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Citations de Léonor de Recondo (1069)


Elle hésite, elle a compris les vertus du silence, de ce que l'on a à soi. Elle a longtemps cru que le partage était sa seule manière d'exister. Je suis ce que je te dis. Ce que je ne te dis pas n'existe pas.
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. Dans quelques mois, elle va se marier, quelle autre échappée aurait-elle ? Pourquoi ne pourrait-elle pas, elle aussi, un petit matin, monter sur un navire et voir l'horizon de ses rêves? Pourquoi? Parce qu'elle est une femme? . Qui reste dans ce grand palais vide? Une mère et sa fille. L'une qui se définit par ce qu'elle a été, épouse de, et l'autre par ce qu'elle va devenir, épouse de. Cette réalité, si criante à cet instant, la révolte.
page 198.
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Seule Ilaria ose le geste de se suspendre à la manche d'Antonio, de le regarder droit dans les yeux. Ce petit violon est fait pour moi.
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Bianca accueille les enfants déposées comme la possibilité d’une vie sauvée. Et le chœur qu’elles forment, puis les jeunes filles qu’elles deviennent, sont toutes à la gloire de la vie. Rien d’autre que la vie. Bianca aime croire qu’elle fait partie d’une chaîne, infime maillon, vain parfois, mais humain et chaleureux. Des mains de la mère, en passant par les siennes, jusqu’à l’institution.
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Avec rage, il lui demande, quel rêve m'as-tu inculqué? Quelle déraison m'as-tu transmise pour m'envoyer aussi loin en quête de ce que tu as cherché vainement?
Pourquoi n'as-tu pas eu la sagesse de m'apprendre que ce que l'on comble au bout du monde, ce sont nos propres failles? Pourquoi me laisser croire que je réussirais là où tu avais échoué?
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Pourquoi n'as-tu pas eu la sagesse de m'apprendre nos propres failles ?
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Ça c’est l’histoire qu’on t’a racontée pour que tu restes docile… Ici, je n’ai de comptes à rendre à personne. Tu ferais mieux de continuer de t’instruire et alors tu pourrais choisir librement
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Sur la lagune, les morts et les naissances rivalisaient en nombre, on priait avant de se désoler; on luttait comme on pouvait contre l'inéluctable.
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Dans l'atelier du luthier, on n'entend rien. Est-ce parce qu'on y sculpte des instruments de musique ?(...)

Autant d'outils que de gestes, autant d'outils pour un instrument qui sera dans les mains d'un violoniste.Tout passe de main en main, d'imaginaire à imaginaire.


( p.114)
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El Greco n'a pas toujours été aussi connu, il a même traversé des périodes d'oubli.Au XIX e siècle, il a été dénigré, on prétendait qu'il avait une maladie des yeux qui l'empêchait de peindre correctement...C 'est au tournant du XXe siècle qu'il a enfin été réhabilité. Aléas de reconnaissance si fréquents dans l'histoire des artistes.

Aujourd'hui Doménikos, mi amor, on te mange à toutes les sauces à Tolède.Du café aux biscuits, en passant par les sandwichs, ton visage est partout. Grecoland.

( p.104)
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𝘖𝘯 𝘱𝘦𝘶𝘵 𝘤𝘩𝘢𝘯𝘨𝘦𝘳 𝘥𝘦 𝘳ô𝘭𝘦, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘴𝘵𝘪𝘯𝘴 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘳𝘢𝘵𝘵𝘳𝘢𝘱𝘦𝘯𝘵 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴, 𝘪𝘭𝘴 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘤𝘰𝘭𝘭𝘦𝘯𝘵 à 𝘭𝘢 𝘱𝘦𝘢𝘶, 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘤𝘢𝘭𝘱𝘦𝘯𝘵, 𝘱𝘢𝘳𝘧𝘰𝘪𝘴 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘢𝘶𝘷𝘦𝘯𝘵.
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Magdalena se dit -- elle se le dit distinctement comme un engagement qui a valeur de promesse --, c'est la première fois, et ça pourrait bien être la dernière, mais sur scène, sur ce territoire enchanté, hors de portée de ma propre destinée, je suis libre, libre et puissante, puissante et en vie.
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De la soubrette aux princes, W. avait percé le secret des hommes et leur manière d'habiter une terre, alors que la plupart d'entre nous étaient restés en vase clos
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« Je ne peux pas vous expliquer le désespoir, la misère que c’est de ne pas être celui qu’on voit. Chaque fois, je me suis interrogé, sans jamais pouvoir en parler. […]
« Mais il y a une chose que je veux que vous sachiez. Une chose dont je n’ai jamais douté. Si je ne me suis jamais senti homme, je me suis toujours senti père. »
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On ne sait jamais rien de l'autre. On espère simplement qu'il soit.
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(Les premières pages du livre)
Magdalena est allongée sur le lit recouvert d’une feuille de papier jetable, elle observe le médecin, et remarque son front trop lisse, les ridules autour des lèvres comblées, gonflées, publicité pour les injections qu’elle propose.
Et Magdalena dit, sans l’avoir prémédité, j’ai ce grain de beauté dans le cou. Ça me dérange pour me coiffer, j’ai peur que le peigne ne l’arrache, et pour les perruques aussi, le maquillage, il faut toujours que je pense à le protéger.
La dermatologue regarde, touche de son doigt froid. Son index analyse matière et densité. Elle s’excuse justement du froid et ajoute, ce n’est rien, je vais vous l’enlever tout de suite.
Elle imbibe un coton de lotion anesthésiante, le pose quelques instants sur le grain de beauté, et d’un coup de scalpel tranche net le bout de peau brunâtre. Un peu de sang, c’est fini.
La dermatologue, contente d’elle, sourit.
C’est allé vite pour Magdalena, elle n’a rien senti. Elle demande, fini quoi ?
Le grain de beauté.
Et le médecin lui colle un pansement à la place.

Dans la rue, Magdalena se demande pourquoi elle a accepté que cette femme qu’elle ne connaît pas lui coupe ce petit bout de peau.
Son téléphone sonne.
Sur l’écran apparaît la photo d’Adèle, son agent.
Oui ?
La voix lui dit quelque chose qu’elle ne comprend pas.
Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes, Adèle ?
Et Adèle répète plus lentement : Magda, on a retrouvé ta mère.
Magdalena raccroche, range le téléphone.
Cet appel n’a pas existé. Rien à entendre, rien à comprendre, mais il provoque une fissure dans ses pensées. Fissure aussi fine que l’incision dans son cou. Elle la sent, elle a peur du flot de souvenirs qui pourrait surgir. Un suintement qui finirait par tout emporter. Emporté, le château construit depuis l’enfance. Goutte après goutte, l’édifice s’effondrerait sur lui-même, noyant sa volonté farouche, arrachant les tuteurs et laissant les mortiers dissous.
La houle est profonde.
Combien d’années pour s’interroger sur l’absence, s’y soumettre, s’y conformer, raison faite ? Elle ne veut pas compter. Compter, c’est commencer de donner chair aux souvenirs, c’est croire que ce coup de fil a eu lieu.
Un grain de beauté en moins, elle en était là, juste là, pas plus loin.
Son portable vibre encore et encore dans son sac. La fissure s’étend dans son cerveau.
Elle s’empare du téléphone. Cinq appels en absence. Adèle.
Personne ne peut lui parler de sa mère. Personne n’en a le droit parce que nul n’a su lui expliquer. Et si des réponses existaient bel et bien, ce serait trop tard.
Trente ans.
Pourquoi faire semblant ? Magdalena a compté chaque jour, des petits bâtons les uns à côté des autres dans sa tête, une foule en désordre.
Elle envoie un SMS à Adèle : Où ça ?
Maison éclusière à Calonges sur le canal latéral, Lot-et-Garonne.
Un pas devant l’autre sur le trottoir parisien, Magdalena est en route, à pied, en train, en bateau, s’il le faut.
Elle prend le métro vers la gare Montparnasse, achète un billet à un guichet automatique. Le prochain train pour Bordeaux part dans trente minutes. Elle a retiré 500 euros. Les dix billets de cinquante sont rangés dans son portefeuille.
Deux heures de train, ensuite, elle ne sait pas. Elle sait simplement que c’est par là, dans ce coin de France. Ça la rassure d’avoir du liquide sur elle, ça la protège.
De quoi ? De qui ?
Elle chasse ces questions, pense qu’elle n’a prévenu personne de son départ. Adèle s’en doutera.
Sa prochaine répétition est dans cinq jours. Ce voyage n’aura pas existé. Au retour, sa vie recommencera avec la lecture préparatoire de la pièce programmée à Avignon cet été. Antigone de Sophocle. Elle est Antigone. Elle l’a lu, relu, par cœur, rabâché. Mais là, elle ne se souvient de rien, sinon d’une réplique qui tourne en boucle dans sa tête comme un disque rayé.

Je péris sans avoir usé ma part de vie.

Elle ne va pourtant pas périr, elle est bien en vie avec sa revue en main dans la boutique de la gare. Elle la pose. Elle vient de se rendre compte qu’elle a 500 euros en poche, mais pas un habit de rechange, juste un jeans, un chemisier en soie, une veste en tweed. À ses pieds : des escarpins. Ce matin, elle a hésité à mettre des baskets, et puis elle a choisi ces talons pour se donner de l’assurance devant la dermatologue. Il faudra s’acheter d’autres chaussures.
Le tableau d’affichage indique la voie 4.
En arrivant sur le quai, elle s’aperçoit que sa voiture est la plus éloignée. Elle presse le pas, ne veut pas rater ce train-là. Trente ans. Trente ans et une course sur la voie 4.

Assise, place isolée en première classe, elle transpire, enlève sa veste. Son chemisier colle à son dos. Elle le secoue, souffle entre la soie et sa peau.
Elle se détend, s’installe confortablement. Pendant les heures de voyage, personne ne pourra ni la joindre ni la rejoindre. Elle sera en suspens, entre deux territoires.
Elle observe son reflet dans la vitre. Elle s’examine comme elle le ferait d’un visage étranger, comme la dermatologue plus tôt. Elle touche le pansement qui ne s’est pas encore décollé.
Apollonia, est-ce que je te ressemble ?
Apollonia, le prénom de sa mère.
Elle continue de se regarder, passe la main dans ses cheveux pour peigner les boucles brunes qui se sont emmêlées. Boucles noires de jais, peau diaphane blanche, on lui a toujours dit ta peau de lait, pommettes hautes, nez droit, long, bouche charnue, lèvre supérieure saillante, et ses yeux vert très pâle qui changent suivant les mouvements des nuages, la densité du ciel, la pluie, l’orage, les embardées de bleu. Sa beauté. On lui dit toujours, Magda, ta beauté.
Quoi, ma beauté ?
Et souvent l’interlocuteur n’ajoute rien, ou bien la compare à des actrices américaines des années 50, beautés sophistiquées, beautés amples, seins-fesses-jambes. Ces comparaisons laissent Magdalena indifférente. Elle ne voit rien d’elle dans ces femmes-là. Magdalena ne voit rien d’elle en général.

Elle se souvient d’une boîte carrée recouverte d’une peau brune de serpent, ses jointures dorées, le bruit sec de la fermeture, la poudre libre et rose clair maintenue sous un fin grillage. Recouvrant ce maillage en fer, il y a une houppette en tissu à la texture fragile et moelleuse, tachée en son centre par l’imprégnation répétée de poudre. Cette poudre posée sur la joue de sa mère.
Le poudrier s’ouvre et se referme dans un pli de la mémoire de Magdalena.
Et ça lui revient d’un coup. À ce moment précis, ça lui explose au visage, ça crève ses sens, ça donne un coup d’arrêt au fil de ses pensées. Comme le souffle d’une explosion : le parfum de la poudre de sa mère.
Les larmes surgissent.
Elle s’affaisse un instant sur son siège, puis se redresse. Ce n’est que le début du voyage. Elle n’observe plus son reflet sur la vitre, son regard n’accroche aucun arbre, aucune maison qui longe la voie ferrée. Magdalena se souvient.
Elle se souvient du jour où son père, Isidore, lui avait dit : maman est partie.
Une phrase simple, sujet verbe participe passé. Une phrase tout à fait intelligible. Magdalena la comprenait, mais la trouvait trop courte. Il lui manquait au moins un complément de lieu, ainsi que plusieurs paragraphes d’explications. Une maman ne part pas comme ça. Le ton de son père était à la fois désinvolte et ferme. Il esquivait, il n’y avait ni pharmacie, ni boulangerie, ni même une autre ville. Il y avait un espace long et indéterminé pour une durée distendue.
Maman est partie.
Elle se souvient d’avoir hoché la tête en signe de compréhension et de soumission. D’impuissance aussi. Que pouvait-elle faire avec ses petits bras, ses petites jambes, son petit corps de rien du tout ? Du haut de ses quatorze ans, Magdalena avait la conscience de n’être rien. Les années précédentes l’en avaient convaincue, ballottée par les humeurs des adultes, leurs mouvements imprévisibles, le regard confus de sa mère à force de médicaments, vides les jours derniers.
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Vous imaginez chaque rôle comme une extrapolation, une exagération d'un trait qui serait le mien ? Vous croyez découvrir une nouvelle facette de moi, une minuscule parcelle d'un vaste portrait qui ne serait jamais complété ? Et si je vous disais , au contraire, que chaque personnage est un manque de plus, un effacement du trait, un détour sur le chemin, un sentier sauvage à défricher, une bifurcation, une excuse, une halte, encore soi, de son propre désir , se remplir du regard des autres , pour le prendre en embuscade , le séduire, s'en emparer , afin d'éviter toujours d'être soi-même.
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( Antigone) si elle pouvait enterrer son frère sans craindre de mourir, alors je pouvais t'enterrer sans craindre de vivre
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On ne choisit pas ceux qui vous traversent. On peut changer de rôle, mais le destin vous rattrapent toujours, ils vous collent à la peau, vous scalpent, parfois vous sauvent.
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Le violon, c’est mon territoire sans mots, mon espace de vibrations. C'est ma possibilité de dire autrement, seulement en gestes. Des gestes sonnants.
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