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Critiques de Laurence Tardieu (357)
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Une vie à soi

Laurence, Diane.

Diane, Laurence.

Deux destins, deux vies tellement différents et tellement proches, c’est ce que nous raconte Laurence Tardieu dans ce texte magnifique et bouleversant.

Laurence Tardieu, va mal depuis quelques mois avec l’impression que sa vie lui échappe.

« Depuis des mois, je me sentais enserrée dans un effroi et une souffrance intenses que je ne parvenais à dire à personne. J’essayais de me tenir à tout ce qui tenait, mais rien ne tenait, plus rien ne tenait. Tout s’effritait sous mes doigts »

Pour tromper son ennui et son mal-être, un dimanche après-midi, Laurence va marcher dans le Jardin des Tuileries. Ses pas la mènent au Musée du Jeu de Paume où se tient une exposition des clichés de la célèbre photographe américaine, Diane Airbus.

Dans la première salle du musée, Laurence est interpellée par le réalisme des photos, mais c’est en lisant la biographie de l’artiste, qu’elle a la certitude d’avoir fait une rencontre exceptionnelle, mieux qu’une amie, elle vient de trouver son double. En parcourant les allées du musée, elle ressent une sensation inconnue, comme une présence invisible qui allait la tirer du gouffre et la hisser vers la lumière.

« J’ai voulu tout savoir d’elle. Elle, morte, qui m’avait empoignée, moi, vivante.

Elle, si vivante qu’elle m’avait empoignée, alors que je sombrais. »

Cette présence à ses côté ne quittera plus Laurence qui n’aura de cesse de tout savoir sur Diane, sa vie, son enfance, ses amours, ses enfants, jusqu’aux circonstances de sa mort.

Je referme ce livre profondément émue. Chacun des livres de Laurence Tardieu fait naître en moi un profond sentiment de sérénité et d’apaisement même si elle évoque des évènements dramatiques. Je crois que cela est dû à la luminosité de son écriture.

J’ai eu la chance de la croiser il y a quelques années lors d’une séance de dédicaces et à ce moment-là, son sourire et l’attention qu’elle m’a prêtée m’ont donné l’impression d’avoir rencontré une femme exceptionnelle sensible et délicate à l’image de ses livres.

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L'écriture et la vie

Quand Michèle Gazier et Marie-Claude Char, fondatrices des Editions des Busclats, ont proposé à Laurence Tardieu de faire « un pas de côté » dans son parcours d'auteure en écrivant un texte court au gré de ses envies, de sa fantaisie, de son imaginaire ou de son intimité, Laurence Tardieu était justement en arrêt sur son chemin littéraire. Elle n'avait pas écrit une ligne depuis vingt-et-un mois. Une nuit d'un noir d'encre avait alors envahi son esprit et son corps tout entier. L'écriture et la publication de son dernier livre La confusion des peines – elle y évoquait la mort de sa mère et l'emprisonnement de son père pour corruption – l'avaient vidée de ses mots. Et quand bien même des mots sortaient, ils lui semblaient sonner creux et faux.

En mal de justesse, en quête d'une vérité, espérant une lumière, Laurence Tardieu se met alors à écrire une sorte de journal. Tenter de trouver un sens à ce qui lui arrive. Se poser des questions. Essayer d'y répondre. Pas à pas, sortir de l'ombre, de l'impasse. Cheminant, jour après jour sur une voie tortueuse pour trouver sa voix. Celle qui résonnera avec exactitude. Un équilibre entre l'intime et le dehors. Et se nourrir encore et toujours des mots d'Annie Ernaux, de Charles Juliet, de Virginia Woolf, de Gustave Flaubert, de Marguerite Duras, de Georges Perec et de tous ces écrivains de la vérité. Modifier quelque peu ses conditions de travail : ne plus s'enfermer à l'intérieur de soi devant un mur mais s'ouvrir davantage non loin de fenêtres bienveillantes...

Laurence Tardieu partage ce journal avec le lecteur, qui a d'ailleurs lui-même un rôle dans sa quête. Celui-ci chemine à ses côtés, entrevoit les difficultés auxquelles se heurte parfois un écrivain, comprend ses doutes, imagine ses failles, et espère avec elle que la lumière tant attendue rayonne à nouveau dans son corps et dans son esprit. Et que les mots reprennent leur course vive, vivante et vraie.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Le Jugement de Léa

C'est le deuxième roman de Laurence Tardieu.

Elle traite ici d'un thème extrêmement difficile; l'infanticide.

Léa est une jeune femme accusée d'infanticide.

Elle attend que les jurés de la cour d'assises rendent leur verdict.

En à peine cent pages, on voit défiler ce qui a amené Léa à commettre l'irréparable; son enfance dorée, ses parents indifférents, les hommes multiples qui ont traversé sa vie;

Trois heures de huis clos, où l'on voit un gardien s'attacher à la jeune accusée, rapprochés un court instant par la solitude.

Un récit court, émouvant, sobre et sensible.
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La confusion des peines

Voici un texte poignant sur l'amour filial, une écriture sincère qui vous transperce, un livre à la fois pudique et brutal, un livre qui vous secoue, qui vous remue, mais tout est dit avec tact, humilité et douceur, dans le but de mettre à jour des faits et des sentiments.

Il s'agit du livre d'une fille à son père ou quand la chute du héros tant admiré meurtrît une famille!

Laurence Tardieu brise le silence:" le livre, Laurence, tu l'écriras quand je serai mort", lui avait demandé son père, elle n'a pas obéi.

Cri de révolte, lettre d'amour à Jean- Pierre Tardieu, polytechnicien, condamné pour corruption à 24 mois de prison dont 6 ferme.

En même temps,Laurence perd sa mère,emportée par un cancer du cerveau fulgurant...

"Lorsque mon père est tombé, ma mère s'est éteinte", disparus les amis, effacée la belle image, "on continue à sourire", elle se heurte à un mur....

Un double deuil donc, mais elle écrit pour comprendre, accepter, dépasser,elle couche sur le papier ses ressentis, ses déceptions, ses hontes:

"Nous sommes rentrés avec toi dans le cercle parfait et infernal de la honte, avec toi, nous avons caché, avec toi, nous avons tu ,peu à peu, ce que nous avons caché a ressemblé à un monstre menaçant, difforme, peu à peu nous nous sommes effrayés de ce que nous cachions, le monstre grandissait, débordant de toutes parts, nous ne pouvions plus parler, nous étions pris au piège........."

Laurence Tardieu ne se plaint pas, son récit ne comporte ni complaisance, ni rancœur...elle nous raconte son combat contre l'absence et les non- dits:"Dans une autre famille, il y aurait eu des mots, on aurait parlé, prononcé des paroles vives, troué le silence à coups de mots, chez nous des mots, il n'y en a pas eu,il fallait taire ce qui était monstrueux....."

Cela ressemble à un exercice de résilience et d'émancipation...en l'espace de l'écriture de ce livre,une lettre d'amour à son père, en 140 pages,cette fille prend son indépendance, elle se libére, elle s'émancipe,elle s'affirme , elle prend son envol , elle devient femme, par la magie de l'écriture, libératrice,un livre superbe! Un livre sobre, un livre juste, un livre qui nous parle....une écriture qui nous émeut !

"En écrivant ce livre, j'ai franchi le gué, je suis passée de l'autre côté, je suis passée en zone libre....j'ai retrouvé mon corps,je m'en vais vivre maintenant.

Je vais aimer, ce livre, je te le donne, je l'ai enfin écrit, je suis sortie du silence,je suis devenue une femme."

L'auteur a réussi à sortir du silence et du non- dit qui la liait depuis toujours à ce père si lointain et si proche, pour Exister , enfin?















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Puisque rien ne dure

Je viens de finir cet ouvrage tellement bouleversant que l'émotion me submerge.

Comment écrire une critique neutre?

Vincent et Genevieve s'aiment passionnément, un jour, leur fille, Clara, âgée de 8ans, disparaît mystérieusement......elle ne revient pas de l'école....

Quinze ans après, Vincent et Genevieve n'ont pas surmonté la souffrance de la disparition de leur enfant,elle, est partie à la campagne seule, lui en ville.

La première partie raconte le voyage de Vincent vers Genevieve,mourante, qui lui écrit au crayon de papier:"viens me revoir,Vincent, je meurs."

"Je ne sais que penser. Je suis au volant de ma voiture lancée à toute vitesse sur l'autoroute, de minute en minute je me rapproche de toi et je sens quelque chose gronder en moi, qui ressemble à de la peur. Je sais que tu es en train de mourir mais je n'arrive pas à comprendre ce que cela signifie. Je n'y arrive pas. Je prononce la phrase doucement, comme un enfant répétant les mots d'un autre: Geneviève est en train de mourir,mais ça ne veut rien dire. Ça n'a aucun sens."

La deuxième partie raconte la tenue du journal de Genevieve à partir du douzième jour de la disparition de Clara.

"22 mars, Deux mois qu'elle a disparu.

Y a- t- il des amours qui auraient résisté, qui auraient tenu bon?

Pourquoi ne sommes nous pas assez forts?

Si je n'avais pas ce cahier je crois que je me serais laissée aller au désespoir comme Vincent...."

La troisième partie raconte la réunion de Vincent et Genevieve, elle, au seuil de la Mort.

"J'entends sa voix, presque un murmure:-_Elle me manque ,Vincent, si tu savais comme elle me manque.

"Elle ne m'a jamais autant manqué que ces derniers jours.....Elle m'aide à mourir, je rêve qu'elle éponge mon front, dans mon rêve, tout est doux ,bon,puis je me réveille, je ne sais plus, je reste allongée....je suis incapable de me lever..."

Laurence Tardieu traite ce sujet douloureux avec beaucoup de dignité,avec des mots simples qui vont droit au cœur.

Comment surmonter la disparition d'un enfant?

Comment rester insensible à la perte, au deuil, au manque criant?

À la souffrance indicible de parents qui n'ont pas réussi à affronter le pire des drames sur le long terme?

C'est l'histoire sensible, poignante, pudique, intime, d'un couple profondément uni, blessé par la vie...sur la perte d'un amour, sur le deuil transformant à jamais le destin de ces deux là...

L'auteur aborde les conséquences de la perte de Clara , sur la manière de vivre après le drame, deux vies fragilisées et abîmées.

C' est un livre profondément humain, subtil, bouleversant, intenable dans sa douleur, sublime dans son écriture attachante et sensible,un livre dont on ne sort pas indemne , qui va nous poursuivre longtemps.....

Quelle plume magnifique, cette écrivaine, la jeune Laurence Tardieu,!c'est son troisième roman seulement!

Je n'ai pas lu les deux premiers mais je vais les lire!





























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Puisque rien ne dure

« Puisque rien ne dure » nous met au cœur de l’intimité d’un couple après la disparition de leur fille de 9 ans.

Le livre écrit avec beaucoup de sensibilité se divise en trois parties distinctes afin de mieux comprendre ce qui fait la différence entre les deux narrateurs. Geneviève va continuer à revivre les moments de bonheur vécus avec Clara tandis que Vincent va occulter complètement cette partie de sa vie. Un même couple mais deux façons différentes de faire face à l’insupportable. Tout au long du récit apparaît leurs différences qui vont être exacerbées par leur malheur et la mort de leur fille.

L’écriture est intimiste et plonge au plus profond de la vie de ce couple. Laurence Tardieu nous sert une histoire sombre mais éclairée par une écriture lumineuse.



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Puisque rien ne dure

J'avais aimé une vie à soi parce que le sujet se prėtait bien au style écorché de Laurence Tardieu. Je retrouve ici le même style haletant sur un sujet qui ne me parle pas autant et ne suis plus du tout sous le charme. Non pas que le sujet de la perte d'un enfant ne soit pas intéressant, mais contrairement aux lecteurs que ce style a ému, j'ai personnellement eu l'impression de la mise en oeuvre d'une technique d'écriture au détriment de l'expression d'une véritable émotion, qui seule me semble pouvoir justifier ce style d'impressions hachées. Le premier livre était le plus récent, et ce retour en arrière m'a un peu déçu, peut être le prochain.....
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Nous aurons été vivants

J'avais décidé de laisser une seconde chance à Laurence Tardieu après un premier échec. Le thème de Nous aurons été vivants me semblait plus ouvert et propice à dépasser la seule introspection avec laquelle j'ai du mal, quel que soit l'auteur. Il faut croire que nous ne sommes décidément pas compatibles toutes les deux, ce roman-ci ne m'a pas convaincue malgré son ambition et les thèmes abordés, plutôt universels. Mais j'ai vraiment trop eu l'impression de tourner en rond, avec une héroïne enfermée dans des pensées sans cesse ressassées, certes avec quelques raisons pour cogiter mais enfin... A la longue, c'est fatiguant.



C'est un livre sur le temps qui passe. Sur les non-dits aussi. Les douleurs qui se transmettent d'une génération à l'autre sans parler. Il y a entre Hannah et son père des choses qui n'ont jamais été dites et qui ne le pourront plus, ce dernier étant mort. Il y a entre Hannah et Lorette, sa fille, des non-dits et des incompréhensions désormais figés puisque Lorette est partie un jour, sans un mot et sans plus donner de nouvelles. C'était il y a sept ans, elle avait 19 ans. Pourtant, ce matin, Hannah pense l'avoir vue, de façon fugace au coin d'une rue. Un déclic qui l'amène à repasser en revue les cinquante années de sa vie, marquées par une peur omniprésente, irraisonnée, que seul son travail artistique parvient à canaliser, mais qui influence considérablement ses relations avec les autres.



En fait, je n'ai jamais réussi à adhérer à ce texte et c'est vraiment une question d'écriture et de construction. J'ai perçu tout au long de ma lecture l'objectif de l'auteure, ce qu'elle voulait démontrer mais sans jamais parvenir à me laisser glisser aux côtés de ses personnages. Trop effleurés pour la plupart pour former la fresque éphémère ambitionnée par l'auteure le temps d'une journée alors qu'au contraire, chaque pensée d'Hannah est décortiquée et triturée comme si son cerveau était étalé sur une table de dissection. Et ça, c'est tout ce que je n'aime pas dans une écriture. Ça a sur moi l'effet contraire de celui attendu : aucune émotion ne passe, mais beaucoup d'agacement. Et puis je crois que ces héroïnes névrosées me sont si éloignées qu'il me faut une écriture qui les prend à contre-pied pour pouvoir parvenir à les comprendre et à les aimer. Un truc qui bouscule, redistribue les cartes mais évite la complaisance avec ces triturages de cerveau.



Donc, Laurence Tardieu n'est pas pour moi mais elle touche et enthousiasme de nombreux lecteurs, c'est vraiment une question de sensibilité. Pour savoir de quel côté on se trouve, le mieux c'est encore d'essayer.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Une vie à soi

Quel bonheur éprouve-on lorsqu'on rencontre une personne qui vous ressemble! On se rassure enfin, de ne pas faire tache d'huile dans la société. On se sent moins fou, moins anormal, moins déréglé. Ça, c'est propre aux écrivains, aux solidaires, aux personnes ayant une créativité débordante. Un attachement presque passionnel va naître de cette rencontre. Et c'est de cette rencontre que nous parle l'auteure dans Une vie à soi , une rencontre qui ramène à la surface de ces souvenirs son enfance solitaire. Une enfance, bien qu'heureuse sur le plan matériel, mais solitaire sur le plan personnel, si d'autres enfants se souviennent de leur enfance comme une période d'épanouissement pour avoir eu des parents riches mais pour Laurence Tardieu, ça a été une forme d'injustice, et de ''honte'', un mot qu'elle empruntera à Diane Arbus, une photographe avec laquelle, les similitudes dans la façon de penser et dans toutes choses vont marquer sa vie, quand bien même celle-ci soit déjà morte. C'est à partir juste d'une exposition de Diane Arbus que l'auteure va décider d'aller à la quête de l'histoire cette topographe illustre. J'ai aimé le livre,les mots, les courts chapitres qui dénotent une manière de souffler avec ce livre, son ton poétique m'a beaucoup remuée!
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La confusion des peines

Quelle force, quelle jaillissement de mots pour dire ce qui étouffe,ce qui a été tu,ce qui tue ! Quelle richesse de vocabulaire pour dire le non-dit et laisser sourdre un torrent d'émotions et de reproches enfouies, et tenter d'atteindre la vérité des êtres, au plus près d'eux-mêmes. Pour révoquer les hontes, les refus et tout ce poids de culpabilité et d'échec qu'engendrent les fautes. Pour renouer avec la vie, celle qui ouverture et consentement à ce qui est, à ce qui a été. Beau livre en vérité que ce petit texte, incisif, avec ses phrases qui font mouche crevant l'abcès du mensonge et du refoulement.

A conseiller à tous ceux qui un jour ont eu à souffrir du silence de leurs proches ou qui se sont enfermés eux-mêmes dans un silence mortifère.

Laurence Tardieu nous donne ici une belle leçon de vie, d'espérance et de courage pour affronter les démons du "familialement correct".
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Rêve d'amour

Ce livre est un nouveau récit de Laurence Tardieu sur le deuil. Il est écrit dans une langue sobre, précise, au plus près du ressenti, de l'image qui passe par la tête, du frisson qui traverse le corps, de la chaleur brutale qui transfigure le visage et fait qu'il devient rouge. Les yeux se baissent, les personnages rentrent en eux mêmes, le cœur bat à tout rompre, le silence est pesant, les sourires sont doux et délicats, l'émotion affleure, toujours, comme par miracle, mais pas d'éclats, seulement des caresses, de la douceur, triste ou joyeuse, qui enveloppe le récit et le fait avancer tout doucement, à pas feutrés et chuchotés.

Laurence Tardieu a une nouvelle fois lancé sa petite musique, pour nous faire suivre la quête têtue d'une femme de 30 ans emportée par un élan vital irrépressible alors qu'elle est en deuil de son père qui vient de mourir, et qu'elle ne cesse d'être obsédée par l'image impossible à construire de sa mère.

Cette dernière est morte alors que l'enfant avait 5 ans. Le père a tout effacé d'elle, plus de photos, plus d'objets pouvant la ramener en souvenir et aussi plus un mot, même pas son prénom.

L'enfant entrevoit la douleur immense, la faille qui pourrait dévaster son père encore un peu plus, alors, elle accepte, elle subit, elle fait avec, et autour de ce creux, de ce manque, elle se construit en marge, en négatif, en ombre...

La mort qui emportera son père le poussera à lui lâcher un secret trop longtemps retenu, Blandine a aimé un autre homme, il s'appelle...

La révélation de ce secret,( enfin quelque chose de dit sur sa mère) va mettre la narratrice en quête. Avec courage, elle va affronter son fantôme chéri, espérer lui donner chair et âme, le retrouver et savoir... Ce qu'elle découvrira la mettra en paix, et lui ouvrira une nouvelle porte sur la vie...

Encore une fois, Laurence Tardieu nous parle de ce cheminement difficile du deuil qui arrive par des détours mystérieux à mener à l'apaisement. Cela semble être la grande affaire de l'auteure, mais elle est experte en la matière. Elle sait parler de ce qui sert de tremplin à l'âme pour prendre les chemins de la vie. Elle nous dit comment ce sentier est balisé d'œuvres d'art, qu'il s'agisse de musique, de littérature, ou de peinture..

Par petites touches, comme un tableau impressionniste, ce texte fait vibrer la lumière , les couleurs bleues et blanches, et il en devient vibrionnant d'émotions :

L'art a une grande importance dans ce récit et il apparait comme le meilleur onguent pour masser les bleus du cœur ; Laurence Tardieu nous offre de belles pages sur ces moments précieux que peuvent apporter la peinture, la musique, la lecture et l'écriture :

Ce titre est dans la sélection des livres pour le prix Lilas.

http://sylvie-lectures.blogspot.com/2008/02/rve-damour-laurence-tardieu.html
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Puisque rien ne dure

Ce court roman aborde un sujet difficile : la disparition d'un enfant. Il est écrit avec une grande sensibilité mais sans aucune sensiblerie. Grâce à l'écriture élégante et précise de l'auteure, ainsi qu'un récit construit avec simplicité mais efficacité, le lecteur est véritablement saisi par la puissance évocatrice de l’œuvre. Un roman magnifique, dans la veine de Delphine de Vigan ou Natacha Appanah.
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La confusion des peines

L'année 2000 est une année noire dans la vie de la narratrice. Cette année voit la mort de sa mère et l'incarcération de son père, dirigeant de la CGE pour corruption. Une année sur laquelle la chape de plomb du silence pèse dans la famille. Il ne faut surtout pas en parler. Un silence que la narratrice veut briser, et pour elle, écrivain la seule façon de briser le silence puisque personne ne parle, c'est de faire un livre de cette vie marquée par le silence, le non dit . Et pour cela, pour la première fois, elle va désobéir à l'interdit paternel.





"Tu ne veux pas que j'écrive ce livre. Tu me l'as dit. Tu me l'as demandé. Tu y avais pensé toute la soirée, toute la nuit, tu ne voulais pas. Ou, plus précisément, tu ne voulais pas que je l'écrive maintenant. Ce livre, Laurence, tu l'écriras quand je serai mort. Voilà ce que tu m'as dit."





Avant la chute, Laurence voyait son père avec ses yeux de petite fille, elle l'idéalisait, ce père si intelligent, si fort, une force toute en douceur, toute en sourire, mais une force indéniable. Mais déjà dans ses moments heureux de l'enfance, le silence régnait, il ne fallait surtout pas se parler d'amour, surtout pas s'exhiber. C'est ce silence qui décrit le mieux les relations dans cette famille.





"Comme toujours tu ne disais rien. Tu caches. Tu n'exprimes pas. Toujours le sourire, la douceur, l'enveloppement. Pas de problème, il n'y a pas de problème, jamais. Moi aussi avec toi je cache. Je tais. Je ne dis pas. Je formule des phrases , je prononce des paroles, mais pas celles que je voudrais te dire, celles que je porte en moi, qui sont ce que je vis, ce que j'éprouve, qui me définissent. Avec toi je contourne. Je fais semblant. Je passe à côté de moi."





La condamnation du père va intervenir comme un séisme, une déflagration, le monde de Laurence, tout ce en quoi elle croyait va s'écrouler. Le père va subir et faire subir à sa famille une double peine, celle de son incarcération avec tout ce que cela comporte comme douleur, et celle du silence qui va l'englober, l'amplifiant, la doublant. Elle ne comprend pas, elle ne comprend plus. Par ce livre, en brisant le silence, c'est de son père tant aimé qu'elle veut se rapprocher. C'est de cet être imparfait qu'elle veut se rapprocher. Et le seul moyen pour elle de le faire c'est l'écriture. C'est par l'écriture de ce livre qu'elle va comprendre ce père, le faire tomber de son piédestal pour l'aimer encore plus.







Ce superbe livre, est une magnifique lettre d'amour d'une fille son père. Un amour adulte, un amour débarrassé de toutes les idéalisations de l'enfance. Par ce livre la petite fille devient une femme, en cassant cette image du père parfait. Un texte porté par le style de Laurence Tardieu. Une écriture vivante, vibrante. L'écriture du coeur, une écriture qui bat, qui palpite qui saigne. Encore une fois vous m'avez bouleversé Laurence.





"Mais moi je n'en veux pas des vraies histoires, elles ne m'intéressent pas les vraies histoires, écrire ça n'est pas raconter des histoires, c'est tenter d'atteindre la lisière de la vie, cette matière-là mouvante, violente, imprévisible, or la vie ce n'est pas une histoire, la vie ça ne se déroule pas, ça ne passe pas, ça se tord, ça hoquette, ça n'a ni début, ni milieu, ni fin, pas de personnages, ce sont des corps qui avancent, qui tombent, qui aiment, qui ne savent pas, on avance tous en titubant, et personne n'en sort indemne, on finit tous par mourir."
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Un temps fou

Encore une fois, ma lecture commune avec Métaphore fut l’occasion d’une belle découverte littéraire. Comme pour la précédente, je connaissais déjà l’auteur par un autre de ses romans : Puisque rien ne dure, un magnifique et émouvant texte sur le deuil d’un enfant.



Dans Un temps fou, j’ai retrouvé l’écriture si particulière de Laurence Tardieu. Ce qui en fait la spécificité est ce qui m’agace chez tant d’autres : des phrases souvent courtes, simpl(ist)es, juxtaposées plutôt que coordonnées ou subordonnées les unes avec les autres, un usage très réfléchi de la ponctuation (et parfois incorrect, ajouterais-je si je laissais parler la correctrice-pinailleuse en moi), pour exprimer le désarroi des personnages et leurs pensées telles qu’elles leur viennent. Étrangement, je supporte et apprécie même beaucoup son style, car je le ressens comme très théâtral : à la fois oralisé, au point d’avoir envie de lire à haute voix, tout en étant relativement soutenu et littéraire.



J’ai également retrouvé la mise en scène d’un couple, mais dans une optique tout à fait différente. Laurence Tardieu livre dans ce texte une exploration du sentiment amoureux : tout passe par le regard de Maud, la narratrice que nous suivons donc dans ses errements, ses illusions, ses extases, ses aveuglements et ses sensations. L’homme ne s’exprime jamais directement, mais toujours à travers la femme, donc à travers une certaine vision et interprétation. Cet effet est encore renforcé par la dimension des souvenirs : le récit voyage entre passé et présent, voire projections dans l’avenir, entre séparation et retrouvailles. Cela renvoie à une métaphore de l’écriture et de la fiction en général :



L’écriture, comme l’amour, permet de tout oublier. L’écriture, comme l’amour, permet de renaître. (p. 45)



Au-delà de cet extrait, le parallèle est finement exploité par l’auteure tout au long du récit, que ce soit par allusion ou par les personnages même, tous deux écrivant, l’une des livres et l’autre pour le cinéma.



Malheureusement, cette lecture, qui avait merveilleusement bien commencé, s’est essoufflée dans les dernières pages, en raison de quelques longueurs et redondances. Malgré ce bémol, je vous conseille ce très beau roman.
Lien : http://minoualu.blogspot.com..
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Nous aurons été vivants

J'ignore pourquoi, je n'avais encore rien lu de Laurence Tardieu : et cette lecture faite en moins de deux jours, jusqu'au milieu de la nuit, m'a touchée, émue, comme si parfois l'auteure avait pris dans ma tête et mon coeur certaines idées ou émotions, pour les transcrire avec ses mots, de beaux mots, dans le fil de ce roman. Roman introspectif qui fouille au quotidien la vie de tous les jours d'une mère, et de sa famille avec elle, de ses proches, après qu'elle a "perdu" sa fille unique, qui est partie un jour sans plus jamais donné de nouvelles. L'auteure dit le manque, la chagrin, la douleur, les questions sans fin, son histoire rebondit sur celle des autres et fait des ricochets dans sa propre vie, elle l'oblige à s'interroger, peu à peu, sur son enfance, sur ses morts, et sur la vie des siens, de ses parents. Elle cherche à comprendre, presque malgré elle, comment le passé s'immisce toujours dans le présent. Tous ces thèmes me sont chers et nourrissent aussi mes romans, mais il est rare que je retrouve autant de réflexions similaires dans les livres des autres. Et puis surtout, la fin est magnifique, je l'ai lu les larmes aux yeux, et je vais bien sûr me plonger dans les autres romans de L.Tardieu.
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Nous aurons été vivants

A travers Hannah nous entrons dans le domaine de l’intime. La disparition d’un enfant sans aucun motif, sans explication laisse la porte ouverte à tous les possibles. Après 7 ans de silence, l’apercevoir ou croire l’apercevoir sur le trottoir d’en face pendant quelques secondes lui offre la possibilité de transformer cette journée du 7 avril 2017 en une remontée des sentiments.



Lorette avait 20 ans lorsqu’elle est partie. Secrète, silencieuse mais parfois avec des accès de colère, elle a fermé la porte de l’appartement pour ne jamais revenir. Pas une lettre, pas un appel, le silence et tous ses possibles. La pire des situations, ne pas savoir. L’absence et le silence ont rempli la vie de ses proches. Essayer de comprendre, y a-t-il quelque chose à comprendre, est-on responsable, a-t-on raté une étape…..



Laurence Tardieu a divisé son roman en trois parties. Partir de cette apparition fugace qui va transformer cette journée en un voyage dans sa vie, car l’absence est toujours là, silencieuse mais présente, inexpliquée, à l’absence s’est ajouté le vide. Elle sent les souvenirs remontés, les émotions surgirent et elle décide de leur laisser la place, elle s’accorde le droit de les écouter, de les accepter.



Mais ce qu’elle finira sans doute par comprendre, et ce jour-là peut-être reviendra-t-elle, c’est que même en quittant tout on ne se quitte pas soi-même, encore moins sa propre histoire, celle d’où on vient…. (p159)



Dans la deuxième partie, Laurence Tardieu remonte le temps, explore les territoires des différents personnages, mêlant la vie de chacun à des moments marquants de mémoire collective qui ont bouleversé le monde comme leurs existences ont pu être bouleversées .



Le roman se termine sur cette journée du 7 avril 2017, qui ne sera définitivement pas une journée comme les autres, pour Hannah et pour d’autres.



Je ne m’attendais pas à être autant impliquée dans cette lecture. Laurence Tardieu provoque en nous une introspection de nos propres vies, de nos sentiments à travers ses personnages. Impossible de ne pas se sentir, à un moment ou à un autre, personnellement concerné par les flux de pensées et de conscience évoqués. Les liens familiaux, la maternité, le couple, les choix de vie, la créativité, l’amitié, l’absence, la mémoire, la mort etc.. tous ces thèmes sont abordés.



Etre honnête avec soi-même, accepter de regarder ses failles mais aussi de porter un regard indulgent sur les proches et sur nous-mêmes. Par petites touches l’autrice aborde ce qui constitue la vie mais aussi l’absence. Il y plane une douce mélancolie, un regard sur le passé impossible à changer mais à accepter, tous ces petits moments de vie qui ont construit ou détruit.



Pas de réponse, simplement un regard et un constat. Vivre et accepter ce que l’on est, ce qui construit parfois avec ses manques, avec les silences, les non-dits, avec les atavismes connus ou inconnus mais présents.



Les relations entre Hannah et Lorette ont connu des hauts et des bas : rien ne vous prépare à cet état, à cette responsabilité où il faut souvent s’adapter à l’autre, s’oublier parfois. Elles fluctueront entre découverte, complicité, silence et incompréhension au rythme des vies de chacune, de leurs caractères, de leurs évolutions, de leurs ressentis. Elles ont en commun un moyen créatif d’expression mais n’arriveront pas, comme souvent, à communiquer entre elles, à vraiment se connaître.



Le silence de l’absence mais aussi les silences du passé, du présent, ce que l’on tait pour ne pas avoir encore plus mal ou pour épargner l’autre, parce que l’on ne comprend pas, parce que l’on a pas toujours les clés.



Il y a dans l’écriture de Laurence Tardieu une douceur, qui permet d’aborder les grands sujets de la vie, les questionnements qui peuplent nos pensées, nos vies. On ne ressort pas indemne d’une telle lecture car elle provoque en nous un flot d’émotions, de sentiments. C’est une analyse de nos vies qui, malgré tout, même si elle n’apporte pas de réponses, permet d’y porter un regard et aussi d’avoir le sentiment d’être un peu moins seul à se débattre avec ces questions sans réponse.



Longtemps la vie paraît immensément longue mais un beau matin, c’est comme si les cartes avaient été rebattues dans la nuit et que ce qui nous était soudain donné à voir, c’est que cette sensation de temps infini devant soi n’était qu’une illusion, qu’en fait la vie est très brève. Et tu vois, l’enfance reste le terreau, le vivier. (p144)


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Puisque rien ne dure

Roman profondément humain et bouleversant, intenable dans sa douleur extrême ! Mais chargé d’une force positive qui permet d’avancer malgré tout ! Même si la narratrice dit à un certain moment qu’il est impossible « d’imaginer la douleur des autres », je l’ai ressentie fortement. Et quelle écriture simple, qui va droit au cœur…
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Puisque rien ne dure

Un livre dans lequel je suis rentrée instantanément. Je l'ai lu en une soirée, tellement l'histoire est prenante, émouvante, terrifiante. Les larmes ont coulé bien souvent pendant cette lecture, racontée du point de vue des 2 personnages principaux, survivant chacun comme il le peut après la perte d'un être qui leur est plus que cher... et qui finissent par se retrouver. Bouleversante, une lecture magnifique !

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Une vie à soi

Amateur de photographie et familier de la salle du jeu de paume, tout était réuni pour me mettre dans de bonnes dispositions pour aborder cet ouvrage. De fait, dès les premières pages , ma mémoire kinesthésique s'est retrouvée à l'unisson de celle de l'auteur. Bien que je n'ai pas vu l'exposition Diane Arbus, dont je ne connaissais avant cette lecture que quelques photos isolées, et que mon enfance n'ait rien de commun avec celle de ces deux femmes, dès le début, le frôlement et l'odeur de l'air, la description de l'entrée de la galerie des Tuileries, ou celle de la chambre d'enfant de l'auteure, ont fonctionné comme par magie, appelant mes propres souvenirs à la façon de ceux de la photographe sur ceux de l'auteure. Mais nos univers sont trop différents et la transposition s'est vite arrêtée. Heureusement, le livre est court et l'atmosphère de compréhension est restée, entretenue par une sensibilité exacerbée superbement rendue, mais à la longue un peu fatigante. Il m'en reste un témoignage très intéressant, bien que trop excessif à mon goût, sur la création artistique, qu'elle soit photographique ou littéraire, et sur une personnalité écorchée.
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Puisque rien ne dure

Une fois plongée dans ce livre, il m'a été difficile d'en ressortir. Cette centaine de pages se lisent quasiment d'une traite. C'est un sujet très difficile a aborder. Quoi de plus terrible que de perdre son enfant ? Un couple peut-il résister face a ce drame, aussi amoureux qu'il puisse être ?

Apres la dispartition de leur fille, Vincent et Genevieve se separent. Tous deux vont vivre leur perte, leur deuil d'une maniere differente. Quinze ans plus tard, Genevieve atteinte d'une maladie va mourir. Elle veut revoir Vincent, vivre avec lui ses derniers instants , retrouve un bout de leur amour perdu avec la perte de leur fille.

Ici on ne parle pas ou que très rarement de la disparitions de leur fille. Ce que l'auteur aborde plutôt, c'est les conséquences de cette perte sur les parents, leur manière de vivre après un tel drame. Le tout est raconte avec beaucoup de pudeur, ce qui rend ce récit très touchant.

Cette histoire poignante tire les larmes pour peu que l'on soit sensible.

L'auteur a su mener son histoire sans en faire un récit larmoyant ou la seule chose que l'on fait c'est avoir pitié pour les parents. C'est pourtant un sujet sensible et difficile a aborder.

Bref une histoire a lire !
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