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Citations de Julien Green (916)


Tous les hommes ont connu cet instant singulier où l'on se sent brusquement séparé du reste du monde par le fait qu'on est soi-même et non ce qui nous entoure.
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10 février 1944.
Relu avec plaisir quelques lettres de Mme de Sévigné. Quel fléau ce serait, pourtant, d'avoir dans sa vie quelqu'un comme elle à qui il faudrait répondre !
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On n'apprend, on ne retient bien que ce qu'on a acquis difficilement.
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Rien de mystérieux comme le cheminement d'une passion dans un cœur sans expérience.
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… une grosse fleur de magnolia offrait à la vue ses profondeurs de nacre et de neige, vivante encore, mais tout près de flétrir et déjà tachée d’un brun au bout de quelques de quelques pétales. Par un geste soudain dont-il ne fût pas maître, Joseph la saisit dans son poing et la porta à son visage avec une espèce de voracité écrasant sur ces lèvres et sur ses yeux cette masse blanche et douce dont l’odeur le grisait, et il la respirait, la buvait, l’enfermant dans ses deux mains comme pour ne rien perdre de cette fraîcheur et de ce parfum. […]. Cette fleur à laquelle il arrachait la vie en la meurtrissant lui donnait un immense désir de bonheur qu’il ne s’expliquait pas.
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On buvait sec à l'Université et presque toujours de l'alcool d'une qualité rendue fort douteuse par les rigueurs de la prohibition. Des rumeurs circulaient sur des hommes qui étaient devenus aveugles parce qu'ils avaient abusé du gin de contrebande, mais on n'a jamais pu découvrir un étudiant américain qui eût peur d'une bouteille de gin. J'écoutais de mon lit, non sans dégoût, ces braillements et tous les éclats d'une gaieté que je jugeais bestiale. Pas une fois dans toute ma vie, je n'avais été ivre.
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23 septembre 1950
Saint Pierre dit que le monde se liquéfiera dans le feu et que les cieux seront détruits dans un terrifiant fracas. Cela ressemble tant soit peu à ce que nous prédisent les savants, qui n'ont pas lu saint Pierre. Sartre fait une courte apparition pour énoncer quelques vérités sur la responsabilité de chacun de nous envers tous les autres. Un de ces jours, s'il n'y prend garde, il va découvrir l'Evangile.
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3 août 1947.

Quand un homme dépasse quarante ans, il s'aperçoit que son monde à lui a disparu et qu'il survit à des ruines.
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14 janvier 1946.
Et puis, les autres, tous les autres, prennent à parler un plaisir si vif que j'aurais scrupule à les en priver. J'aime mieux me taire. Il y a dans le monde assez de gens qui donnent de la voix pour que l'un d'entre nous se taise sans dommage...
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2 juin 1941.
On a trouvé pour le chaos qui s'établit en Europe un nom particulier : l'ordre nouveau. Cet ordre nouveau, c'est la face du démon entrevue à la lueur des bombardements.
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La récompense des livres, c'est d'être lus. Rien de triste comme une bibliothèque pleine de livres dont les pages ne sont pas seulement coupées, dont les reliures desséchées appellent tristement la caresse des mains, faute de quoi elles se fendillent, s'excorient et se détachent du volume déshonoré qui n'a rien pu dire de tout ce qu'il savait et meurt dans l'oubli.
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Par moment l'édifice entier de la vie moderne prenait à ses yeux un aspect si étrange qu'il se demandait de quel secours la raison pouvait être à l'humanité. Respirer toute la journée dans une sorte de boîte appelée chambre ou bureau, ou salon, manger des aliments contestables, emprisonner le corps dans des vêtements qui l'étouffent ; pour le moral gagner de l'argent, suer le plus d'or possible, des millions d'esclaves acceptaient la vie sous cette forme sans réfléchir à l'énormité d'un tel renoncement. Lui-même était pris dans le mouvement général.
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Ce qui m’intéressait, oui, ce qui m’intéressait en lui comme en tous les hommes, c’était son salut, car je considérais que tout être qui venait vers moi m’était envoyé.
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Je ne voulais pas avoir les mêmes désirs que des hommes que je méprisais.
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De retour à l'Université, je me mis à écrire plus encore que par le passé, pour essayer de créer un monde imaginaire où j'échapperais au tourment perpétuel des sens. Ce fut vers cette époque que me vint à l'esprit l'histoire d'un homme à qui serait départi le don de se transformer en qui lui plaisait. Passant d'un personnage à l'autre, il ferait ainsi une sorte de voyage à travers l'humanité, devenant jeune et beau, ou vieux et savant, à sa guise, homme, femme, riche, pauvre, tantôt marin, tantôt soldat, tantôt banquier ou professeur. [...................................................]
Les premières pages de ce livre furent écrites peu de temps après, puis complétées à Paris en 1922. Beaucoup plus tard, je devais reprendre le livre et le faire paraître en 1946.
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J'avais beau me dire que ma mère avait l'air de dormir. Les personnes endormies respirent. De même, c'était en vain que je chuchotai : " Maman ! " Elle n'entendais pas, je le savais et je savais aussi qu'elle était devenue une autre femme que celle qui me parlait naguère. Elle ne pensait plus les mêmes choses, elle ne me voyait plus, et plus je la regardais, plus elle m'apparaissait différente. Elle était devenue quelqu'un de majestueux comme une reine, séparée de moi par de grands espaces, absorbée dans une méditation qui demeurait secrète. Je chuchotai encore : " Maman ! " mais d'une voix si basse que même éveillée elle ne m'eût sans doute pas entendu. J'avais peur de la déranger. C'était cela, exactement : j'avais peur de déranger quelqu'un en train de réfléchir. Je crois que l'idée que je me trouvais devant une morte ne m'effleura pas. Je me trouvais devant une personne inconnue qui avait les traits de Maman et qui gardait une immobilité de pierre, mais qui ne faisait pas peur. La mort était venue dans la maison quelques heures plus tôt, mais à présent elle n'était plus là. Au bout d'un moment, j'appuyais mes lèvres sur le front de ma mère et sortis.
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21 janvier 1954.
Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage et vous êtes à peu près sûr de l'achever comme on achève une bête qui va mourir. Toute spontanéité, tout élan, tout ce qui fait qu'un roman ou qu'une pièce vivent et respirent, voilà ce qu'on assassine en retravaillant certains textes.
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- Je ne me sens nullement différent des autres, fit Joseph en haussant les épaules.
- Ah ! s'écria Killigrew avec un nasillement de triomphe. Là est précisément le nœud de toute la question. Vous refusez de voir cette différence. Or vous savez comme moi que les étudiants ne pensent qu'aux femmes et à la boisson, alors que vous...
- Moi, non ! s'écria Joseph qui décroisa les bras.
- Vous aussi, fit doucement Killigrew, vous comme les autres.
Joseph se leva avec une telle brusquerie qu'il renversa la chaise sur laquelle il était assis.
- Ce n'est pas vrai !
- Allons repris son visiteur d'une voix égale, ne vous conduisez pas comme un enfant. Ramassez votre chaise et causons. La différence entre vous et les autres, c'est qu'ils cèdent à leurs instincts...
- A leurs instincts bestiaux, fit Joseph, les joues roses de colère.
- Bestiaux si vous voulez. Il y a une bête en chacun de nous.
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Octobre 1945.
Des imbéciles très bien élevés ont agité, un jour, devant moi la question de la bonne ou de la mauvaise éducation des apôtres. Peut-être hésiteraient-ils à se mettre à genoux devant saint-François d'Assise, parce qu'il était fils d'un marchand de drap, et sans doute leur faudrait-il quelqu'un comme saint Wenceslas appelé "duc et martyr" dans un missel que j'ai sous la main.
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19 septembre 1945.
Quitter ceux qu'on aime est horrible ; c'est presque la mort. Les dernières paroles échangées, les mains qui s'agitent alors que le train sort lentement de la gare, je ne puis même y songer et demeurer tout à fait calme.
On ne devrait pas se dire adieux.
Sur le bateau, je suis resté dans ma cabine alors que New York s'éloignait de nous et disparaissait dans la brume.
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