AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Marguerite Yourcenar (2087)


Quand je considère ma vie, je suis épouvanté de la trouver informe.
Commenter  J’apprécie          300
Elle s'était trouvée mal quand les paysans étaient rentrés à l'aube du troisième jour avec leur charge sanglante sur une mule éreintée, et ses voisines avaient dû la ramener dans la maisonnette où elle habitait à l'écart depuis son veuvage, mais, sitôt revenue à elle, elle avait insisté pour offrir à boire à ses vengeurs.
Les jambes et les mains encore tremblantes, elle s'était approchée tour à tour de chacun de ces hommes qui répandaient dans la chambre une odeur presque intolérable de cuir et de fatigue, et comme elle n'avait pu assaisonner de poison les tranches de pain et de fromage qu'elle leur avait présentées, il lui avait fallu se contenter d'y cracher à la dérobée, en souhaitant que la lune d'automne se lève sur leurs tombes.
C'est à ce moment-là qu'elle aurait dû leur confesser toute sa vie, confon­dre leur sottise ou justifier leurs pires soupçons, leur corner aux oreilles cette vérité qu'il avait été à la fois si facile et si dur de leur dissimuler pendant dix ans son amour pour Kostis, leur première rencontre dans un chemin creux, sous un mûrier où elle s'était abritée d'une averse de grêle, et leur passion née avec la soudaineté de l'éclair par cette nuit orageuse; son retour au village, l'âme tout agitée d'un remords où il entrait plus d'effroi que de repentir; la semaine into­lérable où elle avait essayé de se priver de cet homme devenu pour elle plus nécessaire que le pain et l'eau; et sa seconde visite à Kostis, sous prétexte d'approvisionner de farine la mère du pope qui ménageait toute seule une ferme dans la montagne (...).
Commenter  J’apprécie          300
Il est étrange que pour nos chrétiens les prétendus désordres de la chair constituent le mal par excellence. Personne ne punit avec rage et dégoût la brutalité, la sauvagerie, la barbarie, l’injustice.
Commenter  J’apprécie          300
... je me suis rappelé qu'à cet âge je n'existais encore qu'à mes propres yeux et à ceux de quelques amis, qui devaient parfois douter de moi, comme j'en doutais moi-même . J'ai compris que peu d'hommes se réalisent avant de mourir: j'ai jugé leurs travaux interrompus avec plus de pitié.

(p.100)
Commenter  J’apprécie          290
Trop manger est un vice romain, mais je fus sobre avec volupté.

(p.16)
Commenter  J’apprécie          292
 
À La Gloire de L'Amour
 
Malheureux sont ceux-là qui vivent sans amour.
Sans lui, peut-on jamais ou bien dire ou bien faire ?
Je vieillis. Mon esprit est lent, mon souffle court,
Mais que vienne vers moi celui que je préfère,
Et je revis. Un chant s'exhale de ma bouche !
N'oppose pas au beau désir un cœur farouche.
L'âme est d'or, et l'amour est sa pierre de touche.
 
— Alphée de Mytilène   (Ier siècle de notre ère / Anth. Pal., XII, 18)
 
Commenter  J’apprécie          290
Vous ne saurez jamais

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté ;
Et que rien, ni le temps, d’autres amours, ni l’âge,
N’empêcheront jamais que vous ayez été.

Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que ce lac pensif au fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.

Vous ne saurez jamais que j’emporte votre âme
Comme une lampe d’or qui m’éclaire en marchant ;
Qu’un peu de votre voix a passé dans mon chant.

Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme,
M’instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.

(Extrait de Sept poèmes pour une morte. Recueil Les Charités d’Alcippe )
Commenter  J’apprécie          290
Je ne savais pas qu'il est plus difficile de ne céder qu'une fois, que de ne céder jamais.
Commenter  J’apprécie          290
L'Empereur s'y était installé pour surveiller les débats du Concile de Trente, lequel, comme toutes les assemblées chargées de décider quelque chose, menaçait de se terminer sans aboutir.
Commenter  J’apprécie          290
"Wang-Fô aime l'image des choses et non les choses elles-mêmes."
Commenter  J’apprécie          290
L'homme est une entreprise qui a contre elle le temps, la nécessité, la fortune, et l'imbécile et toujours croissante primauté du nombre. Les hommes tueront l'homme.
Commenter  J’apprécie          290
L'essentiel est que l'homme arrivé au pouvoir ait prouvé par la suite qu'il méritait de l'exercer.
(chap. 10)
Commenter  J’apprécie          281
Enfin, les femmes qui disent "les hommes" et les hommes qui disent "les femmes", généralement pour s’en plaindre dans un groupe comme dans l’autre, m’inspirent un immense ennui, comme tous ceux qui ânonnent toutes les formules conventionnelles.

Il y a des vertus spécifiquement "féminines" que les féministes font mine de dédaigner, ce qui ne signifie pas d’ailleurs qu’elles aient été jamais l’apanage de toutes les femmes : la douceur, la bonté, la finesse, la délicatesse, vertus si importantes qu’un homme qui n’en possèderait pas au moins une petite part serait une brute et non un homme.

Il y a des vertus dites masculines, ce qui ne signifie pas plus que tous les hommes les possèdent: le courage, l’endurance, l’énergie physique, la maîtrise de soi, et la femme qui n’en détient pas au moins une partie n’est qu’un chiffon, pour ne pas dire une chiffe.

J’aimerais que ces vertus complémentaires servent également au bien de tous. Mais supprimer les différences qui existent entre les sexes, si variables et si fluides que ces différences sociales et psychologiques puissent être, me paraît déplorable, comme tout ce qui pousse le genre humain, de notre temps, vers une morne uniformité.
Commenter  J’apprécie          280
Chabrias, toujours préoccupé du juste culte à offrir aux dieux; s'inquiétait du progrès de sectes de ce genre dans la populace des grandes villes ; il s'effrayait pour nos vieilles religions qui n'imposent à l'homme le joug d'aucun dogme, se prêtent à des à des interprétations aussi variées que la nature elle-même, et laissent les coeurs austères s'inventer s'ils le veulent une morale plus haute, sans astreindre les masses à des préceptes trop stricts pour ne pas engendrer aussitôt la contrainte et l'hypocrisie. Arrien partageait ces vues. Je passai tout un soir à discuter avec lui l'injonction qui consiste à aimer autrui comme soi-même ; elle est trop contraire à la nature humaine pour être sincèrement obéie par le vulgaire, qui n'aimera jamais que soi, et ne convient nullement au sage, qui ne s'aime pas particulièrement soi-même.
Commenter  J’apprécie          280
La victoire et la défaite étaient mêlées, confondues, rayons différents d'un même jour solaire.
Commenter  J’apprécie          280
En tout cas j'étais trop jeune. Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans. On risque, avant cet âge, de méconnaître l'existence des grandes frontières naturelles qui séparent, de personne à personne, de siècle à siècle, l'infinie variété des êtres, ou au contraire d'attacher trop d'importance aux simples divisions administratives, aux bureaux de douane ou aux guérites des postes armés. Il m'a fallu ces années pour apprendre à calculer exactement les distances entre l'empereur et moi.
Carnets de notes des "Mémoires d'Hadrien"
Commenter  J’apprécie          280
(...) à moins d'une affinité élective, toujours rare, les êtres ne se rapprochent et ne forment des liens durables que quand le milieu social, l'éducation, des idées ou des intérêts communs les lient, et quand leurs propos sont tenus dans le même jargon.
Commenter  J’apprécie          280
Marguerite Yourcenar
Ce IIᵉ siècle m'intéresse parce qu'il fut, pour un temps fort long, celui des derniers hommes libres. En ce qui nous concerne, nous sommes peut-être déjà fort loin de ce temps-là.

[Carnets de notes de Mémoires d'Hadrien]
Commenter  J’apprécie          280
« Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts. » (p. 423)
Commenter  J’apprécie          280
Trahit sua quemque voluptas. A chacun sa pente: à chacun aussi son but, son ambition si l'on veut, son goût le plus secret ou son plus cher idéal. Le mien était enfermé dans ce mot de beauté, si difficile à définir en dépit de toutes les évidences des sens et des yeux. Je me sentais responsable de la beauté du monde. (...) Je voulais que l'immense majesté de la paix romaine s'étendit à tous, insensible et présente comme la musique du ciel en marche.

(p.148)
Commenter  J’apprécie          274



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marguerite Yourcenar Voir plus

Quiz Voir plus

Marguerite Yourcenar

Quelle est la nationalité de Marguerite Yourcenar ?

Elle est belge
Elle est américaine

10 questions
283 lecteurs ont répondu
Thème : Marguerite YourcenarCréer un quiz sur cet auteur

{* *}