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Critiques de Mark Millar (458)
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Batman Mythology : Bruce Wayne

Après avoir exploré Gotham City et la Batcave dans deux précédents récits, cette fois-ci, l'éditeur Urban Comics, revient avec un titre centré sur Bruce Wayne, toujours dans la collection Batman Mythology.



Cette collection ainsi que Batman Arkham (qui elle ce concentre sur les vilains) sont vraiment très intéressantes, car elles regroupent de nombreuses histoires sur des thèmes bien précis. J'avais adoré les Anthologies parues il y a quelques années, mais avec ces deux nouvelles collection, on creuse plus en profondeur certains sujets et/ou personnages, et surtout, on a le droit à des récits inédits !



Ici, le recueil se compose de 13 histoires, réparties en 3 catégories, qui marquent les étapes de la vie de Bruce Wayne.



Nous avons « Vie volée », « Vie rêvée » et « Vie masquée », dont les histoires ont étés écrites entre 1950 et 2014. Il y a donc des styles assez différents, avec du moderne, mais aussi pas mal d’ancien. Un peu comme pour les anthologies, il faut aimer lire les vieilles histoires, qui ont un rythme de narration différente. Personnellement, cela ne me dérange pas du tout, bien au contraire, car c’est toujours intéressant de voir l’évolution des graphismes et de la narration au fil des décennies, et surtout, de voir comment un personnage aussi emblématique que Bruce Wayne, s’est construit, sous les plumes des différents et talentueux auteurs et dessinateurs.



Tout au long de ces histoires on va donc voir se dérouler la vie de Bruce Wayne, de son enfance et au drame tragique qu’est la mort de ses parents, jusqu’à ce qu’il décide de porter le costume et de devenir Batman.



Nous avons donc ici un recueil assez important, car il peut permettre aux nouveaux lecteurs de découvrir le personnage mais aussi aux anciens, d’approfondir leurs connaissances sur le sujet. Le prix est plus qu’abordable, puisque nous avons 300 pages pour 24€, et que comme toujours, l’édition d’Urban Comics, ne souffre d’aucun défaut.



À posséder, pour tous les fans du Caped Crusader !

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Superman : Red Son

Une variante assez intéressante de Superman s’il avait atterri dans la Russie de Staline pour devenir un parfait camarade au service de ce dictateur sanguinaire. Bon, il faut également dire que face à un Lex Luthor président américain, il n’avait rien à envier. Le match commence entre les deux super-puissances et va durer une cinquantaine d’année avant la victoire d’un bloc sur l’autre.



On retrouve des personnages connu de l’univers des comics comme Superwoman, Batman ou Green Lantern qui feront des apparitions pour le moins surprenantes. J’ai également trouvé l’évolution du récit assez intéressant bien que cela parfois long par moment. Pour le reste, il faut être fan de super-héros pour pouvoir apprécier pleinement.
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Jupiter's Legacy, tome 2 : Soulèvement

Ce tome fait suite à Jupiter's Legacy, tome 1 : Lutte de pouvoirs (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant, car ces 10 épisodes forment une saison complète. Celui-ci contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2016/2017, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Frank Quitely, avec une mise en couleurs réalisées par Sunny Gho, la même équipe créatrice que le premier tome. Pour avoir une idée plus complète de l'histoire personnelle des protagonistes, le lecteur peut également découvrir Jupiter's circle 1 et Jupiter's circle 2 (en VO), également écrits par Mark Millar.



En 1991 à Santa Fe, George Hutchence a revêtu son costume de Skyfox, et il papote avec son fils Hutch qui est en train de regarder un dessin animé des Tortues Ninjas. Il lui construit un bâton de pouvoir, et il finit par sortir sur sa pelouse devant son pavillon, alors qu'une horde de superhéros est en train d'y atterrir. Sur une route aux environs de Paris en 2020, Hutch (le fils de Skyfox) se matérialise dans un fourgon policier, et il y libère un supercriminel appelé Tornado. Dans une métropole du Sud de la Chine, la supercriminelle Neutrino vient de dévaliser une banque et elle s'enfuit dans une voiture de sport, en s'en vantant au téléphone auprès d'une copine. Chloe Sampson se matérialise sur le siège passager et lui propose de rejoindre son groupe d'individus dotés de superpouvoirs.



Puis Hutch et elle recrutent chacun leur tour d'autres personnes : Light-Girl à Singapour, Wood King à Berlin, Automaton à Londres, Jack Frost en Antarctique, Tattoo au Brésil. Pendant ce temps-là, Brandon Sampson inspecte les mesures de sécurité dans la prison Supermax pour individus dotés de superpouvoirs. Il évoque l'intervention de Hutch, avec oncle Walter Sampson, en présence de sa femme, de Ruby Red, et d'un autre superhéros. De leur côté, Chloe et Hutch s'apprêtent à délivrer Repro à Dubaï, mais pour cela ils doivent d'abord neutraliser Raikou, une gardienne capable de lire dans les pensées et dotée de superforce. Ils ont dû envoyer leur fils Jason en premier pour se mesurer à elle.



La première moitié de ce récit avait impressionné le lecteur par la rapidité de la progression de l'intrigue, la forte personnalité des protagonistes, et la beauté plastique des pages. Mark Millar reprenait ses thèmes habituels sur les superhéros, mais en enchaînant les étapes à un rythme soutenu, que ce soit la jeune génération uniquement intéressée par l'argent et la gloire, ou les superhéros s'opposant entre eux pour des questions parfois futiles. Frank Quitely réalisait des dessins délicats, immédiatement lisibles, montrant aussi bien l'apparence fragile des individus, que la force des destructions qu'ils causent. Le lecteur présuppose que les auteurs vont conserver les mêmes principes narratifs pour cette deuxième moitié. C'est plus compliqué que ça. Parmi la deuxième génération de superhéros, Brandon Sampson s'est emparé du pouvoir et règne de manière autoritaire. Une partie des autres (à commencer par Chloe & Hutch) a décidé d'y remédier.



La parution de ces 5 épisodes s'est étalée de juin 2016 à juillet 2017, pour que Frank Quitely puisse réaliser ses pages à son rythme. Le lecteur retrouve bien sa personnalité graphique dans tous les épisodes. En particulier il continue d'utiliser le découpage de planche qu'il préfère : 4 cases de la largeur de la page, par page. Comme dans le tome précédent, il ne s'en sert pas pour s'économiser en ne dessinant qu'une tête en train de parler au milieu de la case et rien d'autre. Il s'agit d'un parti pris esthétique pour donner une impression de grand angle cinématographique, de rehausser la sensation de spectacle. Quand la scène le dicte, il utilise d'autres découpages, toujours à base de cases rectangulaires sagement juxtaposées. Il peut arriver que le temps d'une page ou deux Quitely ne dessine pas de décors en arrière-plan dans ses cases, mais ça reste très minoritaire, et la mise en couleurs de Sunny Gho rappelle alors la couleur dominante du décor, établissant une continuité de lieu. Ce coloriste effectue un travail d'orfèvre, en phase avec la légèreté des dessins. Il utilise des teintes assez neutres, pour éviter d'ajouter un clinquant malvenu. Il joue sur les nuances pour souligner les reliefs de chaque surface, mais sans aller jusqu'à les sculpter, conservant ainsi la délicatesse du tracé des contours.



Comme dans le premier tome, Frank Quitely représente des individus avec des morphologies normales. L'ancienne génération dispose d'une musculature plus développée, sans être celle de culturistes. La nouvelle génération est plus élancée, semble plus naturelle. Pour accentuer encore la différence, l'ancienne génération de superhéros s'était confectionné des costumes, avec masque et cape, alors que la nouvelle utilise ses pouvoirs en habits civils décontractés, jean & teeshirt. Tous les protagonistes ont une prestance remarquable, un maintien élégant sans être maniéré. Les expressions des visages sont variées et parlantes, permettant au lecteur de se faire une bonne idée de l'état d'esprit de chaque personnage. Cependant le dessinateur a tendance à insister sur la dureté des visages masculins, en particulier quand ils ont la mâchoire crispée, et sur la douceur des visages féminins en particulier quand une femme éprouve de la compassion pour une autre personne.



En scénariste aguerri, Mark Millar fait en sorte de changer régulièrement de lieu pour donner quelque chose à représenter à l'artiste, et s'assurer que son récit conserve un attrait visuel. On peut même dire qu'il systématise ce procédé, en incluant des scènes à Singapour, à Berlin, à Londres, en Antarctique, au Brésil. En prime il mentionne lors de dialogues l'Afrique, la Chine, la Russie, pour faire bonne mesure. Frank Quitely a ainsi l'occasion de représenter ces endroits le temps d'une case, rarement plus. Il ne donne pas à voir un spectacle touristique, mais il inclut un ou deux détails qui attestent de l'information de lieu que donne la cellule de texte. Il réussit à représenter sur le même plan des séquences de nature très différente, d'une conversation banale dans le salon de George Hutchence, à des séquences d'affrontement physique titanesque, en passant par l'apparition d'une licorne mâtinée de joli poney aux couleurs improbables. Il réussit tout aussi bien à mettre en scène l'exercice de superpouvoirs fantastiques, que ce soit la capacité de Neutrino à voyager sur des particules subatomiques, ou les conséquences disruptives de l'usage du bâton de Hutch.



Le lecteur retrouve donc avec plaisir cette narration visuelle très élégante, sans être artificielle, ces personnages naturels, ces actions formidables. Il voit l'équipe de Chloe et Hutch se préparer à la grande bataille à venir, car ils ont décidé de renverser le despote en place. Leur plan est simple : réunir le plus possible d'individus dotés de superpouvoirs et affronter frontalement le dictateur et ses troupes. Pour se faire, ils vont chercher des personnes dotées de superpouvoirs qui se sont faites discrètes pour éviter d'être détectées et emprisonnées sur le champ. Ces prises de contact donnent lieu à des séquences étonnantes comme la recherche du père de Hutch, ou la libération de Repro. Le scénariste met en œuvre des superpouvoirs classiques, et reprend les manipulations mentales avec la plage vue dans le premier tome. Il s'amuse bien avec un jeu de renversements entre les illusions créées par 2 télépathes. Il joue sur l'aspect de petit garçon de Jason, le fils de Chloe et Hutch, et sur le fait que chaque personnage est susceptible de tomber au champ d'honneur, surprenant ainsi le lecteur.



De fait Mark Millar a donc abandonné la construction en saut du premier tome, pour se concentrer sur une phase décisive et ramassée dans le temps de l'évolution de la place des superhéros dans ce futur proche. Il mène à son terme la reprise en main des affaires par la deuxième et troisième génération, et cette saison se conclut de manière satisfaisante, même si la dernière page annonce une autre saison devant débuter en 2019. Pourtant le lecteur reste un peu sur sa faim. Jason a l'occasion de faire allusion à la manière dont la première génération a acquis ses pouvoirs sur une île en 1932, mais le scénariste n'en dit pas plus, laissant ce mystère entier. Le premier tome avait mis en scène une confrontation de valeurs entre 2 générations. Ce deuxième tome poursuit dans ce sens, mais avec une conclusion qui laisse pantois, en réinstituant l'usage d'identité secrète et masquée, et en revenant globalement au statu quo précédent. Alors même qu'il a montré que l'apparition de superhéros avait bouleversé l'ordre mondial, Mark Millar conclut en les renvoyant à l'anonymat, et leur faisant dire qu'ils utiliseront leurs pouvoirs pour redresser les torts, sur la base de leur propre code morale, forcément infaillible. Après avoir raillé les règles implicites des comics de superhéros (ils ne s'attaquent jamais aux vrais problèmes, et leur présence ne change rien au cours de l'Histoire), il revient à ce statu quo bien pratique pour mettre en scène des personnages récurrents de fiction, comme s'il abandonnait toute velléité de commentaire social ou sociétal sur l'action par la force, et la justice masquée d'une poignée d'individus.



Le lecteur entame cette deuxième moitié de première saison avec confiance. Il retrouve les dessins personnels de Frank Quitely qui offre une narration visuelle délicate et sensible, bien complétés par la mise en couleurs de Sunny Gho. Par contre il découvre une intrigue des plus linéaires, avec quelques trouvailles, mais qui revient sur les rails des comics de superhéros basiques.
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Ultimates II Ultimate Collection

Ce tome comprend les 13 épisodes de la deuxième saison des Ultimates, parus de février 2005 à février 2007. Il fait suite à Ultimates 1 (ultimate collection).



Épisodes 1 à 4 - Tout commence avec une belle ingérence des États-Unis en Irak : Captain America est parachuté à coté d'un site où sont détenus plusieurs otages américains. Un informateur au sein du SHIELD a révélé à la presse la véritable identité du monstre qui a fait plus de 800 victimes en plein coeur de New York dans le tome précédent. Thor s'oppose de plus en plus ouvertement aux actions des Ultimates qu'il a quittés. Nick Fury a résilié le contrat d'Hank Pym qui doit se trouver du travail ailleurs. Qui plus est, Pym ne peut plus utiliser les pouvoirs et le nom de Giant Man qui sont devenus la propriété du gouvernement des États-Unis. Il choisit de répondre à une petite annonce d'un groupe de superhéros en train de se former : les Defenders.



Épisodes 5 à 13 - Ça commence par un carnage : l'élimination méthodique de la famille d'un superhéros par une équipe menée par le traître présent dans l'équipe des Ultimates. Nick Fury se rend sur place pour accélérer l'enquête et découvre rapidement qui menait cette équipe d'assassins. Il décide de mettre un terme immédiatement à la liberté et peut-être à la vie du traître. Quand tout à coup... À mon grand regret, je ne peux pas vous en dire plus car Mark Millar frappe un très grand coup en termes de scénario.



Après une première saison ébouriffante, Mark Millar et Bryan Hitch reviennent pour la suite. C'est toujours un pari risqué et il est évident que la deuxième saison sera jugée à l'aune de la première. Sur le plan des illustrations, il n'y a pas de solution de continuité : Hitch a conservé le même style. Il poursuit dans la veine des illustrations photoréalistes avec un luxe de détails permettant de faire prendre vie à ces personnages costumés. Il accentue notablement l'impression que ces histoires se déroulent dans une réalité très proche de la notre où seuls quelques éléments relèvent de l'anticipation. Au-delà de l'exactitude des éléments militaires (armements et tenues), Hitch déploie une énergie incroyable pour les décors. Il a expliqué par exemple que le quartier dans lequel se promènent Captain America et The Wasp a été dessiné d'après des photos des années 1940 pour capturer l'ambiance particulière de cette époque. Lorsque les Ultimates sont dans une salle de réunion, il est possible de reconnaître la marque des fauteuils; le modèle des téléphones de bureau et les canettes de boissons gazeuses. En Norvège il dessine une scène de foule dans laquelle les fans de Thor sont obligés d'évacuer un bois. Chaque personne porte un vêtement d'hiver ressemblant à ce que l'on peut voir dans la rue à la même saison et tous différents. À aucun moment, il ne néglige les arrières plans qui sont toujours habités par des figurants aux traits distincts ou par un décor spécifique. Chaque personnage est aisément identifiable et a fait l'objet d'une conception graphique réfléchie. Je garde en particulier en mémoire l'étonnante Valkyrie des Defenders, ainsi que Nighthawk et son magnifique costume. Hitch a même insisté pour inclure une case s'étalant sur 8 pages.



Bryan Hitch trouve à chaque fois la mise en scène qui met le mieux en valeur les personnages ou l'action en fonction du scénario. La détresse de Thor emprisonné dans les geôles de Triskelion transparaît sur visage. Grâce aux expressions faciales assez nuancées, le personnage de Thor devient plus que le simple fanfaron mythomane observé dans les épisodes précédents. Le face à face intime entre Steve Rogers et Janet Pym transmet le malaise qui existe entre eux. La scène dans laquelle Steve se confie à son meilleur ami touche le lecteur grâce au langage corporel juste et mesuré. Chaque moment d'émotion bénéficie de dessins plus subtils que dans la moyenne des comics. Et puis il y a tous les passages où ça pète de partout. L'approche photoréaliste de Hitch permet au lecteur de réaliser pleinement l'impact des superpouvoirs sur un environnement facilement assimilable au sien. À la fin de l'entretien entre Janet et Steve, ce dernier saute par-dessus la balustrade du balcon pour s'élancer d'un toit à l'autre. Dans une case, seules figurent le bas de ses bottes de combat. Les lacets sont correctement représentés et l'absorption du choc résultant du saut se répercute sur la pliure des pieds.



Pour les épisodes 1 à 4, Millar se trouve dans une position plus délicate. Cette partie ne sert qu'à écarter Hulk pour qu'il puisse bénéficier de son propre titre. Millar est déjà pris au piège de la continuité et de l'univers partagé. Il doit libérer le personnage pour qu'il puisse apparaître dans sa propre minisérie. Du coup, le lecteur ne peut que constater que le scénario retombe dans les clichés habituels des superhéros : aucune mort n'est définitive et l'évolution d'un personnage est compromise par la volonté de l'entreprise propriétaire des droits d'en tirer toujours plus de revenus. Aussi agaçant, les épisodes 3 & 4 consacrés à Thor restent sur le statu quo, ils ne font rien évoluer. Là encore, j'ai eu l'impression que Millar gardait le mystère du personnage pour consommer plus tard. Iron Man joue les seconds rôles de luxe, sachant que Millar ne peut pas le mettre au premier plan puisqu'il a déjà sa propre série. Avec ce tome Millar retombe dans les mêmes travers que les séries habituelles de superhéros : construire une continuité de plus en plus complexe et rester à la surface des personnages en les bridant dans leurs évolutions potentielles.



Pour les épisodes 5 à 13, je ne sais pas ce que Millar avait mangé avant de se lancer dans cette partie de l'histoire, mais ça lui a réussi. À chaque moment, l'empathie pour les personnages fonctionne à plein. Steve Rogers reste un individu avec de fortes convictions et des valeurs morales qui sans être obsolètes, sont très conservatrices et d'une autre époque. Mark Millar est vraiment l'un des rares scénaristes à savoir montrer Steve Rogers sous un jour cohérent et complexe. Les convictions de Rogers ne se limitent pas à une idée de la justice ; en tant qu'individu il est convaincu du bienfondé de l'idée que les États-Unis doivent être la police du monde. Et Millar ne se prive pas de montrer les conséquences de cette politique interventionniste. En scénariste roublard, il joue sur les 2 tableaux : les grands méchants impérialistes, et la seule nation qui ose intervenir militairement pour limiter les atrocités. Hank Pym reste l'individu que le lecteur déteste tout en ne pouvant s'empêcher d'apprécier sa rouerie et son opportunisme. Millar insère également des moments aussi brefs que révélateurs pour donner plus d'épaisseur à Nick Fury (le moment où il tient la main d'une dame), à Clint Barton (qui reste crédible malgré son arme), à Thor, à Tony Stark (impressionnant dans son destin tragique lié à sa maladie), etc. Seules les possibilités entrevues pour Janet Pym dans la première saison ne sont pas exploitées. Ces moments sont brefs parce que la priorité est à l'action spectaculaire, et là aussi Millar et Hitch offrent au lecteur un récit qui tient toutes ses promesses, et même plus.



Après un début un peu trop destiné à faire fructifier les propriétés de l'éditeur Marvel, Mark Millar et Bryan Hitch développent une histoire haletante, provocatrice, avec des personnages attachants du fait de leurs contradictions. Le spectacle est total, le plaisir est total.
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Jupiter's Legacy, tome 1 : Lutte de pouvoirs

Ce tome est le premier d'une nouvelle série. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus entre décembre 2013 et janvier 2015, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Frank Quitely, avec une mise en couleurs de Peter Doherty (qui également réalisé le lettrage). Mark Millar a écrit une deuxième série en parallèle se déroulant avant ce tome : Jupiter's circle dessinée par Wilfredo Torres.



En octobre 1932, au Maroc, Sheldon Sampson essaye de convaincre un capitaine de bateau de l'emmener sur une île non répertoriée qu'il a vue en rêve. Il est accompagné de 6 personnes. Le capitaine finit par accéder à sa demande. En 2013, Brandon Sampson est en train de siroter un verre dans un bar avec un pote quand il se fait aborder par 2 groupies. Il leur donne rendez-vous dans les toilettes de l'établissement.



Dans le Vermont, Utopian (Sheldon Sampson) intervient avec une demi-douzaine de superhéros pour neutraliser le supercriminel Blackstar. La victoire est acquise grâce aux superpouvoirs de Walter Sampson (le frère de Sheldon). Ailleurs Chloe Sampson (la fille de Grace et Sheldon) s'envoie en l'air avec Hutch.



Impossible de résister à l'attrait d'un comics écrit par Mark Millar bénéficiant des dessins de Frank Quitely. Oui, mais est-ce que c'est bon ? C'est très bizarre. Ça commence comme un récit de pulp, où de riches hommes blanc (il y a quand même une femme) partent à la recherche d'une île où se trouve une force mystérieuse qui les attire, pour leur confier des pouvoirs. Ça fait quand même très cliché typé d'un autre âge, et pas très convaincant, ce concept d'élus (des américains bancs, bien sûr). Millar donne à nouveau l'impression d'écrire pour un lectorat bien choisi, de flatter le marché des États-Unis, de le caresser dans le sens du poil pour mieux leur fourguer sa camelote.



Ça ne s'arrange pas beaucoup avec cette deuxième ou troisième génération de superhéros qui ne pense qu'à tirer profit de leurs capacités extraordinaires, en devenant des célébrités, et en faisant fructifier leur renommée, par le biais de juteux contrats avec des sponsors. Ce n'est pas la première fois que Mark Millar sert cette idée à ses lecteurs. Arrivé au troisième épisode, Brandon se révolte contre l'autorité de papa Sheldon, en piquant une grosse colère et en faisant une grosse bêtise, comme le premier rebelle sans cause venu.



Mark Millar ressert au lecteur, ses provocations habituelles, déjà utilisées dans plusieurs de ses œuvres précédentes. Oui, mais d'un autre côté, il ne s'attarde pas dessus, ou il se moque de lui-même. C'est ainsi qu'un autre personnage fait observer le caractère "conte de fée trop beau pour être vrai" de ces pouvoirs confiés à une poignée d'individus pour sauver les États-Unis des retombées de la crise économique de 1929. Le fil narratif sur la célébrité monnayée ne dure pas très longtemps, et l'intrigue passe à autre chose. La grosse colère de Brandon semble quand même forcée (surtout quant à l'acte irréparable qu'il commet), mais là encore Millar passe à la suite, sans se vautrer dans sa provocation.



Du coup le lecteur finit par avoir l'impression que le scénariste égrène ces scènes, comme autant de points de passage obligé pour faire rapidement avancer son intrigue dont le cœur se trouve ailleurs, plus loin. Le ressenti est alors assez étrange : c'est du déjà lu, mais vite chassé par l'idée suivante, aussi connue et sympathique, avec une progression de l'intrigue très rapide. Finalement le lecteur n'en tient pas trop rigueur à Mark Millar, parce que la suite arrive vite et que cette enfilade de situations convenues finit par former une progression narrative impressionnante, entraînant le lecteur toujours plus loin. Alors, on peut grimacer en voyant le revirement soudain et pas toujours bien motivé de certains personnages (Brandon, Hutch), ça coince un peu du fait de transitions elliptiques trop soudaines. Mais ça passe quand même du fait d'un rythme soutenu, et du renouvellement des idées, l'intrigue étant nourrie rapidement par les suivantes, l'une chassant l'autre.



De son coté, Frank Quitely assure un spectacle à la fois élégant et efficace. Il est dans une forme éblouissante, avec un investissement de chaque case. Dès la couverture, le lecteur apprécie la morphologie normale des 2 personnages, les yeux un peu trop maquillés de la demoiselle, son aspect Lolita gothique. Pendant ces 5 épisodes, le lecteur côtoie des personnages hauts en couleur, avec des apparences très faciles à mémoriser, sans qu'elles ne soient caricaturales. Certes les hommes ont tendance à avoir un torse volumineux, et à être un peu plus grands que les femmes qui, elles, sont plus fluettes. Cependant le portrait de Sheldon Sampson en patriarche est des plus convaincants. L'apparence de Brandon Sampson en jeune rebelle emporte immédiatement l'adhésion du lecteur.



Rapidement le lecteur constate que Quitely construit ses mises en scènes de manière à conserver un intérêt visuel dans la narration, même quand Millar n'a pas été très prévenant en développant une conversation statique (sans changement de lieu, sans action) sur plus d'une page. Toujours, avec ce même regard critique, il constate aussi que les arrière-plans contiennent des informations visuelles sur le lieu où se déroule la scène, ou sur ce que font les personnages secondaires, même pendant les affrontements physiques. On est donc en présence d'une narration visuelle étoffée.



Au fur et à mesure des séquences, le lecteur constate que certains visuels lui restent en mémoire ; il peut s'agir de choses très diverses et variées. Dès la première page, il apprécie la manière dont Grace Sampson porte sa chemise d'homme, sans sexualisation, avec un port altier qui atteste de sa place dans cette équipe d'explorateur. Le dessinateur représente Sheldon Sampson comme un patriarche à la carrure impressionnante, une force de la nature indépassable. Le lecteur pense au Superman de Kingdom Come (de Mark Waid & Alex Ross), en plus strict, un portrait très réussi.



En termes de langage corporel, la façon dont Brandon est vautré sur le canapé dans le bar en dit long sur son assurance, sa haute estime de soi, et son arrogance. Dès ces 2 pages, le lecteur a envie de lui en coller une, avant même de se rendre compte à quel point il est imbu de sa personne. Le face-à-face entre Hutch et les 2 hommes de main dans un bar donne à voir au lecteur, la tension des hommes de main convaincus qu'ils auront le dessus avec quand même un doute insidieux, et l'assurance calme d'Hutch. Le face-à-face entre Sheldon Sampson et Hutch est une leçon de direction d'acteur, confrontant l'assurance que donne l'expérience, au refus de se laisser embobiner, tout en étant respectueux.



En termes de décor, Walter Sampson recrée une délicieuse plage, avec ses cabines pour se changer, tout ça au profit de Blackstar, et du lecteur qui sent comme un parfum de vacances. En rapport avec l'île, l'artiste donne vie aux brins d'herbe avec un minimum de traits, pour un effet animé. Les couloirs de la Maison Blanche sont à la fois austères et imposants.



Pour ce qui est de l'ameublement, le lecteur constate l'investissement de l'artiste quand il se rend compte qu'il peut réassembler les morceaux du plateau de verre de la table basse, cassé par la chute de Chloe. Quitely ne se contente pas d'accoler quelques morceaux de forme hasardeuse, il a fait l'effort de les concevoir en gardant à l'esprit la géométrie initiale dudit plateau.



Frank Quitely est tout aussi impressionnant dans sa manière de représenter la violence, sans rien occulter de sa dimension horrifique. Il sait souligner discrètement la barbarie des affrontements physiques, de telle sorte qu'ils ne puissent pas être réduits à un spectacle de l'ordre du divertissement et que le lecteur ait conscience des conséquences destructrices sur les corps.



Le tome se termine avec la reproduction des couvertures variantes au nombre de 13, parmi lesquelles celles de Bryan Hitch (*5) sont de toutes beauté.



Ce premier tome commence par déconcerter le lecteur qui voit Mark Millar accumuler les séquences dans lesquelles il revient sur ses marottes préférées concernant les superhéros. Il n'y a pas de nouveauté, mais il n'y a pas de lassitude car il ne tire pas à la ligne. Ces situations perfectionnées par Millar lui-même bénéficient des dessins aussi expressifs que subtils de Frank Quitely qui permettent qu'elles expriment leur saveur et leur sens, sans tomber dans les stéréotypes déjà vus. De page en page, le lecteur s'aperçoit que l'enfilade de ces séquences permet aux créateurs de se reposer sur leurs sous-entendus pour avancer rapidement dans leur intrigue en se reposant sur des ellipses, pour parcourir un chemin impressionnant. Les personnages acquièrent de l'épaisseur, par leur comportement et leurs motivations. L'intrigue générale dépasse les repères habituels des récits de Millar pour se prolonger plus loin.
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Superman : Red Son

Et si Superman était tombé en Ukraine, grandissant dans l'URSS stalinienne? Voici le thème de ce one-shot, qui réecrit l'histoire d'un des plus célèbres super-héros.

Reconnaissons que c'est plutôt sympa: c'est noir, bourré de clins d'oeil pour ceux qui connaissent l'univers canon du dernier fils de Krypton, agréable à lire, et pour une fois il n'y a pas plein de sous-entendus à préquels ou sequels ou je ne sais quoi, un tord chez les comics en ce moment qui créent tellement de cross-overs qu'on ne peut suivre une série sans devoir en acheter trois.

Cela reste un comics, avec les défauts du genre: le dessin très particulier des comics, on aime ou on aime pas, ce n'est pas le pire possible, mais il en existe des plus originaux, malgré quelques belles planches, scénario évidemment un peu limité...

C'est plutôt pour les gens qui connaissent déjà quelque chose à l'univers , malgré le fait que ce soit un one-shot, sinon beaucoup de détails et d'ellipses ne feront aucun sens, car reposant trop fortement sur des allusions ou des clins d'oeil.
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Nemesis

À Tokyo, un homme dans un costume tout blanc (avec cape et masque) s'apprête à donner le coup de grâce au chef de la police. Il est assisté de 2 hommes. Le chef de la police est ligoté et Nemesis a annoncé qu'il l'exécuterait à 10h35. Pour passer le temps, il énumère les crimes qu'il a commis avant cette mise à mort finale : l'empoisonnement d'un réservoir d'eau, une attaque au gaz dans une salle de spectacle et le vol d'un bijou précieux. Cette scène se termine par un carnage provoquant la mort de plusieurs centaines de d'innocents. Deuxième scène : Blake Morrow (un policier haut gradé) se salit les mains en mettant un terme à une prise d'otages dans une effusion de sang (le sang des preneurs d'otages). À l'issue de son action d'éclat, un policier lui remet un carton indiquant qu'il est la nouvelle cible de Nemesis qui a projeté de le tuer le 12 mars courant. Nemesis arrive aux États-Unis et il commence par attaquer Air Force One.



Mark Millar (le scénariste) est devenu à la fin des années 2000, le roi de l'esbroufe dans le monde des comics. En 2008, il a créé Kick-Ass (dessiné par John Romita junior) dont il a vendu les droits directement au cinéma avec le film réalisé dans la foulée (Kick Ass). Fort de ses succès passés (Wanted également adapté en film, et Ultimates) Millar a le droit d'avoir quelques prétentions et Marvel a publié 2 de ses séries en 2010 ("Nemesis" et "Superior" avec Leinil Yu). "Nemesis" correspond également à sa troisième bande dessinée avec Steve McNiven, les 2 premières s'étant également classées dans les premières ventes (Civil War en 2006 et Old Man Logan en 2008/2009). Impossible d'ignorer un tel pédigrée.



À la lecture "Nemesis" s'avère une histoire assez courte, complète, initialement 4 épisodes, soit environ 90 pages de bande dessinée. Némésis est le nom de la déesse de la vengeance dans la mythologie grecque. Le lecteur apprend rapidement (dans le premier quart) quelle vengeance lie les 2 personnages principaux. Millar a claironné partout que cette histoire correspond à une version de Batman s'attachant à faire le mal plutôt que le bien, dans un monde où il n'y a pas de superhéros. Effectivement, la première rencontre avec Nemesis le montre portant ce costume de superhéros ou supercriminel, tout de blanc vêtu comme un double inversé de Batman avec son costume sombre. Cet élément place d'emblée ce récit dans le registre des superhéros (sans superpouvoir) avec une exigence assez élevée de suspension consentie de l'incrédulité. Ne vous attendez pas à du réalisme ou du plausible ; par exemple dans une scène d'action enlevée, Nemesis conduit une voiture qui s'ouvre en 2 pour révéler une moto futuriste que Nemesis pilote avec les mêmes commandes que celles de la voiture. Coté crimes, le lecteur est servi par un Mark Millar en verve. Le premier cité (l'empoisonnement d'un réservoir) évoque évidemment le méfait perpétré par le Joker lors de sa première apparition. Les suivants s'avèrent plus cruels et sadiques avec une volonté perverse de briser l'esprit des victimes. En ceci, Millar s'inscrit dans une longue tradition des comics dans laquelle une partie du plaisir de lecture dérive de la fascination pour la barbarie des crimes commis.



Millar construit son récit sur l'horreur des crimes perpétrés et sur des scènes d'action spectaculaires dans lesquelles McNiven peut s'en donner à cœur joie. Il compose ses pages sur la base de 3 à 6 cases, une mise en page assez aérée. Il s'est éloigné de l'encrage minutieux de Dexter Vines pour "Old Man Logan", pour un style un tout petit peu plus lâche avec une légère influence manga dans la représentation des mouvements (fluidité et rapidité). À la vue des pages, le lecteur peut constater les influences d'Akira dans la mise en scène des mouvements et des impacts, et les influences de Gary Frank dans les dessins des visages (Supreme Power). Le résultat dégage une énergie impressionnante. Ses choix graphiques inscrivent fortement cette histoire dans la tradition des comics de superhéros : il n'y a qu'à regarder le repaire de Nemesis pour contempler une variation de la Batcave. Le lecteur contemple un aménagement souterrain spacieux qui abrite une voiture sur une plaque tournante, ainsi qu'un avion de chasse dans une autre salle. Cette pleine page est représentative du ton du récit : la fantaisie adolescente. Dans la réalité un tel déploiement de technologie nécessite une armée de techniciens assurant la maintenance. Dans cette histoire, il tombe sous le sens que toutes ses merveilles n'ont pas besoin d'entretien ou de contrôle technique. McNiven réalise des planches très agréables à regarder, efficaces, fluides et brutales, en mélangeant un réalisme sec avec des influences superhéros. Il s'amuse également avec le blanc immaculé du costume de Nemesis pour faire apparaître les fines traînées de sang des victimes.



Ce tome constitue une lecture agréable bien ficelée avec une chute qui ouvre une nouvelle perspective sur les événements contés et des illustrations précises et pleines de vie. Le récit s'éloigne des comics de superhéros pour s'inscrire dans le registre du thriller, avec quelques éléments trop gros pour y croire. À différentes reprises, j'ai eu l'impression que Millar avait calibré ses ingrédients pour contenter son cœur de cible, un peu comme des auteurs comme Douglas Preston et Lincoln Child composent artificiellement leur roman en insérant telle et telle scènes afin de plaire aux lecteurs (je pense par exemple à Danse de mort qui sent plus une recette toute faite qu'autre chose).
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Kick-Ass 2, tome 1 : Restez groupés

J’avais beaucoup aimé le premier diptyque de Kick-ass, l’histoire de Dave, cet ado lambda qui décide de devenir un super héros. Évidemment, il n’a aucun pouvoir mais il décide quand même d’enfiler une tenue moule-burnes et de partir chaque soir défendre la veuve et l’orphelin. Évidemment, les choses se passent très mal et il reçoit une raclée mémorable qui l’envoie à l’hosto pour plusieurs mois. Pas découragé pour autant, il retourne patrouiller dans les rues et devient un phénomène sur Youtube. Son association avec Hit-Girl (une gamine d’à peine dix ans) et Big Daddy, eux aussi justiciers masqués, va le mener à un terrible affrontement final avec des sbires de la mafia au cours duquel Big Daddy est tué et Dave torturé. Secouru par Hit-Girl, l’adolescent semblait, après cet épisode sanglant, s’être rangé des voitures.



Au moment où s'ouvre ce nouveau volume, Kick-Ass reprend du service et entre dans une ligue de justiciers créée sur Facebook. En toute logique, Justice éternelle (le nom du groupe de Kick-ass) va engendrer des réactions négatives qui vont aboutir à la formation d’une équipe de super-criminels, les mégas-enfoirés (j’adore la poésie de ce nom !). Au final, l’affrontement entre les bons et les méchants va être ultra-brutal et ces super-héros ordinaires vont y laisser des plumes, c’est le moins que l’on puisse dire.



Nous voila donc repartis dans un nouvel arc narratif (une expression à la c… utilisée par l’éditeur) très très violent. Autant vous le dire tout de suite, cet album s’adresse aux lecteurs avertis qui n’ont pas peur de l’hémoglobine. Le premier cycle donnait déjà dans le sanglant mais je pense que cette fois-ci un nouveau palier a été franchi. Le problème c’est que le semblant de légèreté (tout est relatif !) et l’humour des volumes précédents a totalement disparu. Tout l’art des auteurs consistaient à mettre en scène avec truculence des super-héros comme vous et moi qui ne jouaient pas à faire semblant. Ici, le principe reste à peu près le même mais la verve et l’autodérision ont disparu. On donne dans le glauque, la violence gratuite et on grimpe sur l’échelle de l’innommable avec le plus grand sérieux. Du coup, tout le plaisir de la lecture disparaît pour laisser place à un certain malaise. Le voyeurisme morbide, très peu pour moi. Je ne doute pas que certains apprécient beaucoup ce genre de choses, ça ne me pose d’ailleurs aucun problème, mais personnellement je ne suis pas le bon public.



Une certitude, de mon coté, l’aventure Kick-Ass s’arrêtera là. Et si l’envie me prend de faire le plein de testostérone, je retournerais lire Doggy Bags. Au moins, je suis sûr d’y trouver mon compte.






Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Prodigy, tome 2 : Le cercle Icare

• Prodigy, Tome 2

• Mark Millar (Scénario) & Matteo Buffagni (Dessin)

• Panini



Je vais être direct, je n'avais pas du tout accroché au premier volume de Prodigy.

Mais alors ? Pourquoi aller sur le tome 2 ?

Parce que c'est Mark Millar et que je lis tout ce qu'il fait.



Et au final, j'ai peut-être bien fait, car ce tome 2 , bien que loin d'être sans défaut, m'a bien plus plu que le premier.

Si au dessin nous perdons Rafael Albuquerque et que Matteo Buffagni est nettement moins bon, au scénario, c'est beaucoup mieux !

Ce que je reprochais au premier volume, c'était un personnage principal beaucoup trop fort, beaucoup trop intelligent, à qui il ne peut finalement rien arriver et nous n'avons pas peur pour lui lorsqu'une menace arrive étant donné que c'est à peine une menace pour lui qui est bien au dessus des autres.

Pour ce volume c'est un peu corrigé avec l'introduction d'une société secrète comptant dans ses rangs des personnes du même calibre que lui.



Le bémol vient en deuxième partie de récit, avec l'aventure que les personnages vont vivre et que j'ai trouvé plutôt fade.



En bref, du mieux par rapport au tome 1, mais il manque encore un peu de matière pour arriver à quelque chose de vraiment bon.

Peut-être avec le tome 3 ?!
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Huck

J’ai dit Huck en super-héros et non Hulk. Il ne faut pas confondre bien que cela soit également une montagne de muscle made in America.



Nous aurons droit au héros un peu niais qui fait ses bonnes actions suivant une liste bien définies (retrouver le chien du voisin, déplacer des souches d’arbres tenaces etc…). C’est clair qu’il ira au paradis aux côtés de son mentor un certain Superman . Il y a un côté également où il se veut assez discret mais la vérité finira par éclater médiatisation oblige. C’est là qu’il deviendra vulnérable.



Je mets tout de même un 3 étoiles car j’avoue avoir passé un bon moment de divertissement sans perdre le fil. Il s’agit d’un one-shot et non d’une série interminable. Une histoire courte mais bien construite.
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Reborn

Visiblement, il y aurait une vie après la mort. Notre héroïne se retrouve ainsi catapultée dans un nouveau monde féerique où elle était attendue comme l'élue pour mettre fin aux agissements macabres de Lord Golgotha. Elle passe au passage d'un vieux corps à un nouveau corps assez avantageux. Nous voilà rassuré !



A noter un graphisme qui ne laissera pas de marbre avec un bestiaire assez effrayant par moment.



Cela se lit assez rapidement avec une grande fluidité dans les scènes d'action. Pas de temps mort car place à l'action et au combat. Le scénario reste classique dans son déroulement. Il y aura des clichés mais une assez bonne maîtrise du scénario dans son ensemble.



Pour autant, je dois dire que le questionnement de la vie après la mort est assez bien traité par l'auteur qui apporte une réponse originale. Cette vieille femme a eu une vie assez douloureuse par moment comme par exemple quand elle a perdu son mari lors d'une tuerie en ville. Elle va recroiser dans ce nouveau monde les personnes qu'elle a croisées dans sa vie, que cela soit les bons ou les mauvais !



Cela reste un bon divertissement qu'il faut prendre comme tel. On retrouve par ailleurs tous les codes de la fantasy, ce qui n'est pas pour me déplaire. Reborn est une renaissance pour un voyage onirique assez merveilleux, quoique périlleux !
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Chosen : L'élu

Cette histoire d'élu est franchement remarquable. On part sur un constat intéressant. Il peut quelque fois arriver que vous puissiez échapper à une mort inéluctable. Votre vie s'en trouvera complètement changée. Ce récit va plus loin puisque le miraculé de service peut alors accomplir de véritables miracles en guérissant des malades par exemple. Et si c'était le nouveau Jésus qui revient sur Terre pour nous éviter l'apocalypse ?



On va aller vers une surprise finale qui sera de taille. Les choses ne sont pas toujours ce que l'on croit, ni ce que l'on aimerait qu'elles soient. Cette pensée s'applique ici à 100%.



C'est un récit assez osé mais qui a le mérite de poser de bons jalons sur une théorie plausible. La force de cette histoire est de rester bien ancrée à une réalité, celle d'un gamin de 12 ans dans l'Amérique profonde et qui prend conscience d'un destin qui le dépasse.
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Kick Ass - The New Girl, tome 1

Mark Millar joue sur un ensemble de stéréotypes américains plus classiques et plus crédibles que dans la première mouture de Kick-Ass (woman power, armée, minorité noire, famille, etc.).



John Romita Jr. a fait de gros progrès en dessin (heureusement, j'ai lu quelque part qu'il était le plus représentatif des dessinateurs chez Marvel, ce qui m'a beaucoup étonné et même inquiété). L'encrage et la mise en couleurs doivent y être pour beaucoup. Là, c'est le cas. On trouve malgré tout quelques dérapages en matière de proportions qui sont impardonnables de la part d'un professionnel. Heureusement, le traitement numérique des effets de matières et de lumière gérés par le coloriste, Peter Steigerwald, rattrapent un peu le coup (le dessin est souvent noyé dans les ombres et des textures très travaillées).



Ceci dit, je me suis laissé avoir par le prologue qui est accessible "légalement" sur le net et je dois reconnaître que c'est tellement bon que j'ai failli commander la suite alors que je venais à peine de tourner la dernière page. Après vérification, la série a été confiée à deux d'autres acteurs de l'industrie du comics, ce qui a un peu refroidi mes ardeurs. Après avoir feuilleté les premières pages de la version anglaise, force est de constater que le volume 2 est traité avec une mollesse inadmissible. John Romita Jr. se lâche un peu sur le réalisme de certains personnages mais, au moins, ses mises en scène sont-elles d'un grand dynamisme. Alors, j'en reste là. Sans remord.
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The Magic Order, tome 1

C’est peu de dire que je l’attendais celui-là! Depuis ma découverte des illustrations d’Olivier Coipel et ma première lecture de l’auteur sur Spider-verse, la diffusion des planches de l’album, j’imagine ce qu’un Mark Millar qui nous a proposé autant de chefs-d’œuvres pourra nous proposer. A noter que ce volume est un one-shot, comprenant les six issues de la publication US avec les couvertures originales en séparations de chapitres, des couvertures alternatives et une bio des auteurs (y compris l’excellent coloristes sans qui, tout de même, les dessins de Coipel ne seraient pas aussi forts). Le fait qu’il s’agisse du premier album publié par Netflix avec comme objectif une adaptation (déjà annoncée) à l’écran est pour moi totalement secondaire bien que cette info ait accaparé une bonne partie de l’attention des sites de comics. Et je crains d’ailleurs que la brièveté de l’album ne limite pas mal les possibilités d’univers large en série TV.



La famille Moonstone protège le monde des dangers d’entre les dimensions, de ce qui se cache entre les réalités. Ils sont magiciens. Ils ont une famille. Ils ont des problèmes. Ils sont humains… Lorsqu’une puissante magicienne bannie passe à l’action, les membres de l’ordre tombent les uns après les autres, massacrés par un mystérieux personnage déguisé en vénitien. Leur dernier espoir réside dans le plus puissant d’entre eux: Gabriel. Mais Gabriel a renoncé à toute magie depuis la mort de sa fille…



Les comics de Millar sont particuliers en ce que l’on sait à l’avance qu’ils ne seront pas ratés: la découverte réside dans la barre placée très haut et qui fait se demander si l’on aura été trop gourmand ou si l’on a un nouveau chef d’oeuvre. Sa très grande qualité (outre le choix d’immenses dessinateurs, contrairement à son compatriote Alan Moore qui semble opter pour l’inverse…) réside dans la cohérence de ses univers et la radicalité du traitement. Un peu comme Rick Remender, il aime placer de tout puissants personnages dans les affres des difficultés psychologiques du bas peuple. J’ai trouvé en cela de grandes proximités de Magic Order avec Jupiter’s Legacy, dans cette approche familiale alliant de brillants représentants confrontés aux désirs paternels et d’autres vilains canards qui n’arrivent pas à gérer leur vie quotidienne. Mark Millar a un vrai talent de dialoguiste et de metteur en scène (à quand une réalisation?), créant des caractères intéressants, des images géniales et des scènes d’actions que ses dessinateurs savent parfaitement dynamiser. On a tout autant de plaisir à voir un magicien faire ses courses avant d’affronter un Titan que des assassinats défiant les lois de la physique et un prestidigitateur compter les entrées de son spectacle du soir. Et lorsqu’il laisse divaguer son imagination sur le sort original qu’il pourrait trouver on a une explosion d’idées toutes plus inventive les unes que les autres.



Contrairement à la famille d’Utopian dans Jupiter’Legacy, l’ambition ici reste celle d’une transposition adule du concept Harry Potter (jusque dans les baguettes). J’aime voir des variation sur le même thème, comme le Black Magick de Nicola Scott qui penche plus dans l’intimiste féminin. Pas de discours politique donc, aucune dénonciation, Magic order est (ce qui est beaucoup reproché à Millarworld) un concept destiné à lancer une poule aux œufs d’or audiovisuelle pour l’investissement de Netflix. Ce manque d’ambition de l’auteur écossais est dommage car son talent est fou et il est un des rares scénaristes à assumer ses envies, sans censure, se rapprochant beaucoup plus de la philosophie du Franco-Belge que de l’industrie super-héroïque formatée. Chez Millar on se drogue, des gamins égorgent des adultes dans la nuit, les personnages sont ouvertement homosexuels et même quand c’est édité chez Marvel les super-héros se font massacrer et le monde dominer par une famille Hulk consanguine et dégénérée (Old-man Logan qui a inspiré le Logan de James Mangold au ciné). Ce n’est pas le trash pour le trash mais juste plus réaliste que ce qu’on lit souvent. Millar donne à voir la vie réelle des super-héros une fois ôté le vernis politiquement correcte. Et c’est ce que veulent les lecteurs comme le montrent les grands succès de super-hero movies au cinéma. Malheureusement Magic Order est au format one-shot, ce qui est suffisant pour lancer un pitch mais bien trop court pour développer un background solide et réaliste. Pour rappel Jupiters’s Legacy tenait en deux tomes…



Graphiquement en revanche on a sans doute un des plus beaux comics de l’année. Olivier Coipel est un très grand dessinateur avec un style qui évite les dessins trop léchés de nombre de ses confrères. Un peu comme Jerôme Opena ou Sean Murphy j’aime le côté rapide, à la fois très précis et hachuré de ses cases. La colorisation de Dave Stewart rehausse incroyablement ces dessins et si Panini propose une édition spéciale n&b, personnellement je ne suis pas sur que ce soit préférable tant on à ici l’alchimie parfaite dessins/couleurs qui rend l’album supérieur. Le design général est également au top, avec une élégance et un côté décalé qui rend cette histoire vivante. Les différents magiciens sont à peine entraperçus, nous donnant terriblement envie de savoir de quoi ils sont capables, avant de disparaître… Encore frustrant.



Magic order est donc bien un des tous meilleurs comics sorti depuis longtemps, d’une facture irréprochable, mais aussi frustrant qu’enthousiasmant. Qu’il s’agisse des personnages, de l’histoire de l’ordre et de la Guerre secrète, de la famille Moonstone, tout n’a que le temps d’être effleuré et c’est déjà fini. Pourtant il y a de la bravoure, du mystère, du sang, de la folie,… tout ce qui fait un succès. Les auteurs s’amusent pendant quelques planches à imaginer les pouvoirs de ces sorciers, comme si détruire les amusait plus que bâtir sur le long terme. Le magnat des comics aurait pu nous gratifier d’un ou deux volumes supplémentaires pour bâtir un sommet des comics. Il préfère nous laisser là les yeux brillants, à relire ce qu’il nous a jeté et attendant sagement son prochain concept. Avec une prolongation sur Netflix pour les plus passionnés.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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The Magic Order, tome 1

"The Magic Order" de @mrmarkmillar et @OlivierCoipel chez @paninicomicsfra



Synopsis :



"Cinq familles de magiciens ont prêté serment : celui de protéger les humains des créatures qui rôdent dans la nuit. Mais un ennemi a mis en place un plan implacable et se débarrasse des membres de l’ordre l’un après l’autre..."



Scénario : Mark Millar ;

Dessins : Olivier Coipel ;

Éditeur : Panini Comics ;

Prix : 22.00 € ;

Commandez-le sur Original Comics ou sur Excalibur Comics.



Voici en ce jour, l'un des plus beaux comics que j'ai pu lire ces derniers temps. Je suis fan du travail de Monsieur @OlivierCoipel et cette version en N&B met plus, qu'en avant son travail et son talent. Et en plus, lorsqu'on l'associe au talent de @mrmarkmillar, qui n'est plus à présenter, on a comme résultat ce magnifique bijou qu'est The Magic Order, paru chez @paninicomicsfra. C'est tout simplement une réussite cette version N&B [...]



La suite de la chronique ici :
Lien : https://wordpress.com/post/y..
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Wolverine : Old Man Logan

Wolverine Old Man Logan... Ou le comics paf! dans la gueule! paf! rooh...



Ou aussi le comic de super héros que j'aime... Et d'ailleurs les supers, bin....



ILS ONT PERDUS!!!

Oui vous m'avez bien entendus, ils ont perdus.... ça fait cinquante ans qu'ils ont perdus... et putain c'est pas la joie.

L’Amérique redécoupée pour les vainqueurs, ça craint sérieusement. Rohlalala.... mais quelle merde!



Et ceux qui ont survécu ne font pas de vague... Logan en fait partie... Logan a survécu, d'un côté quand tu as un pouvoir régénérant... Mais pas sûre qu'il aurait pas préféré y passer comme les copains...

Il a une famille, des enfants, un fermier au milieu du désert...

Et tu lis, et tu sais qu'il c'est passé un truc encore plus horrible... ça monte... et oh putain!

oh putain tout!

oh putain les dessins qui sont paf dans la gueule!

oh putain les survivants !

oh putain les encore survivants, même si plus pour très longtemps... spéciale dédicace à Dardevil.. perso j'aimerais pas...

oh putain l'humour de Hawkeye, sur Hawkeye... Hawkeye tout court.

Et c'est ça que j'aime, ça reste drôle, même si on est en pleine panade, panade pour tout, à tous les niveaux.. le dedans le dehors...

et puis tu lis, tu dévores, tu regardes, tu t'en prends plein les mirettes.. Et plein la tronche.. Uppercut du droit accompagné d'un direct à l'estomac.

Et pi y a les détails qui te serrent le bide... Ultron t'es dur ! Pour la chance t'es sûr ?! (bon là faut avoir lu le bouquin pour comprendre ^^)

Et pi y a Banner, et pi y a Emma Frost et pi y a....

Et pi y a encore le dessin...

Et pi y a le pourquoi Wolverine n'est plus Wolverine.. Enculés!!!... oh l'horreur... oh putain noooooon....

Et si.. même si tu l'avais vu venir.... Parce que quand tu réfléchis deux secondes ça ne peut être autre chose... Et t'es triste... Si t'es triste... Et tu peux pas t’empêcher de faire un retour en arrière sur ce combat, pour bien te reprendre un coup d'horreur dans la tronche, mais pour se mettre de l'autre côté...

Et pi y a tous les clins d’œil... plus où moins glauques..

Et pi y a du sang...

Et pi y a les images, les souvenirs des copains morts... leurs ombres qui planent... oh putains de cases !

Ouais comment ça envoie du pâté !

Comment c'est beau, même si c'est tragique, comment c'est merveilleux même si c'est l'enfer!

Et pi tu le lis en Vo et tu t'en rends même pas compte, parce que tout coule...

Et pi y a ce qu'il n'aurait pas fallu faire.. du tout... Enfin si tu veux pas réveiller le serval endormi...

Et pi y a la fin... le dernier combat de cette histoire-là.. qui à mon sens est too much... et c'est con. Mais pas grave.

Et pi tu veux en lire d'autres dans cet univers-là...

Et que tu sais même pas si ça existe, si c'était pas juste une histoire comme ça.. pour que le scénariste Millar se fasse plaisir, pour que Mcniven (le dessinateur) aussi... juste une fois, et t'espère que non... ça serait con!



Et pi tu comprends les gueulantes à propos du film qui a rien, mais rien à voir avec la choucroute!

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Huck

Ce tome est le premier (et peut-être le dernier) d'une histoire indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2015/2016, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Rafael Albuquerque, et mis en couleurs par Dave McCaig.



Dans une petite bourgade rurale du Maine, vit un individu à la carrure imposante, à la figure angélique, prénommé Huck. Il exerce les fonctions de pompiste à la station-service du coin. Cet individu dispose d'une force colossale, surhumaine même et il est capable de tout retrouver. Les habitants de la petite ville font en sorte que son existence reste la plus discrète possible, secrète même. De son côté, Huck n'a jamais connu sa mère. Le seul souvenir qu'il possède d'elle est le petit mot qui était dans son panier d'osier quand il a été abandonné encore nourrisson sur le porche d'un gentil couple : aimez-le. Huck est d'une bonne nature, la bonté même. Son credo est d'accomplir une bonne action par jour : arracher une souche qui résiste à un tracteur (lundi), collecter les poubelles de toute la ville (mardi), acheter un repas pour chaque habitant (mercredi), etc.



Un jour, Diane Davis (une nouvelle arrivée) est obligé de freiner d'un coup sec, alors que Huck court à toute vitesse sur la route de nuit. Elle subodore alors qu'il n'est pas comme tout le monde Madame Taylor, une voisine, finit par la mettre au parfum en lui faisant jurer le secret pour le bien de Huck et de la communauté. Mas en voyant un reportage sur l'enlèvement de femmes commandités par Boko Haram, il décide d'intervenir au Cameroun. De son côté, Diane Davis ne tient pas sa langue, poussée par l'intérêt pécuniaire. Cela n'empêchera pas Huck d'accomplir sa bonne action quotidienne (en fait si, ça va le mettre un peu en retard), mais ça va surtout le rendre visible aux yeux d'individus très intéressés, à commencer par son frère Tom.



Comme pour chaque nouvelle série écrite par Mark Millar, celle-ci a bénéficié d'une bonne campagne promotionnelle avant coureuse, puis d'un excellent bouche-à-oreille au vu des premières pages mises à disposition sur les sites spécialisés. Enfin, Mark Millar allait donner sa version de Superman, écrit de manière novatrice et respectueuse (refrain déjà entendu à l'occasion de la parution de Superior du même Mark Millar, mais c'est une autre histoire). En plus, il a encore réussi à s'adjoindre les services d'un dessinateur très en vue : Rafael Albuquerque, ayant acquis sa notoriété sur la série American Vampire de Scott Snyder. Effectivement les premières pages parues pour promouvoir le titre, montre ce beau jeune homme à la forte carrure, aux cheveux blonds coupés courts effectuer une course spectaculaire et débarrassée de tout dialogue encombrant, sautant du toit d'une voiture sur un autre, puis courant à fond dans les rues de la ville désertes de nuit, puis à travers champ, puis sur le sommet d'une falaise dénudée, pour effectuer un magnifique plongeon dans l'océan. La séquence est visuellement superbe, avec une lisibilité optimale, et un sens de la vitesse qui fait honneur au personnage.



La suite du premier épisode s'avère tout aussi convaincante et sympathique sur le plan visuel. Le dessinateur fait le nécessaire pour planter les décors d'une petite ville américaine afin de lui donner une consistance et une patine intemporel. Le passage au Cameroun reste très vague sur les arrière-plans, mais Daive McCaig fait un excellent travail d'habillage des cases par les couleurs pour donner l'impression d'une jungle verdoyante. La dernière page du premier épisode se présente sous la forme d'un dessin pleine page, évoquant l'Amérique florissante et accueillante de Norman Rockwell. Les pages du deuxième épisode sont construites sur le même principe. Les scènes d'action sont spectaculaires, et mettent Huck en valeur, avec sa force et sa grâce, sans jouer sur la brutalité ou la violence. Le saut sur le toit d'un train en mouvement est l'occasion d'admirer une construction métallique, et l'intervention dans le désert d'Afghanistan montre une cascade d'une rare vivacité, avec un sens du mouvement exceptionnel



Du début jusqu'à la fin, Rafael Abuquerque assure un spectacle impressionnant, plutôt bon enfant. Il prend soin de planter le décor en début de chaque séquence, et Huck bénéficie d'une incroyable présence visuelle chaque fois qu'il apparaît. Le dessinateur le représente souvent en train de sourire, d'un sourire franc, sans malice et sans arrière-pensée. Les autres personnages sont tout aussi vivants. L'aspect sinistre du professeur Orlov est un peu appuyé pour faire comprendre qu'il est le méchant de l'histoire. Le sourire de Tom est presqu'aussi radieux que celui de son frère. Les dames sont menues et pleine d'allant, sans aucune exagération de leur sexualité. De page de page, le lecteur se dit qu'il voit le monde par les yeux de Huck, avec son émerveillement, sa simplicité et son plaisir de vivre et d'accomplir des bonnes actions. Il remarque aussi qu'Albuquerque a tendance à s'exonérer de dessiner les arrière-plans plus souvent au fur et à mesure des épisodes, ce qui rompt parfois le charme de l'immersion.



L'artiste a donc parfaitement su adapter sa façon de dessiner pour être en harmonie avec l'état d'esprit de ce jeune homme simple, voire un peu simplet au dire de certains personnages. Il représente sans difficulté toutes les choses les plus saugrenues prévues par le scénario : d'une pompe à essence vieux modèle semblant dater des années 1950, à un bleu de travail semblant provenir de la même époque, en passant une girafe, un méchant terroriste enturbanné voulant décapiter son prisonnier, ou un groupe de canards en train de traverser une autoroute. De fait, d'épisode en épisode, Mark Millar donne l'impression de brosser son lectorat américain dans le sens du poil. Le récit permet de visiter quelques endroits des États-Unis : une ville du Maine, une maison un peu à l'écart dans le Vermont, ou encore un diner en Caroline du Nord. En listant les autres lieux visités, le lecteur note qu'il s'agit de pays ennemis des États-Unis ou de zones de conflits : l'Afghanistan, la Sibérie, le Cameroun. Le scénariste semble tout faire pour flatter l'américain moyen en lui montrant son beau pays, et en faisant intervenir un beau jeune blond athlétique pour régler les problèmes dans des zones où les États-Unis se verraient bien en police mondiale, voire même en redresseur de torts.



D'un côté, il faut reconnaître à Mark Millar d'avoir imaginé un personnage irrésistible. Huck est un bon samaritain, sans rien de calculateur, dont les bonnes actions réchauffent le cœur : retrouver des personnes disparues, sauver des gens prisonniers d'une inondation, offrir des fleurs, retrouver un chaton disparu et le ramener à sa mère Anna Kozar. Le récit est lui aussi en phase avec son protagoniste principal : bon enfant. L'auteur évoque une Amérique fantasmée, intemporelle, avec des individus prenant soin les uns des autres. Il proscrit ses provocations trash habituelles, et il reste premier degré du début jusqu'à la fin. D'un autre côté, le lecteur européen tique un peu devant cette apologie décomplexée d'une Amérique saine et vertueuse. Il tique encore plus quand, en toute mauvaise foi, Millar la fait paraître encore plus saine, en l'opposant à l'Afghanistan, à Boko Haram, ou encore aux pratiques d'emprisonnement en Sibérie. Comme souvent, Millar conçoit son récit sur mesure pour plaire à son lectorat cible par la flagornerie. Sans le dire explicitement, il vante les mérites d'un américain bon teint, sain de corps et d'esprit, qui célèbre les vertus de l'American Way of Life, voire qui présente sous son meilleur jour sa position de grand frère des autres nations de la planète. La narration premier degré du récit rend impossible d'y voir la moindre ironie, de soupçonner le moindre début de caricature.



La lecture de ce tome est très rapide, et très agréable, mais le point de vue sous-jacent la rend un peu aigre. L'intrigue est bien menée et rapide, avec une mise en place astucieuse. La deuxième partie oppose les bons aux méchants, d'une manière manichéenne, qui sous-entend que jamais les États-Unis ne se rendraient coupables des mêmes exactions que les russes (ça fait quand même un bout de temps que la Russie est entrée dans le capitalisme…). La méthode employée pour que Huck reprenne le dessus sur ses adversaires fait immédiatement penser aux personnages de Chris Claremont trouvant des ressources d'énergie insoupçonnables en eux, parce que quand on veut on peut, et parce que les héros ont le bon droit de leur côté. La fin permet de retrouver un statu quo douillet.



Cette histoire de superhéros sympathique et simple n'est pas pire qu'une histoire de superhéros Marvel ou DC et elle bénéficie d'une narration visuelle supérieure à la moyenne. Néanmoins un lecteur adulte a du mal à adhérer au produit qui lui est vendu. Pour commencer, Rafael Albuquerque prend quelques raccourcis graphiques pour terminer en temps et en heure (absence de décors de manière trop voyante). Ensuite, Mark Millar est malhonnête du début jusqu'à la fin. Il fait mine de proposer un héros au cœur pur, ayant grandi selon les principes d'une morale judéo-chrétienne, en individu désintéressé et altruiste. Mais dans le même temps, il fabrique de toute pièce un récit cousu main pour un lectorat, en flattant ses instincts patriotiques basiques, sans réflexion, sans recul, dans une démarche mercantile qui avance à visage découvert. La dissonance cognitive qui naît de ces 2 dimensions ne permet pas au lecteur d'être satisfait de sa lecture psychotique.
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Civil War, Tome 1 : Guerre civile

Revenons-en à nos moutons. Et nos moutons noirs.

Tout comme « The Road to Civil War », ce graphic novel vous donne envie d'explorer les univers des différents superhéros (et il y en a un sacré lot) présents dans ce tome d'épaisseur raisonnable. Nous nous trouvons ainsi face à trois camps et non deux, s'ajoutant au Avengers pour la loi de recensement des superhéros et autres créatures de même acabit et ceux qui sont contre, un camp neutre, notamment les X-men que l'on comprend, avec les Sentinels qui leur collent au zouk et un vécu de persécution qui les pousse aussi à ne pas s'engager dans ce genre de débat-combat.

Pas franchement fan de Captain America, ennuyeux et un tantinet mièvre dans les films (j'adore le voir maltraité par ses camarades, espérant qu'il se réveille entre une vanne et un « Hulk smash », et nous offre un peu plus d’ambiguïté et moins de discours et attitude moralisateurs bien bateaux), me voilà super surprise. Captain America s'oppose à Iron Man et rassemble les opposants dans une équipe underground de Secret Avengers… Et ouais.

Automatique, me voilà qui prend parti pour les Secret Avengers simplement parce que l'idée de recenser les superhéros me laisse imaginer un emploi à contre-emploi de leurs pouvoirs, un contrôle gouvernemental dans une optique et des intérêts spécifiques trop facilement éloignés de leur rôle, sauver le monde. Tout en tenant compte du constat découlant de la petite séquence d'introduction avec des jeunes superhéros à la recherche d'audimat qui se disent qu'ils pourraient éclater des « supervillains » en direct parce que c'est franchement plus sensationnel qu'une misérable petite frappe qui vole le sac d'une petite vieille, se concluant par, encore une fois, des morts et la destruction efficace d'un quartier, il faut le dire bien que les superhumans soient « out of control », il reste difficile d'adhérer à un recensement ayant pour conséquence pour les récalcitrants d'être considérés comme hors-la-loi et illico-presto jetés dans une super-prison créée par Mister Fantastic, Iron Man et Hank Pym (Ant-Man ? Yellow Jacket?).

Nous voilà partis dans un affrontement violent ponctué de morts et de trahisons. D'ailleurs, quel plaisir de voir Invisible Woman rejoindre les Secret Avengers, tenir à préciser dans un petit mot doux sur l'oreiller à son époux que ce n'est pas parce qu'il l'ignore trop au profit de la science (oh mais ajoutons aussi le petit clin d’œil de Namor qui estime qu'il y a quelque chose entre elle et lui ! A fouiller!). Et ce clone/cyborg de Thor qui pète un plomb et oublie qu'il ne faut pas tuer, surtout un poteau superhéros, même s'il est dans l'autre camp, qui fait basculer un bon lot de pro-recensements vers les Secret Avengers !

Bon, j'aurais aimé en savoir plus sur cette super-prison, mais je suppose que je peux fouiller et trouver des comics qui en disent plus dessus. J'aurais aussi aimé savoir où sont passés les copains présents dans les films The Avengers (mais où sont Hawkeye et Black Widow?) Bon, on sait que The Hulk est en vacances à l'autre bout de la galaxie. Et où est Fury qui aide les Secret Avengers ?

Bon, je pense avoir assez écrit pour pouvoir spoiler tout le monde sans que l'intégralité de la critique apparaisse et affiche le spoiler d'entrée.

Revenons donc à la préparation psychologique gentiment fournie par « The Road to Civil War ».

Non, je ne m'attendais pas à un super volume, fin et alambiqué, mais je m'attendais tout de même à un peu plus de complexité vis-à-vis de la progression et des changements de camps. Okay, il faudrait dix tomes de plus pour développer ce scénario particulièrement riche et tout de même agréable. Mais bon, la succession un peu rapide et un peu facile des changements de camp et de batailles un peu rudes pour les Secret Avengers sont un peu usantes.

J'ai encore du mal à comprendre pourquoi Stark prendrait position pour le recensement seulement parce que la mère d'une jeune victime innocente des événements d'ouverture du tome le prend à parti et accuse les superhéros, dont lui, d'être responsables de la misère du monde. Pour moi, il y a autre chose derrière la volonté de s'organiser dans les limites de la loi pour luter contre « le mal » et faire baisser la criminalité, super ou non. La scène de clôture entre Stark et la mère me paraît à la fois super naze et super intéressante. D'abord parce que disons-le, c'est naze, et puis surtout parce que Stark est surtout un super-ego et qu'il ne peut qu'avoir d'autres tours super-egoistes dans son sac ! Donc baleine sous gravillon qui met l'eau à la bouche.

Enfin, je savais que Captain America ne pouvait pas tenir longtemps sans repasser par la case « boriiiiing ! ». Le revoilà, sur la fin pour clôturer à la va-vite notre aventure : « Oh mais non ! On s'est un peu oubliés là les copains. Paradoxalement, on a un peu pensé qu'à nous et on a oublié qu'on se bat pour les faibles… On n'a fait que se battre mais pas pour quelque chose… ». Ah bon ? Ah mais oui ! J'avais perdu de vue qu'à la base, Rogers s'était engagé dans l'armée pour se battre contre les forces du mal sans se poser de questions sur les principes et méthodes dont il était l'outil expérimental. Oui, oui, il se pose des questions sur son instrumentalisation, mais ça ne dure jamais franchement longtemps.

On appréciera tout de même la surprise de ses alliés, dont les visages sont figés dans une expressions diverses de « mais qu'est-ce que tu fais, gars ? » ahuris.

Et j'ai vraiment apprécié ce retournement de situation, même si sa rapidité est frustrante et simpliste. Un petit réveil et un petit plaisir de l'inattendu, pourtant si prévisible !

Cela dit, je me suis aussi régalée de le voir se faire mettre des roustes, malgré mon support de ses Secret Avengers.

Reste maintenant à voir où ce monde recentré sur la lutte contre la misère, la criminalité étant désormais taclée, va nous mener !



Ce comic est un petit plaisir, ouvrant un tas de portes vers d'autres séries, individuelles ou de groupes de superhéros. Des interrogations, des envies, et des tonnes de lectures possibles !

Un tome à conseiller pour entrer dans le monde des comics Marvel, si riche et divertissant.
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Starlight, tome 1

Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2014, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Goran Parlov, et mis en couleurs par Ive Svorcina. Il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre.



Il y a 40 ans sur la planète Tantalus, la Reine Attala remercie Duke McQueen d'avoir sauvé le peuple du joug du méchant tyran Typhon. De nos jours sur Terre, Duke McQueen a 65 ans et Joanne son épouse vient de décéder. À son retour de Tantalus personne ne l'a cru. Ses enfants l'ont pris pour un mythomane. McQueen se retrouve seul, ses enfants le délaissant. Un soir de solitude, avec une pluie battante, il voir arriver un vaisseau spatial devant chez lui. Il en sort un jeune garçon qui s'appelle Krish Moor et qui lui explique qu'il est venu le chercher.



En 2013/2014, Mark Millar lance 4 nouvelles séries avec des dessinateurs de premier plan : Fran Quitely pour Jupiter's legacy, Duncan Fegredo pour MPH, Dave Gibbons pour The secret service: Kingsman, et donc Goran Parlov pour Starlight.



Le premier épisode est magistral de bout en bout. Mark Millar brode autour de Flash Gordon d'Alex Raymond pour l'histoire de cet américain bon teint qui a vécu des aventures extraordinaires sur une planète lointaine. Millar manie l'ellipse avec dextérité, laissant les images parler d'elles-mêmes. Le lecteur peut alors pleinement apprécier le travail épatant réalisé par Goran Parlov. Il a un peu adouci son trait depuis son travail sur Punisher MAX et Fury MAX.



Dès la première séquence (3 pages sur Tantalus), le lecteur se dit que Parlov s'est inspiré de Moebius (Jean Giraud). Cette impression naît d'abord du choix des couleurs, puis ensuite des formes choisies par Parlov. Son trait n'est pas aussi fin et gracieux que celui de Moebius, mais la filiation est bien là. Parlov dessine des décors plus fournis, et des visages plus marqués.



Chaque image, chaque séquence est parfaite, expressive, présentant les faits avec élégance et efficacité. Parlov réussit à transcrire la bravoure et les décors romantiques de Flash Gordon, en quelques cases, réalisant des images archétypales réveillant les souvenirs du lecteur, ou ouvrant son imagination sur des mondes exotiques, et des hauts faits spectaculaires. Le lecteur termine ce premier épisode charmé par cette narration en état de grâce.



Krish Moor est donc venu chercher Duke McQueen pour le ramener sur Tantalus parce qu'un nouveau tyran Kingfisher y sévit. Le lecteur suit donc cet homme de 65 ans plongé dans des aventures pour lesquelles il a dépassé l'âge. Au départ, Mark Millar joue le jeu et le montre rater une ou deux interventions physiques du fait d'une forme défaillante. Mais au fil des épisodes, McQueen redevient plus fort, retrouvant une forme d'un homme de 20 ou 25 ans entretenant régulièrement sa forme physique.



Il évite les tirs de pistolet laser avec adresse et souplesse. Il triomphe d'un monstre aquatique sans effort apparent. Le seigneur Kingfisher dirige une armée venue pour soumettre le peuple de Tantalus par la force. Il se montre d'une cruauté systématique, plus qu'il n'est nécessaire pour inspirer la peur au peuple soumis, un peu caricaturale. Il est vraiment très méchant sous son masque.



Malgré ce retour à un schéma narratif plus classique, la lecture reste de bon niveau car Goran Parlov maintient une narration graphique exemplaire. La filiation avec Moebius perdure sans qu'il ne s'agisse de plagiat, avec des moments magiques. Si le scénario prête une forme physique étonnante à McQueen, Parlov sait donner des expressions de visage à McQueen qui correspondent à son âge, à sa situation de protecteur de Krish Moor, à sa position de symbole de la rébellion.



La narration visuelle fait preuve d'une grande habilité, permettant à Millar de se reposer sur les images. Ainsi quand McQueen pilote le vaisseau de Krish Moor, Parlov réalise un plan fixe sur le poste de pilotage. Il lui suffit d'incliner l'assise du vaisseau pour montrer que McQueen a besoin d'une mise à niveau de ses compétences. Parlov utilise des cases rectangulaires, avec souvent des cases de la largeur de la page, ce qui donne au lecteur une sensation de grand spectacle. Il utilise toute la largeur de ces cases pour répartir l'information visuelle, proscrivant les cases sans décor avec juste une tête au milieu en train de parler.



Goran Parlov a conçu une civilisation extraterrestre, avec une grande cohérence dans l'architecture, les vêtements, et les vaisseaux (il ne s'agit pas d'un assemblage disparate au gré de sa fantaisie). Il sait insérer des clins d'œil visuels discrets, par exemple la posture de Tilda à la dernière page de l'épisode 3 qui rappelle celle de Han Solo lors de sa première apparition. Les scènes d'action bénéficient d'une chorégraphie simple avec une prise de vue mettant en évidence la logique de déplacements des individus.



Au fil des épisodes, Parlov ne peut faire autrement que de suivre le scénario de Millar, et de mettre en images une aventure qui glisse progressivement vers le moule classique du héros qui triomphe de tous les périls, avec des scènes de bravoure à couper le souffle, et d'une habilité surnaturelle au maniement des armes de tir (couper une carde à plusieurs dizaines de mètres de distance).



Ces séquences dégagent le panache attendu. Néanmoins elles montrent aussi que le récit retrouve le schéma classique du héros triomphant par la force, de l'individu rétablissant à lui tout seul la liberté d'un peuple, de l'américain blanc instaurant les valeurs de courage et de ténacité, la volonté permettant de triompher de tout (et même de s'affranchir des limites physiques venant avec l'âge).



Millar délivre un récit conformiste, et manipule le lecteur pour que dans le dernier épisode il ait oublié la particularité de Duke McQueen (pourtant bien établie dans le premier épisode) : son âge (il refume même le cigare dans le dernier épisode). Au final il reste un récit divertissant, magnifique du point de vue de la narration visuelle, tout public.
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Superman : Red Son

Comme plat d’entrée aujourd'hui je vous ai mitonné un petit superman qui est très très bien au niveau de l’histoire et accessible.



On a tous entendu au moins une fois dans sa vie de quoi retourne l'histoire de Superman, un mec qui vient de la planète Krypton où la mode là-bas est de s'habiller avec des collants bas-résilles moule-bite sur-jonché d'un slip rouge du plus bel effet sans oublier la cape assortie parce que là-bas on est « fashion » et tendance où on ne l'est pas !



Christopher Reeves avait déjà immortalisé ce personnage iconique US au cinéma... Ici on a un retournement à 360° de l'histoire en posant comme hypothèse : et si le Supermec au lieu d'atterrir aux USA aurait atterrit genre 12h plus tard en Russie ? Comment évoluerai le monde et les conflits politique et économique en sachant que superman vantait les mérites du communisme ? Et s'il prenait la place de Staline après sa mort ?



Ça en fait des questions pour vos petites têtetes hein ? Ben pas de chance pour vous, ca c'était le pitch du Red Son (le fils rouge) scénarisé par Mark Millar qui nous avais déjà sortie le très bon Superior et père du fameux Kick-Ass sortit au cinéma il n'y a pas très longtemps et dont le 2 est prévu pour mi-2013. Au niveau dessin nous avons Dave Johnson grand adorateur des couvertures et lauréat de pas mal de prix graphique et Kilian Plunket qui est très associé à l'univers Starwars.



Soyons clair de suite, Superman c’est un super-héros super chiant tellement il est lisse à mon gout mais ici j’ai trouvé cette relecture intéressante car il faut bien le dire … ça va chier ! Sur ce, mettez la musique des Cœurs de l’Armée rouge en fond sonore et давай.



Le super bébé, au lieu d’atterrir dans la petite ville de Smallville, va s’écraser dans un kolkhoze en Ukraine et être recueilli par une famille de paysan du coin. Elevé au biberon et au bon grain de la propagande de l’époque, il va devenir le fer de lance de Staline et du communisme en arborant fièrement sur son torse, non pas le célèbre « S » de Superman mais la Fourche et le Marteau car Superman n’est pas le super-homme, il est le communisme personnifié.



Grâce à Superman, l’URSS va devenir une puissance dominante et écrasante pour les Etas Unis. Il rencontrera la belle Wonder-Woman qui sera amoureuse du beau musclé en chaussette et surtout, prendra la place de Staline à sa mort alors que cela ne l’intéressait pas.



Philanthrope à l’extrême à la recherche de la perfection il va diriger son monde avec une main de fer et s’empressera de transformer le monde à son image : lisse comme les fesses d’un bébé. Et comme il est trop beau et fort, il fait tout pour sauver le monde, les maladies, la pluie, le beau temps, le café et presque comme Mme Irma qu’il peut prévenir l’avenir mais à quel prix ? Il refoulera son côté humain et imposera SA loi.



C’est sans compter son (poids et)alter-ego ennemi juré , le malicieux à la limite de l’honnêteté j’ai nommé le chauve Lex Luthor qui est la plus grande intelligence de la Terre (et peut-être même plus) qui n’acceptera pas l’aberration qu’est Superman et fera tout pour montrer sa supériorité intellectuelle et le terrasser même à devenir président des Etats-Unis qu’il remettra aux gouts du jour au grand-dame de l’URSS.



On retrouve Green Lantern, les monstres rallié à la cause des USA, le Bat-mec et même Wonder woman qui aura retourné son string et qui ralliera la cause américaine pour lutter contre la dictature imposée par Superman; et n’oublions surtout pas l’un des fils de Staline qui est l’un des éléments clé au début de l’histoire et qui donnera une touche plus humaine, en dehors de toute cette lutte entre super-humains/homme, à l’histoire.



Sujet déjà reluqué partiellement quant au niveau du fond (pas la forme) par des auteurs tel que Moore avec son Vendetta, ou Neil Gaiman, on a ici une belle relecture du mythe Superman à travers le prisme de l’autoritarisme, l’obéissance citoyenne , de la dystopie etc… On nous présente l'animal à travers les trait de caractère peut exploité tel que sa morale sans concessions, sa rigidité d’opinions, et ces dérives pour au final se poser les bonnes questions : qui sont vraiment les méchants dans l’histoire ?



Le bouquin fait 250 pages, ça à l’air beaucoup mais c’est juste le bon nombre de pages pour couvrir cette histoire qui se déroule sur une 50aine et un chouia d’années. Graphiquement c’est pas mal mais sans plus sauf pour certaine belle planche, c’est du dessin style « comics US » mais ce n’est pas vraiment l’important car ici c’est l’histoire qui prime et qu'on retiendra en tournant la dernière page avec son twist final.



Pour finir, on a donc une belle intrigue avec un vrai travail de recherche scénaristique, un joli dessin, une histoire qui fuse et en prime un joli cahier de croquis avec des travaux/ébauches ayant servi aux dessins. C’est du bon, c’est sympa et intéressant et un bouquin parfait pour (re)découvrir le Supermec.



Et comme dis l’autre : « spasiba camarade »
Lien : http://lacasebd.overblog.com..
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