AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Marcel Conche (141)


L'amour n'est pas un sentiment seulement, mais une entreprise : il nous engage dans des actions diverses, souvent irrationnelles, pénibles et complexes.
Les tristesses de la vie peuvent nous mettre en un tel état de préoccupations, d'énervement, que l'amour ne trouve plus un sol où se développer. Le désespoir nous place en deça de l'amour.
Commenter  J’apprécie          20
L’attention est sélective ; elle méconnaît volontiers ce qui gêne, et qui pourtant, quoique méconnu, n’est pas sans effet sur nos sentiments et nos pensées.
Commenter  J’apprécie          20
Je n’aime pas les bonheurs que me donnent la musique, la chanson, le cinéma, les romans, car j’y suis trop passif : ce n’est pas moi le créateur, je ne suis que celui qui reçoit. À voir le Parthénon, j’ai eu un bonheur que j’ai aimé, mais parce que j’y étais actif, les ruines sur l’Acropole n’étant que le prétexte à une évocation et invocation quasi mystiques. Bien que les bonheurs purement sensibles, sensoriels ou sensuels, m’aient — étant d’un naturel érotique — souvent tenté, je ne m’y suis guère abandonné, et seulement avec réticence, réserve, voire désaveu de conscience.
Commenter  J’apprécie          20
Que de philosophes ont choisi de se laisser influencer par des livres qui leurs ont été nuisibles ! Je songe, par exemple, aux ravages que Heidegger a faits en France. Je ne nie pas, cependant, qu'il y ait un bon usage de Heidegger. Il y a aussi probablement un bon usage des plantes carnivores.
Commenter  J’apprécie          20
On voit, par exemple, les théistes donner plusieurs "preuves" de l'existence de Dieu, qui ne sont en réalité que des arguments, car, si "preuve" il y avait, une seule suffirait;…
Commenter  J’apprécie          20
L’infini absolu, signifiant que toutes les voies possibles sont d’ores et déjà parcourues, est un concept qui ne peut s’appliquer qu’à Dieu et qui est probablement irréel. Car la Nature, qui est le Tout, n’est pas pour autant achevée. C’est un Poème qui se poétise lui-même, sans cesse et sans fin.
Commenter  J’apprécie          10
Il n’est pas donné à la raison de réparer tous les vices de la nature.
Commenter  J’apprécie          10
C’était en 889. Fanny et Florence écoutaient, posaient des questions : car il y avait, dans la salle du roi, bien des objets en usage dans l’ancien temps. J’étais heureux de cette visite où l’on était comme en marge du temps. Après quoi, l’on regarde l’heure, et il y a ceci à faire et encore ceci. Je retiens que les cyprès, ainsi nommés par le maître des lieux, sont plutôt des ifs, dit Florence.
Commenter  J’apprécie          10
Ce que l'on perd en perdant l'être à qui nous liait l'amour, c'est le monde lui-même, et d'une certaine façon, les autres.
Commenter  J’apprécie          10
Il n’y a aucune misogynie chez Homère.
Commenter  J’apprécie          10
Il est possible de philosopher dans l'incertitude et les Grecs l'on fait.
Commenter  J’apprécie          10
L’amour malheureux est un faux amour, quelle que soit la sincérité de l’amant, car on peut dire « faux » ce qui est manqué, absurde, vide de sens.
Commenter  J’apprécie          10
Toutes les certitudes, dès lors que l’on quitte le moment de l’évidence, sont frappées d’incertitude.
Commenter  J’apprécie          10
Nietzsche porte sur le bouddhisme un regard positif ou négatif selon qu'il le voit en perspective oblique ou indirecte, à savoir... par réflexion sur le christianisme, comme une sorte de bon christianisme, ou en perspective directe, comme étant de toute façon un nihilisme, un symptôme de la fatigue de vivre.
Commenter  J’apprécie          10
Espoir, confort des malheureux, dit Charles d'Orléans. Comme je ne suis pas malheureux, je n'espère pas : j'agis.
Commenter  J’apprécie          10
Marcel Conche
Là-dessus, je suis en accord avec Spinoza. La nature tient une place essentielle dans votre philosophie. Vos origines rurales ont-elles influencé son élaboration ?

M. C. : Oui, bien entendu, car durant toute mon enfance et mon adolescence, j'ai travaillé comme paysan. Mais ce rapport à la nature, dans mon cas foncier, constitutif, je l'avais oublié sous l'influence de la philosophie universitaire. J'étais destiné à être instituteur. Au lycée de Tulle, j'ai fait la connaissance de ma professeure de lettres qui m'a aidé à apprendre le latin et le grec, et que, plus tard, j'ai épousée. Inscrit à la Sorbonne, j'ai ensuite passé l'agrégation. Là, je me retrouve dans un élément d'intellectualité abstraite où la nature est totalement oubliée. Je me suis ressaisi grâce à Montaigne, et j'ai repris contact avec le fond substantiel de mon être qui est lié à la nature, à une ouverture sur l'être. Cette présence de la nature rend la saisie du monde immédiate. Elle frappe d'inanité les notions de « sujet », de « représentation ».

La question de l'existence du monde extérieur est un faux problème. Voilà pourquoi je me situe bien plus du côté du Dasein heideggerien que du Cogito cartésien. Vous avez expliqué qu'il y avait plusieurs métaphysiques alors qu'il n'y a qu'une morale…

M. C. : Oui, la morale est un absolu. Certains philosophes ne distinguent pas la morale de l'éthique. Elles sont à distinguer radicalement. En venant chez moi, mettons que vous avez vu un blessé sur le bord de la route, c'est un impératif inconditionnel de vous arrêter. Si un peu plus loin, sur la route, quelqu'un vous invite à un spectacle, vous pouvez décider d'y aller ou non. Cela n'a rien d'obligatoire. La recherche du bonheur n'est pas un impératif inconditionnel. Il y a une éthique du pouvoir, du bonheur, du plaisir. Achille cherche la gloire et pose une éthique de la gloire. On choisit d'organiser sa vie en fonction de ce qui nous intéresse. Mais vous n'avez pas le droit de l'organiser d'une manière qui impliquerait le non-respect de la personne des autres. La morale limite donc le domaine dans lequel vous pouvez développer votre éthique. La morale, c'est une sorte de minimum, mais certaines morales abolissent l'éthique. C'est le cas de la morale chrétienne, dont la logique est d'aimer l'ennemi. La logique, c'est la sainteté de Mère Teresa, selon laquelle vous devez vous consacrer à autrui.

C'est un au-delà de ce que la morale rigoureusement exige. Elle n'exige pas que vous aimiez votre ennemi, mais que vous le respectiez en tant qu'être humain. Vous êtes un fervent pacifiste. Ce pacifisme relève-t-il d'une éthique personnelle ou de la morale ?

M. C. : Je ne participe à aucune guerre, quelle qu'elle soit. Je ne tombe pas dans le piège consistant à penser qu'il y aurait des guerres justes. Les enfants ne pouvant comprendre la différence existant entre des bombes justes et des bombes injustes, j'abolis cette différence. Pourtant, que se passe-t-il si l'ennemi est à nos ­frontières ? Là, je n'ai plus le droit de développer une propagande pacifiste, car elle est universelle. Lorsque l'ennemi est là, le pacifisme est en contradiction avec lui-même, puisqu'il perd son sens universel en favorisant l'ennemi. Mais moi, personnellement, je reste pacifiste. Ma position ­universalisable, mais ne pouvant être universalisée, reste abstraite, contradictoire. Fondamentalement, pour moi, le rôle de l'homme politique consiste à établir la paix, ce que de Gaulle a très bien compris. Vouloir réaliser la démocratie en l'exportant par la guerre, c'est criminel.

Votre rapport à l'histoire semble contradictoire. D'un côté, vous montrez que c'est la profonde instabilité du siècle qui a orienté votre philosophie. De l'autre, le philosophe doit, selon vous, faire abstraction de son temps. La vraie vie serait-elle anhistorique ?

M. C. : Sur ce point, il me semble qu'il faut distinguer l'action et l'activité. Le philosophe n'a pas à être un homme d'action. Il n'a pas à agir, il a à penser. On ne peut faire les deux choses à la fois : on ne peut aller à Boulogne-Billancourt comme Sartre et formuler la ­vérité la plus juste. Dans le Tao Te king, cette différence est fondamentale, car si le philosophe ne s'engage pas dans l'action, cela n'empêche pas qu'il soit actif. Cette activité consiste en une spontanéité créatrice : lorsque j'étais enseignant, j'étais assujetti à une action, à un emploi du temps. Je ne le suis plus aujourd'hui. J'improvise mes journées. Comme si vivre, c'était poétiser... L'activité, elle, laisse davantage sa chance à la surprise, à l'imprévu. Si l'on considère que la vraie vie réside dans les événements sociaux, politiques, on se situe du côté de Hegel. Selon lui, la vraie vie consiste à nous réaliser, nous objectiver. On se réalise en étant quelqu'un dans la société. Si vous êtes poète, il vous faudra être édité sans quoi vous ne serez pas « réel ». Je prends le contre-pied de cette façon de voir. Je crois qu'il faut attacher une importance infinie aux nuances de nos relations avec les autres. La substantialité de la vie est faite des nuances de l'amitié, de l'amour. A mon âge, l'amour s'est purifié de la sexualité… Il y a plus ou moins de délicatesse chez les êtres. Tous n'ont pas cette intuition d'autrui. Ceux qui vous cataloguent trop rapidement, il faut s'en méfier. Mon athéisme, par exemple, ne me rend pas antichrétien. Ma femme était catholique. Le discernement de la personne est plus essentiel que toutes les croyances et opinions. Ce que l'on oublie parfois précisément dans cet affrontement entre la droite et la gauche. Il y a une fossilisation des personnalités. La vraie vie ne réside pas dans cette fixité.

Dans une très belle page de votre Journal étrange, vous confiez que si la mort survenait aujourd'hui elle ne serait plus privation de vie.

M. C. : Oui, les hommes vivent en moyenne jusqu'à 77 ans et les femmes jusqu'à 83 ans. J'ai aujourd'hui presque 84 ans, je suis déjà de six ans au-delà de la moyenne ! Si je mourais aujourd'hui, je ne perdrais rien. Si j'étais mort à 20 ans, j'aurais perdu presque soixante ans de vie. La mort ne peut plus m'enlever ma vie. Ma vie, je l'ai eue. Je n'appréhende pas le fait d'être mort. Epicure le dit très bien, la mort n'est rien. Il n'y a rien après la mort : je disparais, je m'évanouis, la vie s'arrête. Mais il faut distinguer la mort et le mourir, que j'appréhende. On ne sait jamais comment on va mourir, en dormant ou dans des souffrances atroces. Cela a beaucoup préoccupé Montaigne qui souhaitait mourir sans s'en apercevoir. Dans le cas où l'euthanasie soit une chose raisonnable (si j'avais perdu toutes mes capacités), pour moi, le véritable ami serait celui qui pourrait m'aider à mourir. Mais je n'ai aucun ami à qui je pourrais demander cela. Je n'ai donc pas d'ami parfait… Emile Cioran, que j'ai découvert il y a quelques jours seulement, raconte une scène se déroulant rue de l'Odéon, à Paris. Une femme de 94 ans lui confie qu'elle n'a pas peur de la mort, mais que ce qui l'ennuie le plus est l'idée de devoir quitter la rue de l'Odéon ! Cette rue, dit Cioran, ne présente pourtant aucun intérêt… Les gens n'ont pas peur de ce qui viendra après la mort. Ce qui fait peur, c'est de quitter la vie, ce à quoi l'on est le plus attaché.
Source du texte : Philosophie magazine
Commenter  J’apprécie          10
Tous les hommes pouvant participer à un dialogue ? Oui, mais tous le peuvent (en droit). Platon, dans le Ménon, choisit comme interlocuteur de Socrate un esclave, voulant montrer que l'interlocuteur peut être n'importe qui.
Commenter  J’apprécie          10
La solitude est au fondement de la condition humaine, tout homme éprouvant la solitude de soi-même. C'est pourquoi, plus encore qu'être aimé, nous voudrions être compris. (109)
Commenter  J’apprécie          10
Le vrai plaisir, dit Épicure, n'est pas celui que procurent les plats cuisinés, mais celui que l'on éprouve à manger, ayant très faim, ou à boire, ayant très soif. (103)
Commenter  J’apprécie          10
Selon Épicure, un hasard fondamental se trouve à l'origine de toute chose. Et je crois qu'il a raison : le fond éternel de la Nature est un désordre fondamental. Comme le désordre, ou le hasard, produit ce tout de la Nature, toutes les combinaisons possibles, il est inévitable qu'à un moment donné apparaisse une combinaison ordonnée. Le désordre produit l'ordre parce que l'ordre n'est qu'un cas particulier du désordre. (67)
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Marcel Conche (278)Voir plus

Quiz Voir plus

Lisons avec Mickey Rourke

L'un de ses premiers rôles marquants est celui de The Motorcycle dans Rusty James réalisé par Francis Ford Coppola en 1983 d'après le roman du même nom de: (Indice: Outsiders):

Joyce Carol Oates
S. E. Hinton
Toni Morisson

9 questions
3 lecteurs ont répondu
Thèmes : acteur , Acteurs de cinéma , hollywood , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littérature , polar noirCréer un quiz sur cet auteur

{* *}