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Critiques de Maurice Limat (72)
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Amazone de la mort

Cyrille Denizet fait toujours le même cauchemar depuis la mort récente de sa fiancée Christiane. Elle lui demande de l'aider depuis l'au-delà. Tourmenté, il se résigne à consulter son médecin qui lui recommande d'après ses symptômes d'aller consulter Teddy Verano, le détective des fantômes. Pour mettre fin à son angoisse, ce dernier lui propose d'aller ouvrir la tombe pour constater qu'elle repose en paix mais comme on peut s'en douter le cercueil est bel et bien vide...

Seconde tentative de lecture d'un volume de la collection Angoisse des années 60 et celle-ci est la bonne !

Dans Amazone de la mort, on retrouve tous les ingrédients d'une bonne série Z : un savant fou, des zombies très sexy, un beau médium qui fait tourner les têtes, une voyante qui se fait appeler Anita, un fossoyeur pervers et cerise sur le tombeau, un fameux détective de fantômes !

Coté prose, il ne faut pas s'attendre à de longues envolées lyriques. Ça reste un bon roman de gare. Donc parfait pour mes trajets quotidiens. Il ne me reste plus qu'à dénicher les autres enquêtes de Terry Verano, ce qui n'est pas une mince affaire...



Mention spéciale pour la couverture fantastique de Michel Gourdon .
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MarTerVenux

Peu connue des lecteurs de science-fiction "classique", l'oeuvre de Maurice Limat constitue un véritable continent. Cet auteur fut l'un des piliers de la SF francophone populaire dans l'après-guerre, et l'un des grands romanciers des éditions Fleuve Noir.



Dans la bibliographie foisonnante de Maurice Limat, le cycle de Martervenux constitue à n'en pas douter l'univers le plus original, le plus inventif, le plus poétique aussi.



Les romans qui constituent le cycle sont plutôt faciles à dénicher dans les rayons des bouquinistes, mais trouver son chemin dans le labyrinthe des mondes de Martervenux est une autre affaire.



Pour aider le lecteur passionné, Jean-Marc Lofficier offre avec ce passionnant ouvrage un petit guide encyclopédique de cet univers imaginaire. L'ouvrage, très bien conçu et fort plaisant à lire, est constitué de 5 parties.



D'abord une introduction, qui présente l'oeuvre de Maurice Limat.

Puis un très précieux résumé des romans du cycle ; cette partie sera précieuse pour le débutant qui souhaite aborder ce monde romanesque en privilégiant les ouvrages les plus réussis.

Un dictionnaire A à Z de tous les personnages, planètes, etc.

Un dictionnaire thématique du monde de Martervenux

Et une chronologie de cet univers.



Cette petite bible constitue à la fois un superbe hommage à l'oeuvre de Maurice Limat, et un précieux vademecum pour le lecteur curieux qui souhaite entrer dans ce monde de SF rétro, mais non désuète, tout comme pour le passionné qui souhaite approfondir sa connaissance de l'univers romanesque d'un auteur à redécouvrir.
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Moissons du futur

"Comme nous tous, je cherche l'Octogone, et ce qu'il emporte. Ces moissons du futur que nos savants de la Terre y ont établies dans l'espoir de sauver la race humaine menacée."



L'Octogone, un abri construit au fond de la mer pour servir de lieu de refuge. Alors que les femmes enceintes sur Terre souffrent de maux terribles et que les enfants sont tous contaminés, la Terre décide de ne plus autoriser de naissance et imagine une sauvegarde de fœtus au fond de la mer qu'elle décide de porter à terme dans une symbiose parfaite avec des plantes. Une femme enceinte se rebelle et tente le tout pour le tout en s'enfuyant. Malheureusement elle est rattrapée et enfermée dans l'Octogone. Alors que les robots en charge du suivi des embryions dans ce refuge, celui-ci est enlevé par des extra-terrestres. Alors que ces derniers s'enfuient avec leur trésor, ils essuient une tempête qui dérègle les instruments et envoie l'Octogone dans un autre espace-temps via une faille lumino-temporelle. Des terriens et des extra-terrestres s'allient et vont partir à la recherche des éventuels survivants.



Je suis toujours étonnée par cette collection Fleuve Noir qui livrait si régulièrement des récits d'anticipation et de fiction en publiant des auteurs qui rivalisaient d'imagination en deux cents pages, plus ou moins. Ici surgit l'idée "que les deux races, l'humaine et la végétale, ne semblaient plus faire qu'une" à certains moments, une naissance par phytobiosynthèse. Tout aussi intéressante, l'idée du "Grand Echangeur" qui permet de naviguer dans l'espace-temps pour "être entraîner en avant ou en arrière du temps" via ce "damné nœud de lumière intra, ou extra, ou infra-temporelle, je ne sais trop…"

J'y prends plaisir à découvrir toutes ces histoires.

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Échec au soleil

Deux planètes habitées par des humanoïdes, Watsi et Groona, dans le système solaire de Zéo, se font la guerre dans une lutte sournoise et hypocrite, une sorte de guerre froide, sans tirs de missiles, de bataille de l'espace. L'empereur de Groona fait construire une sorte de voile intersidéral qui masquera le soleil sur la planète concurrente, Ram, un jeune officier militaire de Watsi, est envoyé sur un satellite de Groona pour espionner et tâcher de comprendre ce que mijotent ses ennemis.

Maurice Limat explore plusieurs genres, entre espionnages, hard SF, space opera. le côté espionnage sert le rythme, l'action, le mouvement et accroche l'intérêt au récit. Au niveau du hard science, c'est comme souvent chez Maurice Limat, un gros fourre tout fantaisiste, au niveau de ses connaissances en matière d'astrophysique, en plus, c'est écrit en 1964, mais cela ne m'a pas gêné, de la même manière que l'incohérence scientifique de la série Star Wars ne semble pas gêner grand monde. Enfin, du space opéra, franchement, il y a ici beaucoup de bonnes idées, outre cette notion de voile cachant le soleil, il y a aussi une utilisation originale du voyage dans le temps, quelques fantaisies architecturales, animales et décoratives inventives, pleines d'imagination et baroques.

Mais l'essentiel n'est pas là :

Maurice Limat a plutôt mauvaise réputation, à cause de sa prose alambiquée, pompeuse, au lyrisme gonflé, c'est le “précieux ridicule” de la science fiction. Il utilise souvent des mots, des métaphores volontairement savants mais en même temps risible, il appelle la mort “état posvital”, l'espace est toujours “intersidéral”, il aime bien les mots fourre tout qui se contentent de faire intello mais qui ne veulent rien dire, comme “transcendental”, et il invente toute une série de néologisme technologique, “sidérotélé, sphéronef, coplanétoïde, kinescope, quintucéphale, natatoire”, “Et tout cela était projeté au-delà de l'homme lanterne-magique, par un superkinerama en reliefcolor…” Mais moi, ce que j'aime bien, c'est que ça sonne, il y a là dedans tout un côté décoratif des mots, kitchissime, totalement roccoco, même dans les noms propres ou les noms de matériaux inconnus sur terre. Connaissez-vous l'amolx smaragdin… :

“Les yeux mi-clos, étendue sur un immense sofa tissé de madorva mauve, entre des colonnettes torsadées en amolx, l'impératrice savoure une cigarette de faoz, récolté dans les « Plaines Basses » de Groona. Rien ne voile sa beauté et, près d'elle, aussi peu vêtu, l'envoyé de la planète Watsi ne dépare pas l'ensemble.”

La syntaxe aussi participe à cette fantaisie baroque, avec les métaphores un peu ridicules, les tournures de phrases torturées, des effets dramatique forcés, les réflexions et questionnements du héros éthérées et vaseuses, mêlés à ce vocabulaire pseudo-savant et parfois mystique, pour faire honneur à Monsieur Limat, je serais tenté d'inventer le néologisme “ridiculomystique”. J'ai trouvé quelques perles. Je vous cite ce passage pour attirer le chaland adepte du second degré, amateur de kitsch et ennemi de tout ce qui se prend trop au sérieux, mais qui risque de rebuter celui qui n'est pas prêt à goûter à cette étrange drogue et qui voudrait qu'une lecture reste cantonnée au premier degré :

“Ram ainsi rêvait, béat, oubliant jusqu'à ses responsabilités, tirant une joie inconnue de cette passivité qui s'égalait à l'action en un raccourci saisissant. Agir était pour lui le zénith du nadir non-être. Et, comme le prétend une thèse audacieuse, peut-être ce zénith et ce nadir se confondaient-ils. Ram filant aussi vite que la lumière se croyait immobile, en sa propre force d'inertie. Il s'égalait à l'ombilic du monde parce que le monde ne faisait plus que graviter autour de lui. Il était ce point extradimensionnel des définitions géométriques. Il s'échappait de tout. Il montait, montait sans cesse, en un heureux vertige intérieur.”

Bon, d'accord, ça ne veut pas dire grand chose, et pourtant, je vous l'avoue, j'ai ressenti une immense joie à la lecture de ce passage, il est complètement déjanté ce Maurice Limat ! ça ressemble à une interview de Salvador Dali !

Mais ne vous détrompez pas, Maurice Limat n'a pas la moindre prétention littéraire contrairement à certains que je ne nommerais pas, il n'y a rien de pire qu'un style alambiqué associé à la prétention de son auteur. Lui, il a un recul sur son style, sa littérature, et c'est cela qui le rend le plus attachant : “Tout cela allait de la philosophie la plus sage aux élucubrations les plus prétentieusement stupides”. Il sait écrire, mais il sait aussi qu'il fait du roman de gare, et vraisemblablement, il s'amuse comme un petit fou et cet amusement se transmet, à condition d'accepter de jouer le jeu.

Ce roman est sans doute le meilleur que j'ai lu de cet auteur, les inventions et l'intrigue y sont plus solides que la moyenne, je ne vous cacherais pas que ce n'est pas le chef d'oeuvre du siècle, mais quand je lis un roman de Maurice Limat, je m'éclate totalement, il érige la SF de carton pâte au rang d'art, je ris, je jubile, je me dis “Non, il n'a pas osé !” et c'est ce qui compte. Je me demande même si je ne vais pas lancer un fan club.
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Le troubadour de minuit

Avec un titre pareil dans une collection de science fiction, il faut s'attendre au pire, et à ma plus grande joie, c'est bien ce qui est arrivé, seul Maurice Limat pouvait oser un truc pareil.

Imaginez un homme à cheval sur un avion de guerre avec son banjo éliminant les ennemis à coup d'arpège et d'harmonies : ploing, ploing, ploing ! Aaaaargl !

L'histoire : un troubadour au XIIIe siècle est enlevé par des extraterrestres en plein milieu du bûcher destiné à le brûler vif, avec son luth (non, ce n'était pas un banjo, pardon). Ces extraterrestres, humanoïdes bien sûr (sinon c'est pas drôle), ont besoin de lui pour ses pouvoirs particuliers, comme par exemple jouer du luth ou de la harpe dans les scènes de guerre… hum, ne riez pas, je vous parle là d'un livre qui a été édité pour de vrai !

L'écriture de Maurice Limat aussi mérite un grand écarquillement des yeux et de grandes claques du plat de la main sur le front. Les tournures de phrases sont alambiquées, torturées, avec une tonne d'adverbes, pronoms et mots qui alourdissent la lecture, des “toutefois” en pagaille, des “présentement”, des “ladite”, “par le truchement”, “consécutive à”. Son style est tellement improbable, pour ne pas dire presque illisible qu'il en devient totalement unique. Il part parfois dans des explications scientifiques génialement fumeuses, où la tournure de la phrase voudrait nous faire croire à une logique implacable, mais en réalité où il n'y a rien à comprendre. Et soudain, le voilà parti dans une grande envolée lyrique, au moment où on ne s'y attend plus.

Si, si, Maurice Limat est très sérieux, ce n'est pas un livre comique, encore que je le soupçonne de s'amuser à écrire, de rire de ce qu'il va oser infliger à ses lecteurs. Espèce de sadique !

Des fois, je me pose des questions sur l'identité de Maurice Limat, comment des éditeurs ont bien pu croire en cet auteur, les a-t-il hypnotisés ? Les a-t-il soudoyés ? C'est à mon avis assez proche de l'hypnose, je pense plutôt que Maurice Limat vient en fait d'une autre planète, et par suggestion il les a forcé à publier ses romans, sa mission étant de rendre la science-fiction tellement ridicule que la présence de vie intelligente ailleurs que sur terre puisse paraître une aberration tellement ses théories sont fumeuses et improbables et ainsi protéger les extraterrestres des humains. Mission qu'il a honoré avec brio. C'est du moins l'hypothèse que je considère comme la plus plausible.

J'ouvre régulièrement un de ses romans et j'en lirai certainement encore, pourtant, c'est vraiment très mauvais d'un point de vue littéraire, et niveau de la science-fiction, n'en parlons pas, c'est juste affligeant. Mais justement, ce côté antiacadémique fait que chaque lecture d'un de ses romans paraît comme une expérience unique, à des lieues de la Littérature avec un grand “L”, dans une science fiction de carton-pâte. Mais c'est quoi ce truc ! Lire Maurice Limat, c'est pénétrer le monde des paradis artificiels, c'est une expérience au-delà des sens, improbable, c'est le moment où le très mauvais roman devient génial.

Notez qu'à chaque fois que je lis un roman de Maurice Limat, je prends un plaisir formidable à en écrire la critique, c'est bien la preuve que c'était un grand moment de lecture. Non pas de lecture, c'est encore autre chose.

Moralité 1 : le ridicule ne tue pas.

Moralité 2 : Ne pas se prendre trop au sérieux.

Moralité 3 : La musique n'adoucit pas forcément les moeurs.

Moralité 4 : faut pas me chercher, sinon je vous joue un air de banjo !

Moralité 5 : Ils sont parmi nous !

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Coup dur sur Deneb

C’étaient les critiques de jamiK évoquant la drôlerie et le charme kitsch de ses romans qui m’avaient donné envie de découvrir Maurice Limat. Ainsi, lors de l’été 2019, je m’étais régalée installée sous mon parasol en lisant « les sirènes de Fao ». En attaquant ce « coup dur sur Deneb », j’avoue que je craignais un peu de ne pas ressentir le même enthousiasme, que passé la découverte, le charme n’opérerait pas de la même façon. Et bien ce n’est pas le cas, je me suis encore plus régalée avec cette seconde lecture de Limat.



On est vraiment dans le roman de gare. Le point de départ est très basique, les personnages ont une psychologie aussi épaisse que du papier à cigarette et il y a un gros aspect kitsch mais ça participe indéniablement au charme du roman, tout comme l’écriture au ton parfois franchement désuet et qui use et abuse de néologismes naïfs qui ne peuvent que faire sourire. Ce qui pourrait être vu comme des défauts est d’autant plus plaisant que par ailleurs Limat sait aussi faire preuve de savoir-faire. Dans « coup dur sur Deneb » il y a de vraies trouvailles originales et bien trouvées et Limat parvient à proposer un récit plein d’aventures et de rebondissements avec un ton finalement assez singulier.



« Coup dur sur Deneb » a été une lecture de plage idéale, légère, dynamique, amusante et pleine d’action. J’ai passé un moment délicieux. Limat est décidément un auteur idéal pour la plage.



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Les sirènes de Faô

Quand les décors en carton-pâte rencontrent l'imparfait du subjonctif…

Chez Maurice Limat, ça sonne, c'est baroque et technologique à la fois, j'y ai rencontré une palanquée de néologismes qu'il affectionne particulièrement : tramono, fusaviso, ztax (ça se boit), platox, Pam-Pam, reliefcolor, martervénux, cosmavisos, dépolex, spalax, inframauve, mécanélec… il les ressort dès qu'il en a l'occasion, il a l'air de s'éclater à inventer ces nouveaux mots, et aussi à nous ressortir quelques vieilleries bien réelles et bien désuètes : smaragdin (vert émeraude), icosaèdre (forme géométrique de 20 faces), salmigondis… la langue est travaillée, avec des formules un peu ringardes, quelques envolées poétiques, une syntaxe alambiquée et même de l'imparfait du subjonctif. C'est souvent un peu ridicule, tout ça côtoie allègrement les explications techniques dignes d'un mode d'emploi Ikea, mais personnellement, j'y prend un plaisir non négligeable.

C'est un univers de science fiction très kitsch, à la mode des années 50 à 70, on sent bien que la rigueur scientifique n'a pas la moindre importance, ce qui compte, c'est que ça bouge, c'est que les images d'une science-fiction d'un autre temps ressurgissent dans notre cerveau.

Qu'est-ce qu'il vous vient en premier à l'esprit lorsque vous pensez à la série Cosmos 1999, ce n'est pas la finesse du scénario, l'acuité dans l'anticipation, non, ce sont les combinaisons à pattes d'éléphants bien sûr ! Et bien là c'est un peu pareil.

Des vaisseaux spatiaux, des ondes télépathiques, des pistolets lasers, des planètes étranges, se confrontent à des considérations terre à terre, teintées d'un machisme désuet, dans une histoire où l'émancipation de le femme est au coeur de l'intrigue, mais imaginée avec une condescendance patriarcale d'un autre temps. Mais que feraient les femmes sans le hommes, les pauvres !

Surement que dans l'anticipation de Maurice Limat les femmes continuent à moins gagner que les hommes, mais elles ont toujours le droit de se faire appeler “Le beau sexe” et il y a toujours des speakerines à la télé.

« Mais Marianne, Janine, Sophie, de la Terre ; Ofria de Vénus et Axxim de Mars, Ekdil du Centaure et Vaoni de Cassiopée, elles avaient toutes disparu. » Je pense que c'est le seul roman de science fiction où un personnage s'appelle Janine. Sur la Terre, sur Vénus, sur la Lune, des femmes se font enlever par un mystérieux vaisseau. Puis c'est au tour de la compagne de Luc Delta, Tamara, qui semble être plus spécialement visée et comme dirait l'auteur à propos de Tamara et Luc, « selon une formule que le XXIe siècle n'avait pas changée, on dirait sur leur passage “quel beau couple” ». Luc Delta, notre héros testostéroné, beau et courageux, réussira à les poursuivre jusqu'à la planète Fao où les hommes sont réduits à l'esclavage sous le joug des femmes. Beau programme en perspective, où les clichés ne manqueront pas, il va y avoir de la casse, de l'action, et une fin James Bondienne comme il se doit.

Il n'y a pas de prétention chez Maurice Limat, au contraire, il y a même parfois une pointe d'autodérision, c'est ce qui fait que cette lecture passe très bien, distrayante, parfois drôle, de la science-fiction ultra kitsch, même si on n'est pas loin de l'overdose sur la fin, réservée à ceux qui aiment les combinaisons à pattes d'éléphants de Cosmos 1999 et les décors orange pétant de Star Trek et qui ont un jour été subjugués par le film “La planète interdite”.

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Moi, un robot

Moi qui ait l'habitude de moquer un peu le style de Maurice Limat, écrivain de science-fiction de carton-pâte au style ampoulé et baroque, je dois reconnaître qu'il sait aussi écrire des livres sérieux de qualité. Celui-ci est écrit en 1960, et la parenté avec Stefan Wul saute aux yeux, Maurice Limat est encore assez loin du kitsch de ce qu'il produira plus tard. (un kitsch qui prête à rire mais que je ne dénigre pas pour autant, loin de là)

Ici, ce sont le robots les héros, et les humains leurs ennemis, déjà une bonne idée pour commencer, mais on constate très vite que la conception de ces robots est trop anthropoïde, ce n'est pas Isaac Asimov, il n'a pas réussi à imaginer des êtres artificiels suffisamment détachés de la conception humaine, mais cela va s'avérer volontaire et nécessaire pour l'évolution de l'intrigue. Le style est assez élégant, il part parfois dans quelques longues phrases d'explications un peu lourdes comme à son habitude, il faut bien qu'on reconnaisse sa patte, mais certains passages de descriptions sont franchement élégants.

Pour ce qui est de l'intrigue, il s'agit d'une révolte de robots contre leur maîtres, avec combats et poursuites dans le vide interstellaire, et avec sentiments et émotions. le rythme est particulièrement bien travaillé, avec deux parties distinctes dans le récit. le suspense est bien ménagé, pour un lecteur de science-fiction encore naïf, il faut quand même le souligner. J'ai deviné le coup de théâtre qui a lieu au trois quarts du roman bien avant qu'il survienne. En 1960, la collection était encore orientée jeunesse, assez prude et à la violence mesurée, l'intrigue est assez subtile et passionnante pour un oeil encore neuf sur le sujet. Pour ma part, j'ai lu un bon roman d'aventure, avec de bonnes idées, un roman jeunesse non dénué de charme, la lecture a déroulé agréablement avec un plaisir non feint.
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Tempête sur coxxi

Démarrage cinématographique, un individu seul sur une planète austère, haletant dans une course folle, tout de suite on est dans le ryhtme, dans l’action, l’écriture est soignée, un peu théâtrale, c’est la patte de Maurice Limat, puis cette scène va découler sur un coup de théâtre avec un meurtre et une victime en double !

Deuxième partie, l’équipage échoue sur une deuxième planète, molle, vampirique, et pétrifiant tout sur sa surface, DANGER !



On se croirait dans une série TV des années 60/70, Star Trek, Cosmos 1999, il y a un petit côté kitsch, ce n’est pas sans charme. Ici, Maurice Limat n’en fait pas des caisses, il reste (presque) sobre. Il maintient le suspense, avec du rythme, des idées originales, et même si la résolution de l’affaire est légèrement capilotractée, je ne boude pas mon plaisir de passer un moment dans cette science-fiction de carton pâte qui titille ma nostalgie.



Voici un livre de Maurice Limat presque classique, au style plus simple que la moyenne, mais vraiment distrayant, très agréable à lire malgré son aspect désuet.
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Lumière qui tremble

Une planète, Evkeer, ses deux soleils, son satellite E Bis, un planétoïde aussi austère qu'inhabité…

Un astronef en provenance d'Evkeer vient de s'écraser sur E Bis. Raphaël, d'origine Terrienne est-il le seul survivant ? Et son frère ?

Qui est Volkaar, qui s'enfuit, récupérė par un inconnu en véloxauto ?



Sur la route retour d'une mission d'étude pour le compte de l'Interplan, Robin Muscat se repose dans un hôtel de luxe Martien. Se repose ? C'est vite dit : un tapage dans une chambre voisine l'oblige à intervenir. Mlle Vrex, une Vénusienne, semble bien perturbée à l'arrivée de l'inspecteur Muscat. Et Volkaar qui s'annonce…



De temps en temps, j'aime bien me replonger dans la littérature science-fiction des années 50/60, dont Maurice Limat, auteur d'une cinquantaine de romans au Fleuve Noir Anticipation (collection « fusée disait-on à cette époque), était un des fers de lance.

Une production inégale, certes, mais ici avec « Lumière qui tremble » publié en 1962, il me semble qu'on se situe dans le meilleur de l'auteur : de l'imagination, de l'innovation ; certes pas sur le style, un peu daté, délicatement désuet…



Néanmoins une lecture très divertissante.

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Les vikings de Sirius

"Les vikings de Sirius" a été publié la première fois en 1984. Je l'ai trouvé un peu par hasard en passant en revue des titres sur le thème des vikings sur ma plate-forme numérique.



Je ne vais pas vous mentir... cela ne casse pas trois pattes à un canard. Cela étant dit j'ai bien rit (même si je suis convaincue que ce n'était pas le but) de certaines scènes un peu saugrenues.







Le héros est le Chevalier Bruno Coqdor et il se retrouve à la merci du chef des Vvôx (sur la planète Pâkaô) un certain Toog-au-Masque-d'opale.



Oui ces extraterrestres ont des vaisseaux qui ressemblent à des drakkars mais rien ne rappelle chez ces créatures quoi que ce soit du peuple viking. Par contre il y a des zombies... cherchez l'erreur.



Bref... pour se vider la tête je crois je préfère encore une petite romance historique écossaise :-)



Challenge multi-défis 2017 (20)
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L'Étoile de Satan

Cette lecture d'un roman de Maurice Limat aura encore été un bon moment de détente et de rigolade. Non, ce n'est pas un roman comique, mais il y a quelque chose de totalement réjouissant dans ses romans : j'aime son style théâtral, la syntaxe héritée du théâtre classique, mélangé à une science apparemment savante mais totalement incohérente, c'est Corneille avec des rayons laser et des combinaisons moulantes. Les vaisseaux spatiaux se conduisent comme des voitures de rallye, attention aux tête à queues, les femmes sont un peu sottes, les sous-fifres meurent à la pelle, les animaux domestiques ressemblent à des écureuils/dogues/chauves-souris, les planètes et extraterrestres portent des noms imprononçables et Bruno Coqdor est télépathe... Vous me direz, “c'est un peu ridicule, non ?” Je vous le confirme, et c'est ça que j'aime.

Maurice Limat revisite dans ce roman, le mythe du vaisseau fantôme, en version space opera, excusez du peu :

– “Peut-être, fit remarquer Didier, ce navire vient-il d'une autre galaxie, d'une autre dimension ?… Ou bien…

– de l'enfer, murmura le matelot Mac Duff.”

Ah, non, c'est horrible ! j'en tremble encore. Allons-y donc, pour lutter contre la malédiction :

“Dans la voûte embrumée, quasi insoutenable au regard, l'Étoile de Satan brillait de son sinistre éclat, et semblait bien mériter son appellation, tant elle paraissait faite pour luire sur un monde de malédiction.”

“Et tous évoquaient assez bien la grande supplication muette d'un univers qui a outrepassé les lois divines et stagne dans un éternel châtiment.”

Et quand la tension est à son comble, le flegme du héros est un réconfort (ou pas) : “Mon devoir est de vous dire que la situation est désespérée…”

Maurice Limat n'a pas peur du grandiloquent, du pompeux, du kitsch, c'est sa marque de fabrique. Et la science vient se mêler à cette prose, dans les moments où on s'y attend le moins, les définitions scientifiques viennent succéder aux passages lyriques, ça fait un curieux mélange.

Alors oui, le scénario est assez bancal, le style est vieillot et pompeux, le lyrisme et forcé, la science ne tient pas la route, mais à ce niveau, c'est du grand art, c'est Maurice Limat !
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Méphista et la lanterne des morts

C’est le quatrième roman de Maurice Limat que je lis, je ne vais pas pour autant vous parler de chefs d’œuvres, mais voilà, j’aime bien le subjonctif, on n’utilise plus assez le subjonctif, Maurice Limat aime le subjonctif, alors j’aime Maurice Limat : “Il eût fallu, pour les trancher contre une arête vive, ramper vers l’angle de la dalle qui le soutenait mais, pour cela, des contorsions eussent été nécessaires et auraient attiré l’attention de Méphista”. Pas mal, non !

C’est une histoire d’envoûtement, de sorcellerie. Deux blessés de la route sont alors transformés en sorte de Zombie qui agissent sous l’emprise d’une sorcière surgie du passé, se servant de la diabolique Méphista pour assouvir sa soif de vengeance et de haine. Méphista, c’est l’ennemi récurrent, celui qui ne meurt jamais de romans en romans, dommage que je n’ai pu mettre la main sur les premiers volumes de la série.

Niveau angoisse, on ne peut pas dire que ça atteigne des sommets, ce n’est certainement pas de l’angoisse qui donne des frissons. Mais une lecture au second degré garantit des fous rires. Maurice Limat nous aiguille d’ailleurs dans ce sens, jouant de formule de rhétorique alambiquées, avec une écriture un peu vieillotte, faisant un emploi régulier du subjonctif, des changements de tons brusques, comme par exemple dans ce paragraphe employant un vocabulaire (“euphémisme”, “hiératique”) et des structures de phrases (“sinon… du moins…”) recherchés pour conclure avec un trivial “— Ah ! non, c’est trop con de mourir comme ça !”

On retrouve le lyrisme un peu kitch cher à Maurice Limat, avec quelques pointes d’humour incongru (La référence à Mireille Mathieu !) et il se permet même de se moquer de lui-même et de ses propres lecteurs avec un petit clin d’oeil : “Un vampire, hoqueta Coralie, qui devait lire des romans d’angoisse”. Il y a un côté flegmatique dans le caractère de son personnage principal qui s’accorde avec le style d’écriture tout aussi détaché de l’action : “Bien que de telles phrases aient un côté mélodramatique qui le ferait peut-être sourire en d’autres circonstances, Teddy, enseveli vivant, ligoté, meurtri, ignoré de Gérard et du monde, livré à la fois à Méphista et à son infernale inspiratrice, comprend quelle est sa situation et le frisson qui le parcourt n’est nullement dû à la fraîcheur du caveau”.

Pour conclure, la confrontation finale entre Teddy Verrano et Mephista est très théâtrale, écrite dans un style lyrique, et qui mariée avec l’aspect rocambolesque de la situation, en devient plus comique qu’angoissante, un final en apothéose baroque. Pour ce qui est de l’histoire, c’est franchement du lourdingue sans grand intérêt, mais personnellement, je m’éclate toujours à lire les romans de Maurice Limat. Pour ceux qui sont insensibles au second degré, passez votre chemin.

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Le septième nuage

Chauffe Maurice !

Luc Delta, notre beau héros testostéronné, part à la découverte de Jupiter, les jupitériens n'ont qu'à bien se tenir ! Maurice nous sert son antienne habituelle, un héros infaillible, faut pas lui chercher la chicaya.





Il y a un truc que je trouve toujours formidable chez Maurice (permets-moi de te tutoyer et de t'appeler par ton prénom, depuis le temps qu'on se connaît), les grands savants travaillent dans leur labo en plein espace avec des cornues d'un autre âge, mais si tu va fumer ta clope dans l'atmosphère vivifiante de Titan tu l'allumes avec un vrai gadget du futur : le briquet atomique ! Pause clope atomique !





Bon direction Jupiter, pour pouvoir s'y rendre, Luc Delta et Ernest Tavier ont été opérés afin que leurs poumons puissent (j'essaie d'utiliser le subjonctif moi aussi !) respirer avec n'importe quel gaz. Les cosmonautes ont des noms bien franchouillard, les aventures de Luc et Ernest, ça claque façon Grande Vadrouille ou Soupe au choux, n'est-ce pas, et la petite amie de Luc à un nom de poupée, Tamara, alors que les quatre savants s'appellent Un, Deux, Trois et Quatre…

Deux - « Pourquoi c'est toi Un, d'abord ! »

Un - « Parce que ! »

Cinq - « Bonjour, moi c'est Cinq ! »

Un, Deux, Trois et Quatre - « On n'a pas besoin de vous, désolé. »

Quatre à Trois en aparté : « Qui a laisser entrer ce con ? »





Évidemment, comme toujours chez Maurice, les théories scientifiques sont fumeuses, il serait plutôt adepte de la poudre de Perlimpinpin, mais avec l'emploi du subjonctif, ça fait tout de suite plus savant, plus compliqué, pour en saisir toute la subtilité, encore eût-il fallut que vous fûmâtes (plein d'accents circonflexes aussi, c'est cool) du faoz, du honx (quel galimatias !) et autres herbes odoriférantes venues de la Terre, du Centaure, d'Orion et de Deneb, qui vous aurait illuminé les synapses, l'extase, ça se mérite. Les jupitériens (des Warzz avec deux Z bien sûr) sont des nuages, que notre regard voit se superposer tels des palimpsestes… Euh, Maurice, tu as poussé le bouchon (atomique) un peu loin. le mec, il est en train de fumer et il voit des nuages autour de lui ! N'est-ce pas merveilleux ?





Je ne dirais pas que c'est le plus déjanté de ces romans, il date de 1968, et Maurice est encore un garçon sage, il fait vraiment de la science fiction, mais il se la joue poète aussi, sa description de l'atmosphère de Jupiter est empreinte d'un lyrisme et il vend bien sa câme le coco :

« D'ailleurs, depuis la première conquête spatiale par les Terriens — celle de la Lune — on avait perdu la désagréable habitude d'écrire des livres descriptifs et soi-disant scientifiques sur les mondes encore inexplorés. Les dogmes s'étant écroulés les uns après les autres et la simple réalité se démontrant souvent plus proche des rêveries des poètes et des romanciers, on attendait, pour classer une planète, d'y avoir mis le pied. »





En gros, si vous cherchez de la rigueur scientifique, passez votre chemin, la science trop sérieuse, c'est des carabistouilles et vive la poésie (ou un truc emberlificoté qui s'y apparente). En fait on ne peut pas parler vraiment de poésie, le style est quand même assez lourd, redondant et ridiculement ornementé, surjoué, mais c'est ce que j'aime y trouver chez Maurice, parce qu'il n'y a que lui pour proposer une science-fiction si joyeusement caricaturale et croquignolesque.





Bon, voilà, je m'étais dit en commençant cette critique que je n'avais pas grand choses à dire sur ce livre et les plus courageux se seront farci ma logorrhée qui ne les a peut-être pas éclairés, sachez que j'en suis désolé, mais je tiens à nous prévenir que je recommencerai.



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Les soleils noirs

Nebulosoïde ! Ce que je trouve formidable chez Maurice Limat, c'est qu'il trouve toujours l'occasion de nous proposer quelques néologismes improbables, des mots qui ne serviront qu'une seule fois dans toute la littérature, non, ce n'est pas tout à fait vrai, parfois il les ressort d'un roman à l'autre, mais je crois que celui-ci brille par son unicité. Et puis il y a le néologisme approprié, celui que l'avenir confirmera, mais Maurice Limat passera toujours un peu à côté. A l'époque où se déroule ce roman, on se déplace en électrauto… on aurait pu nous aussi, non ?

Bon, il n'y a pas que ça chez Maurice Limat, il y a aussi beaucoup de théories scientifiques, sa science-fiction utilise beaucoup d'innovations, d'audaces, de nouvelles façons de concevoir la physique, et il nous sert même quelques théories... pas vraiment nouvelles puisque les seules explications concernent les bases de la science déjà bien connues, mais avouez qu'avec une pointe de subjonctif, ça fait tout de suite plus compliqué : “La logique, la science pure, attestaient que, depuis toujours, un corps, quel qu'il soit, de la simple molécule à l'astre lui-même, ne peut « tomber » que sous l'effet d'une attraction, et ce, à l'encontre d'un autre corps pourvu que ce dernier fût d'une pesanteur supérieure, en vertu de la loi universelle de gravitation. “ Mais il tient à rassurer tout de suite le lecteur qui n'a pas compris : “Mais ce n'était pas le moment de chercher à comprendre.” Bref, la science, ce n'est que pour les décors, alors du moment que ça brille…

Dans cette zone de l'espace où les soleils sont noir, ça ne va pas briller longtemps, toutes les lumières sont en négatif. Idée originale pour la base d'un roman, après ça, bon, c'est un peu n'importe quoi, mais il y a le héros testostéronné qui brille par son intelligence avec un nom à la con, Bruno Coqdor, avouez qu'il faut le faire, il y a aussi le savant qui va tenter de comprendre pour aider nos héros à se sortir d'une fâcheuse posture, un couple de star du cinématographe du futur, et aussi quelques navigateurs de l'espace, des vaisseaux spatiaux, et même des “vibrations vivantes”, Bref, il y a tout ce qu'il faut pour de l'action, des mystères et de l'héroïsme.

C'est évidemment très kitsch, un peu rétro, et ça m'amuse. Ce n'est pas de la grande littérature, je prends plaisir à lire ce genre de roman. Il y a un peu de moquerie, mais je suis persuadé que Maurice Limat prend plaisir de son côté à la provoquer chez son lecteur.

Allez, vous reprendrez bien un petit coup de nébulosoïde ? Alors n'hésitez pas à tenter l'expérience Limat…

Et vive l'imparfait du subjonctif !

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Particule zéro

La particule Zéro est une particule qui permet de déplacer la matière dans le temps et un rayon produit par cette particule permet de vieillir ou de rajeunir telle personne, planète ou tout autre objet.

Bruno Coqdor va se lancer à la recherche d’un petit objet équipé de cette particule et qui pourrait bien mettre la galaxie en danger.

Je ne sais pas si c’était une bonne idée d'enchaîner deux romans de Maurice Limat à la suite, j’avoue que je suis assez déçu de cette lecture. On pourrait craindre un effet de saturation, mais je pense plutôt que celui-ci souffre d’une carence. J’y ai moins lu de passage de ce lyrisme désuet qui fait le charme ses romans. Je n’y ai pas retrouvé MON Maurice, celui qui use de subjonctif passé, qui utilise des tournures de phrase du théâtre classique, et du coup, les faiblesses du scénario n’en sont que plus flagrantes, et la morale (on est en 1964) teintée de valeurs chrétiennes n’en est que plus indigeste. Heureusement, on retrouve toutes ces sonorités avec tout ces noms imprononçables : Al Zwuod, Râx (couché Râx ! c’est un Pstôr), Blem Valtor, Welt Ub, Wlâ-Hal, Deggor Tô, Jmao, Aardoo, Etx, Maurice Limat a une affection toute particulière pour les accents circonflexes et les “x”, d'ailleurs, tous les noms technologiques finissent par un x, Téléplex, platox, dépolex, spalax, martervénux.

Et puis on retrouve aussi ces explications oiseuses de théories scientifiques fumeuses, on retrouve l’ambiance des premières séries TV de science fiction, avec les décors en carton, les soucoupes volantes, les méchants qui veulent devenir Maître de l’Univers, les savants dépassés par leurs inventions maudites, j’imagine même les bruitages réalisés avec les premiers synthés, “wiwiwiwiwiwi, bzzzzzzz…” il y a de l’action, des rebondissements, c’est divertissant, comme une vieil épisode de Star Trek. Sans doute que ceux qui aiment comme moi le charme désuet d’une science fiction d’un autre âge pourront apprécier ce genre de littérature, ça ne vole pas haut, mais on s’en fout !

Et comme dirait mon amis Zwluyz d’Arttuh : “Bluôggg Var-Lôl zwehg jjiuy-ob !” Vous l’aurez bien compris, c’est du ftoopahg, la langue sacrée de la planète Pyr, inutile de vous le traduire, les mots de notre langue ne permettraient pas d’en saisir toutes les subtilités, mais ceux qui comprennent le ftoopahg en apprécieront l’ironie, n’est-ce pas.

Et maintenant, en route vers de nouvelles aventure !

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La tour des nuages

Guy, employé de base à la tour des nuages, sorte de tour de contrôle de gare aérospatiale, a trouvé dans une brocante, un artefact extraterrestre, sorte de boussole mystérieuse. Le brocanteur se fait attaquer quelques jours après. Guy se sent menacé, des visions, des rêves le perturbent. Cet étrange objet va jeter la panique dans la tour des nuages. Guy va se retrouver embarqué dans une étrange aventure, courses poursuites, voyages dans le temps, débarquement sur une planète habitée par des êtres sonores, belle endormie coincée dans le temps. L’imagination de Maurice Limat est, dans cet opus, totalement débridée, un bonne idée de départ, de l’action, et toujours sa plume baroque, et comme à son habitude, pas besoin de s’encombrer de crédibilité inutile. Pourtant, cette aventure démarre avec des bases solides, je l’ai même trouvé très sérieux pour une fois, pas trop de néologismes, c’est structuré, pas trop de situations farfelues et bancales, je me suis même demandé un moment si j’étais bien dans un roman de Maurice Limat, bon, il a toujours cette manière de gigolo en chasse pour parler de la gente féminine, mais je me suis inquiété, où est le kitsch rococo en carton pâte ! Alors que ça commençait à me manquer, soudain c’est l’extase, je se suis soulagé lorsque nos héros se retrouvent à voyager nus sur le dos de dauphins volants. Ouf !

Celui-là est encore meilleur, parce qu’il s’est fait attendre, et c’est au moment où on ne l’attend plus qu’il surgit, j’ai eu envie de crier OUAI ! comme si mon équipe avait marqué un but, c’est d’ailleurs un peu pareil. À oualpé sur sur le dos de dauphin volant, il a osé ! Trop fort, le Maurice ! C’est sûrement le meilleur voyage à oualpé sur dos de dauphins volants de toute la littérature galactique !

Et aussi, l’histoire est une variation sur le thème de La Belle Au Bois Dormant ! La Belle au Bois Dormant de l’espace… Si si.

Au final, encore une joyeuseté science-fictionnesque kitschissime de Maurice Limat, encore un roman que si tu t’attends à de la SF sérieuse, tu risques de ne pas t’en remettre, mais que si tu joues le jeu, si tu sais respirer la bonne humeur et la joie d’écrire de son auteur, si tu as envie de lire ce que jamais personne d’autre n’a osé écrire, si tu penses que le ridicule ne tue pas (et ce qui ne te tue pas te rend plus fort) tu vas passer un moment de lecture formidable.

J’aime les dauphins volants, et c’est mon droit après tout !

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Les sirènes de Faô

Il suffit de découvrir le nom du personnage principal pour savoir à quel genre de héros on va avoir affaire. Luc Delta. Tout un programme ! Ce héros très lisse m’a pas mal fait penser au Capitaine Futur d’Edmond Hamilton. Comme son cousin américain Luc Delta est un mâle alpha infaillible à qui tout réussit. On ne tremble jamais pour lui, on sait qu’il s’en sortira, mais le plaisir n’est pas là. Si on accepte de se laisser charmer par son kitsch désuet « les sirènes de Fao » est une lecture de plage idéale qu’on lit le sourire aux lèvres et le cerveau au repos.



L’intrigue est bien entendu assez simpliste mais c’est ça qui est chouette et bien rigolo. Cette variation SF du thème des amazones est teinté d’un machisme tellement suranné qu’il en devient amusant et même presque charmant.

Le style de Limat est à l’avenant, plutôt daté, ce qui ajoute au charme de l’ensemble. D’autant plus qu’il y a parfois dans le roman des touches poétiques, un peu à côté de la plaque mais très sympathiques.



Cela faisait quelques temps que Limat me faisait de l’œil, la faute aux super critiques de jamiK, et je suis plus que ravie d’avoir découvert cet auteur. J’ai passé un délicieux moment de détente, idéal pour oublier les soucis du quotidien.

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La cloche de brume

La scène d’introduction est vraiment pas mal, intensité dramatique, et étrange mystère. Mais bon, la scène de tempête dans le Golfe de Gascogne, on va vite l’oublier pour se retrouver dans du Soap Box Space Opéra. Et on va vite retrouver les défauts inhérents à la plume de Maurice Limat, l’abus de phrases interrogatives pour créer de l’angoisse, les nombreuses explications avec des phrases au style inutilement complexe (usage des participes présents, accumulation des propositions subordonnées…), quelques belles envolées lyrique un peu pompeuse pour entendre les trompettes, et puis les néologismes de SF, chez Maurice Limat, c’est un aspect qui m’amuse franchement, il n’a pas peur du ridicule. Alors nos cosmomatelots et cosmotimoniers qui s’expriment en spalax (la langue intergalactique) vous nous amener dans une aventure un peu incohérente, et gare au klis et aux syrax (poil au torax !). Évidemment, il faut, pour assaisonner la recette, une légère pointe d’érotisme pour adolescent boutonneux, et un héros viril et beau, et forcément quelques pincées de machisme. La cohérence, on s’en passe sans problème, quant à la crédibilité, elle n’étaient même pas en option de toute façon. Ça ne vole pas haut, mais moi, ça me détend, j’aime bien retrouver ces inventions de SF en carton pâte. Pour de la SF de 1978, ça un fort relent de SF des années 50, tout de même.

Revenons à l’histoire, nos héros ont découvert une nébuleuse aux pouvoirs étranges, qui permet de revivre des scènes du passé, j’ai pas trop compris comment, on s’en fout de toute manière, on ne va pas s’éterniser sur cet aspect (oh non, pourquoi ? ben c’est comme ça !). En fait, l’histoire raconte la lutte pour s’approprier cette découverte, tant, pis, on va faire avec. Vous pouvez lire la quatrième de couverture pour vous faire une idée, ça colle bien, par contre c'était l'époque où ceux qui faisaient les illustrations de couverture de cette collection ne lisaient pas le livre, parfois même pas le titre.

Lire un Limat, c’est un peu comme un vice honteux, on ne devrait pas s’en vanter, mais c’est tellement tortueux, alambiqué, ornementé, que ça en devient drôle. Quand j’ai lu la dernière phrase, j’ai éclaté d’un grand rire, je ne sais pas si c’était le but, encore que je doute que Maurice soit du genre à se prendre trop au sérieux. Et justement, lire un Maurice Limat, c’est un peu comme trouver de la fraicheur en avalant un tube de ketchup en entier. De toute façon, ça n’est jamais très long, au bout de 200 pages, on casse la gueule au méchants et hop, le problème est résolu.

Allez, un petit coup d’envolée lyrique pour se faire plaisir : “Tout l’horizon céleste était barré par l’immense tache de la nébuleuse. On eût dit quelque immense oiseau aux ailes incommensurables qui s’étendait sur l’infini stellaire, occultant en de nombreux degrés le flamboiement des astres.” Et en spalax, ça donne quoi ?
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Lointaine étoile

J'avoue que je ne m'attendais pas à rire autant.



J'ai dû déjà lire des romans de Maurice Limat, mais aussi vite lus aussi vite oubliés et re-échangés chez le bouquiniste. C'est le principe du roman de gare, lu en dilettante, comme on regarde une vidéo de petits chats mignons sur internet... en se vidant l'esprit.



Autant le dire, c'est un nanar de l'espace.



Le style, est d'un lyrisme désuet, avec un usage de mots savant comme « estrapade », « mascaret », raconté au passé simple et imparfait, un côté collégien intello des années cinquante, et pourtant, il a été publié en 1987 !



Au fil de la lecture, comme dans le film « L'Attaque du requin à deux têtes », on se demande si l'auteur ne l'a pas fait exprès, les ficelles sont tellement grotesques, le lyrisme tellement désuet et ridicule que ça en devient vraiment comique.



« Sur la coque du vaisseau, un insigne apparaissait. Un assez sinistre emblème, qu'ils ne pouvaient oublier, l'ayant rencontré dans des circonstances trop tragiques.

Une main ! Une main énorme, crispée, qui semblait se refermer pour étreindre, pour voler, pour étrangler. »



On se retrouve dans un roman érotico spacial dont l'aspect érotique se cantonne en réalité à une certaine une grivoiserie mélée de pudeur qui font penser à un ado boutonneux des années 50 s'épanchant sur le catalogue de la Redoute, pages « lingerie féminine ». Un des personnage féminin de l'histoire, Vania, sorte de Barbarella pulpeuse, allumeuse, a vraiment beaucoup de difficultés pour rester habillée (oh mince alors !), et si par moment elle l'est, ce n'est que très légèrement, Vania, la freudreuse (La freudreuse ? » je n'ai pu m'empêcher de penser au sketche de Dany Boon « Il faut lire ! ») :



« S'étant maintes fois rencontrés à la piscine, ils ignoraient peu de chose de son anatomie. Mais cette fois elle leur apparaissait dans sa nudité intégrale et pour les deux garçons c'était une révélation »

ou encore

« Et la sculpturale créature, toujours aussi à l’aise dans sa seule nudité, courut à la recherche des éléments prophylactiques. ».



Les 2 jeunes, un frère et une sœur, on l'aspect du héros blonds, trop lisses par moment, côté « Club des 5 », naïfs et innocents, Samson, lui, est viril et beau, parfait quoi...



C'est dans le moment le plus horrible, quand il sont entouré de dizaines de cadavres que le style devient le plus lyrique, utilisant des mots pompeux, mais pas pour décrire l'horreur, au contraire, ces termes recherchés sont plutôt utilisés avec une légèreté, marquant l'insouciance aussi bien des héros que de l'auteur, un badinage fleuri, donnant un effet comique et même parfoit carrément hilarant :



« — Ah ! fit la jeune femme, en appuyant sur une manette (ce qui déclenchait le désintégrateur et envoyait le cadavre vers l’invisible), que voulez-vous?... Nous sommes des femmes... ».



La première partie se termine par la phrase : « Et dans la folie du stupre, ils ne savaient plus, ils ne voulaient plus savoir qu’ils filaient, à une vitesse fantastique, vers la mystérieuse et lointaine étoile. ».

Par son style qui oscille entre le lyrisme grandiloquent et le ridicule, le trivial, voire le grivois, elle résume parfaitement l'esprit du roman, La partie suivante commance par la phrase « Ils s’étaient attachés ». Je ne peux croire que Maurice Limat n'ait pas volontairement écrit un tel enchainement sans une volonté d'humour au second degré.



Les visions de la femme et de l'homosexualité sont un mélange contrasté de conception machiste des années 50 et de conception new age années 70.



« — Ça suffit, hein? Gronda l’athlétique garçon. On monte, maintenant, on arrive! Et tâche de te conduire comme un homme, pas comme une tante ! »



L'Histoire utilise toutes les recettes de la SF des années 50, épique, invraisemblable, avec des vaisseaux spatiaux, des méchants, des extraterrestres anthropomorphes, de l'érotisme, des batailles, du kitsch et encore du kitsch :



« On en était déjà au crépuscule, ce qui créait d’ailleurs d’assez jolis effets, Le soleil, Lointaine Étoile, glissait vers l’horizon et ses feux obliques engendraient à travers les volutes du brouillard des coloris chatoyants du plus heureux effet.

Tom, que sa main endolorie, meurtrie, cuisait terriblement, était peu en état d’apprécier les beautés naturelles. »



Dans ce roman de gare, on oscille entre le mauvais roman à quatre sous, le nanar sidéral, le papier chiotte et le génie absolu de l'auteur qui n'est pas dupe, qui joue de ces aspects avec une ironie subtile (bon, j'exagère un peu là).



Et je dois avouer que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire, évidemment, à savourer au second degré.



Et j'ai presque envie de découvrir d'autres livres de cet auteur.
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