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Critiques de Joy Sorman (318)
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À la folie

Joy Sorman a passé une année au plus près des fous, chaque mercredi à l’unité 4B d’un hôpital psychiatrique. Ce livre est formidable car Joy, avec beaucoup de bienveillance et d’empathie, humanise toutes les folies, du schizophrène au mélancolique, elle s’attarde à comprendre les profondeurs d’un royaume parallèle. Oui la folie est un royaume car pour Franck, Maria, Jessica et les autres, la folie est un rempart à la réalité qui pour certains êtres fragiles ou fragilisés se montre glaçante et douloureuse. Joy Sorman nous parle de ces êtres aux identités troubles, ces marginaux incapables de vivre dans notre société où la règle première est : la normalité. À la folie renverse les vérités, les préjugés abscons.



« Quand je lui demande qui est fou, le médecin répond le fou est celui qui se prend la réalité en pleine gueule. »



Tout est fluide dans ce livre, visuel aussi avec des scènes qui permettent de visualiser les réflexions émotionnelles et philosophiques de Joy. Un livre pertinent à tous points de vue et qui par moment, déculpabilise d’être défaillant. De nombreux passages font sens, sont parfois douloureux car pour certains, il est de meilleur augure d’être bipolaire que dépressif, schizophrène que mélancolique.



Folie passagère, folie chronique, souffrance ou folie créatrice, ces 274 pages, on les pleure et on les aime à la folie. Tout le monde n’a pas la chance d’être heureux, d’avoir grandi dans du satin, la vie est parfois bien cruelle et certains ne s’en relèveront pas.



Merci Joy d’avoir écouté ces fous, ces malheureux, de les avoir un peu compris, d’avoir eu du cœur quand chimie et temps sont souvent bien insuffisants.
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Sciences de la vie

J’étais content de lire à nouveau Joy Sorman, grâce à Lecteurs.com et aux éditions du Seuil que je remercie. J’avais apprécié La peau de l’ours. Là, elle m’a embarqué dans Sciences de la vie, une histoire de corps, de peau, de folie et de tatouage assez extraordinaire.

Au départ, j’ai retrouvé l’histoire contée par Jean Teulé dans Entrez dans la danse, avec Marie Lacaze qui, le 14 juillet 1518, à Strasbourg, fut la première possédée par une folle envie irrépressible de danser.

C’est Esther Moise, la mère de Ninon qui raconte cela à sa fille car elle tient à jour une histoire familiale rappelant la malédiction frappant chaque fille aînée. Ainsi, alors que je vais suivre Ninon Moise entre dix-sept et un peu plus de vingt ans, lui reviennent en mémoire l’histoire de Cécile Quigne, victime de crises inexpliquées dans les années vingt. Puis voici Brune Clamart, toxicomane suite à un mal de dos et plusieurs autres encore. Esther croit bien faire en racontant ces maladies qui duraient quelques années avant de disparaître sans laisser de séquelles la plupart du temps.

Ninon s’attend à quelque chose, appréhende mais quoi ? Ce n’est qu’à dix-sept ans, alors qu’elle est en terminale au Lycée Jules Ferry, à Paris, qu’au matin du dimanche 19 janvier, une fièvre la surprend avec aussitôt une sensation de brûlure sur les bras. Or, aucune trace visible n’apparaît. Elle souffre horriblement. Le moindre contact d’un tissu le plus léger devient insupportable.

Alors, commence la ronde des soignants, médecins impuissants, analyses normales. Radios, IRM, scanner ne donnent rien. Ninon cherche sur internet, trouve plus d’un millier de maladies cutanées. C’est une dermatologue qui trouve la dénomination exacte : allodynie tactile dynamique, mais sans trouver de remède. Ninon essaie tous les médicaments possibles, s’isole, dépérit, vieillit prématurément.

Elle consulte tout ce qu’elle peut : dermatologue, neurologue, ostéopathe, acupuncteur, mésothérapeute, kinésithérapeute, gastroentérologue, masseur, hypnotiseur, allergologue, homéopathe… et inquiète sérieusement la Sécurité sociale…

J’avoue avoir souffert avec Ninon au cours de ma lecture. J’ai espéré à chaque fois, un peu comme elle. Une psychiatre semblait sur la bonne voie comme ce chamane puis ce guérisseur exerçant en forêt de Fontainebleau.

Sciences de la vie, titre assez mystérieux, va au bout des solutions médicales pour tenter de soigner un mal inexplicable avant de déboucher enfin sur une issue assez semblable à ce qu’ont vécu, avant Ninon, les filles aînées de sa famille.

Pour réussir à dominer sa peau qui l’a tant fait souffrir, Ninon se lance enfin dans le tatouage, une technique que Joy Sorman semble parfaitement connaître et qu’elle m’a fait partager avec beaucoup de délicatesse et de tact pour conclure un roman complètement original, hors des sentiers battus.


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Seyvoz

Deux temporalités alternent dans ce roman. Il y a le présent qui s'appuie sur la fiction, à la lisière du fantastique, avec un ingénieur mandaté pour vérifier les installations du barrage de Seyvoz et des retours dans le passé, dans les années cinquante, avec la construction de ce barrage hydroélectrique au beau milieu des montagnes alpines, au moment où la France sort de la Seconde Guerre mondiale, et où les besoins en énergie sont immenses. Sauf que l'édification de ce barrage a entraîné la création d'un lac artificiel et englouti le village installé là.

Depuis Paris, Tomi Motz est envoyé à Seyvoz pour une mission concernant la maintenance des installations. Lorsqu'il arrive au barrage où il a rendez-vous avec un certain Brissogne, le responsable de la maintenance, personne n'est là. de plus, des choses bizarres comme son téléphone qui ne capte rien alors qu'il se trouve sur le plus important site producteur d'électricité de la nation. La centrale électrique de Seyvoz serait donc une poche de territoire sans couverture réseau, une zone blanche… Étrange ! Étrange également cette Clio rouge dont la conductrice qui, après lui avoir délivré un message, s'enfuit, tout comme est bizarre l'hôtel où il est descendu.

Pendant quatre jours, cet ingénieur solitaire, mu par une sorte d'attraction incontrôlable, va donc arpenter la zone avec la sensation d'être prisonnier d'un champ magnétique étanche, sa mission perturbée par une série de troubles sensoriels et psychiques faisant naître chez lui des visions étranges. le réel se dérobe autour de lui et tout vacille jusqu'à sa propre raison…

Ce récit est entrecoupé de bribes du passé avec notamment l'engloutissement de ce village aux habitants peu convaincus de la pertinence de leur sacrifice.

Si j'ai été un peu moins réceptive au présent assez fantasmé, j'ai beaucoup apprécié les retours dans le passé et le rappel de cette construction du barrage de Seyvoz – barrage de Tignes en Savoie, dans la réalité.

La description du village, de la vallée et de ses habitants dans les années cinquante est particulièrement réussie et rend parfaitement compte du séisme que cela a été pour eux de devoir abandonner leur lieu de vie. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tenté de résister !

On assiste vraiment à un combat inégal, le pot de fer contre le pot de terre, et, en avril 1952, les derniers habitants doivent quitter leur village ; ayant décidé, pour garder un lien avec l'histoire, de reproduire l'ancienne église à l'identique, ils procèdent alors à l'évacuation de leur église.

Difficile de ne pas être saisi lors de l'exhumation du cimetière à quelques jours de l'engloutissement, et en phase avec ces villageois outrés que l'on vienne déterrer leurs morts.

Une évacuation particulièrement violente marque les esprits d'alors et ce jusqu'à nos jours.

Quant au barrage lui-même, le plus haut d'Europe à l'époque, Maylis de Kerangal et Joy Sorman, racontent avec précision la construction de cet ouvrage pharaonique, l'appel à main d'oeuvre et les conditions de travail dantesques, sans oublier ceux qui ont y ont laissé leur peau, certains, avalés par ce mur gigantesque, les comparant à ces habitants de Pompéi, « ces vies solidifiées qui ne redeviendront jamais poussière. »

Elles n'omettent pas de signaler que les dangereuses conditions de travail et la volonté de faire vite ont coûté la vie à 52 ouvriers.

Le barrage fermant désormais leur vallée et allant être mis en eau, noyant leur village et leurs pâturages, c'est avec beaucoup de tristesse qu'on assiste impuissants, aux côtés des villageois au dynamitage de leurs maisons et à leur violente évacuation.

Seyvoz, bien qu'écrit par deux auteures, Maylis de Kerandal et Joy Sorman, est un roman singulier car elles ont su unir leurs voix et leur talent pour créer un roman richement documenté, d'une grande sensibilité, mélangeant savamment réel et imaginaire, ce dernier pouvant parfois prendre le pas sur la réalité.

C'est à la suite d'une proposition faite par le collectif d'auteurs, Inculte, dont la marque de fabrique est le livre collectif, que nos deux écrivaines ont relevé le défi d'écrire à quatre mains : un défi que je qualifierais de particulièrement réussi !


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Seyvoz

Petit roman sans vraiment de début et encore moins de fin. Il m'a laissé l'impression que rien n'était abouti dans cette écriture à deux mains et les errements de l'ingénieur chargé de réaliser des contrôles sur un barrage gigantesque ne m'ont vraiment pas emporté.



Il erre durant trois journées et nuits interminables pour lui, ce pauvre garçon, il est sans doute victime d'hallucinations nocturnes et diurnes mais le fantastique qui veut rejoindre une réalité diffuse ne favorise pas une accroche solide à ses préoccupations.



Les quelques rencontres qu'il réalise demeurent vides à la fois de sens et de densité. Il reste l'ambiance de montagne qui aurait pu être rendue par une écriture plus percutante.



Pour moi, le seul intérêt a résidé dans l'histoire vécue par les habitants lors de la destruction de leur village pour la mise en eau du barrage et l'épisode sur les cloches peut être assez prenant.



Pour le reste, c'est donc plutôt une déception d'autant que j'ai apprécié dans d'autres textes l'écriture de Joy Sorman et de Maylis de Kerangal.
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À la folie

Joy Sorman fait une sorte de reportage en immersion dans le pavillon 4B d'un hôpital psychiatrique. Nous faisons connaissance avec les patients aussi bien qu'avec leurs soignants. Tous ont droit à un portrait détaillé brossé avec finesse. ● Joy Sorman nous communique aussi les réflexions que ce séjour lui a inspirées et s'interroge sur la notion de folie, sur ses rapports avec la pauvreté notamment. Elle suggère le concept de « prisonniers sociaux » pour désigner les patients, qui sont là moins pour guérir que pour ne pas nuire à la société. Ainsi, «[l]a santé mentale c'est jouer le jeu de la vie en société». ● Elle insiste sur la différence entre les directives administratives, toujours plus nombreuses et contraignantes, souvent déconcertantes et parfois ubuesques, qui s'adressent à une masse indifférenciée de patients, et sur le vrai soin qui devrait s'individualiser pour chaque patient en tenant compte de ses spécificités propres. «Si on dit les migrants, si on dit les fous, si on n'envisage plus que des groupes, des masses, comment être empathique, bienveillant ? Pas d'individu, pas d'affect. On n'aime que les êtres. C'est tellement plus facile de tuer cinq cents personnes qu'une seule.» ● Un livre très intéressant à la lecture aisée.
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La peau de l'ours

Très honnêtement, si l'auteure n'était pas été l'invitée de la seule et unique librairie de ma ville (eh oui, pauvre de moi !) et surtout, si elle ne l'était pas également pour le prochain club-lecture auquel j'appartiens pour le mois d'octobre, je crois que je n'aurais probablement jamais ouvert l'un de ses livres.

L'histoire est assez loufoque puisqu'il s'agit de l'accouplement d'un ours avec une jeune femme qu'il a retenue captive pendant des mois dans sa grotte et de cet union contre nature naquit un enfant. Mi-homme-mi-bête, n'ayant pas de place dans la société des hommes, celui-ci sera traité en curiosité, embarqué par un montreur d'ours puis dans un cirque, traversant les océans et j'en passe...



Tirant parfois plus d'un documentaire animalier ou d'un comte plus que d'un roman, j'avoue ne pas avoir particulièrement été convaincue par cette lecture. De très belles phrases sur les sentiments que ressent cet homme enfermé dans une carapace qui n'est pas la sienne, des douleurs, des souffrances et trop rarement des joies...voilà de quoi nous faire méditer sur ce que peuvent ressentir tous les animaux que nous parquons dans des zoos ! A découvrir, pour les plus curieux !
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Seyvoz

Un barrage contre l'oubli



Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont uni leurs plumes pour raconter l'histoire du village englouti par l'édification du barrage de Tignes. Sur les pas d'un ingénieur arrivé pour la maintenance, on va découvrir l’esprit du lieu.



Quand Tomi Motz, après une longue route depuis Paris, arrive au barrage de Seyvoz, il a la désagréable surprise d'apprendre que Brissogne, qui l'a convoqué, ne viendra finalement pas. Résigné, l'ingénieur gagne l'hôtel d'Abondance où une chambre lui a été réservée. Après avoir regardé quelques épisodes d'une série, il s'endort du sommeil des justes.

C'est à ce moment que Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont choisi d'insérer dans leur roman, avec une couleur d'encre différente, la chronique du temps passé, lorsque Seyvoz était encore un village de montagne. On pourra ainsi, au fil du récit découvrir l'histoire de Seyvoz, au moment où les habitants apprennent qu'ils n'ont plus que quelques jours à passer dans le village avant que ce dernier ne soit englouti sous les eaux de retenue du barrage. Le temps de célébrer un dernier mariage et les trois cloches de l'église de Notre-Dame-des-Neiges seront déposées. On ira même, suite à des débats enflammés, déterrer les morts du cimetière et leur offrir une nouvelle sépulture à quelques kilomètres de là. «Comme le garde champêtre refusait de le faire, c’est Beaumichel qui a donné lecture de l’ordre du préfet: abandon du cimetière de Seyvoz, exhumation, transfert et inhumation des corps dans le cimetière nouvellement ouvert du hameau du Ruz, autour de l'église que l’on finissait de bâtir, un fac-similé de Notre-Dame-des-Neiges dont les habitants de Seyvoz haïssaient l’idée, jurant qu’ils n'y foutraient pas les pieds.»

Tout aussi fort en émotions, on suivra l'un des immigrés venu prêter main forte à l'édification de cet édifice monstrueux. Joaquim ne rentrera jamais dans son Portugal natal ou encore le vain combat de la dernière poignée de résistants opposés à la destruction de leur village.

À son réveil, Tomi entend retrouver Brissogne, lui dire son fait, assurer sa mission de contrôle des installations et rentrer à Paris. Mais son programme va à nouveau être perturbé. D'abord parce que Brissogne reste introuvable, ensuite parce qu'un grésillement bizarre émane d'une partie du barrage, enfin parce que Tomi a quelques problèmes de santé. Il n'a alors d'autre choix que de passer une nouvelle nuit dans hôtel qui affiche complet, bien qu'il ne croise personne dans l'établissement.

Le troisième jour va encore lui réserver quelques surprises que je vous laisse le plaisir de découvrir, à la frontière du voyage initiatique et du fantastique.

Les deux autrices ont habilement su mêler leurs plumes – elles ont parfois rédigé ensemble et se sont aussi répartis certains chapitres sans que l’on puisse attribuer le texte à l’une ou à l’autre – pour nous offrir différentes entrées, manières d'appréhender ce mur de béton qui depuis plus d'un demi-siècle barre la vallée de ses 180 m de haut et ses 300 m de long. En faisant revivre les habitants du village qui, au début des années cinquante, ont dû tout abandonner devant l'inexorable montée des eaux, en nous entrainant dans la vallée et même dans le lac à l'occasion d'une plongée mémorable dans les 240 millions de mètres cubes d'eau, on découvre combien ce lieu est chargé d'un esprit très particulier. Et nous donne l'envie d'une escapade dans les Alpes.




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Comme une bête

Bon, décidément, avant moi, ça passe mal. Je sais que je vais rencontrer cette auteur prochainement et c'est la raison pour laquelle je me suis efforcée, tant bine que mal, de lire les trois ouvrages disponibles à la médiathèque de ma ville mais en vain. Je ne remets absolument pas en cause la qualité d'écriture de cette dernière car il est indéniable qu'elle a vraisemblablement beaucoup de talent mais ce sont plutôt les sujets qu'elle aborde dans ses romans qui me troublent et me dérangent, me mettant bien souvent mal à l'aise.



Pim est un jeune adolescent, à l'allure svelte et aux longues mains mais c'est décidé, il va commencer un CAP boucher. Rien ne le prédisposait à s'engager sur cette voie, de par sa morphologie frêle et fragile mais non seulement Pim va réussi son CAP haut la main mais va également devenir un maître dans l'art de la boucherie. Et, qui plus est, il va adorer ça...à tel point qu'il aura envie d'aller encore plus loin. Ce que Pim souhaite, c'est sentir les bêtes, ne fait qu'un avec elles et les abattre lui-même, non pas dans un abattoir mais revenir aux prémices de l'ère où les hommes abattaient eux-mêmes leurs bêtes, sans passer par quelque machine que ce soit ni sans avoir affaire avec le boucher du coin. Pim voit grand mais jusqu'où va-t-il pouvoir pousser son envie de voir le sang couler entre ses doigts ? Va-t-il pouvoir s'arrêter sans outrepasser les règles que nous imposent la société ?



Un ouvrage bien écrit, il est vrai, qui se lit très rapidement mais dans lequel je n'ai malheureusement pas trouvé l'intérêt qu'a voulu transmettre Joy Sorman à ses lecteurs. Je ne l'ai pas comprise et c'est la raison pour laquelle je ne peux que vous inciter à découvrir cet ouvrage par vous-mêmes et découvrir là où, moi, j'ai raté le coche !
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Seyvoz

Tomi Motz est dépêché à Seyvoz par l’entreprise qui l’emploie pour un problème de maintenance : des anomalies ont été détectées dans les installations du barrage. Arrivé sur les lieux, personne. Il tente de joindre quelqu’un au téléphone, pas de réseau. La personne avec laquelle il avait rendez-vous n’a pas pu venir lui dit une rousse en Clio rouge sans même prendre la peine de descendre de sa voiture. Et elle s’en va, le laissant là. Il saute dans sa vieille Passat et tente de la rattraper. Il la suit bien un moment, mais la voiture disparaît. Il se rend alors à l’hôtel, personne. Il trouve un post-it avec son nom, le numéro de sa chambre et le code wifi, mais ne voit personne… Tout cela est bien intrigant et un peu inquiétant !

***

Ce roman à quatre mains, écrit par Maylis de Kerangal et Joy Sorman, se divise en quatre jours qui se déroulent sur deux axes temporels : le présent (police de caractères noire et narrateur à la troisième personne) et le passé (police de caractères bleue et narrateur à la première personne). Au présent, les événements deviennent de plus en plus étranges au fil des jours. Le peu de gens que Tomi rencontre brièvement sont incapables de l’aider. Ni le stagiaire, ni la patronne de l’hôtel, ni le vendeur de charcuterie ne pourront répondre à ses questions. Il reste seul, sans aide, et presque toujours sans réseau. Il sent l’angoisse monter, amplifiée par le manque de nicotine. Au passé, c’est le drame, bien réel. Au début des années cinquante, les habitants de Seyvoz doivent quitter leur village puisqu’il sera prochainement englouti sous un lac artificiel créé par le barrage en construction, puis sur le point d’être mis en eau. Si certains s’en vont sans trop rechigner, d’autres décident de résister tout en étant conscients que la partie est déjà jouée et que les dés étaient pipés…

***

Au présent, l’intrusion du fantastique vient brouiller les perceptions de Tomi comme celles du lecteur grâce à des images et des symboles qui font douter des frontières entre réel et irrationnel. La conscience de l’environnement se modifie. On bascule dans un monde instable où tout apparaît mouvant. Seul un intense sentiment de solitude persiste. Au passé, on vit avec les hommes venus construire le barrage (lourd tribut : 52 morts). Et le désespoir perceptible des expropriés, leur frustration et leur colère, leur amère résignation se transmettent au lecteur. L’Éducation sentimentale accompagne Tomi et lui apporte de temps en temps un peu de réconfort, mais trop brièvement pour lui permettre de reprendre pied. Un bref et beau roman, une écriture maîtrisée et assez homogène pour que je n’identifie pas la patte de chaque autrice, bien que je sois tentée d’attribuer les parties les plus techniques à Maylis de Kerangal, forcément. Je n’ai pas deviné qui était le narrateur à la première personne…

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Boys, boys, boys

Bof, je reste méditative suite à cette lecture, ne sachant pas trop si j'ai vraiment adoré ou complètement détesté alors je vais donc dire que je me situe entre les deux. Devant prochainement rencontrer cette auteure lors du prochain club-lecture organisée par ma vile au mois d'octobre, j'ai donc décidé de lire tous les livres que cette dernière a écrit jusqu'à présent.



Ici, il est question de féminisme (en opposition au titre qui pourrait laisser supposer le contraire). La narratrice est une femme des années '70 et fière de l'être. Elle arrive sur ses trente ans lorsqu'elle décide qu'elle ne veut pas être ce que son corps lui indique d'être, à savoir une gentille jeune femme qui a des goûts de femmes et tout ce qui va avec. Non, elle, ce qu'elle veut, c'est s'intégrer dans la peau d'un mec, un vrai. Faire la fête toute la nuit, boire, danser mais surtout parler. Parler de quoi ? Eh bien justement, non pas du régime qu'elle envisage de faire avant l'été mais de politique, de questions de société et de sport aussi...un vrai mec quoi. C'est d'ailleurs la raison elle traîne tout le temps avec quatre hommes et tente de se faire accepter dans leur bande, non pas pour se faire draguer mais pour être Virile...



Un ouvrage court, qui se lit très vite mais avec des phrases qui partent parfois un peu dans tous les sens et qui n'en finissent pas. Une écriture hachée mais avec cependant quelques bons sujets de réflexion à la clé. A découvrir pour les plus curieux !
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À la folie

Ni anthropologue, ni touriste,.. mais en ce lieu : voyageuse et journaliste.

Une frontière : celle que la société érige entre un monde normé, normatif, et cet autre monde, une terre inconnue, la folie. Mais qu'est ce que la folie lorsqu'elle est isolée, incarcérée, contenue dans une camisole chimique.Confinée. Une île singulière. faite de singuliers, un aggloméra de singularités, qui forme pour le monde de l'entour un pluriel devenu pour l'imaginaire collectif une entité : l'hôpital psychiatrique. Une trop simple unité.

Voyage, jour de bord d'une actualité. Ni une descente, ni une entrée en enfer. Juste une écoute, un regard. Que se passe-t-il derrière ces grilles, ces portes, ces fenêtres ?

Privation de la liberté d'être fous pour les uns, privations de moyens d'exercer pour les autres. Gardés, gardiens. Peur, danger, abyme, vertige, espace, questionnement, doute.

Le malheur est-il le facteur déclenchant de la folie, ou la folie engendre-t- elle le malheur ?

Qui de l'oeuf ou de la poule ? Causes et conséquences se livrent entre les murs une bataille parfois délirante.

La psychiatrie si elle n'est pas vérité, et elle ne l'est pas, n'est donc pas une science, Et peut-on dire d'une science qu'elle est vérité ?...Il faudrait être un savant fou pour croire qu'une science soit toute vérité. Une science est une recherche de vérité. Constante recherche de preuves.

Reportons nous à l'analyse de Jean-Noël HALLET ( Science et vérité), biologiste :

« La recherche scientifique apporte chaque jour son lot de découvertes sur la nature de l'univers et sur les mécanismes de la vie. Elle ne prétend pas à l'établissement d'une vérité définitive mais le fait scientifique est digne de confiance. Parce qu'il a été démontré par une méthode rigoureuse d'exploration du monde physique basée sur la preuve expérimentale et la réfutabilité, il se distingue des opinions et des croyances qui ne lui sont pas opposables. Il convient de le réaffirmer à l'ère de la post-vérité et des fake news. Mais il convient aussi de garantir que l'expertise scientifique soit indépendante et à l'abri des conflits d'intérêt. » .

Entre les murs, nulle vérité. Si ce n'est le constat d'une souffrance... sufferre « supporter ». sufferentia.. « action de supporter; résignation; attente patiente »

Alors quel est aujourd'hui cette mise en souffrance de la psychiatrie ?

Si être fou ce n'est pas être malade, alors que font les fous à l'hôpital ?.. Prévention ? Sauvegarde ? Rétention ? ...En ces lieux la folie trouve asile. « asylum », refuge.

Qui sont ces « prisonniers sociaux » ?

Une représentation condensée, exacerbée du monde extérieur ? le miroir de toutes nos peurs.

Psychoses, névroses. Peur de décrocher,de dévisser, de tomber, de glisser, de plonger, de ne pas convenir, de ne pas intégrer…



On efface la folie de la rue, comme on efface les mendiants, le handicap, la vieillesse, comme on chasse les virus on hygiéniste tout. Ne pas être contaminé par la folie. On enferme, si il le faut, on si on le doit : on dénonce. Qui décide, qui prononce, qui juge ? Quelle est la solidité des garde-fous que nous établissons aux fenêtres, aux portes de notre société ?

Plus de déraisonnable. Qu'est ce que perdre la raison ? Un drame ? Une échappée ? Un acte de survie ? Qui la perd, qui la retrouve, la raison des uns ne fait-il pas souvent le désespoir des autres ?

Allez, à la folie. Rendez-vous entre les pages de ce journal. Il vous fera comprendre la réalité d'une institution en souffrance, comme l'est l'ensemble du milieu hospitalier aujourd'hui. Comme l'est tout notre système de santé. Ceci de concerne pas que les fous, mais nous regardent toutes et tous.

Nous concernent. concernere « mélanger, mêler, unir ». Dissocier pour ne pas associer….

Associer cette folie à ce qui se vit, se joue en chacun de nous, et en l'ensemble de tous.

L'histoire de la folie, de la tolérance que nous manifestons à son égard , l'espace que nous lui concédons, la nécessité ou le danger que nous lui reconnaissons, c'est là l'histoire d'une société. La marge corrige. La marge ajoute, précise. Que devient un monde sans marge ? Qui sont celles et sont qui sont mis à la marge, cette marge qui tend à disparaître.

Pas de vérité, mais une multitude de possibles, une foule de questions.

Le sens de la parole, la nécessité du silence, la charge et la décharge des mots.

Miracle...hallucination...prophétie...délire…à chaque époque ses croyances….



Le geste, le regard, le corps, les émotions, les colères, la détresse, la douleur.



Pas de vérité, dans un monde qui oscille, qui tempête, qui murmure, qui rugit, qui tord les mots, les aiguisent, les éclatent, les révèlent. Pas de vérité dans une totale humanité.

Pas de vérité dans ce monde sismique à qui l'on demande de produire un tracé droit, une ligne plate.

Très belles pages de Joy Sorman, qui en nous invitant à nous déplacer nous placent.

C'est une des plus grande vertu de la littérature. La littérature n'est pas là pour détendre, aplanir, faire du tendre, du joli, faire de l'explicatif. La littérature est peinture. Elle nous replace. Face à l'obscurité, face à la lumière, face aux silences, face à la profondeur, ou à l'effacement des distances, face à ce qui nous formulons et à la nudité de la réalité, aussi belle et/ou épouvantable soit elle.

Être journaliste c'est écrire un journal.

Et lorsqu'un journal a la qualité de cet écrit, on parle de littérature.

Comme Kessel en son temps. Comme Duras. Comme Angela Carter . Comme Florence Aubenas. Comme Albert Camus.

On voudrait avoir plus de Kessel, de Duras, d'Aubenas, de Carter, de Camus, ou de Sorman dans les journaux quotidiens.

Mais pour notre bonheur, il y a les livres. Toujours. Encore. Cet essentiel.

Lisez « à la folie », c'est une invitation.

Un regard d'une brûlante actualité.

Ce qui est convenable aujourd'hui sera-t-il encore concevable demain ?

Qui peut se dire gardien de toutes nos certitudes ?...

"​Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux". Marcel Proust.

Astrid Shriqui Garain

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L'inhabitable



Après avoir beaucoup apprécié, de ce même auteure, et dans cette même coédition (Arbalète/ Gallimard) son autre enquête sur le terrain, concernant une grande gare parisienne, la "Gare du Nord", ses observations au fil des jours et des mois, des habitués de la Gare du Nord... lieu de transition, de passage où toutes les classes sociales se croisent... Je me suis plongée dans cette nouvelle observation acérée...au regard lucide et bienveillant.



Là, il s'agit d'une autre enquête sur le terrain, plus délicate et dramatique humainement...

Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée d'une enquête de terrain sur les immeubles insalubres de Paris, réalisée en 2010, publiée en 2011 aux éditions Alternatives, en coédition avec le Pavillon de l'Arsenal, il était accompagné d'un texte de l'architecte, Eric Lapierre...et de photographies de Jean-Claude Pattacini.



Joe Sorman, cinq années plus tard, est repassée voir les mêmes immeubles insalubres dans les mêmes quartiers qu'elle avait déjà visités, afin de constater et de s'enquérir des changements survenus... les résultats ne sont pas follement égayants ou encourageants...



Cette enquête est d'autant plus prenante et bouleversante... qu'il est aussi douloureusement question du "relogement"... que les personnes en état de précarité appréhendent au plus haut point, dont ils reculent l'échéance quand elle se présente, car elle signifie la fin d'une vie d'entraide, de camaraderie... qui reste un trésor inestimable... et qu'ils ne retrouveront sans doute pas dans un logement enfin salubre, et accueillant...



"Ces deux-là se sont décidés frères et ne veulent pas être séparés. La perspective d'un relogement les inquiète. Comme les 173 autres locataires ils vivent ici en communauté, prennent le café ensemble, jouent aux cartes, se font les courses, s'offrent du tabac à rouler pour les anniversaires, réparent la porte du voisin. (...)

Etre relogé c'est vivre séparé de cette fratrie instituée dans la crasse et l'humidité. Etre relogé c'est boire son café tout seul. Il y a l'espoir d'un bel appartement ,propre et chauffé, il y a la peur des copains disséminés puis dissous dans la ville." (p. 13)



Un texte, des récits chavirants... sur le droit de vivre dans un "chez soi "digne,et non toxique pour la santé des siens...Il est surtout question de pauvreté, de précarité, de solitude, et d'histoires d'immigrés qui travaillent parfois depuis des décennies...dans notre pays.

De quoi se sentir mal à l'aise et même plus que cela !!...

Toute personne, encore plus lorsqu'elle travaille a le droit premier, d'avoir un toit décent...pour se reposer et avoir un espace à soi...Un droit élémentaire pour tout être humain.



Ces récits de Joe Sorman ont le grand mérite de nous "secouer" vigoureusement pour ne pas oublier les exclus, les personnes "précarisées"...et tous nos dysfonctionnements de société...inacceptables !





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À la folie

Dans ce récit-enquête, résultat d’une année passée au cœur de deux unités psychiatriques, Joy Sorman nous raconte le quotidien de ces hommes et de ces femmes, soignants et patients, qui tentent par tous les moyens de cohabiter et de garder un lien, une connexion avec la réalité.



Dans le pavillon 4B, où elle a passé l’essentiel de son temps, les journées sont cadencées par une chronologie immuable, rythmée par les pauses cigarettes, afin de donner un cadre et des repères à ceux qui ont si facilement tendance à se perdre en eux-mêmes. Les sorties sont interdites ou très contrôlées, faute de moyens ou de personnel, les patients étant jugés “à risque” et nécessitant une surveillance accrue. Derrière des diagnostics parfois barbares pour dire la schizophrénie, la bipolarité, l’angoisse, les hallucinations, le délire, la psychose infantile, se cachent des noms, des visages: Franck, Jessica, Robert, Maria, Youcef, Igor. Certains font de brèves apparitions quand d’autres s’en vont et reviennent, ayant développé une forme de dépendance à l'hôpital psychiatrique. A travers ce récit, Joy Sorman rend un peu de leur humanité à ces laissés pour compte, ces inadaptés à la société actuelle et dont on ne sait plus quoi faire.



Mais les voix que l’on entend, ce sont aussi celles des soignants ou des dames d’entretien, ceux et celles qui côtoient le plus intimement les patients. Ce sont Eva, Adrienne, Catherine, Colette, Fabrice, eux qui, après de longues années passées à l’intérieur de cette prison sanitaire, en parlent le mieux. Certains ont connu l’âge d’or de la psychiatrie, l’époque où l’humain et l’écoute primaient dans la relation avec le patient, où l’on pouvait faire des sorties en extérieur, où un fond était alloué aux activités. Tous parlent aujourd’hui d’une époque révolue, où le remplissage des logiciels prime sur le temps accordé au patient, où l'interaction est remplacée par des cachets qui abrutissent et annihilent toute volonté, où le sous-effectif chronique engendre des situations parfois dangereuses et usantes au quotidien… Bref, on découvre sans surprise une société malade de rentabilité et qui, du même coup, ne prend plus soin de ses malades. Un constat triste et désolant, qui s’applique malheureusement à de nombreux secteurs et dont les plus vulnérables et les plus démunis font les frais.



“A la folie” est une expérience que j’ai trouvé particulièrement intéressante en ce qu’elle nous alerte sans pour autant juger ni condamner. Joy Sorman ne s’impose pas dans le récit, elle observe, écoute et témoigne, avec beaucoup de bienveillance, des confidences que lui ont fait les uns et les autres. Un texte fort et bouleversant, qui interroge sur notre société de plus en plus déshumanisée, où le profit prévaut sur l’humain.
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Sciences de la vie

Si les sciences de la vie évoquent communément la biologie ou la génétique, sous la plume de Joy Sorman on a le sentiment que cette expression recouvre un domaine plus vaste, plus sensible, plus irrationnel. Ce n'est pas que l'auteure soit réfractaire à l'approche purement méthodique dans ce roman, bien au contraire, mais elle veut y mêler une part de merveilleux ou d'ésotérisme en racontant l'univers fragile d'une jeune fille de dix-sept ans, Ninon, qui doit faire face à un mal inconnu du monde médical qui a rétréci son monde, défait sa vie. Un mal étrange, mystérieux, comme l'étaient les maladies rares qui ont frappé les aînées de la lignée depuis cinq siècles et qui ont encombré l'esprit de Ninon enfant. Des maladies dissemblables pour lesquelles la folie n'était jamais très loin.

Il y a donc cette obscure lignée frappée par la malédiction ? le mauvais sort ? un trouble qui se renouvelle à chaque génération ? Face à ces questions et en attendant une éventuelle guérison, on n'accepte pas la fatalité lorsqu'on a dix-sept ans. Ninon brandit la volonté de triompher de la maladie comme elle tente de triompher dans son récit. Elle réorganise son monde mais ne peut échapper au désarroi, à la solitude et à la lassitude.

C'est donc une littérature de l'intime que nous propose Joy Sorman. A côté de la succession des examens cliniques, il y a la maladie qui prend le contrôle de la vie, le fracas intérieur, l'obsession de soi créée par la souffrance et qui rend la conscience plus alerte. L'auteure pratique allègrement l'introspection analytique mais le recul permanent ôte tout charme à l'idée de départ.

Là où est suggéré une histoire médicale habillée par une fable généalogique scrupuleusement entretenue par la mère pour "sublimer" le passé familial, il y a en réalité une fiction de bien peu de poids. Écrasée par une écriture introspective qui, par l'abondance des énumérations et des répétitions, en épuise la substance. Mis à part quelques sauts poétiques à la surface de la prose, la plume de Joy Sorman ne m'a pas séduite, elle m'a même anesthésiée.

Je doute sincèrement que le style soit un camouflage pour déguiser volontairement un texte faiblard. Car il faut reconnaître à l'auteure un certain sens de l'analyse, elle émet des idées intéressantes dans cette histoire d'émancipation et de rapport aux autres qui dépasse le cadre médical. Plusieurs grilles de lecture sont suggérées, exposées, ou marquées au burin. Mais l'architecture de l'ensemble apparaît malheureusement bancale, laissant un sentiment brouillon ou d'inachevé.
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Du bruit

Décidément, avec moi, ça ne passe pas, ou difficilement. J'ai beau avoir rencontrer Joy Sorman il y a quelques jours à peine car elle était l'invitée de la librairie de ma ville et l'avoir trouvé très sympathique, simple, facilement abordable, passionnée et tout le reste, j'ai toujours autant de mal avec ses écrits. Dans le cas de ce livre, c'est encore plus particulier car il ne s'agit pas réellement d'un roman ni d'un essai mais un ouvrage auquel je n'ai pas encore réellement trouvé d'étiquette pour le classifier. Ici, le lecteur découvre la vie d'une jeune étudiante parisienne (l'auteure, oui, très certainement) qui a environ vingt ans dans les années '90 et qui tombe littéralement sous le charme du rap, et en particulier, du groupe NTM. Elle s'attache à leur parcours et nous invite, nous, lecteurs, à se replonger sur leurs traces avec elle, pour découvrir comment Didier et Bruno sont devenus JoeyStarr et Kool Shen. Vous pourriez très bien me dire : Eh bien dans ce cas-là, c'est une biographie ? Justement non, car cela n'occupe que très peu de place dans cet ouvrage. Ce qui intéresse vraiment la narratrice auteure, c'est cette sensation qui la transporte dans un autre monde à chaque fois qu'elle assiste à l'un de leurs concerts. Elle se sent vivre, suer avec eux et exister. Elle ne s'attache pas vraiment aux paroles, elle ce qui l'intéresse, tout comme les chanteurs eux-mêmes d'ailleurs, c'est le bruit...



Ouvrage curieux je dirais, très vite lu mais c'est vrai que je partais déjà peut-être avec un a priori au départ étant donné que je n'aime pas le rap donc le meilleur conseil que je puisse vous donner est de découvrir cet ouvrage par vous-mêmes et de voir si vous, vous accrochez ou pas car ici, je suis probablement mauvaise conseillère !
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À la folie

Tous les mercredis, pendant un an, elle s'est immergée dans deux unités psychiatriques. Il fallait bien cela pour pouvoir témoigner.

C'est un essai intelligent qui met au coeur du propos les malades et les soignants.

Il y a de la souffrance, de cris, beaucoup de cris, des gens qui se parlent tout seul, ceux qui sont mutiques, des tentatives de suicides, des parents maltraitants, des familles démunies.

Il est aussi questions de dépression, de colère, de peur souvent, de tristesse aussi.

Il y a tout cela mais aussi parfois des sourires comme lorsqu'on trouve fantômette dans un lit le matin et qu'on ne sera jamais qui elle est ou bien quand Franck fait la grève du verbe, pour protester mais on ne sait pas contre quoi puisqu'il a décidé de garder le silence.

Il y a aussi de la solidarité, les gestes de réconfort, des petits moments de joie et même de la poésie dans certaines pages.

Joy Sorman n'élude pas les difficultés, les paradoxes, les économies qui s'imposent brutalement, les dysfonctionnements mais sans jugement, jamais.

Le style est précis, agréable et rend la lecture plaisante malgré le sujet abordé.

Un essai qui met l'humain au centre du récit et qui raconte « les fous » autrement.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle
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La peau de l'ours

Le livre de Joy Sorman nous permet de faire un petit séjour dans la peau d'un ours. Ours particulier puisqu'il s'agit de la progéniture issue d'une relation entre un ours et une femme. Nous allons alors avoir pendant un peu plus de 150 pages le regard, le ressenti de ce mi-ours, mi-humain. Cette vie par procuration va donner une image peu reluisante sur la façon dont l'homme se conduit avec les animaux. L'homme ne va pas sortir grandi de ce roman...

L'écriture est agréable mais le sujet traité aurait peut-être mérité une analyse plus approfondie.
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Gros oeuvre

Pourquoi je continue à m'acharner à lire des ouvrages de cette auteure alors qu'apparemment, je n'accroche pas ? Eh bien, pour la simple et bonne raison que je me dis que je passe peut-être à côté de quelque chose...mais non, je crois que cette lecture sera la dernière.



Ici, le lecteur découvre treize histoires, correspondant aux treize chapitres qui compose ce livre et qui s'associent à treize lieux d'habitation différents. Cela peut passer de la maison que l'homme, père de famille, a décidé de bâtir de ses propres mains au simple bungalow. D'autres endroits, insolites cette fois, y trouvent également leur place. Des baraquements de chantier, des bunkers durant la Seconde guerre mondiale et j'en passe. En fait, l'auteure se pose la question de savoir ce qu'est réellement un lieu de résidence. Pourquoi pas un simple abri de fortune bâti en carton ? D'ailleurs, si la rue est à tout le monde, elle peut donc très bien être à n'importe qui, à tout un chacun en somme.

Pourquoi toujours vouloir voir grand alors qu'on peut très bien se contenter d'un espace infiniment petit ? Il y a bien évidemment les différentes visions de l'homme quant à ce qu'il veut faire de sa vie. A-t-il envie de voyager sans cesse sans réellement se poser dans un endroit précis ou plutôt de bâtir une famille et de résider dans un endroit confortable accueillant où il fait bon vivre ? Toujours est-il que l'ambition change d'un individu à l'autre car nous sommes tous différents et n'aspirons pas tous aux mêmes choses.



Un ouvrage bien écrit, il est vrai, mais avec lequel je n'ai pas spécialement accroché (pour ne pas dire quasiment pas). Cependant, encore une fois, peut-être suis-je passée à côté de quelque chose et que je n'ai pas su voir l'intérêt là où il se trouvait. Je pense que je ne suis probablement pas assez architecte dans l'âme car lire des lignes entières où il est question de béton ou d'autres matériaux, ce n'est vraiment pas fait pour moi. A découvrir pour les plus curieux !
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Seyvoz

Joy Sorman et Maylis de Kerangal présentent "Sey Voz" un Livre de 100 pages.

Inculte Edition (06/10/2021).

C'est un Taiseux !! (Livre avec pas ou peu de dialogues.)

Tomi Motz est mandaté pour entretenir les installations du barrage de Sey Voz, il va poursuivre une étrange et mystérieuse apparition féminine. Il pense que l'on se fout de lui...

Il arrive un accident et Tomi se prend la tête;

On comprend que ce lieu (Sey Voz) regorge de mystères depuis le 15ème siècle.

Il y a des gens à qui ces travaux n'ont pas plu. 600 000 mètres cubes de béton...

Taiseux ! Et trop peu de pages! Tout juste une nouvelle moyenne. Que je soupçonne inspirée d'histoires vraies...

Encore une fois creusez davantage les personnages avant de commencer...

Cette touche de Fantastique est bienvenue.

Phoenix

++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Le témoin

Merci aux éditions Flammarion et à Babelio pour l'envoi du livre, de par le règlement de la Masse Critique qui fait loi dans notre petite communauté je suis donc appelé à la barre pour témoigner sur le témoin. La déontologie m'impose une mise en garde : ce témoignage ne saurait être totalement objectif. En vérité -mais qu'est-ce que la vérité ?- aucun ne l'est, et vous même en lisant ceci commencez à être confronté à certains préjugés. le principal biais dont je dois vous informer est ma sélection basée sur l'inattendu comportement d'un homme s'installant clandestinement dans un palais de justice, étrange à l'associer instinctivement au Baron perché d'Italo Calvino à l'imaginaire débordant et farfelu. Rien de cela ici où l'on balance entre roman et essai, or je n'aime pas les entre-deux, les "cross-over", une des parties -si pas les deux !- fini toujours lésée dans ces affaires-là prétendant allier les qualités de concepts antagonistes.





Intéressant ouvrage cependant, mais aux rouages aussi obscurs que ceux de la justice objet de l'éclairage que l'auteure voudrait nous prodiguer à travers une succession de rapports d'audiences de différentes chambres dédicacées chacune à un type de litige en fonction de son degré de gravité ou de son positionnement dans le labyrinthe du droit. Point de vibrant réquisitoire, ni de virulente remise en cause, ce qui aurait pu être un plaidoyer fort voire une thèse étayée pour une justice moins protocolaire, attachée au fond plus que se raccrochant à la forme s'étiole dans un long catalogue de faits parsemé de l'opinion subjective du témoin. Ainsi donc j'en arrive à déplorer la forme de ce récit plus que son fond à l'instar, me semble-t-il, de l'auteure vis-à-vis de la justice. L'impalpable témoin lui-même de par sa volonté de non-implication et de transparence n'a créé chez moi aucun rejet, ni empathie, ni même indifférence, juste un vague questionnement.





Rappelons peut-être qu'un témoin devrait se garder de juger, d'où cette cote pile entre une et cinq étoiles ne faisant aucunement pencher le fléau de cette balance subjective qu'est l'appréciation d'un livre que je ne condamne, ni ne soutient. Peut-être d'ailleurs l'auteure se borne -t-elle à pointer une justice aveugle nous confrontant à l'image crue du visage de notre société d'une vérité subjective dont la peur principalement défini les concepts du bien et du mal ainsi que les peines pour tenir éloignés arbitrairement de présumés fautifs suivant un droit complexe au point de permettre toutes les interprétations avec comme objet ultime la protection du système en place. En conséquence, eussé-je à juger, j'assignerais l'affaire en référé et donc je me dessaisis du dossier sans autre forme de procès.
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