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Citations de Jonathan Coe (1354)


Elle savait aussi qu’elle lisait elle-même trop pour sa santé, accordait trop d’importance à la lecture, affligée d’une sorte de névrose obsessionnelle vis-à-vis de la littérature …
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Son premier mouvement, quand elle était chez quelqu’un, était toujours d’observer les livres.
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Personne ne sait comment aller de l'avant. C'est ce que j'appelle l'indécision radicale ; c'est le nouvel esprit du temps.
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(…)est-ce que l’écrivain doit être engagé*, je crois que c’est ce qu’on dit en français, ou vaut-il mieux qu’il demeure une sorte d’« immigrant intérieur », replié sur lui-même pour échapper à la réalité, auquel cas il ne s’agirait pas seulement d’une échappatoire en fait, mais d’une manière de réagir, de créer une réalité de rechange, quelque chose de solide, de consolant (…).
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Le silence qui se creusait entre les deux femmes était sans fond désormais. On y était enfin. Au sujet à ne pas aborder, défiant tout dialogue. Au sujet mortifiant, clivant entre tous, parce que l’évoquer c’était se mettre à nu, déchirer les vêtements de l’autre et être forcé de s’entre-regarder dans cette nudité, sans aucune protection, sans pouvoir détourner les yeux. Quoi qu’elle réponde à Helena – pour peu qu’elle essaie de rendre compte honnêtement de sa divergence –, il lui faudrait fatalement affronter la vérité indicible, à savoir qu’elle-même et ses semblables d’une part et Helena et ses semblables d’autre part avaient beau vivre côte à côte dans le même pays, elles habitaient pourtant deux univers différents, séparés par une cloison étanche, une muraille formidable faite de peur et de suspicion, voire peut-être de ces traits britanniques par excellence, la honte et la gêne. Impossible d’aborder tout ça. La seule attitude adaptée consistait à l’ignorer (restait à savoir combien de temps cette attitude elle-même serait possible) et se raccrocher pour l’instant à la fiction désespérée et peu consolante qu’il ne s’agissait là que d’une divergence mineure, comme on peut en avoir avec son voisin sur la gamme de couleurs qu’il a choisie chez lui, ou sur les mérites d’une émission de télévision.
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- Comprends pas.
Benjamin était reparti en direction de la voiture. Il se retourna pour faire face à son père.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
- Je comprends pas qu'ils puissent tout démolir comme ça. Quelque chose qui était là depuis si longtemps, quelque chose que ...
Il regarda de nouveau longuement entre les battants du portail. Mais il avait l'oeil fixe, il ne voyait rien. et sa voix, qui réussit à articuler plus de mots qu'il n'en avait peut-être prononcé aux cours des douze derniers mois, était aussi plate et atone que la friche.
- Non, parce qu'un bâtiment, c'est pas seulement un site, hein ? C'est les gens, aussi, les gens qui étaient dedans ... Je ne dis pas que ... enfin, c'est vrai, nos bagnoles, c'était de la camelote. Je sais bien que les Allemands et les Japonais faisaient ça beaucoup mieux que nous. Je suis pas crétin, je le comprends tout ça. Je comprends pourquoi les gens préfèrent acheter une voiture japonaise, qui va pas tomber en panne au bout de deux ans comme les nôtres dans le temps. Ce que je comprends pas, c'est que ... Ce que je comprends pas c'est que c'est où ça va finir ? Comment faire si on continue comme ça ? On fabrique plus rien. Si on fabrique plus rien, alors on n'a plus rien à vendre ... Et comment on va survivre ? C'est ça qui m'inquiète. Parce que, bon, ce qu'on voit là, ça m'inquiète pas, ces terrains vagues, c'est pas grave. Quand on démolit une usine et que tous ces emplois disparaissent, on s'attend bien à voir ça. C'est-à-dire rien. Mais ce magasin, là, ce magasin immense, bon Dieu, et ces maisons, ces centaines de centaines de maison ? A quoi ça sert ? Comment est-ce qu'on peut remplacer une usine par des boutiques ? S'il n'y a plus d'usines, comment est-ce que les gens vont gagner de quoi acheter les maisons ? Ça n'a pas de sens.
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Un couple peut décider de se séparer pour toutes sortes de raisons : l'adultère, la cruauté, , la violence domestique, le manque de vie sexuelle. Mais une divergence d'opinions sur l'appartenance de la Grande-Bretagne à l'Europe ? La chose paraissait absurde. Elle l'était.
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« Quel cauchemar, hein, ces radars qui te piègent ! dit Colin. Tu peux plus faire un mètre sans qu’ils t’extorquent de l’argent, ces enfoirés.
— Ça limite les accidents, il faut croire. »
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"Nan aussi a travaillé ici, tu sais. Ma mère. Elle me racontait des histoires de la guerre. là où on est, sous nos pieds, il y a des tunnels. des dizaines de tunnels. Enormes. Pendant la guerre, des centaines de gens y travaillaient. Nan en faisait partie.... Ils fabriquaient de l'armement, des munitions, des pièces détachées d'avion. Tu imagines ! Tu imagines, des centaines de gens qui travaillaient là-dedans ensemble, pour l'effort de guerre ? Quel cran, hein ? Quel pays on était à l'époque ! Et qu'est-ce que c'est devenu, tout ça ? Ca allait déjà mal quand j'y travaillais. Chacun pour soi, les plus forts survivront et moi ça va très bien, merci. Elle était déjà amorcée, la tendance. Mais maintenant, c'est encore pire, il n'y en a plus que pour les fringues de luxe, les bars à prosecco et ces saloperies de salades en barquettes. On est devenu des chiffes molles, le voilà le problème. Pas étonnant que le reste du monde se foute de nous."
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Elle se rendait compte que dans sa tête, Helena ne cessait de revenir inexorablement sur les images vues à la télévision et dans les journaux au cours de la semaine, et sur les blessures qu'avaient subies son fils.
"Où est-ce que ça va finir, tout ça, Sophie ? Où vont-elles finir, ces horreurs?"
(Sophie) se préparait à répondre mollement : "Oh, vous savez, la vie continue... Ca va se tasser avec le temps...", lorsque Helena ajouta :
"Il avait tout à fait raison, vous savez. Des fleuves de sang*. Il est le seul à avoir eu le courage de le dire."
Sophie se figea à ces mots et les platitudes toutes prêtes moururent sur ses lèvres. Le silence qui se creusait entre les deux femmes était sans fond désormais. On y était enfin. Au sujet à ne pas aborder, défiant tout dialogue. Au sujet mortifiant, clivant entre tous, parce que l'évoquer c'était se mettre à nu, déchirer les vêtements de l'autre et être forcé de s'entre-regarder dans cette nudité, sans aucune protection, sans pouvoir détourner les yeux. Quoi qu'elle réponde à Helena - pour peu qu'elle essaye de rendre compte honnêtement de sa divergence -, il lui faudrait fatalement affronter la vérité indicible, à savoir qu'elle-même et ses semblables d'une part et Helena et ses semblables d'autre part avaient beau vivre côte à côte dans le même pays, elles habitaient pourtant deux univers différents, séparés par une cloison étanche, une muraille formidable faite de peur et de suspicion, voire peut-être de ces traits britanniques par excellence, la honte et la gêne. Impossible d'aborder tout ça. La seule attitude adaptée consistait à l'ignorer (restait à savoir combien de temps cette attitude elle-même serait possible) et se raccrocher pour l'instant à la fiction désespérée et peu consolante qu'il ne s'agissait là que d'une divergence mineure, comme on peut en avoir avec son voisin sur la gamme de couleurs qu'il a choisie chez lui, ou sur les mérites d'une émission de télévision.

*Célèbre discours d'Enoch Powell,prononcé en 1968, contre l'immigration et en faveur de la "remigration".
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"Ces gens ne savent pas de quoi ils parlent. La tolérance, ben voyons. Tous les jours, tu te trouves face à des individus qui n'ont rien de tolérant, que ce soit une vendeuse ou un vendeur dans une boutique, ou un simple passant dans la rue. Ils ne te disent peut-être rien d'agressif mais tu le lis dans leurs yeux et dans toute leur attitude envers toi. Et ils voudraient bien parler. Oh oui, ils voudraient bien te lancer ces mots défendus, te dire de retourner dans ton pays de merde (celui qu'ils t'attribuent) mais ils savent que c'est impossible. Ils savent que c'est défendu. Alors non seulement ils te détestent, mais ils les détestent, eux aussi. Eux, ces gens sans visage qui les jugent, là-haut, qui décident de ce qu'ils ont le droit de dire et de ne pas dire à haute et intelligible voix."
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Elle avait à peine parcourue quelques centaines de mètres que la voiture explosa et quitta en flammes la route pour s'écraser sur les versants rocailleux. Elle fut tuée sur le coup. Mark fut désespéré de cette perte. La voiture était un coupé Morgan Plus 8 1962 bleu nuit, l'une des trois ou quatre existant au monde, et elle était irremplaçable.
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Mrs Thatcher avait changé le visage de la City et transformé les spéculateurs financiers en héros nationaux en les appelant des "créateurs de richesse", des alchimistes capables de faire apparaître des fortunes inimaginables à partir de rien. Le fait que ces fortunes allassent directement dans leurs poches, ou dans les poches de leurs employeurs, était tranquillement ignoré. La nation, le temps d'une brève période d'ivresse, était subjuguée.
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C'était, dirais-je, un écrivain ayant une dizaine d'années de plus que moi, dont les trois minces romans avaient été ridiculement surestimés par la presse nationale. Parce qu'il avait fait parler ses personnages dans des dialectes grossièrement rendus, qu'il les avait placés dans des conditions d'un sordide improbable, il avait été sacré réaliste social ; parce qu'il avait appliqué quelques trucs narratifs rudimentaires, laborieusement imités de Sterne et de Diderot, il avait été sacré pionnier expérimental ; et comme il envoyait régulièrement aux journaux des lettres critiquant la politique gouvernementale en des termes qui m'avaient toujours paru d'un gauchisme des plus timide, il avait été sacré radical. Mais ce qui m'agaçait le plus, c'était sa réputation d'humoriste. On lui avait à plusieurs reprises attribué une ironie enjouée, une finesse satirique, qui justement me semblaient absolument absentes de son oeuvre, tout empreinte de lourds sarcasmes et d'une lamentable tendance à pousser du coude le lecteur pour bien lui signaler la plaisanterie. C'était à cet aspect de son style que j'avais réservé ma raillerie finale.
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Il but une longue gorgée de son verre, ce qui accrocha un nuage de mousse à chaque pointe de sa moustache roussâtre. Cette moustache était une création remarquable : elle poussait à l'horizontale parfaite, et chaque moitié devait bien être longue de cinq centimètres. Les extrémités flottaient, sans contact avec le visage de Mr Rossiter, visage vermeil, tramé d'un réseau infini de veinules rouges et doté d'un nez violacé. Il était tentant d'en conclure que l'homme n'avait pas raté sa vocation, si elle se résumait à fréquenter la bouteille de très près.
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Les voitures, c'est comme les gens. On va, on vient, dans le grouillement du quotidien, on passe à deux doigts les uns des autres, mais le vrai contact est très rare.Tous ces ratages de peu, tous ces possibles irréalisés, c'est effrayant, quand on y pense.
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Cary Grant avec qui il ne joua qu'une fois(...): D'un point de vue historique Jimmy Stewart a eu le même effet sur le cinéma que Marlon Brando, quelques années plus tard. Jimmy avait le don de parler avec naturel. il avait noté que, dans la vie de tous les jours, les gens se coupent souvent la parole, et qu'il n'est pas si facile de s'exprimer. L'équipe du son a mis un certain temps à s'habituer à lui, mais de cette manière il a eu un énorme impact. Quelques années plus tard, Marlon a émergé et a fait la même chose à son tour. ais ce que les gens oublient c'est que c'est Jimmy qui a inventé cette façon de jouer."
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James Stewart (...) dans une déclaration publicitaire mise en circulation a cette époque (après le film Mr Smith au Sénat) : Je me suis créé une ligne de conduite et je la respecte. Cette ligne de conduite est simple mais inflexible. Un film de James Stewart doit comprendre deux éléments essentiels: il doit être propre et faire triompher le faible contre le puissant".
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Il y eu un silence. Le silence des impasses.
"Putain, ça va en faire, des excuses, dit Doug en griffonnant. A ce compte-là il n'y aura plus de place pour le reste. Et qui va écrire ? "
Lorsqu'il apparut qu'il n'y aurait pas de volontaires, M. Serkis désigna Benjamin.
"Pourquoi moi ?
- Parce que tu es la meilleure plume du journal."
Et supposant (à juste titre à, à voir la réaction interloquée de Benjamin, que le compliment était aussi inattendu que terrassant, il le nuança en ajoutant :
"Et puis tu es le seul en ce moment dont les papiers ne semblent pas provoquer une avalanche de protestations."
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- Vous voulez dire que...
- Pour parler clairement, toutes les vies n'ont pas la même valeur.
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