les policier font irruption dans la chambre 42, Mr Paradieu, archéologue français de Dijon, est étendu sans vie sur la carpette devant le bureau.....

Quelques gentlemen profitent d'une nuit claire pour flâner le long de Fulham Road. Harry Dickson, le célèbre détective, Goodfield le surintendant de Scotland-Yard et Listerham, journaliste à "l'Evening Dispatch" sont de la partie. La longue chaussée est déserte et le vent venant de la tamise se charge d'âcres relents marins. Il est à Fulham Road une maison hantée et elle attire à elle l'attention de ces drôles de promeneurs.....

Ce recueil contient cinq nouvelles de Jean Ray, cinq enquêtes d Harry Dickson, l'autre détective de Londres. A mi chemin entre littérature policière et fantastique, ces histoires sont toujours, grâce au talent immense de leur auteur, un véritable plaisir de lecture.

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Malpertuis

Le récit, composé de quatre narrations juxtaposées par une cinquième personne prétend exposer les faits de manière presque journalistique. Ecrit à la première personne, il nous entraîne rapidement dans ce que l'on croit être la réalité, conviction renforcée par l'utilisation du journal et d'autres manuscrits. Toute l'histoire s'articule autour d'une maison (Malpertuis) et d'un homme, Jean-Jacques Grandsire. Rien d'extraordinaire à cela. Mais un climat dense de clairs-obscurs, des phénomènes inexplicables nous plonge dans le fantastique. Le narrateur, observateur sain d'esprit, éprouve une certaine incertitude à décrire les événements qu'il vit. Le récit de Jean-Jacques est émaillé d'allusions, d'ébauches d'explications plausibles, tout en disant et cachant à la fois de façon à nous entraîner au coeur du roman.
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La cité de l'indicible peur

Jean Ray nous offre avec ce livre plus qu'une simple affaire policière.

Certes on y trouve des crimes atroces, des meurtriers insaisissables, du mystère et de la peur.

Mais avec cet auteur l'épouvante est toujours présente, ses criminels sont d'épouvantables créatures et les buts qu'ils poursuivent défient le bon sens quotidien.

JP Mocky a tiré de cet excellent livre un film qui malgré la présence de bourvil dans le rôle principal était un peu loupé.

Ce qui ne gâche en rien le plaisir que le lecteur aura à se plonger dans cet excellent livre de littérature fantastique.
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Malpertuis

"Malpertuis" est ma première rencontre avec le fantastique de Jean Ray: quelle rencontre!



Reçu dans une box Kube (instant publicité pour cette box de lecture mensuelle absolument formidable, que de reçois désormais depuis au moins deux ans!), j'ai eu bien du mal à me motiver à lire tout cela. Il y avait quelque chose d'intimidant à commencer ce livre, qui sentait en plus le "classique" à plein nez, ce qui ne va jamais pour me rassurer.

Bon, comme souvent, il n'y avait pas besoin d'en faire tout un plat. Précisons cependant que la lecture de "Malpertuis", afin d'en profiter de fond en comble, est exigeante. Vraiment. Mais tellement bonne!



On commencera par l'évidente complexité structurelle du récit. Porteur d'au moins quatre narrateurs, intervenant tous dans une chronologie différente, gardant mystère ou non sur leur identité, et même usant et abusant de différents pronoms pour se qualifier: si l'on retombe évidemment sur nos pieds, il n'y a rien d'évident dans tout ce roman.

Pour l'élément fantastique, même chose: Jean Ray sait brouiller les pistes et tromper son lecteur. Vous aurez bien du mal à deviner ce qui se passe entre les murs de Malpertuis, et ne comptez pas sur moi pour vous spolier. Je peux simplement vous révéler une chose: la résolution narrative est à la hauteur de la réputation de l'auteur. C'est extrêmement original (oui oui) et magnifiquement bien conduit.

On rajoutera évidemment le fait que Jean Ray écrit très, très bien. C'est d'ailleurs, de façon certes absurde, ce qui porte en premier lieu ce roman gothique au rang des classiques: c'est suranné dans son style, mais si bien écrit.



Une seule conclusion: lisez sans aucune hésitation ce merveilleux roman gothique qu'est Malpertuis. Il s'agit d'un excellent conte fantastique, voire horrifique, particulièrement intelligent sans perdre une once de sa capacité divertissante. Un must-read.

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Le carrousel des maléfices

Recueil de 19 nouvelles paru en 1964 (l’année de la mort de l’auteur) . Ensemble très inégal . Du fantastique assez classique : des histoires de femmes maléfiques (La Sorcière Les Gens célèbres de Tudor Street Trois petites vieilles sur un banc ,ma préférée ) de fantôme ( Le beau Dimanche, - Un tour de cochon) de savant fou ( Mathématiques supérieures/La Tête de monsieur Ramberger/ Croquemitaine n'est plus/ Puzzle/ Le "Tessaract"/ Smith... comme tout le monde) ,de rituel ( Bonjour, Mr. Jones !/ La conjuration du lundi) .Mais aussi d’étranges textes qui paraissent sans queue ni tête , dans une atmosphère de conte (Histoires drôles/ Tête-de-lune/ Le Banc et la porte/L'Envoyée du retour/ La Sotie de l'araignée) et pour finir un texte qui s’apparente à de la science-fiction (Le formidable secret du pôle) assez bas de gamme.
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Malpertuis

J'aime Jean Ray même dans sa littérature alimentaire .mais ici ,c'est le top :construction complexe (patchwork de textes d'époques et d'auteurs différents) ,ambiance hyper-glauque et idée géniale mêlant la mythologie grecque (l'Olympe presque au complet) et le folklore européen (loup-garou).Très réussi.
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