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Critiques de Lisa Tuttle (90)
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Ainsi naissent les fantômes

Fixer des vertiges



Dès ses débuts dans les années soixante-dix, Lisa Tuttle s'est imposée comme l'une des voix marquantes du fantastique, une voix qui exprime des obsessions et des thèmes bien particuliers.

Ce recueil comporte sept nouvelles choisies et traduites par Mélanie Fazi, qui est elle-même une auteure reconnue dans le domaine du fantastique, et on y trouve de nombreux récits remarquables.



1) « Rêves captifs »: une jeune fille enlevée et séquestrée dans un placard pendant plusieurs mois par son ravisseur, s'en évade de manière invraisemblable ; quelques années après, elle rencontre son ravisseur… (5/5 : la chute du récit est à la fois totalement inattendue et absolument glaçante)



2) « « L'heure en plus »: une auteure découvre une porte qui n'existait pas dans sa maison ; elle ouvre sur un bureau d'écrivain idéal où elle peut écrire des textes inspirés ; mai un jour, elle aperçoit un homme à travers la fenêtre de cette pièce imaginaire … (4/5)



3) « Le remède » : un remède efficace contre toutes les maladies fait perdre l'usage de la parole à certains personnages du récit... (3/5 : ce texte « expérimental » selon l'auteur, où le langage est considéré comme un virus, ne m'a pas totalement convaincu)



4) « Ma pathologie » : l'amie d'un alchimiste tombe enceinte ; à quoi doit-elle s'attendre ? (4/5 : un texte perturbant sur l'aliénation que peut entraîner l'amour)



5) « Mezzo-tinto » : Mélanie découvre une inquiétante gravure dans le bureau de son compagnon, gravure qui lui rappelle celle évoquée dans une nouvelle fantastique de Montague Rhode James ; cette gravure suscite en elle des interrogations et son compagnon lui fait des révélations en contradiction avec ce qu'il lui avait dit auparavant..(4/5)



6) « La fiancée du dragon » : une jeune femme, qui n'a aucun souvenir de deux années de son enfance et qui a fui l'Angleterre pour des raisons obscures, y revient après le suicide de sa tante ; son compagnon éprouve une inquiétude croissante quand elle se met en quête de son passé… (4/5 : un récit habité par une tension constante, mais j'aurais aimé une fin un peu plus originale)



7) « Le vieux M. Boudreaux » : alors qu'elle est sur le point de mourir, la mère de la narratrice lui demande de s'occuper de son compagnon, monsieur Boudreaux ; mais qui est vraiment monsieur Boudreaux ? (3/5 : oui, ce monsieur est un très curieux personnage)



Dans la plupart des récits, cette réalité stable et rassurante à laquelle les personnages croyaient pouvoir se fier s'avère être un leurre, et cette traversée des apparences débouche souvent sur des abîmes...

Un recueil de nouvelles tout à fait réussi.





Challenge multi-auteures SFFF 2020

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Ainsi naissent les fantômes

Des nouvelles fantastiques que j'ai trouvé intéressantes sans forcément avoir été conquise comme avec celles de Mélanie Fazi. Des femmes qui sont confrontées à des situations stressantes ou plus, à d'étranges phénomènes...Le thème de la maternité est assez présent même si il est parfois en toile de fond , celui de la vie de couple aussi ainsi que le rêve , central dans une ou deux nouvelles. On sent bien la tension, elle monte sans que l'on sache bien d'où elle vient. On a la réponse à la fin, et c'est souvent assez surprenant. Ce sont des nouvelles plutôt marquantes, sauf peut-être pour moi "le remède".

Challenge Mauvais genres 2023

Pioche dans ma PAL Août 2023
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Windhaven / Elle qui chevauche les tempêtes

J'avais hâte de découvrir l'unique collaboration d'un maître de la fantasy, Georges R.R. Martin avec l'une des plus belles plumes du fantastique, Lisa Tuttle. Le bébé ainsi produit s'avère être un bon roman, à la frontière de la sciences-fiction et de la fantasy.



Sur une planète recouverte par les océans et agitées de tempêtes, des explorateurs stellaires se sont échoués plusieurs siècles auparavant. De leur technologie avancée il n'ont pu sauver que l'acier de leur vaisseau. Pour coloniser et relier les îles entre elles, ils ont transformé cet acier en paires d'ailes. Au fur et à mesure des années, la plupart des ailes se sont perdues en mer, leurs porteurs abattus par les vents, engloutis par les flots ou dévorés par les monstres qui vivent dans les eaux. Le peu qu'il reste se transmet désormais de génération en génération. Cette tradition a divisé la race humaine en deux castes : les rampants et les aériens.



Mariss est née Rampante, comme la majorité des habitants de la planète. Son statut la condamne à rester sur son île et à regarder évoluer avec grâce dans les airs les Aériens. Son père adoptif, un Aérien, ne peut plus voler suite à une blessure. Il permet donc à la jeune fille d'emprunter ses ailes et de voler le temps que son propre fils atteigne ses 13 ans, âge de la majorité, et reprenne l'héritage familial. Mais Mariss qui a goûté au plaisir du vol et à la liberté n'est pas pressée de devoir déposer ses ailes.



J'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce récit. A aucun moment je n'ai senti de différences dans le style. Je n'ai pas l'habitude de lire des ouvrages écrits à quatre mains et je ne me serais pas douté qu'il s'agissait d'une coopération si cela n'avait pas été précisé.

Le texte est porté par une plume poétique avec beaucoup de descriptions sur les différents vols des protagonistes et l'addiction suscitée par le plaisir ressenti. Au-delà de ces séquences, le récit se focalise sur la quête de liberté, le droit d'exercer le métier que l'on souhaite et le poids de la tradition.



Mariss est en somme le symbole de tout cela.

En refusant d'abdiquer ses ailes au profit de son frère, elle va non seulement écorcher la coutume mais modifier profondément la structure de la société. Le roman est divisé en trois textes, trois périodes clés de Mariss. Les personnages qui s'y succèdent portent tous en eux le désir de voler et j'ai trouvé particulièrement intéressant d'opposer ainsi ceux qui estiment être nés pour voler et ceux qui revendiquent le droit de porter les ailes. Une belle métaphore de la lutte des classes pour s'élever dans la société.



J'ai parcouru un beau voyage avec Mariss, figure emblématique de la tempête qui souffle sur les traditions. Un très beau texte que je recommande vivement.
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Ainsi naissent les fantômes

S'il y a bien une auteur française qui s'est imposée ces dernières années dans le domaine du fantastique, c'est bien Mélanie Fazi. Alors quand celle-ci accepte de se charger de l'élaboration d'un recueil regroupant les meilleurs textes de celle qu'elle considère comme son inspiratrice, difficile de résister à la tentation. Et on comprend en effet très vite l'influence qu'a pu avoir Lisa Tuttle sur le genre en général et sur cet auteur en particulier. Toutefois, si chez Mélanie Fazi le fantastique peut à certaines occasions se révéler plus réconfortant qu'effrayant (voire l'excellente nouvelle « Trois renards »), on bascule presque systématiquement dans l'horreur dans le cas de Lisa Tuttle. Les sept nouvelles au sommaire de ce recueil sont donc pour la plupart très anxiogènes mais d'une qualité littéraire indéniable. L'auteur met essentiellement en scène des personnages féminins qui, par amour, par devoir, par curiosité ou tout simplement par hasard vont se retrouver confrontées à des événements surnaturels qui vont évidemment complètement chambouler leur quotidien et leur comportement « Rien n'est ici plus dangereux qu'une femme amoureuse ou une victime devenue bourreau », nous prévient Mélanie Fazi dans sa préface. L'auteur accorde un soin tout particulier aux émotions de ses personnages mais le décor revêt lui aussi une grande importance, qu'il s'agisse d'une nature sauvage comme celle de la campagne anglaise ou du bayou américain, ou tout simplement d'une maison reflétant la personnalité (ou du moins l'étrangeté) de ses occupants.



Attardons nous à présent sur chacune de ces sept nouvelles. La première chargée d'ouvrir le recueil, « Rêves captifs », nous décrit le clavaire d'une petite fille peinant à faire croire aux circonstances de son évasion de la maison dans laquelle un pervers l'avait séquestré. Un texte très oppressant car très immersif et doté d'une chute tout bonnement glaçante. La nouvelle suivante, « L'heure en plus », est sans doute la nouvelle la moins anxiogène du recueil et aussi celle qui m'a le plus touchée. Elle met en scène une mère de famille se désolant de ne pas avoir assez d'heures dans une journée pour concilier sa vie de famille et son désir d'écrire et qui se voit offrir l'accès à une pièce coupée du monde et du temps dans laquelle elle peut laisser libre court à sa créativité. Le texte prend la forme du journal intime de cette écrivaine en herbe à laquelle on s'identifie sans mal tant ses préoccupations parleront à n'importe quel lecteur : qui n'a jamais rêvé de n'avoir ne serait-ce qu'une petite heure de plus dans la journée ? Difficile également de ne pas s'identifier aux deux jeunes femmes de la nouvelle « Le remède » basée sur une idée géniale mais terrifiante : et si le langage était un virus que notre système pourrait un jour décider d'éliminer ? Avec « Ma pathologie » Lisa Tuttle s'attaque ensuite à un thème récurrent dans ses écrits : la grossesse. Le texte met en scène une jeune femme s'éprenant d'un certain Daniel, un féru d'alchimiste, avec qui elle entame une relation passionnée qui ne va toutefois pas tarder à tourner au drame.



Les trois dernières nouvelles sont sans doute celles qui m'ont le moins marqué, bien que j'ai également pris beaucoup de plaisir à les découvrir. Dans « Mezzo-tinto » une jeune femme venue s'installer dans la maison d'enfance de son amant y découvre un jour l'existence d'une étrange gravure qu'elle n'avait jamais remarqué. Un bel hommage à l'auteur M. R. James et une angoisse qui ne fait que monter au fil des pages tant on sent bien que quelque chose cloche avec cette maison, et ce malgré l'aspect à priori tout à fait banal du couple. On retrouve cette même tension et ce même sentiment d'oppression dans « La fiancée du dragon ». La nouvelle met en scène une jeune femme qui, après un voyage en Angleterre datant de son enfance mais dont elle ne se rappelle pas, refuse de remettre les pieds en Albion. Sa rencontre avec un jeune homme et la mort de l'un de ses proches vont toutefois la forcer à revoir ses positions. Un texte plus long que les autres et qui n'est pas sans quelques défauts mais que j'ai personnellement trouvé intéressant et qui laisse cette fois la parole à un personnage masculin. Le recueil se clôt avec une nouvelle un peu plus douce, « Le vieux Monsieur Boudreaux », dans laquelle une femme se rend au chevet de sa mère mourante qui lui fait promettre de veiller sur le compagnon de sa grand-mère censé être mort il y a des décennies. Un beau texte, plein de mélancolie mais dont la fin est peut-être un peu trop abrupte. L'ouvrage comprend également en bonus un entretien entre Mélanie Fazi et Lisa Tuttle qui nous en apprend un peu plus sur son travail d'écriture.



« Ainsi naissent les fantômes » est donc un excellent recueil qui ne manquera pas de ravir les amateurs de fantastique qui apprécieront certainement le délicieux frisson d'angoisse que leur procureront ces sept histoires horrifiques signées par l'une des auteurs les plus marquantes du genre. A découvrir !
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Ainsi naissent les fantômes

Ainsi naissent les fantômes, des fantasmes angoissés d’une fillette enfermée dans un placard par son ravisseur, des rêveries d’une romancière à la recherche de « l’heure en plus » qui lui permettra d’écrire le chef-d’œuvre de sa carrière, des terreurs paranoïaques d’une femme enceinte, des recoins les plus secrets et les plus angoissés de l’âme humaine… Ainsi naissent les fantômes, de la plume tourmentée, poétique et sinueuse de Lisa Tuttle, grande dame de la littérature fantastique américaine mais si tragiquement méconnue en France que seuls deux ou trois de ces recueils sont parvenus jusqu’à nous. C’est donc tout à l’honneur de Mélanie Fazi, grande admiratrice de la dame en question, d’avoir voulu lui rendre hommage en traduisant sept de ses plus remarquables nouvelles et en les partageant avec nous, frustrés lecteurs francophones que nous sommes.



Comme c’est le cas pour la majorité des recueils, certaines nouvelles sont un peu moins marquantes que les autres (je pense notamment à « La fiancée du dragon » que j’ai trouvé un peu longuette, malgré une chute réussie, ou à « Mezzo Tinto », prenante mais assez prévisible), mais le niveau d’ensemble reste remarquable ! Certains récits sont même de vrais petits chefs d’œuvre, comme le terrifiant « Rêves captifs » qui ouvre le recueil de façon particulièrement traumatisante et m’a hérissé les poils de bras de bout en bout. Une ambiance vénéneuse, malsaine et cauchemardesque baigne tout l’ouvrage et parvient à insuffler un sentiment de malaise profond mêlé d’excitation chez le lecteur, sentiment qui persiste après la fin de la lecture, ce qui est la marque de toutes les bonnes histoires angoissantes. L’ombre de la démence plane également sur la plupart des récits, accentuant encore davantage ce sentiment d’oppression et jouant à merveille sur l’ambiguïté entre le surnaturel et la folie, un trait de narration qui me séduit toujours.



Recueil de grande qualité, donc, que je conseille chaudement ! (A noter que la version Folio du recueil contient une nouvelle de plus que celle de Dystopia, « Le vieux M. Boudreaux » qui, si elle ne fait pas partie des meilleures de l’ouvrage, vaut tout de même le détour.)
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Les chambres inquiètes

En Résumé : J’ai de nouveau passé un très bon moment de lecture avec ce nouveau recueil de nouvelles de Lisa Tuttle. Comme à son habitude elle nous offre des textes qui démarrent de façon très banales pour mieux flirter au fil des pages avec l’angoissant et l’effroyable, sans non plus tomber dans la surenchère. Mais surtout l’auteur n’oublie pas de nous offrir des récits qui font réfléchir le lecteur avec des thématiques soignées et bien amenées, souvent intimes et qui touchent n’importe quel lecteur. Alors c’est vrai, certaines nouvelles m’ont moins marqués que d’autres et certains personnages m’ont paru trop froid pour vraiment s’attacher à eux, mais rien de très bloquant tant l’ensemble se révèle efficace. La plume de l’auteur se révèle efficace, entrainante et soignée et je lirai sans soucis d’autres écrits.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Windhaven / Elle qui chevauche les tempêtes

Seule et unique collaboration du désormais célèbre G. R. R. Martin et de Lisa Tuttle, « Windheaven » (également connu sous le titre « Elle qui chevauche les tempêtes ») nous faut découvrir le quotidien de Mariss, jeune femme passionnée et bien déterminée à réaliser ses rêves dans une société divisée entre rampants destinés à demeurer toute leur vie sur la terre ferme et à y exercer les métiers ordinaires de marchand, marin ou encore guérisseur, et les aériens, élite très fermée possédant l'insigne privilège de pouvoir évoluer dans les cieux où ils remplissent le rôle de messagers entre les différentes îles qui peuplent cet univers, suscitant aussi bien jalousie que vénération parmi le reste de la population. Le roman est organisé en trois parties, dont les deux premières ont déjà été publiées sous forme de nouvelle dans la revue « Analog » à quelques années d'intervalle, et parvient sans mal à entraîner le lecteur dans cette belle histoire relatant le rêve d'une jeune femme et son amour pour le vent.



La plupart des idées développées par les deux auteurs sont originales, qu'il s'agisse des rivalités au sein des aériens pour la possession d'ailes, ou encore la mise en place d'un système de roulement et de compétitions opposant aériens et Ailes-en-bois, rampants désireux eux aussi d'avoir une chance de posséder des ailes... Quelques scènes valent ainsi le détour, notamment celle des différents défis et épreuves lancés entre aériens, mais le roman souffre malgré tout de plusieurs points faibles, à commencer par les personnages. Si la plupart sont, il est vrai, plutôt attachants, certaines de leurs réactions m'ont toutefois semblé à plusieurs reprises un peu exagérées (je pense notamment à l'évolution très rapide des sentiments de Mariss vis à vis des aériens au contact du très antipathique Val dont je n'ai pas toujours saisi la pertinence des arguments). Enfin, si certains éléments de l'univers élaboré par G. R. R. Martin et Lisa Tuttle se révèlent plutôt intriguant, celui-ci reste trop peu développé pour être véritablement immersif.



Un roman au final fort divertissant, bourré d'idées originales et de personnages très attachants, le tout porté par une plume fluide et agréable, même si je ne garderai sans doute pas un souvenir impérissable de cette lecture.
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Ainsi naissent les fantômes

« Ainsi rêvent les fantômes » est un recueil de sept nouvelles de l’auteure américaine Lisa Tuttle, choisies et traduites par Mélanie Fazi, qui nous offre en outre une intéressante interview de cet écrivain.



Avant de vous dire ce que j’en ai pensé, voici un bref aperçu de ces textes :



1 / Rêves captifs

Une adolescente, séquestrée pendant plusieurs années, peine à expliquer comment elle a réussi à échapper aux griffes de son geôlier, celui qu’elle appelle « le monstre », et continue à rêver de son emprisonnement dans le placard…



2 / L’heure en plus

Une écrivaine peine à concilier vie professionnelle, vie de famille (un mari David, deux petites filles, des tâches ménagères) et l’écriture de son roman à achever. Elle a seulement droit à un créneau quotidien d’une heure pour écrire, mais il ne lui suffit pas. Jusqu’au jour où, au détour de l’escalier, une porte apparaît dans le mur : elle s’ouvre sur un bureau rien que pour elle, où le temps semble suspendu et où elle peut écrire aussi longtemps qu’elle le veut …



3 / Le Remède

Une jeune femme, écrivaine, observe sa compagne par la fenêtre, dans le jardin, avec son fils. Tous deux sont mutiques : c’est le Remède qui les a privés du langage …



4 / Ma Pathologie

Une jeune femme tombe amoureuse d’un homme en instance de séparation et fasciné par l’alchimie. Enceinte, elle vient vivre dans sa maison, dont elle est la seule à percevoir qu’une espèce de grosse bulle blanchâtre est greffée sur sa façade arrière …



5 / « Mezzo-Tinto »

Alors qu’elle vit avec lui depuis déjà quelque temps, dans sa toute petite maison de banlieue, elle découvre un cadre accroché sur le mur qu’elle n’avait jamais remarqué. Il lui rappelle une nouvelle intitulée « Mezzo-Tinto », dans laquelle un tableau s’animait. En même temps, elle se rend compte de troublantes incohérences dans les allusions que son ami fait au sujet de son passé et de ses anciennes compagnes …



6 / La fiancée du dragon

Dans une librairie, elle fait la connaissance d’un jeune homme alors qu’elle est en train de chercher des renseignements sur les dragons. Elle doit retourner en Angleterre pour y retrouver sa tante mais ne parvient pas à se souvenir du séjour de deux mois qu’elle fit là-bas, alors qu’elle avait douze ans et cette absence de mémoire l’inquiète terriblement. De cette période, elle conserve seulement une étrange bague-dragon restée fichée à son doigt ...



7 / Le vieux M. Boudreaux

A cinquante-huit ans, elle rentre d’Europe, où elle vit depuis longtemps, pour venir au chevet de sa mère mourante. La défunte lui lègue la maison de sa grand-mère et lui demande de s’occuper d’un certain M. Boudreaux, qui fut le compagnon de celle-ci …



Voilà un recueil de nouvelles dont j’avais entendu dire beaucoup de bien et j’ai profité du sympathique geste de son éditeur, qui en a offert la version numérique pendant le confinement, pour le découvrir. Entre lui (le recueil, pas l’éditeur) et moi, il n’y a pas eu de coup de foudre immédiat, mais au fil des pages j’ai succombé à son charme délétère.



Ce qui m’a fait tiquer, au départ, c’est le côté féminin-centré du recueil : j’ai craint (à tort, je m’en suis rendu compte ensuite) que l’ouvrage manque d’envergure et me lasse rapidement en se focalisant sur des problématiques familiales et domestiques (en réalité, c’est ce qui fait sa force, cette confrontation avec le quotidien au sens large).

S’est ajouté à cela le constat que la thématique du rêve était très présente dans les nouvelles 1 (Rêves captifs) et 2 (L’heure en plus), or je trouve toujours un peu trop facile d’y avoir recours, dès lors qu’on est dans le registre fantastique. Mais elle s’avère très habilement exploitée (avec une chute terrible pour la 1 et un dénouement qui m’a beaucoup plu pour la 2). Pour revenir à la 2, ça avait pourtant mal démarré avec elle : le début m’avait un peu agacée parce que j’y voyais un message personnel appuyé de l’auteure (je-manque-du-temps-nécessaire-pour-écrire-pas-drôle-d’être-une-femme-multitâches) et je me disais que la narratrice n’avait qu’à demander à son David de le faire, le repassage (mentionné à plusieurs reprises). Heureusement pour moi, il y a une inflexion significative dans la suite de la nouvelle, qui m’a davantage accrochée.



Toutes les nouvelles ont donc pour héroïne une femme, souvent (mais pas toujours) jeune. C’est elle qui raconte et son histoire (avec ses problèmes) aborde la question de la relation à l’autre (amant(e), compagne ou compagnon, mais aussi enfant (né ou à naître) sous un jour qui peut se révéler très dérangeant.

Parfois, la réflexion déborde largement le cadre intime, c’est le cas avec la nouvelle 3 (Le Remède) : elle offre une réflexion intéressante sur le langage, s’interroge sur ses liens avec l’intelligence et, plus globalement, sur notre capacité à communiquer, et aussi ce qui fait de nous ce que nous sommes, les choix qui nous y mènent (notamment lorsque nous sommes parents).



La maison est un personnage-clé du recueil. Dans la nouvelle 7 (Le vieux M.Boudreaux), donnée « en supplément » et dont la tonalité, contrairement à ce qui est le cas dans le reste du recueil, est plutôt lumineuse, elle peut être un endroit magique, symbole de retour à soi et porteur de nos rêves d’évasion de jeunesse. Mais, dans la plupart des cas, c’est un lieu ouvrant sur de possibles transformations, dont certaines particulièrement éprouvantes (pour ne pas dire horribles).



Lisa Tuttle s’y entend pour braquer sa lampe torche sur les zones d’ombre de notre quotidien. Elle aime faire voler en éclats notre environnement rassurant et voir déraper nos vies ordinaires vers d’insondables et inquiétants gouffres d’incertitude, au fond desquels les pires terreurs peuvent se cacher.



Challenge multi-auteures SFFF

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Ainsi naissent les fantômes

L’une de mes plus belles lectures de 2014…



Lisa Tuttle nous conte six merveilleuses histoires de femmes, intimes, violentes, furieuses, ou encore empreintes de folie. 6 histoires avec comme thème central le corps et l’esprit féminin.



Le recueil est bien construit, l’ordre des nouvelles est bien organisé la suivante ayant au moins un thème en commun avec la précédente, de sorte que chacune des nouvelles appelle à la lecture de la suivante. Un beau travail de Mélanie Fazi, traductrice et présentatrice de ce recueil. Sans conteste un bel hommage du vivant de l’auteur.



1. Rêves captifs : l’histoire d’une jeune fille captive, en proie à un monstrueux cauchemar, dans lequel le temps et l’espace joue un place prépondérante

2. L’heure en plus : Une écrivaine, jeune maman à l’emploi du temps bien rempli, découvre, dans sa maison, au détour d’un escalier, une porte dérobée qui va lui permettre d’obtenir du temps en plus pour des projets plus personnels.

3. Le Remède : dans une société futuriste, le Remède a été trouvé pour soigner toutes les pathologies. Toutes et même plus…

4. Ma pathologie : l’auteur nous conte une histoire d’amour empreinte d’alchimie, du rapport amoureux et de la relation de la femme avec son corps et la grossesse

5. Mezzo-tinto : quoi de plus réconfortant que le foyer familial, lieu aménagé et pensé pour soi, refuge aux turpitudes de l’extérieur ? Mais si ce sweet home devenait soudain étrange, vecteur d’une peur diffuse et inexplicable.

6. La fiancée du dragon : seul récit porté par une voix d’homme, une étrange histoire de transformation.



Le style est très lyrique. L’écriture de Lisa Tuttle est une mélodie, une symphonie de mots qui nomment le malaise et la folie. Dans ce recueil, le fantastique se veut discret. A l’exception de la dernière histoire, ce recueil ouvre une fenêtre sur la confusion mentale (celle des autres mais aussi la nôtre). Une phrase à elle seule résumerait bien ce recueil ; Ainsi naissent les fantômes : du malaise engendré par la crainte soudaine des choses ordinaires.

L’auteur avoue elle-même : « Ca m’intéresse moins d’écrire sur des monstres « venus d’ailleurs » que sur les fantômes et les monstres intérieurs. » « L’une des choses les plus effrayantes à mes yeux, dans la réalité, c’est le « bon père de famille » qui rentre chez lui et tue sa femme et ses enfants avant de se suicider. […] Est-ce que cette folie et ces tendances violentes ont toujours été présentes chez lui, ou est-ce qu’il a subi un changement de personnalité total pour des raisons inconnues ? »



Les premières phrases de chacune des nouvelles sont des accroches qui traduisent ce malaise et tiennent le lecteur en haleine. La narration nous plonge dans la confusion propre au mélange du réel et de la fiction.

1. Rêves captifs : Il m'est arrivé quelque chose d'affreux quand j'étais petite.

2. L'heure en plus : une heure, c'est tout ce que je demande.

3. Le remède : C'est dans cette pièce, jour après jour, que je transforme ma vie en langage.

4. Ma pathologie : ce n’est peut-être pas une vérité universelle, mais ce qu’on n’obtient pas facilement a bien plus de valeur à nos yeux.

5. "Mezzo-tinto" La façade du pavillon évoquait un visage grossièrement dessiné.

6. La fiancée du Dragon : Il y a deux mois de mon enfance dont j'ai tout oublié ; les deux mois les plus importants de ma vie.



Le quotidien familier, censé réconforter et apaiser se transforme en danger. Il devient la cause de la peur. Cette impression est bien traduite dans [Mezzo-tinto], nouvelle hommage à M. R. James. La maison connue, foyer du couple, source de réconfort devient soudain un lieu angoissant dans lequel l’héroïne se sent mal à l’aise, sans comprendre pourquoi.



Lisa Tuttle nous parle de la femme. De ses doutes mais aussi de ses peurs réels, parfois exagérés lorsque les moments heureux deviennent le lit de la terreur. La nouvelle [ma pathologie] est un bon exemple de ce sentiment qui m’a tenu tout le long de ma lecture. Dans cette histoire, la grossesse, source de questionnement et de crainte pour de nombreuses femmes, est évoquée comme une monstruosité :

Quelque chose de vivant grandit en vous !

Qui fait partie de vous sans faire partie de vous... et qui peut vous tuer.



Le livre en lui-même est un bel objet, merci Dystopia. L’illustration de couverture est bien vue et renvoie à la thématique générale du recueil : le corps et l’esprit féminin.



Enfin, un entretien entre Mélanie Fazi et Lisa Tuttle vient clore l’ouvrage et nous éclaire davantage sur la vision de l’auteur par rapport à ses écrits et à l’écriture en générale.

Une phrase en particulier, a retenu mon attention car elle traduit parfaitement le sentiment de l’amatrice de fantastique que je suis et contribue à désinhiber le genre :

Lisa Tuttle : « Lorsqu'ils sont bien écrits, je trouve en règle générale qu'un bon roman de science-fiction, de fantasy, de fantastique ou un bon roman policier sont bien plus agréables à lire que la plupart des romans de littérature blanche qui visent la respectabilité littéraire. »



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The Mammoth Book of Vampire Stories by Women

This anthology turned out to be a mixed bag of tales featuring different versions of vampires, though some were better than the others. Featuring the only vampire short story by Anne Rice, the undisputed queen of vampire literature, and an autobiographical introduction by Ingrid Pitt, star of the films The Vampire Lovers and Countess Dracula, this Mammoth collection brings together thirty-four uncanny and erotic tales by women who have redefined the genre of vampire fiction. The quest continues—for blood to drink, for souls to steal, for life among the undead.

Contents:

Introduction: My Life Among The Undead by Ingrid Pitt

The Master Of Rampling Gate by Anne Rice

Homewrecker by Poppy Z. Brite

When Gretchen Was Human by Mary A. Turzillo

The Vengeaful Spirit of Lake Nepeakea by Tanya Huff

La Diente by Nancy Kilpatrick

Miss Massingberd and the Vampire by Tina Rath

The Raven Bound by Freda Warrington

Vampire King of the Goth Chicks by Nancy A. Collins

Just His Type by Storm Constantine

Prince Of Flowers by Elizabeth Hand

Service Rendered by Louise Cooper

Aftermath by Janet Berliner

One Among Millions by Yvonne Navarro

Luella Miller by Mary E. Wilkins-Freeman

Sangre by Lisa Tuttle

A Question of Patronage by Chelsea Quinn Yarbro

Hisako San by Ingrid Pitt

Butternut and Blood by Kathryn Ptacek

Sleeping Cities by Wendy Webb

The Haunted House by E. Nesbit

Turkish Delight by Roberta Lannes

Venus Rising on Water by Tanith Lee

Year Zero by Gemma Files

Good Lady Ducayne by Mary Elizabeth Braddon

Lunch At Charon's by Melanie Tem

Forever, Amen by Elizabeth Massie

Night Laughter by Ellen Kushner

Bootleg by Christa Faust

Outfangthief by Gala Blau

My Brother's Keeper by Pat Cadigan

So Runs The World Away by Caitlin R. Kiernan

A North Light by Gwyneth Jones

Jack by Connie Willis
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Le couteau sacrificiel

Si vous n'aimez pas Lisa Tuttle, passez votre chemin. Si comme moi par contre, vous êtes sensible à son style, ce roman vous comblera.

En effet, ici il ne s'agit pas de nouvelles mais bien d'un roman pour lequel l'auteure reprend tous les ingrédients qui font la force de ses nouvelles.

Elle s'empare d'un moment du quotidien, nous plonge dans la vie de son héroïne ( qui est loin d'en être une tellement elle ressemble à n'importe qui), et y introduit très lentement et tout en finesse, un élément surnaturel perturbateur, une touche fantastique qui va bouleverser à jamais la petite vie tranquille de Sarah. Il faut préciser que celle ci sort tout juste d'un deuil amoureux et qu'elle a bien du mal à s'en dépétrer. Comme la plupart d'entre nous cela dit au passage, et pour peu que l'on veuille bien se regarder dans une glace une minute quand il s'agit de sentiments! l'élément donc surnaturel va donc être incarné par cette maison qu'elle va habiter, et qu'elle aura choisi auparavant sur un coup de coeur. Tous les questionnements habituels du sujet sont bien présents : la santé mentale de Sarah, les hallucinations, le glissement infime qui s'opère entre surnaturel, réalité et psychologie, sans oublier la touche féministe toute particulière de l'auteure. Pourtant son propos est ailleurs.

Car à travers son personnage et sa souffrance, son incapacité à accepter la réalité, l'auteure interroge notre rapport aux autres en traitant des thèmes aussi variés que le deuil, le dépit amoureux, la folie, la solitude, la vengeance, l'amour charnel, le viol ( physique et psychologique). Elle rend son propos toujours diffus en cultivant sans cesse l'incertitude; elle joue sans cesse sur plusieurs tableaux, laissant à son lecteur l'opportunité d'interpréter comme il l'entend. Le rapport entre Sarah et son démon ( intérieur? bien réel? la maison?) est toujours équivoque. Il est à contrario très clair que celui ci abuse d'elle, que leur relation frise le viol, parfois totalement charnel et parfois apparenté à du harcèlement psychologique. Cette ambiguité joue également sur le comportement de Sarah qui, à l'égard de son démon ( son bourreau), adopte des attitudes qui s'apparente fortement au syndrome de Stockholm ( lorsqu'une victime développe une sorte d'empathie pour son ravisseur). Ce démon, qu'il existe réellement ou pas est peu important, va devenir l'incarnation de sa lutte contre elle même, contre ce désir ardent de retrouver celui qu'elle a perdu. Lisa Tuttle explore différentes expressions de ce désir et passe en revue toute la panoplie des émois charnels que peut ressentir une femme dans la souffrance. Elle développe également une ambiguité sur ce point là puisqu'elle se sert du personnage du démon pour apporter de l'eau au moulin de la réflexion. Le désir inassouvi de Sarah est il de son fait, de sa souffrance ( de sa folie?)? Est ce le démon qui la pousse dans cette voie là et qui la rend dingue? Ou est ce le fait de cet homme désormais hors d'atteinte qui se joue d'elle? On voit bien que, fidèle à ses principes et à son habitude, l'auteure interroge ici les rapports homme/ femme. Son penchant féministe rejaillit mais sans jamais tomber dans l'excès. Une féministe qui se respecte ne défendra pas la cause des femmes en esmaculant la gente masculine... Même le dénouement qui paraît évident, laisse une grande part d'incertitude et laisse le lecteur dans une immense expectative. Car Lisa Tuttle a cultivé l'ambiguité tout au long du roman, subtilement et intelligemment. Et c'est justement dans cette petite marge de manoeuvre que le lecteur peut expérimenter ses propres idées sur la question. La frontière est toujours floue, confuse, mystérieuse et obscure. Cette limite toujours incertaine fait la force de ce récit ainsi que celle des nouvelles de Lisa Tuttle, et qui définit son style si particulier.
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Ainsi naissent les fantômes

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce recueil de six textes qui m’a permis de découvrir Lisa Tuttle. Tous les récits ne sont pas au même niveaux, mais ils se révèlent vraiment tous intéressants à découvrir mêlant habilement et intelligemment fantastique et angoisse pour le plus grand plaisir des lecteurs. On se retrouve vraiment happé par chaque texte souvent passionnants, souvent marquants, parfois malsains, parfois intimistes, mais toujours captivants. Le travail de Mélanie Fazi pour nous faire découvrir cette auteur apporte aussi un plus. Au final un recueil de nouvelles qui mérite d’être découvert, pour peu qu’on apprécie le genre. Si je peux je lirai sans soucis et avec grand plaisir d’autres textes de l’auteur.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Le couteau sacrificiel

Je trouve la couverture plutôt réussie avec ce squelette tenant une dague. Maintenant, reste à savoir si le contenu vaut le coup, direction dans ce nouveau roman « épouvante » J’ai lu.

Il est intéressant de constater que cette collection prenait vraiment les lecteurs pour des imbéciles. Je l’avais déjà remarqué avec « Fantasma » de Thomas Francis Monteleone. La quatrième de couverture reprend trois passages du livre. Le premier paragraphe se situe page 154, l’élément suivant page 180 et la fin, deux pages plus loin. Au final, ça donne un pitch alléchant, mais n’a rien à voir avec le livre.



Tout commence comme dans la plupart des histoires d’épouvante à savoir une maison étrange. Une jeune femme – Sarah – souhaite avoir une nouvelle vie suite à une rupture et décide de s’installer. Elle quitte son petit appartement pour une luxueuse demeure. Son ancienne propriétaire se débarrasse facilement de sa résidence. De plus, le prix semble défier toute concurrence.



Bah voilà, le personnage principal tombe dans le piège d’une maison hantée. Tout se résume à des chiffres. 50 est le nombre de pages où Sarah prépare son déménagement. Elle vient de rompre avec son ami. Durant tous ces passages, elle ressasse le passé. Durant les 69 pages suivantes, notre héroïne commence à se poser des questions. Elle fait des cauchemars et elle devient cinglée. Enfin, on découvre l’histoire : un démon – on apprendra plus loin qu’il s’agira d’un mage – hante les lieux et souhaite prendre possession d’un corps. Enfin, le livre s’emballe, enfin, commence à avoir un semblant d’action. Arrivée à la 150e page, Sarah va découvrir un journal intime où l’on apprendra que Jade n’est pas une fille, mais un homme (le fameux mage). Le reste n’est juste qu’un combat (psychologique) entre Jade et Sarah.

Durant le récit, il sera question d’un chat, d’un rat, d’un autre chat, d’un lapin, d’un crapaud et d’un chien. L’auteure extrapole et rend la lecture difficile.



Amateur d’épouvante, d’action et de frissons, passez votre chemin. Ce livre est d’une mollesse et surtout d’un complexe qui ne donne qu’une envie, de jeter au loin ce roman. C’est une grosse déception. Je cherche encore les passages qui m’ont intéressé durant cette lecture, mais à vrai dire, je n’en vois aucune. J’avoue avoir lu en diagonale pour en finir rapidement.
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Ainsi naissent les fantômes

Sélectionnées et transposées en français par la prodigieuse Mélanie Fazi, ces six nouvelles m'ont complètement transportée. La traductrice nous raconte l'influence que Lisa Tuttle a eu sur son parcours d'écrivain et en effet les univers de ces deux auteurs présentent de nombreuses similitudes. Toutes deux favorisent la présence de protagonistes féminins, des ambiances légèrement angoissantes, étranges, mais toujours empreintes de poésie et sans jamais tomber dans le glauque.

Lire la suite : http://www.bizzetmiel.com/lisa-tuttle-ainsi-naissent-les-fantomes/
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Windhaven / Elle qui chevauche les tempêtes

Mariss est une "rampante" mais elle rêve de voler, de faire partie des "aériens". Remarquée par un aérien sans progéniture lors de son enfance, elle parvient à réaliser son rêve. Mais l'adversité est bien présente sur ce monde où la tradition prime sur tout le reste : son père adoptif a pour finir un fils né de sa chair qui devient donc l'héritier de ses ailes. L'ironie est d'autant plus grande que le jeune garçon, Coll, n'a absolument aucune envie de devenir aérien. Lui ce qu'il veut, c'est être barde.



Le livre est divisé en trois parties, relativement distinctes l'une de l'autre, mais constituant chacune un moment clé de la vie de Mariss et une lutte ardue contre le système en place. Parce que dans Elle qui chevauche les tempêtes, il sera souvent question de l'absurdité d'un mode de fonctionnement statique, basé sur les traditions, qui est incapable de se remettre en question et de s'adapter à la réalité. Ainsi cette obligation de transmettre ses ailes à son enfant, celui-ci dut-il être un piètre aérien. Dans un monde hostile, où la technologie est rare, laisser des ailes précieuses, faites dans un matériau impossible à renouveler, s'abîmer en mer car elles sont confiées à des personnes dont les compétences ne sont pas suffisantes pour en tirer le meilleur parti, est dangereux pour la sauvegarde de l'humanité. Et c'est ce contre quoi se bat Mariss.



J'ai vraiment adoré ce bouquin. L'histoire est très prenante, on se laisse complètement emporter par les tempêtes qui régissent cette planète, qu'elles soient naturelles ou humaines. Si je devais faire un résumé en un seul mot je dirais "émotion". C'est vraiment ça qui fonctionne dans ce livre : on se passionne pour le destin de Mariss et des personnages qui gravitent autour d'elle et les pages se tournent toutes seules.



Le livre n'est pas parfait. On a parfois l'impression que l'intrigue est un peu facile, que Mariss arrive trop facilement à ses fins. Sans doute que cela manque aussi de la cruauté propre à Martin et de l'étrangeté glauque propre à Lisa Tuttle. Mais on ne s'y arrête pas vraiment tellement on est emporté par sa lecture.



Pour moi Elle qui chevauche les tempêtes constitue un excellent roman de divertissement, avec ce petit plus de la réflexion sur l'injustice et le carcan imposé par les traditions. C'est aussi un bouquin que je mettrais sans hésiter dans les mains de quelqu'un qui n'aime pas spécialement la science-fiction. Déjà le background science-fictif est plus que léger mais je pense que la façon dont est contée l'histoire, les thèmes abordés et les personnages sont propres à plaire aux lecteurs qui sont habituellement plus branchés littérature générale.



Notez que pour les petites bourses, Elle qui chevauche les tempêtes est sorti chez J'ai Lu sous le titre original : Windhaven.


Lien : https://dragongalactique.com..
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Les chambres inquiètes

Une bien belle couverture, voyons maintenant si le contenu, se rapporte au ramage...



A l'ouverture du livre, l'éditeur avertit le potentiel lecteur : c'est un recueil de nouvelles déjà paru ici ou là : C'est tellement rare que cela soit signalé chez d'autres éditeurs...

Ces textes ont en outre été revus pour l'occasion par la traductrice, Nathalie Serval qui ouvre le bal avec sa préface.



Malheureusement, je n'ai pas adhéré aux thématiques de l'autrice, dont l'une des marottes de ce recueil tourne autour de la femme, de son rôle et de sa place dans la société. Ces textes ont été publiés entre 1980 et 1990, novateur sûrement pour l'époque, le style m'a semblé cependant un peu daté, comme leurs traitements. J'ai trouvé aussi que les thématiques prennent trop le pas sur le récit, j'avais l'impression que Lisa Tuttle voulait à tout prix que le lecteur comprenne de quoi elle parle. Autre point noir, les personnages manquaient pour ma part cruellement d'épaisseur. Ces deux derniers défauts ont fait que j'ai eu du mal à m'immerger dans les histoires proposées.

Ceci dit, l'éditeur offrait un autre recueil de l'autrice, Ainsi naissent les fantômes, durant l'opération Bol d'air, et je pense tout de même le lire un jour.



Quelques nouvelles ont tout de même éveillé mon intérêt, comme Sans regrets qui traite de fantômes du passé et fantômes d'un futur possible révolu. Une réécriture de la figure du fantôme que j'ai trouvé originale - quasiment SF- à travers une poétesse qui revient sur les pas de sa jeunesse où elle a fuit une situation matrimoniale réglée pour un avenir libre.

l'autrice distille peu à peu les éléments de compréhension, rendant à chaque fois la situation plus ambiguë qu'elle ne semblait l'être.

Bien aimé aussi En pièces détachées qui part d'une situation absurde et drôle, toujours autour des relations hommes femmes, et où le rôle de la femme va radicalement changé et évolué. Une fin à chute qui m'a surpris et fait rire un peu jaune.

Dans La tombe de Jamie, un enfant se prend à creuser une tombe dans le jardin et depuis, son comportement devient étrange. Sa mère se pose des questions. Une nouvelle inquiétante ou une manège sourde plane sur la maisonnée

Dans une approche plus humoristique, Vol pour Byzance nous conte l'histoire d'une bourgade perdue du Texas, où une convention de SF est organisée pour la première fois. L'invitée, l'autrice d'un seul livre, va découvrir une trouble coïncidence et quelques désagréments. Une nouvelle drôle et effrayante à la fois, dans l'esprit des épisodes de la Quatrième dimension



Le reste des nouvelles m'a beaucoup moins interpellé :



Un nid d'insectes: des retrouvailles entre une femme et sa tante. Dommage que l'élément fantastique soit rapidement dévoilé. Un texte très féministe.



Lézard du désir : Une histoire sur les violences faites aux femmes et le genre. Dans un monde parallèle au notre les lézards font les hommes ! Un texte dont l'étrangeté m'a poussé à le lire jusqu'au bout alors que ce n'était pas ma tasse de thé et que je me demande encore ce qu'a voulu dire l'autrice.



L'autre chambre : Un homme revient dans la maison de son grand père longtemps après la découverte d'une pièce secrète. Premier texte avec un homme comme protagoniste principal, on y découvre la confrontation avec la mort, mais toujours pris sous un angle différent. Ne m'a pas laissé un souvenir inoubliable, les personnages manquants de force.



Oiseaux de lune : Une famille dysfonctionnel : maman et papa ne s'aiment plus, ne se parlent plus. Leur fille est absente depuis toujours, victime d'une maladie. Le mari, ancien astronaute, est resté sur la lune, seule la mère tente de tenir

Ce texte m'a fait penser à la chanson Mother's Little Helper des The Rolling Stones, enfin, surtout sa reprise par le chanteur belge Arno.

Texte poétique qui manque encore d'épaisseur pour les personnages



Propriété commune : Nous sommes en plein raisonnement par l'absurde. Un divorce, tout est divisé de manière égale entre les deux ex. Mais comment faire pour le chien ?

Un texte court sur l'égoïsme et la violence d'un couple qui se sépare prêt à toutes les horreurs pour ne pas faire gagner l'autre. On voit malheureusement venir la fin de loin...



Une amie en détresse : Si tu as eu un ou un une amie imaginaire, peut être qu'une fois adulte, tu as du mal à savoir ce qui était de la réalité et ce qui était issue de ton imagination.

C'est ce qui arrive ici, en vrai. Pas compris où voulait m'emmener Lisa.



L'autre mère : Une mère de deux jeunes enfants entraperçoit un fantôme sur la rive bordant le lac. Une variation autour de la déesse celte de la Mort et de la Créativité. Je n'ai pas réussi à rentrer dans le récit pour une raison : la mère à deux jeunes enfants mais ses réactions ne cadre pas du tout avec cette tranche d'âge.

En outre, je pense qu'il m'a manqué de références et j'ai du louper certaines allusions pour comprendre ce texte.



Les mains de Mr. Elphinstone : Jadis, un groupe de femmes participent à une séance de paranormal. L'une d'entre elles, après s'être fait toucher par le médium commence à être prise de symptômes étranges. L'atmosphère est là, palpable mais tout cela m'a semblé un peu longuet.



La plaie : Un prof récemment divorcé fait toujours le deuil de sa séparation. Et là, une rencontre fortuite... l'autrice joue avec le genre et les préférences sexuelles. Dommage que l'univers ne soit pas très détaillé car il y avait du potentiel. En l'état, difficile de s'immerger complètement.



Le nid : Deux soeurs achètent une maison isolée et en mauvais état. Une parole lancée l'air de rien va révéler certaines peurs enfouies.

Là encore, les protagonistes m'ont laissé indifférent comme leur histoire.
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Les chambres inquiètes

Une anthologie de quatorze nouvelles fantastiques, dans mon acception du genre : tout se déroule toujours parfaitement « normalement », dans une réalité tout ce qu’il y a de plus conforme à notre quotidien, avec des problématiques prosaïques auxquelles nous pouvons tous parfaitement nous identifier; et puis, insensiblement, quelque chose se met à dérailler, sans que l’on puisse jamais tout à fait clairement repousser une explication rationnelle : ça peut être bizarre, mais c’est peut-être aussi seulement dans l’imagination du protagoniste. Toute les frayeurs sont dans l’ambiguïté, et elle règne en maître… Par exemple (et c’est ma nouvelle préférée), « Une amie en détresse » nous raconte la rencontre entre Jane et Cecily, dans un aéroport, alors que le vol qu’elles attendent a du retard; Au fil de la conversation s’impose un fait : elles ont été l’amie imaginaire l’une de l’autre pendant leur enfance. Elles se reconnaissent, savent tout l’une de l’autre, et ont pourtant vécu chacune à l’autre bout des Etats-Unis. Elles se tiennent l’une en face de l’autre, sont réelles et physiquement présentes, mais c’est impossible. Qui affabule, qui imagine ? Le tout est raconté avec un mélange de simplicité et de subtilité, en piochant dans des thèmes farouchement intéressants desquels émerge une interrogation profonde sur la condition féminine, avec souvent une certaine malice (et si on ne naissait pas femme (ou homme) mais on le devenait – en forme très pragmatique, dans deux nouvelles différentes). Ce que j’ai le plus aimé c’est qu’à chaque fois, Lisa Tuttle prend un enjeu psychologique (une crainte, ne pas être une bonne mère, avoir fait le mauvais choix, avoir peur de vivre seule, ne pas savoir échapper aux critiques maternelles, etc.) et le met en scène en poussant jusqu’au bout sa logique. Passionnant !
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Futurs perdus

Depuis que j'ai ouvert mon premier bouquin de Lisa Tuttle ( Ainsi naissent les fantômes), j'ai immédiatement accroché à son style et n'ai pu m'empêcher de me procurer au plus vite le reste de son oeuvre.

J'avoue avoir eu un peu de mal avec celui ci, n'ayant pas réussi à cerner les intentions de l'auteur, à savoir de quoi il retourne. Car à l'image de ce qui se passe dans la tête de l'héroïne, le récit est brouillon, volontairement, puisqu'il illustre à merveille l'état d'errement et de perte de repères de Clare Beckett. la diversité d'interprétations est telle que j'ai finis par de plus savoir à quoi me raccrocher. Lisa Tuttle nous balade entre psychologie, science fiction et société pour finalement nous perdre dans les méandres exitentiels et identitaires de son personnage principal.

C'est pourtant très bien écrit, comme toujours, et l'on sent bien que les thèmes principaux abordés ici sont la perte d'identité et sans doute même le deuil. Car comment ne pas voir dans le déboussolement de Clare, un moyen inconscient de refuser la dure réalité? C'est d'ailleurs fascinant de constater avec quelle aisance Lisa Tuttle garde le contrôle de son récit tout en manipulant le lecteur. Son récit oscille sans cesse entre les genres cités plus haut, de sorte qu'on ne puisse jamais réellement certifié de quoi il retourne. Elle laisse la place à une grande interprétation, mais cela ne traduit il pas une difficulté pour l'auteure à positionner son roman?

Néanmoins, les derniers chapitres permettent de se faire une idée un peu plus précise et de situer plus précisément son propos.

Toujours est il que j'ai pris un réel plaisir à lire ce roman, tant parce que j'aime énormément l'écriture fluide et tellement évocatrice, tout en douceur et en féminité, de Lisa Tuttle que par le sujet abordé ainsi que la manière dont elle l'a traité. Malgré ma difficulté à appréhender ce roman, je réitère mon intérêt pour son oeuvre.
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Ainsi naissent les fantômes

Tout laisse présager autant de plaisir que de malaise, ou bien même d’angoisse par la suite. Effectivement, cette préface n’a rien d’exagéré je trouve. Toutes les nouvelles qui suivent ont quelque chose de terrifiant et « Ainsi naissent les fantômes » trouve doucement son sens : ainsi naissent les fantômes intérieurs, ceux que l’esprit et l’imagination peuvent créer.



Il est donc forcément question de textes sombres et chacun à leur manière entraînent vers l’étrangeté, en détournant le quotidien et le banal vers quelque chose d’exceptionnel, de fou, d’incertain… J’ai trouvé qu’il avait là quelque chose de la série TV « La quatrième dimension ».

Ces sept nouvelles sont bien amenées et leur chute, parfois glaçante, sont troublante et réussie. Le choix du point de vue et de la narration à la première personne accroît la sensibilité chez le lecteur (sensibilité et sensation différentes à chaque nouvelle).....................
Lien : http://stephanieplaisirdelir..
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Ainsi naissent les fantômes

Voici sept nouvelles qui nous plongent dans l'univers « fantastique » de l'auteur. Les sujets sont variés et nous ramènent à des peurs ancestrales. Des récits angoissants et des « chutes »surprenantes et effrayantes. Lisa Tuttle flirte par moment avec « l'horreur ». J'ai pu apprécier certains des récits que je qualifierai de « réalistes » , leurs constructions et le suspense amenant à leurs conclusions. On pourrait lui reprocher certaines histoires peu travaillées où l'auteur se contente d' introduire une dose de surnaturel, mais le format de la « nouvelle » si prête. Voilà un auteur dont je serai curieux de suivre le cheminement sur la durée d'un roman. Je voudrai signaler l'excellente idée d'avoir incorporé à la fin de l'ouvrage une interview de l'auteur. Evenement qui devrait se généraliser.
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