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Citations de Léon Tolstoï (3077)


Quand Lévine se demandait ce qu'il était et pourquoi il vivait, il ne trouvait pas de réponse et s'en désespérait. Au contraire, quand il cessait de s'interroger, il paraissait savoir ce qu'il était, pourquoi il vivait, parce qu'il agissait, vivait résolument et d'une façon précise.
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Lévine et Kitty se trouvaient particulièrement heureux et amoureux ce soir-là, et ils se sentaient confus de leur bonheur, comme d'une allusion indiscrète à la maladresse de ceux qui ne savaient pas être heureux.
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Et quand il fit sa demande et qu'on les bénit, quand ils s'embrassèrent et furent fiancés, alors elle n'eut plus d'autres pensées que lui, d'autres désirs que d'être avec lui, de l'aimer et d'être aimée de lui. Elle était fière de lui et s'attendrissait sur lui et sur elle-même et sur leur amour, et elle fondait, elle se pâmait d'amour pour lui. Mieux il la connaissait, plus il l'aimait. Il ne s'attendait pas à rencontrer un tel amour et cet amour renforçait encore son propre sentiment.
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Grâce à Varenka, elle comprit qu'il suffisait de s'oublier et d'aimer les autres pour être tranquille, heureuse et belle. C'était ce que Kitty voulait être. Ayant compris maintenant clairement ce qui était LE PLUS IMPORTANT, Kitty ne se contenta plus de s'exalter, mais se donna aussitôt de toute son âme à cette vie nouvelle qui s'ouvrait devant elle.
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- Comment va madame ? demanda Alexis.
- Hier, elle a accouché, heureusement.
Alexis Alexandrovitch s'arrêta et pâlit. Il comprit alors, nettement, avec quelle force il avait désiré la mort d'Anna.
- Et sa santé ?
Korneï, en tablier du matin, dégringola l'escalier.
- Ça va très mal, dit-il. Hier, il y a eu consultation de médecins. En ce moment, le docteur est encore là.
- Prends les bagages, lui dit Alexis Alexandrovitch. Et un peu soulagé d'apprendre que la mort de sa femme n'avait pas cessé d'être imminente, il passa dans l'antichambre.
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De son côté, Anna n'était plus la même ; moralement elle s'était transformée et physiquement elle avait beaucoup perdu. Elle avait grossi ; et au moment où elle avait fait allusion à cette actrice, une expression méchante avait subitement enlaidi son visage. Vronskï la regarda comme un homme regarde la fleur qu'il a arrachée. Dans cette fleur flétrie, il a peine à reconnaître la beauté à cause de laquelle il l'a cueillie et fait périr.
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« Tout le mal vient de ce que les hommes croient que certaines situations existent où l’on peut agir sans amour envers les hommes, tandis que de telles situations n’existent pas. Envers les choses, on peut agir sans amour: on peut, sans amour, fendre le bois, battre le fer, cuire des briques; mais dans les rapports d’homme à homme l’amour est aussi indispensable que l’est par exemple la prudence dans les rapports de l’homme avec les abeilles. La nature le veut ainsi, c’est une nécessité de l’ordre des choses. Si l’on voulait laisser de côté la prudence quand on a affaire aux abeilles, on nuirait aux abeilles et on se nuirait à soi-même. Et pareillement il n’y a pas à songer à laisser de côté l’amour quand on a affaire aux hommes. Et cela n’est que juste, car l’amour réciproque entre hommes est l’unique fondement possible de la vie de l’humanité. Sans doute un homme ne peut pas se contraindre à aimer, comme il peut se contraindre à travailler; mais de là ne résulte point que quelqu’un puisse agir envers les hommes sans amour, surtout si lui-même a besoin des autres hommes. L’homme qui ne se sent pas d’amour pour les autres hommes, qu’un tel homme s’occupe de soi, de choses inanimées, de tout ce qui lui plaira, excepté des hommes!
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- Est-il possible que chez toi il n'y ait pas aussi une espèce de nostalgie qui se mêle à la délectation de la nature, une espèce de regret du passé?
Il retira sa main qui caressait ma tête et se tut un instant.
- Oui, autrefois cela m'arrivait aussi, surtout au printemps, dit-il, comme s'il cherchait à se souvenir. Moi aussi, je passais des nuits à désirer, à espérer, de belles nuits!... Mais alors j'avais tout devant moi, maintenant tout est derrière moi; maintenant, ce que j'ai me suffit et c'est merveilleux, conclut-il avec une assurance si désinvolte que, bien que cela me fît mal d'entendre cela, je pensai qu'il disait la vérité.
- Et tu ne désires rien? lui demandai-je.
- Rien d'impossible, répondit-il, en devinant mon sentiment. Tu vas te mouiller la tête, ajouta-t-il, en me caressant comme une enfant et en passant encore une fois la main sur mes cheveux; tu envies le feuillage et l'herbe parce que la pluie les mouille, tu voudrais être l'herbe et le feuillage et la pluie. Moi je me contente de les contempler avec joie, comme tout ce qui est heureux, jeune et beau sur cette terre.
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On n’a rien découvert, on n’a rien inventé, et nous savons seulement que nous ne savons rien. C’est là le dernier mot de la sagesse humaine.
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« Partira-t-il vraiment sans m’avoir initié à sa pensée et sans m’avoir mis dans la bonne voie ? se disait Pierre, qui s’était levé, et marchait dans la chambre, la tête baissée. Oui, j’ai mené une vie méprisable, mais je ne l’aimais pas, je n’en voulais pas !… Et cet homme connaît la vérité et il peut me l’enseigner ! »
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Le rapport de celui qui ordonne envers ceux à qui il ordonne, c’est précisément ce qu’on appelle le pouvoir et il consiste en ceci :

Pour l’activité générale les hommes se réunissent toujours en certaines combinaisons dans lesquelles, malgré la différence de buts assignés à l’activité commune, les rapports entre les hommes qui participent à l’activité sont toujours les mêmes. En s’unissant dans une combinaison, les hommes se placent toujours entre eux en un tel rapport que le plus grand nombre d’hommes prend la plus grande part directe et le plus petit nombre d’hommes la plus petite part directe à cette activité pour laquelle ils s’unissent.

De toutes les combinaisons que forment les hommes pour l’accomplissement d’actes communs, une des plus remarquables et des plus définies, c’est l’armée.

Chaque armée se compose de membres infimes par leur grade : les soldats, toujours en plus grand nombre, puis des caporaux, des sous-officiers, moins nombreux, jusqu’au pouvoir supérieur militaire qui se concentre en une seule personne.

L’organisation militaire peut être figurée exactement par un cône dont les soldats forment la base ; dans les sections intermédiaires se placent les différents grades, etc., jusqu’au sommet du cône occupé par le chef supérieur de l’armée.

Les soldats, qui sont les plus nombreux, forment les points inférieurs du cône et sa base. Le soldat lui-même, directement, tue, coupe, brûle, pille et toujours ses actes doivent être commandés par le chef placé au-dessus de lui ; lui-même ne donne jamais d’ordres. Le sous-officier — le nombre des sous-officiers est déjà beaucoup moindre — agit en personne plus rarement que le soldat mais, déjà, il donne des ordres.

L’officier agit encore plus rarement, mais ordonne plus souvent. Et le général ne fait que donner des ordres aux troupes, leur désigne le but mais jamais n’emploie les armes. Le commandant ne prend jamais une part directe à l’action, il ne donne que des ordres généraux sur les mouvements des masses. On retrouve le même rapport des personnes dans chaque union pour une activité commune : agriculture, commerce ou n’importe quelle institution.

Ainsi, sans partager artificiellement toutes les parties du cône, qui se confondent, et tous les grades de l’armée ou des titres ou des situations de n’importe quelle institution ou d’une œuvre commune, depuis le plus bas jusqu’au plus haut se dégage nettement la loi suivant laquelle les hommes s’unissent entre eux pour accomplir un acte commun : plus la participation des hommes est directe dans l’événement moins ils peuvent ordonner et plus ils sont nombreux, et plus est faible la participation directe des hommes, plus ils donnent d’ordres et moins ils sont nombreux. Ainsi on monte des couches inférieures jusqu’au dernier terme, au sommet, qui prend le moins de part directe à l’événement et qui exerce le plus d’influence en donnant des ordres.

C’est ce rapport des hommes qui ordonnent envers ceux à qui ils ordonnent qui fait l’essence de la conception qu’on appelle le pouvoir.

En rétablissant les conditions du temps dans lesquelles s’accomplissent les événements, nous avons trouvé que l’ordre est exécuté seulement quand il se rapporte à une série correspondante d’événements ; et, en rétablissant les conditions nécessaires de lien entre celui qui ordonne et celui qui exécute, nous avons trouvé que ceux qui ordonnent prennent la moindre part dans l’événement lui-même et que leur activité est consacrée exclusivement à donner des ordres.
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Cette idée fausse que l’ordre qui précède l’événement est la cause de cet événement vient de ce que, quand l’événement s’est accompli, et que seuls, parmi les milliers d’ordres qui se sont enchaînés avec l’événement, ont été exécutés ceux qui pouvaient l’être, nous oublions ceux qui ne l’ont pas été parce qu’ils ne pouvaient l’être.
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Comme toujours dans les soirées, elle était vêtue d'une robe au profond décolleté tant devant que dans le dos selon la mode de l'époque. Son buste, qui avait toujours semblé de marbre à Pierre, se trouvait si près de lui que ses yeux myopes découvraient, bon gré mal gré, le charme vivant de ses épaules et de son cou, à une distance si courte de sa bouche qu'il lui eût suffi de se pencher à peine pour l'effleurer. Pierre se pencha sans en avoir conscience, et il s'écarta comme effarouché ; il se sentit soudain dans l'atmosphère tiède et parfumée du corps de cette belle femme. Il ressentait la chaleur de son corps, il humait les effluves de son parfum et percevait les frottements de son corset quand elle respirait. Ce n'était pas elle qu'il découvrait, cette beauté marmoréenne qui constituait un tout avec sa robe, telle qu'il la voyait et la ressentait auparavant, mais il vit et ressentit soudain son corps qui n'était recouvert que de ses vêtements. Et dès l'instant qu'il le perçut, il ne put le voir autrement, comme nous ne pouvons revenir à une précédente illusion d'optique.
Elle se retourna, le regarda en face, faisant briller ses yeux noirs, et elle sourit. « Vous n'aviez donc pas remarqué jusque-là comme je suis belle ? semblait-elle dire. Vous n'aviez pas remarqué que je suis une femme ? Oui, je suis une femme. Et même une femme qui peut appartenir à qui voudra, même à vous. »
Pierre rougit soudain, baissa les yeux et s'efforça de la revoir comme une beauté si lointaine, une beauté inaccessible pour lui, telle qu'il se la représentait jusqu'à présent. Mais ce n'était plus possible. Il ne le pouvait pas, tel un homme qui regarde dans le brouillard la tige d'une mauvaise herbe et croit y distinguer un arbre; quand il a vu l'herbe, il ne peut plus y voir de nouveau un arbre. Il regardait et avait devant ses yeux une femme frémissante dans la robe qui la recouvrait.
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« [...] Et l'excitation de tous ces vieillards à la pensée qu'il m'avait parlé ! Il y a deux jours, debout sous les balles dont chacune aurait pu m'apporter la mort, je n'ai pas éprouvé le centième de l'excitation que j'ai ressentie, je ne sais pourquoi, en parlant avec cet homme primaire, brave et parfaitement insignifiant. Oui, il faut être philosophe », conclut-il, et, au lieu de se rendre directement chez Bilibine, il passa dans une librairie afin de prendre une réserve de livres pour la campagne.
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"Hélas oui ! le mari !" Et Wronsky ne comprit qu'alors que le mari était une partie essentielle de l'existence d'Anna ; il n'ignorait pas qu'elle eût un mari, mais il n'y avait jamais cru jusqu'au moment où il aperçut sa tête, ses épaules et ses jambes en pantalon noir, et où il le vit s'approcher tranquillement d'Anna et lui prendre la main en homme qui en avait le droit (Première partie - XXXI).
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Inutile de se demander pourquoi il était là ; elle savait, avec autant de certitude que s'il le lui eût dit, qu'il n'y était que pour se trouver auprès d'elle.
"Je ne savais pas que vous comptiez aller à Pétersbourg. Pourquoi y venez-vous ?" demanda-t-elle en laissant retomber sa main ; une joie impossible à contenir éclaira son visage.
"Pourquoi j'y vais ? répéta-t-il en la regardant fixement. Vous savez bien que je n'y vais que pour être là où vous êtes ; je ne puis faire autrement".
En ce moment le vent, comme s'il eût vaincu tous les obstacles, chassa la neige du toit des wagons, et agita triomphalement une feuille de tôle qu'il avait détachée ; le sifflet de la locomotive envoya un cri plaintif et triste ; jamais l'horreur de la tempête n'avait paru si belle à Anna. Elle venait d'entendre des mots que redoutait sa raison, mais que souhaitait son coeur (Première partie - XXX).
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Si j’ignore ce que je suis, et pourquoi je suis, je ne peux vivre; si je ne puis pas le savoir, alors je ne peux pas vivre.
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Mais la tristesse pure et totale est aussi impossible que la joie pure et totale.
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Mais ce ne sont là que de vaines paroles : l’éducation des femmes résulte de la véritable vocation de la femme dans le monde et non de celle qu’on a inventée pour elle. L’éducation de la femme correspondra toujours à la façon dont l’homme envisage la femme.
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Comptez toutes les fabriques. La plupart travaillent à des ornements inutiles, équipages, meubles, hochets pour les femmes. Des millions d’hommes, des générations d’esclaves s’usent à ce travail de forçats dans les fabriques, uniquement pour les caprices des femmes. Les femmes, telles des reines, gardent comme prisonniers de guerre, dans les travaux forcés, les neuf dixièmes du genre humain. Et tout cela parce qu’on les a humiliées en les privant de droits égaux à ceux de l’homme. Elles se vengent sur notre volupté ; elles nous attrapent dans leurs filets. Oui, tout est là.
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