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Critiques de Jorn Riel (496)
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Un curé d'enfer et autres racontars

J’adore lire les racontars de Jorn Riel. Je les trouve rafraîchissants dans ce qu’il décrit des priorités de la vie, de la solidarité et de la joie de vivre.

Je lis beaucoup dans le métro et ses racontars en sont vraiment le contrepoint: face à l’avalanche de couleurs et de stimuli imposés par les publicités et la multitude des gens et des interactions, imaginer ce paysage vierge, presque mono couleur et cette vie rude où évoluent les chasseurs est très apaisant.



Dans ce recueil, on retrouve les protagonistes habituels, avec leurs caractéristiques marquées dans des situations qui, pour nous, sortent de l’ordinaire mais qu’ils affrontent avec inventivité et bonne humeur, malgré les fins parfois funestes de ces racontars. Je me suis particulièrement amusé à la lecture de El dedo del Diablo et le Petit Pedersen et comme à chaque fois, je me dis que Jorn Riel est un formidable conteur, ménageant savamment ses effets.



Je lis ces racontars dans l’édition de Gaïa, avec un papier épais et rose et des dessins à l’encre de Riel qui illustrent ses racontars d’une ou deux esquisses par nouvelle. Je trouve que ça rajoute un charme certain à ces lectures.



Bref, un très bon moment de lecture et je suis heureuse qu’il me reste plusieurs recueils de racontars à découvrir, je ne voudrais pas les finir trop vite.

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Le garçon qui voulait devenir un être humain, t..

Inuit signifie être humain, cela rend le titre de ce roman d'aventure un peu plus explicite.

Roman très agréable à lire, peu importe l'âge, même si évidemment les jeunes lecteurs sont là cible première.

Dépaysant à souhait, de très belles illustrations, des personnages attachants, de l'espoir et une morale.

Tous les ingrédients pour en faire un livre à offrir autour de soi, à conseiller, à transmettre.

Une pensée pour son auteur décédé récemment, Mr Riel merci pour l'héritage que vous nous laissez.
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Le chant pour celui qui désire vivre, tome 3 ..

Dans un crépuscule polaire que seule la blancheur de la neige illumine doucement, les nouveaux Inuits se rassemblent encore, parfois, autour d'une veillée. Soré, tout comme sa mère qu'elle a quittée enfant et leurs ancêtres, est une conteuse et dans la parole de ces conteurs, ce sont des siècles de tragédies et de joies qui se transmettent, l'histoire du Groenland et de l'Alaska quand aucune frontière établie ne les séparait, celle d'un peuple chasseur et pêcheur colonisé par le Danemark, méprisé et soumis à cette culture étrangère. Chez les Inuits, les légendes sont encore bien vivantes, les traditions et les croyances aussi.

On entend peu parler de cette partie du monde: je me suis sentie totalement dépaysée mais aussi fascinée par ce paysage vaste, blanc, et ce ciel immense et sans cesse changeant. Fascinée aussi par la dureté de la vie et la solidarité entre les habitants.

Ce roman, l'un des derniers de Jorn Riel et peut-être l'un des plus graves - car ça commence vraiment mal pour la petite Soré et sa mère - me donne l'envie d'aller explorer son oeuvre inspirée des 16 ans qu'il a passé au Groenland et de ses nombreux voyages qui ont suivi. Une très belle découverte!

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Un récit qui donne un beau visage

Tendres et loufoques histoires de l'Arctique, "Un récit qui donne un beau visage", premier tome de "La maison de mes pères" est un roman d'hommes qui, tout en parlant d'armes, de chasse, de bagarres, de bitures et de sexe, est d'une délicatesse inouïe. La distance humoristique et la grande lucidité brute du narrateur sur sa contrée et ses pères est désarmante, dépaysante, attachante. Il est même possible que ce roman à rebrousse-poil m'ait surprise au point de me faire verser quelques larmichettes...
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Le chant pour celui qui désire vivre, tome 3 ..

Cette histoire est un pen comme les autres,très crue et cruelle comme la vie sur cette île.

Aucune compassion et la vie n'a que peu de valeur.

Soirée est une conteuse comme toutes les femmes de sa famille.

Elle mettra ses histoires en mots qui deviendront des ivres.
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Pani, la petite fille du Groenland

Pani, petite fille eskimo peut parler aux animaux. Quel don merveilleux !



L'histoire commence par cette information qui apporte déjà un peu de magie dans notre société prosaïque.



Cette œuvre est d'actualité dans notre monde qui tourne autour du paraître, du plaisir immédiat et du non respect du vivant.



Une lecture très rafraîchissante !
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La vierge froide et autres racontars

Une plongée dans l'hiver arctique, dans le froid glacé du Groenland, dans l'obscurité et la solitude, au pays des phoques, des ours et des renards. C'est là que vivent, en binômes, des chasseurs bourrus, farfelus et un peu bruts. Ils posent et surveillent les pièges, s'occupent des peaux de bêtes, des attelages. Ils font du commerce, se rendent visite et veillent à la nourriture et à la boisson. Et pour braver l'ennui des longues soirées hivernales, ils jouent au cartes, se racontent et boivent... beaucoup ! de l'alcool distillé, du schnaps, de la bière, tout est bon !



Jorn Riel, explorateur et écrivain baroudeur danois, a rapporté de ses séjours au Groenland et de ses missions (certaines en compagnie de Paul-Emile Victor) des anecdotes savoureuses. Cette série de dix courtes nouvelles, dix "racontars" dont La vierge froide, en est un exemple probant. Situations saugrenues, personnages rudes mais loufoques et parfois doués de sensibilité, ces récits nous font découvrir un monde atypique, hors de la civilisation, qui vraisemblablement n'a plus cours aujourd'hui. Un style d'écriture très simple, plutôt familier, pittoresque avec des phrases courtes et un humour décalé, ces histoires truculentes peuvent se lire facilement. Certains lecteurs les adorent, pour ma part, elles ne m'ont hélas pas vraiment intéressée. J'ai eu du mal à me projeter dans cet univers et à l'apprécier. Dommage mais, je suis restée hermétique. C'est à peine si j'ai réussi à esquisser quelques sourires. Je crois donc que cet auteur n'est pas pour moi.



#Challenge Solidaire 2023

#Challenge ABC 2023 / 2024





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Le garçon qui voulait devenir un être humain, t..

Version : l'album paru aux éditions Sarbacane, illustré par Christel Espié.

Magnifique.

J'avais adoré le roman. La rencontre entre Inuits et Islandais est à l'image du titre: poétique.

Aussi quand j'ai vu cette adaptation, je m'en suis emparé. L'album est vraiment superbe, les illustrations de Christel Espié apportent un plus non négligeable à l'histoire : l'illustration de la gueule ouverte de l'ourse blanche qui fond sur les trois amis est terrifiante. Une très belle adaptation.
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Le chant pour celui qui désire vivre, tome 2 ..

Arluk un jeune inuit mais avec du sang de gens venus des pays nordiques ou d'Islande.

Il a les vertus d'un chaman et il reçoit la mission de faire le tour du monde (le Groenland).

Il part avec femme et enfant pour ce voyage initiatique.

Les mœurs sont difficiles à appréhender pour nous.

Mais cette aventure est riche en événements et en enseignements...
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Le garçon qui voulait devenir un être humain - ..

Autant je ne suis pas forcément un fan absolu des racontars arctiques de Jørn Riel, autant ce joli roman, que j'ai lu plusieurs fois, est un vrai coup de cœur. Je l'aime en particulier dans cette édition plus récente en un seul volume chez Gaïa, ou rien ou presque ne vient plus mentionner le fait qu'il s'agit au départ d'un texte de littérature jeunesse. Certes, je l'ai lu à mes propres enfants, et offert à d'autres, notamment dans la version en trois albums, mais l'adulte que je suis n'en demeure pas moins très sensible et très touché par cette belle histoire d'amitié. Il n'y a pourtant rien de miraculeux, rien d'extraordinaire ou que l'on n'ait déjà vu ailleurs en littérature jeunesse. La recette est simple, mais elle fonctionne parfaitement : amitié, découverte, aventures, dépaysement. Et que l'on soit au Groenland aux alentours de l'an 1000, ou en Europe en 2023, certaines questions qui traversent l'adolescent (ou l'être humain) demeurent, quand bien même les conditions matérielles sont radicalement différentes. Je ne peux que conseiller la lecture de ce roman, pour un adulte ou pour un jeune.
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La faille

« Monsieur Blanc, jamais de repos,

sept heures du matin, déjà au boulot,

fatigué avec tout ce bruit,

n'a pas fermé l'oeil de toute la nuit.

Et là-bas, là-bas, tout là-bas,

dans une île grosse comme un p'tit pois,

Papous, papous, deux papous

deux papous gentils comme tout,

dans un coquillage d'argent,

écoutent chanter l'océan ».

Ah, Bourvil, la douceur des îles ! Et pourtant…

« Dans les guerres tribales en Papouasie Nouvelle-Guinée, les drones et les armes semi-automatiques ont remplacé les arcs et les flèches », dixit « Le Monde » il y a tout juste une semaine.

Les tribus les plus reculées des hauts plateaux sont contaminées par les technologies actuelles. Quelle drone d'époque !

Mais papi, les papous, c'est papaye et pagaille,

mais papi, les papous, c'est pagaie mais pas paix !



Glaçant, non ? Alors, il me faut rejoindre le spécialiste des racontars arctiques qui, installé désormais en Malaisie pour décongeler, a changé d'hémisphère jusque dans son lieu d'écriture, la paisible vallée de Baliem, en Nouvelle-Guinée.

Il a déserté le Groenland pour un autre pays vert, passant des Inuit aux Papous, un autre choc des cultures « primitives ».



« La nuit, elle avait senti les esprits gentils la toucher et, pendant qu'elle dormait, elle avait tenu un petit citron vert entre ses mains pour se protéger contre les mauvais esprits » .



Ah, Jorn Riel, la douceur du style ! Et pourtant…



Il y a comme une fêlure, le titre du livre en témoigne, la faille, ça vient de faillir, manquer. Il y a comme un manque, un défaut.

L'écrivain voyageur danois a l'ambition de nous montrer le fossé qui existe entre les différentes civilisations. La faille signifie l'écart qui se creuse entre les mondes « primitifs » et « civilisés ».



Aujourd'hui, c'est la rentrée scolaire. Il est question de tenue vestimentaire et d'arrondir les angles. Riel nous propose la description d'un Papou, l'exubérance dans toute sa splendeur.



« Sa parure de tête se composait d'un large bandeau de pandanus bordé de fourrure d'opossum brun. Une haute houppe de plumes se balançait sous la brise matinale, plumes de faucon et de perroquet, que dépassait la longue plume noire, d'un demi-mètre de long, de l'oiseau de paradis. Son visage, enduit de graisse de porc et de suie, était tout noir, mis à part les orbites blanches et deux larges raies de chaux qui couraient du front jusque sur ses joues. Dans les narines percées étaient accrochées les dents liées, tournées vers le bas, d'un verrat sauvage. Il portait un grand mikal ovale, lourd pectoral de coquillages qui entourait son cou comme un col et descendait jusque sur sa poitrine. Ses bracelets, serrés autour du poignet et juste au-dessus des coudes, étaient tressés avec les fibres coriaces des fougères à aigle et le horim, qui couvrait son pénis, pointait, comme sa lance, vers le ciel, le bout entortillé remontant jusqu'entre ses aréoles. »



Une faille, oh, un sacré décalage, à la manière d'« Un Indien dans la ville ».

Actuellement, on parle de végétaliser les cités, de démacadamiser les cours de « récréation ». Alors, le costume plutôt que le bitume ? Et si l'école se faisait vraiment en extérieur, on y apprendrait la nature autant que les coutumes ?



« Ils marchaient sous des arbres qui s'élevaient jusqu'à trente mètres de haut pour atteindre la lumière du soleil. Ils se frayaient un chemin à travers des réseaux emmêlés de plantes grimpantes, rampaient au-dessus d'arbres renversés à moitié pourris, à travers des marécages gris, où les sangsues se glissaient dans les oeillets des lacets pour s'accrocher sur la peau ».



Quatre espèces d'oiseaux dans la cour de « récréation », des dizaines sur le même espace en territoire « primitif ». La faille s'élargit, l'écart se creuse, mais on vit sur la même Terre, il n'y a pas de plan B. Et s'il y en avait un, ce serait B comme Blanc, ou B comme Baliem ?

Je viens de lire que des fluides s'échappent de la faille de Cascadia, il y aurait des sources chaudes au fond de l'Océan Pacifique. de source sûre, ça nous promet un séisme de magnitude 9.

Stop ! Non mais, c'est quoi cette chronique ? Elle nous livre rien sur le roman !

Ah, si on ne peut plus critiquer... 

Rassurez-vous, toutes ces digressions nous ramènent à « La Faille », celle de Jorn Riel.

Du petit monde des Européens qui tentent de vivre pacifiquement avec les multiples ethnies adjacentes, aux tribus conquérantes sur le pied de guerre, Riel nous propose à la fois une plongée dans un monde peu connu, un "dépaysement salutaire" - tant qu'il n'y a pas de groupes de touristes, tout va pour le mieux ! - avec un grand sens de conteur et des personnages d'une belle densité.

Le Docteur Julius Horton vit à Wamena, petite ville de la vallée de Baliem, en Nouvelle-Guinée. Depuis trente ans, l'île est devenue son univers, son pays. Pour rien au monde il ne ferait demi-tour vers l'Europe. Il en a vu, des curieux avides d'aventures, débarquer sur l'île, mais aucun ne résiste longtemps à la vie sauvage qui les attirait initialement. Horton, lui, s'occupe des habitants. Bien connu des tribus papous, il soigne les blessés, les malades, les victimes de guerres tribales. Il a appris à comprendre ces différents peuples qui vivent dans la vallée. On le respecte.

Tout commence lorsqu'un certain Louis Schultz débarque à Wamena.

Un être étrange selon Horton : on ne sait qui il est ni pourquoi il est venu jusqu'ici.



Contre toute attente, Schultz va rapidement s'habituer à sa nouvelle vie.



« Ce qui est bizarre avec ce type […], c'est qu'apparemment il peut tout supporter. Il ne paye pas de mine, mais quelle santé ! 

Il me déroute, cet homme-là […]. Il en sait plus qu'il n'en dit.

Qu'est-ce qu'il peut bien fuir ? »

Très vite, nous sommes plongés au coeur de l'action lorsque Schultz prononce une requête improbable à l'adresse de Horton.

 « Pourriez-vous m'aider à me rendre sur les hauts plateaux de l'intérieur, docteur Horton ? Là où il y a une tache blanche sur la carte ? »



 La réponse attendue de Horton ne traîne pas.

 « Vous ne survivrez pas deux heures sur les plateaux. D'ailleurs personne ne les connaît. Personne ne sait comment sont les tribus là-bas, sinon par quelques rumeurs éparses qui parviennent jusqu'à la vallée. Et je peux vous assurer que ce qu'on entend ici sur leur cruauté peut vous faire faire de sacrés cauchemars la nuit. Oubliez ! »



Schultz est malin et se tourne alors vers Georges Stilton, pilote d'un vieux coucou, comme il l'appelle lui-même. Lui demandant de l'emmener survoler les hauts plateaux, il convainc le pilote de se poser et en profite pour fuir dans la jungle, à quelques centaines de mètres d'une tribu inconnue...

En repartant, dépité d'avoir laissé l'homme dans cette contrée barbare, certain de son sort, le pilote raconte ce qu'il vit.

« Schultz ! Imagine, il s'était assis par terre et est resté planté là, à moitié caché par les hautes herbes, pareil à un vrai fossile. On aurait dit qu'il attendait quelqu'un. Planté là au milieu de rien, il attendait ! »



Les années passent, le sort de Schultz ne laisse aucun doute. L'âme du jeune homme plane pourtant et laisse perplexe. Horton en parle souvent. Que lui a-t-il pris ? Pourquoi cette folie ? Qui était-il ?

 

Wamena se transforme, se peuple, s'urbanise, se modernise. Les tribus continuent d'échapper à l'homme blanc et ses lois.

 

Dix-huit années après la disparition de Schultz, deux hommes d'une tribu des hauts plateaux se présentent, réclament Horton, en possession du médaillon autrefois porté par Schultz. Accompagné de Hahnmuller, Horton prend la route. Direction : les hauts plateaux, une tribu inconnue. Est-ce un piège pour s'emparer de lui ? Est-ce un véritable appel ?



Le face à face a lieu quelques jours plus tard : Schultz est vivant, se fait appeler Yonokma, et est le terrible chef de la tribu qui porte son nom.

Guerrier, stratège, fort, le chef Yonokma est redouté sur tous les territoires alentours. Comment en est-il arrivé là ? On ne le saura jamais.

S'il a fait venir Horton, c'est pour une seule raison : Lalu.

Gravement malade, Schultz - Yonokma a une requête, tout aussi surprenante que la première : il eut plusieurs enfants de ses différentes femmes, mais Lalu est celle qui le comble. Elle lui ressemble. Il a décidé pour elle qu'elle devait vivre ailleurs que dans la tribu, redescendre dans la vallée, et c'est Horton qui en prendra la charge.

Le sort de l'enfant ayant été décidé par son père, elle ne peut refuser, et a accepté l'idée d'ailleurs depuis bien longtemps.

Accepté aussi le rituel pratiqué lors de la mort d'une personne, ici son père.



« Lalu s'accroupit devant le vieil homme et Horton s'aperçut que des fibres d'orchidées étaient serrées autour de l'un de ses bras. Elle en tendit un et posa la main sur un billot de bois. le guérisseur laissa ses mains glisser de doigt en doigt. Puis, soudain, il lui assena un coup paralysant sous le coude et, avec une solide hache de pierre, lui coupa deux phalanges de l'index ».



Nous suivons alors pas-à-pas les mois suivant l'arrivée de Lalu à Wamena, son adaptation à la vie urbaine, à l'école. La jeune fille se montre vive d'esprit, intelligente, sociable, elle parle anglais, chose extraordinaire ! Schultz lui parlait sa langue maternelle tout le temps dans son enfance, sans doute pour la préparer à son retour dans la civilisation. Mais Lalu fugue souvent. Indécise.

Je n'en dirai pas plus sur l'évolution de Lalu, son cheminement...

 

Ce roman, c'est une quête de soi.

Qui est-on lorsque l'on appartient à deux patries que tout oppose, qui s'entre-tuent même ? A qui s'identifier ? Comment, enfant du métissage, vivre ses deux cultures pleinement, sans regret, sans manque, sans faille ?

Comment allier Papou et Blanc, vie sauvage et civilisation ?

Comment vivre lorsqu'on ne se sent jamais chez soi, lorsqu'on a besoin d'être ici et là-bas ?



« L'élan était court, elle décolla tout près du bord et s'éleva haut dans les airs. Elle ressentit le saut comme une libération. Elle était l'oiseau des dieux que son père avait aimé. Elle flottait librement au-dessus de l'abîme, écarta les bras et resta un instant immobile dans les airs, comme un oiseau doré, avant de commencer à tomber ».





 



































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Le jour avant le lendemain

Court roman lu dans le cadre du challenge solidaire 2023.



Né de la découverte fascinante de Jorn Riel, qui a consacré plus de 15 ans de sa vie au Groenland, de deux crânes, celui d'une femme et d'un enfant, sur une île reculée de ce pays nordique.



Merveilleux prétexte pour imaginer et nous conter l'histoire de la matrone Ninioq et de Manik, son petit-fils. Immersion totale dans le peuple Inuit, récit tragique mais chargé d'humanité.
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Le jour avant le lendemain

Il y a plus d'un siècle (1860) au Groenland, on s'évade au coeur d'une tribu esquimau pour une saison de pêche et de chasse. On fait connaissance avec quelques humains remarquables, on se laisse impressionner par la découverte de leurs techniques et même, parfois, par le respect qu'il peuvent montrer pour les êtres qu'ils tuent.

Réussirait-on à vivre comme ils ont vécu ?



Surtout, on s'attache à Miniok l'ancêtre encore forte malgré les ans passés, autant qu'à Manik son petit-fils qui promet d'être un chasseur efficace.

Miniok et Manik acceptent de rester sur une île pour garder et conditionner avant l'hiver l'abondante provision de viande et de poisson que la tribu a amassée en quelques semaines, pendant que le reste des hommes va préparer l'hivernage sur le rivage.

Pour la vieille femme et l'enfant commence une aventure immobile, et quand la glace aura pris leur monde viendra le temps d'un dernier voyage, dont la fin est aussi poignante que magnifique.



Mais qui sommes-nous donc, nous les hommes, pour nous être à ce point éloignés de l'essentiel ?

Oui, J.Riel nous fait un magnifique récit de vie et de mort, pétri d'humanité fondamentale, à des lieues et des lieues de nos artifices contemporains.

Essentiel, je le répète.
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La maison des célibataires

Dans la série des racontars arctiques.

Alors voilà, je vais rédiger ma chronique de la manière dont Jorn Riel intitule les chapitres de ce petit bouquin.



Où l’on est transporté dans le fjord d’Amélie au Groenland auprès de cinq célibataires qui ont investi l’ancienne batisse de la mission.



Où l’on se rend compte que si l’un d’entre eux, Kernatoq se met à prendre un bain, c’est qu’il y a anguille sous roche et même baleine sous caillou.



Où l’on comprend que la réputation de la veuve Bandita, éleveuse de moutons n’est pas surfaite, elle qui a tué son mari un soir de fugue et dont les biceps ont paraît-il une force prodigieuse.



Où l’on comprend la motivation de Kenatorq pour épouser la veuve Bandita et celle de ses acolytes pour l’en empêcher.



Comme nous le dit l’auteur à la fin : « Un racontar, c'est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. A moins que ce ne soit l'inverse ? ».



Un bon moment de lecture, un peu bref mais très rafraichissant en ces temps de canicule.



Challenge Multi-Défis 2023.

Challenge Riquiqui 2023.
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La vierge froide et autres racontars

On découvre dans ce livre des récits proches de légendes que l'on se passe oralement le soir, au fond d'un refuge et de l'Artique .

Des histoires groenlandaises loufoques et oniriques de personnages comme échoués sur la banquise qui nous en apprennent plus sur la vie et les coutumes de cette très grosse île.

Drôle et déroutant...original

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Le jour avant le lendemain

Groenland début vingtième siècle, abandonnés sur une petite île, une grand-mère et son petit fils vont tenter de survivre à l'hiver.



Cette histoire a le mérite de relater les mœurs des Groenlandais avant la rencontre de l'homme blanc, quoique assez gore (On tue ceux qui gênent, on enlève les filles quitte à se battre contre ses frères et on la ramène le lendemain, fière d'avoir été enlevée mais boitant car l'homme lui a lacéré les pieds pour ne pas qu'elle s'enfuie...)



En privilégiant ce côté gore, je pense que l'auteur enlève de la crédibilité à l'histoire et appauvrit le contenu sentimental.

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Le jour avant le lendemain

J'ai beaucoup aimé, ce voyage dans le temps, dans l'espace et dans les cultures.

J'ai découvert au travers des souvenirs d'une vieille femme, ce qu'avait été la culture Inuit et comment elle évoluait, certainement au 19ème siècle.

J'ai découvert les croyances et les traditions.

J'ai découvert la difficulté de cette vie, et la résilience permanente de ce peuple pour pouvoir aller de l'avant.

J'ai déjà été surprise une première fois quelques chapitre avant la fin. Parce que je m'étais bien attachée à cette femme et son petit fils. Et leur situation me rendait triste.

Et il y a ce dernier chapitre. Je ne m'attendais pas à ça.

C'est court, mais très rude.

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La vierge froide et autres racontars

Je m'attendais à lire un recueil de nouvelles, et au final ce n'est pas exactement ça, même si chacun des chapitres pourrait en effet être qualifié de nouvelle. En fait, au fil des pages, ce sont toujours les mêmes personnages qui reviennent, Valfred, Anton, Herbert, Lodvig, Mads Madsen... Tous chasseurs, qui alternent périodes solitaires et périodes de visites.



C'est dépaysant et très drôle !



Dans le premier chapitre/nouvelle, on voit Valfred aider Anton à surmonter le manque de femmes, avec une méthode quelque peu originale, il faut le dire ! Ensuite, on trouvera Herbert avec Alexandre, son coq de compagnie, puis Herbert qui visite Lodvig et le trouve la tête dans le four, sans que cela ne l'émeuve plus que cela !!! Mads Madsen qui saute une saison pour ne pas travailler avec un adjoint qu'il ne sent pas et aura une surprise rigolote au retour, le Comte, cultivateur de patates et de seigle qui manquera de se faire enterrer vivant... Et que dire du sort réservé au lieutenant Hensen, disposé à transformer nos chasseurs en soldats ? Ou de ce pauvre Niels et son cochon ? C'est le dernier chapitre, l'histoire du cochon, et il est triste et drôle à la fois, c'est à dire que dans la solitude et la nuit, l'esprit vacille parfois bien étrangement ! La seule section que je n'ai pas trop aimée, c'est justement celle qui donne son titre au livre, la Vierge froide. Je ne l'ai pas trouvée crédible, ni drôle, je pense qu'il doit me manquer des références culturelles et que quelque chose m'aura échappé, à vrai dire !



En tous cas, je sors enchantée de mon périple en Arctique !!!
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Le chant pour celui qui désire vivre, tome 2 ..

Énorme coup de coeur pour ce roman, qui au travers de l'épopée d'Arluk, nous fait voyager au Groenland avec les inuits.



C'est une histoire passionnante, pleine d'humanité, pleine de légendes aussi, qui nous fait découvrir le mode de vie de ce peuple.



Je n'aurais pas assez de superlatifs pour décrire ce roman, juste, je ne peux que vous conseiller de le lire.



Waouh !
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La vierge froide et autres racontars

Jorn Riel. La vierge froide et autres racontars. 1974. Ed. 10/18. Collection Domaine Etranger. 1993. 159 p. 5 étoiles.

Traduction de Susanne Juul et Bernard Saint Bonnet (c’est important une bonne traduction alors j’ai décidé de faire honneur aux éditeurs qui confient encore une traduction à des humain plutôt qu’à des intelligences artificielles…(Intelligences ?... Il faut le dire vite).

C’est en prenant ma cuillère de Chyawanprash matinale (accompagnée d’une grande tasse d’eau chaude) que je m’apprête à écrire ce petit mot.

Sur l’auteur : Jorn Riel est un grand auteur par le talent, très connu…au Danemark. https://www.babelio.com/auteur/Jorn-Riel/5032

Extrait wiki :

« Jørn Riel s'est engagé en 1950 dans une expédition scientifique (Lauge koche) pour le nord-est du Groenland, où il passera seize années, notamment sur une base d'étude de l'île d'Ella1.

De ce séjour, il tirera le versant arctique de son œuvre littéraire, dont la dizaine de volumes humoristiques des Racontars arctiques, ou la trilogie Le Chant pour celui qui désire vivre. Dans ces romans, dédiés à son ami Paul-Émile Victor, Jørn Riel s'attache à raconter la vie des populations du Groenland, explorateurs et chasseurs du Nord-Est groenlandais ou des habitants Inuit1.

Il reçoit en 2010 le Grand Prix de l'Académie danoise pour l'ensemble de son œuvre ».

Il a aujourd’hui 92 ans. Comme quoi, le froid conserve…

La critique : elle sera rapide.

De petite histoire en petit racontar, ce petit ouvrage tiré de cas vécu a fini par me toucher profondément. J’ai lu avec l’appli « google earth » à côté de moi pour visualiser les zones habitées.

Cette contrée « appartenait aux peuples esquimaux qui l’habitaient depuis des milliers d’années et qui donc avaient développés une tradition solide, un mode de vie extrêmement adapté à l’environnement mortel.

Les blancs, eux n’y sont pas adaptés. Ils y sont arrivés récemment (quelques centaines d’années). Arrivés car vous comprendrez après la lecture que manifestement et par « manque d’occasion », ce n’est pas un endroit pour y faire des enfants.

Pour vivre toute sa vie dans le grand nord, il faut vraiment avoir quelque chose d’incroyablement spécial..., de rude, d’humainement « essentiel ». Et d’un peu dérangé aussi. De dingue. A pleurer et en même temps c’est beau. Je ne sais pas mieux l’exprimer, il faut le lire.

Le genre de récit que vous n’oubliez jamais (il y en a comme cela des tonnes dans notre tête : il suffit d’un fil et voilà le cadre, quelques bribes d’histoire et surgissent les bonnes émotions : le miracle du livre).

C’est un ovni. En fait je me rends compte que ces peuples « blancs » colonisateurs du nord-nord sont des martiens, drôles, touchants dans leur solitude, et que leur mental, donc leur perception de la « réalité », leurs pensées, leurs actions sont modelée par…le froid.

Je commence à aimer la littérature des pays nordiques et j’envisage d’en lire davantage.

J’ai aimé plusieurs séries TV dont Vikings, Meurtres à Sandham, les enquêtes de Dan Sommerdhal, mais surtout, complètement déjantée, la série policière / humour noir « Post mortem : personne ne meurt à Skarnes ». Extrait : https://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=29698.html.

Une dernière observation, j’aime la montagne et le froid me dérange moins que les grandes chaleurs. Mais si vous détestez le froid, ne lisez pas ce livre…ou alors par sadisme envers les humains qui « vivent » dans le grand nord…Pauvres types. Mais cela fait des histoires incroyables…et Jorn Riel en a encore quelques autres à nous raconter.

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