Nous sommes en 1948, trois ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et le jeune Français Jocelyn Brouillard a obtenu une bourse pour aller étudier la musique à New York.
Il débarque à la Pension Giboulée pour y prendre ses quartiers, mais c'est sans compter sur la méprise qu'il y a eu à l'origine : personne à cette pension de jeunes filles ne s'attendait à voir débarquer un jeune homme, car personne n'avait vraiment prêté attention à cette subtilité du langage Français.
Qu'a cela ne tienne, grâce à son talent de musicien, Jocelyn va s'attirer les bonnes grâces de Mrs Merle, la propriétaire de la pension, qui va faire une exception pour lui.
Le personnage de Jocelyn permet au lecteur de découvrir avec lui la vie trépidante du New York de cette époque, à travers les personnalités fraîches, folles et enthousiastes des pensionnaires de la Pension Giboulée, des jeunes filles qui cherchent toutes à percer dans le milieu artistique New -Yorkais
Le pauvre Jocelyn est parfois un peu perdu au milieu de ce tourbillon de froufrous et de personnalités toutes plus attachantes les unes que les autres : "Vous vous demandez dans quel maison vous êtes tombé, pas vrai ?", ainsi que dans cette grande ville qu'il découvre : "Il ne connaissait pas non plus les autobus à étage. Il faillit dégringoler dans un virage en gravissant le colimaçon. Les filles, déjà en haut, se moquèrent de lui. Sur la plateforme le vent filait, suave et joyeux, et l'Empire State, le Chrysler Building, tous les gratte-ciel courraient dans le bleu mutin du matin. Son premier, à New York.", mais il sen sort plutôt bien et se fait rapidement des amis.
Il est parti pour apprendre la musique, c'est à mon avis bien plus qu'il va trouver à New York, tel un conquérant il va non seulement y découvrir des styles musicaux nouveaux, des amitiés fortes, peut-être même l'amour, mais surtout quelque chose d'inédit qui est en train de se construire et changera la face du monde : "Il se sentait la peau de Christophe Colomb et d'Amerigo Vespucci. L'impression d'être dans le courant, en plein milieu, de vivre l'inédit du monde; et cet inédit ne pouvait se produire qu'ici, à New York, il en avait maintenant la certitude.".
L'auteur aurait pu se contenter du personnage de Jocelyn pour raconter son histoire, mais c'est une oeuvre beaucoup plus approfondie qu'elle livre, car elle ne se limite pas à un seul personnage mais également à toutes les jeunes filles de la Pension Giboulée : à la pauvre Chic qui n'en peut plus de devoir absorber des produits insipides pour des publicités, à Manhattan qui cache un lourd secret, et surtout à la mystérieuse Hadley qui ne danse plus alors qu'elle a dansé autrefois avec Fred Astaire et qui elle aussi cache un lourd secret, elle est d'ailleurs à mes yeux la plus attachante de toutes les jeunes filles de la Pension.
Plus que le personnage de Jocelyn, c'est celui de Hadley qui m'a le plus émue, pour qui j'ai le plus vibré, même si j'ai eu très rapidement un soupçon sur le secret qu'elle cache.
Pour un roman s'adressant à la jeunesse, c'est un joli pavé de plus de cinq cent pages qu'a écrit Malika Ferdjoukh, et ce n'est surtout que le premier tome d'une nouvelle série.
Non seulement l'histoire est bien bâtie, mais c'est aussi bien écrit, c'est un véritable "page turner" et j'ai été frustrée d'arriver à la fin tant je voulais lire et connaître la suite.
C'est très vivant, très bien documenté, les personnages croisent ainsi quelques futurs grands noms de la scène cinématographique, comme la jeune Grace Kelly ou un Woody Allen adolescent, c'est aussi très vivant car j'ai eu l'impression de retrouver New York telle que j'ai pu la découvrir il y a quelques temps, surtout d'avoir un peu le même regard émerveillé que Jocelyn sur cette ville et ses immenses gratte-ciels emblématiques.
Cela m'a également permis de découvrir une auteur : Malika Ferdjoukh, et j'ai été littéralement emballée par son histoire, à tel point que je suis bien décidée à découvrir maintenant les autres œuvres de celle-ci qui finalement plairont autant aux plus jeunes qu'aux plus âgé(e)s.
C'est fou, c'est théâtral, c'est vivant, c'est enthousiasmant, c'est la ville de tous les possibles, "Broadway Limited - Un dîner avec Cary Grant" de Malika Ferdjoukh est un roman à l'image de New York, cette ville qui ne dort jamais, et est un coup de cœur que je vous invite à découvrir de toute urgence.
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