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Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1134)
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Ásta

ASTA comme amour en islandais (à une lettre près), prénom inspiré d’une héroïne de la littérature islandaise, un chemin de vie qui s’annonce formidable pour cette enfant qui naît à Reykjavik dans les années 50. Asta est la deuxième fille de Sigvaldi et Helga qui s’aiment d’un amour passionné.

Pourtant, bien des années plus tard, lorsque Sigvaldi chute d’une échelle et qu’il se retrouve allongé au sol sans bouger, ses souvenirs jaillissent par bribes. Il dresse le bilan de sa vie, pressentant que sa fin approche ; il n’a pas été à la hauteur, son existence a pris des chemins inattendus, « sans erreurs il n’y a pas de vie » constate-t-il.

Le texte est entrecoupé par des lettres qu’Asta, devenue une femme tourmentée, envoie à un amour perdu ; d’autres personnages viendront compléter ce puzzle au fil des pages, prendront naturellement leur place avec cette caractéristique d’être tous terriblement humains.

Le récit fragmenté se construit et s’emboite alors au fil des pages, j’ai été vraiment émue et éblouie par ces destins, retardant le plus possible ma lecture pour mieux la savourer.

Si la construction peut déconcerter certains lecteurs, je l’ai trouvé habile car le lecteur est réellement mobilisé par ces destins bousculés, tiraillé entre les uns et les autres, jamais dans le jugement. D’ailleurs qui peut faire le constat d’un chemin de vie linéaire ? Chacun avance avec ses doutes, contradictions, aspirations. L’auteur explore la vie, l’amour, la filiation, la mort. Pourtant, ce n’est pas un texte triste car l’humour est aussi présent.

Ajoutez à ce texte éblouissant le décor Islandais, au climat rude, aux paysages saisissants, aux aurores boréales magiques.

Une mention spéciale à la couverture, belle illustration du texte qui invite encore, une fois le livre terminé, à une nostalgie heureuse.

Voilà mon avis bien modeste au regard des émotions ressenties à la lecture de ce récit d’une portée universelle. Il restera longtemps dans ma mémoire ; j’espère qu’il sera accueilli et reconnu par le plus grand nombre.

Merci aux marraines des Matchs de la rentrée littéraire #MRL18#RAKUTEN pour cette belle sélection !



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Ásta

Quel texte ! Ouh la la ! J’ai adoré et j’aurais aimé que le livre soit bien plus long ! J’ai freiné des deux pieds cent pages avant la fin, ne souhaitant pas sortir de cet univers, de cette narration. J’ai pris mon temps pour déguster les dernières pages. J’ai étiré le temps.



Tout a été écrit sur l’amour ? Et bien non. Stefansson réinvente ce terme galvaudé et qui peut parfois refléter tant de niaiseries. Helga, Asta, deux personnages passionnés, qu’on aime à la folie et qui aiment à la folie mais qui sont incapables d’aimer avec mesure. Ce sont des passionnées, des femmes pleines de souffrance, de vie.



J’ai aimé me perdre (mais pas tant que ça) dans la narration éclatée, au gré des souvenirs qui abreuvent le cerveau d’un homme tombé d’une échelle. Eclatée parce que notre cerveau ne cesse d’osciller entre le présent et nos passés multiples, parce qu’une image en appelle une autre… souvenirs qui se mêlent aux hallucinations d’un homme qui se meure.



« Si tant est que ça l’ait été un jour, il n’est désormais plus possible de raconter l’histoire d’une personne de manière linéaire, ou comme on dit, du berceau à la tombe. Dès que notre premier souvenir s’ancre dans notre conscience, nous cessons de percevoir le monde et de penser linéairement, nous vivons tout autant dans les événements passés que dans le présent. »



Posez-vous un instant, laissez vos pensées vagabonder et vous constaterez qu’elles vont et viennent dans le temps sans aucun respect chronologique.



Asta regrette, toute sa vie, elle regrettera, toute sa vie, elle accumulera les regrets de n’avoir pas su, pas su dire à sa nourrice qu’elle l’aimait, pas su aimer, se laisser aimer par, un père, un amant, une fille, une mère. Asta est l’image même d’une défragmentation, Asta nous explose à la figure, Asta a touché ce qu’il y avait de plus profond en moi. Je me suis délectée de chaque mot, de chaque page, j’avais même l’impression que certains passages étaient écrits pour moi, n’est-ce pas là le summum de la réussite romanesque ?



« Pour tromper le monde, je m’habille avec élégance chaque fois que je sors. J’allume mon sourire. Je maquille un peu ma tristesse puis je mets mes lunettes de soleil pour que personne ne remarque ton absence au fond de mes yeux. »



Stefansson écrit l’amour, la difficulté d’aimer, de le dire, de le vivre. Les personnages croisés ça et là sont aussi touchants les uns que les autres, aussi fragiles, comme cette vieille femme qui ne se réveille pas toujours à la même époque ou comme son fils si cruellement proche d’elle, si aimant, si empli de désarroi.



C’est beau, je me suis régalée sans retenue, avec démesure, j’avais l’impression de me nourrir. J’ai tout aimé sans restriction, sans bémol, tout.



J’ai aimé les incursions de l’auteur, les titres des chapitres, les pointes d’humour mais aussi la détresse, la poésie des mots, et la justesse des réflexions, le regard porté sur le monde.



C’est passionné, c’est passionnant, c’est vivant.



Et des paroles qui semblent évidentes et que je n’ai pourtant jamais lues, notamment sur « avoir hâte », hâte de vivre, hâte de se réveiller auprès de l’être aimé, et pourquoi pas hâte de découvrir un nouveau roman de Stefansson !



Ce roman est sans conteste possible le plus beau de la rentrée littéraire (parmi ceux que j’ai lus bien sûr !)



J
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Ásta

Cette saga islandaise d’une famille de Reykjavik nous entraîne dans une histoire passionnante qui mêle, avec beaucoup de talent, la vie du père Sigvaldi, à celle de sa fille Asta, plusieurs décennies après.

Un roman sensible et sensuel qui parle de passion, de poésie, de « la beauté qui accompagne » et « du temps qui passe et efface tout ». Les superbes décors de l’Islande, habillent ce roman au fil des saisons, où le vent, la pluie, le froid et les aurores boréales font vibrer la nature.

Des personnages ordinaires que leurs passions rendent extraordinaires. Exigeants et excessifs, ils sont en quête permanente du bonheur mais vivent dans la mélancolie et le regret de ne pas avoir atteint leurs rêves.

Un style littéraire assez complexe qui passe d’une époque à l’autre, de la ville aux fjords de l’Ouest, du récit du père à la correspondance de la fille, et dans lequel, malgré tout, on se laisse peu à peu entraîner, au fil des pages.

Jon Kalman Stefansson nous fait découvrir, avec ce récit romanesque, la culture poétique de ce magnifique pays du Nord et nous emporte dans un tourbillon de sentiments, pour notre plus grand plaisir.
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Ásta

Ce livre peut paraître complexe, car il est facile de perdre tous nos repères ! Mais c'est là la force et la singularité de ce roman à tiroirs: le récit n'est pas linéaire, le temps n'a pas de frontières. Passé et présent s'entremêlent et se côtoient, les points de vue se répondent. On assiste à des tranches de vie familiales et amoureuses.

Deux personnages centraux et je dirais même trois, voire quatre: Ásta et son père (Sigvaldi). On perçoit, on attrape des bribes de leur existence, on vogue de la jeunesse au crépuscule de leur vie. L'auteur est là, quelques fois, nous parlant de sa retraite dans les fjords, maître incontestable du destin de ses personnages. Et il y a le Temps: imperturbable et dangereux.

L'auteur met en lumière la singularité de ces destins nés et vite disparus. Des individualités qui aiment, espèrent, pleurent, rient, vivement en somme. On découvre un livre pétri d'humanité, de poésie et de mélancolie. On frôle le Sublime, n'ayons pas peur des mots, lorsque la plume laisse place au pinceau.



CE QU'IL FAUT RETENIR: nous tenons entre nos mains un roman sensuel, vivant, foisonnant, poétique à souhait, complexe, à l'image de la vie. Nous voguons au gré des souvenirs des personnages, si vivants et humains. Qu'il est bon de se délecter de ces mots venus du grand froid !



Je tiens à souligner le magnifique travail de traduction entrepris par Eric Boury ! On savoure ces romans, on se délecte de chaque mot, on découvre ces merveilles, mais tout cela ne serait pas possible sans le titanesque et remarquable travail des traducteurs. Ils nous permettent donc de lire toutes ces œuvres étrangères, mais il faut aussi beaucoup de talent et de génie pour parvenir à restituer la poésie initiale d'une œuvre! Donc merci à tous ces traducteurs, merci à Eric Boury! Rendons justice à leur très beau travail!
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Ásta

Il vous est déjà arrivé de tomber sur ces livres si beau, si intense, si dense, que vous vous retrouvez dans l’impossibilité d’en parler, de le résumer, de le chroniquer tel que vous en avez l’habitude ?

Vous mourrez d’envie de le conseiller à votre famille, vos amis, de partager toute cette beauté, tout ces mots.

« Mais, ça parle de quoi ? »

Et là, blocage. Ça parle de quoi ? De tout, de la vie, des amours qu’elle nous offre et des peines qu’elle nous inflige. 💙🎣



Astà, c’est une invitation. Un voyage. Si vous l’acceptez, couvrez vous bien. Là-bas, le froid n’épargne rien ni personne. Vous allez embarquer dans ces contrées nordiques où le corps ne se réchauffent que par le cœur. 💙🎣



Astà, à une lettre près amour en islandais.

Une jeune femme dont on suit la vie, et celle de sa famille.

Le livre s’ouvre sur la chute de Sigvaldi, le père, d’une échelle.

Allongé par terre, les souvenirs viennent, reviennent, se mélangent, se complètement.

La vie d’Astà aura t-elle tenu cette promesse de bonheur ? 💙🎣



L’écriture, si particulière, unique, s’accapare les mots de manière magique.

L’histoire n’est pas raconté de manière chronologique, et là réside toute la beauté. C’est un roman que j’ai lu doucement, parce qu’entre ces pages, on a envie d’y rester.

💙🎣



Vous l’aurez compris, Astà c’est un énorme coup de cœur que je vous invite à lire ABSOLUMENT.

Il est publié aux éditions @editionsgrasset !
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Ásta

Ce livre est l’histoire d’Asta, née dans les années 1950 à Reykjavík, mais pas seulement : c’est aussi l’histoire d’Helga la mère d’Asta, de Zigvaldi le père, de Josef…..



Le livre débute avec une scène d’amour fou entre Helga et Zigvaldi. Dans le deuxième chapitre, on apprend sans transition que les parents se sont séparés peu après cette scène et qu’Asta a 20 ans.



La construction en aller-retour dans le temps m’a un peu déroutée mais c’est un parti pris de l’auteur : en effet, l’histoire est racontée essentiellement du point de vue de Zigvaldi, celui-ci vient de tomber d’une échelle et il repense à sa vie et à celle d’Asta. Par conséquent, comme il est blessé très gravement, son histoire n’est pas pas du tout racontée dans l’ordre chronologique mais dans l’ordre où ses souvenirs lui arrivent : un jour Asta a deux ans, on la retrouve dans les pages suivantes à 40 ans puis à 20 ans avec une petite fille Sonesja, puis à 17 ans à nouveau.

Au début ce va et vient temporel m’a gênée car j’avais envie de savoir ce que devenait Asta quand elle est adolescente. A 17 ans c’est une jeune fille rebelle et elle est envoyée dans une ferme dans le nord de l’Islande, une sorte de « punition » pour son comportement quelque peu violent.



Plus tard, je me suis laissée aller et emporter par l’histoire d’Asta sans plus faire attention aux changements d’époque sans transition. Asta se livre également dans quelques chapitres où on lit des lettres à son « amour » (dont on ne connaîtra pas le nom, on peut juste deviner (ou pas)).



Ce livre met en scène Asta et ses relations avec les hommes : En particulier le tendre et mystérieux Joseph qui sera dans le même ferme l’été de leurs 17 ans. Petit à petit on va découvrir ce qui est arrivé et pourquoi elle a laissé sa fille à la charge de son père et sa belle-mère.

C’est un roman aussi très dur sur les choix de vie que l’on prend à un moment et qui font totalement basculer une vie en un clin d’œil.



Un passage m’a fortement marqué : celui où la mère d’Asta, Helga profite de sa ressemblance avec Elizabeth Taylor pour faire croire à sa belle-mère que la photo d’Elizabeth Taylor qu’elle a chez elle est une photo d’elle-même (difficile d’être une femme au foyer en Islande dans les années 50 quand on voit – ou croit voir- une vie idéale sur grand écran).



En conclusion : un livre déroutant mais très intéressant une fois que j’ai accepté de me laisser guider par les souvenirs de Sigvaldi…
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Ásta

Les souvenirs peuvent être douloureux, ceux d'Asta le sont sans aucun doute, sa vie auprès de ses parents dans l'Islande des années 50 n'a pas été une partie de plaisir. Elle qui fut abandonnée avec sa sœur par leur mère pendant une journée d'hiver et sauvée par celle qui sera sa nourrice. Mais le roman ne débute pas par ce drame mais par un amour puissant et charnel, celui d'Helga et de Sigvaldi, ils ont déjà une fille lorsqu'Asta née. Ce prénom qui prédestinait à une vie digne de l'héroïne de la littérature islandaise d'où il est tiré, qui a une lettre prés signifie amour, ce prénom n'a pas tenu ses promesses.



Aujourd'hui Asta est âgée et fatiguée, les souvenirs affluent alors qu'elle écrit à son amant perdu. Parallèlement ce sont les souvenirs de Sigvaldi, tombé d'une échelle, qui raconte aussi Asta avant qu'un narrateur écrivain raconte leur histoire à tous deux. Passant d'une époque à une autre distillant les indices d'une vie où il n'est que question de recherche d'amour et de bonheur mais où les désillusions ont pris le pas sur le courage. Et c'est par là que ce roman puissant montre tout le génie de l'auteur, en mélangeant les époques parfois au sein d'un même chapitre, mélangeant les souvenirs de chaque personnage, utilisant des personnalités complètement différentes et des émotions parfois débordantes, ce roman m'a envahit.

La folie représenté par Helga que l'on sent borderline dès le début, Sigvaldi vivant avec des regrets et Asta et son envie de vivre si grande qu'elle en devient douloureuse.



Ces souvenirs transmis comme les pièces d'un puzzle forment un ensemble subtil de sentiments contradictoires, j'ai eu pendant ma lecture cette impression bizarre que les femmes de ce roman était le centre de toutes ces turpitudes alors qu'elles ne savent tout simplement pas comment aimer et se faire aimer. Et ces hommes qui paraissent rustres mais ne font que cacher leurs sentiments pour ne pas sombrer face à ce pays à la nature hostile.

Les regrets et les remords sont les acteurs de ce désastre, la mélancolie me gagne aussi, c'est dire tout le talent de cet auteur que je découvre car j'éprouve encore aujourd'hui à l'écriture de cette chronique ce sentiment de vie inaboutie et le souvenir d'une héroïne voulant vivre trop libre.
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Ásta

J’ai eu du mal à entrer dans ce roman, car l’auteur fait des allers et retours sans arrêt entre les époques, Ásta vient de naître, quelques pages plus loin, elle est adolescente dans les fjords de l’Ouest où elle a été envoyée un été, après avoir casser le nez d’un camarade de classe, puis on la retrouve adulte, perdue, et ça continue encore et encore…



J’ai compris que l’auteur faisait raconter l’histoire d’Ásta par son père, Sigvali qui est tombé d’une échelle, donc les images lui reviennent forcément dans le désordre, un peu comme si toute sa vie défilait aux portes de la mort. Donc, je me suis accrochée…



Comment parler d’Ásta ? tout d’abord en expliquant pourquoi ses parents ont choisi de lui attribuer ce prénom : il s’agit en fait d’un hommage à un personnage de roman de Halldor Laxness ! et l’amour est au centre de ce roman :



« En retirant la dernière lettre du prénom, il reste le mot àst qui signifie amour en islandais. »



L’histoire de cette famille est belle, l’auteur pose notamment une question : hérite-t-on de la « folie » de sa mère, ou n’est-ce qu’une répétition du scénario : on abandonne alors qu’on a été abandonné. Et en poussant plus loin la réflexion : peut-on envisager même l’idée d’être aimée après un abandon ?



Et Ásta fuit tout ce qui pourrait l’aider, tous ceux qui l’aiment vraiment pour tomber sur des êtres négatifs. On la suit à Vienne où elle part faire des études, abandonnant sa fille à ses parents. Elle fuit l’amour, elle fuit dans l’alcool, laisse partir son amour de jeunesse, Josef, comme si le bonheur ne pouvait que s’abimer, sans se donner une chance d’y avoir droit.



Jón Kalman Stefánsson évoque aussi et de fort belle manière, le passage de l’adolescence à l’âge adulte : se fait-il en douceur ou un évènement peut-il qui faire basculer brutalement dans le monde des grands, devenir mature avant l’heure ?



On retient l’omniprésence de l’alcool dans ce roman : le père de Sigvali avait des phases d’imprégnation massive, « il était beaucoup moins drôle quand il sombrait dans le trou noir de l’alcool. Ses beuveries duraient en général deux à trois semaines, et aucune puissance terrestre ni céleste ne semblait pourvoir l’arrêter. »



Outre l’alcoolisation massive, on note aussi au passage l’importance de la sexualité : une première scène torride entre Helga et Sigvali, bien sûr, mais parfois on a droit à des scènes de sexe toutes les trois ou quatre pages et cela finit par devenir lassant.



La littérature est omniprésente dans ce roman, Jón Kalman Stefánsson rend hommage aux écrivains de son pays, surtout aux poètes, un des personnages, le frère de Sigvali, est un écrivain, ou du moins tente d’écrire, car l’inspiration n’est pas au rendez-vous, alors il choisit d’écrire une autobiographie, cela lui permet de parler de lui !



« L’écriture libère des choses en moi. Ça te semblera peut-être étrange, mais quand j’écris, je deviens plus grand que l’homme que je suis. Oui, je me transforme en une corde sensible qui tremble entre le visible et l’invisible. »



L’Islande est un pays qui me fascine car tout prend un aspect gigantesque dans ce pays… on retrouve la magie des grands espaces, des éléments déchaînés, la précarité, la vie qui s’apparente parfois à une simple survie et, outre les poèmes, l’auteur évoque comme pour adoucir la rigueur, la musique; on croise notamment Nina Simone ou les nocturnes de Chopin selon l’humeur… sans oublier les prénoms islandais compliqués me font rêver : Sigvali, Helga et Sigrid, Sesselja, Gudmundur…



J’ai aimé l’histoire de cette famille mais le mode de narration choisi par l’auteur m’a dérangée, parfois même irritée et je ne suis pas sûre qu’elle apporte quelque chose de plus au roman.




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Ásta

Dans les années 50, à Reykjavik, Helga et Sigvaldi ont choisi d’appeler leur futur enfant Ásta, persuadés qu’ils auraient une fille. Ásta, comme le personnage d’un roman de Halldór Laxness, Gens Indépendants, dont la fin était si déchirante qu’ils en avaient pleuré ensemble.

Était-ce une bonne idée de donner à leur fille le prénom d’une enfant morte dans les bras de son père, dans la lande glaciale ? Puis, Helga avait fait remarquer qu’Ásta, c’était ást sans la dernière lettre, c’est-à-dire amour en islandais. Quoi de mieux pour porter le destin de l’enfant à venir ?





La vie d’Ásta était née de l’amour et elle grandirait entourée d’amour.(p.14)



Trente années plus tard, alors qu’il a refait sa vie avec Sigrid, qu’il habite en Norvège avec sa femme et la fille d’Ásta, Sigvaldi tombe d’une échelle alors qu’il peignait un bâtiment. Allongé sur le trottoir, il revoit sa longue vie et la raconte à la passante penchée sur lui.



Quant à Ásta, c’est par l’intermédiaire de longues lettres adressées à l’homme qu’elle aime que le lecteur découvre petit à petit sa vie, bien éloignée du chemin d’amour que ses parents avaient espéré pour elle. D’ailleurs, c’est loin d’eux qu’elle vit les moments les plus tendres de son existence. Avec la nourrice qui l’a élevée après la défaillance de sa mère et auprès de Josef, rencontré à la ferme où elle a été envoyée un été après un accès de violence au lycée.



Troisième voix qui s’élève dans ce livre riche et foisonnant, celle de l’auteur lui-même, autant pour apporter un peu de liant aux propos de Sigvaldi et d’Ásta que pour raconter son présent à lui, ses doutes et ses difficultés face à l'écriture.



Comme il est difficile de parler de ce livre !

Impossible de résumer l’intrigue sans trop en dévoiler. À travers les trois voix qui s’expriment, ce sont des moments-clé qui surgissent, libérés de toute chronologie, et on les reçoit en pleine figure, on ne comprend pas toujours ce qu’ils signifient. Qu’importe, on comprendra plus tard, lorsqu’une autre voix se sera exprimée sur le sujet, apportant un autre éclairage, une vision différente, une explication partielle.

C’est un livre où la nature islandaise a une grande place, sauvage et rude, façonnant les caractères et la vie elle-même. La littérature et la poésie y sont aussi très présentes, elles apportent de l’apaisement à une histoire agitée de tourbillons où j’ai parfois eu l’impression de me débattre avec les personnages.



Un gros roman de près de 500 pages qui méritera une deuxième lecture et peut-être davantage pour en saisir toutes les pépites !
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Ásta

Au début des années 50, Sigvaldi a choisi le prénom de sa seconde fille après avoir lu Gens indépendants de Halldor Laxness paru en 34/35, parce que la fin l’avait fait pleurer, même si l’héroïne avait eu un triste destin. Helga avait accepté, pour la simple raison que sans le a final, ce prénom signifie amour en islandais. A cette époque, Sigvaldi et Helga s’aiment et Asta est le fruit de cette passion. Mais la suite de leur histoire est chaotique et Asta est confiée à Steinvör qui l’élève avec amour. Devenue adolescente, Asta qui rejette, entre autres, sa nourrice, est envoyée en séjour dans une ferme, où elle rencontre Josef, un garçon de son âge.



Ce roman est un collage ; morceaux de vies mêlés, d’histoires qui s’entrelacent, se complètent, se superposent, pièces mélangées d’un puzzle, qu’il faut assembler avec patience et minutie. Car la narration ne suit pas l’ordre du temps, tout comme les vies nous prévient l’auteur »Dès que notre premier souvenir s’ancre dans notre conscience, nous cessons de percevoir le monde et de penser linéairement, nous vivons tout autant dans les évènements passés que dans le présent. » Nous, lecteurs, aurons à ordonner les souvenirs que Sigvaldi, tombé d’une échelle et allongé sur un trottoir livre au visage d’une inconnue penchée sur lui, et ceux que nous conte Asta. Il nous faudra aussi trouver une place aux lettres qu’elle écrit à un amour parti et les chapitres que l’auteur consacre à l’écriture de son roman. Les époques se mélangent, ce n’est pas toujours facile de démêler l’écheveau de cette histoire de famille, il faut chercher les indices pour comprendre. Et ne comptez pas sur les titres délicieusement énigmatiques des chapitres ! Acceptez de vous laisser porter par la magie de l’écriture, l'Amour/Ast/Asta est ce qui lie les personnages de ce roman.
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Ásta

Je suis très heureuse d’avoir enfin fait la connaissance de Jon Kalman Stefansson.

Il m’est toujours agréable de me plonger dans les pages d’un auteur célèbre, dont je connais à peine le nom.

Cette immersion en terre islandaise a été une découverte assez déconcertante dans les premières pages. J’ai été déroutée par le manque de linéarité dans le récit, Jon Kalman Stefansson n’hésitant pas à nous balader d’un personnage à l’autre, d’un pays à l’autre avec souvent quelques décennies d’écart.



Mon plaisir a commencé lorsque j’ai accepté de me laisser guider à l’aveugle par un auteur ô combien talentueux, sur les pas d’Asta, superbe héroïne née de la passion brûlante entre Sigvaldi et Helga.

Toute l’histoire d’Asta nous est relatée par Sigvaldi étendu sur un trottoir après avoir chuté de l’échelle sur laquelle il travaillait.

Cette vie qui le quitte peu à peu est intimement liée à celle de sa fille Asta.



Jon Kalman Stefansson a l’art de tisser les destins, dresser les portraits des protagonistes, croiser leurs regards et nous raconter les péripéties de leur vie. Chaque personnage est brossé avec beaucoup d'application et une grande sensibilité.



« Asta » est un roman foisonnant porté par une écriture lyrique, sensuelle qui mélange les époques et les personnages. J’ai adoré me perdre dans ces lignes pour mieux me retrouver dans cette Islande grandiose aux paysages époustouflants magnifiquement décrits.



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Ásta



Quelle(s) histoire(s) !

Oui! Il faut aimer voyager en dehors de l'espace et du temps;

s'abandonner et se laisser emporter par les pensées et les souvenirs de Sigvaldi , tombé de son échelle en 1980 mais qui nous entraine dans des histoires d'amours, de couples qui se font, et se défont entre 1950 et 2015

Helga et Sigvaldi

Sigvaldi et Sigrid

Helga et Sigurdur

Helga et Markus

Markus et Villa

Josef et Asta

Asta et Gudjon

et surtout, surtout, mais il se fait si discret, alors qu'il aura vécu 30 ans avec Asta,

Asta et X qui nous raconte son amour et Asta qui lui écrit...

Alors oui la structure peut sembler compliquée si l'on veut une narration linéaire. Mais notre vie et surtout nos pensées sont elles si linéaires? … Et encore ici , il n'y a pas les rêves….

Quel roman!

C'est la première fois, que la dernière ligne lue, je reviens au tout début d'un livre pour tout recommencer et jubiler de la façon magistrale et pourtant si logique qu'a l'auteur -et le narrateur- pour nous entrainer dans ces vies si imbriquées où chaque histoire et chaque fait a des conséquences et des résonances insoupçonnables.

Ici tout compte.

Même la couverture qui a mon sens n'est pas la fin de la vie comme évoqué dans une critique plus haut , puisque le chemin que prennent les âmes est plutôt lumineux, l'échelle n'est pas non plus celle de Jacob qui monte au ciel mais de laquelle chute Sigvaldi et ce trou noir, "l'anus de Markus qui fixe son gendre comme le canon d'un fusil"

Oui, Asta livre abîme, livre des cimes; du matériel et du subtil; des chutes et des aurores.
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Ásta

Je viens de finir Ásta, de Jón Kalman Stefánsson. J’ai trouvé ce roman très intéressant et très intrigant... La curieuse photo de couverture (Maïa Flore / Agence VU) se présente comme un reflet du sous-titre du roman : « Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ? ». En tournant la page après avoir lu le titre « Les pages qui suivent », le lecteur constate qu’il s’agit en fait la première phrase du récit qui se poursuit par « renferment le début de la vie d’Ásta […] ». La déconstruction narrative apparaît avant même la lecture, en feuilletant l’ouvrage : cinq parties, oui, mais dans lesquelles on trouve, en nombre inégal, des chapitres titrés en minuscule italique eux-mêmes divisés en sous-parties par des intertitres en minuscule grasse. Les titres de tous les niveaux sont souvent le début d’une phrase. Hum… Pas simple !



La très brève première partie (36 pages) commence par nous situer à Reykjavík vers 1950. Elle présente les parents d’Ásta, Helga et Sigvaldi, dans une scène d’amour assez torride, et trente ans plus tard, le même Sigvaldi, peintre en bâtiment, tombé d’une échelle. Allongé sur le trottoir, dans un semi-coma, il va se remémorer certains moments intenses de sa vie sans ordre chronologique, dans une sorte de fouillis temporel, les racontant (peut-être) à une inconnue accroupie près de lui. Sigvaldi vit alors avec Sigrid, sa deuxième femme, et Sesselja, la fille d’Ásta. Dans cette première partie, le lecteur prendra aussi connaissance de la première lettre d’Ásta ; il apprendra qu’elle aime le même homme depuis trente-quatre ans, mais que celui-ci n’est plus là. A-t-il quitté Ásta ? Est-il mort ?



L’écrivain apparaît dès le début, intervient à la première personne (du singulier le plus souvent, mais aussi du pluriel) et pourrait de prime abord passer pour Stefánsson. Il donne au lecteur suffisamment de repères pour que celui-ci puisse trouver son chemin dans le puzzle qu’il lui présente, mais il le prévient aussi dans le titre de la page 13 : « Puis je ne maîtrise plus rien ». Le lecteur comprendra mieux ce que l’écrivain veut dire dans les fréquentes considérations sur l’écriture et sur le roman en train de s’écrire. Pour faire court, je paraphrase : on ne peut pas raconter les événements de manière linéaire comme j’ai commencé à le faire. La mémoire ne fonctionne pas ainsi. Je me suis trompé, je n’aurai pas dû… j’aurais dû…



La place que tient la littérature s’affirme donc d’emblée. De plus, Ásta a été nommée ainsi à cause de l’héroïne d’un roman islandais, nous verrons que c’est aussi le cas d’autres protagonistes, et les références à la littérature islandaise, mais plus largement nordique, se révèlent constantes avec, me semble-t-il, une prédilection pour les poètes. On écrit aussi de nombreuses lettres dans ce roman, qui sont envoyées ou pas, qui sont lues ou pas, par leur destinataire ou par quelqu’un d’autre : Ásta, Jósef, le poète frère de Sigaldi, la nourrice, Helga, et j’en oublie sûrement, tous écrivent. D’ailleurs, tous lisent aussi ! Notons aussi que de nombreuses références à la musique, surtout au jazz américain des années 50 à 70, ponctuent le récit.







Voilà donc un roman passionnant, mais qui me laisse ambivalente... Je ne ressens d’empathie envers aucun des personnages, sauf par moment pour Sigvaldi qui, bien plus qu’Ásta, me semble le fil conducteur ou le point d’ancrage de ce récit, celui auquel on revient toujours. Pourquoi ne me suis-je pas laissé emporter par cette écriture souvent magnifique ? Sans doute parce que j’ai trouvé la déconstruction du récit artificielle, comme le retour de ces titres qui sont des débuts de phrases... Par ailleurs, la personnalité des femmes est tellement négative et parfois si stéréotypée que cela a fini par m’agacer. Si on excepte la sœur d’Ásta, la nourrice et peut-être la vieille Kristin avant sa folie, elles sont toutes séductrices, menteuses, irresponsables, instables sinon un peu folles, égoïstes ou, surtout Sigrid, dominatrices ! Toutes aiment avec passion, c’est vrai, mais abandonnent leur amour pour des convenances personnelles. Signalons un certain humour, parfois très noir. Je me suis surprise à sourire dans le passage où Ásta tente de se suicider, trop ivre et trop abrutie de médicaments pour parvenir à faire un nœud coulant, et à rire dans les passages très drôles sur l’écrivain renommé, sollicité par le propriétaire d’un gîte touristique pour devenir lui-même attraction locale au même titre que la nuit, les sources d’eau chaude, les macareux moines, les pluies d’étoiles filantes et les aurores boréales : il habiterait gratuitement une maisonnette bien rénovée près du phare, dédicacerait des livres à l’avance, et s’absenterait pendant les visites des touristes en mal d’exotisme islandais… Va-t-il accepter la proposition ?



Bref, j’ai lu ce livre avec intérêt, mais pas avec passion, contrairement à l’expérience exaltante que j’avais connue en me plongeant dans le Confiteor de Jaume Cabré, roman tout aussi complexe, mais à mon avis, infiniment plus riche et enthousiasmant ! Si je les rapproche, c’est à cause de la complexité du récit, bien sûr, mais aussi de la place que prennent l’écrivain, l’écriture et la littérature dans l’un et l’autre.



Merci au Grand Prix des lectrices de Elle et à la maison Grasset de m’avoir permis de découvrir ce livre.

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Ásta

Ce roman m'a littéralement transportée au coeur des magnifiques contrées islandaises.

Couché sur un trottoir après avoir chuté d'une échelle, Sigvaldi se souvient … Il confie le récit de sa vie à une passante et lui parle de son petit frère, devenu poète ainsi que de sa fille prénommée Asta.

Un autre protagoniste fait ensuite son entrée dans le roman. Il s'agit d'un écrivain qui joue un rôle essentiel puisqu'il est le narrateur, celui qui raconte Asta.

Nous la découvrons alors qu'elle n'est encore qu'une petite fille puis une adolescente. Nous lisons également les lettres qu'elle adresse à son bien-aimé alors qu'elle est âgée d'une soixantaine d'années.

Ce roman est tout simplement époustouflant à bien des égards. La construction du récit permet aux époques de s'enjamber en faisant abstraction de la chronologie. La puissance de la poésie du récit donne au lecteur l'impression que les mots sont chantés. Les paysages sauvages sont décrits de façon telle que l'on s'y croirait. Les personnes sont tous aussi attachants les uns que les autres.

Malheureusement, je n'ai pas réussi à réunir toutes les pièces de ce livre-puzzle lorsque je l'ai refermé. Il m'aurait fallu une seconde lecture pour percer tous les mystères dont le roman regorge.

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Ásta

Sigvaldi chute de son échelle. Inerte au sol, il se remémore son existence, à commencer par sa fille, Asta, nous replongeant dans les années 50 en Islande.



Difficile de rentrer dans ce roman qui pourtant s’annonçait prometteur selon certains blogueurs. Trop d’allers-retours entre les époques, trop de personnages. J’ai erré tel un zombie-lecteur (oui j’aime inventer des termes bizarres !) à travers ce puzzle familial à reconstituer. J’ai cherché le pourquoi du comment durant 299 pages pour finalement lâcher ce pavé. À regret. L’écriture est délicate surtout dans les descriptions de paysages, nous offrant un voyage imaginaire en Islande mais cela n’a pas suffi. Il m’est toujours difficile d’admettre qu’un roman m’a déçue dans sa construction et non pour son histoire. Mais je ne m’avoue pas vaincue, je retenterai c’est sûr.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2018/11/16/36870629.html


Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Ásta

J'aime particulièrement la plume de Jón Kalman Stefánsson, une plume poétique qui me transporte toujours, en imagination dans ce pays d'Islande que je rêve de découvrir.



Qu'elle est belle et triste, l'histoire d'Asta, cette vie qui avait si bien commencé, sous les signes de l'amour, comme le veut son prénom... cette vie cependant marquée par d'irréversibles cicatrices. La tristesse, la folie, la désillusion, l'amour marquent chaque personnage de ce roman, personnages malmenés par une existence qui aurait pu tourner autrement.



L'auteur porte ici un regard à la fois rude et mélancolique sur l'existence, s'interrogeant sur son sens. La construction du livre, qui oscille entre différentes époques, différents personnages, est aussi déroutante, chaotique et "biscornue" que la manière dont tournent les vies.



Ce n'est pas le livre que j'ai préféré de cet auteur et pourtant, immanquablement, il a encore su me transporter. Je résiste difficilement à cette écriture presque envoûtante qui sait si bien nous décrire les lieux et les histoires de ses protagonistes (même si, cette fois ci, il m'a semblé trouvé moins de belles descriptions que dans ses précédents romans). Encore une fois, Jón Kalman Stefánsson m'a offert un beau moment de lecture.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Ásta

Un roman fleuve au travers de trois narrations qui s'entremêlent.

Sigvaldi, peintre en bâtiment, tombe de son échelle et s’assomme partiellement sur le trottoir. Il se souvient d'Helga sa première femme, une islandaise volcanique tempétueuse, avec qui il a eu une relation passionnée et deux filles. Cette femme lui a brisé le cœur au travers de ses excès non contrôlés.

Asta, la deuxième fille de Sigvaldi, qui a grandit loin de ses parents, élevée par une nourrice et qui part dans une ferme en "redressement" car ses propres tempêtes l'entrainent au delà des conventions.

Et enfin, le narrateur qui prend la parole depuis sa cabane au bord de l'eau et espionne une Asta vieillie devenue amie de sa fille.

Une myriade de personnages secondaires encadrent ces trois protagonistes dont les voix s'élèvent de Sigrid la belle-mère à Sigridur, l'ami, de Josef l'amoureux jamais révélé à Segelda la fille d'Asta. Le lecteur passe de l'Islande à la Norvège et traverse Vienne, change d'époque régulièrement (un peu comme le personnage d'Ingrid, selon les chapitres, on ne sait pas à quelle époque on arrive). Et c'est ce qui fait peut-être le point faible du roman... J'avoue mettre perdue dans cette foule et cette géographie intime et parfois, la voix du personnage en scène ne m'atteignait pas. Cette lecture demeure néanmoins très belle et poétique.
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Ásta

Nous rêvons tous d'une vie heureuse, emplie de joies et de bonheur, pour nous, pour nos enfants, que l'amour suffira à engendrer. Mais tant de grains de sable viennent enrayer cette promesse et on laisse échapper la félicité, ceux qui y participent, les êtres chéris. On court après des chimères, on pense que la vie est longue et on veut vivre toutes les expériences, toutes les rencontres et on perd tout. Il est alors trop tard pour ralentir le temps, happer les moments précieux, les faire durer. Seul le poète peut les faire revivre, dans la douleur.

Tendresse, tragédies, poésie, émotion, réflexions sur le sens de la vie dans un décor d'une beauté nue, sans fioritures, un paysage et un texte balayés par les puissantes bourrasques, on en ressort chahuté, bouleversé, profondément ému, tantôt malmené et tantôt caressé et réconforté. Avec une envie irrépressible de reprendre sa vie et rectifier les trajectoires.
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Ásta

Une construction habile mais un peu déstabilisante en début de lecture. Il peut y avoir dans un même chapitre, des paragraphes qui sont dans un espace-temps différent avec des personnages dont on parle dans les chapitres antérieurs et c’est perturbant, on ne sait jamais avec qui on est (je ne suis pas certaine d’être bien explicite, désolée).

Mais doucement on rentre dans le récit et c’est du bonheur. C’est un roman qui parle d’amours et de la difficulté de vivre, une vie beaucoup plus difficile si l’on n’a pas était enlevé par les extraterrestres comme Helga (p.296-297).

Les histoires d’amour sont multiples et finissent mal en général : Kristin et sa sœur, Sigridur et l’indien, Helga et Sigvaldi, Sigvaldi et Sigrid, Asta et sa nourrice, Asta et le biographe …. Il y beaucoup de poésies et des phrases magnifiques. J’aime beaucoup.

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Ásta

" Fallait - il que je meure pour te prouver que tu ne pouvais vivre sans moi ? " écrit à Asta , d'outre -tombe , Joseph qui fut son grand amour " .

" Avons - nous un autre but dans la vie que celui de naître, de tousser deux ou trois fois , puis de mourir ? "

Voici un roman construit comme un puzzle géant , non linéaire, sans continuité oú le lecteur devra maintenir son attention constamment, ce qui risque de détourner ou décourager nombre d'adeptes.....Difficile d'écrire une chronique !

Mais quel roman !

On dirait que le romancier Islandais n'a que faire de mettre à l'aise son lecteur et de le tranquilliser :" Il est impossible de raconter une histoire sans s'égarer, sans emprunter des chemins incertains, sans avancer et reculer , non seulement une fois mais au moins trois--- ---car nous vivons en même temps à toutes les époques" ..-----

Nous voilà prévenus...



L'histoire d'une femme Asta : Reykjavik , début des années 50 ( un prénom dérivé du mot " amour", Ast en islandais )..de sa naissance à sa vieillesse ..





Une séquence conte l'amour fou , charnel,exalté entre Sigvaldi, la trentaine avec Helga, 19 ans, belle, d'une beauté aussi impardonnable qu'incompréhensive, vibrante duquel naîtront deux filles en deux ans , Sesselja puis Asta....

Puis l'auteur rompt le rythme de l'histoire une 1ère fois : vingt ans plus tard , Asta vit à Vienne, suit des études de théâtre en même temps qu'un traitement psychiatrique ....

Quand à Sigvaldi il est tombé d'une échelle , tandis qu'il agonise sur le trottoir ses souvenirs refont surface emmêlés , en désordre qui brassent une grande partie du roman : instants de vie, paysages dans lesquels s'inscrivent les époques , les pays pour recoller les piéces d'une Fresque Familiale :

Helga , la femme aimée passionnément, Asta et Sesselja, Sigrid , Josef,..

L'auteur écrit surtout sur " la maniére qu'a le destin d'ouvrir les portes " .

Ses mots nous brûlent et nous entraînent au coeur de cette fresque familiale envoûtante, puissante , inédite , originale, sociale, charnelle, spirituelle ,contemporaine , urbaine (Reykjavik) houleuse (auprès des fjords de l'ouest), et place l'amour surtout avec un grand À au centre : amour paternel, maternel, filial , fraternel, passion amoureuse . ....

Pour l'auteur c'est la capacité d'aimer et de souffrir qui confére à l'existence humaine son intensité et qui la justifie.



C'est l'amour dans toutes ses définitions, la vie et rien d'autre entre microcosme familial et macrocosme universel, la confiance et la connivence , l'inexpiable échec, le chagrin éternel, la compassion pour tout ce qui vit et souffre, la brièveté de l'existence ... le temps qui passe qui efface tout.



Oú l'on croise des Poétes et des écrivains , oú l'on entend de la musique : Ella Fitzgerald, Elvis Presley, Nina-Simone , Billie Halliday ...



C'est une oeuvre foisonnante, pétrie de sensibilité , de poésie , ample, profonde , exaltante qui signe d'une façon fragmentée le fil de la vie d' Asta ....merveilleusement traduite, tissée d'amour , de bonheur , de grâce et d'infinie noirceur .....de tout ce qui peut suspendre le temps ...

L'écriture est sensuelle , charnelle, vigoureuse , un VOLCAN islandais ....



Difficile de traduire en mots ce lyrisme , ces sentiments plus grands que nous et ces vies qui s'enlisent sous nos yeux malgré une incessante pulsion de vie et une quête inlassable du bonheur.

L'auteur est un conteur ensorceleur, singulier, capricieux . Sa logique narrative nous rend impatient ...... Il dit "L'amour" dans Toutes ses déclinaisons et touche à l'universel .

Je salue son travail .

Ce n'est que mon avis , bien sûr !
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