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Critiques de Lianke Yan (207)
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Les jours, les mois, les années

Avec beaucoup de style et une certaine poésie, YAN Lianke conte l’histoire d’un vieil homme pendant la terrible vague de sécheresse qui s’abat sur un petit village des montagnes chinoises.



Alors que toutes ces familles de paysans, contraintes pour échapper à la famine, de quitter le village à la recherche de quoi survivre ailleurs, un vieil homme avec pour compagnie un chien aveugle, prend grand soin, tel un orfèvre, de l’unique et précieux pied de maïs présent sur son champs.

« Le jeune vert de la plante jaillissait comme une source fraîche sous le soleil rouge et brun ».



L’aïeul tente de résister au désastre environnant et mener à terme sa culture afin de lutter contre la famine et assurer une transmission vitale.

Lorsqu’il questionne alentour, un intense et long silence de désolation lui répond.

Et le temps s’écoule… Succession de fragments « matin, soir, nuit, aurore… » et le silence s’installe, puissant ; le danger, latent.



« C’était l’heure du silence le plus intense, entre le déclin du jour et la tombée de la nuit. A cet instant-là, autrefois, on voyait les coqs monter sur leurs supports et les moineaux rentrer au nid, le monde s’emplissait d’une pluie de gazouillis. Mais aujourd’hui on ne voyait plus rien, ni bétail ni moineau, même les corbeaux avaient fui la sécheresse. Il n’y avait plus que le silence ».



L’aïeul s’adresse au chien et au plant de maïs, compagnons de ses pensées, interrogations philosophiques, existentielles. Il puise sa force dans son intelligence et dans son courage admirable.



La relation de l’homme à l’animal est d’une force émouvante.



Soupirs et dénuement élévateurs de conscience. Idée de résonnance.

Décor brûlant de souffrances et de ténacité.



Puissance et fragilité – Présence du chiffre 7, 七 prononcé Qi, symbolisant l’unité, l’harmonie.

*

Un court roman plein de symboliques et chargé de sens.

*

Un texte profond, dur et magnifique.

Une ode à la patience, à la persévérance et à l’espoir.

*

Un conte beau et triste, message d’humanité. Un texte qui m’a beaucoup touchée.

*
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Servir le peuple

Le 8 septembre 44, lors d'une allocution, Mao Zedong, pas encore au pouvoir , a employé l'expression servir le peuple et en a donné sa description. L'histoire nous prouvera que le peuple Chinois fut servi et bien comme il faut entre les famines, les purges ,les dazibaos, les politiques délirantes , la corruption...



YanLianke, l'auteur du formidable Le rêve du village des Ding, s'appuie sur cette expression pour nous proposer un roman nerveux, jubilatoire , tout en dérision . "Servir le peuple" est une expression inscrite sur une pancarte dans la maison du colonel. Ce dernier, impuissant, s'absente deux mois et sa belle et jeune épouse tente de charmer l'ordonnance de son mari...





Lianke nous propose une œuvre que l'on a du mal à imaginer issu d'un ancien membre du parti, tellement, même si la légèreté est omniprésente, les symboles du Maoïsme sont mis à mal, piétinés , transgressés, la sexualité "détabouée". On imagine la réaction des dignitaires locaux, même si le livre date de 2005.



Il y a autre chose dans ce livre , les héros étant constamment obligé de justifier leurs actes par rapport aux doctrines officielles. Lianke montre bien que quelque soit le biais choisi par les protagonistes, tout se justifie, tout est explicable , même des comportements irrationnels.

Il y aussi une histoire qui est celle de la Chine du XXème siècle , celle qui pousse les gens à consacrer une vie à améliorer leur sort, ici obtenir un "Hukou ", papier officiel permettant à des villageois de pouvoir s'installer en ville. Ce problème est d'ailleurs toujours d'actualité .

On est donc au delà du pied de nez au régime à travers une histoire (dé)culottée.Un très bon moment avec ce livre magnifié par l'écriture simple de Lianke.
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Les jours, les mois, les années

Cet huis-clos dans la fournaise, c'est le roman de la vie. Celle qui ne veut pas s'éteindre et s'accroche à la moindre cellule pour se perpétuer. Comme le feu des cavernes qu'il fallait entretenir dans la braise pour réveiller la flamme, le besoin venu.



L'aïeul est le doyen du village. Il est resté quand tous les autres ont fui la famine provoquée par une terrible sécheresse. Il a gardé avec lui l'aveugle. C'est un chien. Ils luttent tous deux pour survivre, sans réel espoir. Sauf peut-être celui d'entretenir un plan de maïs. Sa semence fera repartir la culture quand la pluie reviendra. Pour l'heure, la lumière pèse de plus en plus lourd dans la balance. L'aïeul entend le murmure de sa propre sueur. Des yeux éteints du chien coulent des larmes. C'est la façon de Yan Lianke d'exprimer le harassement de ceux qui savent le combat perdu d'avance.



Pour durer, ils doivent arracher leur subsistance aux rats. Ils pillent les dernières poignées de grains. Ils devront aussi ne pas servir de pitance aux loups, eux-mêmes taraudés par la famine.



La vie gagne. Peu importe qui ou quoi la porte. Peu importe le moyen. le dénouement inattendu nous l'enseigne.



Mon aversion pour les rats a failli me faire écourter ma lecture. De l'incandescence de l'atmosphère, j'en ai encore la langue de plâtre et des épines sur les lèvres. Mais j'ai résisté. J'ai bien fait.

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Servir le peuple

8 septembre 1944, devant le comité central du PC. Le grand camarade Mao Zedong prononça une allocution, devenue célèbre depuis, sur le thème « Servir le peuple », le leitmotiv de la révolution culturelle. Je résume, je fais court, j’extrapole : les chinois sont un grand peuple et s’ils sont aussi grand, c’est parce qu’ensemble, ils avancent, ensemble ils s’entraident, ensemble ils se soutiennent. Ensemble, ils vivent et s’effacent pour servir les autres, servir le peuple. C’est sur ce précepte que la Chine pourra s’élever, grandir et devenir puissante, que la Chine pourra construire des jouets en plastique pour 12.5 centimes de € ou des tee-shirts à l’effigie du maître spirituel (Camarade Mao, pas camarade Dalaï-Lama) pour 0.5 $. Depuis, ce texte est devenu aussi sacré que les sutras des moines bouddhistes exilés sur les sommets enneigés de l’Himalaya. Il s’affiche sous les bustes du camarade Mao, Il s’affiche sur les murs de chaque édifice public, des casernes, des restaurants ou des maisons de plaisir.



Wu Dawang est cuisiné dans l’armée. C’est par sa motivation et son implication dans la devise « Servir le peuple » que Wu grimpera grades et échelons sociaux de la grandeur chinoise. Tellement zélé, il s’aventurera sans retenue dans les propositions indécentes de Liu Lian – la femme du colonel ! Baiser la femme du colonel étant bien évidemment une application très stricte de « servir le peuple ». Je ne peux même pas en vouloir à camarade Wu, Tante Liu étant si belle, si jeune, même nue ! « Même nue, elle gardait la pureté et la noblesse d’un Bouddha. » Franchement, ça donne envie ! D’autant plus que Grande Sœur Liu a un appétit féroce et insatiable. Pauvre Wu !



Yan Lianke se(r)vit ici une lecture politiquement incorrecte, totalement subversive et franchement jubilatoire par moment. Je ne résiste pas aux plaisirs de la chaire, alors lorsque les ébats peuvent servir de cause politique, mon esprit de la compassion va en ce sens. Oui pour servir le peuple. Oui à faire l’amour. J’en deviens même addictif à cette devise : faire l’amour pour servir le peuple, voilà la devise que j’affiche chez moi. Vive le Camarade Mao !



J’adresserai un dernier message aux Camarades Babeliennes féminines : Toutes à poil. C’est pour le bien de la révolution. La révolution ne passera que par le SEXE. Brulez le petit livre rouge et déshabillez-vous !



[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Le rêve du village des Ding

Une petite bourgade agricole dans la campagne chinoise, pauvre, très pauvre. Pour gagner facilement l’argent qui manque tant, une seule solution: donner son sang. Facile. Mais les conditions sanitaires ne sont pas respectées, les seringues pas stériles. Et l’intermédiaire particulièrement véreux … En ces temps d’épidémie de sida, vous pouvez imaginer les conséquences de ce trafic, dans ce coin perdu abandonné par les autorités bien trop préoccupées à développer l’industrie, le commerce et à s’enrichir personnellement ….



Au travers de ce roman, c’est la Chine en pleine mutation qu’on devine, la Chine prête à vendre son âme pour rattraper son retard et accéder coûte que coûte à la modernité occidentale, au confort matériel et à la vie facile et métropolitaine. Les bourgades deviennent des villes du jour au lendemain. Et les gens malhonnêtes s’enrichissent sur le dos des plus naïfs ou des plus (trop ?) honnêtes. Restent les laissés-pour-compte dans les campagnes.



Un vrai plaisir de lecture, grâce notamment au recours aux images poétiques et oniriques, qui masquent tant bien que mal le dégoût et la colère de l’auteur (par ailleurs privé de parole en Chine). Un auteur à suivre, ce Lianke Yan, pour découvrir cette autre Chine, bien différente de l’image de l’élève « méritant » du capitalisme socialiste (non, non, il parait que ce n’est pas incompatible), que les médias et les chiens de garde nous proposent.

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Un village plus grand que le monde

Ce discours décerné par un jury universitaire américano-chinois en 2021 est beaucoup moins dérangeant à première vue pour les autorités que celui du prix Kafka 2014. Beaucoup des œuvres majeures de Lianke yan qui sont critiques, satiriques, grinçantes ou iconoclastes ont été publiées à Hong-Kong et censurées en Chine populaire. Dans sa bibliographie chinoise officielle, il est surtout question des écrits concernant son pays natal et la vie rude des campagnes. Et justement dans ce discours du prix Newman, Yanke Lian célèbre surtout son petit village natal du Henan dont il a fait le centre du monde et le centre de son œuvre.
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La Fuite du temps

Depuis toujours, dans le village des Trois Patronymes, au plus profond de la chaîne montagneuse des Balou, les habitants meurent tous avant d'atteindre l'âge de quarante ans. Sima Lan, le chef du village est atteint à son tour de la maladie de la gorge obstruée. Hommes ou femmes, qu'ils soient Du, Lan ou Sima, tous finissent invariablement par mourir de ce mal incurable. Les plus chanceux peuvent espérer vivre jusqu'à 37 ou 38 ans mais beaucoup n'ont pas cette chance...



Yan Lianke nous conte, ici, l'histoire de ce village et de ses habitants qui, de génération en génération, luttent pour survivre. Malgré la fatalité, il faut fonder une famille, se marier jeune et avoir beaucoup d'enfants (vu que certains naissent infirmes ou nains et ne représentent que des bouches en plus à nourrir) afin d'assurer sa descendance et la population du village. Il faut s'accrocher à cette terre qui a bien souvent du mal à nourrir les familles, surtout quand on sait que la famine a souvent sévit au village des Trois Patronymes. Les villageois, pour gagner un peu d'argent, doivent se résoudre à aller vendre leur peau au dispensaire des grands brûlés pour les hommes et à partir à la ville faire le commerce de chair pour les femmes.



Les chefs du village se succèdent, chacun tente de réfléchir au moyen de prolonger la vie des villageois : cultiver le colza, retourner la terre et aménager des champs en terrasses ou encore construire un canal pour amener jusqu'au village l'eau de Lingyin. On retrouve dans ce livre, un thème cher à Yan Lianke : cette abnégation des paysans, cette volonté de survivre et de croire en une vie meilleure, ce courage pour se battre contre une cause perdue d'avance.



La fuite de temps se décompose en 5 livres, dans chacune des parties, l'auteur revient sur un événement antérieur dans la vie du village, ainsi plus le livre avance et plus on revient en arrière. Cette narration originale permet de remonter vers les causes premières et découvrir les personnages et leurs familles plus amplement. On revient sur la belle histoire d'amour entre Sima Lan et Sishi, né durant leur enfance, la rivalité depuis toujours entre cette même Sishi et Zhucui, la construction du canal, la grande famine et les rivalités ancestrales entre familles.



Ce récit est un vrai petit bijou d'ingéniosité ! La fuite du temps a des airs de récit biblique avec ses catastrophes et ses fléaux mais n'est cependant pas dénué de poésie et de beauté. C'est le troisième livre de Yan Lianke que je lis, après Les jours, les mois, les années et Le rêve du village des Ding, et je dois dire que j'aime de plus en plus cet auteur qui ne cesse de me surprendre. Vivement son prochain livre : Les chroniques de Zhalie (qui sortira en librairie début septembre).
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Bons baisers de Lénine

Bienvenue à Benaise, petit village perdu du Henan (Chine). Ici, ne vivent que des éclopés : aveugles, sourds, muets, borgnes, manchots, unijambistes et bien d'autres encore. Là-bas, la vie s'y coule paisiblement et Benaise sait se faire oublier des grands changements de l'Histoire Chinoise contemporaine. Sauf que :

un : la Révolution finit par arriver en ces lieux. Les habitants subissent la main mise du Maoïsme sur leur territoire;

deux : suite à des intempéries inattendues, la récolte des Benaisiens est inexploitable entrainant une crise sans précédent dans ce pays de collines.

Heureusement, Liu Yingque, chef du District local, va personnellement s'engager à redonner vie et insuffler un nouveau dynamisme à Benaise.

Et si l'on faisait venir la dépouille de Lénine (aujourd'hui quelque peu délaissée par les Russes) à Benaise? Les éclopés du village ont un talent fou, et en présentant un spectacle de leurs performances, peut-être pourront-ils rassembler suffisamment d'argent pour ramener au sein d'un nouveau mausolée cette icône de la Révolution Russe?

Et du pognon, il en faudra pour créer dans ce coin du Henan un Haut Lieu touristique dédié au communisme.

Au travers de cette histoire drôle et cocasse, YAN Lianke nous offre à voir une Chine qui est passée d'un Communisme sans concession à un système Capitaliste exacerbé.

Pour moi, un livre inoubliable.

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Les Quatre Livres

Mon Dieu que ce roman est alambiqué ! D'une part, plagier la Genèse pour décrire les commencements d'un camp de réeducation communiste (sous Mao, c'est dire si c'est tordu) était un pari risqué mais je dois dire assez réussi, faisant ressortir la volonté dogmatique du principe de rééducation par le travail avec tout ce qu'elle a d'absurde, d'incohérent, d'illogique et d'inhumain ; d'autre part y mêler brutalement (sans transitions aucune) les récits de l'écrivain interné sur ce même camp et, dans la foulée, ses rapports adressés au parti ne contribue pas à ménager le lecteur pris au dépourvu par tant de bizarreries. D'autres écrivains ont réussi ce type de mélanges, mais là, carrément, c'est un peu loupé. "Forte, violente bouleversante" me paraissent des adjectifs un tantinet exagérés pour décrire cette oeuvre certes puissante, mais qui perd de sa force tant on a l'impression que l'auteur tourne en rond dans son récit comme ses personnages dans leur camp sans plus pouvoir en sortir. Reste l'efficacité de sa démonstration sur le plan relationnel où le rôle de la flagornerie et de la délation remplacent tout rapport humain digne de ce nom. Reste aussi la possibilité de transposer ce récit à l'époque actuelle, en se demandant, si, au nom de la rentabilité et de l'efficacité économique, les choses ont vraiment changé sur le plan humain... : " Sur l'aire vide de la cour, ils défrichèrent un terrain, y semèrent le maïs et eurent un champ expérimental. Puis, tandis que les pousses étaient hautes comme des baguettes, voici que devant chacune ils plantèrent une pancarte en bois et que sur cette pancarte un nom était écrit. Chaque criminel était responsable d'un plant, il était exigé que tous les trois ou quatre jours il se pique le doigt et le poignet pour faire couler le sang sur la racine."

D'abord enthousiaste au cours des premiers chapitres, j'ai vu ma flamme se refroidir peu à peu jusqu'à me demander si j'allais finir ou non ce livre. Je l'ai fini, et me suis dit qu'une civilisation qui transformait ses intellectuels en cannibales (à cause de famines, certes mais aussi à cause d'une idéologie qui cherche à détruire son élite et qui brûle les livres pour parer au froid) n'était effectivement pas une civilisation digne de ce nom. Ahurissante, délirante, ubuesque, absurde tel le Sysiphe qui se résigne à sa condition et y trouve même sa joie (cf dernier chapitre) , cette fable est un cauchemar éveillé, un peu tout de même à la limite du grand guignol.
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Le rêve du village des Ding

Le village des Ding, situé à l'est de la plaine du Henan, est à bout de souffle. Des années après avoir vendu régulièrement leur sang, les villageois souffrent de la "fièvre", plus connue sous le nom de Sida, et meurent les uns après les autres. Pratiquement toutes les familles du village sont touchées par ce fléau.



Le narrateur n'est autre qu'un jeune garçon qui s'appelle Qyang ou plutôt s'appelait, car il est mort à l'âge de douze ans. De la fièvre, comme les autres, penserez-vous; et bien non il a été empoisonné par les habitants du village. Car c'est son père, Ding Hui, qui a pris l'initiative, comme cela se faisait dans les autres villages, de mettre en place des collectes de sang. Il s'est enrichi tandis que le Sida se propageait à travers toute la plaine comme une traînée de poudre, ne laissant que souffrance et désolation derrière lui. Non content de s'enrichir grâce à la vente de sang, rien n'arrête le cupide et ambitieux Ding Hui qui voit sa fortune et son pouvoir s'accroître en vendant des cercueils, que le gouvernement destinait gratuitement aux villageois, et en organisant des mariages dans l'au-delà afin d'unir ce que la mort a séparés.

Rongé par la honte devant les agissements de son fils, le grand-père de Qyang, surnommé affectueusement professeur Ding, recueille les malades dans l'école qui est à l'abandon.



Ce roman qui traite de l'affaire du sang contaminé dans la province du Henan est bouleversant et poignant. YAN Lianke, comme il l'explique dans la postface, y a mis tout son cœur et ses tripes afin de donner à son éditeur non "seulement un roman mais aussi un ballot de souffrance et de désespoir". Le personnage de Ding Shuiyang (professeur Ding) est vraiment attachant, ce vieil homme qui a voué toute sa vie à l'école et aux enfants, est un modèle de droiture et d'honnêteté. Il est respecté de tous dans le village et joue souvent le rôle de médiateur. Tout l'oppose à son fils, Ding Hui, qui symbolise à lui seul ce que ce monde a de mauvais, la fin aux accents bibliques illustre à merveille ce sentiment. J'ai également découvert de nombreux aspects de la culture chinoise : le rapport à la maladie, les rites funéraires, la vie après la mort. Encore un fois YAN Lianke m'a bluffé, il fait incontestablement partie des grands écrivains engagés de ce siècle !
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Servir le peuple

Wu Dawang est un soldat modèle, un peu par conviction révolutionnaire, beaucoup parce que pour épouser la fille qu'il convoitait, son père lui a fait signer un engagement de monter en grade dans les trois ans sous peine de mourir à l'armée sans jamais plus revenir.



Ceci dit, son zèle va être mis à rude épreuve en devenant l'ordonnance du colonel. Quand ce dernier s'en va pour plusieurs semaines, sa femme estime que Wu est tout désigné pour la satisfaire sexuellement. Wu refuse dans un premier temps, s'attirant les foudres de l'épouse, qui se plaint de son manque de dévouement. Sans bien savoir ce dont il est question, les instructeurs, craignant que ce mécontentement ne rejaillisse sur eux, l'exhorte à « servir le peuple », quoi qu'on lui demande : « Tu profites de l'absence du colonel pour ne pas servir correctement son épouse ! Le colonel participe à un séminaire d'étude. S'il n'a pas l'esprit tranquille, il ne pourra pas travailler et étudier correctement pour se préparer au combat. Et si le colonel ne peut se préparer correctement, c'est tout un régiment qui sera insuffisamment préparé, et si un régiment est affaibli, c'est l'armée tout entière qui s'affaiblit ». Vaincu par cet argument, Wu se plie sans trop rechigner à ce qu'on attend de lui.



Ce qui n'était que purement sexuel au départ devient au fil du temps un lien affectif. Les deux amants finissent par passer des jours entiers nus dans la maison, avec pour aphrodisiaque des actes toujours plus contre-révolutionnaires : briser une statue de Mao, déchirer ses livres redonne en un tournemain force et vigueur à Wu.



On comprend facilement que mêler Mao de cette façon aux étreintes du couple adultère n'a pas plu aux autorités chinoises, qui se sont empressées d'interdire la vente du livre. Le pied-de-nez aux autorités est assez amusant, mais je ne me suis pas senti suffisamment concerné pour apprécier pleinement ce livre.
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La Fuite du temps

"Vienne l'eau et notre longévité dépasse celle des pins des monts du Sud.

Prenons congé de l'un des nôtres, et notre joie est aussi vaste que les eaux des mers de l'est."



Le roman débute sur la mort imminente du Chef du village des Trois Patronymes : LAN, DU et SIMA, au cœur des montagnes en Chine.

Sima Lan à l’âge avancé de 39 ans.

Hormis l’ancien Chef du village Du Guaizi, personne n’a jamais dépassé l’âge de 40 ans.

Les remèdes n’ont aucun effet et accéléreraient même l’atteinte de la maladie de la gorge obstruée, maladie dont ils meurent tous.

Le cours du temps s’inverse alors pour retrouver les causes de ces décès prématurés.

Retour dans le passé, jusqu'à la naissance.

Ce livre met en lumière l’obstination des hommes à vivre, leur courage, leur créativité, leur foi. Le but étant de préserver leur santé, de gagner quelques années.

Les ressources en eux qu’ils puisent, pour une fois encore “ entendre bruire la lumière et respirer l’odeur verte de la sève au printemps.”





La traduction par Brigitte Guilbaud est admirable. L'écriture baigne dans le lyrisme. 

C'est un livre très profond. Emprunt de mystère. Qui donne du courage. Un bémol et pas des moindres, les femmes y sont tellement mal traitées que je n'ai pas pu apprécier totalement cette lecture. Ensuite, il y a énormément de personnages ayant de petits rôles, portant à peu près tous le même nom et pas assez fouillé souvent je ne savais plus qui était qui et avait fait ou dit quoi…C'est une lecture très exigeante, qui pourrait parfois lasser, assez longue, les pages sont très fines, avec énormément de répétitions… j'ai aimé tout de même cette histoire. 

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Un chant céleste

Dans une chine sans âge, You Sipo et son époux You Shito, agriculteurs de leur état, fondent une famille. Quatre enfants vont naître de leur union, trois filles et un garçon, tous « idiots ». Lorsque le diagnostic tombe pour le dernier enfant – le Quatrième, c’est son nom …- le père ne supporte pas la nouvelle et part se noyer.

You Sipo se retrouve donc seule pour élever et nourrir ses enfants. N’écoutant que son courage, elle va bêcher, labourer, ensemencer, récolter leur maigre parcelle et contribuer ainsi à la prospérité de la famille.

Les enfants grandissant, ils souhaitent à leur tour se marier. Mais qui voudra d’une épouse épileptique ou idiote ? Première et Deuxième sont mariées respectivement à un boiteux et un borgne mais Troisième souhaite un « gens-complet » et compte-tenu des pulsions sexuelles de Quatrième, il convient d’éloigner rapidement la jeune femme.

Et voilà l’intrépide et obstinée You Sipo partie sur les routes afin de trouver un mari convenable à sa dernière fille. Toujours accompagnée du fantôme de son époux avec lequel elle entretient une conversation ininterrompue depuis des décennies, elle va de maisonnée en maisonnée et affronte le rejet en gardant toujours la tête haute.

A la manière d’un conte, Yan Lianke fait le récit d’un amour maternel absolu, non exempt de gifles et de rebuffades 😊, dans une narration qui emprunte beaucoup au registre de la poésie. Le roman est court (89 pages) et suscite à la fois sourire, émotion et indignation quant au sort réservé aux personnes en situation de handicap. Un petit bijou à découvrir.



Challenge ABC 2021/2022

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Les jours, les mois, les années

Un magnifique récit d'une survie solitaire





Yan Lianke, auteur chinois, publie en 1997 Les jours les mois les années, un récit de survie que j'ai bien du mal à classer car il emprunte à la robinsonnade, au conte philosophique, à la fable ou encore au roman post-apocalyptique. Il est à noter que ce court roman a reçu dans son pays le prix Lu Xun (un des deux plus prestigieux prix littéraires de Chine, décerné tous les 3 ans).





L'action se déroule dans un village reculé de Chine où une sécheresse insoutenable et prolongée sévit. L'imminence de la famine contraint les habitants à migrer vers des terres plus clémentes. Seul reste un vieillard qui réflexion faite se dit qu'il a toutes les chances de mourir pendant le voyage et préfère finir sa vie au village. Il sera seul ou presque puisqu'un chien aveugle l'accompagne. Pendant la suite du récit, nous suivrons le vieil homme à la recherche d'une eau se faisant de plus en plus rare et de nourriture pour lui et son compagnon d'infortune, sa quête sera également d'entretenir un plant de maïs jusqu'à sa récolte en dépit des nombreux obstacles (soleil de plomb et bêtes sauvages) qui se dresseront devant lui. Ici, pas de morale toute faite, pas de happy end : juste un combat quotidien pour survivre quelques semaines ou quelques jours de plus face à une mort que l'on sait inéluctable. La fin du livre amène également le lecteur à poser un regard nouveau sur le récit.



Une fois passée une petite trentaine de pages, j'ai été complétement happé par le livre et je me suis retrouvé à partager les espoirs, les malheurs du vieil homme et à savourer avec lui chacune des petites victoires qui lui permettait de tenir un jour de plus face à une nature impitoyable. Sans s'appuyer sur un pathos facile, Yan, nous amène à une grande empathie pour l'homme et sa bête. Le livre est également une belle source de réflexion sur des thèmes comme le rapport de l'homme à la nature, la transmission, la distinction entre essentiel et superflu et la mort. On notera également que la biographie de l'auteur n'est peut-être pas tout à fait étrangère au thème du livre, lui qui est né dans un petit village du Henan à une époque où les famines (conséquences de la catastrophe agricole que fut la politique du Grand Bond en Avant) s’abattaient sur une bonne partie du pays.





Moi qui, je l'avoue, était resté assez indifférent à un livre comme le vieil homme et la mer d'Hemingway et n'avait pas d'appétence particulière pour ce genre de récit solitaire, je ne me suis procuré ce livre qu'après la répétition de critiques élogieuses (de Gonewiththegreen, bilodoh et de mh17 pour ne citer qu'eux) à son encontre. Bien m'en a pris puisque j'ai complétement été conquis par ce livre. Le style de Yan Lianke est à l'image de son histoire, brut et minimaliste, sans fioriture, il souligne d'autant mieux la force et la beauté de son récit.





Un livre mémorable que j'ai grandement apprécié et que je vous recommande donc pleinement. Pour ma part, j'ai hâte de découvrir les autres productions de l'auteur.

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Servir le peuple (BD)

Wu, issu d'une famille de paysan, s'engage dans l'armée révolutionnaire et prône avec ferveur le communisme à travers la Chine. Jusqu'à ce qu'il devienne l'ordonnance du colonel, et que celui-ci s'absente deux mois en le laissant veiller sur sa jeune et belle femme.



Cette bande dessinée, adaptée d'un roman (que je ne connais pas), m'a laissé perplexe tant sur le scénario que sur le dessin.

Je n'ai pas très bien compris si les auteurs voulaient faire passer un message, dans ce cas je suis passé à côté, ou juste créer une histoire d'amour gentiment érotique. Dans tout les cas je n'ai pas adhéré aux personnages et j'ai trouvé ma lecture longue. Il ne s'y passe rien, au final... En tout cas l'image de la chine communiste qui est renvoyée n'est pas reluisante.

Les dessins ne m'ont pas non plus convaincus. Il y a un côté fusain avec un parti pris des couleurs qui aurait pu être sympa mais j'ai trouvé les visages assez grossiers.
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Les jours, les mois, les années

Avant de commencer ma critique, je tiens à remercier mon ami, MarcoPolo85, qui m'a fait découvrir YAN Lianke. Et quelle découverte !



Cette histoire ou plutôt ce petit conte se passe en Chine à une époque indéterminée. Une terrible sécheresse contraint la population d'un petit village de montagne à fuir. Seul un vieil homme de 72 ans (l'aïeul) et un chien qu'il a recueillit (l'aveugle) sont restés, bien décidés à veiller coûte que coûte sur l'unique pied de maïs qui pousse dans son champ. L'aïeul et l'aveugle doivent lutter sans relâche afin d'assurer leur maigre pitance, faire face aux rats qui dévorent tout, aux loups, le puits qui devient un peu plus à sec chaque jour, au soleil de plomb...

Les jours, les mois, les années est une véritable ode à l'abnégation, à la ténacité, au dépassement de soi.

Mais ce qui m'a profondément marqué dans ce livre, c'est le lien qui unit les deux protagonistes, l'amour du vieux pour son pauvre chien et le dévouement de l'animal pour son maître.

"L'homme [...] caressa la tête du chien et dit, l'aveugle, heureusement que tu étais là, si je dois me réincarner en animal dans ma prochaine vie, je me réincarnerai en toi, et toi, si tu dois te réincarner en homme, tu seras mon enfant, tu verras, je t'assurerai une vie paisible. A ce moment-là, les yeux du chien se mouillèrent, l'aïeul les essuya doucement, ensuite il apporta un bol d'eau fraîche qu'il plaça devant sa gueule."



La fin du récit est bouleversante, la dernière action de l'aïeul est encore une fois en faveur de son fidèle compagnon. Je suis impatient de découvrir l'œuvre de YAN Lianke, à commencer par Le rêve du village des Ding.
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Les jours, les mois, les années



“Cette année-là, la sécheresse semblait ne jamais devoir finir, le temps lui-même paraissait avoir été réduit en cendres et le charbon des jours se consumait dans nos mains.”



En Chine, une population va fuir la sécheresse qui s’abat sur leur village de montagne, mort le blé, l’univers est desséché, les espoirs ont fanés. Un vieil homme, l’aïeul, que son corps empêche de suivre le cortège vers les contrées plus fertiles, va s'arrêter et veiller sur un pied de maïs, avec son chien aveugle. Cet homme qui maudit tout et tout le monde, va nourrir le maïs, trouver des graines, creuser la terre, à sa façon, selon ses forces, consolider, protéger et livrer un combat pour l’emporter face à la nature et en tirer quelque chose ou peut-être pas. Que restera-t-il de ces efforts vain ?



Cet homme que l’effort et la contrainte ont permis à son cœur et son esprit de modifier des pensées en lui, ces choses imperceptibles et pourtant, qui rendent bien légère au moment du grand voyage.



"Il pensa, j'ai 72 ans, j'ai traversé plus de ponts que vous n'avez parcouru de chemins. Il pensa, si je ne tombe pas, vous n'aurez pas l'audace de vous approcher."



Ce petit livre est une parabole sur la vie, sur la solitude aussi.



Du même auteur, j’ai dans ma Pal, La fuite du temps.

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La mort du soleil

C'est toujours un plaisir de découvrir un nouveau roman de Yan Lianke, et quel roman ! L'auteur fait preuve d'une imagination toujours aussi foisonnante et de descriptions très vivantes.



Il y a beaucoup de choses à dire sur ce livre. Tout d'abord, la narration est originale : l'histoire se déroule en une seule nuit, une nuit longue et interminable, découpée en "veille", cette ancienne façon chinoise de compter les heures.

Autre fait original : Yan Lianke est un personnage à part entière du roman, voisin de notre jeune narrateur Li Niannian. Nous y découvrons un auteur déboussolé, ayant perdu l'inspiration.



Outre ces points, venons-en à l'histoire en elle-même que j'ai trouvée très intéressante : cette nuit de chaos totale, cette crise de somnambulisme généralisée où tout est permis : vol, viol, meurtre, mais aussi aveux. Nous pouvons bien sûr lire le roman au premier degré : il s'y passe beaucoup de choses et nous ne nous ennuyons pas un instant.

Mais nous pouvons aussi essayer de deviner le sous-entendu de l'auteur et y découvrir des ressemblances avec d'autres faits.



Par exemple, cette histoire m'a fait penser à la célèbre nouvelle de Lu Xun "Le journal d'un fou" dans lequel le jeune narrateur veut faire prendre conscience à la population de leurs coutumes arriérées et du cannibalisme existant. Jeune lucide parmi tous ces gens embrigadés et "endormis".

Ici, nous avons notre jeune Li Niannian qui est vu comme étant un peu idiot, un des seuls également lucides pendant cette nuit tragique.

Le but de Lu Xun était de réveiller ses compatriotes, est-ce aussi l'idée de Yan Lianke, cent ans plus tard ? La situation n'est pas la même, les raisons ne sont pas les mêmes non plus, mais le but est identique : faire changer les choses, faire prendre conscience à la population des problèmes. Yan Lianke a écrit "Depuis hier soir 21h30 environ, à cause de la chaleur et de la fatigue entraînée par le changement de saison, un phénomène auquel nous n'avions pas assisté depuis cent ans est réapparu : une épidémie de somnambulisme". Cent ans, soit 1915, avec l'apparition du journal "Nouvelle jeunesse" et peu avant la publication du "Journal d'un fou", coïncidence ?



J'ai été frappée par une autre phrase de l'auteur : "Les écrivains peuvent donc devenir somnambules. Eux aussi peuvent être contaminés". Y a-t-il des auteurs en Chine qui se sont endormis, ferment les yeux sur ce qu'ils voient et n'écrivent plus ? Nous connaissons tous la réponse.



Cette longue nuit chaotique m'a beaucoup fait penser bien sûr à la Révolution culturelle durant laquelle de nombreux crimes ont été commis, des gens poussés au suicide ou tout simplement assassinés. D'autres, lucides et qui ont essayé de réveiller les autres, ont finalement été lynchés. Nous y voyons aussi les mouchards, très nombreux à cette époque. La bataille finale m'a fait penser aux luttes entre les différentes sections de gardes rouges.

Je parle de cette époque passée, mais cette crise de somnambulisme généralisée pourrait tout aussi bien-être vue pour la situation actuelle.



Il faut aussi noter que les autorités en prennent pour leur grade : ici ils mangent et boivent, indifférents au malheur de la population et nient bien sûr les faits. Ils jouent une mauvaise pièce dans laquelle ils se prennent pour l'empereur et sa cour. Et tout va bien dans le meilleur des mondes. La première personne qui ose affirmer le contraire et dénoncer le chaos risque sa tête !



Nous y découvrons également les difficultés des personnes vivant à la campagne, envieux de ceux des villes. L'auteur aborde aussi la cruauté des crémations, lorsque celles-ci ont été imposées par le parti, alors que l'inhumation était importante pour le repos de l'âme. Nous assistons à des scènes affreuses où les corps sont déterrés pour être brûlés. Et ne parlons même pas de l'huile de cadavres !



C'est donc ici un roman passionnant qui donne matière à nombreuses réflexions. le peuple chinois est-il pris de somnambulisme depuis les derniers changements politiques ?
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Servir le peuple

C'est marrant. Il y a deux mois, je ne connaissais pas du tout YAN Lianke, écrivain Chinois, et aujourd'hui, j'ai envie de lire tout ce qu'il a fait.

J'avais déjà été scotché par « Bons baisers de Lénine ». J'ai donc voulu continuer.

Et là, dans « Servir le Peuple », à nouveau, j'ai été piégé. YAN Lianke m'a happé dans cette nouvelle histoire paraissant pourtant bien anodine.

Voici en quelques phrases ce qui se passe dans ce livre. Un bon militaire Chinois du nom de Wu Dawang a une discipline très rigoureuse quant à l'idéologie du Parti Communiste Chinois. Rien ne peut le faire dévier de la philosophie du Grand Timonier.

C'est pour cela, d'ailleurs, qu'il a été choisi par le Colonel de la caserne pour assurer chez lui ses travaux quotidiens : cuisine, jardinage...

Tout se passe à merveille jusqu'au jour où le dit Colonel doit partir pour Pékin pour deux mois. Notre Wu Dawang va,donc, se retrouver seul avec la femme de son chef, laquelle a besoin qu'on y prête un peu (et même beaucoup) d'attention. Les grands principes du serviteur de notre Colonel vont quelque peu être ébranlés.

L'histoire peut paraître banale, classique. Et pourtant ! YAN Lianke a un talent fou pour nous parler de ses congénères. Il nous fait entrer, en quelque sorte dans l'intimité de ces Chinois. Dans ce pays où la censure fait rage, notre auteur n'a pas peur d'égratigner le pouvoir en place, ceci par des moyens biaisés.

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Le rêve du village des Ding

Une amie m'a proposé ce livre à la lecture et il est bouleversant. Dans un village reculé de Chine, les habitants vendent leur sang, ils sont rapidement atteint d'une fièvre et nombre d'entre eux meurent, la maladie n'est autre que le SIDA.

Livre bouleversant car l'histoire est vraie, le livre est interdit en Chine et l'auteur privé de parole encore aujourd'hui.

"Sous les rayons du soleil couchant, la plaine du Henan est rouge, rouge comme le sang. Ce sang que vendent les habitants du Village des Ding pour connaître une vie meilleure. Mais, quelques années plus tard, atteints de "la fièvre ", ils se flétrissent et quittent ce monde, emportés par le vent d'automne comme des feuilles mortes. Seul le fils du vieux Ding, qui a bâti sa fortune sur la collecte du sang, continue de s'enrichir en vendant des cercueils et en organisant des " mariages dans l'au-delà " pour unir ceux que la mort a séparés."

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