Citations de Léonor de Recondo (1069)
Je me dis, on y est, les adieux, les embrassades.
J'ai peur à nouveau. Je ne veux pas voir des visages inconnus, je ne veux pas voir les mines de circonstances, pas de médecins non plus, qu'on nous foute la paix, le temps qu'il faudra.
Je ne te vois pas, je te sens.
Ton souffle s'agrippe
Au mien qui se calme
Et les sangles se desserrent.
Une histoire émouvante et intéressante servie par une très belle plume.
Beaucoup de sensualité, beaucoup d'amour, beaucoup de plaisir … y compris pour le lecteur.
Le vent après avoir traversé le fleuve
Et emporté nos souvenirs de là-bas
Se pose un instant sur leur paupières closes.
Un mur de mots, un mur de son pour se protéger de la copulation. Parfois elle y parvient. [...]
Il jouit aussitôt comme pour s’excuser de cette intrusion, pour que le silence dans lequel est s’est soudain murée s’arrête, pour qu’elle reprenne son babillage si réconfortant. […] Un espoir d’amour qui lentement s’est mué en désillusion. [...]
Elle pressent les conséquences désastreuses de sa grossesse. Des bribes d'histoires de bonnes enceintes et congédiées lui reviennent en mémoire. [...]
Ce n’est qu’après son mariage, et lorsqu’enfin elle avait pu exiger un miroir en pied dans sa chambre, qu’elle s’était vue en entier. [...]
[...] passant de l'extérieur bien pensant, à un intérieur où la volupté dévoile la promesse d'une vie où l'on pourrait s'aimer sans contrainte.
Ma mère m’a toujours regardée comme quelque chose qui poussait. J’aurais aussi bien ou être un brin d’herbe…
les hommes ont des besoins que les femmes n’ont pas, tout le monde le sait ! Et puis, il l’a trompée avec une bonne, pas avec une autre femme !
Une hiérarchie s'installe entre ceux qui donnent des ordres et ceux qui les exécutent. Nous verrons qu'il est presque impossible d'inverser les rôles.
La joie soudain nous gagnait. On avait envie de crier, ça nous exaltait d'être là dans le renouveau de la nature avec le soleil qui pointait, et les poissons qui filaient, poursuivis par leurs reflets argentés. je ne me lassais pas de les regarder. J'étais enfant, mais je percevais qu'il y avait là des moments de bonheur qui m'accompagneraient longtemps.
Je ne savais plus te parler, mes mots devenaient creux, vains, gênés. J'avais l'impression de parler seule, que mes phrases étaient happées par ton gouffre sans y trouver le moindre écho.
Je découvrais brutalement que le meilleur comme le pire cohabitent en nous.
Nous essayons sans cesse de les séparer, collectivement ou individuellement, mais ce monstre à deux têtes n'a qu'un seul corps. Je suis ce monstre, tu es ce monstre, fait de beauté et de violence.
Ma bouche contre ton oreille, je te dis des mots qui ne s'écrivent pas. Des mots qui exigent la voix. Des mots de toi à moi, les derniers prononcés. Des mots d'amour, de gratitude, alors que déjà se profile l'incertitude de ne pouvoir jamais vivre sans toi.
L'art se lie à la nature, à l'amour, à l'enfance, il s'y mêle parfois à s'y méprendre.
J'ai souvent pensé à la chaîne que forment des femmes quand elles donnent la vie, génération après génération, une naissance puis une autre, une vie qui pousse l'autre. Je pense maintenant à la chaîne des morts, allongés, respirant à peine, entourés pour les plus heureux, mains tenues. Et des années plus tard, la même main vieillie qui en tient une autre plus jeune. Le dernier contact là, dans la paume.
Et Céleste dans un élan passionné embrasse Victoire à pleine bouche. Un baiser long profond, hors du temps.... Quand elles rouvrent les yeux, personne ne s'est retourné vers elles pour les juger. Dans la lumière feutrée de chez Maxim's, les amours se font et se défont dans l'indifférence la plus totale. Céleste et Victoire en ont franchi le seuil, passant de l'extérieur bien pensant, à un intérieur où la volupté dévoile la promesse d'une vie où l'on pourrait s'aimer sans contrainte.
On meurt, c'est tout, et on agrandit l'âme de ceux qui nous aiment. On la dilate.
Vous laisser ce temps précieux à vous deux, pour clore une vie, avant d'en commencer une autre faite de souvenirs et de pensées, d'un dialogue qui devient intérieur.
Leurs existences à tous sont finalement étrangement imbriquées, c'est ce qu'il comprend tandis qu'elle jette un deuxième corset dans un grand éclat de rire. Ils sont tous dépendants les uns des autres, chacun à sa manière, liés aux us et coutumes, liés à leur rang social.
Elle prend une lingette démaquillante, se frotte doucement les yeux, puis commence à retirer ses faux cils. Son visage se déshabille. Lorsque les cils sont rangés dans leur boîte, Mathilda a presque disparu sous les restes de crayon noir, de couleurs brouillées, de mascara étalé jusqu'aux pommettes.
A ses pieds, entre les pédales, les lingettes imbibées de fard sont jetées, froissées, beige, noir, rouge, marron.
Huguette, Céleste et Victoire se sont prises par la main et dansent autour des flammes. Elles chantent en riant :
« Au feu, les pompiers, y a mon corset qui brûle ! Au feu, les pompiers, y a mon corset qui brûle ! »
Elle n'y était pas allé souvent, mais se souvenait parfaitement de sa première impression. La lumière d'abord, d'après-midi d'été, roses trémières à profusion, herbes hautes, coin oublié des tracteurs et des hommes.
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Cavallino est tout l'inverse. Peu importe de ne pas ressembler à un cheval. Cette incohérence n'a jamais traversé son esprit. Il est ce qu'il désire être, tout simplement. Et Michelangelo, en le regardant caresser la crinière de sa belle jument blanche, se demande si le plus fou des deux n'est pas celui qui reste de l'autre côté de la barrière du rêve, celui qui poursuit la beauté sans jamais l'atteindre.