Citations de Jiddu Krishnamurti (1626)
La cause fondamentale du désordre en nous-mêmes est cette recherche d’une réalité promise par autrui.
Un esprit véritablement bien fait est à la fois positif et négatif ; il est à la fois l'homme et la femme - il n'est pas seulement l'homme, ou seulement la femme. Les Grecs avaient un mot pour cela, et les Hindous aussi. Ils en ont fait des symboles par l'image et, par conséquent, ils l'ont perdu. Dès que vous exprimez une chose par la parole, par l'image, elle a fui. Mais si vous commencez à apprendre - si vous continuez d'apprendre, et d'apprendre toujours, vous pouvez alors exprimer la chose en paroles, elle ne mourra jamais.
Vous connaîtrez alors l'état d'un esprit qui apprend, vous sentirez la nécessité d'un grand silence, d'un calme total qui n'a rien de délibéré, de contraint, un silence vrai. Quand vous écoutez ainsi, écouter est à la fois agir et apprendre. Si nous pouvons chaque matin entrer, nous asseoir et écouter dans ce silence, vibrant d'attention, non pas un silence mort, nos entretiens pourront alors être l'occasion d'un événement extraordinaire.
Le pouvoir est le résultat de l'ascétisme, de l'action, de la situation sociale, de la vertu, de la domination. Sous toutes ces formes, il représente le mal. Il corrompt et pervertit. Il est mal d'user de l'argent, du talent, de l'intelligence, pour accroître son propre pouvoir de façon évidente ou détournée.
La destruction, dans le sens que nous donnons à ce mot, est sans motif ; elle n'a pas la finalité qui impliquerait l'action pour un résultat. La destruction de l'envie est totale et complète ; elle implique la liberté à l'égard du refoulement, de la retenue, et cela sans aucun motif.
Cette destruction totale est possible ; elle réside en une vision claire de la structure totale de l'envie. Cette vision n'est pas dans l'espace-temps, mais immédiate.
La force et la beauté d'une tendre feuille résident dans sa vulnérabilité. Comme le brin d'herbe poussant entre les pavés, elle possède une force défiant la destruction.
Une observation lucide n'est possible que dans une totale tranquillité du cerveau. Mais celle-ci est-elle possible? Elle l'est quand le cerveau, au sommet de la sensibilité, sans pouvoir déformant, est conscient dans la négation.
La pensée juste doit avoir lieu dans le présent et c'est elle seule qui peut résoudre le chaos mondial. Cela veut dire qu'il vous faut vous retirer de la périphérie et devenir un centre de pensées justes. C'est bien cela qui s'est toujours produit dans les périodes où le monde a eu à faire face à de telles crises. Quelques personnes voyant la confusion et l'impossibilité de modifier la catastrophe se sont retirées et ont formé des groupes. Qui prendra la peine aujourd'hui de s'arrêter le temps nécessaire pour examiner sérieusement la situation dans son ensemble? Ceux qui étudient s'appliquent à des formules et sont limités par des conditionnements, mais rares sont ceux qui étudient le chaos sans esprit de système. Ce sont eux pourtant, les sauveurs, parce qu'ils sont créateurs et j'espère qu'au cours de ces semaines qui viennent, il nous sera possible d'être attentifs et de découvrir cette pensée créatrice, de découvrir réellement cette vérité.
La connaissance de soi est le commencement de la sagesse. La connaissance de soi se cultive par l'individu, dans sa recherche de lui-même. Je ne suis pas en train d'opposer l'individu à la masse. Ils ne sont pas contradictoires. Vous, l'individu, êtes la masse, le résultat de la masse. En nous, ainsi que vous le découvrirez si vous y pénétrez profondément, se trouvent et la multitude et le particulier.
Pour vous apprendre vous-même, pour vous connaître, vous devez vous observer avec fraîcheur, en toute liberté. Vous ne pouvez rien apprendre à votre sujet si vous ne faites qu'appliquer des connaissances, c'est-à-dire si vous vous examinez en termes de ce que vous avez appris par un instructeur, par un livre ou par votre propre expérience.
Alors que veut dire apprendre? Existe-t-il une façon différente d'apprendre, qui ne soit pas cumulative, qui ne devienne pas simplement un arrière-plan de mémoire ou de savoir, une fabrication de modèles qui nous emprisonnent? Existe-t-il une façon d'apprendre qui ne devient pas un fardeau, qui ne mutile pas l'esprit mais qui, au contraire, lui confère la liberté? Si vous vous êtes jamais posé cette question, non pas superficiellement mais profondément, vous vous rendez compte que l'on doit chercher à savoir pourquoi l'esprit s'accroche à l'autorité. Que ce soit celle d'un maître spirituel, d'un sauveur, d'un livre ou celle de sa propre expérience, pourquoi l'esprit s'accroche- t-il à l'autorité?
Si nous voulons enseigner aux jeunes, nous devons avoir en nous le sens de l’exigence du bien. Le bien n’est pas un idéal ; c’est être total, intègre, sans peur, ne pas avoir l’esprit confus ; ce ne sont pas là des idéaux mais des faits. Pouvons-nous nous en tenir aux faits et créer ainsi, par l'éducation, un être humain qui soit bon ? Voulons-nous vraiment une culture différente, un être humain différent, doté d’un esprit sans confusion, sans peur et possédant cette qualité qu’est l’intégrité ?
Toutefois, la majorité d'entre nous a besoin de stimulation, car nous dormons pour la plupart — nous dormons parce que tous les philosophes, les saints, les dieux, les prêtres et les hommes d'État nous ont endormis. On a été endormi, et on ne sait pas que l'on dort, on pense que c'est normal. Un homme qui veut être sa propre lumière doit se libérer de tout cela. On ne peut être sa propre lumière que s’il n'y a pas de moi. Alors, cette lumière est étemelle, immortelle, incommensurable.
Seul un esprit silencieux peut comprendre qu'il existe en lui un mouvement totalement différent, d'une autre dimension, d'une autre qualité. Ce sont des choses que l'on ne peut pas exprimer en paroles, parce qu'elles sont indescriptibles. Mais ce qu'on peut décrire, c'est le chemin parcouru jusqu'à ce point, le point où vous avez posé la base et vu la nécessité, la vérité et la beauté d'un esprit silencieux.
KRISHNAMURTI : Je dépends de ma femme, du prêtre et du psychanalyste. Oui, je dépends. Alors je me mets en route, parce qu'il m'a dit la vérité. Vous me suivez, monsieur? Elle est là, il faut que je travaille par moi-même, que je découvre si c'est bien la vérité ou si c'est faux. Autrement dit, il me faut utiliser ma raison, mes facultés, mon intelligence. Il faut que je travaille. Je ne peux pas me contenter de dire : « Eh bien, voilà il est parti! » Je dépends moi-même de mon cuisinier! Donc, il me faut découvrir, il faut que je démêle le vrai du faux. J'ai vu la chose et ça ne dépend de personne.
NEEDLEMAN : D'accord.
KRISHNAMURTI : Même la fréquentation des gens vertueux ne va pas m'enseigner ce qui est bon, ce qui est faux ou ce qui est vrai. Il me faut le voir.
NEEDLEMAN : Oui, absolument.
KRISHNAMURTI : Alors, Je ne dépends de personne pour découvrir ce qui est vrai ou ce qui est faux.
Et quand je dis: « Je ne sais pas » - et cela ne veut pas dire que je m'attends à savoir, mais que je sais que, vraiment, je ne sais pas - que se passet- il? Je descends de mon échelle, mon esprit devient humble. Eh bien, cet état de « non-savoir », c'est l'intelligence. Et alors elle peut agir dans le champ du connu, avoir la liberté aussi de travailler ailleurs si elle en a le désir.
La compréhension n'a rien à voir avec la pensée. Vous pouvez raisonner, c'est le processus même de la pensée, la logique, jusqu'au moment où vous arrivez à dire: « Je ne comprends pas. » Alors vous êtes réduit au silence et tout à coup vous dites : « Ah! je vois, je comprends. » Cette compréhension n'est pas le résultat de la pensée.
L'intelligence prend naissance quand l'esprit, le coeur et le corps sont en harmonie réelle.
Mais comprendre n'est évidemment pas une fin en soi. La compréhension advient lorsqu'on est calme et silencieux, que l'esprit est tranquille. Et si vous percevez la nécessité de cette tranquillité de l'esprit, alors il y a compréhension immédiate.
L'expérience n'est pas une mesure, elle n'est pas la voie qui mène à la réalité parce qu'en définitive, nous vivons nos expériences en fonction de notre croyance, de notre conditionnement, et cette croyance est évidemment une façon de fuir face à nous-mêmes.