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Critiques de Marc Voltenauer (314)
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Qui a tué Heidi ?

Après Les protégés de Sainte Kinga et Le Dragon du Muveran, me voici à nouveau plongé dans un polar du romancier suisse, Marc Voltenauer.

Qui a tué Heidi ? En fait, ce polar est le second paru après Le Dragon du Muveran. Ma découverte de l’auteur s’était faite avec son quatrième livre : Les protégés de Sainte Kinga et ses talents d’écrivain de thrillers m’avaient conquis.

Je retrouve donc l’inspecteur Andreas Auer, toujours dans le canton de Vaud, district d’Aigle, à Gryon où il habite avec Mikaël qui est journaliste. Leur chien, Minus, sera bientôt rejoint par un chat, Lillan, mais avant d’exposer l’intrigue de cette histoire aux multiples rebondissements, il faut que je lève l’ambiguïté du titre : Qui a tué Heidi ?

En effet, ce fameux prénom popularisé depuis longtemps par la télévision, personnage créé par l’autrice suisse Johanna Spyri, adapté au aussi au cinéma, en dessin animé, en bande dessinée, ce fameux prénom a été donné à une vache par Antoine Paget qui est fermier à Gryon. Passionné par son travail, il rêve de remporter le fameux concours d’Aigle. Pour cela, il prépare une autre vache, sa meilleure bête, une Simmental nommée Yodeleuse, diminutif, Yodi.

Andreas Aueur, notre policier est en congé. Il se prend de passion pour ces vaches de montagne et vient aider Antoine. Mieux, ce sera lui qui mènera Yodi pour passer devant le jury ! J’ai beaucoup aimé cette partie consacrée l’élevage dans une des rares fermes encore actives à Gryon.

Dans ce polar divisé en cent quarante chapitres, le rythme est soutenu, nerveux. Les intrigues se mêlent après avoir paru n’avoir aucun rapport. C’est le cas dès le chapitre 2 se déroulant à Berlin, le samedi 23 février 2013 où un Russe, ex-agent très spécial de renseignements à l’étranger, monnaie ses services dans le privé. Il dit s’appeler Artomonov et exécute un contrat à l’opéra de Berlin en plein concert de La Walkyrie. Cet homme méticuleux, très organisé, qui ne fait aucun sentiment, est surnommé Litso Ice, visage de glace, à cause de son regard capable de figer sur place celui qui le croise.

À Gryon, quatre jeunes se retrouvent régulièrement dans un bar pour jouer aux cartes. Vincent, le fils d’Antoine, Romain, Jérôme et Cédric. Chacun a ses problèmes et ses projets mais ne se confie pas aux autres.

J’évacue la Pasteure du village, Erica, dont le cas relie au précédent roman, Le Dragon du Muveran, pour dire que le nœud du problème se trouve dans un vaste projet immobilier visant à acquérir les plus beaux alpages au-dessus du village pour y construire un grand ensemble touristique. Les imbrications financières sont complexes, diverses sociétés sont impliquées mais tout cela doit appartenir à un Russe richissime…

Des vaches, un éleveur jaloux, un tueur russe, un projet immobilier d’envergure, un jeune homme très mal dans sa peau, « L’homme qui s’enivrait du parfum de sa mère », des femmes qui disparaissent et un inspecteur Auer suspendu par sa hiérarchie, cela fait beaucoup mais Marc Voltenauer maîtrise tout cela parfaitement.

Qui a tué Heidi ? donne un récit passionnant, addictif, instructif aussi sur certaines traditions suisses, la vie d’un village, car tous les lieux décrits existent réellement. Seuls, histoire et personnages sont fictifs.

La pauvre Heidi est morte mais bien d’autres victimes, humaines cette fois, jalonnent cette histoire qu’il m’a emmené au cœur des Alpes vaudoises mais aussi à Moscou, Berlin, Genève, Lausanne. Le dépaysement est garanti. Chaque chapitre indique précisément où il se passe, avec la date. L’histoire débute le samedi 23 février 2013 et se termine le vendredi 5 avril de la même année. Je vous laisse la découvrir


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L'aigle de sang

Il fallait que je comble cette lacune. J’avais lu et été passionné par Les Protégés de sainte Kinga, Le Dragon du Muveran et Qui a tué Heidi ?, mais j’avais laissé de côté L’Aigle de sang.

Une fois de plus, je n’ai pas été déçu par Marc Voltenauer, écrivain suisse maniant si habilement l’art du polar. Non seulement, il sait maintenir le suspense et l’incertitude jusqu’au bout, avec les surprises qui vont avec, mais il m’apprend encore quantité de choses.

Ici, avec L’Aigle de sang, il m’a plongé en pleine mythologie nordique, sur cette île de Gotland, territoire suédois, en mer Baltique. C’est bien sûr l’inspecteur Andreas Auer le héros de l’histoire. Jessica, sa sœur, lui ayant révélé que Viktor et Kajsa étaient ses parents adoptifs et que ses vrais parents étaient morts, Andreas décide de se rendre sur l’île de Gotland d’où sa famille adoptive a émigré pour venir vivre en Suisse.

Auparavant, un prologue a rappelé la fin de la Seconde guerre mondiale, ces Estoniens fuyant en barque l’Armée rouge, au péril de leur vie…

De 1944 à 1978, c’est le chapitre 1 et il y en aura 139 autres, certains très courts, tous datés et localisés de façon très précise. En 1978 donc, je fais connaissance avec un groupe qui paraît sympathique, des nostalgiques d’autrefois, le Clan des Enfants de Freyja. Ils remettent en place les traditions vikings sur les lieux mêmes où se trouvent toujours les ruines de cette civilisation. Il y a le Jarl, chef du clan, et douze membres, tous casqués, déguisés, arborant des bijoux dont un collier en argent massif avec des pièces d’ambre serties. Ils sont liés par un serment de stricte confidentialité. Seuls, le Jarl, ses deux assesseurs et son homme de loi se connaissent. Les autres ont été choisis par cooptation, en secret. Les traditions antiques, c’est bien beau mais lorsque, des offrandes simples, on passe au sacrifice d’un agneau et qu’il faut boire son sang, certains membres n’adhèrent plus.

À partir de là, l’essentiel de l’action se situe en 2016 avec quelques retours en arrière assez rares mais nécessaires. J’apprends qu’Andreas Auer fait un cauchemar récurrent avec deux aigles dans une mare de sang et que son ami, Mikaël, a subi une grave opération. Suite à une intervention ne suivant pas les règles de la police helvétique, Andreas a été suspendu.

Le voilà donc à Gotland à la recherche de son enfance oubliée, avec son chien, Minus. Il retrouve la maison familiale, à 60 km de Visby, la ville principale de l’île que je vais visiter de façon détaillée, une visite qui donne très envie d’aller découvrir les lieux mais plutôt en été, comme le conseille fort justement l’auteur en fin d’ouvrage.

Ainsi, Marc Voltenauer pose peu à peu les éléments de l’histoire, fait découvrir des personnages, distille des informations qui se révèleront précieuses plus tard. Alors, je fais connaissance avec Svea, revenue chez ses parents, sans diplôme, sans emploi, après avoir été violée lors d’une soirée très arrosée, à Stockholm où l’avait emmenée Bengt, son amoureux. Tiens, ils sont tous les deux passionnés par l’histoire des Vikings…

Je fais connaissance aussi avec la police qui officiait en 1979 : Albin, le commissaire, et Johanna, son adjointe.

Je m’arrête tout de même sur Jakob et Vilhelmina, couple membre du clan. Ils ont deux enfants : Linnea et Jonas. Choqués par le sacrifice de l’agneau, ils décident de s’éloigner des Enfants de Freyja. Ils seront atrocement exécutés, côtes découpées le long de la colonne vertébrale, écartées, poumons extraits afin de symboliser l’Aigle de sang des Vikings. Si Linnea, leur fille, a été assassinée aussi, comme ses grands-parents, le petit Jonas a réussi à s’enfuir mais Albin, le commissaire, l’a fait passer pour mort afin de le sauver d’une mort certaine.

Voilà. J’en ai déjà beaucoup dit mais L’Aigle de sang foisonne de détails précis sur la culture des Vikings, la langue parlée à Gotland, les traditions sur l’île et les relations avec le continent relié par un ferry. Je dois ajouter que, si l’auteur m’a ramené quelques rares fois à Gryon, en Suisse, il a situé une partie de l’action à Paris, au moment le plus crucial de ce terrible thriller.


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Les protégés de Sainte Kinga

Mais quel polar ! Je ne connaissais Marc Voltenauer que de nom, n'ayant pas lu ses précédents ouvrages. Avec Les protégés de Sainte Kinga, j'ai été conquise dès les premières pages, à ne plus pouvoir lâcher le bouquin. le comble est, que étant tellement emportée par cette enquête et bien que le livre fasse pas moins de 541 pages, je me suis obligée à ralentir pour le dernier quart afin de garder du plaisir pour plus longtemps, comme on peut parfois le faire avec un mets savoureux qu'on voudrait ne jamais voir terminé. Je remercie donc vivement Babelio et les Éditions Slatkine & Cie qui m'ont permis de vivre des heures intenses.

Avant de démarrer l'intrigue, l'auteur nous présente comment ces mines de sel, celles de Bex, dans le canton de Vaud ont été découvertes incidemment par Jean Bouillet, au XVe siècle. Il faut souligner qu'elles sont encore exploitées aujourd'hui et qu'il s'agit des dernières mines de Suisse encore en exploitation.

C'est donc dans ces dernières que va avoir lieu une incroyable prise d'otages, avec parmi eux une classe d'adolescents, leurs deux enseignantes et une guide, des membres d'une association d'extrême-droite, le bloc identitaire suisse et deux sauniers. L'inspecteur Andreas Auer n'a que quelques heures pour mener son enquête et découvrir le nombre et l'identité des ravisseurs et leurs motivations. Qui se cache notamment derrière ce personnage déguisé en Charlot, dont les revendications lancées par vidéos sont pour le moins peu banales et y n'y aurait-il pas un complice à l'extérieur de la mine ?

À cette enquête palpitante, nous est dévoilée en parallèle, la vie de Aaron Salzberg. Elle débute en 1826, lorsque ce jeune Juif polonais arrive à Bex recommandé au directeur des Mines de sel par son père, géologue. Si, dans un premier temps tout va pour le mieux, les choses vont bientôt tourner à la tragédie.

Si le lieu, en l'occurrence ces mines de sel, est le point commun aux deux histoires, il se pourrait bien que les personnages puissent également être un point de rapprochement.

Ce sel, ce véritable or blanc, pas seulement cet élément qui donne du goût à nos préparations culinaires mais aussi ce qui donne du piquant à nos propos, de l'intérêt à notre vie, son extraction et ces bienfaits sont au coeur de ce polar et lui confèrent déjà son originalité. Une autre originalité se révèle dans les motifs de cette prise d'otage qui sont sociaux et humanistes, loin des demandes de rançons habituelles.

En dehors de l'enquête policière extrêmement bien ficelée, menée avec des moyens modernes de communication et d'information, ce sont les thèmes déployés par l'écrivain qui m'ont particulièrement marquée.

Sans jamais tomber dans le manichéisme, Marc Voltenauer analyse fort bien comment des hommes et des femmes ont pu se retrouver à soutenir des thèses aussi indignes que celles portées par l'extrême-droite, comment la haine de l'homosexualité peut être soutenue et du coup encouragée par des religieux intégristes. Il pointe également du doigt la lenteur et souvent l'incurie des services administratifs vis-à-vis des réfugiés, avec ces familles séparées sans raison justifiée. Des thèmes sombres évidemment mais ô combien actuels, malheureusement ! Tout ceci donc pour la période contemporaine.

Avec Aaron Salzberg, c'est à tout un pan de l'histoire de la Pologne que l'auteur va faire référence. Ce nom Salzberg, qui signifie "montagne de sel" ancien nom en allemand de la ville Bochnia, Bochnia et son ghetto créé entre mars et avril 1941, dont la liquidation totale a eu lieu le 1er septembre 1943. de terribles pages témoignent de ces sombres moments.

J'ai admiré la maîtrise avec laquelle l'auteur genevois a su relier le passé avec le présent, n'hésitant pas à inclure deux arbres généalogiques pour une compréhension optimale. J'ai apprécié aussi les précisions documentaires aussi bien historiques que géographiques ainsi que les détails du fonctionnement des cellules de crises policières, même si j'ai parfois été un peu perdue par cette technique informatique.

Les chapitres sont courts. Leur titre, en faisant très souvent référence au temps précédent ou suivant la prise d'otages, la présence d'une carte avec le plan de la mine jointe au livre m'ont fait suivre en direct et en quelque sorte aidé à participer avec eux tous, à essayer de convaincre ces preneurs d'otages à les relâcher. Quel suspense !


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Le Dragon du Muveran

Après m’être régalé avec Les protégés de sainte Kinga, je voulais à nouveau plonger dans un autre polar de Marc Voltenauer. Pour cela, rien de plus simple : il fallait revenir au début et lire son premier thriller : Le Dragon du Muveran.

C’est fait et je n’ai pas été déçu ! En effet, j’ai pu faire amplement connaissance avec son inspecteur de police : Andreas Auer que j’avais découvert, un peu en retrait tout de même, dans le quatrième opus de l’écrivain.

Ici, tout tourne autour de cet enquêteur, bien secondé par Karine, Christophe, ses collègues, Doc, le médecin légiste, et surtout par Mikaël Achard, son compagnon, journaliste dont les recherches se révèlent efficaces alors que Viviane, sa supérieure hiérarchique et surtout le procureur, sont plutôt gênants pour l’enquête.

Dans ce cadre montagnard magnifique que l’auteur donne vraiment envie de découvrir, dans ce village de Gryon (canton de Vaud), où une grand-mère raconte la légende du Dragon du Grand Muveran, sommet culminant à 3 051 mètres, Andreas et Mikaël habitent un beau chalet, l’Étoile d’argent.

Tout pourrait aller à merveille si, le dimanche 9 septembre 2012, Erica Ferraud, pasteure de la paroisse protestante, n’avait eu une tragique surprise en pénétrant dans le temple afin de préparer le culte dominical. Sur la table de communion, gisait un corps nu, les bras en croix, jambes attachées, un poignard dans le cœur et les orbites comme deux trous noirs !

Avec cette scène macabre, le ton est donné, un ton axé sur le religieux, avec une présence régulière de versets de la Bible car le tueur sème sans cesse des phrases parlant de sang, de ténèbres, de lumière… L’auteur est diplômé de théologie de l’Université de Genève et maîtrise donc parfaitement cela.

Le polar est bien lancé avec un tueur méthodiquement organisé, ne laissant pas le moindre indice et récidivant quelques jours après, le second cadavre étant retrouvé dans la fontaine au centre du village, apprêté de la même façon et je peux ajouter que ce n’est pas fini...

Les chapitres sont courts, tous datés, l’action est localisée mais s’intercalent des épisodes qui m’intriguent, donnant des indices tout en laissant subsister un suspense total. Cela se passe toujours à Gryon mais en 1970, plus de quarante ans avant. Un garçon, assidu au catéchisme, devient la cible de camarades qui le harcèlent, le brutalisent…

Comme pour chaque polar, je me garderai bien de donner davantage d’indications afin de ne rien divulgâcher mais, en m’attachant aux pas de l’inspecteur Auer, j’ai été embarqué, de surprise en surprise, jusqu’au bout de l’intrigue avec une révélation finale des plus glaçantes.

Des cartes postales mystérieuses et chargées de lourdes menaces ayant été envoyées depuis les États-Unis aux victimes, l’auteur m’a embarqué sur les traces d’un membre du FBI, baladé dans New York… mais j’ai bien davantage apprécié ses descriptions des superbes chalets montagnards, la plupart du temps remarquablement aménagés. L’environnement, les alpages, les sommets sont bien décrits mais l’action se passe en septembre. Trois mois plus tard, les déplacements auraient été moins simples et le décor complètement différent.

Marc Voltenauer annonçait donc, avec ce premier polar, joli pavé, un talent évident pour détailler une enquête, maîtriser parfaitement un suspense haletant, ménager d’appréciables temps de récupération, de détente avec un goût évident pour les cigares cubains, les bons whiskies et les grands crus. J’ajoute juste un bémol déjà signalé plus haut, la présence lancinante du religieux bien que cela soit important pour la résolution de l’intrigue. Supportable donc car nécessaire.


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Les protégés de Sainte Kinga

Quelle découverte ! Quel super polar aussi passionnant qu’instructif !

Avec Les Protégés de sainte Kinga, Marc Voltenauer, auteur suisse que je découvre pour l’occasion, m’a, en plus, donné envie d’aller visiter ces fameuses mines de sel, à Bex, pas très loin de ce Rhône qui passe, un peu plus tard, tout près de chez moi.

Ce polar super addictif débute par la légende Jean Bouillet, dit « le Bracaillon », qui raconte avoir visité « les magasins du diable. » Il avait vu des gnomes extraire ce fameux sel trouvé au cœur de la montagne où se déroule l’essentiel du drame qui va se jouer.

Au fur et à mesure de son récit bien maîtrisé, Marc Voltenauer joue avec les époques. Après avoir présenté Hannah qui, arrivée à Gryon en 1946, avait des chiffres tatoués sur son avant-bras, je suis plongé sans ménagement en pleine prise d’otage… fictive, exercice de l’Académie de police de Savatan. Je fais alors connaissance avec Andreas Auer, inspecteur de police déjà héros de précédents romans de l’auteur. Il forme de jeunes aspirants policiers dont Kinga Nowak, au prénom prémonitoire puisque sainte Kinga est, en Pologne, la patronne des mineurs. Soudain, et ce n’est plus un exercice, alerte maximum : prise d’otages dans les mines de sel !

À partir de là, tout va s’enchaîner sur un rythme soutenu et avec une précision extraordinaire. Il y a d’abord les heures précédant la prise d’otages, très utiles pour le lecteur que je suis car l’auteur réalise une parfaite description de la mine – plus un plan cartonné à l’appui – avant de rappeler, plus tard, son histoire.

Au XIXe siècle, voici Aaron, venu de sa Pologne natale, envoyé par son père, Itzahk, géologue, pour s’embaucher à Bex. Le jeune homme a vingt-et-un ans et ce qu’il va vivre se révèle aussi passionnant et terrible que la prise d’otages. La jalousie, la méchanceté, la concupiscence, l’antisémitisme sont des maux bien trop attachés à notre espèce dite humaine…

Enfin, et surtout, j’ai été emporté par le terrible décompte des heures et minutes après la prise d’otages. C’est un mime, grimé en Charlot, inspiré par Le Dictateur de Charlie Chaplin, qui dicte ses volontés à la police, bien appuyé par un hacker, génie de l’informatique.

Seulement, ses otages sont nombreux avec des adolescents d’une classe en visite, deux enseignantes, des employés de la mine et tout un groupe d’un mouvement d’extrême-droite, le Bloc identitaire suisse qui s’était réuni dans une salle de la mine.

Inutile d’en dire davantage car chaque lecteur, comme moi, se laissera entraîner avec plaisir mais surtout angoisse dans cette prise d’otages hors normes.

Comment un homme, au bout du rouleau et révolté par toutes ces injustices scandaleuses de notre monde actuel, tente d’y remédier ?

Marc Voltenauer s’y prend bien, ne ménage aucun renseignement technique et m’impressionne beaucoup par son souci du détail jamais lassant, toujours précieux.

Au fil de ma lecture, j’ai frémi, tremblé, pris fait et cause pour les revendications de Charlot tout en réprouvant le recours à la violence.

Habilement, Marc Voltenauer a su relier les drames du passé, la shoah, aux cicatrices toujours bien visibles aujourd’hui et à leurs conséquences. Cela a au moins le mérite de rafraîchir la mémoire afin d’éviter à tout prix que cela se reproduise. Il met aussi le doigt sur l’accueil familial des réfugiés dramatiquement séparés par des décisions bureaucratiques absurdes.

Les Protégés de sainte Kinga : un polar que j’ai dévoré !


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Cendres ardentes

C’est avec grand plaisir que je retrouve Marc Voltenauer dans Cendres ardentes, son nouveau polar. Après Le Dragon du Muveran, Qui a tué Heidi ?, L’aigle de sang et Les Protégés de Sainte Kinga, je l’attendais impatiemment.

Une fois de plus, je n’ai pas été déçu. J’ai encore été impressionné par son souci de la précision, du moindre détail, tant dans les descriptions de ses personnages que dans celle des lieux où l’histoire m’emmène. Par contre, j’ajouterai un petit bémol plus tard.

Pour l’instant, pas d’inspecteur Andreas Auer, héros des précédents polars. Je vais donc patienter mais mon angoisse monte vite avec, dès le prologue, cette femme qui vient nager chaque matin dans le lac Léman et rencontre ce jour-là, un sac poubelle très lourd.

Aussitôt, voici le thème principal de Cendres ardentes : l’Albanie. Marc Voltenauer a bien fait de s’attacher à ce pays européen fort méconnu mais dont beaucoup de ressortissants sont venus vivre en Suisse pour fuir la dictature d’Enver Hoxha qui dirigea le pays de 1945 à 1985.

Mirjan Hoti (63 ans) revient au Monténégro trente-sept ans après avoir émigré en Suisse car Janina, son épouse, vient de mourir d’un cancer. Mirjan a atterri à Podgorica, capitale du Monténégro, ville qui s’appelait Titograd pendant la dictature communiste yougoslave.

Mirjan se rend au cimetière, près de Skorać où Janina va être enterrée. C’est là que le couple avait habité après avoir fui la dictature albanaise. Mais…

Tout au long de ma lecture, j’apprends quantité d’informations sur la vie en Albanie et dans le Monténégro voisin, sur cette Sigurimi, police politique impitoyable. Dans ce régime criminel, la dénonciation était la règle. Mirjan en fut victime et fut interné dans un camp pendant dix années d’un véritable enfer.

Entre alors en scène Hubert Pittier, né sourd, qui s’exprime dans la langue des signes mais sait lire sur les lèvres car, dans son enfance, la langue des signes était interdite à l’école, en Suisse. Avec son chien, Sherlock, il jouera un rôle intéressant dans l’histoire où apparaît enfin Andreas Auer puisque nous sommes revenus à Bex. Avec Karine Joubert, son adjointe, son amie, sa confidente, ils sont justement sur la plage de la Maladaire où le sac découvert par la nageuse a été sorti de l’eau et contient… un cadavre, enfin, plutôt, un tronc, sans bras, sans jambes…

Je laisse l’enquête démarrer pour revenir au premier chapitre qui propose une épigraphe qui m’intrigue beaucoup, d’autant plus qu’il y en aura d’autres, toutes extraites du Kanun de Lekë Dukagjini. Elles annoncent un chapitre consacré aux deux familles albanaises qui s’opposent : celle de Mirjan, la famille Hoti, et celle d’Halim Hakimi. Un lourd contentieux les oppose. Faut-il pardonner ou continuer à s’enfoncer dans une vendetta interminable et meurtrière ?

Côté Hoti, Sokol est pour le pardon alors que Skënder, son neveu, qui trafique et s’enrichit grâce aux stupéfiants et à la prostitution, veut tuer, éliminer. C’est là qu’intervient le fameux Kanun qui est sujet à interprétation. Marc Voltenauer m’apprend en plus le phénomène de la vierge jurée, la burrnesha qui permettait à une famille de survivre, une fille accomplissant des tâches réservées aux hommes. Les explications de l’auteur sont claires et essentielles pour son polar.

Pendant que les Albanais d’origine tentent de régler leurs problèmes, la police ne reste pas inactive car deux autres troncs humains ont été découverts dans le lac. Marc Voltenauer détaille tout le processus de recherche, les divers examens, les interventions de spécialistes indispensables afin de tenter d’identifier les victimes.

Cendres ardentes monte alors en tension, en suspense mais pourquoi faire autant intervenir la religion avec cette sœur Laura, très efficace tout de même, plus de longues lignes sur ce Dieu en lequel on croit ou pas ? Personnellement, j’ai trouvé cela un peu lourd et pas vraiment utile à l’intrigue, même si je sais que Marc Voltenauer a étudié la théologie et sait de quoi il parle.

Volontairement, je laisse de côté quantité de détails et de rebondissements saluant le talent de l’auteur qui, sans tomber dans le sordide, montre l’extrême cruauté dont certains humains sont capables. Le mariage entre Andreas et Mickaël, en fin d’ouvrage, apporte un rayon de soleil fort bien venu et me donne envie de retrouver Gryon, sur les hauteurs du district d’Aigle, plus tard, et de remercier chaleureusement Marc Voltenauer pour sa confiance sans oublier les éditions Slatkine.


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L'aigle de sang

En guise de présentation de ce polar, une somptueuse couverture dont le titre rouge sang nous intrigue déjà. Il s'avère que, L'aigle de sang, en vieux-norrois, c'est-à-dire la langue de la Scandinavie dont faisait partie la Suède pendant l'âge des Vikings, était un mode d'exécution. Il peut consister à inciser le dos du supplicié, à séparer les côtes de la colonne vertébrale, puis à les déployer comme les ailes d'un aigle, faisant ainsi sortir les poumons de la poitrine. Tout un programme !

Comme on a pu le découvrir lors de sa deuxième enquête, Qui a tué Heidi ?, l'inspecteur Andreas Auer est assailli parfois par de sombres cauchemars et ceci de plus en plus souvent, cauchemars qu'il pense être liés à sa petite enfance et qui lui font se poser beaucoup de questions. Aussi, est-il ébranlé lorsque Jessica, sa soeur lui a révélé à Noël ce secret qu'elle ne veut plus cacher : il n'est pas son frère, il est un enfant adopté et ses parents biologiques sont morts. Quant à ses parents adoptifs, ils disent ne rien savoir sur sa naissance.

En ce mois de juin 2016, maintenant que son compagnon Mickaël, après être resté quelque temps entre la vie et la mort, est tiré d'affaires, Andreas décide de partir pour la Suède, sur l'île de Gotland à la recherche de ses origines. C'est donc principalement dans le pays d'origine maternelle de l'écrivain que cette nouvelle aventure pleine de suspens, de rebondissements va se dérouler.

Une fois sur l'île, Andreas, découvre quelques vieilles photos dans le grenier de la maison familiale de Bläse, et tente de les décrypter. Il mène quelques recherches qui vont se transformer en véritable enquête policière lorsqu'il va découvrir ce fait sanglant qui a endeuillé l'île en 1979.

Comme à son habitude, l'auteur conduit brillamment deux intrigues en parallèle.

L'une démarre fin 1978 à Barshalder, dans le sud de l'île, le 21 décembre, au coeur de la nuit la plus longue de l'année, dans une paisible clairière isolée au milieu de la forêt. Treize membres d'un clan célèbrent la fête de Yule, le solstice d'hiver et entonnent une supplique à la déesse Freyja.

L'autre concerne donc notre inspecteur préféré venu pour enquêter sur lui et ses origines et dont les recherches semblent être le déclencheur d'une série de disparitions et de meurtres rituels. Il sera autorisé, bien que n'étant pas dans son pays d'office, à y assister.

Est-il possible que des rituels vikings aient encore lieu ?

Ce qui me passionne dans les romans de Marc Voltenauer, outre bien sûr que ce soit de vrais polars, avec un suspens maintenu de bout en bout, ce sont les thèmes abordés, ici, la quête d'identité, mais aussi l'ambiance et l'histoire du lieu où est, ou plutôt, où sont perpétrés les crimes.

C'est un grand plaisir de découvrir cette petite île de Gotland, ses habitants et leurs coutumes, comme cette façon de tutoyer tout le monde, du parfait inconnu à la gentille voisine âgée, du grand patron à l'éminent professeur, sans aucune distinction. Impressionnant a été pour moi de découvrir cette culture viking et ce paganisme nordique et particulièrement instructif de replonger dans cette période de deuxième guerre mondiale pendant laquelle environ vingt-cinq mille Estoniens avaient fui en Suède et avaient traversé la mer Baltique dans de grandes barques en bois, l'épisode n'étant pas sans rappeler l'actualité.

Avec toujours des chapitres courts, des intrigues très documentées, fouillées et complexes, des personnages hauts en couleur, de multiples rebondissements, une carte en début d'ouvrage nous permettant de bien situer les villages de l'île de Gotland, Marc Voltenauer sait parfaitement maintenir ses lecteurs en haleine. J'ai néanmoins été parfois un peu perdue avec des personnages un peu trop nombreux à mon goût, leur patronyme suédois m'étant peu familier, d'autant que certains en ont deux ! Ce sera mon petit bémol.

Un beau cadeau de Marc Voltenauer et des éditions Slatkine !


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Qui a tué Heidi ?

Après le dragon du Muveran, premier polar de l'auteur suisse Marc Voltenauer, j'ai été à nouveau scotchée par Qui a tué Heidi ?, cette nouvelle enquête de l'inspecteur Andreas Auer. L'auteur confirme son talent, nous faisant subir un suspense insoutenable avec des émotions fortes et variées, en nous plongeant dans une intrigue si bien ficelée qu'elle ne nous laisse pas une minute de répit.

Nous revoici donc, cinq mois plus tard au Chalet L'Étoile d'argent à Gryon avec Andreas Auer, un peu mélancolique, souffrant du crime blues selon Michaêl son compagnon.

Suite à une altercation avec un collègue raciste qui a fini le nez cassé, à l'hôpital, Andreas s'est retrouvé en congé forcé, congé qu'il a prolongé, en désaccord avec cette décision.

Ayant toujours voulu assisté à un vêlage, lorsqu'Antoine Paget le prévient que « Yodi vient de perdre les eaux », il se rend à la ferme et va aider Yodeleuse à mettre bas deux veaux! Antoine va lui proposer alors, d'apprendre à mener les vaches dans un concours régional à Aigle.

Et voilà qu'à Aigle, Yodeleuse est sacrée Grande championne, un grand moment pour Andreas et Antoine, mais de courte durée puisqu'une semaine plus tard, une autre vache d'Antoine, Heidi est retrouvée gisant dans une mare de sang, la gorge tranchée. C'est ensuite Serge Hugon, un éleveur jaloux du succès d'Antoine, sa vache ayant été empoisonnée pendant le concours, qui est retrouvé mort, la tête fracassée. Antoine est l'assassin tout désigné.

De plus, deux jours après la mort de Serge Hugon, sa tante est contactée par l'agence immobilière qui souhaite acquérir le terrain et la ferme d'alpage qu'elle va hériter de son neveu. Il s'avère qu'un projet d'hôtel de grand luxe refait surface.

Tout va petit à petit s'entremêler, une opération financière plus que floue, un tueur à gages en mission à Gryon, le sans-pitié Litso Ice, un mystérieux psychopathe « l'homme qui s'enivrait du parfum de sa mère » qui se met à enlever des jeune femmes…

Dans ce cadre enchanteur, au coeur des Alpes vaudoises, dans ce petit village de montagne qui avait fait alors la une de la presse, « des affaires pas très nettes s'y tramaient à nouveau. » Vont donc évoluer un certain nombre de personnages inquiétants et dangereux et malgré sa mise sur la touche, Andreas Auer ne pourra rester inactif, bien secondé par Mickaël. D'ailleurs devant la complexité de l'affaire et l'enquête piétinant sur place, Andreas Auer sera réintégré : on a besoin de son talent !

Un deuxième polar dans lequel l'inspecteur Auer, tout en étant écarté de son équipe un certain temps prend encore plus d'épaisseur et à mon sens d'encore plus d'humanité. J'ai été très émue par l'amitié qu'il porte à Antoine et par l'amour qu'il témoigne à sa soeur, son neveu et sa nièce sans parler de celui qu'il réserve à son compagnon !

La vie quotidienne des villageois avec encore des secrets bien enfouis est à nouveau bien décrite. Bien que j'aie pu être étonnée de voir Andreas Auer s'occuper des vaches, j'ai apprécié de découvrir la vie de ces éleveurs de bovins et leur attachement à leurs bêtes. Preuve en est, le nom qu'ils leur donnent à chacune. D'ailleurs, en lisant le titre de ce polar, j'étais persuadée qu'Heidi était une femme ! Quant à la préparation de Yodeleuse pour le concours, un beau moment empreint de sensualité et aussi d'humour quand référence est faite aux Miss ! N'est pas oubliée non plus la difficulté pour les jeunes de rester à la ferme.

Comme dans le précédent, Marc Voltenauer, dont on ne peut que saluer la belle écriture, réussit à nous mettre l'eau à la bouche avec de succulentes préparations culinaires soit typiquement suisses soit suédoises, arrosées de bons crus comme ce prestigieux Chasse-Spleen 2005, en profitant pour évoquer Baudelaire.

Il fait preuve d'un immense talent, d'une imagination débridée et de beaucoup de psychologie pour nous offrir ce superbe thriller, où araignées et pythons ont aussi leur mot à dire, réussissant à se glisser dans l'âme de personnages noirs et torturés, avec un inspecteur fasciné par leur zone d'ombre.

J'attribue également une mention spéciale pour les surnoms donnés à certains personnages comme Mangiafuoco, le marionnettiste de Pinocchio, qualificatif donné à celui qui tire les ficelles dans le roman ou Litso Ice donné au tueur russe, un mélange de russe et d'anglais qui signifie visage de glace.

Qui a tué Heidi ? est un polar froid et glaçant pourtant empreint de beaucoup de tendresse !

La dernière phrase nous laisse espérer une suite, heureuse nous l'espérons pour nos héros !

Encore un grand plaisir de lecture offert par Marc Voltenauer et les éditions Stalkine !


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Le Dragon du Muveran

C’est dans un cadre grandiose, hors-norme par sa magnificence, au cœur des Alpes vaudoises que vivent Andreas Auer, inspecteur de police criminelle et Mickaël Achard, journaliste indépendant, son compagnon ainsi que leur toutou Minus, un splendide et fidèle Saint Bernard de 85 kg dans un chalet situé à Gryon, un récent choix de vie. Est-il possible que dans ce décor de rêve, un meurtre puisse avoir lieu ? Manifestement la réponse est oui, mais alors qui peut être l’auteur d’un tel acte ?

C’est un dimanche matin, le 9 septembre 2012 que la pasteure Erica va découvrir, en ouvrant la porte du temple « ce qu‘elle n’aurait pu imaginer même dans ses pires cauchemars » : sur l’autel, le corps nu d’un homme, bras en croix, orbites vides, un couteau planté au cœur, avec à son extrémité, une cordelette avec un morceau de papier.

Andreas, rejoint bientôt par sa collègue Karine, Christophe de la police scientifique ainsi que Doc, le médecin légiste, va devoir mener l’enquête, rapidement, convaincu que ce meurtre est le premier acte d’une mise en scène macabre et symbolique.

Et voilà que des souvenirs, des secrets honteux que les villageois auraient préféré tenir enfouis vont refaire surface.

Inutile de se demander pourquoi Le Dragon du Muveran a obtenu le Prix SPG au Salon du livre de Genève (2016) car ce polar vous prend dans ses filets dès le début et ne vous lâche plus. Le suspense est maintenu tout au long de celui-ci même si l’histoire d’un enfant né en 1960 nous est racontée en parallèle et nous donne des indices. C’est un livre aux multiples rebondissements, une véritable course contre la montre et il faut vraiment attendre les dernières pages pour que, enfin, la lumière se fasse !

J’ai été conquise par les portraits superbes et souvent hauts en couleurs que nous croque Marc Voltenauer de ses personnages. Le portrait physique, la tenue vestimentaire, et bien sûr le portrait moral de chacun sont fort bien analysés et très souvent de façon assez humoristique. L’étude psychologique des victimes, des témoins ainsi que celle du meurtrier est savamment soignée. D’autre part, l’auteur a su intelligemment apporté beaucoup de douceur, de tendresse, nous faisant quelquefois partager le repas de ce couple aimant, nous mettant l’eau à la bouche avec les plats concoctés par Michael et arrosés de bons crus réussissant même à nous faire oublier l’enquête le temps d’un cigare : une page merveilleuse ! Ces moments de poésie sont les bienvenus et contrebalancent les irruptions de violence avec des actes d’une noirceur absolue.

Le côté religieux que je n’apprécie pas du tout dans les bouquins habituellement est ici particulièrement documenté et présenté avec finesse et enrichit du coup l’histoire. N’oublions pas que l’auteur est diplômé de théologie de l’Université de Genève.

Belle opposition entre le calme vécu jusque-là dans ces lieux préservés de la fureur des villes et les turbulences qui vont être engendrées par ce meurtre et les suivants.

Impossible de ne pas être subjugué également par la beauté de ces paysages à vous couper le souffle, de ce grand Muveran, si présent dans le roman ! Quant à ces vieux chalets et notamment L’étoile d’argent, qui n’aurait pas envie d’y couler une vie paisible ?

Mais il me semble, que les crimes commis et la recherche du meurtrier sont là aussi pour nous faire réfléchir à la maltraitance des enfants par les parents, physique et mentale mais aussi par les enfants de leur âge et aux conséquences que peuvent avoir ensuite dans leur vie adulte ces actes. Fort heureusement, la plupart du temps, ça ne porte pas à conséquence et ces traumatismes sont oubliés, mais ils peuvent parfois rendre malheureux à vie des individus et les priver d’une vie épanouie.

Un excellent divertissement qui donne à réfléchir !

À noter que chaque chapitre est annoncé par le lieu et la date du jour, d’où une lecture très visuelle. Une petite carte de Gryon avec ses rues et ses environs m’aurait permis d’être encore au plus près de l’enquête !

Si je ne l’avais su avant de le lire, je n’aurais jamais parié pour un premier roman tant ce livre est abouti. Il m’a absolument ravie et donnée envie de découvrir ce lieu enchanteur et bien évidemment de lire les prochaines enquêtes de l’inspecteur Auer !

Je remercie Marc Voltenauer et les éditions Slatkine & Cie pour ce magnifique cadeau de Noël !

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Qui a tué Heidi ?

Je viens de tourner la dernière page de ce roman et , sans entrer dans trop de détails , je dirai que cette découverte fut rapide , débutée hier seulement .Cela me semble constituer un premier élément à porter au crédit de l'auteur , non ? Pour ma part c'est certain , voilà un ouvrage qui se dévore.

La seconde remarque est que je n'avais pas lu le premier volume de cet auteur , " le dragon du Murevan" et je le regrette un peu . D'abord parce qu'il est sûrement très agréable à lire , s'il présente les mêmes qualités et , d'autre part , certaines allusions , certaines actions , sans faire interférence , ne peuvent pas être saisies ...Pas indispensable , certes , mais quand même...

Je disais que le " rythme " était soutenu...oui . Et pourtant , ceux qui vont commencer leur lecture vont se demander si mon âge avancé ne me joue pas certains tours .Je m'explique : les 100 premières pages sont ....lentes , lentes ...Certes , on assiste à Berlin , à l'assassinat de 4 personnes dans un théâtre, par un agent secret russe , mais , aussitôt après , nous voici transportés dans les Alpes vaudoises, dans le charmant ( pour l'instant ...) petit village de Gryon . Pour vous représenter ce cadre édénique , imaginez le bel emballage mauve du chocolat Milka ou Suchard , je ne sais plus et ce n'est pas important , j'aime les deux ......Et bien la vache de l'emballage, imaginez - la , souriante ( mais si...) paissant tranquillement dans les alpages fleuris , au son des clarines...Image de carte postale , fierté des éleveurs du coin , un soupçon de jalousie aussi lorsqu'il faut désigner la " vache victorieuse " du concours...Rien de bien méchant , croit - on, c'est un sentiment bien légitime qui se réglera gentiment devant un " petit canon " . C'est ici , à Gryon que réside temporairement Andréas, un jeune policier , venu expier une trop grande nervosité....Cure de repos au pays de " la vache qui rit.." Oui , certes ,mais le problème , c'est que la fameuse" vache qui rit" , elle ne va pas rire bien longtemps et , nous , lecteurs , il va falloir nous sortir de la délicieuse torpeur dans laquelle nous nous " vautrons " avec délice. Fini le farniente , place aux " gladiateurs " , entrée des artistes , ces braves ruraux à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession si , si , c'est même marqué sur certains chalets " Béni soit le Seigneur chaque jour..."...La jalousie , oui , et le reste...

Ajoutez à " toutes ces rancoeurs " cachées l'arrivée du russe .Mais si , voyons , Berlin , le théâtre , les 4 cadavres . Le voilà , à Gryon .Pour une vache ? Qui sait ?

Les chapitres sont courts , vifs , il se passe plein de choses , parfaitement bien écrites et orchestrées, on ne s'ennuie pas une seule seconde même si certaines scènes sont prévisibles ou parfois exagérées. Ce serait pour moi un mélange de polar rural et de roman noir , une histoire assez palpitante et bien menée .Si nous ne savons pas toujours où nous allons , il faut se " laisser faire" , se laisser mener par le bout du nez par un auteur qui sait d'où il vient et surtout où il va , suffisamment habile , de surcroît, pour laisser " une fin ouverte " pour un troisième volume.

Allez , un petit carreau de chocolat ? Si , regardez , là , la tablette avec une vache dessus.....Du bon chocolat ...suisse . Pour un livre " vachement " sympa.
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Le Dragon du Muveran

En ce moment, il y a quelque chose de pourri au royaume du polar suisse romand avec cette propension à mettre dans la lumière de piètres auteurs qui consacrent d'avantage d'énergie à vendre leurs oeuvres qu'ils n'en dispensent pour rédiger leurs textes. A chaque instant, ils trustent les réseaux sociaux en affichant régulièrement leurs classements respectifs, leurs pseudos tirages/ventes d'ouvrages parfois auto-édités dans l'espoir pathétique d'attirer d'avantages de lecteurs. Ils auraient tord de s'en priver puisque cela fonctionne dans une certaine mesure et que la presse prend désormais le relais pour mettre en avant le phénomène. Au nombre d'exemplaires vendus, qui n'est pas si mirobolant que ça et qui peut être très certainement sujet à caution, Nicolas Feuz, Mark Zellweger et Marc Voltenaueur ont désormais acquis une certaine notoriété par l'entremise de journalistes qui se contentent de dresser leurs portraits et de conter leurs « success story ». Néanmoins aucun d'entre eux ne s'est risqué à rédiger une critique ce qui laisse peut-être supposer qu'ils n'ont pas lu ou fini les livres de ces illustres auteurs, ce qui est compréhensible, ou qu'ils n'osent s'aliéner une partie de leur lectorat en fustigeant ces romans impérissables. Je mets de côté la supposition d'une critique positive tant leur crédibilité en prendrait un coup. Il n'empêche, que l'on a retrouvé, au salon du livre à Genève, ce trio infernal qui n'a pas manqué de décrédibiliser l'image du polar helvétique avec cette tendance narcissique à parler davantage de tirages, de chiffres, de classements et de diffusion plutôt que de célébrer le genre littéraire dont ils ne connaissent finalement pas grand chose. Il en est d'ailleurs de même pour leurs éditeurs, quand ils en ont un, qui semblent afficher une certaine volonté à renouveler un coup d'édition à la Dicker au détriment de l'envie de publier une bonne histoire.



Ce qui est navrant dans tout cela, c'est que cette médiocrité éditoriale conforte une certaine intelligentsia culturelle qui affiche ouvertement son mépris pour le polar. Il faut entendre ces critiques littéraires sur Espace 2, évoquant les romans policiers par le biais du Dragon du Muveran de Marc Voltenaueur. Pour l'une, il s'agit d'un plaisir vaguement honteux pour un genre littéraire qui, quand il est bon, est vraiment très bien (sic), tandis que l'autre renchérit en se drapant dans les prestigieuses pages bibles des ouvrages de Simenon. Et c'est ainsi, entre deux gloussements condescendants, que les chroniqueurs malmènent l'ouvrage, en concédant paradoxalement quelques qualités dont il est totalement dépourvu. Au terme de ces considérations on peut mettre en perspective les propos de François Guérif, rapportés dans une longue interview accordée au mensuel Marianne, où il déplore le fait que le polar, aujourd'hui encore, est totalement discriminé.



Pour mieux illustrer mes propos, je vous recommande de passer en revue les articles de presse consacrés au Dragon du Muveran afin de constater qu'il n'y a aucune critique dédiée à ce premier roman de Marc Voltenauer. On se contente de faire état du succès et du fait qu'il se déroule en Suisse, dans un petit village des alpes vaudoises.



Ce n'est pas souvent que je compte les pages d'un ouvrage, mais il faut avouer que venir à bout des 660 pages de l'ouvrage, tient de la gageure. Une intrigue bancale, mal ficelée et qui au final ne tient absolument pas la route, voici ce que vous aurez droit avec le Dragon du Muveran.



On déplorera tout d'abord une absence totale de style et un vocabulaire fort limité qui ne permet pas de mettre en valeur le cadre où se déroule l'histoire, ce qui est fort regrettable. Gryon, le massif des Diablerets, le Grand Muveran ne vous seront restitués que par l'entremise de qualificatifs banals tels que magnifique, grandiose et splendide. Même le tableau de Hodler représentant le Grand Muveran, qui est la bonne idée du roman, est dépourvu du moindre descriptif et ne semble susciter aucune émotion auprès des protagonistes, notamment le tueur. L'auteur passe donc ainsi à côté de cette ambiance villageoise et de ce climat montagnard en se contentant de nous citer une liste d'établissements publics et quelques lieux-dits sans s'attarder sur les liens et les habitudes des habitants. Même si les crimes s'enchaînent, on ne perçoit pas ce climat de suspicion et de peur qui pourrait pourtant assaillir l'ensemble des habitants. Une fois les éléments cités, Marc Voltenauer estime que c'est l'imaginaire du lecteur qui fera le travail. La démarche pourrait être louable s'il n'y avait pas 660 pages. Ainsi nous aurons droit aux détails de la préparation des pâtes carbonara et petits plats en tout genre concoctés par Mickaël ainsi qu'aux différents pinards que les enquêteurs s'enfilent à longueur de soirée tandis que le tueur trucide allégement les villageois (je parie sur la publication d'un livre des recettes de Mickaël). Un moyen comme un autre de donner de l'épaisseur à des personnages complètement stéréotypés à l'exemple de l'inspecteur viril qui fume des cigares et de son compagnon fan de Breakfast at Tiffany's. On aurait pu tout de même trouver mieux pour illustrer un couple gay qui semble vivre dans une espèce de bulle où les problèmes liés à l'homophobie, par exemple, se seraient arrêtés à la frontière helvétique.



Il y a une certaine ambivalence tout au long du texte, où l'auteur nous assène, avec force de précisions académiques ampoulées, tous les aspects liés à la médecine légale (inutiles, au demeurant, pour la résolution de l'intrigue) et à la théologie alors qu'il se désintéresse totalement de tout ce qui touche aux procédures policières, pour nous livrer une pseudo enquête bancale et maladroite. On se demande tout d'abord pourquoi Andreas Auer, l'inspecteur qui dirige les investigations, est affecté à la police municipale de Lausanne. En effet, en partant de ce principe, le policier, même s'il vit à Gryon, ne peut se voir attribuer l'enquête car la commune ne fait absolument pas partie de sa juridiction et doit donc échoir à un enquêteur de la police cantonale vaudoise. Et il en est ainsi tout au long de l'intrigue où l'auteur nous restitue tous les poncifs policiers à l'instar de l'avertissement Miranda qui semble avoir désormais traversé l'océan Atlantique. On passe sur tous les aspects du secret de fonction, puisque l'inspecteur Auer a intégré au sein de son équipe, son compagnon Mickaël qui est journaliste indépendant. S'ensuit des démarches illogiques où le journaliste active ses contacts pour passer en revue le casier judiciaire d'une victime alors que les policiers qui ont accès au fichier peuvent aisément se charger de cette recherche. Et même lorsqu'il est précis sur la marque et le modèle d'une arme de service, Marc Voltenaueur ne semble pas faire la distinction entre un revolver et un pistolet ce qui est tout de même fâcheux dans un contexte de roman policier.



Le récit est construit sur une alternance entre l'enquête et le passé du tueur dont on découvre le profil avec une succession de scènes assez insignifiantes afin de laisser le lecteur dans l'expectative le plus longtemps possible. Une démarche inutile puisque du fait d'un manque d'imagination au niveau des noms on découvre rapidement qui est le meurtrier. Puis soudainement tout s'accélère avec une cascade de découvertes et d'informations arrivant fortuitement par l'entremise de personnages qui débarquent soudainement dans le village en livrant des informations plus ou moins pertinentes. On constate dès lors que l'enquêteur ne fait que subir les événements qu'il n'est absolument pas en mesure de maîtriser malgré la montagne d'indices et d'éléments à sa disposition lui permettant de résoudre l'affaire. Mais il peut tout de même compter sur son flair infaillible, son instinct et son amitié avec un agent du FBI qui, ô comble du hasard, a enquêté sur une affaire similaire. Un coup de chance quand on pense que l'agence gouvernementale compte environ 35'000 employés, dont plus de 15'000 agents spéciaux.



Des personnages qui ne tiennent pas la route, à l'exemple de la pasteure Erica Ferraud, un enquêteur qui compare sa vie à celle de James Bond, un tueur qui trouve du sens dans ses actes avec la lecture de la bible et la découverte du film Un Justicier dans la Ville, un petit hommage à la mafia new-yorkaise, un tueur en série US doté d'un surnom ridicule, le récit s'achèvera sur une succession de scènes indigestes qui frisent le grotesque en outrepassant parfois allègrement toutes les règles de vraisemblance. Bref, vous allez suivre avec le Dragon du Muveran l'enquête objectivement foireuse de l'inspecteur Auer qui est finalement à l'image du livre. Je me garderai d'en dire plus afin de ne pas spoiler le livre au cas où de courageux lecteurs désireraient connaître la trame de cet édifiant thriller, ceci d'autant plus qu'il va être diffusé en France et en Belgique. Bande de veinards !
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L'aigle de sang

Voici le troisième opus qui met en scène l'inspecteur Andreas Auer ("Le dragon du Muveran" et ''Qui a tué Heidi?" sont les premiers) C'est un plaisir de retrouver Andreas dans une nouvelle aventure ainsi que son compagnon Mikaël. Passé et présent s'entrecroisent afin de comprendre l'histoire. De Gotland à la Suède en passant par la Suisse pour finir à Paris, Andreas part dans une quête d'identité, une enquête personnelle mais de tous les dangers. Sur cette île, les souvenirs affluent, les mystères subsistent, les secrets sont bien enfouis et l'omerta bien présente. J'ai beaucoup aimé déambuler sur cette petite île entre la Suède et l'Estonie au gré de l'enquête. Je dois dire que la multitude de personnages m'a un peu déroutée au début du livre. C'est une plongée saisissante au coeur des Vikings et de leurs moeurs. (...)



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Qui a tué Heidi ?

Les avis sont assez partagés sur les livres de cet auteur suisse, qui semble très médiatisé. Ayant acquis ce roman d'occasion, je me suis dit que j'aurais moins de regret s'il ne me plaisait pas...



C'est le deuxième d'une série consacrée aux enquêtes de l'inspecteur Andreas Auer. Et il est un peu gênant de ne pas suivre l'ordre, car des éléments du premier tome sont ici repris et analysés, tant pis.



Le début m'a plu. J'ai aimé découvrir les Alpes vaudoises et les coutumes locales ( peut-être clichés, je ne sais pas) des villages montagnards. Et Heidi me rappelait mes lectures d'enfance. Cependant, ce n'est pas la petite fille courant dans les alpages qui est une cible, non, Heidi est...une vache!



Un polar rural, direz-vous. Oui, mais il est question aussi de fraudes immobilières. Et d'un psychopathe qui recherche la femme parfaite.



Et c'est là que je commence à décrocher. Trop d'éléments, ça part dans tous les sens! De plus, entre les descriptions certes alléchantes des repas et boissons et les digressions multiples, j'ai trouvé le temps assez long!



Surtout, ce qui m'a manqué, c'est une épaisseur psychologique des personnages. Je n'ai pas su m'attacher à eux, ni leur trouver une véritable personnalité.



La fin multiplie les événements de façon assez peu vraisemblable. Déçue, vraiment! L'ensemble manque de consistance, l'écriture aussi. Je ne renouvellerai pas l'expérience.
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L'aigle de sang

Titre : L'aigle de sang.

Auteur : Marc Voltenauer

Année : 2019

Editeur : Slatkine éditions

Résumé : A la recherche de ses origines, l'inspecteur Andreas Auer retourne au Gotland pour tenter de percer le mystère de son adoption. Au cours de son enquête, Andreas révèle au grand jour des secrets jusque là profondément enfouis ; des secrets terribles, où il est question de manipulation mentale et de sacrifices humains, selon d'anciens rites Vikings.

Mon humble avis : J'ai découvert Marc Voltenauer avec son second livre : Qui a tué Heidi ? Un roman d'enquête palpitant qui sentait bon les alpages et la campagne Suisse. En effet, voici un écrivain qui nous vient de la confédération helvétique, un homme qui commence à se faire un nom dans le cercle très fermé des bons auteurs de policiers francophones. Avec ce nouvel opus des aventures d'Andreas Auer, l'auteur change de décor et nous plonge dans un univers nordique, sur une île au beau milieu de la mer Baltique nommée Gotland. Ce territoire suédois regorge de sites archéologiques Vikings et de vieilles légendes liées au peuple adorateur d'Odin et de Thor. C'est dans cet environnement bucolique, au milieu d'une population taiseuse, qu'Andreas tente de faire la lumière sur son passé. Le décor est planté, ne reste plus qu'à vous parler du texte de Marc Voltenauer, un texte plutôt agréable à lire, ponctué de nombreux rebondissements - pas toujours très crédibles - mais traversé d'un souffle et d'une énergie assez rare. N'étant pas adepte de polars nordiques, j'avoue que je n'avais pas de références fortes en la matière. Je me lançais donc dans cette lecture avec curiosité et l'envie de me replonger dans les écrits de cet auteur suisse. L'aigle de sang est composé de chapitres courts, le rythme y est enlevé et les personnages nombreux. D'une facture plutôt classique pour un roman d'enquête, l'intrigue se dévoile peu à peu et tient le lecteur en haleine avec nombre de rebondissements, comme je vous l'indiquais un peu plus haut. Les ficelles sont sans doute un peu grosses parfois, mais force est de constater que l'auteur maîtrise son sujet. Minutieusement, il tisse sa toile, glisse des indices et n'hésite pas à entraîner son lecteur sur des fausses pistes. C'est haletant, les personnages sont attachants et, si l'écriture est simple et directe, il se dégage de ce texte et des paysages de Gotland, une jolie mélancolie et l'envie de ne pas lâcher ce texte jusqu'au dénouement final. Bref, l'aigle de sang est un bon polar qui remplit parfaitement son cahier des charges, what else ?

J'achète ? : Si tu es fan du genre, tu y trouveras certainement ton compte. Malgré quelques invraisemblances, l'aigle de sang est un texte addictif et nerveux, qui se lit avec un plaisir certain.
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Les protégés de Sainte Kinga

Polar captivant, personnages attachants, bien documenté et instructif puisqu’il mêle une enquête dans les mines de sel de Bex en Suisse qui se visitent et sont exploitées depuis 1680. Quelques chiffres : 50 km de galeries, un escalier de 458 marches, sel enfoui depuis 200 millions d’années, extraction de 30 000 tonnes par an de sel. Y parle également de lieux que je connais. Une visite que je me promets de faire.

Cette mine est tellement mise à l’honneur que j’en oublierai l’histoire. Prise d’otages d’une classe, d’un groupe d’extrême-droite et d’employés dans les entrailles de la terre. Andreas, qui a un neveu en otage, supervise l’affaire tandis que Bakari entame les négociations avec le preneur d’otages déguisé en Charlot qui s’exprime qu’en mime.

Comment désactiver la technologie de pointe qu’ils ont mis en place avec l’informatique jusqu’à pirater les PC des flics et de la société ? En parallèle l’histoire très intéressante de Aaron Salzberg qui est venu de Pologne où se trouve la mine de Wieliczka et la légende de sainte Kinga (voir web).

Un grand remerciement à Cancie, Fandol et Kazcook qui par leurs critiques enthousiastes m’ont dirigée vers ce lieu que je ne suis pas près d’oublier.
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Les protégés de Sainte Kinga

Comment dire ? Ca ferait un bon téléfilm, regardé d'un oeil distrait entre deux publicités, et vite oublié.

Une classe de collégiens et un groupuscule fasciste sont pris en otages dans la mine de sel de Bex, en Suisse. La police débarque sur les lieux, et les négociateurs entament le dialogue avec le preneur d'otages, qui se présente sous les traits et le nom de Charlot. Peu à peu, il dévoile ses exigences, tandis que l'inspecteur Andreas Auer et son équipe tentent de le démasquer pour connaître ses motivations et projets, afin de les déjouer.



J'aurais voulu aimer ce roman, mais j'y ai relevé beaucoup trop d'incohérences et d'invraisemblances. Je regrette également le grand nombre de personnages et de temporalités différentes ; mon cerveau vieillissant s'est perdu plus d'une fois parmi tous ces noms. Enfin, l'intrigue se jouant dans une mine aux multiples galeries et places, un plan m'aurait été bien utile pour me repérer, car les descriptions de l'auteur ne m'ont pas suffi -et là encore, je me suis souvent égarée. J'ai donc refermé ce livre sur une impression de confusion.

Et c'est bien dommage, car on sent que Marc Voltenauer a voulu bien faire, qu'il a écrit ce roman avec les meilleures intentions pour dénoncer l'intolérance qui menace son pays. Mais malgré sa bonne volonté, je sors déçue de cette lecture, qui n'est pas à la hauteur de ce que j'en attendais. Toutefois, ça se lit rapidement, et le personnage de Charlot est attachant (au moins, l'auteur parvient à créer un syndrome de Stockholm livresque !).



Au vu de la grande majorité des lecteurs qui ont aimé ce roman, ma chronique peut paraître poivrée, mais je vous conseille plutôt de consacrer votre temps de cerveau disponible à la lecture de polars plus corsés.
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Le Dragon du Muveran

Bon, je ne vais pas vous mentir... C'est bien la première fois qu'un roman policier m'ouvre autant l'appétit et me donne même envie de cuisiner pendant son écoute ! Merci Marc Voltenauer pour ces plaisirs épicuriens.



Si vous vous plongez dans cette enquête, vous aurez à boire et à manger et ça ne sera pas seulement le corps et le Sang du Christ proposés lors de la Sainte Cène ou de l'eucharistie par les femmes et hommes de foi aux paroissiens de Gryon. 



Alors que le village des Alpes Vaudoise semble encore endormi, la pasteure va faire une macabre découverte sur la table de communion du temple. Le village va rapidement être en émoi et se retrouver dans la crainte d'être la prochaine victime. L'inspecteur Andréas Auer vivant dans le coin va se retrouver au cœur d'une enquête où des fantômes du passé pourraient venir hanter les villageois...



J'ai vraiment adoré ce polar suisse où la vengeance se révèle bien être un plat qui se mange froid. Concernant l'enquête en elle-même, je l'ai trouvé bien ficelé et j'ai beaucoup aimé les apartés théologiques que j'ai pu retrouver tout au long du récit. Étant protestante, je me rends compte que je lis rarement de romans policiers où cette religion est évoquée donc j'avoue que j'ai aimé ce petit clin d’œil.



En refermant ce premier roman passionnant de Marc Voltenauer, je comprends pourquoi mes amies me conseillaient vraiment cette lecture. Maintenant, je n'ai plus qu'à me procurer les autres tomes pour continuer à suivre les enquêtes menées par Andréas Auer et, à vous conseiller également de vous procurer au plus vite ce livre.



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Qui a tué Heidi ?

En préambule, je souhaitais tout d’abord vous présenter Hans Rosenfeldt, un scénariste suédois que Marc Voltenauer n'a jamais cité comme référence lorsqu’il parle des auteurs nordiques qui l’ont inspiré. En parcourant l’impressionnante revue de presse, que notre roi du polar suisse affiche fièrement sur son site, Camilla Läckberg, Stieg Larsson et Jo Nesbø trônent en bonne place, mais nulle trace de ce concepteur qui n'est autre que le créateur de Broen (Le Pont), la célèbre série suédo-danoise qui a été adaptée en France et aux Etats-Unis. Mais outre ses activités de scénariste, Hans Rosenfeldt écrit également des thrillers en collaboration avec Michael Hjorth, un autre écrivain suédois. Publié en 2010, leur premier volume, intitulé Dark Secrets (éditions Prisma 2013 pour la version française), relate les aventures d’un profileur qui travaille pour la police suédoise en traquant un serial killer que l’on désigne comme « l’homme qui n’était pas un meurtrier » une phrase plutôt atypique que l’on retrouve, au mot près, dans Le Dragon Du Muveran (Plaisir de lire 2015) et qui avait charmé de nombreux critiques louant la créativité et l’originalité de Marc Voltenauer. La coïncidence est d’autant plus troublante que cette expression originale est utilisée, dans les deux ouvrages, comme formule d’introduction pour tous les chapitres relatifs au point de vue du meurtrier. Peut-on parler de plagiat, d'un hommage trop discret ou tout simplement d'une succession de coïncidences malencontreuses ? Chacun se fera une opinion, mais en tout état de cause on décèle avec Qui A Tué Heidi ? nouvel épisode des aventures de l’inspecteur Auer, le manque de créativité d’un auteur qui peine également à se renouveler.



A l’Opéra de Berlin, alors qu’il assiste à une représentation de La Walkirie, un couple est froidement exécuté par un mystérieux tueur à gage déterminé. Une fois son forfait accompli, l’assassin apprend qu’il doit se rendre en Suisse afin de poursuivre sa mission. Tout d’abord Genève, puis un petit village vaudois dont il n’a jamais entendu parler : Gryon où l’inspecteur Auer à fort à faire suite à un règlement de compte rural qui vire au drame. Et puis il y a cet individu étrange, l’homme qui s’enivrait du parfum de sa mère, qui doit accomplir des actes terribles pour assouvir ses phantasmes. Des femmes qui disparaissent, des cadavres qui s’amoncellent et le temps qui presse pour démêler ce terrible imbroglio d’événements sanguinolents. Tourmenté et acculé dans ses derniers retranchements, Andreas Auer devra compter sur son compagnon Mickaël et sur son équipe d’enquêteurs chevronnés qui l’aideront à surmonter les terribles épreuves qui l’attendent. Mais au cœur du mal et de la folie rien ne lui sera épargné.



Avec ce second roman, Marc Voltenauer a donc tenté de se renouveler en opérant une révolution puisque de l’homme qui n’était pas un meurtrier du Dragon du Muveran, nous passons à l’homme qui s’enivrait du parfum de sa mère. Une variation « audacieuse » que les auteurs suédois de la série Dark Secrets n’ont pas osé commettre, sachant que ce type d’artifice ne fait que souligner la faible capacité d’un auteur à se réinventer. Ainsi, sur fond de magouilles immobilières et de rivalités entre éleveurs, Marc Voltenauer déroule, avec toute la maladresse dont il est capable, un récit cousu de fil blanc qui reprend les principes éculés de la traque d'un serial killer, qui a la particularité de porter un superbe prénom, conjuguée à celle d'un tueur à gage qui cumule tous les poncifs du genre.



Quand il est bien maîtrisé, un page-turner peut se révéler efficace. Mais à force de vouloir surprendre le lecteur à tout prix avec des artifices narratifs qu’il ne maîtrise pas, Marc Voltenauer se perd dans une intrigue bancale en passant complètement à côté des thèmes abordés. On regrettera par exemple le côté idyllique du milieu rural alors que l’actualité ne cesse d’évoquer une profession en crise, avec des fermetures d'exploitations et des paysans à bout de force mettant fin à leurs jours. Pareil pour les scandales immobiliers que l’auteur développe dans de longues explications laborieuses qui donnent l’impression de lire les notes du conseiller technique qu’il a sollicité. L’ensemble se décline sur un décor helvétique aux allures de carte postale ultra kitsch et sur une somme de clichés qui, même s’ils sont très sympathiques, nous éloignent de la véritable identité d’un pays qui ne saurait se résumer à une série de "name dropping" et quelques expressions typiques.



Au niveau du style, on oscille entre le guide de voyage et la plaquette publicitaire avec cette propension à s’égarer dans une foule d’explications répétitives et de longues digressions ennuyeuses qui cassent le rythme du récit. Ne reculant devant aucun sacrifice pour étayer mes propos, je vous livre un exemple parmi d’autres, extrait du chapitre 67 :



« Andreas prit dans sa cave à cigares un modèle nommé the five.sixty – 5.60 – de la marque El Sueno, que son marchand habituel lui avait conseillé. Bien qu’il se fut mis en tête de ne fumer que des havanes, il s’était laissé persuader qu’il serait déçu en bien, comme on dit dans le canton de Vaud. Il lui avait expliqué que les feuilles de tabac provenaient des endroits les plus reculés de Saint Domingue et du Nicaragua, là où – sous entendu, contrairement à Cuba – les traditions étaient restées fidèles aux méthodes issues d’une culture ancestrale. Le 5.60 était un modèle trapu. Le cinq indiquant sa taille, 12,7 cm et le soixante son cepo, son diamètre, 60/64 de pouces, soit 2,4 cm. Il était donc plus épais que le module Robusto qu’il affectionnait particulièrement. Une grosse cylindrée …

Andréas laissa de côté ces considérations techniques et observa la vitole tout en coupant la tête. Ce qui frappait en premier lieu était sa bague inhabituellement large qui présentait, sous la partie avec le logo et le nom, un damier en noir et blanc. Décidément ce cigare détonnait. Il sortit sur la terrasse. Malgré la fraîcheur de l’air, les quelques rayons de soleil avait déjà réchauffé les dalles. Il s’installa confortablement dans son fauteuil. Il observa à nouveau la vitole. La cape du cigare était Colorado, foncée, dans les tons bruns moyens à rouge. Au toucher, elle était bien grasse, comme il l’aimait. Il l’alluma en espérant que cela soit un rêve – comme son nom l’indiquait -, et pas une chimère …

Son démarrage facile et sa fumée généreuse n’étaient pas pour déplaire. Peu à peu, les arômes s’immiscèrent subtilement. Des fruits secs et une touche de boisé. Du cèdre. Le cigare évoluait doucement, mais dès le deuxième tiers, la palette gustative devint plus complexe. Des saveurs fongiques de sous-bois ainsi que des notes animales se développèrent sans une once de brutalité malgré la puissance finale. Il était conquis. »



Et tout y passe : rhum, opéra, cuisine suédoise et autres interludes culinaires ; Marc Voltenauer est capable de vous imposer ses digressions sur les deux tiers d’un chapitre au détriment de l’élément important de l’intrigue qu’il doit développer, ce qui provoque une sensation de déséquilibre plutôt désagréable. Et il en va de même pour l’ensemble de personnages stéréotypés, plutôt superficiels, qui font l’objet de descriptifs sans intérêt, tantôt mièvres, tantôt grotesques, comme on peut le constater avec cet extrait du chapitre 81 qui a la particularité de concentrer bon nombre des défauts que j’ai évoqués et qui débute ainsi :



"Les yeux cernés de fatigue, Karine se concentrait tant bien que mal sur les virages en épingles qui s’enchaînaient. Son portable avait sonné alors qu’elle faisait l’amour, pour la troisième fois de la nuit, avec son amant, chez lui.

Depuis sa rupture, elle ne sortait jamais et consacrait tout son temps à son travail et à son art martial, le jiu-jitsu. Elle s’était donc résolue à s’inscrire sur un site de rencontres. Elle s’était vite rendue compte qu’elle avait l’embarras du choix. Elle préféra éviter swissinfidelity et adultery. Elle avait eu son lot de déceptions par le passé, et avait plutôt opté pour parship.ch. Un site qui affichait des photos de personnes aux sourires bienveillants et faisait miroiter des promesses avec son slogan : Pour vivre votre vie à deux. Une vie à deux ? Elle ne voulait rien précipiter, mais après plusieurs mois de rencontres d’un soir, elle avait à nouveau envie de séduction et de romantisme. Elle avait reçu de nombreux messages, mais le bilan avait été plutôt négatif. Un premier rendez-vous avait avorté avant même d’avoir lieu. Elle avait aperçu l’individu à travers la vitre, l’avait reconnu grâce au signe qu’ils avaient convenu, le dernier polar de Camilla Läckberg, repérable de loin à sa couverture rouge et noire. Immédiatement rebutée par le physique de son propriétaire, elle avait fait demi-tour sans demander son reste. Un deuxième rendez-vous, avec un beau ténébreux, avait tourné court quand il s’était avéré être d’un machisme d’un autre âge. Cet échec sonna le glas de son expérience en ligne. Au bout du compte la bonne vieille méthode avait fonctionné. Son amant était le sosie aux yeux de braise du docteur Mamour, celui qui l’avait troublée à l’hôpital. Elle avait pris le semi-prétexte de chercher à avoir des nouvelles de la santé de Séverine Pellet pour le recontacter. Ils s’étaient retrouvés à la fin de sa journée de travail et ils avaient passé la soirée à discuter, sans que cela ne se soit terminé au lit. Elle avait été un peu frustrée sur le moment, mais elle avait passé une agréable soirée et la deuxième, le lendemain avait été encore plus extraordinaire. Une invitation chez lui. Un repas succulent. Du vin. Et pour finir, du sexe. Ce ne fut pas la partie de jambe en l’air la plus excitante qu’elle ait connue, mais, au moment de s’endormir dans ses bras, elle s’était sentie bien. Elle n’avait pas l’habitude des hommes plus jeunes qu’elle, mais il était intelligent, charmant et terriblement séduisant. Si de cette aventure naissait une histoire, elle ne manquerait pas de lui donner des conseils avisés pour combler son manque d’expérience qu’elle mettait sur le compte d’un travail très prenant. Elle espérait néanmoins, pour le bien de ses patients, qu’il était meilleur médecin qu’amant.

Au moment où elle avait entendu son téléphone, elle n’avait pas eu d’autre choix que de répondre et laisser Luca sur sa faim.

Un corps avait été retrouvé à Gryon.

Une femme

.… »



Ce n'est qu'au dernier tiers du chapitre que l'auteur daigne enfin évoquer la scène de crime. Mais il paraît que ces parenthèses superflues plaisent aux lecteurs et il faut admettre que Marc Voltenauer ne ménage pas sa peine pour ratisser le plus large possible. Pour ce qui est des dialogues, on passe de la morne inconsistance d'échanges convenus à l'éclat de rire avec quelques répliques déconcertantes à l'instar de ce tueur à gage pointant une arme à feu sur sa victime tout en tentant de la rassurer en lui demandant : Détends-toi cher ami. Tu veux que je te mette la chaîne des films pornos ? Et si les réparties pertinentes viennent à manquer, cela n'a pas d'importance car Marc Voltenauer, en génie inspiré, dupliquera une réplique d’un film, comme L’inspecteur Harry, pour pimenter un échange entre son héros et un collègue raciste. C’est d’ailleurs l’une des marques de fabrique de l’auteur qui, sous forme d’hommages déguisés, utilise le travail des autres pour l’adapter à son récit. Ainsi nous aurons droit à de multiples références du Silence des Agneaux qui permettront à l’inspecteur Auer de progresser dans son enquête tout en comblant le déficit d’imagination de l’écrivain. Au moins a-t-il la correction de citer ses sources pour éviter toute ambiguïté. Mais n’est pas Thomas Harris ou Jonathan Demme qui veut et malgré l’appui de ces illustres modèles, les incohérences qui jalonnent le récit restent nombreuses à l’exemple de ce tueur professionnel russe qui prend le risque insensé de voyager en avion en transportant armes et munitions dissimulées dans sa valise ou qui estime, lorsqu’il parvient à s’enfuir de l’aéroport de Genève, qu’il est plus judicieux de revenir à Gryon pour prendre une voiture plutôt que de franchir la frontière pourtant si proche ce qui permet à Marc Voltenauer de mettre en place une confrontation finale qui se déroule au terme d’une succession de hasards circonstanciés plutôt douteux. Il faut dire que l’intrigue fourmille de ces coïncidences salutaires, comme ces conversations surprises au bon moment dans les cafés en permettant de relancer l’enquête ou de mettre en œuvre de machiavéliques projets. Difficile donc d'extraire un élément positif de ce texte fade et boiteux qui donne l'impression d'avoir été rédigé par une personne atteinte de schyzophrénie au vu des variations du style en fonction de l'intervention des nombreux contributeurs qui ont tenté de sauver ce roman du naufrage. Un défi de taille, il faut bien l'admettre, qui était voué à l'échec.



Mais finalement peu importe la qualité du texte. Ce qui compte c'est la vente. Et dans ce domaine il n'y a rien à redire car Marc Voltenauer possède des capacités exceptionnelles dans le domaine, ce qui lui a permis de mettre en place un plan marketing d'une redoutable efficacité. Ainsi, pour la promotion de Qui A Tué Heidi ? tout le petit monde du livre a répondu présent et l'on a rarement vu un tel battage médiatique avec une presse unanime louant le talent de Marc Voltenauer tout comme les animateurs radio et chroniqueurs pour la télévision. Comme quoi la diversité des médias romands, en matière de critiques littéraires, est un concept un peu surfait. Reste à déterminer si les journalistes ont salué les bonnes dispositions du vendeur ou le talent de l’écrivain car, comme pour l’ouvrage précédent, la plupart des articles ne font que mentionner les particularités helvétiques du roman, le parcours de l’écrivain et ce fameux chiffre de vente vertigineux que l’on dit un peu surfait. Tout juste si l'on relève, dans ce beau concert de louanges, quelques petites notes discordantes avec Isabelle Falconnier qui parle d’une légère déception au niveau du style (Bon pour la tête 19.08.2017) tandis que Mireille Descombes signale quelques pêchés de jeunesse (Le Temps 19.08.2017). Mais rien de bien méchant. Et qu’à cela ne tienne, Marc Voltenauer pourra toujours compter sur son réseau de blogueurs passionnés qu’il a patiemment constitué et qui est désormais totalement acquis à sa cause à grand coup de SP dédicacés et autres opérations visant à séduire son lectorat.



On le voit, le concept promotionnel de ce manager avisé est parfaitement rôdé et les écrivains aigris par leurs faibles chiffres de vente devraient s’inspirer du modèle. Bien sûr il ne faudra pas être trop rebuté par les aspects narcissiques et égocentriques de cette démarche plutôt simple qui consiste à utiliser les réseaux sociaux à outrance en nous abreuvant, au quotidien, de messages évoquant le classement du livre, les dates de dédicaces, les articles des médias et autres photos et concours ainsi que le sacro-saint et opaque chiffre de vente. Et pas d’inquiétude pour un éventuel effet de lassitude, au contraire les fans adorent ça. Marc Voltenauer l’a bien compris, la littérature c’est avant tout un business, une affaire de communication et un réseau qu’il convient d’exploiter à fond afin, par exemple, de pouvoir être sélectionné pour la première édition du prix du polar romand à l’occasion du festival Lausan’noir, ceci deux mois avant la sortie officielle de son chef-d’œuvre. On dit que l’encre n’était pas encore sèche quand les jurés ont reçu l’ouvrage.





Tragique événement littéraire de la rentrée romande, Qui A Tué Heidi ? peut devenir une agréable lecture si l’on a envie de se payer une bonne tranche de rigolade entre copains en lisant à voix haute quelques extraits de cette tartufferie du polar helvétique qui fera l’objet d’une suite puisque notre manager avisé a pris soin de laisser quelques éléments de l’intrigue en suspens afin de pouvoir écouler un troisième roman en cours d'élaboration (au secours !). Peut-être y décélera-t-on une once d'amélioration lorsque Marc Voltenauer daignera enfin prendre la peine de nous raconter une histoire originale plutôt que de concevoir un produit destiné à être vendu au plus grand nombre (Les deux concepts n'étant pas forcément incompatibles). On peut toujours rêver.





Marc Voltenauer : Qui A Tué Heidi. Editions Slatkine 2016.



Hans Rosenfeldt & Michael Hjorth : Dark Secrets (Det Fördolda). Editions Prisma 2013. Traduit du suédois par Max Stadler.



A lire en écoutant : Crime of Century de Supertramp. Album : Crime of Century. A&M 1974.
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Qui a tué Heidi ?

Ce que j’ai ressenti:…Voyage en Alpes Vaudoises.



Je ne vous dirai jamais, Qui a tué Heidi?, mais Heidi est bien la pierre angulaire de ce thriller rural aux rebondissements multiples! Marc Voltenauer maîtrise son histoire jusque dans les moindres détails pour en faire un policier qui déménage et met quelques coups de pieds dans certaines fourmilières…Si on pensait que les petits villages suisses sont calmes et reposants, force est de constater que l’auteur bouscule les codes et les mœurs en mettant en scène ses personnages. J’ai beaucoup aimé ses prises de risques, cette originalité et ce choix particulier de personnages.



Et en attendant, vivre. Vivre et aimer. Pour tenir la mort à distance. Aimer intensément.



Trois personnages-clefs, trois univers différents qui donnent une intrigue complexe qui trouve finalement son lieu de perdition dans la ville de Gryon. En ayant ses trois points de vues, on rentre dans de multiples jeux de trahisons, faux-semblants et autres réjouissances mesquines qui font tout le quotidien de ses agriculteurs. Nous avons une forte imprégnation de ce milieu rural qui vit au rythme des bêtes, une incursion dans la tête d’un homme bien dérangé (et il a d’ailleurs ma préférence: L’homme qui s’enivrait du parfum de sa mère…) , ainsi que les petites habitudes d’un espion russe. Un cocktail bien vitaminé dans plus de 400 pages d’actions!



Pour autant, même si j’ai aimé tous les points énumérés plus hauts, je reste mitigée sur mon appréciation finale. Il y avait beaucoup de bons ingrédients, mais après, je crois que, pour ma part, je suis un peu passée à côté. Sans doute que ça s’est joué avec la dynamique de l’écriture. Il m’a manqué un soupçon de nervosité car, même en ayant la bonne forme des chapitres courts, il manquait de pep’s dans ses pages. Finalement, au fur et à mesure de la lecture, l’effet page-turner est allé decrescendo…



En conclusion, ce livre reste une jolie découverte, pour son cadre, pour son originalité, la maîtrise de ses fils conducteurs, mais pour la lectrice de thriller accro aux émotions fortes, il m’a manqué du rythme et quelques frissons pour rester totalement scotchée. Le mieux est encore de vous faire votre propre avis car de nombreux lecteurs ont adoré Marc Voltenauer et son premier tome: Le dragon de Muveran.



Ma note Plaisir de Lecture 7/10.


Lien : https://fairystelphique.word..
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Qui a tué Heidi ?

Titre : Qui a tué Heidi ?

Année : 2017

Editeur : Slatkine

Auteur : Marc Voltenauer

Résumé : Qu’on donc en commun le meurtre d’un paysan, un impitoyable tueur à gages russe et l’enlèvement de jeunes femmes dans le petit village suisse de Gryon ? C’est la question qui taraude Andreas Auer, enquêteur dans les alpes Vaudoises. Aidé de son ami journaliste Mikaël, le flic helvète va devoir démêler l’écheveau d’une histoire aux multiples ramifications.

Mon humble avis : Votre humble serviteur continue ses pérégrinations au coeur des polars francophones. Aujourd’hui une petite incartade dans les alpes vaudoises avec un auteur suisse nommé Marc Voltenauer. Qui a tué Heidi ? est le deuxième volet des aventures d’Auer, héros récurrent de l’auteur helvète. Bon soyons franc l’idée d’une enquête au sein des alpages suisses avait de quoi me rendre un peu dubitatif. Plus habitué aux larges avenues de Los Angeles, aux trottoirs de New-York ou plus récemment à la grisaille parisienne je me demandais bien ce qu’un tel décor pouvait apporter au polar contemporain. Au bout de quelques pages je tenais enfin ma réponse : un grand bol d’air frais ! Mais commençons par la forme, le bouquin de Voltenauer est composé de courts chapitres nerveux et secs. La construction est classique avec une tension qui s’accroit au fur et à mesure de la lecture. Si l’auteur n’évite pas une certaine forme de verbiage son écriture reste néanmoins fluide et agréable. Jusque là rien de transcendant me direz-vous, du polar classique, des meurtres, des disparitions…Je vous l’accorde et je rajouterais même des personnages à peine ébauchés ( Mikaël le compagnon d’Andreas) et d’autres complètement stéréotypés ( Litso Ice tueur à gages russe de son état ). Voilà pour le négatif maintenant passons à ce qui fait la force et l’originalité du roman de Voltenauer. Tout d’abord le cadre : les alpes vaudoises, les chalets de montagne, les petits bars de campagne. Visiblement l’auteur se régale à l’évocation de ce qui fait peut-être son quotidien. Et son plaisir est communicatif tant l’évocation de ce petit monde et ses paysages grandioses participe au plaisir de lecture. Ensuite son personnage principal : Auer est un flic gay, amateur de concours bovin et de bons cigares. Exit ces personnages d’enquêteurs interchangeables, ces hommes marqués par leur passé, ces inspecteurs célibataires aux fêlures profondes etc,etc. J’avoue que ce type de personnage a fini par me lasser et Andreas Auer, s’il n’est pas exempt de blessures, n’en fait pas l’étalage tout au long du roman. C’est bien, c’est rafraichissant et ça change de ce que les auteurs de polars proposent en général. Un vrai bol d’air frais vous dis-je… Mais qui a tué Heidi est aussi un bon polar dans le sens où l’enquête est addictive et jamais mièvre. Si les ficelles sont parfois quelque peu visibles et les coïncidences heureuses, le lecteur ne perd jamais le fil de l’intrigue grâce à une grande précision dans le récit mais aussi un vrai talent de conteur de l’auteur. Effets réussis, attractivité de l’intrigue, originalité du cadre, que demander de plus à un bon polar ? Pas grand chose pour ma part et je ne peux que recommander vivement la lecture des aventures d’Andreas Auer.

J’achète ? : Définitivement oui. Une enquête qui tient la route, des rebondissements, de l’action et un personnage principal en tout point sympathique. Tout cela me semble parfait pour envisager de longues heures de plaisir !
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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