AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Marcel Conche (141)


Le fond éternel de la Nature est un désordre fondamental. Comme le désordre, ou le hasard, produit ce tout de la Nature, toutes les combinaisons possibles, il est inévitable qu'à un moment donné apparaisse une combinaison ordonnée. Le désordre produit l'ordre parce que l'ordre n'est qu'un cas particulier du désordre.
Commenter  J’apprécie          50
Il faut avoir compris que rien ne nous sépare du bonheur que nous-même.
Commenter  J’apprécie          50
Un véritable ami est un devin, car il entend non seulement nos raisons, mais les raisons de nos raisons.
Commenter  J’apprécie          40
Un jeune homme de dix-huit ans est, en général, ce que j’appellerai un homme « collectif » : il porte la marque de son milieu et des idées de son milieu, des idées aussi, des habitudes et des goûts des jeunes de son âge, et puis des rencontres, des découvertes qu’il a pu faire, des aventures qu’il a eues. Je ne fus jamais un homme collectif. Je fus, dès le début – dès la petite enfance, je crois, où je jouais toujours seul, ma grand-mère craignant les « mauvaises fréquentations » - un être humain singulier, et ainsi je n’ai guère eu de peine, tant j’étais libre, à m’abstraire d’une société close et à faire le choix de la raison, c’est-à-dire de l’universel. [...] Or, jusqu'à lâge de dix-huit ans, j'ai vécu comme dans une bulle - la bulle familiale -, sans vrai contact avec l'extérieur et sans en recevoir de vraie influence. J'étais, en effet, sans ami, ni amis, n'avais pas voyagé,i pratiqués un sport : je n'étais jamais entré dans un musée, jamais allé au théâtre et seulement une fois et demi au cinéma ; je n'avais aucune culture musicale ni, en général, artistique.
Commenter  J’apprécie          40
J’aime ce silence de la Nature avec ses multiples bruits car il me met en difficulté avec moi-même et m’oblige à penser. Je crois qu’il n’y a qu’une Nature mais je ne crois pas que la Nature soit une. La Nature est la totalité des choses. La première création de la Nature, c’est l’univers : la Nature (infinie) se dégrade en univers (indéfini). Ensuite, dans l’univers se trouvent des mondes innombrables. Le hérisson vit dans son monde, l’abeille vit dans son monde, de même la fourmi, etc. Pourquoi « monde » ? Parce que l’abeille reçoit les impressions qui n’ont de signification que pour elle, des significations « abeille », mais elle ne reçoit pas les significations « fourmi ». Et toutes ces significations « abeille » forment pour l’abeille un réseau, une structure, donc un monde fini. Ces mondes sont dissemblables et incommunicables. Le hérisson n’a rien à dire à l’abeille et réciproquement. L’homme peut étudier le hérisson, mais ne peut pas se mettre à la place du hérisson pour vivre le monde en hérisson. Il ne peut pas atteindre le for intérieur du hérisson, qui est inatteignable par la connaissance puisque celle-ci ne saisit que l’objectivable. On peut comprendre comment fonctionne un hérisson mais on ne peut pas éprouver le sentiment de soi du hérisson, si tant est que le « soi » signifie quelque chose quand on parle d’un hérisson. Par conséquent, il n’y a pas d’unité entre ces mondes dissemblables. Il existe une infinité d’espèces et, donc, une infinité de mondes, sans unité de surplomb – cela Epicure l’avait bien vu. La Nature est le tout de cette infinité de mondes mais elle n’est pas comme un dieu qui voit tout, un principe totalisant. La Nature est une multiplicité inassemblable, un ensemble non unifiable, une totalité intotalisable.
Cependant, dans le silence de la Nature, je perçois non pas la multiplicité des mondes, mais la Nature comme une. C’est un problème de comprendre comment la Nature, malgré son infinie diversité, peut être toujours la même Nature. C’est ce problème philosophique que je ressens dans le silence de la Nature. Certes le ruisseau me dit : « Je suis le ruisseau » ; le vent me dit : « Je suis le vent ». Mais la Nature me dit : « Je suis tout cela mais je suis aussi la Nature, je suis ce qui fait qu’il y a tout cela, le vent, les fleurs, le ruisseau, l’abeille, etc. ». Quand j’écoute la Nature, je suis partagé entre le sentiment de la multiplicité et celui de l’unité fondamentale. Ma conception de la Nature, qui est dans l’infini et dans l’éternité, est une conception métaphysique, puisque la métaphysique est cette partie de la philosophie qui a affaire à la totalité de ce qui est. Le silence de la nature devient alors métaphysique parce qu’il amène dans mon esprit des idées. Si je suis dans la solitude profonde dans la Nature, si je tourne mes regards vers la profondeur illimitée du ciel, vers l’infini du ciel, je songe que nul savant, ni Einstein, ni ses successeurs, ne peut atteindre la totalité de la Nature. Un cosmologiste ne peut dire quel rapport il y a entre l’Univers du big-bang et la totalité de la Nature. Par conséquent, je peux continuer de m’appuyer sur mes évidences immédiates qui me disent que l’univers est infini (indéfini), que nous sommes environnés par l’infini. La clef de la sagesse est qu’il faut penser toute chose sur le fond de l’infini.
Commenter  J’apprécie          40
La philosophie n'a donc pas en vue le bonheur. Elle a en vue la seule vérité. Or, il est très possible que la vérité soit douloureuse, soit pénible, soit destructrice du bonheur ou le rende impossible. La religion, à la différence de la philosophie, est sous la catégorie de l'utile. Elle promet le bonheur et dit ce qu'il faut faire et ce qu'il faut être pour mériter ou pour l'obtenir. Dès lors, l'illusion est plus importante que la vérité si elle procure le bonheur.
Commenter  J’apprécie          40
Au temps de Pausanias, Elis était une fort belle cité, avec des gymnases, des temples, des portiques nombreux. Il faut voir la description du géographe. La présence d'une enceinte et d'un temple consacré à Hadès (ou le prêtre n'entrait qu'une fois l'an) était alors, semble-t-il, une particularité d'Elis : "Les Eléens sont les seuls, à ma connaissance, qui rendent un culte à Hadès", dit Pausanias. (...)
Pyrrhon fut grand prêtre (par élection), selon Diogène Larce (IX, 64) - et comme il tient le fait d'Antigone de Caryste, il n'y a pas lieu d'en douter. On l'imagine volontiers prêtre d'Hadès - et attentif à entretenile sanctuaire, à laver et parer la statue.
Commenter  J’apprécie          40
Le corps, donc, n’offre aucun opacité; les canaux sensoriels sont de libres ouvertures, de sorte qu'en étant au-dedans on est aussi au-dehors; l'intelligence est aussi bien sensorialité : il n'y a que la pensée comme pure disponibilité à l'apparence dans l'Ouvert. Nous avons vu plus haut que l'apparence (pyrrhonienne) n'est pas apparence pour un sujet. L'apparence n’apparaît qu'à elle-même. La notion de "pensée" n'est donc pas introduite, par rapport à l'apparence, de l'extérieur, et par le philosophe, puisqu'elle signifie l'autodévoilement de l'apparence.
Commenter  J’apprécie          40
Se donnant pour tâche de détruire toute proposition affirmative, ils [les sceptiques] observent, sans prendre parti, que s'entre-détruisent les opinions des philosophes et qu'en tout domaine il est possible d'opposer à quelque raison que ce soit des raisons contraires.
Commenter  J’apprécie          40
A l'impossible, nul n'est tenu ; c'est à nos moyens qu'il faut mesurer l'étendue de notre devoir - moyens divers selon les natures et inégaux.
Commenter  J’apprécie          40
Il n'y a pas de pensée sans mémoire, sans lutte contre l'oubli et le risque d'oubli. Or le principe de l'oubli est le principe de la dissociation de soi d'avec soi.
Commenter  J’apprécie          30
On ne cesse de penser à la mort qu'en cessant de penser.
Commenter  J’apprécie          30
Ne soyons plus qu'un regard pur et sans intention. Alors, ce qui nous est le plus proche cesse de nous être lointain. Le vouloir qui arraisonne les choses, l'entreprise de la vie font obstacle à l'ouverture accueillante de ce qui existe, de ce qu'il y a. Mais, comme l'âme dans l'état mystique s'oublie elle-même, oublions l'homme en nous, et, dans l'extase mondaine, laissons le mystère se livrer à nous. La chose en soi n'ayant pas de rôle à jouer, ne renvoyant à rien au-delà d'elle-même, se montre alors avec l'insistance de sa singularité.
Commenter  J’apprécie          30
Contempler, c'est ne pas aller au-delà de la chose même pour la réduire à ce qu'ellesignifie, à une interprétation, à une connaissance. C'est prendre le monde tel qu'il est, sans vouloir l'expliquer par une cause ou une fin. Je vois ce monde comme n'ayant ni cause explicative, ni fin, ni modèle, ni fond caché, et, à chaque instant comme venant de naître. Il n'y a pas d'arrière-monde, et le monde ne recèle aucun mystère. Il est lui-même le mystère.

Ce mystère est si voyant qu'il faut l'homme pour ne pas le voir. Car l'homme ne voit que l'homme.Ce qui ne se donne qu'à la dépréoccupation, la préoccupation ne peut le rencontrer.
Commenter  J’apprécie          30
Sartre : L'expérience de l'amour est un échec ; il veut rendre vide, creuse, la riche expérience de l'amour. Il ne semble pas connaître la grande joie d'aider l'autre à se révéler à lui-même, à grandir en force et en assurance, à se créer.
Commenter  J’apprécie          30
Ce qui est bref dans le temps immense et infini est long dans le temps rétréci sur le fond duquel se temporalise le Dasein commun.
Commenter  J’apprécie          30
Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Eternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.

Dire que l’Eternité est « retrouvée » signifie un retour en arrière : en un moment où elle n’avait pas encore été perdue – le monde grec où, dans l’immanence, l’Eternité est au plus près, puisque la Nature est ce qui est toujours là, offrant sa toute présence sur laquelle, selon l’apparence, glisse le Temps. Platon, qui a scindé le monde, séparant l’intelligible du sensible, est sans doute, comme le veut Nietzsche, le moins grec des Grecs. Pour ceux-ci, des Antésocratiques à Epicure et aux Stoïciens, il n’y a rien d’autre que la Nature. Certes, le Premier Moteur d’Aristote est, peut-on dire, sur-naturel, mais il est posé par la pensée pour rendre compte du monde, de sorte que la théologie est comme le « couronnement de la philosophie de la nature ». Le Dieu judéo-chrétien, qui a fait le Ciel et la Terre, transcende la Nature et l’histoire : « Eux périssent, Toi tu restes […] Toi, le même, sans fin sont tes années » (Psaume 102, 27-28). L’Eternité était donnée avec la Nature. Elle devient objet de foi et d’espérance – dès lors que le Christ est le « Seigneur » de la vie éternelle. Mais le poète retrouve l’Eternité en redécouvrant la Nature – qui ne se réduit pas au monde. Le monde peut être pensé comme périssable, non la Nature. En mai 1873, Rimbaud s’adonne – il l’écrit à Ernest Delahaye – « tout entier » à cette « contemplation » retrouvée de la Nature – qui est plus que contemplation, mais abandon, identification : « Je suis à toi, o Nature, o ma mère ! » Mais l’Eternité ainsi offerte, toujours là pour chacun (cf le « là » des vers 11 et 17), n’a plus rien de l’Eternité immuable : elle est mouvement éternel. Le contraire le l’immuable est immuablement là. Qu’est-ce, en effet , que la Nature ? On n’a d’elle que son aspect, son visage ; mais la partie vaut pour le Tout, et l’on peut dire : « C’est la mer allée avec le soleil. » La mer, qui change sans cesse, fait équipe avec le soleil, qui ne s’arrête pas une seule minute. La mer qui est eau, le soleil qui est feu sont pourtant adversaires, sont des contraires. Les contraires, quoique adverses, sont sous le même joug : Héraclite n’a-t-il pas reconnu l’unité et l’indissociabilité des contraires comme constitutives de l’ordre naturel des choses ? N’a-t-il pas vu dans l’opposition, dans ce que l’on nommera le « moment dialectique », la clé du dynamisme universel ? L’Eternité surnaturelle, promise et espérée, était vie – vie éternelle, excluant la mort. L’Eternité retrouvée est vie mais, pour les vivants, vie mortelle : vie sous le signe du temps, de la précarité, de la mort. La vie se perpétue, certes, mais seulement parce que, comme le dit Héraclite, il y a, indéfiniment, des « destins de mort à naître » (fr. 20 DK). Telle est la Vérité. Le Poète est le gardien de cette Vérité : il la recueille dans ses vers.
Commenter  J’apprécie          30
Le seul bonheur que j’aime et approuve, qui me laisse en paix avec ma conscience non pas morale (ce n’est pas d’elle qu’il s’agit) mais destinale, est le bonheur de la pensée lorsqu’elle se rend justice à elle-même d’être vraie, et le bonheur actif de la génération des pensées. On sait que la femme peut donner un certain bonheur typique. Je m’en suis toujours défié, et bien que j’aie eu affaire, souventes fois, à la tentation de m’y oublier, moi et l’idéal du moi, dans une certaine immédiateté de douceur, je me suis toujours, à temps, ressaisi, ma conscience philosophique en appelant de moi à moi-même et reprenant le dessus.
Commenter  J’apprécie          30
On ne peut décrire que le présent ou le passé, ce qui a lieu ou a eu lieu. Qu’en est-il donc de ma journée d’aujourd’hui ? N’ai-je pas vécu exactement à ma façon, sans contrainte, faisant de chaque heure un libre emploi ?
Commenter  J’apprécie          30
Je dois refuser d'admettre la possibilité de la légitimité du supplice des enfants. Or croire en l'existence d'un Dieu créateur du monde serait admettre la possibilité de cette légitimité. Ainsi, d'un point de vue moral, je n'ai pas le droit de croire, je ne puis croire en Dieu. Il est donc moralement nécessaire de nier l'existence de Dieu. (...) Il est indubitable, en effet, que le supplice des enfants a été et ne devait pas être, et que Dieu pouvait faire qu'il ne soit pas. Comme Dieu ne s'est pas manifesté dans des circonstances où, moralement, il l'aurait dû, s'il existait, il serait coupable. La notion d'un Dieu coupable et méchant apparaissant contradictoire, il faut conclure que Dieu n'est pas.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Marcel Conche (278)Voir plus

Quiz Voir plus

Portraits d'écrivains par des peintres

Bien avant de devenir Premier peintre du roi, et de réaliser les décors de la galerie des Glaces à Versailles, Charles Le Brun fut élève de Simon Vouet. De quel tragédien fit-il le portrait en 1642 ?

Corneille
Desmarets de Saint-Sorlin
Molière
Racine

12 questions
57 lecteurs ont répondu
Thèmes : portraits d'écrivains , Peinture française , peinture anglaiseCréer un quiz sur cet auteur

{* *}