Citations de Marie Pavlenko (561)
J'ai eu mon bac, j'avais bien mérité de fêter l'événement. Pardon, mais même si tout le monde a l'air de considérer la chose comme allant de soi - le bac, un petit caillou dans l'océan de la vie -, je considère, perso, que je viens de franchir un cap crucial de mon existence.
Les arbres font vivre, Solas. Ils changent le sol, apportent l'eau. Des animaux vivent dans leur ombre, s'y nourrissent, d'autres viennent s'y reposer, s'y réfugier. Le monde est riche avec les arbres. Sans eux, il est stérile. J'ai découvert tout ça. L'Ancienne a raison. J'aimerais tellement que tu comprennes.
L'oiseau est libre, le ciel lui appartient, il frôle l'infini, loin.
Blaise signe avec sa main amie. Il honnit peut-être son moignon qui rime avec rognon, coupé au-dessus du coude, comme elle. Mais ce qu’il met en avant, c’est l’autre. La main qui subsiste. Qui résiste. Abi ouvre sa main, la ferme. Son amie.
Éloïse sourit comme dans une pub de dentifrice et court rejoindre l'homme au cerveau-chouquette : mou et plein d'air.
« Je danse, danse, et danse encore. Les tourbillons me happent et m’aident à oublier. Je me dissous dans les corps qui se balancent et convulsent, dans la lumière tamisée qui brouille les visages. Le désastre familial, mon père qui ne vivra plus jamais sous notre toit, Victor tout près dans les bras d’une autre. Parfois, un oppression m’écrase les poumons et je lutte contre les larmes. Mais je suis balèze à ce petit jeu et je danse plus vite, plus fort. »
Elle rit. Un rire mou, mais un rire quand même.
Elle m’embrasse sur le front.
Je tente de me regarder une dernière fois dans le miroir de l’entrée. Il a disparu. Les post-it le recouvrent de haut en bas.
– Amuse-toi bien ! Je t’aime, Déborah, tu es mon soleil ! lance ma mère depuis la salle de bain où elle se maquille.
Tandis que je sautille dans l’escalier, je réfléchis.
Jamais ma mère ne m’a dit un truc pareil.
Mon père se mouche bruyamment. Dans un mouchoir EN TISSU*. Cet homme s'est perdu dans une machine à remonter le temps, une famille l'attend quelque part, au XIXe siècle.
*en italique dans le texte.
Tod attrapa mon visage, me força à le regarder. Ce fut comme si on m'avait lancé une bouée alors que je nageais dans un océan de boue. Son regard tendre et inquiet dégoupilla ma terreur. Je me blottis dans ses bras et laissai la crise de nerfs m'emporter.
Mourir, c'est la fin. Le monde continue de tourner sans nous. C'être exclu du monde, renoncer aux chemins que nous n'avons pas eu le temps d'emprunter. Il y a cette idée de gâchis. On voudrait s'accomplir et être heureux mais on se dissout dans le quotidien, on se laisse dévorer par un travail chiant, des soucis sans intérêt, et au final on passe a coté de notre vie.
Vous élevez une Cité neuve, dans laquelle le bien-être de tous est pris en compte. Plus de contraintes décidées par une poignée de dirigeants, privilèges et privilégiés sont bannis. Dans la ville des Enfants-Sortilèges, chacun est libre tant qu’il ne dérange pas les autre, libre aussi de choisir son destin.
Il existe une division entre les Clans, une frontière quasi "naturelle", avec d’un côté ceux qui produisent grâce à la terre, Planteurs, Sourciers, Dresseurs, dit-il en montrant les Conseillers tour à tour, et de l’autre, ceux qui parasitent…
-Je vous présente ma fille ! annonça Niels sans prendre de pincettes.
Je pense que j’aurai préféré une entrée en matière plus délicate. La rumeur s’éleva.
-Ta fille ? Qui est sa mère ? D’où sort-elle ?
Mes joues virèrent au cramoisi.
-Et ma compagne, ajouta Tod, ferme.
Non, pire que cramoisi
Rita, quand elle sourit, c’est le printemps qui chasse l’hiver.
Sa fille, le boulet manchot. Manchot, un des mots maudits avec "amputé ", "handicapé", et "moignon". Il ne s'agit pas seulement de leur signification. La sonorité est atroce.
Peut-être que mamie s'accoutume au silence. Elle ne l'entend plus. Peut-être qu'il tisse un filet insidieux autour d'elle et l'étouffe. À moi, il creuse la poitrine à coup de pioche.
Il ne me reste plus qu'à ramasser mon égo tombé en poussière par terre et en faire un saucisson en macramé.
La consigne officielle est "cinq fruits et légumes par jour". On devrait donner la même pour les amis. Nourrissez-vous uniquement de poireaux, et c'est la carence assurée. Côtoyez toujours les mêmes gens et vous finirez le moral en charpie.
Abi recommence ses petits mouvements, elle malaxe, presse, elle veut avoir mal et sentir que cette fois, la douleur n’émane pas de son cerveau délirant mais de ses muscles, du sang, des os, de sa main qui subsiste. Qui résiste.
- Parfois j'ai envie d'y croire, moi, à ce monde. Tu sais pourquoi ?
Je fais non.
- Parce que, s'il a existé, il peut renaître...