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Citations de Léon Tolstoï (3077)


La porte s'ouvrit et la femme du gouverneur apparut. C'était une créature douce, qui obéissait à son mari sans murmurer. Toutefois, elle était un peu drôle, et même certains la trouvaient un peu simplette. Malgré le désordre permanent de sa toilette, elle était jolie. Toujours distraite, ses idées étaient loin d'être celles d'une femme de gouverneur. Elle les lançait, parfois, au milieu d'une conversation, au grand étonnement de son mari et de ses connaissances.(..)
-Voilà, Michel je ne veux pas vous dire des choses désagréables, mais je viens vous parler de Lise ..
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La femme, selon moi, est la pierre d'achoppement de la carrière d'un homme. Il est difficile d'aimer une femme et de rien faire de bon, et la seule façon de ne pas être réduit à l'inaction par l'amour, c'est de se marier. [...] Suppose que tu portes un fardeau : tant qu'on ne te l'aura pas lié au dos, tes mains ne te serviront à rien. C'est là ce que j'ai éprouvé en me mariant ; mes mains sont tout à coup devenues libres ; mais traîner ce fardeau sans le mariage, c'est se rendre incapable de toute action.
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En effet, les indigènes accéléraient leur fuite et galopaient vers la montagne. Seuls, quelques djiguites restèrent en arrière, bravant les balles et ripostant au feu de nos soldats. Il y en avait un, en particulier, monté sur un cheval blanc, en "tcherkska" (longue redingote tcherkesse) qui caracolait et faisait des cabrioles à une cinquantaine de pas des nôtres. .
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En l'année 1853, je passai quelques jours au fort de Tchakghiri, l'un des lieux les plus pittoresques et les plus mouvementés du Caucase. Le lendemain de mon arrivée, en compagnie de l'ami chez lequel j'étais descendu, j'étais assis sur un banc, devant la maison qu'habitait celui-ci. Nous regardions tomber la nuit, en attendant le thé. Le Capitaine X.., un de nos bons amis, s'approcha de nous.

Nous étions en été. La chaleur était un peu tombée : de petits nuages blancs couraient , en se disloquant, sur l'horizon. Les montagnes se profilaient de plus en plus nettement et apparaissaient avec un relief incccoutumé ; les hirondelles volaient, rapides et grises. Deux cerisiers et quelques tournesols, devant nous, étaient figés en une immobilité parfaite, projetant sur le route une ombre qui allait s'allongeant. Ce jardinet minuscule respirait le calme.

Soudain retentit dans l'air la détonation d'un canon lointain.

Qu'est-ce donc ? demandai-je ..
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"Le valet Paul vint en souriant me transmettre les ordres de mon oncle ! Je devais aller l'aider à distraire ces dames.
J'admettais qu'on pût distraire Alona Silovna, mais Elle ..
Personne n'en serait assez digne ! Elle devait seulement rester là, sourire éternellement, personne n'aurait rien de plus à souhaiter, le monde entier serait comblé ..

Il m'en coûta énormément de pénétrer dans le salon .. Elle se tenait près du piano .."

Même pour une oeuvre inachevée, j'hésite à en révéler la fin ..
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La conversation se termina sur ses paroles qui furent loin de me plaire. Comment mon oncle pouvait-il plaisanter sur un sujet d'une telle importance , Je savais que tous les hommes , même lorsqu'ils ne sont encore que de jeunes garçons, peuvent devenir amoureux et être aimés eux-mêmes. Mais si j'osais croire que je pusse moi-même être aimé un jour. Lorsque , pour la première fois de ma vie, j'étais tombé amoureux de Zina Kobyleva, celle-ci s'était tellement moquée de moi que j'vais pris la décision de ne plus jamais aimer pour ne plus avoir à souffrir les tourments que j'avais connus alors ..
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Chez son oncle
Le narrateur a seize ans

Tout était merveilleux : le petit matin, la rosée qui nous mouillait les pieds, l'ombre de la forêt profonde et les bains dans le lac. Oui, tout cela était magnifique, bien que ce ne fût pas la saison de la chasse et qu'il n'y eût pas de gibier. Mais ces promenades éveillaient en moi des désirs encore plus forts et insatisfaits. Fenimore Cooper, le trappeur Potfeinder, les forêts vierges d'Amérique, la possibilité d'exploits grandioses .. Qu'était-, en face de cela, tout ce qui m'entourait ? J'en éprouvai du dépit et une insurmontable tristesse. Il en fut de même pour la pêche, pour l'équitation, la musique à laquelle je m'étais remis, pour les visites aux voisins chez qui mon oncle m'emmenait. Je commençais tout avec enthousiasme, pour m'en dégoûter presque aussitôt, et je finissais par tout abandonner. J'étais libre, jeune, en bonne santé ; j'étais heureux donc .. Cela aurait dû s'appeler le bonheur. Mais dans mon âme croissait une angoisse, une angoisse poétique, provoquée par l'oisiveté et l'attente vaine d'un grand bonheur qui ne venait pas ..
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Pour avoir du succès auprès des femmes, il faut être entreprenant et audacieux, et rien ne donne autant d'assurance que le succès lui-même, surtout dans un premier amour ..
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Tout ce que je demande, c'est le droit d'espérer et de souffrir comme en ce moment ; si c'est impossible, ordonnez-moi de disparaître et je disparaîtrai. Jamais vous ne me verrez plus si ma présence vous est pénible.
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Les Deux retours,
Nouvelle, 1896

"Kornéi Wassilievitch avait bien cinquante-quatre ans quand, pour la première fois, il revint au village. Pas un cheveu blanc n'apparaissait alors dans sa chevelure épaisse, noire et crépue. Seule, à la naissance de sa barbe, aux tempes, quelques poils grisonnaient légèrement. Aucune ride ne creusait sa figure jeune et rose ; sa nuque était large et puissante, et, conséquence inévitable de la bonne vie sédentaire des villes, pour son corps d'athlète s'enveloppait d'une couche de graisse.

Vingt ans avant, à son retour du service militaire, il avait commencé par ouvrir une petite boutique, mais le commerce de détail ne lui allant décidément pas, il l'abandonna pour se consacrer à la traite des chevaux et du bétail qu'il allait chercher à Tcherkassy, dans la Russie du sud, pour ensuite les mener à Moscou .."

Oui a-t-on à se persuader quand on n'est pas fait pour telle chose, il survient bien une chose fortuite pour se donner une bonne raison de ne pas poursuivre ..
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- Cet homme a l'air bon, pourquoi ne dit-il rien sur lui-même ?
- Sans doute que c'est défendu
-Sémen ?
- Quoi ?
-Nous donnons et personne ne nous donne
-Semen ne sut que répondre
-Assez causé, fit-il en se retournant
Et ils s'endormirent


-
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En deuxième lecture, je confirme mes impressions plus que mitigées. Jusqu'à la rencontre avec ce chanteur de rue, la prose de Tolstoï se décline avec la talent qui lui est coutumier, elle est tour à tour contemplative, critique, presque panthéistique. Nous sommes en 1857 quand il écrit cette nouvelle, il a 28 ans. Visiblement cette construction moderne, carrée lui sort par les trous de nez. Visiblement ce diner huppé dans l'hôtel de luxe le Sweizerhoff, ces convives guindés qui ne semblent vivre que pour eux-mêmes, perdus dans des convenances et leurs chuchotements, lui rappellent des mauvais souvenirs de sa toute jeunesse. Il ne le supporte pas, il est seul :
" Aucun sentiment issu de l'âme ne se reflétait dans le geste de ces mains blanches, ornée de bagues et de mitaines (..), Ce genre de dîner me rend infiniment morose, désagréable et triste. "

Le spectacle que va donner le Tyrolien sous les balcons de l'hôtel de luxe, qui va tourner au fiasco va émouvoir le Prince Nekloudoff .. et je vois l'ambiance, tout le monde se barre, elle est sinistre.. Les gens de l'hôtel, riches anglais et autres, continuent de vaquer invariablement à leurs affaires ..

Il serait intéressant de voir ce qu'en a pensé l'auteur lui-même de cette nouvelle, l'a-t-il envoyé aux pelotes comme Le Bonheur conjugal qui va suivre qui lui était véritablement un chef d'oeuvre. C'est une époque où Tolstoï jurait qu'on ne le reprendrait plus sur "ses petites distractions qui amusent les hommes", il se lassait des fictions, il était désabusé. Je m'empresse d'ajouter que cette oeuvre d'une trentaine de pages, il faut vite l'oublier, c'est faible, et se tourner vers tout le reste de sa production qui a ma totale approbation. Et je l'excuse mille fois bien sûr !

J'ajouterai à ma première impression de lecture que Tolstoï était vraiment de mauvais poil, d'humeur changeante en cet été 1857. Il venait de visiter Paris qui lui laissa un goût fort amer, avec cette exécution capitale sur la place publique, ce cérémonial, ce raffinement dans l'horreur. Et sa rencontre avec Tourgueniev ne fut hélas pas de nature à le calmer. La brouille entre les écrivains était visible : Tolstoï n'apprécia pas l'attitude (ardente) que Tourgueniev avait manifesté pour sa soeur Marie ... Certes Tolstoï avait ses défauts, mais il ne faut pas non plus tout lui mettre sur le paletot ; combien de fois ai-je lu que Tolstoï avait snobé Tourguenief après que celui-ci ne cessait de l'encenser et de le considérer comme le futur grand prosateur de la terre russe attendu par tout un peuple. Tolstoï ne s'est jamais répandu sur cette affaire .. On n'a jamais inventé l'eau chaude en disant que Tolstoï avait un tempérament fougueux, farouche, comme il pouvait être d'un caractère radicalement différent ..
Léon Tolstoï
L'incendie de Moscou

C'est au chapitre 5 du livre 3 de la troisième partie de Guerre et paix qu'il est fait mention pour la première fois de l'incendie de Moscou, nous rapporte Michel Niqueux. D'emblée, l'événement est inséré par Tolstoï dans le schéma historique qui accompagne les chapitres de guerre, ; les hommes sont des "instruments inconscients de l'histoire", et en premier lieu les chefs militaires, dont les actes sont la "somme des volontés de tous". Contrairement à Zagostine et à Zotov, Tolstoï ne fait pas état d'une volonté populaire de ne laisser aucun butin aux armées de l'"antéchrist".

Le patriotisme profond, caché, de la population est ici implicitement opposé au patriotisme cocardier, démonstratif , de Rostoptchine, dont Tolstoï dresse plus loin un portrait très critique : " malgré son ardent patriotisme, il n'avait pas la moindre idée du peuple qu'il prétendait gouverner. Son patriotisme, qualifié par les français de patriotisme féroce n'a rien en commun avec le "sentiment national " qui fait abandonner tous leurs biens par les habitants de Moscou. Tolstoï dénonce aussi le faux patriotisme d'Anatole Kouraguine .."
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D’après leur exposé, tantôt le personnage historique est le produit de son temps et son pouvoir n’est que le produit de forces différentes, tantôt son pouvoir est la force même qui crée les événements.
Gervinus, Schlosser, par exemple, et d’autres encore, démontrent tantôt que Napoléon est le produit de la Révolution, des idées de 1789, etc., et tantôt déclarent tout net que la campagne de 1812, ainsi que d’autres faits historiques qui leur déplaisent, sont dus uniquement à la volonté mal dirigée de Napoléon, et que ces mêmes idées de 1789 ont été enrayées dans leur développement par son arbitraire. Les idées révolutionnaires et l’état d’esprit général ont fait le pouvoir de Napoléon.
Et le pouvoir de Napoléon a étouffé les idées révolutionnaires et l’état d’esprit général.
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Quelques citations/extraits du roman Les Cosaques (1969) de Léon Tolstoï (Édition Folio, 1976) traduit du russe par Pierre Pascal :

• « Il semblait à Olenine que seuls ceux qui partaient passaient par ces rues-là. Tout autour, c’était l’obscurité, le silence, l’ennui, et son âme était pleine de souvenirs, d’amour, de regrets et de larmes agréables, qui l’étouffaient… » (Olenine avant de partir de Moscou) p. 22.

• « Il se demandait à quoi dépenser toute cette énergie de la jeunesse que l’homme ne possède qu’une dans sa vie : l’art, la science, l’amour, ou bien l’activité pratique ? Non pas l’énergie de l’esprit, du cœur, de l’instruction, mais cet élan qui ne se répète plus, ce pouvoir une fois donné à l’homme de faire de sa personne tout ce qu’il veut, comme il le veut, et du monde entier tout ce qui lui plaît. Il est, il est vrai, des gens privés de cet élan, qui, aussitôt endossent le premier harnais venu et loyalement travaillent dessous jusqu’à la fin de leurs jours. Mais Olenine sentait trop fort fortement en soi la présence de ce Dieu tout-puissant de la jeunesse, cette faculté de se métamorphoser en un seul désir, en une seule pensée, de vouloir et de faire, de se jeter tête baissée dans un abîme sans fond sans savoir pour qui ni pour quoi. » p. 25.

• « Il considérait encore les montagnes et le ciel, et à tous ses souvenirs ou rêves se mêlait le sentiment austère d’une nature majestueuse. Sa vie avait commencé autrement qu’il ne s’y attendait en quittant Moscou, mais avec un bonheur inespéré. Les montagnes, les montagnes et toujours les montagnes inspiraient tout ce qu’il pensait et sentait. » p. 86.

• « Donc, chacun a sa loi. Selon moi, toutes se valent. Tout a été créé par Dieu pour le plaisir de l’homme. Il n’y a nulle part part de péché. Prenez exemple sur les bêtes. Elles vivent dans les roseaux tatars, et aussi dans les nôtres. Où elles se trouvent, là est leur maison. Ce que Dieu donne, elles l’avalent. Tandis que les nôtres prétendent que pour cela nous aurons à lécher les poêles. Moi, je pense que tout ça c’est du faux, […] » (Erochka à Olenine) p. 107

• « La puissance de la végétation de ce bois que n’avait jamais foulé le bétail frappait à chaque pas Olenine. Il n’avait encore rien vu de semblable. La forêt, le danger, ce vieillard avec son chuchotement mystérieux, Marion avec sa statue virile et bien proportionnée, et les montagnes, tout cela lui semblait un songe. » p. 140.

• « Chose bizarre, sur les midi, cette sensation lui fut même agréable. Il lui sembla même que, sans cette atmosphère de moustiques qui l’environnait de toutes parts, sans cette pâte de moustiques que sa main écrasait sur son visage en sueur, et sans cette irritante démangeaison sur tout le corps, ce bois perdrait de son caractère et de son charme. Ces myriades d’insectes allaient si bien à cette végétation sauvage, riche jusqu’à la monstruosité, à cet infini de bêtes et d’oiseaux emplissant le bois, à cette verdure sombre, à cet air chaud, capiteux, à ces petits fossés d’eau boueuse qui partout percent du Terek et chantonnent sous les feuillages pendants, qu’il trouva du plaisir à cela même qui, un moment avant, lui semblait effroyable et intolérable. » p. 146.

• « Le bonheur, le voici, se dit-il à lui-même, le bonheur consiste à vivre pour les autres. C’est clair. L’homme a reçu un appétit de bonheur ; donc cet appétit est légitime. En le satisfaisant égoïstement, c’est-à-dire en recherchant pour soi richesse, gloire et commodités de l’existence, amour, il peut se faire que les circonstances ne nous permettent pas de satisfaire nos désirs. Ainsi, sont ces désirs qui sont illégitimes, et non l’appétit de bonheur. Alors, quels sont les désirs qui peuvent toujours être satisfaits, en dépit des conditions extérieures ? Lesquels ? La charité, le renoncement ! » p. 149.

• « La végétation devenait plus pauvre ; de plus en plus souvent se rencontraient les roseaux bruissants et les clairières de sable, nues, creusées par les traces des bêtes. Au grondement du vent se joignit un autre grondement, monotone et triste. D’une façon générale, son âme s’assombrissait. Il tâta derrière lui les faisans et trouva qu’il en manquait un. Il s’était détaché et était tombé : seul le cou et la tête ensanglantés pendaient à sa ceinture. Il eut plus peur que jamais. Il se mit à prier. Il craignait seulement de mourir sans avoir rien fait de bien, de bon : et pourtant il voulait tellement vivre, vivre pour accomplir un exploit de dévouement ! » p. 150.

• « Cet homme en a tué un autre, et il est heureux, content, comme s’il avait accompli la plus belle action du monde ! Est-ce que rien ne lui dit qu’il n’y a pas là de quoi tant se réjouir, que le bonheur ne consiste pas à tuer, mais à se sacrifier ? » p. 156. (Olenine sur Lucas après que ce dernier ait tué un abrek)

• « Sottises, tout ce que je croyais avant : amour et dévouement, et Lucas. Il n’y a qu’un bonheur : celui qui est heureux, celui-là a raison » (Olenine) p. 184.

• « Pas de capes de feutre, pas de précipices, pas d’Amalat-Bek, de héros ni de scélérats, pensait-il. Les hommes vivent comme vit la nature : meurent, naissent, s’unissent, naissent de nouveau, se battent, boivent, mangent, se réjouissent et de nouveau meurent, sans autres conditions que celles que la nature immuable a imposées au soleil, à l’herbe, aux bêtes et aux arbres. Ils n’ont pas d’autre loi… » (Olenine sur les Cosaques) p. 189.

• « Comme vous me paraissez tous ignobles et pitoyables ! Vous ignorez ce qu’est le bonheur et ce qu’est la vie ! Il faut avoir une fois éprouvé la vie dans toute sa beauté sauvage. Il faut voir et comprendre ce que, chaque jour, je vois devant moi : les neiges éternelles et inaccessibles des montagnes et une femme majestueuse dans cette beauté primitive qui dut être celle de la première femme au sortir des mains de son Créateur. Et alors vous saurez quel est celui qui se perd et celui qui vit dans le vrai ou dans le mensonge, si c’est vous ou moi. […] Comprenez une chose, ou bien croyez-la. Il faut voir et comprendre ce que sont la vérité et la beauté, et vous verrez tomber en poussière tout ce que vous dites et pensez, tous vos vœux de bonheur et pour vous et pour moi. Le bonheur, c’est d’être avec la nature, de la voir, de causer avec elle. » (Lettre d’Olenine sur le dégoût qu’il a de la noblesse moscovite) p. 222.

• « Je n’ai pas pu m’oublier moi-même, ni oublier mon passé compliqué, discordant, monstrueux. Et mon avenir, je me le figure encore plus désespéré. Chaque jour j’ai devant moi les lointaines montagnes neigeuses et cette femme majestueuse, heureuse. Et l’unique bonheur possible sur cette terre n’est pas pour moi, cette femme n’est pas pour moi ! Le plus terrible et le plus doux dans mon état, c’est que je sens que je la comprends, tandis qu’elle ne me comprendra jamais. Non pas qu’elle soit au-dessous de moi, au contraire, elle ne doit pas comprendre. Elle est heureuse, elle, comme la nature, égale, calme et toute à soi. Tandis que moi, faible créature mutilée, je veux qu’elle comprenne ma monstruosité et mes tourments. J’ai passé des nuits blanches à me promener sans but sous ses fenêtres, sans me rendre compte de ce qui se passait en moi. » (Lettre d’Olenine à propos de Marion) p. 225.

• « Un pareil amour n’a pas besoin de mots, il a besoin de la vie, de toute la vie. » (Olenine sur Marion à qui il veut demander de l’épouser) p. 259.

• « Est-ce ainsi qu’on se sépare ! Idiot ! Ah ! Voilà les gens de maintenant ! On a fait bon ménage toute une année, et puis : adieu ! Et le voilà loin. Mais moi je t’aime, j’ai pitié de toi ! Tu es si malheureux, toujours seul, toujours seul. Tu es mal aimée, on dirait ! Des fois je ne dors pas, je songe à toi, et j’ai pitié. Comme on dit dans la chanson : Il n’est pas commode, non, frère, De vivre en pays étranger. C’est comme ça pour toi. » (Erochka à Olenine avant son départ) p. 277.

• « Olenine se retourna. L’oncle Erochka était en conversation avec Marion, sans doute au sujet de leurs affaires. Ni le vieillard, ni la jeune fille ne le regardaient. » (Fin) p. 278.
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-- Est-il possible que tu nous quittes vraiment ? lui dis-je. Comment ferons-nous pour vivre séparés ?
-- Que veux-tu, nous n'y pouvons rien! J'en suis malade moi-même. Mais je sais ce que je ferai le jour où il faudra en passer par là...
-- Tu te feras actrice!... Quelle sottise! l'interrompis-je, car je savais qu'elle avait toujours rêvé de faire du théâtre.
-- Oh, non, je disais ça quand j'étais petite!
-- Alors, que feras-tu ?
-- J'irai au couvent et j'y resterai... Je porterai la robe noire et le bonnet de velours...
Elle fondit en larmes.
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L'Argent et le travail.

La vie des villes qui m'avait été étrangère et parue bizarre jusque là, me devint odieuse.

Le luxe, qui m'avait semblé autrefois une des joies de l'existence, se changea pour moi en tourments. J'avais beau chercher en mon âme une raison quelconque pour
disculper notre vie, je ne pouvais pas voir sans irritation mon salon ou celui des autres, une table somptueusement servie, une voiture ou un tel attelage, les magasins, les théâtres. Je ne pouvais m'empêcher de voir, à côté de tout cela, les habitants de la maison Liapine torturés par la faim, le froid et la honte. Il m'était impossible de me défaire de l'idée que ces deux choses se liaient et que l'une était la conséquence de l'autre ..
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Lettre à Octave Mirbeau 30 septembre 1903

Octave Mirbeau (1850-1917), écrivain et journaliste français, auteur de récits, de romans et de pièces de théâtre. Ses articles avaient beaucoup d'autorité auprès du public. Après avoir été un royaliste fervent dans sa jeunesse, il se fit l'adversaire du colonialisme et du militarisme. La pièce de Mirbeau Les Affaires sont les affaires (Paris 1903) fut traduite en russe la même année. Dans une longue dédicace à Tolstoï, Mirbeau écrivait que Tolstoï avait été son maître en littérature et l'un de ceux qui, avec Dostoïevski, avaient rompu les traditions latines dans le domaine de l'art et de la culture en général : excès de logique et de mesure, manque de profondeur qui, selon Mirbeau, faisaient de l'art français un art "froid".

Cher confrère,

Ce n'est qu'avant-hier que j'ai reçu votre lettre du 26 mai.

Je crois que chaque nationalité emploie différents moyens pour exprimer dans l'art l'idéal commun et que c'est à cause de cela que nous éprouvons une jouissance particulière à retrouver notre idéal exprimé d'une manière nouvelle et inattendue. L'art français m'a donné jadis ce sentiment de découverte quand j'ai lu pour la première fois Alfred de Vigny, Stendhal, Victor Hugo et surtout Rousseau. Je crois que c'est à ce sentiment qu'il faut attribuer la trop grande importance que vous attachez aux écrits de Dostoïevski et surtout aux miens. Dans tous les cas je vous remercie pour votre lettre et votre dédicace. Je me fais une fête de lire votre nouveau drame.
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Chacun pouvait soupçonner sa liaison, nul ne devait se permettre d'en parler : autrement il eût contraint les indiscrets à se taire, à respecter l'honneur de la femme qu'il avait déshonorée.
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A la sensation de fraîcheur et de pureté qu'il emportait toujours de chez les Stcherbatski - et qui tenait sans doute en partie à ce qu'il s'abstenait d'y fumer - se mêlait un sentiment nouveau d'attendrissement devant l'amour qu'elle lui témoignait.
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