AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Marcel Conche (141)


Il est vain de reprocher à quelqu'un d'être ce qu'il est. Il faut s'en accommoder. On ne peut pas rectifier le destin. (28)
Commenter  J’apprécie          10
Il y a lieu de réduire autant que possible, dans sa vie, la part des comportements obligés, et d’échapper, si l’on peut, aux devoirs contingents émanant des formes fixes. Et l’on ne prendra aucun engagement que l’on pourrait éviter.
Commenter  J’apprécie          10
le sage arrive sans faire un pas:
il nomme sans voir:
il accomplit sans agir.
(Tao)
Commenter  J’apprécie          10
J'aime dialoguer avec les Grecs et ce dialogue est une part essentielle de ma vie. J'ai parfois l'impression que mon bureau de la Maisonneuve, que je trouve pourtant trop petit pour y parler avec un ami, est peuplé de Grecs : Héraclite, Parménide, Anaximandre, Epicure, sont mes visiteurs permanents. Avec eux, ce qui est présent, c'est la Nature. C'est elle qu'ils m'aident à penser, grâce à un étonnement initial, une naïveté première ; non à partir de mots conceptuels aux significations réduites par les définitions, mais des mots encore vivants du langage mi-commun, mi-poétique. La Nature est le Poète premier, ai-je souvent dit, et la philosophie a sa source dans la poésie
Commenter  J’apprécie          10
Je suis, et je me sens, philosophe français. Il faut, toutefois, préciser un peu. Il y a deux France, l’une du Nord, l’autre du Midi, l’une colonisatrice, l’autre colonisée. Le Limousin, berceau de la poésie courtoise, est ma patrie, et la langue limousine, langue par excellence de la poésie lyrique des troubadours, ma langue d’origine. Maternelle ? Non. À la maison, il ne fallait pas parler « en patois ». Il fallait dire « violette » et non « pimpanella », « pie » et non « agassa ».
Commenter  J’apprécie          10
Chacun connaît la première des quatre antinomies de Kant, la thèse et l’antithèse. Il est clair qu’à l’âge de six ans je me prononçais nettement pour la thèse : « Le monde est limité dans l’espace. » La thèse, il est vrai, dit également que « le monde a un commencement dans le temps ».
Commenter  J’apprécie          10
Tout individu humain a vocation à devenir philosophe. Il y a pourtant, comme vous l’observez, bien peu de philosophe, l’homme, la plupart du temps, se laissant asservir aux valeurs de la collectivité : les succès de vanité, les situations de pouvoir, les récompenses d’honneur lui font oublier son essentielle vocation, s’oublier lui-même au bénéfice d’une image, d’un être-pour-autrui insubstantiel. Certes, je suis entré moi-même dans la société et le monde des intellectuels, m’y suis fait une place, mais je ne puis pas dire avoir jamais pris au sérieux les avantages de carrière ou d’honneur que l’on y gagne. Je me suis toujours senti un « homme sans qualités ».
Commenter  J’apprécie          10
Mon âme est dans mes livres et dans les âmes de ceux qui m'aiment, famille et amis....................
Mon âme n'est pas dans les lieux mais je les porte en moi.
Commenter  J’apprécie          10
Lucrèce-Pascal : deux vérités exclusives l'une de l'autre, l'une qui apporte la clarté, l'autre non. Hésitera-t-on longtemps ? Le Dieu de Pascal est un objet culturel, la nature est sous nos yeux.
Commenter  J’apprécie          10
La signification de la philosophie ne sera plus de révéler les choses telles qu'elles sont en vérité, mais de permettre au philosophe de prendre conscience de soi.
Commenter  J’apprécie          10
Nous ne pouvons être heureux que si nous jugeons l'être.
Commenter  J’apprécie          10
Seul est sociable, vivable, pacifique, celui qui est conscient de ne dire que l'apparence et non l'être. Là est le fondement du respect des autres.
Commenter  J’apprécie          10
Les vices servent au maintien du corps social comme les venins à la conservation de la santé. Les mauvaises actions sont non seulement utiles, mais politiquement inévitables.
Commenter  J’apprécie          10
La morale se fonde non sur tel ou tel croyance, religion ou système, mais sur cet absolu qu'est le relation de l'homme à l'homme dans le dialogue.
Commenter  J’apprécie          00
Marcel Conche
« La mort ne peut plus m'enlever ma vie »
Marcel Conche, à l'occasion de la parution de son Journal étrange, nous a reçus chez lui, dans l'Ain. Il revient sur ses origines ­paysannes, son athéisme, sa conception de la nature, de la morale et sa vision de la mort. « A sauts et à gambades », comme le disait son maître Montaigne, se dessine une sagesse libre, loin de tout dogmatisme, ouverte sur l'être, disponible à l'autre. Propos recueillis par Juliette Cerf

Philosophie Magazine : Votre philosophie, athée, découle en partie d'une réflexion sur la souffrance des enfants comme « mal absolu ». Dans Orientation philosophique, vous écrivez : « La souffrance des enfants devrait suffire à confondre les avocats de Dieu. » Pourriez-vous développer cette idée ?

Marcel Conche : Philosopher par soi-même, cela veut dire être initialement bouleversé par une expérience fondamentale. Schopenhauer a dit que toute philosophie n'était que le développement d'une unique pensée. Bergson a repris cette idée. En ce qui me concerne, l'expérience initiale à partir de laquelle s'est formée ma philosophie fut liée à la prise de conscience de la souffrance de l'enfant à Auschwitz ou à Hiroshima comme mal absolu, c'est-à-dire comme ne pouvant être justifié en aucun point de vue. L'article véhément que vous citez est initialement paru dans la Revue de l'enseignement philosophique en 1958 ; je l'écrirais autrement aujourd'hui. Dans le numéro suivant, Albert Sandoz publiait une réponse où il reprochait au comité de rédaction d'avoir laissé passer sans aucune réserve un tel article. Albert Sandoz eût dû voir dans mon article une invite à purifier sa conviction chrétienne de toutes les scories qu'a produites chez les théologiens et les philosophes théologiens la rationalisation de la parole. Mais Sandoz philosophe pouvait difficilement­comprendre qu'il devait, en tant que croyant, renoncer à la réflexion. Si j'ai souvent dit que la notion de Dieu n'est pas une notion philosophique, c'est pour que mon argument à partir de la souffrance des enfants n'ait pas de portée contre la religion comme forme de vie. Je m'en prends aux philosophes théologiens, aux justificateurs de Dieu, non à ceux qui croient à la révélation.

La philosophie, absolument coupée de la théologie, ne peut prétendre, selon vous, à se constituer comme ­science... Quelle est-elle alors ?

M. C. : Moi qui avais été élevé dans le christianisme (sans avoir été croyant, mais seulement superstitieux), j'ai rejeté très tôt l'explication théologique du monde. Je me suis tourné vers la philosophie dès mon adolescence, sans avoir subi une influence culturelle quelconque. J'ai été élevé dans un milieu paysan où cette discipline était totalement ignorée. Le questionnement philosophique est né en moi par l'essor spontané de ma raison. La philosophie, c'est l'oeuvre de la raison humaine et elle ne peut pas rencontrer Dieu. C'est pourquoi la vraie philosophie est grecque. La spiritualité sans Dieu. Les philosophes de l'époque moderne – Descartes, Kant, Hegel – sont des chrétiens qui utilisent la raison pour retrouver une foi pré-donnée. Je ne les considère pas comme des philosophes authentiques. Ce sont de grands penseurs par leur influence. Mais le vrai philosophe de l'époque moderne, c'est Montaigne. Il a écrit son oeuvre dans une grande indépendance à l'égard des ­croyances collectives, notamment à l'égard de la croyance monothéiste qui imbibait la société. Descartes, Kant, Hegel n'ont pas compris ce qu'est la philosophie comme métaphysique. Pour eux, elle doit prendre la forme de la science. C'est une erreur fondamentale car la philosophie comme métaphysique, c'est-à-dire comme tentative de trouver la vérité au sujet du tout de la réalité, ne peut pas être de la même nature qu'une science. Elle est de la nature d'un essai, non d'une possession : il y a plusieurs métaphysiques possibles, parce qu'on ne peut trancher quant à ce qui est la vérité au sujet de la façon de concevoir la totalité du réel. La métaphysique n'est donc pas affaire de démonstration, mais de méditation. Quand vous élaborez vous-même une métaphysique, les autres vous semblent être des possibilités abstraites, théoriques, que vous ne pouvez pas vivre. Nos affirmations métaphysiques expriment non des opinions, mais des convictions vécues. Les opinions sont changeantes… Par exemple, mes jugements au sujet des hommes politiques peuvent changer. Je n'aurais jamais imaginé que Ségolène Royal, prétendument socialiste, ferait l'éloge de Tony Blair, qui s'est rendu coupable d'une guerre d'agression en Irak.

Sceptique, vous vous méfiez des systèmes, des dogmes, des philosophies constituées. Votre philosophie n'a cessé d'évoluer et de trouver sa cohérence en évoluant…

M. C. : Pendant longtemps, j'ai été très sensible au caractère transitoire de toute chose, au caractère évanouissant des êtres finis. J'ai alors donné une interprétation nouvelle du pyrrhonisme. Le scepticisme de Pyrrhon consiste à dire que si nous ne pouvons ­connaître le fond des choses, nous pouvons être certains de la façon dont elles nous apparaissent. Nous ne pouvons dire que le miel « est », mais seulement qu'il nous « semble » doux. Cette opposition entre l'être et l'apparence, qui est l'opposition fondamentale de la métaphysique, notamment de celle d'Aristote, j'ai montré qu'elle était abolie chez Pyrrhon. En définitive, il n'y a plus d'être, intuition que l'on retrouve chez Montaigne : « Pourquoy prenons-nous titre d'estre, de cet instant qui n'est qu'une eloise [un éclair] dans le cours infini d'une nuict ­eternelle ? » A ce moment-là, je n'étais pas arrivé à la distinction que je fais dans Présence de la nature entre temps immense et temps rétréci. Nous pensons dans un temps rétréci. Nous ne pensons pas que ce temps présent n'est rien du tout dans le temps immense de la nature. Quand nous nous voyons les uns les autres, nous ne nous pensons pas comme des ­mortels, des êtres éphémères qui vont bientôt s'évanouir. Au début, j'ai soutenu une sorte de nihilisme ontologique. C'est à cette époque que j'ai commenté Héraclite : « Tu ne peux entrer deux fois dans le même fleuve », « Tout ­s'écoule », etc. Mais en définitive, il m'est apparu que le « tout s'écoule » est éternel, que le devenir est éternel. Donc la nature est éternelle : c'est ce qu'avait dit Parménide.

Tout s'écoule oui, il y a ceci et après, il y a cela, mais il y a toujours le « il y a ». Vous êtes naturaliste et non matérialiste. Comment ­comprendre cette différence ?

M. C. : L'absolu pour moi, c'est la nature. La notion de matière me paraît insuffisante. Elle a d'ailleurs été élaborée par les idéalistes et c'est hors de l'idéalisme que je trouve ma voie. Il est très difficile de penser la créativité de la matière. Or Epicure a bien montré qu'il fallait qu'il y ait une génialité de la nature sans laquelle elle n'aurait rien créé. Le jaune du forsythia n'était pas présent dans le terreau. Ce jaune, cette qualité, a surgi. Si, dans les faits, il n'y avait rien de plus que la cause, la nature serait d'une absolue monotonie. La causalité n'est pas une simple répétition, c'est une innovation. Ainsi, Epicure a imaginé cette espèce d'espièglerie de l'atome. J'ai découvert la nature comme physis (totalité) avec Anaximandre, le premier philosophe de la nature la pensant comme infini (apeiron), comme étant l'origine de toute chose, douée d'une capacité de créativité indéfinie. La nature est à comprendre non comme enchaînement ou concaténation de causes, mais comme improvisation ; elle est poète. Créatrice, elle doit être pensée poétiquement – ce qu'a très bien vu Bergson, le philosophe moderne le plus en phase avec les philosophes naturalistes d'avant Socrate. L'homme est une production de la nature et la nature se dépasse elle-même dans l'homme. En donnant des aperçus sur la nature qui se complètent, les présocratiques sont tout à fait différents des philosophes de l'époque moderne qui, eux, construisent des systèmes qui s'annulent. Parménide nous révèle l'être éternel, Héraclite, le devenir éternel, Empédocle, les cycles éternels. Il y a une complémentarité entre eux. De la même façon, les poètes se complètent. La physis grecque ne s'oppose pas à autre chose qu'elle-même, alors qu'au sens moderne la nature s'oppose à l'histoire, à l'esprit, à la culture, à la liberté. La physis est omni-englobante.
Commenter  J’apprécie          00
Pour "en venir à penser", une condition : le "désengagement" comme dit André Breton.
Commenter  J’apprécie          00
Penser, c'est apporter la clarté, c'est éclaircir.
Commenter  J’apprécie          00
Philosophe consiste à méditer sur l'ensemble de ce qui se montre, ne laissant rien de côté, pas même les erreurs, les illusions et les rêves, et cela sans présupposition aucune, sans point d'appui d'ailleurs.
Commenter  J’apprécie          00
Mais le temps se rit des conquêtes de l'esprit. Le temps travaille pour la nature et la mort qui ont le dernier mot.
Commenter  J’apprécie          00
L'être de l'homme est donc tout entier négation du temps et de la mort.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Marcel Conche (278)Voir plus

Quiz Voir plus

Tonton Tata, Papa Maman, Cousin Cousine, frères et soeurs

Régis Franc est connu pour sa BD sociale ..........?............. je sais ça vole pas haut

Tonton Marcel
Tata Marcelle

10 questions
23 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..