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Critiques de Karel Capek (181)
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La fabrique d'absolu

A la lecture de cet ouvrage, le ton amical de Karel nous fait sourire et rire et nous absorbe dans un futur rocambolesque où resonne avec inquiétude la situtation de la planête et des êtres humains aujourd'hui... entre 1930 et presque 2020, ce Monsieur avait raison sur de nombreux points.



Presque aussi bien que la Guerre des Salamdres, le point de départ étant la physique et les religions.



Lu édittion de La Baconnière avec les dessins du frère Josef illustrant des scène s clefs de l'ouvrage.
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La fabrique d'absolu

Avec La Fabrique d'absolu, Karel Čapek confirme son talent pour la fantaisie satirique, sa plume féroce, son imagination débridée et son talent. J'ai mis la note de 5 à ce livre, mais je continue de penser que sa meilleure oeuvre est La guerre des salamandres ( courrez l'acheter! Là, maintenant), simplement, je mets 5/5 ici, et j'aurai bien mis 10/5 à l'autre!

Il s'attaque ici au fanatisme religieux sous toutes ses formes, y compris sous celle du fanatisme d'athéisme, et au besoin humain de détenir la vérité et de taper sur le voisin pour l'imposer, dans un roman avec un étonnant postulat de départ. Songez donc: un scientifique découvre une méthode de combustion révolutionnaire qui dégage une énergie folle en brûlant totalement la matière. Et quand je dis totalement: pas de gazes, pas de cendres, plus rien...sauf une étrange émanation, l'Absolu, qui donne des crises mystiques à qui se trouve à proximité et les amène même à faire des miracles !Voilà que les gens marchent sur l'eau, prophétisent, guérissent par imposition des mains...

Par ce qu'on est chez Karel Čapek, ça tourne mal évidemment dans une satire merveilleuse et brillante que j'ai beaucoup appréciée. Cela ne ressemble vraiment pas à grand chose d'autre, il y a de l'humour là dedans et je le recommande chaudement !
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La fabrique d'absolu

Un inventeur conçoit une machine capable de produire une énergie formidable et entièrement propre en annihilant le charbon. Formidable ! Malheureusement, la destruction de la matière libère l'essence divine qui s'y trouvait enfermée, et tandis que le monde entier s'équipe de son Carburateur, une vague de foi aveugle se met à frapper tous ceux qui s'en approchent.



Ce petit roman de SF tchèque est extrêmement facile à lire et délicieusement satirique. Tout le monde est tourné en dérision dans la plus grande bonne humeur et avec une justesse désopilante. Au final je me suis marrée de bout en bout. C'est difficile d'en faire un coup de coeur car ce n'est pas un livre qui parle au coeur, tant qu'à l'esprit et aux zygomatiques, mais c'était une très bonne lecture.
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La guerre des salamandres

La Guerre Des Salamandres est magistral pour les simples raisons que j’ai données dans mon poste le présentant (voir ma page facebook :))

Mais Je voulais m’arrêter ici sur un aspect plus subtil et peu traité.

Au-Delà du caractère universel de son histoire, Karel se livre à une description très fine de l’état du monde des années 30. Le bouquin se présente principalement comme une immense de revue de presse, une accumulation d’articles relatant les évènements liés aux Salamandres… ce faisant, Karel donne énormément d’indication sur sa perception de l’époque.

Nous réduisons souvent les années 30 à la simple montée du fascisme et à la Grande Dépression… c’est vrai ! Mais c’est la regarder plus les symptômes que la maladie elle-même : les années 30 marquent la fin d’une ère (que la Guerre finira par enterrée). Une ère dans laquelle le monde vit dans une certaine schizophrénie : Booster par l’amélioration des moyens de transport et de communication mais aussi par la colonisation, l’économie s’est mondialisée et globalisée alors que dans le même temps, les modes de gouvernance des états sont restés très largement souverainistes et autocentrés. Certes, la diplomatie existe mais les niveaux de collaboration sont bien en deça de ce qu’exigerait l’ampleur de l’interconnexion économique… exacerbant ainsi la tension entre les états, entrainant (en partie) un premier conflit mondial puis ensuite en aggravant une crise économique mondiale : le protectionnisme l’ayant emporté sur la coopération.

L’une des principales conséquences de la seconde guerre mondiale sera la création d’instances supranationales pour soit établir des règles, par exemple, commerciales (GATT… puis OMC), soit donner des lieux ou les états peuvent se rencontrer, discuter et négocier (ONU) plutôt que de se mettre sur la gueule… et que dire de l’Europe ?? le politique se mettait à la remorque de l’économie en se globalisant ou du moins en tentant de le faire. Dans les années 30, tout ça n’existait pas, c’était le bordel ! Il y eut des tentatives, la Conférence de La Haye ou la SDN… mais la défense de son intérêt particulier qui caractérise le souverainisme balancera toutes ces initiatives dans les toilettes. Si bien qu’au moindre sujet de tension, la guerre faisait partie des considérations vu qu’aucune instance ne pouvait encadrer sa résolution de façon pacifique.

Lisez le livre et voyez comment y sont retranscrites les relations entre les différents pays. Ça se finit d’ailleurs assez mal et c’est principalement pour la raison décrite ici.

Voila, j’ai essayé de faire assez court alors j’espère ne pas avoir trop versé dans la caricature.

Bonne lecture !
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La guerre des salamandres

La guerre de salamandres est un roman de Karel Čapek, un des plus grands écrivains tchécoslovaques du 20e siècle, qui pour la petite anecdote est le créateur du mot « robot ».

Publié en 1936, largement censuré, ce roman dystopique raconte l’avènement de l’ère de salamandres marines apprivoisées par l’homme pour ses propres besoins (construire des barrages, chercher des perles au fond des océans, défendre les frontières…). Peu à peu dressées par l’homme, par les entreprises, utilisées par les Nations, les salamandres deviennent indispensables, se multiplient et prennent peu à peu le pouvoir de manière totalitaire.

Dans le contexte de l’entre deux guerres et de la montée du nazisme le livre de Čapek évoque ainsi les thèmes de son époque : racisme, antisémitisme, nationalismes, peur de l’autre, capitalisme et lutte des classes, diplomatie culturelle, armement des Nations… cette œuvre s’érige clairement contre le national socialisme et contre tous les totalitarismes.

Mais plus on lit Čapek, plus les thèmes abordés nous semblent entièrement transposables à notre époque :

L’utilisation acharnée des salamandres par les hommes ne fait-elle pas écho à l’utilisation des travailleurs par les grandes multinationales?

L’avènement des salamandres, qui travaillent de manière automatisées, ne fait-il pas écho aux nouvelles technologies et à l’intelligence artificielle, qui pourrait un jour dépasser l’homme?

La capacité de travail et de construction quasiment illimité des salamandres ne nous renvoie-t-il pas à une question actuelle : parce que l’homme peut, l’homme doit-il pour autant continuer de saccager la terre qui l’accueille ?

Finalement les hommes ne seraient-ils pas des salamandres?

L’épilogue du livre est tout aussi brillant que chacune de ses pages et nous vous invitons fortement à le lire. Si vous avez aimé 1984, ou La ferme des animaux, vous ne pourrez pas passer à côté de ce chef d’œuvre.
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La guerre des salamandres

Un chef d’œuvre de fable géopolitique intemporelle, du récit d’aventure à la dystopie.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/05/26/note-de-lecture-la-guerre-des-salamandres-karel-capek/
Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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La guerre des salamandres

Etonnant, admirable, prophétique, cette oeuvre écrite en 1936  lors de l'irrésistible expansion du nazisme, est proteiforme.

Roman engagé,  le racisme, la suprematie de l'homme sont les cibles ainsi que le besoin de profit des nations. Karel Capek et son frère Josef ont été persécutés par les nationaux socialistes tchèques puis la gestapo. le premier est mort avant son arrestation, le second en déportation .

Ce roman de science-fiction débute comme un roman d'aventure : un vieux capitaine-baroudeur, chercheur de perles découvre dans une ile perdue du bout du monde des salamandres geantes douées d'une intelligence relationnelle avec les humains et serviables, en particulier dans la collecte de  ces perles.

   le show-business médiatise ces relations, une société d'actionnaires développe des contrats de travail

intercontinentaux.

   Les scientifiques émettent différents avis..

Les puissances mondiales prennent position quant à ce nouveau phénomène qui bouleverse l'Economie. Quelle place sociale attribuer à ces nouveaux venus sur le marché du travail ?

   Les journaux relatent ces faits selon leur tendance politique, philosophique ou religieuse.   leurs articles sont partiellement retranscrits dans les annexes jointes en bas des pages du roman. 

.... Et le développement de cette nouvelle population devient exponentielle.!  

    L'humanite survivra-t-elle ?

.... Et un petit bonhomme culpabilise en suivant cette actualité !

Donc, pour cette oeuvre visionnaire, dystopique, majeure, à rapprocher de "1984" ou " le meilleur des mondes", bien que d'écriture différente : 5/5.

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La guerre des salamandres

Tellement dans le vrai ! l'homme a ce penchant à vouloir tout dominer : ses semblables, la nature, les animaux, et pourquoi pas des salamandres qui ensuite se rebelleraient ? Ce livre est construit de façon très moderne, il est drôle et visionnaire.
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La guerre des salamandres

La pire chose qui a pu se réaliser pour les salamandres, c’est de rencontrer l’homme.



Ces créatures étaient paisibles sur une île. Même leur race s’effacer petit à petit. Mais elles ont eu un seul défaut. Fabriquer des perles. Et là, ce fut la fin.



La reproduction de masse a posé une unique question, que faire de ses salamandres : les vendre par lots, ou en couple, ou seulement leurs progénitures ??? Les mangers… ??? À vous de le découvrir !



L’histoire de l’homme est ses multiples destructions, une réalité malheureusement bien trop présente.

Ce roman est exécuté sous forme d’humour. Un humour grinçant, noir… Et qui m’a laissé un goût amer…



Bonne lecture !
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La guerre des salamandres

La guerre des salamandres /Karel Čapek

Une fois l’ancre de son Kandong Bandoeng mouillée devant la petite île de Tana Masa située sur l’Équateur à quelques milles à l’ouest de Sumatra, le capitaine Van Toch, après avoir râlé sur ce coin sinistre peuplé de sauvages Bataks, s’informe discrètement auprès du seul métis de l’île, un cubain-portugais, des possibilités de se procurer des perles, faisant toutefois officiellement commerce d’huile de palme. Le métis lui indique une baie, Devil Bay, où personne ne va et où les huîtres perlières doivent abonder. Seulement, tous les indigènes disent que l’endroit est peuplé de petits diables marins et de requins.

Il n’en faut pas plus à Van Toch pour tenter une expédition vers Devil Bay. Avec son équipage et deux plongeurs cingalais, il fait route vers la baie à la mauvaise réputation. Le premier plongeur ramène rapidement quelques huîtres contenant des perles, mais revient rapidement comme terrorisé, après avoir vu des petits diables ressemblant vaguement à des phoques et se déplaçant comme des pingouins, alors que le second a été attaqué et blessé par un requin. Les faits sont corroborés par Jensen membre de l’équipage qui suit les plongeurs dans un canot, et rapportés à Van Toch qui, le lendemain fait route vers Padang sur la côte de Sumatra où il fait envoi vers Amsterdam d’un petit paquet assuré pour une somme considérable. Il recrute un Dajak de Bornéo tueur de requin au couteau et retourne vivre à Tana Masa.

La suite est racontée soit par Van Toch, soit par divers intervenants faisant de Van Toch une légende qui aurait apprivoisé les « lézards » comme il les appelle, afin de récolter les huîtres perlières et faire sa fortune, grâce aussi à Shark le Dajak qui va faire un massacre au sein de la population de requins, facilitant le travail des « lézards ».

Et Van Toch veut aller plus loin : une fois le site de Devil bay épuisé, il veut se déplacer avec ses « lézards » en aménageant un navire affrété avec l’aide de promoteurs et continuer sa récolte de perles.

Peu à peu l’espèce de salamandre va proliférer et essaimer parmi les îles de la région. Elles vont acquérir des facultés étonnantes et faire la gloire du zoo de Londres qui a réussi en s’en procurer quelques-unes. Le monde va aller de surprises en surprises et les scientifiques s’en mêlent pour expliquer cette évolution ou mutation de la salamandre miocène. Selon leur théorie, c’est un lac salé d’Australie isolé qui serait le berceau de cette espèce qui mena ainsi une existence sporadique jusqu’à ce que l’on en capture deux sujets (des documents en attestent), qui finirent par s’échapper pour finir par réaliser une résurrection évolutive en d’autres lieux et notamment à Tana Masa.

Quoiqu’il en soit, lés salamandres rendent bien service et l’élevage intensif se développe un peu partout en bord de mer et un trafic et commerce illégal s’instaurent qui échappe aux autorités. À présent, il est certain que l’avenir des Travailleurs de la Mer, comme on appelle les salamandres, semble assuré pour des siècles.

Plus on avance dans cette histoire plus on songe à la traite des esclaves noirs dans les siècles passés. Et cela va même plus loin puisqu’une distinction va apparaitre entre peau noire originelle et peau plus claire de salamandre plus évoluée, une mutation apparue en Allemagne. Le top de la civilisation salamandrienne, c’est la salamandre nordique, claire et droite au crâne plus allongé… !

Plus de vingt milliards de salamandres dans le monde vont finir par poser des problèmes et la révolte gronde des deux côtés, humain et salamandrien avec des expéditions punitives de chaque côté ! Les salamandres vont peu à peu grignoter l’espace vital de l’Homme, car elles ont su laisser de côté tout ce que la civilisation humaine comporte de gratuité, de jeu, de fantaisie, et n’en ont adopté que le côté pratique, technique et utilitaire, pour offrir une piteuse caricature très prospère de notre civilisation. Et le bonheur alors ?

Jusqu’où iront-elles ?

Une uchronie étonnante et originale pleine d’imagination publiée en 1935, une fable, une parabole tout à la fois pleine d’humour et de malice, une fresque parfois burlesque, une parodie des genres, une allégorie de l’homme sans aucun doute.

Il faut reconnaître que la lecture des 400 pages de ce livre est rendue délicate pour ne pas dire fatigante pour les yeux par les changements fréquents de police, souvent minuscule dans la deuxième partie, se rapportant à des encarts, des digressions souvent parodiques concernant diverses remarques sur les salamandres.

Malgré cette remarque restrictive, un très bon livre d’aventures et de réflexions.





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La guerre des salamandres

Il y a un sentiment d'injustice à constater l'oubli dans lequel est tombé ce roman. On pourrait d'ailleurs en dire autant d'autres textes de la même veine et de la même époque, à commencer par les livres de Jacques Spitz. C'était à l'époque où la science-fiction ou le fantastique n'étaient pas encore constitués en tant que genres littéraires, et moins encore en tant que ghettos. De la production européenne de l'époque, il ne subsiste plus grand chose dans la mémoire collective, hormis peut-être Barjavel quelques années plus tard. C'est ainsi que pour le grand public, le nom de Capek est tout juste cité à propos de l'invention du terme « robot », dans sa pièce de théâtre R.U.R, écrite en 1920.

La Guerre des Salamandres, pourtant, mérite encore amplement d'être lue aujourd'hui : dystopie à la fois loufoque et grinçante, le livre raconte la découverte d'une espèce intelligente de grandes salamandres marines, quelque part au large de Sumatra. le début fait croire à un récit d'aventures au ton léger et distancié. Mais on comprend vite qu'on ne tient là que la plus petite des poupées-gigogne du roman, dont la structure se modifie bientôt en s'élargissant progressivement, l'auteur n'ayant de cesse de déjouer les attentes de son lecteur. Les hommes apprivoisent tout d'abord les salamandres, trouvent bientôt très utile d'en faire une main d'oeuvre sous-marine corvéable à merci, et les exploitent sans vergogne en proclamant leur supposée infériorité. Puis ils comprennent l'étendue de leur erreur, mais il est alors trop tard pour revenir en arrière... Certains chapitres, qui pastichent le ton de l'étude scientifique, du reportage journalistique ou de l'analyse diplomatique sont franchement désopilants. Au terme d'un livre toujours surprenant, le final est si inattendu que l'on se demande s'il relève de la pirouette d'un auteur qui veut arriver au bout de son livre, ou bien si ce n'est pas la conclusion la plus habilement dérangeante qui soit.

Au bout du compte, voilà un livre qui est bien de son époque et qui n'a pas tant vieilli que cela : dénonciation du capitalisme à courte-vue et de la crédulité des peuples, mais aussi des égoïsmes nationalistes, tout cela avec un spectre inquiétant en toile de fond : car cet empire des salamandres, où l'individu n'est que la simple composante de masses soumises à une autorité unique, qu'est-ce donc sinon la transposition grotesque des ordres totalitaires qui s'affirment alors en Europe ? La Guerre des salamandres en 1936, tout comme La Guerre des mouches de Jacques Spitz, deux ans plus tard, sont en somme des livres qui témoignaient à leur façon et avec une imagination débridée d'une angoisse alors très répandue  : l'imminence de la fin d'un monde.
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La guerre des salamandres

Il y a bien longtemps que je voulais lire ce livre qui était un peu pour moi une énigme car je n’avais aucune notion de l’intrigue de ce roman considéré comme une dystopie majeure du 20ème siècle mais en même temps, je pense, bien moins connu que 1984 d’Orwell ou Nous de Zamiatine.



Eh, bien, voilà un texte époustouflant, complètement original, unique, incomparable, il n’y a qu’aux romans de Vonnegut que j’y trouve une certaine parenté.



De ce fait, il y a tant de choses à dire sur ce livre, il est d’une telle richesse, il inspire tant de réflexions en même tant qu’il est plein des parodies, vraiment c’est difficile de le commenter et de savoir par quoi commencer. Et ce d’autant que, je viens de le constater, une foule de belles critiques ont été faites sur Babelio, notamment celle de mon « amie » babeliote Marie-Hélène alias MH17.



Dans sa préface Capek nous éclaire un peu, et avec pas mal de malice, sur son projet littéraire. Pour lui c’est plutôt une fable (et non une utopie que nous appellerions maintenant dystopie) dont l’idée lui est venue dans le contexte des menaces constituées par « la crise économique, l’expansion nationale et la guerre prochaine » (on est en 1936). Il s’agit de celle ci: « ne pensez pas que l’évolution qui a abouti à notre vie soit la seule possibilité d’évolution sur cette planète » Et ce seront des salamandres un peu spéciales, dont les fossiles ont été pris au départ pour ceux d’êtres humains. Et la seconde idée qui va faire de ce livre génial, un livre intemporel: « si une espèce animale autre que l’homme avait atteint ce niveau que nous appelons civilisation, aurait-elle commis les mêmes absurdités que le genre humain ? Aurait-elle fait les mêmes guerres ? ». Et donc, il insiste aussi sur le fait que c’est aussi une fable sur les humains. « J’ai écrit mes « Salamandres » parce que c’était aux hommes que je pensais » Et, dans notre humanité qui commence à réaliser qu’elle a pris trop de place sur la planète au point qu’elle est en train de la détruire, c’est d’une formidable actualité.



Ça commence plutôt comme une fable satirique et burlesque, parfois complètement désopilante, et ça se termine de façon grinçante et profonde.



La première partie du livre est faite d’épisodes plus ou moins loufoques qui accompagnent la découverte de ces salamandres. Un vieux marin tchèque, qui s’est pris un nom hollandais, Van Toch (pour faire plus sérieux!), est à la recherche de perles quelque part dans une île près de Sumatra. Dans la Baie du Diable, il rencontre des salamandres d’une relative grande taille, « celle d’un enfant de 10 ans », avec lesquelles un dialogue et une coopération va s’installer. Suivent: un épisode désopilant dans lequel une starlette rencontre les salamandres, un autre jubilatoire qui relate sur le mode parodique les données « scientifiques » sur l’ espèce Andrias Scheuchzeri que l’on croyait disparue et que l’on vient de redécouvrir, encore un autre qui raconte les relations entre un gardien du zoo de Londres et un spécimen d’Andrias Scheuchzeri, d’une drôlerie incroyable. Et pour finir encore un « appendice » sur la vie sexuelle des salamandres, parodie d’exposé scientifique.

Mais entre ces chapitres bien comiques, se glisse un autre qui va déclencher toute la suite de l’intrigue. C’est la rencontre entre le Capitaine Van Toch et un magnat des finances G.H. Bondy. Ce dernier va tout de suite comprendre l’intérêt de l’exploitation des salamandres du genre Andrias Scheuzeri, ce qui va donner lieu à la deuxième partie qui elle-même entraînera la troisième.



Là encore, sur le mode burlesque, l’auteur va décrire « l’esclavage » de cette espèce endormie redevenue d’une fécondité extraordinaire, exponentielle, et dont les capacités de bâtisseuses sous-marines et d’organisation vont être utilisées partout dans le monde pour construire des ports, des tunnels, etc..

Là encore, il faut lire le détournement des jargons économiques, financiers, ceux des politiques, journalistes, et enfin le ridicule des débats scientifiques (un compte-rendu hilarant d’un congrès où ces sommités s’opposent!). Et puis, l’auteur décrit les mouvements qui apparaissent pour lutter contre l’exploitation des salamandres, etc…



Mais, l’expansion exponentielle des salamandres va conduire à la guerre avec les humains, et à une situation cataclysmique, je n’en dis pas plus.



A la fin, un épilogue formidable, dans lequel l’auteur est interpellé par sa conscience, nous invite, sur le mode de l’ironie, de la dérision, à une réflexion pessimiste, par delà les salamandres, aux travers terribles de notre humanité, ses guerres absurdes, son expansion déraisonnable.



Oui, car, en définitive, « La guerre des salamandres », c’est une satire impitoyable contre tous les niveaux de la folie et de la bêtise humaine. Et d’une incroyable actualité. Quelle est l’espèce qui par son expansion effrénée, son utilisation insensée des ressources terrestres, est en train de détruire la planète? Pourquoi ces guerres inter-ethniques, ces visées impérialistes absurdes d’un Poutine? Et cette exploitation sauvage des humains, y compris des enfants, dans les pays du Tiers-Monde?

Capek appuie là où ça fait mal, et nous fait réaliser toute l’absurdité de la logique humaine.



Je voyais récemment à l’émission La Grande Librairie, Salman Rushdie conversant avec Leila Slimani et Kamel Daoud à propos de son dernier livre Le couteau, et notamment insistant tous les trois sur l’importance de la fiction et du rire pour éclairer l’esprit des humains. C’est ce que nous montre admirablement Karel Capek. Est-ce que la littérature sauvera le monde? « Je n’en sais pas plus long » nous dirait l’auteur dans la dernière phrase de ce livre.

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La guerre des salamandres

Indéniablement une trouvaille! multiple, lisible, inventif...
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La guerre des salamandres

Karel Čapek (1890-1938) a écrit cette fable extraordinaire en 1935 dans un contexte particulièrement menaçant. Ce livre est considéré comme un chef-d’œuvre satirique dystopique, d'actualité (à l'époque) prémonitoire (maintenant) et diablement intemporel. Tchèque et universel. Le livre raconte la découverte (Livre I), l'exploitation des salamandres, leur prise de pouvoir totalitaire (Livre II) et enfin la guerre qui s'en suit contre les hommes (livre III). Il se termine, en guise de morale, par un dialogue entre l'auteur et sa conscience.

C'est un livre dense et protéiforme, plein de détails amusants et de parodies féroces.



Livre I

Le roman de Čapek débute comme un récit d'aventures maritime. Un narrateur anonyme raconte comment le capitaine J. van Toch, un vieux loup de mer tchèque qui se fait passer pour hollandais a amarré au large d'une île isolée de l'océan Indien, à la recherche de perles. Son équipe de plongeurs cinghalais refuse de chasser des perles dans la Baie du Diable car on y rencontre des créatures noires de plus d'un mètre de longueur. le capitaine van Toch découvre bientôt que ces créatures diaboliques sont plutôt dociles, amicales et très intelligentes. Et puis qu'elles raffolent des huîtres. Mais elles ont bien du mal à les ouvrir avec leurs petites griffes. Alors ce bon Capitaine a une fameuse idée. Il leur donne de petits couteaux en échange de perles. Il leur apprend aussi à parler et puis bientôt les équipe de harpons pour éloigner les requins, leurs seuls et uniques ennemis naturels. Alors qu'il est en congé dans sa Tchécoslovaquie natale , le capitaine Van Toch est interviewé par deux journalistes désespérés en quête de scoop. Ils lui suggèrent de rechercher un soutien financier pour l'achat de son propre bateau auprès d'un Tchèque nommé GH Bondy basé à Amsterdam. Celui-ci est un « capitaine d'industrie » que Van Toch a bien connu dans son enfance et qu'il intimidait alors en raison de ses origines juives. Quelques années après cette rencontre fatale, la population des salamandres explose et GH Bondy à la tête du « Syndicat des salamandres », annonce son programme dans un discours exalté : il exploitera impitoyablement les salamandres géantes, les élèvera et les vendra comme esclaves. Les salamandres seront désormais utilisées pour construire des sous-marins et entraînées pour protéger les rivages des pays qui les auront achetées.



« Messieurs, c'est avec regret que je conclus le chapitre qu'il me sera permis d'appeler vantochien ; nous y avons dépensé ce qu'il y avait en nous-mêmes d'enfantin et d'aventureux. Il est temps de quitter ce conte de fées avec ses perles et ses coraux. Sindbad est mort, Messieurs. La question se pose : que faire à présent ?"

Appendice : la vie sexuelle des salamandres





Livre II

Nous faisons connaissance avec Povondra le très fier portier tchèque de Bondy. C'est lui qui a introduit le vulgaire Van Toch chez Monsieur Bondy. Depuis Povondra a décidé de collectionner tout ce qui se rapporte aux salamandres. C'est par le biais d'articles qu'il a soigneusement archivés que nous apprenons l'évolution des créatures. Les parodies s'enchainent, de plus en plus terribles et toujours très ludiques. Austères compte rendus scientifiques, controverses universitaires, procès verbaux de conseils d'administration, articles de journaux sérieux ou manchettes à sensation du monde entier. Ces articles sont parodiés avec un souci du détail époustouflant y compris dans le graphisme et la calligraphie. Ils sont aussi entrelardés de slogans publicitaires désopilants. Journalistes, hommes politiques, scientifiques s'expriment et en prennent pour leur grade. Ces experts vaniteux persuadés d'avoir raison ont en commun d'être instruits et de s'adresser aux masses. On plaint d'abord ces pauvres petites créatures exploitées avant de prendre conscience que nous sommes nous aussi piégés et manipulés.



« -Justement, grommela M. Povondra inquiet. Une fois qu'elles se mettront à se défendre, ces saletés, ça ira mal. C'est la première fois qu ‘elles font ça...Bon sang, ça ne me plaît pas. Povondra eut une hésitation.

-Je ne sais pas...mais peut-être je n'aurais tout de même pas dû le faire entrer chez M.Bondy, ce capitaine. »



Livre III

Les salamandres, devenues trop nombreuses sont désormais menées par un chef (le Chief Salamander) et attaquent les littoraux humains pour les transformer en prairie marine : la guerre entre les deux races a commencé. Chaque puissance petite ou grande a une solution. Français, Anglais, Allemands, tout ce beau monde passe à la moulinette. Dans le chapitre der Nordmolch, l'auteur fait de la salamandre du Nord la plus noble des variétés de l'espèce. Elle a un besoin bien légitime d'espace vital. Deux nouveaux personnages apparaissent, l'auteur et sa conscience. Ils discutent de la situation immédiate et future.

« Et ensuite ?

-Je n'en sais pas plus long. »



Ce livre ludique et stimulant est d'une richesse stupéfiante. Les pistes d'interprétation sont multiples et la fin est ouverte.

Bref à lire et à relire.



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La guerre des salamandres

Karel Čapek tend le miroir à l'humanité. Un reflet noir mais drôle.



Karel Čapek est un illustre inconnu dont pourtant beaucoup d'auteurs, de scientifiques et de lecteurs emploient un terme qu'il a inventé, rentré dans le langage courant : il est en effet L’homme qui inventa le terme Robot dans la pièce « R.U.R. ».



Nous sommes dans une histoire assez classique, celle de l'exploitation d'une ressource, ici les salamandres, des êtres qui ont eu la mauvaise idée de croiser la route de l'homme et lui faire miroiter des bénéfices substantiels en leur amenant sur un tapis rouge des perles naturelles devenues extrêmement rares. Les salamandres vont révéler d'autres avantages qui pourraient bien causer leur perte, ou celle de l'homme... La guerre du titre est trompeuse, n'occupant en fait que quelques pages en toute fin du roman.



Un roman datant de plus de 80 ans, malheureusement toujours d'actualité. Le capitalisme du début du 20ème siècle n'a pas à rougir face à celui de notre époque.

De la découverte du "sauvage" qui va bientôt passer à celui de "bon sauvage", l'histoire de ces salamandres est une satire de notre société. Tout y passe : industrie, finance, vie politique, géopolitique, nationalisme, racisme, société, médias, patron/ouvrier, syndicalisme, religion, éducation, la brocarde est salutaire, le cynisme à son paroxysme, l'humour y est noir, très souvent grinçant. Notre histoire, reconstruite dans les grandes lignes et qui n'est pas à porter à notre bénéfice.



Un défaut à mon sens, qui peut expliquer l'oubli de ce livre face à d'autres "grandes oeuvres" : l'auteur emploie différents styles pour nous livrer son conte philosophique : récit, coupures de presse, extraits de livres, médias qui donnent un aspect assez décousu, il manque clairement une intrigue un peu plus conséquente pour rester dans les mémoires du lecteur.



Ceci dit, une lecture salutaire, même si l'humanité ne s'y montre pas sous son jour le plus favorable. Les années passent et n'améliorent pas notre civilisation, les erreurs du passé n'offrant que de nouvelles idées pour asservir son prochain. Mais mème si le propos est sombre, le texte pourra plaire au plus grand nombre de part son humour quasi omniprésent.
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La guerre des salamandres

Qui eût cru que ce livre d’abord si léger et fantasque allait peu à peu devenir un roman total aux frontières des genres, une fable impressionnante où les animaux parlent et balaient l’humanité, mieux que ne le savent le faire les hommes ?


Lien : http://www.thierry-guinhut-l..
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La guerre des salamandres

Quel curieux roman ! Les points de vue et les protagonistes se succèdent rapidement au sein d'une narration tantôt sans recul (les dialogues sont omniprésents dans la première partie), tantôt très distanciée (les deux autres parties prennent la forme d'une revue de presse chronologique et d'analyses théoriques). le récit n'a donc pas de forme fixe. Il est en perpétuelle évolution, exactement comme les salamandres qu'il met en scène. Si bien qu'il est difficile d'appréhender ces salamandres, de les comprendre… C'est bien entendu l'effet recherché par Čapek : à l'image des premiers protagonistes, puis de l'humanité entière, nous assistons à la découverte et l'expansion d'une espèce à l'intelligence inédite depuis homo sapiens. Sans vraiment concevoir où nous allons. Entre surprise, enthousiasme… et angoisse.



Hé oui, que se passerait-il si une telle espèce apparaissait sur Terre et s'y multipliait ? Pas grand chose de bon, nous répond Čapek. Car malgré l'humour omniprésent, les résultats du contact entre l'humanité et les salamandres font souvent froid dans le dos : à l'altruisme de quelques-uns s'oppose la bêtise insensible de la masse, qui a tôt fait de réduire les nouvelles arrivantes en esclavage, dans une course effrénée au profit. Voilà une satire bien corrosive qui dresse un portrait d'une humanité aveugle et égoïste, où chacun poursuit ses intérêts dans son coin pendant que le bateau prend littéralement l'eau. Les salamandres endossent à la perfection le rôle de travailleuses presque robotiques (ce mot « robot », popularisé par Capek, est dérivé de « robota », synonyme de « travail » en tchèque) au point de se rendre indispensables : à l'image de tout progrès technologique, une fois qu'elles sont assimilées à la société humaine, on ne peut plus faire machine arrière, pour le meilleur, mais ici surtout pour le pire.



Outre la satire socio-économique, on trouve des parodies des principaux courants politiques de l'époque (les années 1930), en particulier le nazisme : un savant allemand se plaint par exemple de l'humanisme qui conduit à vouloir vivre ensemble au lieu de massacrer les minorités envahissantes. Et les salamandres elles-mêmes, par leur absence dérangeante de personnalité et leur homogénéité, font songer aux sociétés dystopiques, à commencer par les classes inférieures du Meilleur des mondes d’Huxley, ou encore l'humanité « opérée » de Zamiatine dans Nous autres. Deux sources que Čapek connaissait certainement.



Au-delà de ces multiples références et caricatures, Čapek démontre aussi l'impossibilité de coexister dès lors que l'on est trop nombreux. Même si l'on est bien plus débonnaire et conciliant que l'humain moyen. La croissance exponentielle des salamandres m'a paru à cet égard fortement révélatrice. En effet, difficile de ne pas y voir un reflet déformé de celle de l'humanité. de même que la volonté avide de leurs maîtres (et leur propre volonté de vivre) pousse les salamandres à se multiplier jusqu'au point de non retour, qu'arrivera-t-il à notre espèce bien moins docile quand elle se sera encore accrue (comme cela est prévu), de plusieurs milliards d'individus dans un monde où elle vit déjà à crédit ? Poser la question, c'est déjà entrevoir la logique implacable qu'elle recouvre, similaire à celle que Čapek met en oeuvre dans son roman.



Un fervent combattant de la surpopulation, du nom de Claude Lévi-Stauss, disait : « Il n'est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble ». Selon son point de vue, la haine de l'autre ne serait qu'un symptôme de ce problème, y compris la Shoah, dont Čapek était destiné à être victime (si sa mort naturelle ne lui avait pas permis de frustrer la gestapo). Čapek anticipe d'ailleurs quelque peu les ravages du nazisme, notamment à la fin du roman, . Sous ses aspect légers et fantaisistes, ce roman de Čapek interroge le sens de notre expansion en tant qu'espèce.
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La guerre des salamandres

Ce roman difficilement catégorisable (aka OLNI) est paru en feuilleton dans les années 30 vraisemblablement, il est paru assez récemment chez Cambourakis (11 euros), et même s'il n'est pas LE chef d'oeuvre absolu, il mérite amplement lecture et n'a absolument pas vieilli!



Première partie, au parfum de livre d'aventures, où comment l'on découvrit dans les îles du fin fond du Pacifique des salamandres de bonne taille, dociles, pacifiques, bosseuses, apprenant vite, pourquoi elles essaimèrent dans le monde entier suite à un appât du gain fort capitaliste de la part des hommes.

Beaucoup d'humour, d'action, c'est pas mal barré.



Deuxième partie, quasi consacrée à l'histoire des salamandres, offrant des notes de bas de page et différents points de vue, là c'est bourré d'ironie et d'humour noir. On ne peut s'empêcher de penser, au vu du traitement infligé aux salamandres, à la traite des noirs et aux mouvements anti esclavagistes.



Dernière partie, plus sombre, plus philosophique, où la situation se dégrade, les salamandres se révélant obligées de lutter pour un espace vital suffisant, au grand dam des hommes n'ayant pas vu venir grand chose en dépit de mises en garde de certains intellectuels.



Ce qui frappe en premier lieu dans ce roman, c'est avec quelle facilité, en dépit d'un thème sérieux, il se lit avec aisance et plaisir, grâce aux changements de genre, roman classique, dialogues, compte-rendus, essais, etc..., le tout assaisonné d'ironie.



En plus des références à la traite des noirs, on peut y voir aussi des préoccupations écologistes, une réflexion sur la démocratie, et bien sûr chercher les clins d'oeil à la situation en Europe dans les années 30. Capek égratigne avec humour les caractéristiques (supposées) des anglais, français, et surtout on ne peut s'empêcher de penser à l'Allemagne de l'époque:



"Sur ce, la presse allemande commença à faire beaucoup de bruit autour de la salamandre balte. On soulignait surtout que c'était grâce au milieu allemand que cette salamandre avait évolué vers un type racial différent et supérieur, qu'il convenait de placer au-dessus de toutes les salamandres. On parlait avec mépris des salamandres dégénérées de la Méditerranée, au corps et à l'esprit atrophié, des salamandres sauvages des tropiques et en général des salamandres inférieures, barbares et animales, des autres nations.Une formule fit fortune à l'époque 'de la Grande Salamandre à la Sursalamandre allemande!' "



Un mot sur l'auteur (merci wikipedia)

Karel Čapek, né en 1890 en Bohême et mort à Prague en 1938, est l'un des plus importants écrivains tchécoslovaques du 20ème siècle. Le mot robot, qui apparaît pour la première fois dans sa pièce de théâtre de science-fiction R. U. R. (Rossum's Universal Robots), sous-titre en anglais du titre tchèque "Rossumovi univerzální robotia", a été inventé par son frère Josef et signifie "travailleur dévoué, esclave".
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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La guerre des salamandres

Karel Capek est l’un des pionniers du genre littéraire de la science-fiction, puisque c’est même lui qui a inventé le mot « robot » en 1921. Peu adepte du genre, j’ai décidé de découvrir ce roman sur conseil d’ami et je ne le regrette pas. Mêlant le fantastique, l’humour et le roman social, ce livre est criant de réalisme.



Le roman est découpé en trois livres. Tout commence avec la découverte d’une nouvelle espèce de salamandre, immense, et humanisée. Le livre explore les enjeux sociaux, économiques, politiques, scientifiques, et moraux de l’exploitation de cette nouvelle espèce. En effet, elles peuvent facilement devenir une force de travail pour les hommes. Les salamandres se développent très rapidement, au point que le renversement de l’Humanité ne devienne inévitable. Il y a peu de personnages, donc on ne peut pas vraiment s’attacher à une personne en particulier, on suit l’Humanité entière, Hommes comme Salamandres.



L’écriture est fluide et addictive, avec beaucoup d’humour et de cynisme, pas mal noir. C’est une satire de la société et des rapports entre personnes, que Kapec a écrit en pleine montée du stalinisme, ce que l’on ressent beaucoup dans son écriture avec une critique de l’uniformité. L’addictivité vient également du réalisme du roman : le récit est entrecoupé de faux articles, dessins et schémas, comme si cela se passait vraiment. Il y a un fort ton journalistique.



Un chef-d’œuvre pour moi, qui mérite d’être lu. L’histoire est géniale, et très prenante !
Lien : https://lecariboulitteraire...
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La guerre des salamandres

Publié en 1936, ce roman est, sous des abords assez légers et drôle, une critique radicale de l’exploitation capitaliste (des ressources naturelles et humaines), de l’impérialisme et plus largement de la bêtise humaine.



Le bouquin se divise en trois parties. La première tient du récit d’aventure et raconte la découverte par le capitaine Van Toch, d’une salamandre très évoluée, capable d’apprendre et de collecter des perles en quantité industrielle. L’appât du gain est la chose la mieux partagé dans le genre humain. Moteur originel de cette petite entreprise, l’avidité est également la motivation du majordome introduisant Van Toch auprès du richissime Bondy (pourboire espéré) qui, en bon capitaliste, fera passer cette collecte artisanale au stade industriel afin de s’en mettre plein les poches. Les salamandres sont exploitées mais également armées pour se défendre des requins dont les mâchoires font sensiblement baisser la productivité et nuisent à l’investissement. La seconde partie se présente comme une somme d’article de journaux permettant de décrire l’essor de la civilisation des salamandres. Elle est aussi l’occasion de ridiculiser l’espèce humaine incapable de voir plus loin que son intérêt immédiat, pétrie de (fausses) certitudes, arrogante au dernier degré. La dernière partie est consacrée à la guerre annoncée dans le titre et à nouveau l’occasion d’une satire des travers humains (qu’ils soient ceux des hommes ou ceux des salamandres qui ne valent guère mieux).



« La Guerre des Salamandres » est un très bon roman, fantaisiste et satirique, une œuvre majeure de la littérature tchèque.

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