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Citations de Jonathan Littell (228)


Le communisme est un masque plaqué sur le visage inchangé de la Russie.Votre Staline est un tsar,votre politburo des bobards ou des nobles avide et égoïstes, vos cadres du Parti les mêmes tchinovniki que ceux de Pierre ou de Nicolas.C est le même autocratique russe, la même insécurité permanente, la même paranoïa de l étranger, la même incapacité fondamentale de gouverner correctement, la même substitution de la terreur au consensus commun,et donc au vrai pouvoir,la même corruption effrénée, sous d autres formes, la même incompétence, la même ivrognerie.
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Longtemps, on rampe sur cette terre comme une chenille, dans l'attente du papillon splendide et diaphane que l'on porte en soi. Et puis le temps passe, la nymphose ne vient pas, on reste larve, constat affligeant, qu'en faire ?
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***>Extrait d'un entretien de l'auteur avec la revue L'OBS ( mars 2018 ) ***

-- Pourquoi cette nouvelle version " D'une vieille Histoire " ?
-- Après " Les bienveillantes " , j'ai publié 4 livres chez Fata Morgan qui sont passés royalement inaperçus , et c'est très bien . Ça m'a permis d'être tranquille , de faire ce que javais envie de faire sans me poser de question, de développer des choses sans aucune pression . Parmi ces textes , il y avait
" Une vieille histoire " . Je l'avais publiée parce que je pensais qu'elle était aboutie et achevée . Puis je me suis rendu compte qu'il restait encore beaucoup de possibilités qui avaient été ouvertes par ce premier récit et n'avaient pas été explorées . Le récit a continué à travailler jusqu'à ce que je m'y remette .

--Vous auriez pu continuer ce texte indéfiniment .

-- le roman comporte 7 parties , mais pourrait aussi bien en comporter 20 .
C'est comme jouer des parties d’échecs simultanées . Chaque fois qu'on déplace une case , on bouge les systèmes de relations transversaux , les affects qui circulent , les pièces qui reviennent . J'ai du faire beaucoup de calculs pour ne pas me perdre avec les éléments récurrents ( Le chat , les pommes , l'électricité .... ) . Depuis " Les bienveillantes " , mes livres sont plus expérimentaux et formalistes . Ils ne fonctionnent plus selon des logiques narratives réalistes , mais selon une logique proche des rêves . ce qui m'intéresse ici , c'est la discontinuité dans les rêves entre le contenu manifeste et le contenu latent . J'ai voulu travailler sur les processus plutôt que sur les contenus qui sont , dans ce livre , presque interchangeables .
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Si les terribles massacres de l'Est prouvent une chose, c'est bien, paradoxalement, l'affreuse, l'inaltérable solidarité de l'humanité. Si brutalisés et accoutumés fussent-ils, aucun de nos hommes ne pouvaient tuer une femme juive sans songer à sa femme, sa soeur ou sa mère, ne pouvait tuer un enfant juif sans voir ses propres enfants devant lui dans la fosse. Leurs réactions, leur violence, leur alcoolisme, les dépressions nerveuses, les suicides, ma propre tristesse, tout cela démontrait que l'autre existe, existe en tant qu'autre, en tant qu'humain, et qu'aucune volonté, aucune idéologie, aucune quantité de bêtise et d'alcool ne peut rompre ce lien, ténu mais indestructible. Cela est un fait, et non une opinion.
La hiérarchie commençait à percevoir ce fait et à le faire entrer en ligne de compte. Comme me l'avait expliqué Eichmann, on étudiait de nouvelles méthodes.
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nous ne servons pas le Fürer en tant que tel mais en tant que représentant du Volk, nous servons le Volk et devons le servir comme le sert le Führer, avec une abnégation totale. C'et pourquoi, confronté à des tâche douloureuses, il faut s'incliner, maîtriser ses sentiments, et les accomplir avec fermeté.
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On croit encore aux idées, aux concepts, on croit que les mots désignent des idées, mais ce n'est pas forcément vrai, peut-être n'y a-t-il réellement que des mots, et le poids propre aux mots. Et peut-être ainsi nous étions-nous laissé entraîner par un mot et son inévitabilité. En nous, donc, il n'y aurait eu aucune idée, aucune logique, aucune cohérence ? Il n'y aurait eu que des mots dans notre langue si particulière, que ce mot-là, Endlösung, sa beauté ruisselante ? Car en vérité comment résister à la séduction d'un tel mot ? C'eût été aussi inconcevable que de résister au mot obéir, au mot servir, au mot loi.
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On a beaucoup parlé, après la guerre, pour essayer d’expliquer ce qui s’était passé, de l’inhumain. Mais l’inhumain, excusez-moi, cela n’existe pas. Il n’y a que de l’humain et encore de l’humain.
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Mais parfois, dans la rue, sans réfléchir, d'un geste naturel, elle me prenait le bras, et alors, oui, je me surprenais à regretter cette autre vie qui aurait pu être, si quelque chose n'avait pas été brisé si tôt. Ce n'était pas seulement la question de ma soeur; c'était plus vaste que ça, c'était le cours entier des évènements, la misère du corps et du désir, les décisions qu'on prend et sur lesquelles on ne peut revenir, le sens même qu'on choisit de donner à cette chose qu'on appelle, à tort peut-être, sa vie.
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" [...] Mais une chose est sûre : vous n'êtes certainement pas au diapason de l'humeur de votre pays. "
" Jeune homme, rétorqua-t-il en haussant la tête, je ne cherche pas à l'être. Je ne me mêle plus de la chose publique depuis longtemps, et je compte bien que la chose publique ne se mêlera pas de moi. "
On n'a pas toujours le choix, voulais-je répliquer ; mais je tins ma langue.
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[...] le Reichsminister Speer savait, comme tout le monde; à tout le moins, à cette époque là, il en savait assez pour savoir qu'il valait mieux ne pas en savoir plus [...]
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La guerre totale, c'est cela aussi: le civil, ça n'existe plus, et entre l'enfant juif gazé ou fusillé et l'enfant allemand mort sous les bombes incendiaires, il n'y a qu'une différence de moyens; ces deux morts étaient également vaines, aucune des deux n'a abrégé la guerre même d'une seconde; mais dans les deux cas, l'homme ou les hommes qui les ont tués croyaient que c'était juste et nécessaire; s'ils se sont trompés, qui faut-il blâmer ? Ce que je dis reste vrai même si l'on distingue artificiellement de la guerre ce que l'avocat juif Lempkin a baptisé le génocide, en notant qu'en notre siècle du moins il n'y a jamais encore eu génocide sans guerre, que le génocide n'existe pas hors la guerre, et que comme la guerre, il s'agit d'un phénomène collectif: le génocide moderne est un processus infligé aux masses, par les masses, pour les masses.
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Le petit peuple du centre de l’Ukraine – ce qu’en référence au Dnipro, qui coupe le pays en deux, on appelle l’Ukraine de la rive droite – croyait autrefois que « Dieu a créé la terre plane et Satan a fait les ravins, les bosquets obscurs et les endroits sans lumière où se cachent les esprits ». À Kyiv, Allemands puis Soviétiques ont prolongé l’œuvre de Dieu, effaçant celle du diable.
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Mais le passé est une chose qui, lorsqu’il a planté ses dents dans votre chair, ne vous lâche plus.
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Affirmer que je n'étais pas typique, cela ne veut rien dire. Je vivais, j'avais un passé lourd et onéreux, mais cela arrive, et je le gérais à ma manière. Puis la guerre est venue, je servais et je me suis retrouvé au cœur de choses affreuses, d'atrocités. Je n'avais pas changé, j'étais toujours le même homme, mes problèmes n'étaient pas résolus, même si la guerre m'avait posé de nouveaux problèmes, même si ces horreurs m'ont transformé. Et une chose en entraîne une autre : j'ai commencé dans le cadre du service, puis, sous la pression des événements, j'ai fini par déborder ce cadre. Dire que s'il n'y avait pas eu la guerre, j'en serais quand même venu à ces atrocités, c'est impossible. Je vis, je fais ce qui est possible, il en est ainsi de tout le monde, je suis un homme comme les autres, je suis un homme comme vous. Allons, puisque je vous dis que je suis un homme comme vous !"
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Ainsi, l'anthropologie raciale, incapable de définir quoi que ce soit, s'est simplement rabattue sur les catégories tellement plus démontrables des linguistes. Schlegel, qui était fasciné par les travaux de Humboldt et de Bopp, a déduit de l'existence d'une langue indo-iranienne supposée originale l'idée d'un peuple également original qu'il a baptisé aryen en prenant le terme à Hérodote. De même pour les Juifs : une fois que les linguistes avaient démontré l'existence d'un groupe de langues dites sémitiques, les racialistes ont sauté sur l'idée, qu'on applique de manière complètement illogique puisque l'Allemagne cherche à cultiver les Arabes et que le Fürher reçoit officiellement le Grand Mufti de Jérusalem ! La langue, en tant que véhicule de la culture, peut avoir une influence sur la pensée et le comportement. Humboldt l'avait déjà compris il y a longtemps. Mais la langue peut être transmise et la culture, bien que plus lentement, aussi.
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Nous n'avions pas encore saisi à quel point l'amour vit dans les corps, se niche dans leurs replis les plus secrets, dans leurs fatigues et leur pesanteur aussi. Je me figurais avec précision le corps d'Una lisant, s'ajustant à la chaise, je devinais la courbure de sa colonne vertébrale, de sa nuque, le poids de sa jambe croisée sur l'autre, le son presque inaudible de sa respiration, et l'idée même de sa sueur sous ses aisselles me ravissait, me soulevait dans un transport qui abolissait ma propre chair et faisait de moi cette pure perception, tendue à se rompre.
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Je repoussai une mèche qui lui était tombée sur la paupière. Il ouvrit les yeux et me fixa, mais ses yeux étaient vides de toute reconnaissance. Il était arrivé dans cet endroit privé, fermé, d'où l'on ne remonte jamais à la surface, mais d'où il n'avait pas encore sombré non plus. Comme une bête, son corps se débattait avec ce qui lui arrivait, et les sons, c'était cela aussi, des sons de bête.
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J'étais triste, mais sans trop savoir pourquoi. Je ressentais d'un coup tout le poids du passé, de la douleur de la vie et de la mémoire inaltérable.
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De plus c'était l'automne, une sale pluie grise dénudait les arbres, je sombrai lentement dans l'angoisse. Je m'aperçus que penser, ce n'est pas une bonne chose.
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Voyez-vous, il y a à mon avis trois attitudes possibles devant cette vie absurde. D'abord l'attitude de la masse, hoï polloï , qui refuse simplement de voir que la vie est une blague. Ceux-là n'en rient pas, mais travaillent, accumulent, mastiquent, défèquent, forniquent, se reproduisent, vieillissent et meurent comme des boeufs attelés à la charrue, idiots comme ils ont vécu. C'est la grande majorité. Ensuite, il y a ceux comme moi, qui savent que la vie est une blague et qui ont le courage d'en rire, à la manière des taoïstes ou de votre Juif. Enfin, il y a ceux, et c'est si mon diagnostic est exact votre cas, qui savent que la vie est une blague mais qui en souffrent.
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