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Critiques de Maryse Condé (354)
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Moi, Tituba sorcière

Dire de Maryse Condé qu’elle est une incroyable conteuse est galvaudé.

Personne, aujourd’hui, ne remet en cause ce talent qui était le sien.

Elle avait ce don de raconter des histoires – grandioses, immenses –,

de forger des personnages inoubliables,

et de donner force à leur bras et tendresse à leurs larmes.



Il n’est pas donné à toute le monde une telle habileté.

À peine a-t-elle jeté ses filets, que nous voilà pris·e au piège.

Ferré·e. Capturé·e et captivé·e par la grandeur de son récit.

La langue est pure, simple et limpide. Le sang chaud et la peau fébrile.



Sous-jacente, dissimulée dans les méandres d’une histoire palpitante : une force.

Un volcan.

Un boucan.

Assourdissant.



Et la rage en bouclier, l’amour en fer de lance.

Celui de la chair et du mot.

De l’histoire et de la passion.



Moi, Tituba sorcière… est un voyage. Dans un ailleurs, un passé, un oubli.

C’est une réhabilitation aussi libre que généreuse. L’histoire magnifiée d’une femme au destin tragique, l’amertume en étendard, parée d’injustices.



C’est une ode à la liberté, celle du corps et celle de l’âme.

Un hymne à la résilience, un chant de guérison.

C’est une complainte amoureuse bercée par le roulis des ruisseaux sillonnant la Barbade, une symphonie rayonnante, lumineuse, aussi luxuriante que la végétation de l’île aux mille visages.

C’est un embrasement. Une flamme.

Crépitante,

et décoiffante.
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La belle créole

la Belle Créole est un voilier oublié à quai, à vendre, après que ses propriétaires soient retournés en métropole. Dieudonné, le héros du roman y a passé les plus belles heures de son enfance, à naviguer et à plonger. 



L'histoire commence au tribunal où Dieudonné est acquitté après une plaidoirie très politique de son avocat, que le prévenu, mutique, n'a pas bien comprise



"Toujours à lui seriner qu’il appartenait à la classe des opprimés. Opprimé par qui ? Opprimé par quoi ? Il était né dans un mauvais berceau, manque de chance ! La chance, cela ne se discute pas. C’est affaire de hasard. Ça sourit à droite, ça prive à gauche, voilà tout !"



L'île qui ressemble à la Guadeloupe (pas pas nommée) vit une crise aigue, grève des services publics, de l'électricité, agitation des indépendantistes. Dieudonné, libéré de prison, traverse la ville à la recherche d'un abri. Mutique, orphelin, rejeté par sa famille, sans aucun projet.



Nous apprendrons au fil du roman pourquoi il est arrivé au tribunal. On imagine mal comment ce garçon si doux, si perdu, est devenu un criminel. En tout cas, pas par vengeance de l'opprimé qui "a tué la grande Békée" comme l'a plaidé l'avocat, comme les politiques, qui songent l'envoyer à Cuba, manipulent son histoire dans un contexte prérévolutionnaire.



Pas de chance! né sans père, il s'est dévoué pour sa mère quand, après un accident, elle était devenue infirme. Malade, il avait trouvé un apaisement dans le crack, s'était déscolarisé et avait été rejeté par ses parents les plus proches. Puis il avait retrouvé La Belle Créole encore amarrée sur le port. 



Puis il avait fait la connaissance de Boris, le poète SDF, admirateur de Shakespeare et de Pablo Neruda...



Il avait enfin trouvé un travail : jardinier chez une riche propriétaire blanche, 



"Fatigué d'être humilié, un amant finit avec sa maitresse. Ce qui l'auréolait de symbolisme, c'est que l'affaire se passait dans ce pays frais émoulu de l'esclavage(enfin pas si frais, cent cinquante ans déjà!) que la maitresse était blanche békée de surcroit, l'amant noir. La maîtresse est riche, le noir sans le sou, son jardinier. "



Telle était la thèse de l'avocat, convaincante puisque Dieudonné avait été acquitté. Et pourtant si éloignée de la réalité. Réalité infiniment plus complexe. 



Nous suivons l'errance de Dieudonné . Il retrouve Boris plus du tout poète, leader politique. Il rencontre une ado haïtienne. Apprend l'identité de son géniteur. Enfin,  découvre qu'il est père et prend la fuite, reproduisant le schéma initial...



C'est un roman  de tensions et de tendresse, tout en nuances. Roman désespéré aussi qui se lit d'une traite. 215 pages.  
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Le coeur à rire et à pleurer

Dans cet ouvrage, Maryse Condé nous raconte son enfance à Pointe-à-Pitre . De sa naissance, en temps de carnaval : 



"Quand les premiers coups de gwoka firent trembler les piliers du ciel;, comme si elle n'attendait que ce signal-là, ma mère perdit les eaux"



jusqu'à son départ pour la classe d'hypokhâgne à Paris et ses études à la Sorbonne.



Comment devient-on écrivaine? Ce récit d'apprentissage ne répond pas vraiment à cette question.



Dernière née d'une fratrie de 8, Maryse grandit dans une famille de fonctionnaires, sa mère est institutrice



"Dans notre milieu, toutes les mères travaillaient, et c’était leur grande fierté. Elles étaient pour la plupart

institutrices et ressentaient le plus vif mépris pour les tâches manuelles"



Son père, âgé est un ancien fonctionnaire. Ses parents font partie d'une certaine élite privilégiée. Ils font régulièrement le voyage en Métropole où ils se sentent parfaitement intégrés. Maryse est bonne élève à l'école bien fréquentée. On ne la laisse pas rencontrer les enfants de classe sociale inférieure. Elle parle le "Français de France", et non pas le créole. Deux incidents lui font prendre conscience de la "Lutte de classe" (comme est intitulé le troisième chapitre) quand elle se trouve persécutée par un petit garçon inconnu, qui veut venger sa bonne, injustement renvoyée. L'autre incident concerne une petite blondinette au nom aristocratique de Anne-Marie de Surville, rencontrée au jardin public, qui, sous prétexte de jeux va la battre :



"je ne veux plus que tu me donnes des coups. Elle ricana et m’allongea une vicieuse bourrade au creux de

l’estomac : — Je dois te donner des coups parce que tu es une négresse."



Santino, son grand frère, rebelle lui déclare que leurs parents sont "aliénés". 



Cette notion d'aliénation est au centre des réflexions de Maryse



"Une personne aliénée est une personne qui cherche à être ce qu’elle ne peut pas être parce qu’elle n’aime pas

être ce qu’elle est. À deux heures du matin, au moment de prendre sommeil, je me fis le serment confus de ne

jamais devenir une aliénée."



"Mes parents étaient-ils des aliénés ? Sûr et certain, ils n’éprouvaient aucun orgueil de leur héritage africain. Ils l’ignoraient."



"Comme ma mère, il (son père) était convaincu que seule, la culture occidentale vaut la peine d’exister et il se montrait reconnaissant envers la France qui leur avait permis de l’obtenir."



Ce n'est que beaucoup plus tard, étudiante à Paris, qu'elle cherche à connaître les écrivains antillais  sous l'instigation d'un professeur communiste, Joseph Zobel et Aimé Césaire



"Aux yeux de ce professeur communiste, aux yeux de la classe tout entière, les vraies Antilles, c’étaient celles

que j’étais coupable de ne pas connaître. Je commençai par me révolter en pensant que l’identité est comme un

vêtement qu’il faut enfiler bon gré, mal gré, qu’il vous siée ou non. Puis, je cédai à la pression et enfilai la

défroque qui m’était offerte."



En conclusion de cette expérience:



"J’étais « peau noire, masque blanc » et c’est pour moi que Frantz Fanon allait écrire." 









La bonne élève ne fera pas les brillantes études à Fénelon ni même à la Sorbonne, elle rencontrera des étudiants haïtiens et africains et se consacrera plutôt au militantisme politique. 



Elle est pourtant très jeune consciente de sa capacité à toucher avec ses écrits : un texte écrit pour sa mère, lu le jour de son anniversaire, la  touche tellement _ pourtant femmes forte - jusqu'aux larmes. Elle regrettera de l'avoir fait pleurer mais mesurera le pouvoir des mots. Premier exercice de l'écrivaine?



J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a fait connaître l'auteure, bien différente de ce que j'avais imaginé à la lecture de Traversée de la mangrove ou Moi, Tituba sorcière qui mettaient en scène des esclaves ou descendants d'esclaves dans un monde de contes et de sorcellerie. 
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

A la fin du 18° siècle, Ségou (Mali actuel) est un royaume puissant le long du fleuve Joliba (Niger). C’est là que vit Dousika Traoré avec ses épouses, concubines et esclaves, ses fils. Conseiller du Mansa (le roi), Dousika est victime d’une cabale et disgracié au moment où son fils aîné se convertit à l’islam. Les Bambaras sont en effet des animistes et pratiquent traditionnellement une religion où l’on se méfie en permanence des esprits malfaisants. Ces derniers rodent principalement la nuit, moment de toutes les terreurs. On a affaire à des forgerons-féticheurs pour les empêcher de nuire, interpréter les signes de l’invisible et du visible et tenter de prévenir les événements défavorables.



Ce roman se déroule dans la période où l’islam s’impose peu à peu en Afrique de l’ouest et le lecteur suit les étapes de cette conquête, souvent très violente. L’autrice envoie les quatre fils de Dousika dans tout l’ouest de l’Afrique, du Maroc au golfe de Guinée et même au-delà, ce qui lui permet de présenter une grande fresque de l’histoire de ces régions entre 1797 et le milieu du 19° siècle.



Convertit à l’islam à l’adolescence, Tiékoro, devenu Oumar, part étudier à Tombouctou où il est maltraité car les Bambaras y ont la réputation d’être des musulmans mal dégrossis, encore imprégnés de superstitions animistes. Ce néo-musulman se sent donc obligé d’en rajouter dans ses démonstrations de foi. C’est un personnage rigide et facilement pontifiant qui agace vite son entourage -à part sa mère.



Capturé par des esclavagistes lors d’une chasse, Naba est déporté au Brésil. J’ai trouvé fort intéressant l’aperçu sur la culture que les esclaves ont développée dans ce pays. Convertie au christianisme, affranchie, Ayodélé, la femme de Naba, est revenue en Afrique où elle s’est installée au Nigéria dans une petite communauté d’anciens esclaves christianisés.



Devenu commerçant à Fès, Siga en a ramené à Ségou les techniques du travail du cuir inconnues dans sa ville natale. Il espérait y faire fortune grâce à ce nouveau savoir mais a dû déchanter.



Le cadet Malobali s’est fait soldat au service du royaume ashanti pour quitter une famille où il ne se sentait pas suffisamment considéré.



Car Ségou est aussi la critique d’une société patriarcale qui opprime les femmes, bien sûr, mais aussi les enfants et les cadets. La naissance du premier fils est une occasion de liesse. Les garçons sont gâtés, habitués à ce que les femmes fassent leurs quatre volontés. Cela donne des adultes impulsifs qui agissent avant de réfléchir et qui ne supportent pas la frustration. Les personnages masculins ne me sont pas sympathiques. Leurs rapports avec les femmes oscillent entre la prédation et l’idéalisation. Prédation quand il s’agit de femmes socialement inférieures (servantes, esclaves) ou d’étrangères ; idéalisation de l’amour pour celles qu’on peut épouser. Les déconvenues sont brutales et rapides.



J’ai apprécié la lecture de ce roman bien documenté sur un espace et une période que je connais peu.
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Moi, Tituba sorcière

Je ne connaissais pas Maryse Condé avant d'avoir appris sa mort récemment. Son parcours, ses origines et ses faits d'armes m'ont incité à vouloir découvrir ses oeuvres. Comme je n'ai pu mettre la main sur le livre intitulé Ségou, je me suis rabattu sur celui-ci suivant les recommandations d'un libraire.



J'ai débuté ma lecture avec beaucoup d'enthousiasme, car l'histoire et le contexte m'interpellaient (je suis d'origine Antillaise). Plus j'avançais dans le déroulement et plus je trouvais que le tout était brouillon. En partant d'un fait réel peu documenté (l'existence de Tituba), l'auteure lui a imaginé une vie fort remplie, mais les diverses étapes sont déclinées avec beaucoup de rapidité. L'histoire est racontée au "je", et cela n'a pas aidé. En effet, il dur de croire qu'une esclave noire soit capable d'utiliser des termes et expressions aussi savants que "contrites", ou "soigner les langueurs de ma maîtresse"...



Bref, au final ce fut un livre instructif. Il vise à réhabiliter la mémoire d'une esclave de la Barbade, ou à la faire découvrir, et en ce sens ce fut mission accomplie en ce qui me concerne. Par contre, le style, la forme et certains aspects du contenu m'ont laissé sur ma faim. C'est comme si j'avais l'impression de l'auteure avait un peu bâclé son travail, avec tout le respect que je lui dois.
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Moi, Tituba sorcière

J'ai adoré Moi, Tituba sorcière…., premier livre de Maryse Condé qu'il m'est amené de lire, et qui est le début d'une longue liste. Adoré. Bien entendu, à cause de ce récit d'une vie, celle de Tituba, fille de l'esclave Abena qui sera pendue, et de yaho son père, qui se donnera la mort en avalant sa langue. Tituba est recueillie par Man yaya, une veille femme aux pouvoirs surnaturels qui lui apprend le secret des plantes et la communication avec les anciens. Son mariage avec John Indien l'amène à intégrer la plantation de Susanna Endicott, avant d'être vendue avec son mari à un Pasteur puritain, Samuel Parris, qu'elle suit à Boston puis à Salem. Dans l'atmosphère hystérique de la ville, elle souffre des procès en sorcellerie, et devra faire preuve de son incroyable ingéniosité pour survivre. Adoré, car comme tous les récits portant sur cette terrible période que fut l'esclavage des noirs, ce roman est fondé sur l'abnégation, et une ode à vivre malgré l'horreur. Tituba demeure intérieurement une femme libre sous le joug de la société esclavagiste dans laquelle elle évolue, tendue par le désir d'aimer, et de pratiquer sa science. Aucun passage ou mot superflu n'émaille le roman. C'est un cinq étoiles.
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En attendant le bonheur (Heremakhonon)

Oui, très bien écrit - pas une surprise. Mais j'ai enlevé une étoile parce que j'en ai marre d’être déprimer par la politique en Afrique. Ce n'est pas la faute de Maryse Condé - elle mérite 5 étoiles pour En Attendant le Bonheur, mais le monde n'est pas juste. Je connais trop bien la scène dont elle décrit. Ça ne s’améliore pas - ni en Afrique, ni ailleurs. Nous vivons une époque sombre et noire. Il me faut une petite pause avant de prendre un autre Condé, mais, évidemment, je vais le faire.
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Moi, Tituba sorcière

Maryse Condé nous a quittés il y a deux semaines. Je ne la connaissais que de nom, sans l'avoir jamais lue encore. Et c'est seulement à l'annonce de sa disparition que je me suis rendue compte que j'avais dans ma bibliothèque l'un de ses livres. Il m'avait été offert il y a quelques temps déjà et s'était malheureusement un peu perdu dans ma pal et dans ma mémoire.

Je le retrouve donc en cette triste occasion, où tous les hommages et éloges entendus m'ont donné envie de sortir ce livre de ma pile à lire et de découvrir enfin cette grande écrivaine.

Et c'est une oeuvre vraiment particulière que ce roman.

Je connaissais assez vaguement, comme beaucoup je pense, la ville de Salem et ses célèbres procès de sorcières au XVIIe siècle. Ce que j'ignorais en revanche c'est que parmi elle figurait une esclave noire venue de la Barbade et prénommé Tituba. Là aussi, nous sommes beaucoup à ne pas la connaitre, car qui se souviendrait du sort d'une esclave, femme et noire qui plus est ? Et c'est justement cet affront, cet oubli, cette injustice qu'a voulu réparer Maryse Condé. Sous la forme d'un roman, d'une biographie romancée donc — bien qu'appuyée sur les rares documents et traces restant d'elle —, l'autrice redonne à Tituba toute la vie et la substance qu'elle mérite à l'égal de tout autre personnage historique. Quoi de mieux qu'un roman pour faire revivre et réintroduire dans l'inconscient collectif une femme disparue depuis plus de trois siècles et dont on sait si peu de choses ? Mieux encore, Maryse Condé lui donne ici la parole, libre et entière de nous faire elle-même le récit de sa vie. Alors on va l'écouter, la découvrir et voyager avec elle.

Et quelle vie va-t-telle avoir !

Une vie de servitude bien-sûr, mais pas que, une vie marquée par bien d'autres choses que l'asservissement. L'amour et les rencontres seront les deux principaux éléments marquants qui vont jalonner sa vie. Ballotée de maître en maître, de maison en maison, de ville en ville, elle croisera le chemin d'un nombre incalculable de personnes. Souvent mauvaises mais quelque fois bonnes, et ce qui frappe surtout dans la personnalité de Tituba c'est son grand coeur et sa grande naïveté. Malgré les horreurs qu'elle vit et qu'elle voit, elle continue chaque fois d'avoir spontanément foi en l'autre au premier abord, à faire confiance, comme si elle ne pouvait s'en empêcher. Et c'est d'ailleurs toujours pour aider les autres qu'elle utilisera ses talents de guérisseuse, ces talents qui lui vaudront partout le qualificatifs de sorcière. Toujours aider l'autre au détriment de ses propres interêt, un trait de caractère noble mais qui lui causera bien des tourments et bien des déceptions. Et parmi eux il y a les hommes. Tituba aime les hommes, aime l'amour charnel, aime aimer, parfois bien malgré elle, mais toujours intensément. Elle en connaîtra beaucoup, des hommes, aussi différents les uns que les autres, et qui chacun lui apporteront ou lui enlèveront quelque chose.

Tituba nous raconte son histoire elle-même donc, maison ne sait pas combien de temps après elle le fait. Quelques années ? Décennies ? Siècles ? Car je n'ai pas pu m'empêcher de sentir quelques anachronismes ici et là, dans l'usage de certains termes dans certains dialogues, et aussi au travers du grand recul qu'à Tituba sur son histoire. J'ai peut-être l'oeil un peu trop tatillon car qu'importe, ce qui compte ici c'est Tituba.

L'écrivaine fait renaitre sous sa plume simple, directe, acérée, cette sombre période de l'histoire, celle de l'esclavage et de la traite négrière, mais à échelle humaine.

Stigmatisée comme sorcière et comme esclave, connu que pour cela, Maryse Condé nous offre à découvrir une Tituba complexe, comme tout être humain finalement, humaine, avide de liberté et d'amour, forte et flamboyante, même dans la misère.

Pour cette oeuvre, merci Madame Maryse Condé !
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

Ségou : Les murailles de terre est le premier tome de la série d’écrivaine Maryse Condé. L’histoire se déroule en Afrique de l’Ouest (actuel Mali) pendant le XVIIIème siècle, avant l’arrivée des religions organisées, y compris l’islam et le christianisme. Les personnages principaux sont ceux de famille de Dousika Traoré, un noble dans les cercles de pouvoirs chez les Bambaras de la ville de Ségou. C’est pendant cette période que la société et l’histoire de l’Afrique de l’Ouest va changer pour toujours, avec l’arrivé des européen.ne.s et le commerce triangulaire, de “vendre” des esclaves.



L’intrigue commence avec l’introduction sur Dousika Traoré, un noble de la communauté des Bambaras, proche du Mansa (roi). Il a ses fils, Tiékoro, qui a adopté l’islam, Malobali qui a été vendu comme un esclave et l’histoire suis les prochaines générations et l’impact d’esclavage, de européen.ne.s et l’islam. L’histoire se déroule dans les familles européennes (avec des esclaves), le cour de rois actuels dans les royaumes d’Afrique, et ça remonte également les problèmes sociaux, comme les tensions interethniques, comme entres les peul.e.s et les bambaras. Il y avait aussi le problème que la majorité de la société était analphabète et la seule façon d’apprendre à lire était de rejoindre une des religions, soit le christianisme ou l’islam.



Je n’ai jamais lu un roman historique qui se déroule à Sahel, et j’ai appris beaucoup de choses, y compris le fait que l’entrée des religions organisées est assez récente dans son histoire. L’autrice a bien montré la complicité des rois locaux qui ont participé dans le commerce triangulaire, et comment ça n’a même pas laissé les familles privilégiées (même s'ils.elles l'avaient évité, cela ne justifie pas la pratique, mais dans la plupart des maux sociaux, les privilégié.e.s échappent largement aux pires conséquences).



Ce n’est pas un roman facile à commencer, vu qu’il y a beaucoup des personnages et j’ai dû regarder l’arbre généalogique donné par l’autrice afin que je puissent comprendre les personnages et ses relations familiales – ça m’a rappelé un autre lecture difficile que j’ai fait à l’époque à cause de la même raison – Cent Ans de Solitude de Gabriel García Márquez. La lecture n’est pas très facile non plus, parce qu’il y en a beaucoup des moments de violences (viols contre les femmes, exploitation), exécutions injuste, etc.



J’ai trouvé que le personnage de Tiékoro était le plus intéressant mais parfois, c’était difficile à concentrer aux personnages puisque il y avait trop. Cependant, considérant le fait que c’est le premier tome, on a besoin autant d’informations autour de différents personnages et les lieux.



Pour conclure, je vais dire que ce roman a commencé bien la série, et j’attribuerai une note de 3,5 sur 5. J’ai hâte de lire le prochain tome.


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Traversée de la Mangrove

Francis Sancher, un mystérieux étranger installé dans les environs du village de Rivière au Sel en Guadeloupe, est retrouvé mort, victime d’une rupture d’anévrisme. Dans ce roman, Maryse Condé analyse les différents ressentis des personnes ayant côtoyé cet homme, un pseudo écrivain, qui suscitait la méfiance, au point que les rumeurs les plus invraisemblables circulaient à son sujet…

Il s’agit du premier livre que je lis de la romancière. J’ai été subjuguée, comme envoûtée par son écriture, mêlant élégamment le français au créole, dans un style étonnant empreint d’une délicieuse fraîcheur et d’une grande spontanéité. Cette lecture m’a littéralement propulsée dans cet archipel des Caraïbes, ce papillon des îles aux couleurs chatoyantes et aux ailes déployées sur la mer.



Il est intéressant de voir avec quel détachement et quelle désinvolture la narratrice parle de la condition des Noirs, qualifiant les iliens de nègres (sic) et ceux établis en Métropole de négropolitains (sic). Visiblement, en Guadeloupe, le terme « nègre » ne revêt aucune connotation raciste, tout du moins lorsqu’il est employé par la population locale. Le récit évoque, non pas une quelconque forme de racisme, mais plutôt une certaine défiance vis-à-vis des blancs et des étrangers. Par ailleurs, il retranscrit avec beaucoup de réalisme et de profondeur, les mœurs et les états d’âme des guadeloupéens, encore très fortement marqués, de nos jours, par les traditions et les croyances ancestrales.
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Moi, Tituba sorcière

Une très belle découverte marquante sur un sujet qui m’intéresse énormément : la chasse aux sorcières au XVIIe siècle.



Nous rencontrons Tituba à la barbade. Elle est née d’un viol entre sa mère et un marin anglais. Elle va être élevée et initiée aux pouvoirs surnaturels avec l’aide de Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Tituba rencontre John Indien un esclave avec qui elle va se marier. John va être vendu à un nouveau maître les forçant à quitter la Barbade pour le village de Salem.



Un roman passionnant mélant sorcellerie, faits historiques, place de la femme et la folie des hommes. Malgré une plume brutale et difficile par moment, l’autrice a réussi à m’immerger dans cette histoire aux côtés de Tituba avec beaucoup de poésie. J’avais un peu peur au début de sa plume mais au final, cela ne m’a dérangée, bien au contraire. L’histoire débute avec le viol de la mère de Tituba. Les premières pages sont douloureuses et pourtant importantes pour comprendre tout le cheminement derrière.



L’autrice redonne vie dans ce roman à ces femmes qui, sous l’hystérie générale de l’époque, se sont retrouvées emprisonnées et persécutées pour leur croyance et pour leur différence.

Le personnage de Tituba m’a touché. J’ai souffert, pleuré avec elle, j’ai ressenti sa colère au plus profond de moi et wow quelle expérience.



Elle dégage une telle force que j’en suis restée bouche bée, refusant de se laisser marcher dessus, se battant pour ses convictions et sa liberté du début à la fin. Là où certains auraient flanché, elle n’a pas peur.



Un sentiment d’injustice et de colère s’est élevé en moi face à toutes ces atrocités commises par l’homme que ce soit envers Tituba et envers les esclaves. Nous avons droit à un tableau absolument terrifiant de la condition de la femme et des esclaves qui ne laisse personne de marbre.



Un roman puissant, dont on ne peut tirer qu’une belle leçon de courage. Merci à l’autrice pour avoir mis des mots sur les maux de Tituba.


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Moi, Tituba sorcière

J'ai adoré la plume de Maryse Condé. En moins de 300 pages, on a une histoire complexe plutot bien cadrée, avec des developpements dans plusieurs pays. Sorcière, Salem...

Mais voilà je n'ai pas accroché au personnage de Tituba dans cette reprise: trop tendancieuse à foncer dans le mur.
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Rêves amers

L’histoire a pour cadre Haïti et le personnage principal est une jeune fille de 13 ans, Rose-Aimée. C’est à cet âge que s’achève pour elle l’enfance et son insouciance. Elle entre de plein pied dans le monde des adultes, lorsque ses parents lui demandent de commencer à gagner sa vie, dans la ville, au loin, où elle ne connaît personne. C’est pour elle une sacrée claque. Finie pour elle l’affection des siens. Elle connaît les brimades, les vexations et le travail sans reconnaissance. Mais la peur également et décide de quitter cet emploi de quasi-esclave. Mais la liberté est-elle à sa portée ?...
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La vie sans fards

Lecture passionnante, bien qu'intime, je ne sais pas si c'est le format autobiographique qui y contribue, mais j'ai ressenti un peu de voyeurisme à me sentir intéressée par la vie de Maryse Condé (dont je découvre le travail et je suis à présent attirée par la lecture de certains de ses romans et essais), je suis même sur ma faim que le récit s'interrompe au tiers-temps de sa vie, je pense que la suite de son parcours doit être tout aussi captivant et inspirant.



Captivant et inspirant, c'est ce que j'ai ressenti.

Le parcours de cette femme, les épreuves de la vie, sa résilience, ses choix, ses forces, ses doutes, sa liberté, ses émotions, ses besoins. Son parcours de mère aussi, sincère, authentique, terrible aussi parfois (le récit de la naissance de sa fille m'a beaucoup touché)

Quel courage d'avoir vécu cette vie, d'avoir eu tant d'audace, de volonté, à cette époque, en tant que femme. Du moins, ce sont des projections de mes propres croyances limitantes. Car au final, ce récit, témoignage d'une époque et d'un contexte dont j'ignore tout, m'a fait reconsidérer pas mal de mes connaissances, et découvrir tant de personnages, de courants de pensées, de lieux, que j'ai à présent envie d'en apprendre encore plus.



Car sans conteste, ce qui m'a captivé à titre très personnel, c'est que ce témoignage de vie se déroule dans plusieurs pays d'Afrique, durant les années 1960, dans des contextes de décolonisation, de rupture avec l'occident, de révolution socialiste, de dictatures et coups-d'états, d'expansions de pensées indépendantes de l'Afrique, des Caraïbes, d'Haïti aussi. J'ai beaucoup appris mais découvre que j'ai encore tant à apprendre.



A moi les ouvrages de Maryse Condé à présent !
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Moi, Tituba sorcière

Ecriture fluide et très maîtrisée pour un sujet brûlant... Qui n'a pas fini de faire crier, écrire, pleurer.

Un livre écrit en 1986 qui donne un la à une foule d'autres, plus récents et essentiels ; les descendants et descendantEs des esclaves ont encore beaucoup à exprimer. L'humanité (principalement la blanche) a encore beaucoup à entendre et modifier pour qui sait un jour retrouver une certaine dignité.



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L'Évangile du Nouveau Monde



De Maryse Condé : L'évangile du nouveau monde.



Voici un livre déroutant, entre conte et réalité.



_Un couple en mal d'enfant découvre le matin de Paques un nouveau-né entre les pieds de leur âne. Celui ci évidement se prénommera Pascal.

_Cet enfant sera pour ses parents adoptifs le nouveau messie.

_A la croisée de divers sang mêlé celui-ci se sentira le besoin de changer le monde.

_Sa mission le fera voyager dans de lointains pays où les injustices règnent.



Mais dans le monde d'aujourd'hui avec internet et les inégalités peut-on vraiment espérer changer les mentalités et le racisme ?

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Moi, Tituba sorcière

Tituba est la fille d'Abena, une esclave violée par un marin anglais avant d'être achetée pour tenir compagnie à la femme de son maître. Jugée inutile car enceinte, elle est donnée en mariage à un autre esclave. Lorsque sa mère est condamnée à mort et son père adoptif se suicide, la jeune Tituba est recueillie par Man Yaya une guérisseuse qui communie avec les forces naturelles et surnaturelles. La vie de Tituba bascule lorsqu'elle rencontre et tombe amoureuse de John Indien. L'amour l'esclavagera et la mènera au cœur des procès de Salem... sur le banc des accusés.



Autant vous le dire, cette histoire ne respire pas la joie de vivre dès les premières lignes (mais on était prévenu entre l'esclavage et Salem) et les âmes sensibles devraient s'abstenir car certaines scènes (la torture des sorcières notamment) peuvent s'avérer très violente.

Cependant le projet du livre est des plus intéressants : Tituba est un personnage historique, elle a réellement été l'une des premières accusées à Salem d'être une sorcière. Mais qui était-elle vraiment ? L'histoire raciste et la société patriarcale n'ont pas jugé qu'il était intéressant de le consigner. Maryse Condé recrée donc l'histoire de Tituba. Certains passages appartiennent à l'histoire, d'autres sont totalement inventés pour combler ses lacunes et c'est tout l'atout du texte.

La grande réussite dans le style de l'autrice est la narration à la première personne qui permet de plonger dans l'histoire que Tituba nous raconte de sa propre voix. On la laisse enfin s'exprimer après l'avoir réduite au silence. Même certaines notes de bas de page sont ambiguës, les unes nous donnent des sources historiques objectives et les autres sont plus subjectives comme si Tituba nous avait fait des annotations.

Si le début avait un enchaînement rapide, j'ai trouvé que la fin traînait un peu en longueur et j'aurais aimé voir Salem un peu plus approfondit puisque c'est ce passage qui est mis en valeur par le titre.

Or j'ai eu l'impression que les procès étaient un peu survolés et ne prenaient finalement pas tant de place dans la totalité du livre. On nous décrit l'ambiance religieuse malsaine qui y règne mais ensuite Tituba est en prison et n'en sort pas avant le pardon général. On nous raconte les rumeurs qui lui parviennent de la prison mais qui sont incomplètes, incertaines et on n’en mesure pas vraiment l'envergure.

Pourtant, bon point pour la fin, je ne m'y attendais pas vraiment. Bien que j'aurais souhaité une fin différente, c'est finalement la plus réaliste.

Malgré ses nombreuses erreurs, on s'attache à Tituba qui est, au final, l'un des seuls personnages que j'ai réellement apprécié avec Man Yaya et Hester (tous les autres étaient vraiment détestables).

L'auteur développe, en plus d'une réflexion forte sur la liberté et l'esclavage, un questionnement éminemment féministe à de nombreuses reprises notamment grâce au personnage d'Hester, condamnée à la lapidation pour avoir trompé son mari.

La dimension surnaturelle des pouvoirs de Tituba est finalement ce qui amène à garder espoir dans un épilogue doux qui contraste avec une vie de souffrance. Il élargit le livre mais l'allège aussi, ce dont j'avais clairement besoin après une journée complète à lire Tituba passant de malheurs en malheurs.

Bien que confrontée aux difficultés de la vie, ce que j'ai apprécié chez la personnage principale, c'est qu'elle arrive à être heureuse à certains moments. Elle a conscience que son bonheur est éphémère et imparfait mais elle le souligne malgré tout.

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Moi, Tituba sorcière

« Blancs ou Noirs, la vie sert trop bien les hommes »



Passionnant roman, au récit qu’on ne lit pas tous les jours.



C’est d’abord une proposition futée : un roman sur l’histoire fictive d’une personne réelle, un style à cheval entre le roman fantastique et historique. Ce sont des anachronismes voulus et maîtrisés, le lecteur se prend à croire à l’existence de ces personnages et de ce monde parallèle aussi triste que merveilleux.



Mais c’est aussi un portrait de la féminité qui réussit à ouvrir une troisième voie en érigeant au même niveau ce qu’elle a de plus organique, de plus spirituel, que ce qu’elle a de plus politique (ca fait plaisir de ne pas opposer nature à culture). C’est d’ailleurs récurrent dans Moi, Tituba, qui porte au fil du roman, cette troisième voie(x).



Car on peut connaître les récits sur l’esclavage et le racisme, on peut connaître le sort réservé aux sorcières et femmes savantes, mais rester abasourdi et révolté de réaliser à quel point 1 + 1 font 3 pour Tituba, sorcière noire de Salem.



Unique en son genre, un remède à la binarité et une bonne initiation à l’intersectionalité, pour ceux qui en douteraient encore 😏
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Moi, Tituba sorcière

Merveilleux roman que je viens de relire. Tituba a réellement existé, est mentionnée dans les actes du procès des sorcières de Salem en 1692-1693 mais on ne connait rien d'elle. Maryse Condé lui redonne vie dans un roman à la fois historique, poétique, merveilleux, palpitant car la vie de Tituba est riche d'aventures.

Issue d'un viol entre une esclave et un marin blanc sur un bateau négrier, elle accoste à la Barbade, aux Antilles. Après la mort de sa mère pendue sous ses yeux pour s'être défendue contre un planteur trop entreprenant, elle est élevée jusqu'à ses 14 ans par Man Yaya, une femme qui l'initie aux soins par les plantes, lui apprend à communiquer avec les invisibles, les morts qui nous sont chers, à devenir une sorcière qui fait du bien.

Tituba rencontre John l'Indien, un homme lâche pour l'amour duquel elle redevient esclave. Tituba comme lui dira plus tard Hester rencontrée en prison aime trop l'amour et les hommes, c'est sa grande faiblesse, jamais elle ne pourra de venir féministe. Ces passages là sont très drôles. Tituba, en effet, n'est pas une esclave noire soumise, elle est forte, elle aime la vie malgré les malheurs qu'elle endure. Maryse Condé lui redonne vie et surtout une personnalité, des pensées.

Embarquée à Salem par Samuel Parris, un pasteur puritain fanatique, elle est accusée de sorcellerie, elle qui se servait de ses dons pour soulager et guérir. Les Blancs puritains n'y voient qu'une emprise du Malin, la différence de mentalité est totale. Cette communion totale avec les Esprits, la Nature n'est vue que comme la marque du diable par les Puritains.

Un livre sur l'esclavage, sur les femmes, sur l'amour. Tituba, une femme généreuse, solaire, drôle, intelligente et humaine par ses faiblesses...les hommes et l'amour.
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Moi, Tituba sorcière

C'est l'histoire d'une femme extraordinaire qui reste debout et fidèle à elle-même malgré les violences et les trahisons dont elle est victime.

C'est l'histoire des sorcières de Salem du point de vue de celle que les historiens ont oublié, Tituba l'esclave noire qui voulait guérir et qu'on a condamné à cause de la couleur de sa peau.

C'est un roman extraordinaire qui montre le racisme et le sexisme et dénonce le fanatisme religieux mais parvient tout de même à faire rêver grâce à son réalisme magique.
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