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Citations de Julien Green (916)


J'étais mon corps et rien d'autre, je le voulais ainsi, je voulais que mon corps me fût un refuge contre le désespoir et les complications de l'amour, je n'aimais plus personne, j'appartenais au soleil, à la brise qui me frôlait des pieds à la tête.
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presque tous les enfants sont des poètes, c'est-à-dire qu'ils ont souvent un sens assez profond du mystère; ils sont dans un monde un peu comme des étrangers qui arrivent dans un pays où ils n'avaient jamais mis les pieds, et ils regardent autour d'eux avec beaucoup d'étonnement. Le but de l'éducation est de faire peu à peu disparaître cet étonnement en expliquant à l'enfant le sens de ce qui l'étonne. Et peu à peu il grandit et se sent tout à fait chez lui dans un monde où plus rien ne peut l'étonner. Et c'est ainsi que meurent les poètes.
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Sa voix se perdait sous le lit. Ainsi accroupie et gémissante, elle faisait songer à un gros animal qui souffle tristement sous la porte de sa prison. Derrière elle, le crépuscule d'hiver éclairait faiblement la fenêtre. A présent, elle ne bougeait pas, ne parlait plus ; son regard assombri allait de droite à gauche ; énorme et luisante dans sa gaine de serge lustrée, sa croupe immobile insultait les derniers rayons du jour.
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- Cette nuit, par une faveur insigne, vous recevrez le don de changer votre personnalité contre celle qu’il vous plaira d’élire : vous deviendrez qui vous voudrez. Toute l’expérience humaine, éparse autour de vous, vous est offerte. D’un être à l’autre, selon le caprice de votre curiosité, vous voyagerez comme le voyageur qui s’arrête dans une ville le temps qu’il faut pour en épuiser les plaisirs ou satisfaire son goût de savoir. Vous ne connaîtrez de la souffrance que ce que vous en voudrez apprendre, et vous jouirez de tous les bonheurs possibles. L’humanité deviendra la bouche par laquelle vous assouvirez vos faims ; ses doigts, son corps, serviront à la dilatation énorme de vos appétits. Fabien, je vous donne le monde.
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21 août 1978.
Monseigneur Riobé, évêque d'Orléans, est mort dans des circonstances un peu mystérieuses. Son cadavre a été trouvé nu dans un camp de nudistes. Son anneau pastoral avait disparu. Que penser ? Il vaut mieux n'en penser rien. Le Père Dodin cite Bernanos : "Il a eu la mort d'un autre." De même que le cardinal Daniélou n'a pas eu sa mort, mais celle d'un pécheur dont il a pris la place.
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Mais au-dessous, sur un autre papier, se lisaient des conseils aux jeunes militaires concernant leurs rapports avec les femmes s'ils voulaient éviter les vilaines maladies. Je me rappelai mon oncle Willie et rien qu'à prendre connaissance de ces phrases si nettes je me sentis déjà contaminé, ce qui me remplit d'effroi, mais je restai cependant pour relire les derniers mots qui m'intriguaient au-delà de toute mesure : "Soyez égoïste."
Qu'est-ce que cela pouvait vouloir dire ?
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A cette époque, mes parents et leurs enfants habitaient Le Havre. Ce fut ma mère qui se rendit au port pour accueillir Willie, mais il était changé au point qu'elle eut du mal à le reconnaître, et il y avait ceci d'effroyable, c'est qu'il était devenu à peu près idiot.
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Je me figurais, en effet, que l'aveugle du pont de Saint-Cloud se cachait dans l'espace exigu formé par le couvercle de bois qu'il me fallait relever et le mur. Il faut savoir que l'aveugle en question n'avait, comme Agathe, ni bras ni jambes et qu'assis sur le trottoir, il montrait aux passants deux orbites vides d'un rose terrible. C'était en vain qu'au pont de Saint-Cloud, je collais mon visages au tablier blanc de Lina, je ne pouvais m'empêcher de regarder cet homme. Il chantait. On jetait des sous dans sa sébile. Et que chantait-il ? Puis-je jamais l'oublier ? Une chanson d'amour dont j'ai retenu les premiers mots :

Oh ! ma jolie,
Je t'en supplie
Ne t'en va pas,
Reste avec moi !
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12 mai 1952
On a débarqué le pauvre mort et sa famille épouvantée et un autre bateau les a remmenés en Amérique. C'était mon plus vieil ami. Avec lui toute une partie de ma première jeunesse descend au tombeau. Nous mourons avec chacun de nos amis.
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Mme Riess, qui est infirme et que je vais voir de temps en temps, me parlait hier de sa bonne qui court après les militaires et qui a déjà deux enfants. Plusieurs fois par semaine, elle reçoit des soldats dans l'appartement de Mme Riess, et cela se passe dans une pièce assez éloignée de celle où se tient sa maîtresse qui, étant paralysée, n'y peut rien.
" Ce n'est jamais le même soldat, dit celle-ci de sa voix lente et un peu confuse, mais c'est toujours le même régiment ".
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6 juillet 1949
Voici exactement quatre ans que j'ai renoncé au tabac. Je fumais beaucoup trop. J'ai cessé tout à coup, me prenant, si je puis dire, par surprise. Il n'y eût pas eu moyen autrement. On ne renonce pas petit à petit à quoi que ce soit. Mark Twain disait : " Rien de plus facile que de renoncer au tabac. J'y renonce tous les matins."
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29 juin 1949
Relu ce matin le début du De Senectute dans l'édition que j'en avais en classe. L'auteur prétend qu'un des avantages de la vieillesse est qu'elle vous libère des passions qui obscurcissent l'intelligence. Nous verrons, mais il me semble que j'aimerais mieux avoir l'intelligence obscurcie d'un homme de trente ans que l'intelligence dégagée d'un octogénaire.
Le mot sinistre de Paul Bourget m'est revenu à l'esprit : " L'érotisme survit à tout."
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1er mai 1949
J'ai relu ce que j'ai écrit de mon roman. Comment ne verrais-je pas que c'est la transposition de ma propre histoire ? L'éternelle lutte contre soi-même. J'ai mis en scène un protestant comme on prend un pseudonyme, mais ici je me cache très visiblement, si je puis dire.
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9 juin 1948
...Il me parle de Georges Bernanos qui est très malade et qu'on a opéré de la vésicule biliaire : Je me suis souvenu de la grande générosité de cet homme à mon égard et de la façon dont il a encouragé mes débuts. Il souffre beaucoup de ne pouvoir écrire de romans. " J'ai douze romans à écrire ", a-t-il dit à Béguin. Et s'il ne les écrit pas, c'est qu'il se disperse dans des revues et des journaux ; l'époque est cause de cela. Il souffre de ne pouvoir pas être Bernanos...
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19 août 1946.

A Lamotte-Beuvron, nous voulions nous arrêter pour déjeuner, mais tant de monde assiégeait les restaurants que nous avons décidé d'aller plus loin. L'endroit est réputé. Cela m'a paru immonde, ces gens qui attendaient à la porte, figures rouges et massives. Rien de plus bas dans l'échelle humaine que ce qu'on appelle un gastronome en train de faire son voyage gastronomique. On dit que savoir bien manger est la marque d'une grande civilisation, mais on a toujours très mal mangé en Angleterre et en Allemagne.
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25 février 1944.
Après ce déjeuner, je suis allé à la bibliothèque de l'Université et j'ai rêvé très mélancoliquement à Paris, tout en regardant les titres des volumes français.
De Rousseau à Zola, de Bremond à Farrère, les meilleurs comme les pires étaient recouverts d'une poussière absolument impartiale.
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Il arrive que nous fassions sans le savoir des gestes dont le sens ne nous apparaît que beaucoup plus tard et qui pourtant semblent avoir été dictés par la partie la plus vigilante de nous-mêmes.
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30 mars 1941.
Il est une seconde où notre destinée tout entière se décide, mais cette seconde est le fruit d'une longue série d'actions dont nous ne voyons pas qu'elles sont liées entre elles par un secret enchaînement.
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L'émotion est un explosif d'une force incalculable.
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Vous dites que l'argent vous fait peur, s'écria-t-elle. Moi, il me fait honte quand je vois les yeux des pauvres.
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