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Citations de Martine Hermant (76)


Malgré son aspect diaphane, j'avais distingué les traits d'une indéniable séduction : un front très haut sur un ovale aux rondeurs juvéniles, une bouche petite et très dessinée, un nez fin et racé et,sous l'arc délié des sourcils presque inexistants, les yeux immenses et vides.
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J'ai traversé Bourges délivrée des entraves du siècle sans la rumeur du jour, au fait de sa beauté médiévale. À sillonner les ruelles entre les maisons aux pignons aigus, l'ardoise brillant d'un éclat métallique sur l'incliné des toits, j'aimais le son de mes pas sur les pavés déserts.
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Je remarquai alors que le motif déployé sur le tapis représentait le Zodiaque dans une forme ancienne où les constellations côtoyaient leur iconographie antique.
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Les damoiselles s'agenouillent. L'eau, d'une pureté parfaite, miroite en un cercle argenté sur lequel, à présent, se penchent trois visages intrigués. Le fond se révèle de sable et de mousse émeraude. Il paraît si proche à travers le cristal liquide ! Ce n'est qu'une illusion de l'onde capricieuse. Fontaine païenne, fontaine de jouvence, intimité sacrée où, dit-on, les fées viennent s'ébattre à l'aube. D'ailleurs, l'envie de plonger dans l'eau claire est si irrésistible que les visiteuses y trempent leurs bras. Six jolis bras qui noient leur carnation pâle dans les couleurs d'abysse. Elles les retirent aussi vite : la fraîcheur est saisissante et peut-être s'y rajoute un peu de crainte instinctive.
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Sinon, pour ton autre question, qu'est-ce que j'ai ressenti en jouant le rôle du Garlan pendant "Le Dit d'Alleuze" ? Eh bien, au risque de te décevoir, un rôle comme celui du Garlan ne laissait que peu de place à une identification au personnage. Je ne crois pas que l'on peut dire que j'étais "habité", non ! La sortie sur le mur du cimetière, par exemple, imposait le contrôle de nombreux paramètres. Debout sur un mur d'une trentaine de centimètres, parfois glissant et humide, ébloui par un projecteur arasant, noyé dans une fumée épaisse qui empêche de voir même ses pieds, vêtu d'un costume d'une vingtaine de kilos, le comédien se dit : Attention, au top, c'est parti. OK, contact, micro... je suis à vue... fais gaffe où tu mets les pieds mon pote. Ah ! il a encore réglé son projo trop bas, j'en prends plein la gueule, je vais finir par me la casser ! Attention à la cinquième dalle qui est branlante. C'est quoi qu'on entend là ? Aie ! mon souffle dans le micro. Arrête de respirer, crétin, on croirait un train à vapeur. Bon, où je dois m'arrêter, moi ? Je ne vois pas le repère avec sa lumière. C'est pas vrai, Jack, demain c'est toi qui fais le Garlan ! Pourvu que je n'fasse pas de pain de texte... Ils sont nombreux ce soir, ils ont encore explosé la jauge... Pourvu que le fouet claque bien, pourvu que je ne prenne pas un retour de mèche dans la tronche. C'est quoi qui me tire, là ? Chiotte, je marche sur ma cape, elle est mal attachée. C'est pas vrai ! Marianne, demain, c'est toi qui fais le Garlan... Bon, je crois que c'est là... Attention, le fouet : "shclac" ! Oui, super ! Encore un : "shclac" ! Ah, ah ! Là, ils sont bluffés. Vas-y Garlan, t'es le meilleur ! Fais-leur voir ce que tu sais faire. Attention au texte... pourvu que je n'aie pas de trou... Pourquoi je fais ce métier, moi ?... Attention, texte, go : « Moi qui suis tronqué de nobles proportions, difforme, inachevé, dépêché avant terme, si boiteux et si laid... » C'est marrant, on dirait du Shakespeare... Falstaff, peut-être ?...
Voilà, Viviane, ce qui se passe dans la tête du comédien, debout, tout seul, sur le mur du cimetière d'Alleuze face à six cents personnes... Mais dans le corps par contre, dans le corps, c'est une autre histoire.
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Avec le recul du temps, je sais que je me trouvais déjà sous quelque emprise surnaturelle. Certes, ces vagabondages nocturnes m’étaient coutumiers et j’y prenais toujours grand plaisir, mais rien n’explique la résolution soudaine qui m’avait poussé si loin. Pas même un de ces étranges phénomènes familiers au Berry. Cette nuit-là avait tous les aspects favorables à l’éclosion de ses mystères. La beauté du paysage baigné de lune s’ingéniait à distiller l’atmosphère consacrée de la province. J’avançais sans risque de m’égarer car je connaissais le chemin pour l’avoir suivi plus d’une fois. Il faisait très doux. Je respirais avec gratitude les odeurs fraîches des herbes multiples. J’entrevis le vol lourd d’une chouette qui s’enfuit devant moi, surprise par mon approche. Je l’ignorais mais c’était la dernière fois que je rendais grâce à la vie pour d’aussi simples plaisirs.
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Pour la plupart, une jonquille est une jonquille, sans rien de plus que l'attrait de sa couleur éclatante à garnir les parterres et à envahir les près, lorsqu'elles sont des milliers à éclore en montagne. Depuis le passage du Flouriste, nous sommes quelques-uns à imaginer le concert silencieux de leurs clochettes d'or sous la bise aigre, afin d'appeler les beaux jours et de contrer l'hiver dont la vengeance a été de les rendre muettes.
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Dans l'ambiance feutrée de la Bibliothèque Apostolique Vaticane, la nervosité de Viviane semblait déplacée : une tension presque palpable qui vibrait comme un sacrilège prêt à déchirer le silence de la convenance. Gilles se demandait quelle fantaisie son amie avait encore inventée. Il ne la connaissait pas dans ce rôle de victime aux abois.
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Un rire ténu accompagne Estéban lorsqu'il se penche pour se rafraîchir dans l'eau claire.
Qui se moque ainsi de lui ? Rien de visible, mais une voix flûtée chantonne :
— Par la magie du Faith fiada, qui, de l'homme ou du cerf, se présente ici ?
Estéban ne sait que répondre. Le rire reprend de plus belle.
Lorsqu'il aperçoit la licorne, elle se tient au loin près de la cascade, sous le voile de la brumisation qui teinte sa blancheur d'arcs-en-ciel.
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Quand parviendrait-il à lui faire raconter son histoire ?Pourquoi ce grand gars athlétique, au rayonnement particulier qui attirait irrésistiblement les femmes, s'était-il mué en une épave dont la vigueur même s'était échouée ?
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Dans la chaleur odorante de l'écurie, Ufe et Voreuvi assistent la Licorne en train de mettre bas. Sa robe est perlée de sueur, elle halète et des larmes d'ambre liquide s'échappent de ses yeux. Enfin, le nouveau-né jaillit de son ventre dans une membrane moirée.
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Elle s'isola dans un recoin de la caverne et s'abandonna au refuge de l'obscurité qui masquait sa faiblesse. Que ne pouvait-elle demeurer là, sans bouger,jusqu'à que l'empire des ténèbres l'ait dissoute en son sein, lui apportant l'oubli.
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L'effet de ces paroles lui procura un léger vertige. Ainsi, d'autres étaient informés de l'appel qu'elle avait reçu, et avec suffisamment de certitude pour vouloir pallier à la vacance de sa fonction. Elle en ressentait un mélange d’appréhension et d'impatience, vaguement effrayée de trouver la confirmation de ses déductions mais stimulée par l' espoir d'en connaître plus sur le destin qui lui était réservé.
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Elle n'éprouvait aucune appréhension à se retrouver seule dans cette forêt ténébreuse, au milieu de la végétation exubérante. Elle fit la découverte de fleurs incroyables, énormes, dont les corolles aux teintes éclatantes semblaient n'être là que pour s'approprier toutes les couleurs possibles sur la tapisserie sombre des arbres et des fougères, ou le velours bronze des mousses. Leur parfum était légèrement enivrant, et Ménuisel se demanda vaguement si ces effluves capiteux n'étaient pas responsables de cette impression de bien-être qui l'accompagnait.
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Au fil des jours, je désespère, jusqu'à échouer devant des grands murs de pierre : trouverai-je asile dans ce monastère ? Bons Pères, ouvrez-moi ! Secourez la fille sans terre qui à votre bastille en appelle à lever votre grille ! Prenez pitié de la brebis égarée dont le nom de Marie devrait éveiller votre miséricorde.

Va-t-en, créature de Satan ! Qu'importe ton nom quand tes cheveux ruffins dénoncent ton destin. Ton corps féminin ne profanera pas l'aire des moines. Piège de séduction, écarte des hommes pieux tes viles tentations et fuis ces lieux saints !

Serais-je si belle qu'à ce point vous me redoutiez ?
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Mon père, mon père, tu ne m'as jamais dit que le sang des pucelles en rien ne scelle le cœur des hommes.
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Quelques grains de sable dans le creux de sa main – odeur de poussière – chuintement caressant qui s’insinue dans les plis de la peau, ocre douce qui réveille la mémoire flamboyant d’autres nuances.
C’est tout ce qui reste… Le passé prend-il toujours l’aspect irrationnel d’avoir été vécu en rêve ?

(« Rêve de désert »).
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- Savez-vous que la composition de l’eau de mer est proche de celle des larmes ?
- La belle affaire !
Du coup, l’homme s’emporta :
- Fous que vous êtes d’ignorer l’essentiel ! J’ai été comme vous… un imbécile, de croire à la suprématie de l’intelligence humaine ! Nous n’avons pas plus de connaissance de ce qui nous entoure que d’infimes particules de plancton dans la mer de larmes que nous alimentons de nos drames…

(« Mer de larmes »).
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- Ce que je voulais dire, reprit Ménuisel, c'est que nous pourrions tout aussi bien faire partie du rêve de cette licorne, sans le savoir nous-mêmes...
- Alors, s'exclama le voleur, espérons qu'elle ne soit pas sujette aux cauchemars !
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Aussitôt le vent se lève comme à l'approche d'un orage. Il ne recule pas devant les gerbes d'écume qui commencent d’écheveler les vagues spectrales. Ce chant qu'il perçoit dans les plaintes des rafales, triste et beau à en mourir, est-ce la Marie-Morgane, la blanche fille de la mer, qui se lamente ?
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