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Critiques de Maryse Condé (352)
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Moi, Tituba sorcière

Le procès des sorcières de Salem est un bout d'Histoire très connu, implanté jusque dans la pop-culture. Mais un personnage est très souvent laissé dans l'ombre : Tituba. Tituba, l'esclave, la sorcière, vue comme une demi-femme, à peine humaine non pas à cause de ses supposés pouvoirs mais du racisme. C'est d'ailleurs ce qui l'a paradoxalement sauvé du bûcher. Ils la détestaient et la méprisaient, et même de leur vengeresse tuerie elle n'était pas digne.



Maryse Condé, dont la plume, le talent et l'engagement ont été récompensé par le Nobel Alternatif de Littérature de 2018, nous livre ici l'histoire de Tituba dans son ensemble, pas la seule période de Salem qui devient presque anecdotiques. Et quel tour de force de prendre le lecteur à revers. Combien avons nous été à prendre ce livre en ne pensant qu'au procès de Salem ? Maryse Condé nous parle de la Barbade, du temps où Tituba était libre. Elle nous parle de son coeur si faible face aux hommes, permettant d'aborder de manière fine la perception des oppressions et la manière dont elles se hiérarchisent dans nos regards. Par l'histoire de Tituba, on découvre les grandes Histoires que sont l'esclavage, les procès misogynes pour sorcellerie, la haine des hommes, la pauvreté ; par la lorgnette de la petite histoire et de sa vie. Celle d'une femme qui se cherche, vit des expériences, belles ou mauvaises, et qui suit son chemin tant bien que mal pour rester fidèle à ses valeurs.
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Traversée de la Mangrove

C'est une veillée funéraire, sans famille éplorée ni pleureuses. Pendant que les femmes prient, les hommes boivent du rhum. Au cours de la nuit les voisins, habitants de Rivière au sel racontent :



Francis Sancher est vient de Cuba, a parcouru l'Afrique. Il  a débarqué à la propriété Alexis, lieu abandonné, peut-être hanté, il ne cherche pas à se lier avec ses voisins, exerce une certaine fascination surtout sur les femmes.



Roman choral.  Chacun livre sa version de l'histoire de Francis Sancher, et en même temps, se raconte. Diverses personnalités composent cette société métissée. Aussi bien, le propriétaire de la pépinière qui a l'ambition d'exporter ses fleurs jusqu'à la cour de la Reine d'Angleterre, Sylvestre le "zindien", Léocadie l'institutrice, Désinor le travailleur haïtien exploité qui rêvait de New York, Cyrille, le conteur, Sonny le demeuré, Xantippe l'homme des bois, le sauvage, aussi bien que les intellectuels Emile Etienne l'historien, Lucien, le révolutionnaire....Et les femmes souvent mariées très jeunes, femmes délaissées ou mères déçues, secrètement (ou pas) amoureuses de Francis Sancher. On devine de lourds secrets de famille. l'histoire et la politique affleurent dans les récits.



Il en résulte un livre passionnant, riche, qui soulève différents thèmes : le racisme toujours présent même si les sangs sont mêlés et les couleurs de peau nuancées, la lutte des classes, déclassement de l'ancien béké qui s'est allié à une femme noire, zindiens parvenus, allers et retours en métropole, négritude ou créolisation?



Et décor naturel luxuriant aux flancs du volcan, cultures de canne ou de bananes....



Un véritable coup de cœur pour le style inimitable de l'écrivaine!
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Moi, Tituba sorcière

Maryse Condé est une écrivaine, journaliste, universitaire guadeloupéenne. J'ai donc lu ce livre en prévision de notre prochain voyage : Guadeloupe! 



"Qu’est-ce qu’une sorcière ? Je m’apercevais que dans sa bouche, le mot était entaché d’opprobre. Comment

cela ? Comment ? La faculté de communiquer avec les invisibles, de garder un lien constant avec les disparus,

de soigner, de guérir n’est-elle pas une grâce supérieure de nature à inspirer respect, admiration et gratitude ? En conséquence, la sorcière, si on veut nommer ainsi celle qui possède cette grâce, ne devrait-elle pas être choyée et révérée au lieu d’être crainte"



Mais Moi Tituba... se déroule à la Barbade , île colonisée par les Britanniques aux Antilles, île à sucre où sévit l'esclavage. Tituba est  vendue à un pasteur  qui l'emmène à Salem au moment du célèbre procès des sorcières de Salem , sujet de la  pièce d'Arthur Miller  (1692).







Comme Solitude, Tituba est née d'un viol sur le bateau qui faisait voile vers les Antilles. Sa mère Abena, achetée pour distraire la maîtresse blanche est rejetée à cause de sa grossesse, mariée puis pendue quand elle s'est défendue avec un coutelas en se défendant de son maître qui voulait la violer. Tituba est chassée de la plantation et recueillie par Man Yaya détentrice d'un savoir ancestral, guérisseuse et sorcière. 



"

Quand Man Yaya meurt, Tituba n'est pas esclave. Elle vit dans sa case, cultive son jardin, cherche les plantes avec lesquelles elles soulage les douleurs de ses voisins. Elle sait aussi converser avec les disparus, sa mère, Man Yaya. Elle serait peut être restée libre et  heureuse sur ses terres si elle n'était pas tombée amoureuse de John Indien, l'avait rejoint dans la belle demeure de Carlisle Bay puis s'était retrouvée vendue au Révérend Parris.



Bien  triste personnage ce pasteur qui fait vivre tout son entourage dans la crainte de Satan. Aussi  terrible que le pasteur luthérien des Graciées qui mena en 1613   une chasse aux sorcières en Laponie. Même composante raciste, les femmes samis étant soupçonnées, comme les noires à Salem. Et Tituba ne sera même pas nommée dans le procès de Salem, ni graciée en 1693 avec les autres accusées blanches. 



"Je sentais que dans ces procès des sorcières de Salem qui feraient couler tant d’encre, qui exciteraient la curiosité

et la pitié des générations futures et apparaîtraient à tous comme le témoignage le plus authentique d’une époque crédule et barbare, mon nom ne figurerait que comme celui d’une comparse sans intérêt. On mentionnerait çà et là « une esclave originaire des Antilles et pratiquant vraisemblablement le “hodoo” ». On ne se soucierait ni de mon âge ni de ma personnalité. On m’ignorerait."



Pour payer les frais de son séjour en prison, Tituba est à nouveau vendue, à un marchand juif qui fera aussi l'objet de persécutions. Finalement elle pourra retrouver la Barbade et sa case. Et l'histoire ne se termine pas là....






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Les sorcières dans la littérature

Les Sorcieres thème récurant et qui obsède certains auteurs. Dans ce livre, on y retrouve des extraits de divers écrivains pour décrire la sorcière, belle et ténébreuse, vilaine et méchante, divers textes où la sorcière dépeinte et différente en fonction de l'histoire.



Il est vrai que je ne pensais pas que j'allais me retrouver face à divers extraits, j'imaginais plus tôt, une description de la "sorcières" traversant les siècles et diverses descriptions qui en seraient faites et pourquoi c'est un thème assez répandu et qui fascine toujours autant à notre époque.



Il y en a pour tous les goûts, Beaudelaire ou Hugo ou d'autres que je ne connaissais pas ou simplement de noms. Un moment qui dépayse et qui nous fait découvrir ou re découvrir des histoires de sorcières qui ne le sont pas forcément.

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Les sorcières dans la littérature

« Cette femme était le diable. Elle me donnait le vertige et le frisson. » (Michèle Gazier, Portrait de femme en rose et rouge)



Les sorcières dans la littérature @editionsfolio



Eh bien, comment pourrait-on présenter ce petit ouvrage? Je dirais, comme un petit recueil de sorcières…



Il reprend, à travers 14 extraits, des portraits de femmes, de sorcières, dans la littérature depuis l’époque latine (Apulée) jusqu’à aujourd’hui, en passant par des auteurs aussi prestigieux que George Sand, Victor Hugo, William Shakespeare avec son célèbre Macbeth!



« Foie de Juif qui a blasphémé,

Bile de chèvre, repousses d’if

Brisées par éclipses de lune,

Nez de Turc, lèvres de Tartare… »



À travers ces morceaux choisis, on entrevoit le regard porté sur la femme, sorcière, à travers le temps et les époques…



« Qu’est-ce qu’une sorcière?

Je m’apercevais que dans sa bouche, le mot était entaché d’opprobre. Comment cela? Comment? La faculté de communiquer avec les invisibles, de garder un lien constant avec les disparus, de soigner, de guérir n’est-elle pas une grâce supérieure de nature à inspirer respect, admiration et gratitude? En conséquence, la sorcière, si on veut nommer ainsi celle qui possède cette grâce, ne devrait-elle pas être choyée et révérée au lieu d’être crainte? » (Maryse Condé, Moi, Tituba sorcière…)



Un court recueil qui illustre la pensée de chaque époque et donne matière à réflexion… 😉



« Une sorcière, dit-il, une possédée, capable d’abaisser le ciel, de suspendre la terre, de tarir les fontaines, de dissoudre les montagnes, de faire remonter les morts et descendre les dieux, d’éteindre les astres, d’illuminer le Tartare lui-même. » (Apulée, L’âne d’or)
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Moi, Tituba sorcière

Je ne me lasse pas de cette écriture si chantante si riche , de cet art de conteuse de maryse Condé

Ce sublime petit air 19eme siècle qui donne à tous ses livres ce délicat parfum qui me charme

Merci madame d écrire ainsi

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Histoire de la femme cannibale

C'est avec L'histoire de la femme cannibale que je découvre l'écrivaine guadeloupéenne, Maryse Condé. Un roman riche, très dense et une lecture hélas assez laborieuse pour moi.



Rosélie, l'héroïne est une femme peintre originaire de la Guadeloupe dont le compagnon Stephen, professeur d'université et grand spécialiste de la littérature irlandaise, vient d'être assassiné dans la ville du Cap où ils résidaient et en apparence vivaient depuis vingt ans un parfait amour. Un énorme choc pour Rosélie qui doit réapprendre à vivre seule, à s'affirmer et à se retrouver elle-même. Une épreuve pour cette femme complexe qui a toujours vécu à l'ombre de l'homme qu'elle a aimé, qui l'a emmenée en voyage au hasard de ses mutations (U.S.A., Japon puis Afrique du Sud). Elle a tourné le dos à sa famille, se sent partout en exil, abandonnée, stigmatisée, rejetée par les blancs qui méprisent sa couleur de peau mais aussi par les noirs qui la considèrent comme une traitresse. Rosélie a peu d'opinions personnelles et de toute façon ne les exprime pas, elle déteste lire, n'est pas intéressée par les voyages et n'aime pas non plus la musique, seule sa peinture sauvage et passionnée trouve gré à ses yeux. Toute sa personnalité reste à s'épanouir.



Dans ce récit riche mais complexe, Maryse Condé traite avec talent de nombreux thèmes : racisme, couples mixtes, condition féminine, violence dans l'Afrique du Sud post-Apartheid, émancipation... Elle mêle les multiples souvenirs de Rosélie aux éléments de son quotidien, elle mélange passé et présent, elle évoque la vie d'autres personnages, le destin d'autres femmes, dont celui de Félia qui a assassiné son mari et condamnée à l'emprisonnement. Maryse Condé possède un style d'écriture sobre, élégant mais imagé développant de nombreuses métaphores issue de sa culture antillaise. Je lui reprocherais malgré tout une trop grande densité. Ce roman est touffu, les chapitres très longs sans la moindre "aération". J'avoue avoir eu un peu de mal à suivre le cheminement de la narration et me suis sentie parfois en perdition, relisant quelques pages antérieures pour me remettre "sur les rails".



Malgré tout, je n'en resterai pas là et m'aventurerai sûrement à nouveau dans d'autres romans de Maryse Condé !



#Challenge illimité des Départements français en lectures (971 - Guadeloupe)
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Victoire, les saveurs et les mots

Maryse Condé conte l'histoire de sa grand-mère maternelle presque oubliée, dont l'histoire a été tue par sa propre mère. Ce roman rend justice et hommage à Victoire, cette femme illettrée et peu loquace qui trouvait dans la cuisine une façon de s'exprimer. Sa cuisine était pour elle un lieu de création où elle mêlait, comme une artiste, les goûts, les formes et les couleurs, pour le plus grand plaisir de ses hôtes.

Cette lecture est un véritable régal, une farandole de saveurs au cœur de la société de classes guadeloupéenne où Victoire, issue des catégories populaires et paupérisées, se fait une place de servante chez les bourgeois blancs grâce à son art culinaire.
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Ségou, tome 2 : La Terre en miettes

Suite de mon voyage dans le Mali du 19e siècle. La ville de Ségou comme décor, la famille Traoré comme personnages essentiels.

Pauvre Ségou, deux fois conquises, brisant sa culture, son histoire.

Par la violence, elle est devenue musulmane. Par la violence, elle est devenue française. Et ce en quelques années.... Le polythéisme ou l'animisme a été banni, les populations ont été brimées dans leur religion, dans leur liberté.

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Mon voyage s'est également déroulé sur la Gold Coast (le Bénin ou le Nigeria) où là c'est la religion chrétienne qui s'implante. Nous suivons l'un des héritiers Traoré décidé à changer de vie ce qui l'amène à partir en Jamaïque.

Certes c'était intéressant, mais vraiment je préfère les pages centrées sur Ségou. De ce fait je retournais à Ségou avec des petits sauts dans le temps déstabilisants, me perdant un peu dans l'arbre généalogique familial... D'où mon 4 étoiles comparativement aux 5 étoiles du premier tome.

Mais cette nuance reste mineure, ce livre est passionnant riche d'informations et de découvertes.
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

Ségou. Grande ville le long du fleuve Niger entre Tombouctou et Bamako.

Fin du XVIIIe : Segou est la capitale du royaume du même nom, où vivent les Bambaras, peuple noir, polythéiste.

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L'auteure va entreprendre une grande et passionnante saga familiale autour d'un père (un grand notable) et ses 4 fils pour nous décrire l'Histoire de ce royaume, la vie quotidienne à cette époque.

Typiquement le genre de roman que j'adore : j'ai été embarquée par l'histoire des 4 frères, j'ai découvert l'Histoire de ces contrées. Passionnant et instructif !

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4 frères. 4 aventures. 4 vies bouleversées par l'Histoire.

Si vous voulez savoir comment l'Islam s'est implanté dans le Mali d'aujourd'hui, allez-y vous découvrirez plein de choses. Si vous voulez en apprendre plus sur ces anciens esclaves d'Amérique du Sud revenant sur leur terre natale, pareil !

A noter que les femmes ne sont pas mises de côté, au contraire elles ont une place centrale.

Les rites, la culture sont détaillés. On partage avec plaisir les repas des personnages. On découvre aussi les traditions familiales, le mépris envers d'autres groupes ethniques....

Vraiment le genre de livre qui me plait !

.

Ce livre est à la fois un récit historique mais aussi un incroyable voyage qui vous fera découvrir évidemment le Mali du XIXe, mais aussi Fès, le Brésil.

Et la violence pour imposer une religion.......

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A noter que j'ai commencé le 2e tome avec plaisir. Livre coupé en 2 plus pour des raisons éditoriales ou de facilité pour le lecteur vue l'épaisseur finale de cette saga.

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En attendant la montée des eaux

"En attendant la montée des eaux" est un assemblage d'histoires humaines, de récits de vie de malheur, d'amitié un peu déroutante entre des hommes qui n'ont que leur tragédie personnelle à partager. Ils se reconnaissent en se racontant leur vie tragique. Il y a d'abord Babakar le médecin accoucheur, descendant métis d'un malien et d'une antillaise aux étrangers yeux bleus. Personnage central, il vit en solitaire en Guadeloupe. La vie frappe à sa porte un soir qu'il doit aller accoucher une jeune Haïtienne qui meurt en couches. Il fait le choix de garder le bébé Anaïs comme sa fille.



Ce choix entraine un certain nombre de rencontres. Movar était l'ami de la jeune accouchée Reinette. Son histoire sur les origines de Reinette convainc Babakar d'aller en Haïti à la recherche de sa famille. Là il rencontrera Fouad, un autre exilé installé en Haïti.



Le point commun de ces hommes est leur histoire d'exil et leur destin balloté et brisé par la politique, les guerres et les intérêts des puissants. Ils suivent les événements, comme Babakar qui suit son ancien camarade d'université devenu leader des forces du Nord dans une guerre civile ou Movar, le haïtien qui se retrouve membre de milices faute de ressources pour pouvoir faire autre chose.

Le sens du livre est-il là ? Montrer l'impuissance des hommes face aux décisions des pseudos dirigeants du monde?

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Moi, Tituba sorcière

Lecture sonore lue par Audrey Fleurot (Chez Gallimard dans la collection Écoutez, Lire)



Temps d'écoute : 6h30 environ



6h30 d'écoute environ.



Ce livre-audio offre une version romancée de l'esclave Tituba, l'une des figures féminines oubliées de l'Histoire. Son histoire est pleine de violence, de souffrance et de sacrifice et pourtant, sa mémoire est toujours vive et contemporaine. Elle questionne notre regard, notre vision de l'Histoire qui a écarté les personnes racisées. Si la chasse aux sorcières de Salem reste un épisode tristement célèbre, qui se rappelle de Tituba, la première accusée de sorcellerie ? Est-ce un hasard s'il s'agit d'une esclave noire, doublement aliénée en tant que femme et femme noire ?



J'ai lu ce roman pour enrichir mon féminisme. Après tout, Tituba est une icône politique qui défie les idéologies racistes et puritaines, passées et présentes. C'est aussi une sorcière et il est heureux de rappeler que les sorcières ne sont pas seulement des femmes blanches et que l'imaginaire est multiple.



J'ai apprécié découvrir la prose de l'autrice guadeloupéenne Maryse Condé que je ne connaissais pas. Lauréate en 2018 du Prix Nobel alternatif de Littérature, elle a démontré que l'écriture est affaire de toutes et tous, elle à qui on avait prédi que "les gens comme nous n'écrivent pas" : à savoir les femmes noires. Il me semble que le défi est joliment relevé !



Je vous recommande fortement cette lecture des plus riche et instructive !
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Moi, Tituba sorcière

Inspiré de la vie de Tituba, ce roman nous emporte à la rencontre d’une esclave devenue sorcière.



Née à la Barbade, Tituba semble prédestiner à un destin tragique. Fille d’esclave, elle doit apprendre à survivre seule. Man Yaya, guérisseuse, l’initie aux pouvoirs des plantes et elle parvient peu à peu à parler aux morts. Elle trouve auprès de ces « invisibles » aide et soutien.



Par amour, Tituba quitte sa Barbade natale pour Boston. Ce bouleversement l’emporte loin de ses proches défunts. Isolée, elle ne parvient plus à communiquer avec eux. Puis, elle doit survivre à Salem. Sa différence et ses pouvoirs susciteront la méfiance d’une communauté puritaine. Accusée de sorcellerie, elle devra en tant que femme noire faire face à un destin implacable.



Maryse Condé redonne de la voix à un personnage oublié de l’histoire. Largement imaginé par Maryse Condé, Tituba impétueuse et compassionnelle revit sous sa plume. Portée par la révolte émanant de ce récit, j’ai été transportée par le début du roman mais je me suis légèrement essoufflée sur la fin.
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Moi, Tituba sorcière

Très bien écrit, se lit facilement. On est plongés dans l’Histoire, dans l’esclavagisme. Tituba est une femme puissante, optimiste et qui aime vivre malgré sa vie déchirée et c’est beau à lire...

Elle ne renonce jamais !

C’est aussi une façon de rendre mémoire à « ces sorcières » de Salem, qui n’ont qu’une mince place dans l’Histoire…













































































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Moi, Tituba sorcière

Chronique



Moi, Tituba sorcière…



« Ne se déclare pas sorcière qui veut! »



Il faut l’avoir éprouvé dans la chair et dans le sang. Il faut l’avoir approché des feux et des tempêtes…Il faut l’être et l’incarner avec sagesse…

C’est pour cela, que Toi, Tituba, peut se déclarer sorcière.

Tu es femme, belle, forte, rompue, éveillée, serviable, amoureuse, bienveillante, initiée, troublée, seule, redoutée, rose, naïve, guérisseuse, bien-aimée…

Mais tu choisis d’être Sorcière, parce que toi seule connaît la valeur de ce mot, ce qu’il représente, ce qu’il sous-entend, ce qu’il contient. Tu sais que les autres en ont fait une injure, lui ont dessiné une réputation, lui ont inscrit des dénominateurs cachés, l’ont couvert d’opprobre…Et pourtant, tu es la sorcière la plus inspirante de toute l’Histoire, et je suis bien heureuse que tu aie trouvé l’oreille attentive de Maryse Condé pour confier ton histoire bouleversante…



« Que pouvais-je donc espérer? »



J’espère que d’autres histoires vont ressortir des cendres, que d’autres oreilles vont entendre, que d’autres mains vont écrire, que d’autres cœurs purs vont rétablir justice. Maryse Condé, dans ce roman, décide de refaire vivre une affaire classée de Salem. Elle décide de romancer l’histoire de Tituba, parce que l’Histoire et les hommes l’ont écarté de la lumière. Effacer la femme, les femmes, les souvenirs, les outrages, les condamnations, les pendaisons, les corps, la mémoire. C’est ce qu’il s’est passé à Salem, des accusations sordides, obscures, infondées, douteuses, puériles, fatales à l’encontre des femmes. Il ne faisait pas bon vivre dans cette ville en 1692, pour une femme, et d’autant plus, si elle était noire et guérisseuse. Ce roman, c’est le croisement de plusieurs histoires dramatiques qui ont touché et sévit dans l’Amérique du Nord au XVII ème siècle…Entre l’esclavagisme, le racisme, le sexisme, l’obscurantisme et la chasse aux sorcières: c’est un déferlement d’Histoires de haine…Et je crois que comme Tituba, il ne me reste que des questions sans réponses pour trouver du sens aux explosions de confettis de fleurs, de chair et de sang, auprès du flamboyant…



« N’en avais-je pas assez de ce cortège de déboires qui accompagne les affections? »



Il faudra bien que je me résolve à dire non. Car de l’affect, j’en ai eu trop. Trop de compassion, d’admiration, d’épanchement, aussi envers cette personne mi-réelle, mi-fictionnelle, Toi, Tituba, sorcière…Comment rester insensible à tes souffrances, à tes vagues d’amours, à tes sortilèges de bienveillance, à ton charme fou, à tes mots si doux? Comment rester indemne face à ce qu’ils t’ont pris, arraché, enlevé, nié, annihilé?

Je voudrais apprendre à rameuter, comme toi, les forces de la nature. Je voudrais rameuter, toutes les femmes du monde, toutes les sorcières de jadis et de demain, afin que dans nos nuits, tu nous reviennes, visible, dans la forêt…Et comme toutes les affections, il y a eu des déboires-comme j’ai eu mal de ce qu’il t’ont infligée- mais il y a eu aussi des bouts de bonheurs- comme j’ai eu plaisir à lire la délicatesse de la plume de Maryse Condé- que je peux affirmer, Moi, Stelphique Fée, que j’ai eu un coup de cœur pour ce livre…

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Moi, Tituba sorcière

Tituba parvient à vivre libre à l'écart des blancs, après s'être enfuie quand sa mère est pendue pour avoir assassiné un blanc qui voulait la violer. Dans son ensemble le récit est une fiction tentant d'inventer quelle a pu être la vie de la vraie Tituba, sorcière noire jugée lors des procès de Salem.

Le récit met d'emblée l'accent sur l'opposition entre blancs esclavagistes, violeurs et violents, et noirs réduits en esclavage. La première absurdité du roman survient lorsque Tituba, libre, tombe amoureuse de John Indien. Passons sur les motivations particulièrement triviales de ce qui cause cet amour : « Qu'avait-il donc, John Indien, pour que je sois malade de lui (…) Je savais bien où résidait son principal avantage (…), la butte monumentale de son sexe. » le pire est que Tituba renonce, oui, RENONCE à sa liberté pour aller vivre comme esclave chez les blancs où John Indien et son pénis monumental sont esclaves.

On suit ensuite, à toute vitesse, car tout dans ce roman va vite et rien n'y est fouillé, les tribulations de Tituba de la Barbade à Salem. Imprudente et régulièrement naïve, elle finit jugée pour sorcellerie, mais échappe à une sentence de mort. Elle est trahie par John Indien qui, c'était prévisible, se rallie aux blancs, lui qui depuis le départ semble soumis et consentant à sa condition d'esclave.

Tout est bâclé dans cette narration : les péripéties s'enchaînent sans être détaillées ni approfondies, les personnages secondaires sont creux, John Indien est un personnage inconsistant et sa trahison est évoquée en passant, comme si l'évènement n'avait aucune importance. Tituba semble elle-même absurdement indifférente à ce qu'il fait et à leur séparation, elle qui a troqué sa liberté contre la vie d'esclave à ses côtés.

Le style est souvent ampoulé, lyrique mais sans charme, les émotions des personnages sont décrites de façon outrée, naïve, voire parfois plus proche d'une écriture de collégien que d'un auteur digne de ce nom.

L'évocation, au passage, d'Hester, lointain pastiche du personnage de Hawthorne, est grotesque.

On finit par être indifférent à ce qui va arriver à Tituba, et par s'ennuyer ferme, ce qui est une gageure : s'ennuyer avec un tel rythme survolté de narration témoigne vraiment d'un piètre talent de romancière.

Pour finir, sur une vue d'ensemble, le personnage de Tituba a une psychologie complètement invraisemblable : on entend bien parler la femme noire universitaire occidentale qu'est l'auteur, mais on a peine à croire que cette femme orgueilleuse qui porte un regard critique sur les attitudes morales ou immorales des uns ou des autres est une femme métis esclave du 17ème siècle, fille d'une femme ghanéenne et d'un marin violeur.

J'avoue une grande perplexité face au Prix Nobel alternatif reçu par Maryse Condé : ni les qualités d'écriture, ni les qualités narratives, ni les qualités réflexives que l'on peut attendre d'un auteur jugé à ce niveau ne sont présentes dans ce roman. La condition des femmes, l'esclavage, l'amour, tout cela est jugé à l'emporte pièce, sans profondeur, sans subtilité, dans une succession de lieux communs. En conclusion, je déconseille cette lecture et je ne lirai aucun autre livre de cet auteur.
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Le coeur à rire et à pleurer

Autobiographie somme toute classique que celle de Maryse Condé qui choisit de nous raconter, dans l'ordre chronologique, son enfance et son adolescence guadeloupéennes, jusqu'à son émancipation familiale et son départ définitif pour ses études à Paris dans les années 1950.



Née en 1937 de parents fonctionnaires à tendance orgueilleuse - c'est ce que sur quoi Maryse, et ce qu'elle retient des paroles de leur voisinage, insiste le plus -, faisant de leur fierté d'être "français" - la Guadeloupe est encore une colonie, pas un département d'outre-mer - leur leitmotiv pour éduquer leurs enfants, la petite Maryse grandit donc dans un univers qui la pousse à accepter naturellement la condition coloniale de son pays. De saynètes en saynètes, d'anecdotes en anecdotes, de descriptions en descriptions, où pointent bien souvent humour et dérision, c'est en effet la famille, l'entourage, les lieux, les conditions sociales, les conditions raciales, toute la Guadeloupe, qui est dépeinte par l'enfant et l'adolescente, finalement pas dupe de sa condition - enfin, est-ce Maryse enfant ou adulte qui s'exprime, l'on est face à toute la problématique de l'écriture autobiographique ici -.



Et c'est, finalement, tout l'intérêt de son autobiographie, qui nous montre, par ce regard, aiguisé et avisé, comment cette éducation l'a finalement poussée vers le chemin inverse, celui de la dénonciation du colonialisme, des lectures de Césaire, de Fanon... à l'arrivée à Paris.



Une lecture passionnante, assez simple d'accès - une fois les références culturelles, géographiques, historiques... débroussaillées - que je vais proposer à mes classes de troisième l'année prochaine. J'ai beaucoup apprécié la plume de Maryse Condé, que je découvrais ici. Je vais réitérer la découverte.
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Moi, Tituba sorcière

Dans les documents authentiques du procès des sorcières de Salem au 17ème siècle, apparaît une esclave de la Barbade, décrite comme pratiquant le vaudou, et prénommée Tituba. On n’en sait pas plus.

Maryse Condé, intriguée par ce personnage énigmatique, lui a donné une vie. En s’appuyant sur les données historiques sur l’esclavage, elle nous livre ici une autobiographie de cette étrange Tituba : son enfance, son apprentissage des plantes et des sorts qui guérissent, sa rencontre avec l’homme de sa vie pour lequel elle renonce à une liberté solitaire et cachée à la Barbade.

C’est ensuite sur le continent qu’elle le suit, dans ces territoires qui ne sont pas encore les États-Unis. Maryse Condé nous livre alors une dénonciation féroce du puritanisme et de l’intégrisme religieux, qui au 17ème siècle comme aujourd’hui, entrave et torture en premier lieu les femmes.

L’épisode Salem est plutôt moins réussi que le reste du roman, accumulant les personnages sans leur donner chair.

Mais l’ensemble reste une lecture très agréable, dans une belle écriture touchante.



Challenge Départements (Guadeloupe)
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre



Le nombre, la pertinence et la longueur des commentaires montrent la richesse et la complexité de ce grand roman, mais certains peuvent rebuter des lecteurs potentiels. Aussi voudrais-je simplement dire que c’est un grand roman épique, tragique, historique, familial, dans la tradition des grands romans fleuve français, avec des niveaux et des angles de lecture différents et complémentaires (colonialisme chrétien et musulman, découverte de la civilisation bambara, esclavage, relations de pouvoirs, conflits familiaux, féminisme), un roman qui exige de ses lecteurs culture, intelligence, curiosité, effort. Le tout écrit dans une langue magnifique, savante et pleine de verve, aux antipodes de cette « écriture blanche » incolore, inodore et sans saveur dont certains font l’apologie. Que demander de plus ?

Toutefois un conseil : pour ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de Maryse Condé, commencez par lire « Moi, Tituba sorcière…Noire de Salem » et « La belle créole », avant de gravir cet Everest littéraire.

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L'Évangile du Nouveau Monde

Pascal, enfant trouvé, aimé, vénéré, n'aura de cesse de retrouver son père. On le dit fils de Dieu, mais qui est Dieu, et surtout OÙ est-il ?



Sur ce thème, naissance et vie d'un prophète, Maryse Condé nous fait voyager à travers le monde, en passant par le Brésil, Haïti, New-York et bien d'autres pittoresques endroits.



C'est une histoire complexe, et j'ai souvent eu la tentation de me mettre à la place de Pascal -Jésus, j'ai bien aimé les clins d'oeil appuyés aux évangiles, aux apôtres et aux miracles.

Il me semble cependant que ce plagiat assumé et décalé n'est qu'un prétexte littéraire pour parler de racisme, d'amour et de religion.

J'aurais aimé que la psychologie de Pascal soit un peu plus approfondie, j'ai eu la sensation de rester au bord du personnage qui mérite plus, à mon humble avis... oui il est humble, oui il est plein d'amour, oui il se cherche, mais pourquoi ai-je la sensation d'être passée à côté de sa véritable personnalité ? j'ai cherché, comme lui, mais je n'ai pas trouvé ...
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