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Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1136)
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Ásta



Que peut être un grand roman en 2018 ? L'auteur islandais Jon Kalman Stefansson nous fait une proposition ultra convaincante tant le portrait éclaté mais totalement maîtrisé d'Asta, emporte le lecteur par son lyrisme et l'acuité du regard de son auteur sur le monde.

Nous sommes en Islande, île aux paysages sublimes qu'habitent des hommes et des femmes pas plus torturés qu'ailleurs mais que la rudesse du climat et sa situation géographique destinent à des vies plus romanesques. Derrière ce titre qui est un prénom, "Asta" va ausculter un famille contemporaine, plus précisément le parcours de la deuxième fille du couple formé un temps par Helga et Sigvaldi.

Sigvaldi exerce la profession de peintre en bâtiment et au début du livre on le retrouve écrasé au sol, suite à une chute de son échelle de chantier. Sentant sans doute que la mort le guette, il va laisser s'ouvrir dans son esprit la porte des souvenirs. Comme il est de coutume avec le cerveau, tout remontera de façon désordonnée. Va se dresser alors le portrait cubiste de cette jeune Asta.

Faisant fi de la chronologie, éclairant puissamment certains moments, en laissant d'autres peut être essentiels dans l'ombre, laissant ainsi au lecteur le plaisir de combler les vides, le portrait va peu à peu apparaître. D'autres narrateurs interviendront, sans que l'on perçoive d'emblée qui ils sont, mais qui viendront apporter un supplément d'âme à ce tableau.

Ce parti pris romanesque, éclaté, sophistiqué, donnant une construction originale au livre n'est pas gratuit. Le lecteur devient parti prenante de cette évocation. Porté par une langue sublime ( bravo à Eric Boury le traducteur !) qui épouse à merveille tout autant la beauté âpre des paysages de fjords que les aurores boréales, le roman nous emporte, irrigué par une grande réflexion sur l'humain. Jon Kalman Stefansson nous livre ses pensées, ses réflexions d'homme à l'écoute du monde sur les grands thèmes que sont la mort, le sexe, la féminité, la solitude, la passion mais aussi sur des sujets plus actuels puisque cela peut aller jusqu'à l'élection de Donald Trump. Habilement intégrés dans ce portrait sensible et sans concession, ces considérations aussi bien philosophiques que sociologiques, loin d'alourdir le texte, irriguent l'ensemble d'un regard humaniste. A la suite d'Asta, nous avons la sensation de découvrir, de lire, une oeuvre de grande portée, assurément, l'un des GRANDS romans de cette rentrée.
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Ásta

Je ne le répéterai jamais assez mais la littérature islandaise a, pour moi, quelque chose de magique. Des plumes aux recettes plus uniques et ensorcelantes les unes des autres. De la poésie, de l’évasion et ce froid islandais… On retrouve tout cela dans ce roman. Tout cela est des milliers d’autres choses… Un froid, acteur principal du récit, qui crée une atmosphère à la fois saisissante et légère, qui trône au milieu des souvenirs, qui en éclaire une figure, une femme : Ásta.



Alors, oui, j’ai adoré ce roman.







Ásta. Un prénom. Une vie.



Ásta. L’amour, en islandais, à une lettre près.







C’est un roman est le roman de l’amour. Du temps qui passe, de la liberté, de la vie et de ses choix mais aussi de la mort.



A l’image de cette figure féminine, le livre représente l’évasion, la poésie, les sentiments, les émotions diverses mais sans la goutte qui fait déborder le vase. C’est fin, pointilleux, réfléchi mais pas pompeux. C’est franc, sec, froid mais pas répulsif.



En somme, un mélange de froid islandais et de poésie, avec une touche de douceur mêlée à de la chaleur humaine, encore une très belle réussite de cet auteur !
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Ásta

Àsta, enlevez le a final et vous obtenez amour en islandais, mais vous tenez surtout un des refrains du roman. C'est en effet d'amour dont il est souvent question dans ces tranches de vies familiales et amoureuses, entremêlées et souvent tumultueuses, donnant au final l'image d'une saga quelque peu dynamitée. Car si le début nous amène sur la conception d'Àsta par ses parents Helga et Sigvaldi, le parcours narratif ne sera pas linéaire loin de là, nous informe vite l'auteur : «Si tant est que ça l'ait été un jour, il n'est désormais plus possible de raconter l'histoire d'une personne de manière linéaire, ou comme on dit du berceau à la tombe. Dès que notre premier souvenir s'ancre dans notre conscience, nous cessons de percevoir le monde et de penser linéairement, nous vivons tout autant dans les évènements passés que dans le présent.»

Une narration rythmée par les souvenirs du père d'Àsta tombé d'un immeuble dont il repeignait la façade. Désormais étendu sur le trottoir il s'adresse (ou croit s'adresser) à cette norvégienne réconfortante, lui transmettant les épisodes de sa vie qui défilent dans sa mémoire au gré du vent. Une narration rythmée aussi par les lettres d'Àsta à un amour perdu, ou encore par les nouvelles que nous donne l'auteur du récit depuis sa retraite au fin fond des fjords de l'Ouest, avec pour seul voisin un entrepreneur de tourisme local pour le moins envahissant. Autant dire que l'on navigue entre les époques et les personnes, sans se perdre pour autant, on construit le puzzle au diapason d'une prose toujours aussi poétique et lyrique, profonde, sous tension permanente de questionnement sur le sens de la vie.

Et c'est magique, comme toujours avec Jon Kalman Stefansson. La lecture est envoûtante sous les décors contrastés d'Islande. Les lumières d'été et les nuits d'hiver y sont comme des pendants de la vie et la mort, les personnages si humains prennent corps sous les étoiles qu'allume l'auteur.

Encore une bien belle réussite à mes yeux, pour un auteur (souvent associé au travail de son traducteur Eric Boury) dont je suis résolument fan.



« Je le mesure depuis maintenant six mois et un jour. Les résultats sont disponibles : il s'avère que mon manque de toi dépasse les limites du monde des vivants. En réalité, il les dépasse tellement qu'il engendre une certaine agitation jusque chez les défunts. »
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Ásta

"Si tant est que ça l’ait été un jour, il n’est désormais plus possible de raconter l’histoire d’une personne de manière linéaire, ou comme on dit, du berceau à la tombe. Personne ne vit comme ça."



Ce que dit le narrateur de cette nouvelle œuvre de Jón Kalman Stefánsson, c’est ce que met en pratique l’écrivain, dans chacun de ses romans. Dans Ásta (nom du personnage féminin censément principal), on retrouve les biographies entrecroisées et bondissant d’une époque à l’autre qui nous avait séduits dans les précédents ouvrages. Il en résulte une lecture parfois complexe pour qui veut suivre précisément le fil des existences ; une lecture qui reflète le fonctionnement de la mémoire et des souvenirs : parfois, les choses se brouillent, le sens se perd, et ne restent que des moments, qui, assemblés, finissent par former le tableau d’une vie.



Roman polyphonique avant tout, Ásta donne à lire le récit chaotique d’un agonisant plus lucide que jamais, les lettres d’une femme (l’héroïne) à son amant parti, les pensées d’un narrateur écrivain islandais (Stefánsson s’amuse à provoquer chez le lecteur le désir bien connu d’identifier le personnage et son créateur). Les époques se chevauchent, et prouvent que rien ne change jamais vraiment dans le cœur et l’âme des hommes. Seules les circonstances évoluent, et elles sont si peu de chose, au fond.



Fidèle à lui-même, l’auteur accorde une place prépondérante aux femmes, transcende la médiocrité du réel pour atteindre la poésie, et peint avec une tendresse teintée de désespoir les errances que sont les existences humaines. Ce qui est nouveau, à mon sens, ce sont ces interventions de l’écrivain qui traitent du monde comme il va (assez mal), des problèmes cruciaux de nos sociétés qui courent à leur perte (écologie, capitalisme destructeur, précipitation généralisée…), du sort de la littérature aussi (« La littérature a-t-elle été repoussée dans ce périmètre, ferait-elle désormais partie du divertissement, de l’industrie ? Un écrivain islandais est un macareux moine »). Ironie, sensibilité sans sensiblerie, maîtrise des mots et de leur pouvoir évocatoire – par une sorte de mise en abîme, les personnages sont tous pareillement conscients de l’importance vitale des paroles et des écrits (c’est par exemple évident dans cette remarque : « Parfois, on a l’impression qu’on pourrait envoyer les gens dans la tombe rien qu’en parlant d’eux au passé »), affleurent dans ce roman plus puissamment ancré dans le corps et le sexe que les précédents, mais assez semblables à eux par sa capacité à embrasser le sort de l’humanité à travers les destins de quelques figures particulières.



Si « certains mots portent en eux un séjour en enfer », ceux de Stefánsson, toujours aussi magnifiquement traduits par Éric Boury, portent toute la (triste et belle) vérité de notre condition.



(Si vous aimez Jón Kalman Stefánsson, n'hésitez pas à aller voir sur mon blog les autres critiques relatives à son œuvre traduite en français, ainsi que les entretiens qu’il m’a accordés par le passé.)
Lien : https://litteraemeae.wordpre..
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Ásta

Le roman de Stefansson nous raconte la vie d'Asta et de Sigvalgi, son père, dans l'Islande des années 1950. A la suite d'une chute, Sivgalgi se souvient, notamment de sa première femme, Helga, qu'il a aimé passionnément et avec laquelle il a eu deux filles, dont Asta, avant qu'Helga ne le quitte brutalement. Il s'agit du point de départ de ce roman. Ensuite, on suit le destin d'Asta, qui doit quitter sa nourrice pour vivre dans une ferme le temps d'une saison.

Asta est un récit à deux "voix" de type existentiel. Le narrateur nous emmène tour à tour dans l'univers du père et de la fille. La narration est rythmée par les souvenirs de l'un et de l'autre, sans chronologie. On navigue entre les époques et les protagonistes sans repères. Stefansson nous prévient d'ailleurs dès le début : « Si tant est que ça l'ait été un jour, il n'est désormais plus possible de raconter l'histoire d'une personne de manière linéaire, ou comme on dit du berceau à la tombe. Dès que notre premier souvenir s'ancre dans notre conscience, nous cessons de percevoir le monde et de penser linéairement, nous vivons tout autant dans les événements passés que dans le présent ».

La déstructuration du récit m'a parfois un peu dérangée mais le style de Sefansson, poétique, presque envoûtant, a su compenser cette gêne dans ma lecture et l'on suit avec un certain plaisir ces personnages mélancoliques en quête de bonheur. Un univers original et une plume unique. Je suis contente d'avoir pu découvrir ce livre grâce à Netgalley et aux éditions Grasset.
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Ásta

#Asta #JonKalmanStefansson #MRL18 #Rakuten

Une très belle lecture pour cette participation aux Matchs de la Rentrée Littéraire Rakuten.

Un grand merci aux organisateurs et aux marraines toujours très inspirées dans leur choix de livres.



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Un jour, Sigvaldi tombe de son échelle.



Allongé sur le sol, sa vie se déplie en flashs de souvenirs depuis son enfance jusqu'à cet âge mûr qui l'a peut-être fait perdre l'équilibre. Une vie, ça se remplit d'amour, d'amitié, de regrets, de rancoeur, même de haine. Elle peut aussi être source de culpabilité, pour lui, père incertain d'Ásta, à l'enfance cabossée par le désamour de ses parents.



Ásta aussi se raconte ou est racontée par d'autres voix. Car elle est la pierre angulaire de tous ces destins, ces êtres qu'on croise, dont on s'approprie si peu ou si vite l'intimité fragmentée, et que la mémoire collective perdra. Il y a tant de possibilités de rencontres, de choisir son chemin librement. Une existence de mortel passe si vite, déterminée par des choix judicieux ou malheureux.



Cet éphémère de destins multiples est-il le terreau de la création littéraire? Question essentielle de l'écrivain qui s'invite dans le récit, tel un biographe de tous ces anonymes qui vivent et seront oubliés irrémédiablement.



C'est un livre à tiroirs qui brouille l'espace-temps et les individus. Il faut tout remettre d'aplomb en établissant peu à peu une chronologie et des liens entre les personnages. On se prend aisement au jeu des indices placés au fil de la lecture, écoutant chacun apporter voix au chapitre par des lettres, des récits et des poèmes.



Un beau roman sur l'éphémère et le temps qui passe, singulier dans sa construction narrative, pétri d'humanité, illustré par l'identité islandaise, l'ambiance si particulière de ces paysages et de ce climat tourmenté.



(Mention spéciale pour la couverture qui se comprend au fil du récit et pour la qualité de la traduction).

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Ásta

Ásta de Jón Kalman Stefánsson faisait partie des romans de la rentrée littéraire que j’avais le plus envie de lire. Mais vraisemblablement, je ne suis pas assez sensible à la littérature islandaise puisque j’ai plus eu l’impression de lire un collage absurde de textes auquel je cherche encore un sens qu’un véritable roman.

Dans un désordre chronologique sans nom, Jón Kalman Stefánsson retrace les histoires entremêlées d’un père, Sigvaldi, et de sa fille, la fameuse Ásta. Flashbacks, souvenirs, anecdotes et lettres constituent alors un puzzle incommensurable à la temporalité complètement brouillée. Dans cet aspect plus que décousu, on peine réellement à trouver du sens et tout le roman en souffre et devient alors très difficile à suivre. Alors oui, l’auteur indique dès le début son refus de raconter une histoire linéaire, car d’après lui nous vivons autant dans le passé (par nos souvenirs) que dans le présent. Mais il y a tout de même des limites à ne pas franchir si l’on veut s’assurer que le lecteur comprenne, et pour moi, elles ont été franchement dépassées.

Cette intervention est par ailleurs la première d’une série non négligeable qui vient jalonner le roman. Au début, j’ai été assez séduite par la présence de l’auteur presque comme une divinité démiurge qui est en train de créer une histoire sous nos yeux et s’interroge sur la bonne façon de la raconter. Mais il a fini par trop intervenir dans son livre à mon goût. Chacune de ses prises de parole est soudaine et nous déroute. L’intrigue étant déjà particulièrement complexe à saisir, ces trop nombreuses interventions constituent une difficulté supplémentaire dont on se serait bien passé.



Lire la suite sur : https://lesmarquespagedunecroqueusedelivres.wordpress.com/2018/09/29/asta-jon-kalman-stefansson/
Lien : https://lesmarquespagedunecr..
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Ásta

Je suis réellement heureuse que ce livre de Jón Kalman Stefánsson fasse parler de lui et qu'un mois après sa sortie, il soit déjà autant commenté. Je ré-affirme ici que Jón Kalman Stefánsson est actuellement le plus novateur des écrivains islandais. La constance de la qualité et de l'exigence de son écriture sont remarquables et on ne soulignera jamais assez la chance qu'ont les lecteurs français que Jón Kalman Stefánsson soit traduit par Eric Boury.

Comme il l'avait fait dans son précédent diptyque, Jón Kalman Stefánsson multiplie les sauts dans le temps à partir des derniers instants de Sigvaldi, le père d'Ásta. Si bien que je me suis demandé pourquoi le roman ne s'appelait Sigvaldi plutôt qu'Ásta ... Mais Jón Kalman Stefánsson entremêle cette fois fiction et réalité et se met en scène en toute humilité. Il brouille la frontière entre l'auteur et son oeuvre qui déborde sur sa vie et qui lui permet d'y pénétrer, aux côtés d'Helga, Sigvaldi et Ásta. Et c'est bien pour ça que le roman porte ce dernier prénom ; Ásta est le liant entre le roman et la vie réelle ; elle porte toutes ces vies qui se sont éteintes et celle qui brillent encore, y compris celle de l'auteur. L'écriture de Jón Kalman Stefánsson est comme toujours poétique, sensible, sensuelle. Je n'arrive pas à lui faire de meilleur compliment que de dire que ses romans sont infiniment humains. Il ne transige pas avec l'humanité, il l'a prend telle qu'elle est, quelque part entre le néant et les étoiles, peut-être un peu plus près des étoiles en Islande qu'ailleurs. Oui, la vie est une garce qui nous enlève les êtres chers avant qu'on leur ait dit notre amour, qui transforme la beauté divine en naufrage alcoolique et qui noie les cueilleurs d'infini sous l'étrave d'un bateau mais il n'y a pas le choix, la vie est unique et Jón Kalman Stefánsson, une fois de plus, nous le raconte mieux que personne.
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Ásta

Dès sa sortie en librairie, ce livre m'a attirée et je n'ai pas été déçue !

Ce roman est un formidable puzzle ! Les pièces s'assemblent les unes après les autres pour former un magnifique tableau de famille. J'ai particulièrement aimé le style de l'auteur (que je n'avais jamais lu auparavant) et la construction du roman sur plusieurs niveaux. Nous avons le narrateur qui raconte l'histoire d'Asta, jeune islandaise née dans les années 50 et dont les parents Sigvaldi et Helga avaient choisi le prénom car c'était celui d'une héroïne d'un classique de la littérature irlandaise mais également si on enlève le A final qui signifie "bonheur" en islandais. Nous verrons que malheureusement Asta n'aura pas le destin que son prénom lui prédestinait. A un second niveau, nous avons le père d'Asta, Sigvaldi qui, dans les années 90, est peintre en bâtiment et tombe d'une échelle. Il se retrouve couché au sol et commence à divaguer et à raconter des bribes de sa vie à une passante norvégienne. Au troisième niveau, nous recevons 7 lettres qu'Asta envoie à un ancien amour perdu. Grâce à tous ces indices, ces tranches de vie, nous recollons petit à petit les morceaux du puzzle et nous découvrons un destin brisé , un livre sur le sens de la vie écrit d'une manière poétique, sensuelle parfois presque lyrique. Un vrai coup de coeur !
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Ásta

Un livre exigeant, désorientant, déphasant où, comme les vagues de la mer omniprésente, les souvenirs viennent lécher le trottoir où vient de tomber Sigvaldi, et sur lequel il va mourir. Omniprésente aussi Asta, sa fille chérie, abandonnée, retrouvée puis rejetée, ballottée de nourrice rustre et aimante en parents d'occasion , d'expériences amoureuses plus ou moins subies en vraies amours toujours calamiteuses et à contre-temps

Le tout sous un soleil trop présent ou complètement absent.

Nécessitant parfois des retours en arrière pour resituer tel ou tel personnage, cette oeuvre est empreinte d'une immense poésie.

Les lettres d'Asta, mises bout à bout, constituent un merveilleux "Hymne à l'amour", profond et délicat.

Une pépite, qu'il faut prendre le temps de sortir de sa guangue minérale comme l'eau jaillit en geysers du ventre Islandais.
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Ásta

C’est l’histoire d’Asta. Tout commence à Reykjavic au début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur fille Asta en référence à une grande héroïne de la littérature islandaise. Lorsque l’on ôte la dernière lettre de ce prénom, il reste le mot « amour ».



Trente ans plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle et, en fermant les yeux, sa vie lui revient en mémoire, fragment par fragment, nuit par nuit… Son existence défile devant ses yeux. Le narrateur – l’écrivain – nous prévient : aucune linéarité possible dans cette histoire car les souvenirs ne viennent jamais dans l’ordre. Nous ne pouvons pas lire le monde de manière linéaire tout comme nous ne pouvons pas raconter la vie d’une personne linéairement.



En parallèle des souvenirs qui affluent dans le cerveau de Sigvaldi, l’écrivain nous dévoile l’adolescence d’Asta et notamment l’été de ses quinze ans. Cet été-là, la jeune fille est envoyée dans une vieille ferme isolée dans les fjords de l’Ouest, loin de toute civilisation, loin de Reykjavik. Après un hiver difficile, ce séjour est censé lui remettre les idées en place et la faire revenir sur le droit chemin…



Un roman d’une beauté renversante. Si beau que j’ai eu un mal fou à trouver mes mots pour en parler. Un roman diablement décousu, qui s’égrène au fil des chapitres, où il est question de filiation et d’amour – Sigvaldi et Helga, puis Asta et Josef. Sans oublier Sigridur et son Indien. Des personnages qui prennent vie sous la plume de l’écrivain et qui semblent dépassés par les sentiments qui les animent et les font trembler – je garde notamment en mémoire la vieille Kristin qui se réveille parfois à une époque différente… En refermant ce roman, on ne peut que saluer le talent de conteur de l’écrivain islandais.
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Ásta

Enorme coup de cœur pour le magnifique roman Asta, saga passionnante et envoûtante , écrite avec brio par Jon Kalman Stefansson. Texte à l’écriture singulière, poétique, lyrique parlant d’amour filial, familial, passionnel, on évoque l’existence, la vie, sa beauté, sa brièveté. Les années qui s’écoulent avec une rapidité effroyable avec comme final la mort , une question existentielle récurrente dans le roman sur le sens de la vie, à quoi sert de vivre si on doit mourir .... L’amour semblant être le seul message d’espoir ... Des paysages d’Islande décrits admirablement, en alternance de nuances sombres et claires, qui font ressortir ce sentiment de vie et de mort. Une palette d’émotions , mélange de sensibilité, de dureté le tout se mèlant à une mélancolie du récit

. L'auteur malmenant la notion de famille et les liens d'affection qui unissent les personnages etre eux

C’est l’histoire d’Asta, prénom dérivé du mot « amour » en islandais, elle est la pierre angulaire du roman, femme tourmentée par la tristesse et la mauvaise conscience, une histoire racontée par le biais de souvenirs. Roman d’une vie de l’enfance à la vieillesse, un récit volontairement non linéaire.

Des souvenirs désordonnés d’une part narrés par Sigvaldi , le père d’Asta , peintre en bâtiment tombé d’une échelle et qui agonise sur le trottoir. Un flot de sentiments, de souvenirs remontant à la surface, le submergeant, des éléments de sa vie déferlant en vrac dans son esprit, des instants précis, des moments forts, des visages gravés en lui submergeant ses yeux, son cœur. Helga , la passion de sa vie, Asta et sa sœur ses deux filles, Sigrid sa nouvelle compagne et Sesslja la fille d’Asta qui partageât longtemps la vie de son grand père.

Des souvenirs, d’autre part, évoqués par le biais de lettres? comme jetées au vent tel un appel au secours par Asta elle même

.

On navigue entre les époques et les personnes, sans se perdre pour autant, on construit le puzzle ....de ces différentes vies .

Une très belle réussite , roman nommé pour le meilleur prix du livre étranger que je vous recommande vivement !


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Ásta

Ce roman islandais s’ouvre sur la naissance d’Asta et trente ans plus tard, son père Sigvaldi tombe d’une échelle ; celui-ci, allongé sur le sol, se souvient de sa vie au gré de ses moments de conscience ; ses réminiscences s’entrecroisent avec celles d’Asta et les prises de parole d’un écrivain qui retrace une partie de leur vie.

Asta et son père sont, comme les autres personnages qui gravitent autour d’eux, en quête d’un bonheur qui leur échappe ; ils se débattent face aux difficultés et malheurs de la vie sans succès ; Asta et son père sont pleins de regrets mélancoliques et les quelques moments fugitifs de bonheur qu’ils ont pu vivre ne suffisent pas à colorer leur vie. Les personnages, de par leurs faiblesses tellement humaines, sont proches de nous et attachants.

Ce roman, qui a pour cadre une Islande sauvage, immense, âpre est magnifiquement écrit ; les descriptions sont poétiques, sensuelles et de toute beauté.

Mais il est très difficile pour le lecteur d’entrer dans cette histoire dense d’une famille dysfonctionnelle où la mère abandonne ses filles en quête éperdue de liberté, où le père, détruit par le départ de son amour confie sa plus jeune fille à une nourrice et s’en désintéresse, où Asta abandonnera aussi sa fille, d’être happé tant l’auteur se joue des lieux, des époques et des narrateurs. Le charme envoutant du roman ne peut saisir totalement le lecteur, occupé qu’il est à comprendre où il est, qui parle.

Ce roman reste malgré tout une belle découverte d’un auteur, d’un univers et d’un style particuliers.



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Ásta

Vos livres se savourent. J’attends toujours avec impatience le prochain. Je me l’approprie, le pose. Il me suit partout dans la maison - Il me faut un certain temps avant d’ouvrir vos romans - Il est là, il m’attend, il se fait désirer, je m’en lèche les babines et le moment venu, Je me pose à mon tour et me délecte à vous lire. C’est le pouvoir de votre écriture sur moi, lectrice. C’est exquis.



J’ai eu l’occasion de vous le dire, lorsque nous nous sommes rencontrés à Metz le 15 septembre 2018.



Je confirme mon plaisir de vous lire avec Asta que je viens de terminer. Si je l’avais lu avant que nous nous rencontrions, que de questions j’aurai pu vous poser sur ce livre. Quelle est la part venant de vous et la part d’invention ? D’où tirez-vous le portrait des femmes que l’on découvre dans vos romans ?



Des fils sont tirés, ils se croisent, se perdent, se retrouvent, le lien est toujours là. Tout se tient. Et ce lien est HELGA et sa fille, ASTA, Asta, si belle, si sensuelle, si… Etes-vous sûr de vouloir la rencontrer ? Le malheur n’est jamais loin.



Voici ce qu’écrit Jon Kalman STEFANSSON dans son roman et qui mieux que lui peut-il le résumer ? (très importante la table de cuisine) « Il est impossible de raconter une histoire sans s’égarer, sans emprunter des chemins incertains, sans avancer et reculer, non seulement une fois, mais au moins trois – car nous vivons en même temps à toutes les époques. J’ai commencé par vous raconter l’histoire de Helga et de Sigvaldi quand ils étaient jeunes, heureux et qu’ils avaient une table massive et solide dans leur cuisine. Puis des choses sont arrivées. Les extraterrestres ont oublié de débrancher Helga.



Et maintenant, la fin approche. Parce que tout ce qui a un jour commencé doit un jour finir – voilà pourquoi une des cordes de la vie est tissée dans la mélancolie. Adieu, joli malheur ! »

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Ásta

Explorer et découvrir de nouveau horizons, c'est ce que m'a permis la lecture de ce nouveau roman de l'écrivain islandais, Jón Kalman Stefánsson : Ásta, et son sous-titre qui laisse rêveur (Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde).



Je me suis donc laissé emporter en Islande, balloté parfois entre les fréquents changements d'époque et de point de vue, l'écrivain revenant régulièrement dans le jeu ce qui lui permet de mettre en exergue l'invasion touristique de son île.

L'histoire d'Ásta m'a fait frémir, souffrir et j'ai regretté que tant de possibilités soient gâchées au cours de cette vie si intense, marquée d'abord et avant tout du sceau de l'amour. L'amour sans tabou, sans retenue apporte tant de joies, tant de bonheur mais lorsqu'il est avant tout prioritaire, il peut mener à la catastrophe et causer d'irréversibles dégâts comme cela est bien démontré tout au long des péripéties de la vie de la seconde fille d'Helga et Sigvaldi.

Sigvaldi, justement, est fort mal en point après sa chute d'une échelle, en Norvège cette fois, sur ce trottoir où une femme recueille ses derniers mots. La mort menace toujours : « Certains collectionnent des timbres, d'autres des livres, d'autres encore de l'argent, la mort collectionne les vies et elle n'en a jamais assez, il lui reste toujours de la place. »

Ce sont des vies qui commencent bien, ont tout pour réussir mais tournent mal : « Il est impossible de vivre sans faire de bêtises », affirme l'auteur qui le prouve et nous emmène loin de Reykjavik, dans les fjords de l'ouest où, dans une ferme, on se charge de remettre dans le droit chemin les ados récalcitrants. Ásta est de ceux-là et ce séjour constitue une des périodes les plus intrigantes du roman car elle y rencontre Jósef, du même âge. Ils travaillent pour Árni et Kristín, sa mère. Que j'ai aimé ce passage sur le foin dans cette partie intitulée : « Condensé de l'Histoire de l'Islande. » ! Quand la vie ou la mort des paysans dépendait de la quantité de foin engrangée durant l'été… C'était pareil dans bien des campagnes françaises.

Ces passages sont révélateurs de l'esprit profond des gens de ce pays comme les références fréquentes aux auteurs et poètes auxquels Stefánsson se réfère. de plus, je l'ai déjà laissé entendre, la structure de ce roman n'est pas ordinaire et l'originalité se retrouve dans la présentation des différents chapitres qui n'en sont pas exactement. Un début de phrase commence au milieu d'une page blanche… et se poursuit deux pages plus loin. Cela m'a étonné mais j'ai complètement adhéré, ce qui a contribué à faire de la lecture d'Ásta un bon et long moment de plaisir.

Ásta, cette héroïne que j'ai suivie, abandonnée pour connaître de façon plus détaillée la vie d'Helga, sa mère, ou d'autres personnages secondaires, se confie même au cours d'une série de six lettres auxquelles il faut ajouter un autre courrier venu de l'abîme mais dont je ne peux citer l'auteur.



Je me suis régalé. J'ai été patient. Je me suis laissé emporter par le style de Jón Kalman Stefánsson qui sait être poétique, direct, éloquent, précis, trivial, énigmatique parfois et fournit enfin un épilogue qui ne résout pas tout mais qu'importe, le régal était complet.




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Ásta

Louanges autour de ce livre et de cet auteur dont chaque écrit nous enchante. Il est ici beaucoup question d'amour, d'incompréhension,les deux entremêlés , chaque génération paie son tribut à la passion, partagée ou non, de père en fille, reproduisant les mêmes amours impossibles et se retrouver à la fin dans une commune acceptation de l'autre. L'Islande est en toile de fond ce décor à nul autre pareil, suintant le mal de vivre, éreintant les individus ou les transcendant dans une communion avec des éléments hostiles. Que faisons-nous ici, sur cette terre oubliée des dieux, oubliée des autres hommes, noyant notre mal-être dans l'alcool et la débauche, dérivatifs puissants quand la météo se déchaîne ?

Le mode narratif peut désarçonner mais Stefansson nous rattrape par la manche par la magie et la poésie des mots, toujours merveilleusement rendus par la traduction d'Eric Boury. Le chevauchement des périodes amplifie le message d'amour, le rend intemporel, par delà les formes diverses qu'il peut prendre.

J'aimerai prendre certaines de ses tournures littéraires afin de dire l'amour que j'éprouve pour une certaine personne, la poésie qui s'en dégage est-elle contagieuse ?

A lire et ...à offrir
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Ásta

Un roman très travaillé, poétique et dur qui nous amène dans les fjords de Norvège et à Reykjavik .L’histoire est celle d’Asta mais aussi de de Sigvaldi, d’Helga et des autres.On y parle d’amour sous toute ses formes:paternel, maternel, fraternel ou filial, passion amoureuse

Par choix , il n’y a pas de chronologie, ce qui rend la lecture difficile et , pour moi, plutôt exaspérante. Le style est excellent malgré quelques platitudes toutefois moins fréquentes que dans un de ses précédents romans D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds

Je cite « Son cœur bat si fort qu’on dirait qu’il veut s’échapper de sa poitrine.« 

Malgré cela, le roman est rempli de fulgurances littéraires magnifiques et il faut associer le traducteur à la réussite de cet ouvrage souvent sombre comme le climat de l’Islande

Ce pays que , clairement, Stefánsson n’apprécie pas beaucoup si on se réfère à ses autres romans.Un pays pluvieux, lugubre où l’alcool est obligatoire pour survivre malgré les aurores boréales et la beauté des paysages à la belle saison.Un pays pour touristes pressés mais difficile pour les habitants du cru

Je pense que les avis peuvent être partagés sur ce roman.Soit vous adhérerez à l’écriture complexe et poétique de l ‘auteur, soit , comme moi, vous serez gênés par l’absence de chronologie qui nuit à la fluidité de la lecture et au plaisir qu’on peut en tirer



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Ásta

Je viens de lire toutes les critiques concernant ce livre et je suis très content de l'adhésion quasi générale pour dire que c'est un très bon livre.Le problème, si problème il y a, vient de moi ,qui n'etais sans doute pas prêt à rentrer dans cette histoire.

J'ai été dérouté par une construction qui m'a posé d'énormes problèmes à tel point que j'ai déclaré forfait après plus de 300 pages lues.Et pourtant,le contenu est excellent, bien écrit ,surtout bien traduit, fluide.Ma frustration est d'autant plus grande que je me demande :"pourquoi?".Pourquoi cette présentation si peu conventionnelle. Alors,je sais ce que vous allez me répondre ,je ne suis pas complètement ignare et j'ai lu vos très intéressantes critiques, mais je continue à penser que l'auteur aurait pu écrire un très bon roman, tout aussi plaisant me semble-t-il ,et sans le transformer en puzzle nécessitant une réflexion continue sans faille....sans nous projeter au gré du temps,des personnages, des événements, comme des petits fétus de paille.J'aime bien me faire "balader" dans un roman,mais là c'était trop pour moi.

Bon,je le répète , vous avez aimé et le problème vient de moi, ce qui me navre, me frustre, mais me rassure aussi, tant il est essentiel que les points de vue divergent, nous ne sommes que des hommes et des femmes, pas des robots.(Pennac à donné les "droits du lecteur,"non?)

C'était le 111e livre que je lis cette année, le deuxième seulement que je laisse en cours de route, ce qui m'est toujours douloureux.

Je ne dirai jamais que ce livre est "nul", ce serait prétentieux, mais il ne m'a pas plu du fait de sa construction.Dommage.
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Ásta

D’Asta, il n’est au fond pas beaucoup question dans ce roman islandais à la narration éclatée, désordonnée. J’ai eu du mal à rentrer dans cette lecture et je n’ai guère éprouvé de hâte ni de plaisir à y retourner. Car l’auteur passe d’une scène à l’autre, d’une époque à l’autre, d’un personnage à l’autre et j’ai eu du mal à raccrocher les wagons de l’histoire. Asta a été abandonnée par sa mère Helga, une femme à moitié folle et par Sigvaldi son père, incapable de faire face au départ de sa femme. Elle est élevée par une nourrice et, à un moment de l’histoire, elle est envoyée à la campagne pour aider à la ferme. Pourquoi ? On ne sait pas trop. Elle y rencontre Josef, son premier amour. Sigvaldi est tombé d’une échelle et il se rappelle sa vie avant de mourir. Josef meurt trop tôt. Asta, à son tour, abandonne sa fille Sesselja qui est élevée par Sigvaldi et Sigrid, sa seconde femme…

Il y a certes de belles tranches de littérature dans ce roman mais le parti pris narratif et le manque de consistance du personnage éponyme n’ont pas emporté mon adhésion.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Ásta

Voilà un roman joliment envoûtant, mystérieux, un puzzle au milieu duquel le lecteur plonge sans retenue pour suivre Ásta, héroïne sublime et sacrificielle.



Nous suivons les pensées de Sigvaldi, le père d’Ásta. Peintre en bâtiment, il vient de tomber d’une échelle et pendant qu’il est étendu au sol, lui reviennent les souvenirs de sa vie avec Helga, la mère d’Ásta.



Difficile de résumer ce roman qui nous transporte à différentes époques et retrace différents épisodes de la vie d’Ásta, de ses parents, de ses amours.



Un roman brillant et une plume d’une rare poésie qui nous amènent sur les traces de ce personnage féminin tourmenté, envahi de culpabilité, en quête de pardon et de rédemption et avec lequel on entre immédiatement en empathie.

Roman d’amour, qu’il soit filial, parental, entre sœurs, entre amants. Roman captivant, profond et exaltant. Ásta est de ces héroïnes qui restent en mémoire durablement.

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