Un beau jour de carnaval, dans un petit village du Sud-Est de la France, Vianne Rocher s’installe avec sa fille Anouk, ses cartes de tarot et le souvenir très tendre de sa mère un brin sorcière. Elle ouvre une confiserie et grâce à ses chocolats, ses belles vitrines, les senteurs et la chaleur de sa petite entreprise et toutes ses autres qualités qui sont nombreuses et tendrement féminines, elle attire toutes les âmes jeunes, naïves, fragiles, endolories ou esseulées de l’endroit, déclenchant par là-même le venin des «bonnes âmes» et des «grenouilles de bénitier» avec à leur tête le cabaretier haineux et surtout Reynaud, le curé trop rigide.
Bien sûr cette opposition des deux clans est un peu simpliste et trop systématique transformant le récit en conte de fées en faveur d’une vie douce et indulgente contre les tabous religieux et les vices cachés des puissants et pourtant ce parti-pris ne m’a pas gênée une seconde puisque je me suis sentie constamment du côté des faibles finalement victorieux dans la lutte qui oppose tour à tour les deux narrateurs : Vianne et Reynaud, la gentille chocolatière et le vilain curé. Je me suis laissée prendre au jeu et c’était un grand plaisir de voir les bons l’emporter ainsi sur les méchants dans un roman qui n’a rien de policier et qui pencherait plutôt vers le feuilleton un peu gentillet si ce n’était le talent de la romancière qui a réussi à me séduire d’un bout à l’autre de son récit et à me donner envie, non seulement de voir le film tiré du roman, mais d’en lire la suite.
Evidemment je n'ai pas pu éviter le rapprochement entre le repas de fête offert à l'occasion de son départ définitif par Armande , la grand -mère rebelle, et le fameux "Dîner de Babette" de Karen Blixen.
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Cela fait longtemps que j'ai ce livre dans ma PAL, j'ai failli le commencer plusieurs fois et je l'ai toujours écarté. Et puis la semaine dernière, je me suis enfin lancée et sincèrement je n'ai vraiment aucun regret.
Ce livre est plein d'émotion, de tristesse et de gaieté à la fois, de sentiments de haine mais aussi de joie....
La sensibilité et la sincérité des personnages rencontrés au fil du récit m'ont touchée, vraiment.
L'auteure a merveilleusement décrit ce qu'elle a imaginé et on arrive même pendant la lecture à sentir le parfum du chocolat tellement on est dedans.
J'ai maintenant hâte de voir le film pour mettre des images sur tout ça en espérant ne pas être déçue.
Quand on referme ce livre, on se sent bien, on a l'impression d'avoir vécu quelque chose avec ces gens, d'avoir habité avec eux quelques mois, c'est vraiment troublant.
Ce livre est donc une petite merveille comme vous le voyez, alors si comme pour moi il a passé beaucoup de temps sur vos étagères, n'hésitez plus !
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J'ai beaucoup aimé cette histoire, un peu longuette en cours de route, mais c'est une belle surprise. C'est la couverture qui m'a séduite au premier abord... le contenu est tout aussi beau!
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Histoire d'une enfance en temps de guerre et un très lourd secret avec lequel vivre.
Magnifique livre qui ne peut laisser indifférent, à mon sens.
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Ayant vu le film, j'étais curieuse concernant le livre. Hé bien, j'ai aimé mais cela m'a un peu plus lassé que le film...Un peu trop de longueurs, on s'attache moins aux personnages.
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Roman intéressant pour son sujet traité : lorsque quelque chose a marqué l'esprit d'une personne, comme un poids lourd et qu'il en est difficile d'en parler. Peut-être dût à un sujet sensible (pour ce roman) qui à ce temps là aurait été mal perçu.
Tel est le cas de Framboise qui revient vivre à Les Laveuses; petit village dans le sud ouest de la France, après 45 ans d'absence. Elle fait son retour dans l'anonymat d'une veuve. Elle en a changé son prénom, à ouvert sa crêperie dans la ferme familiale qu'elle a racheté à son frère. Framboise, 65 ans, est la narratrice de cette sombre histoire. Elle nous raconte ce que chacun d'eux ( sa sœur et son frère) ont hérité de leur mère bien des années avant. Le sien, héritage, fut un carnet où sa mère écrivait ses recette et des notes de tout genres. Lorsque une crise familiale - de pur jalousie - intervient, elle se reprend à penser au passé.
Elle nous raconte quel genre de relation, sèche, il y avait entre sa mère et ses peropres enfants. Sa mère fut une veuve de guerre et ne fut jamais très sociale avec les villageois. Village où l'ambiance n'était nullement chaleureuse avec tout ces allemands. Chacun s'espionnait, se soupçonnait...
Donc Framboise revient à ces temps dures qu'était la guerre. A la relation, qu'avec son frère et sa soeur, avait noué avec un soldat allemand. Au fil de la lecture, on pourrait se demander ce qu'elle a fait de mal, ou sa mère, pour qu'elle en est cachés cette partie de sa vie à ses enfants et à son défunt mari. Qu'elle tienne absolument à garder son anonymat. Après tout, comme elle le répètera souvent dans l'histoire, ils n'étaient que des enfants.
Roman fort en sentiments. Il n'est certes pas aussi gai que "Chocolat", le rythme est plus lent, moins entrainant.
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(...) Une soixantenaire revient dans son village d’enfance avec comme seul héritage un livre de recettes de cuisine tenue par sa mère. Et voilà que défile une enfance en tant de guerre, une éducation à la dure (la maman élevaient ses enfants comme son verger avec amour sans le montrer, comme on taille les arbres fruitiers pour qu’ils donnent, à maturité, le meilleur d’eux-mêmes). De la bonne cuisine comme seuls moments de répits dans l’univers familial et entrecoupé par les malaises de la mère. Le carnet de recettes apparait alors comme une véritable clef pour comprendre les histoires internes, les secrets de famille, de village et les sentiments enfouis. (...)
l'avis complet ici http://iam-like-iam.blogspot.com/2007/04/un-quartier-dorange-de-trop.html
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Sleep Pale Sister
Traduction : Johan Frederik Hel-Guedj
En apparence, c'est un petit roman qui ne paie pas de mine et, dès les premiers chapitres, vous vous dites que tout doit y être banal. Bizarrerie première : les différentes parties du livre sont placées sous le patronage de certaines lames du Tarot Sacré (ou Tarot de Marseille), majeures et mineures.
Il s'agit d'un récit à quatre voix. Première voix : celle de Henry Paul Chester, héros en titre, bourgeois victorien au visage en lame de couteau, noir, sinistre, glacial, aux inhibitions sexuelles envahissantes bien que le personnage proclame haut et clair ne viser qu'un seul but : la Perfection de la Pureté Absolue.
Ce modèle d'homme, Président de l'Académie Royale de Peinture, épouse la deuxième voix, Euphémie, jeune fille qu'il a rencontrée enfant et dont la beauté très éthérée, dans le style des pré-raphaélites, l'a immédiatement séduit par sa "pureté" justement. Chester a pris Effie tout d'abord comme modèle de ses toiles et, après avoir rendu financièrement dépendantes de lui la mère évaporée et la tante de l'enfant, femme plus sérieuse mais dépassée par les événements, a veillé à l'éducation de sa protégée avant d'en faire sa femme.
Effie est de santé délicate et, à l'époque, le laudanum est en vente libre. On en distribue à la pelle, pour ainsi dire et l'on en prend pour un oui, pour un non. Henry, d'ailleurs, estime vite que, pour calmer les "ardeurs coupables" de sa jeune épouse, lequel le "tente trop" et toutes les nuits, qui pis est Twisted Evil - vous rendez-vous compte de l'horreur de la chose et de son indécence profonde ? - rien ne vaut cette drogue merveilleuse. Il confie même au médecin de famille sa crainte de voir sa femme basculer tôt ou tard dans l'hystérie, grande maladie de l'époque.
La troisième voix est celle de l'Amant - ou de celui qui en tient lieu : Moïse Zacharie Harper. Un peintre lui aussi mais un cynique, un jouisseur, plus préoccupé de régler ses dettes, au besoin par une escroquerie pure et simple, que d'autre chose. Cependant, la fragile beauté d'Euphémie semble le séduire un temps - au moins autant que la sournoise satisfaction de l'enlever à un homme qu'il méprise à la fois comme artiste et comme personnalité.
La quatrième voix est celle d'une tenancière de maison close, Epiphanie Miller, dite "Fanny", une belle femme, une femme de tête également qui a su faire respecter son établissement. Jadis, Fanny a abrité une nuit sa petite fille, Martha et, au matin, elle l'a trouvée morte : violée et assassinée par l'un de ses clients. Mais lequel ? Fanny a des soupçons, bien sûr et, d'année en année, elle a acquis des certitudes. Dans l'ombre, en araignée patiente et en mère authentique, elle tisse sa vengeance ...
Je ne vous en dirai pas plus si ce n'est que ce roman en apparence mineur me paraît un excellent exemple de ce que les Anglais peuvent produire encore dans le style "gothique-fantastique-thriller réaliste", genre où ils excellent avec infiniment plus de subtilité que les Américains. (Précisons cependant que l'auteur, dont une chaîne française a diffusé récemment une adaptation de son roman "Chocolat" est française par sa mère.)
Si vous en avez le temps, si vous recherchez un peu de plaisir, de délassement, une écriture souple mais fournie et une intrigue plus mystérieuse et plus "tordue" qu'il ne semble, prenez donc la peine de lire "Dors, Petite Soeur." La fin est de plus une fin gigogne. Vous devinerez assez vite les traits de la première poupée mais, pour les traits de l'ultime figurine, dissimulée au coeur de la première, franchement, non, cela m'étonnerait. Car son visage est encore plus monstrueux que le premier.
Bonne lecture !
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Entre les lignes du livre de recette maternel légué à Framboise Dartigen : l’Histoire.
Celle d’une famille de 3 enfants élevés par une femme veuve durant la seconde guerre mondiale.
Il est question de collaboration, d’exécution de villageois, mais également d’enfance mal-aimée et de femme qui souffre.
Ce roman, construit sous forme d’aller retour temporel dans le petit village des vaseuses nous plonge dans l’occupation d’un village perdu dans les années 1940, et les conséquences d’actes commis en ces périodes qui se répercutent de génération en génération.
Malédiction, traumatisme héréditaire… ?
Ce livre m’a été recommandée par l’institutrice de mon fils, qui a en général les même goûts sur les miens. Sur ce coup là, j’ai été moins emballé qu’elle. La fin m’a un peu déçu alors que j’ai passé tout le livre à attendre qu’il se passe enfin quelque chose (j’avais tout misé sur un dénouement incroyable).
Je garde de l’autrice l’envie de lire les romans qui ont inspiré le film « le chocolat » avec Juliette Binoche et Johnny Depp, en 2024 peut être ?
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Je me suis plongée avec délice dans ce roman dont j'avais découvert l'intrigue au cinéma avec la merveilleuse Juliette Binoche dans le rôle de Vianne.
Vianne justement est le personnage autour duquel tout se tisse, et l'un des deux narrateurs . Son arrivée dans le petit village français va susciter un émoi considérable car elle dénote sérieusement dans le paysage local. Elle n'a rien de la discrétion grise et maussade environnante, elle qui s'habille avec des couleurs vives, n'hésite pas à enclencher un brin de causette avec chacun, et surtout vient ouvrir une chocolaterie juste en face de l'église!
Tout le roman se déroule entre nos deux narrateurs : la mystérieuse et pétillante Vianne qui perpétue quelques traditions et superstitions magiques dans le sillage de sa mère. Et dont le passé recèle quelques zones d'ombres et de questions en suspens. Et de l'autre côté le prêtre qui voit d'un très mauvais oeil l'installation de cette boutique qui vient bousculer les âmes et les moeurs de ses "brebis", le contrôle qu'il exerce sur tout ce petit monde, et qui vient surtout ébranler sa personne dans ses véritables aspirations.
Derrière l'histoire plutôt drôle, quelques thèmes profonds sont explorés : la discrimination, l'intolérance, la famille, la vieillesse, la maltraitance...
J'ai regretté que quelques éléments placés pour piquer l'intérêt du lecteur ne soient finalement pas plus explorés comme le passé de Vianne.
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Ce roman offre un agréable moment de lecture, sans grande surprise, quoique... , mêlant vengeance, culpabilité et innocence teintée de cruauté insouciante enfantine. Agrémentés d'une belle écriture franche et directe, les souvenirs de Framboise, pendant l'Occupation allemande, s'égrènent entre une mère autoritaire, un aîné un peu lâche et une jolie grande sœur attirée par les feux de la rampe.
Une période douloureusement floutée où les individus ne se scindent pas forcément en deux catégories distinctes. Les méchants "boches" envahisseurs et les innocents pauvres Français opprimés. Évidemment, les deux camps existent, seulement, il y a une foule de nuances entre eux. Ceux qui collaborent franchement au mépris de la Résistance, ceux qui commercent avec l'Occupant pour continuer à subsister, ceux qui tolèrent et qui se taisent en détournant le regard, etc. Une majorité de nuances de gris, entre le blanc étincelant et le noir profond. Tout le monde n'est pas de l'étoffe dont on fait les héros !
Les enfants, au milieu de ce magma informe, restent des enfants, s'adaptant aux contraintes du moment. Faciles à berner, inconscients du danger, leur vie se réduit entre l'école, les corvées de la ferme, les crises de leur mère et les jeux qu'ils inventent dans la liberté que leur octroie la nature. Dans ce coin de terre règne la majestueuse Loire aux mille facettes. Sous une surface calme et lisse se cachent de nombreux remous tourmentés à l'image des douloureux secrets de toute une génération.
Framboise est revenue incognito au pays sous le nom de Françoise. Une sombre histoire d'héritage va lui mener la vie dure, mais c'est surtout le carnet de recettes de sa mère, Mirabelle, qui sera une révélation. Émaillé de commentaires, aussi inattendus que mystérieux, elle découvre les secrets de sa génitrice, avare de tendresse pour ses enfants et pour quiconque s'approchait d'elle. La complexité de la personnalité maternelle lui saute aux yeux et lui permet de comprendre, enfin, l'origine du manque d'affection qu'elle a toujours ressenti.
En découvrant cette autrice, je me suis facilement laissée embarquer par le va-et-vient temporel entre la fillette futée de 9 ans vivant sous l'Occupation allemande, pas tout à fait innocente, avec ses soucis d'enfant, en quête de reconnaissance dans sa fratrie, et la grand-mère sexagénaire qui, tout en tenant une auberge, vit en retrait du village et compte bien solder son ardoise virtuelle avec les villageois et son passé.
L'ambiance ambiguë est savamment entretenue pendant tout le roman en traitant d'un sujet grave, rendu beaucoup plus léger et agréable à lire, vu au travers des yeux d'un enfant. Scindée en cinq parties, comme le titre, cette histoire est de celle qu'on déguste, comme l'agrume. Pelure après pelure, elle dévoile ses secrets, lançant parfois un jet acide serrant le cœur pour, finalement, se laisser déguster avec délice, enveloppée de fumets délicats à savourer doucement. "Les cinq quartiers de l'orange" me permet de reprendre à mon compte, la répartie devenue célèbre d'un cuisinier très médiatisé pour qualifier cette lecture de gourmande et touchante malgré son âpreté souvent blessante.
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Une vieille femme au solide caractère vient se réinstaller dans la maison de son enfance incognito. Elle redoute qu'on la reconnaisse et nous entraine, au fil du livre de recette-journal intime de sa mère, dans son enfance sauvage et le drame qui a perdu les siens durant l'occupation.
C'est une enfant très difficile à apprécier que l'on découvre au fil du texte - une fillette intelligente mais cruelle comme le sont les enfants, déterminée et naïve aussi. Mi aussi j'ai pensé à la fillette de Expiation, proposé d'ailleurs en parallèle de ce roman dans les lectures qui pourraient plaire.
Plaire... c'est très bien amené, bien écrit, vivant et la psychologie des personnages est fine. Le rythme lent prend le temps de soupçonner beaucoup de choses, de se faire des tas d'idées. Pour finalement être surpris quand même. J'apprécie de voir aussi le portrait de la mère en filigrane de son journal pour faire contrepoids à ce que la fille perçoit - la question du point de vue qui change tout de la personne est intéressant. J'ai trouvé les personnages modernes beaucoup plus fades, comme dans les mangas où le personnage principal est achevé et les personnages secondaires à peine esquissés.
Je reste sur ma faim quant au mystère de l'orange. Ou alors j'ai raté quelque chose.
Premier roman que je lis de l'auteure, je me réjouis d'en découvrir d'autres. Peut-être pas chocolat, que j'ai déjà vu en film.
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Framboise, la soixantaine, décide de retourner dans le village de son enfance pour y ouvrir un établissement. Petit à petit, elle plonge dans ses souvenirs et nous entraîne dans le climat malsain de la seconde guerre mondiale en milieu rural. Entre querelles actuelles et Collaboration, il ne sera pas facile de se débarrasser des vieux démons.
Un roman gourmand, pas mal écrit mais sans réelles surprises. À lire une fois et à faire passer.
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De la douceur et de la violence, de la religion et de la sorcellerie, du jeûne et de la gourmandise, de l'austérité et.... une chocolaterie !
Voici les ingrédients du recette qui fonctionne bien, avec un peu de sentiment et un soupçon de folie.
Et beaucoup de chocolats dont les amoureux des saveurs et odeurs se delecteront...
Roman frais, gourmand, agréable
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Dernier volet de la trilogie de Joanne Harris, cette lecture est tout aussi gourmande que les précédentes, avec quelques variétés orientales très appréciées.
Vianne Rocher revient dans ce petit village du sud-ouest de la France, Lansquenet, qu'elle n'a jamais quitté, suite à la réception d'une lettre d'outre-tombe. Ce roman offre une véritable réflexion sur la cohabitation multi-culturelle qui agite régulièrement notre actualité.
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