Citations de Marie de Hennezel (540)
Penser la mort, c'est penser la vie.
Kierkegaard
Olivier de Ladoucette, qui voit des centaines de seniors par an, est catégorique : les gens ont peur de viellir parce qu'ls souffrent du regard que l'on porte sur eux. Ils ont l'impression d'être laids, inutiles, un fardeau pour la société. Ils nous faut donc commencer par changer le regard que nous portons sur les personnes âgées. Lorsque notre regard aura changé, nous percevrons mieux tout ce que nous pouvons faire pour atténuer les peurs qui nous habitent.
La chaleur de nos cœurs empêche nos corps de rouiller. Yvan a alors ouvert un œil et l'air malicieux il a rétorqué : oui mais pas de dérouiller.
Il avait bien raison, la vieillesse est une épreuve impitoyable. Mais cette anecdote montre aussi que l'homme qui tient ces propos, apparemment pessimiste est capable au seuil de sa mort, d'humour et de distance.
Si vous ne vous y êtes pas préparés, si vous n'avez pas développé vos ressources intérieures, les seules qui permettent de vivre cette dernière étape de la vie, vous risquez de vivre un enfer. Vous vous dites que ce jour là, il vous restera toujours la liberté de mettre fin a votre vie, de décider de disparaitre , d'appuyer sur la touche étoile, pour reprendre une expression désormais célèbre. (Expression de Benoite Groult pour désigner le suicide assisté 2006)
Chaque âge a son sens. Nous allons d'âge en âge, de crise en crise, de succès en succès ou d'échec en échec, nous vivons. Et la vie nous impose de nous adapter à elle, même si nous croyons la mener, la maîtriser.
Puisque l'individu représente l'unicité, l'imprévisible et l'ininterprétable absolu, le thérapeute en face de lui doit renoncer à tous ses présupposés et à toutes ses techniques et se borner à une attitude qui sait se dépouiller de toute méthode.
Le rêve est comme la terre, un lieu sacré.
Le désir inconscient n'équivaut pas au vouloir conscient, aussi faut-il aider les mourants et leurs proches, à prendre conscience de cette possible coexistence des contraires, de cette ambivalence.
Nous avons tous expérimenté dans nos existences ou à travers nos rêves, de troublantes coïncidences, que Jung appelle des "synchronicités". C'est-à-dire la rencontre fortuite de deux événements - un événement psychique et un événement extérieur qui n'ont pas de lien de causalité - qui font pourtant émerger un sens.
J'ai accompagné des mourants pendant dix ans. Et cela ne m'a pas semblé dur, ce qui pourrait sembler inconcevable à certains. J'ai énormément appris, tiré de mon métier beaucoup de fierté et, oui, de joie de vivre. Je ne suis pas la seule dans ce cas et je ne pense pas qu'il soit si difficile de recruter dans ce secteur, à partir du moment où vous formez les salariés, où vous les payez décemment et où vous donnez du sens à leur travail.
Avant de mourir, on peut accoucher d'une parole, d'un geste, de quelque chose qui vient des profondeurs de soi et que l'on offre à quelqu'un.
La mort, celle que nous vivrons un jour, celle qui frappe nos proches ou nos amis, est peut-être ce qui nous pousse à ne pas nous contenter de vivre à la surface des choses et des êtres, ce qui nous pousse à entrer dans leur intimité et leur profondeur.
Les neurosciences ont démontré que nos neurones, loin de constituer un stock qui s'épuise, peuvent fabriquer des connexions nouvelles jusqu'à la fin de notre vie.
Le cerveau déteste la routine. Il faut donc introduire du nouveau dans la vie quotidienne. Ne pas avoir peur du changement, être ouvert à l'inattendu.
La démence est certainement une manière de s'absenter d'un monde ou d'une réalité à laquelle on ne peut s'adapter, car on l'a écarté de son champ de conscience.
La psychologie a toujours été pour moi l'art de parler à l'âme. Ecouter est essentiel pour épargner le trop plein d'angoisse, mais cela ne suffit pas.
La mort, c'est comme un bateau qui s'éloigne vers l'horizon. Il y a un moment où il disparaît. Mais ce n'est pas parce qu'on ne le voit plus qu'il n'existe plus (page 87).
Ils prennent douloureusement conscience du peu d'intimité qu'ils ont avec cette personne qui va mourir, même si elle est quelqu'un de très proche, un frère, un conjoint, un parent... Les mots qui permettraient une rencontre affective, les " je t'aime ", les regards qui laissent passer l'émotion, sont comme gelés. Même la proximité physique semble difficile, et l'on voit des " proches " qui se tiennent à un mètre du lit, ou qui n'osent même pas entrer dans la chambre. On pense qu'ils sont terrorisés par la mort, mais non, justement ! Ce n'est pas la mort qui leur fait peur, c'est l'intime.
On a besoin d'un "Tu peux". C'est cela la véritable autorité, celle qui autorise, qui fait confiance.
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Le brouhaha s'est estompé dans l'immense salle des congrès, car Sa Sainteté le Dalaï Lama est arrivé sur l'estrade. On voit monter par les marches sur le côté un jeune garçon très frêle, le crâne chauve, presque diaphane. On voit qu'il s'agit d'un enfant malade, bien qu'il soit debout, très droit. Une femme le guide jusque devant le Dalaï Lama, prononce quelques mots, et nous voyons le saint homme se pencher vers l'enfant. Les deux crânes chauves, l'un tanné et brun, l'autre d'un blanc presque transparent, sont maintenant front contre front. Il y a quelque chose d'infiniment émouvant dans cette rencontre entre un vieux sage et cet enfant malade. Un homme, au micro, nous explique que l'enfant est atteint d'une leucémie et que sa vie est en danger, car les traitements ont tous échoué. Le plus grand désir de l'enfant était de rencontrer un jour le Dalaï Lama. Ce désir est donc exaucé aujourd'hui.
Le vieux moine place l'enfant à la table de conférences, à sa droite, et les dernières interventions du colloque se succèdent au micro. Arrive enfin le temps des questions posées par la salle. Luc Bessette s'adresse alors à l'enfant et lui demande : "Peux-tu nous dire ce dont tu as le plus besoin, au point où tu en es arrivé de ta maladie ? Peux-tu nous dire aussi ce que la mort signifie pour toi ?"
On voit alors l'enfant prendre le micro et, avec une autorité intérieure certaine, répondre d'une voix calme et étonnamment posée : "J'ai besoin que l'on soit avec moi, comme si je n'étais pas malade. Que l'on rie, que l'on s'amuse avec moi, qu'on soit naturel ! Je sais que je suis sur terre pour un temps limité, pour apprendre quelque chose. Lorsque j'aurai appris ce que je suis venu apprendre, je partirai. Mais dans ma tête, je ne peux pas imaginer que la vie s'arrête !"
Voilà comment mille cinq cents personnes savantes ont reçu, cet après-midi-là, la plus belle leçon de sagesse et de simplicité qui soit. Une parole d'or dans la bouche d'un enfant condamné par la médecine. Un immense frisson a couru dans la salle, suivi d'un profond silence. Il y avait des larmes dans bien des yeux. Le vieux moine s'est levé et s'est penché vers l'enfant, comme il se serait incliné devant un maître. Il a entouré ses épaules d'une écharpe blanche et l'a béni. Des applaudissements sans fin ont soulevé la salle qui ne savait pas comment dire autrement l'émotion intense qui était la sienne.
(françoise simpère) "on nous parle sans cesse de biodiversité indispensable à la nature, dans les ressources en énergie, de la capacité à changer de travail, et en amour seulement on voudrait imposer la monoculture, qui dessèche et appauvrit les sols comme les sentiments"