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Citations de Maurice Maeterlinck (296)


Ame chaude

O mes yeux que l'ombre élucide
A travers mes désirs divers,
Et mon coeur aux rêves ouverts,
Et mes nuits dans mon âme humide !

J'ai trempé dans mon esprit bleu
Les roses des attentes mortes ;
Et mes cils ont fermé les portes
Sur des voeux qui n'auront plus lieu.

Mes doigts, aux pâles indolences
Elèvent en vain, chaque soir,
Les cloches vertes de l'espoir
Sur l'herbe mauve des absences.

Et mon âme impuissante a peur
Des songes aigus de ma bouche,
Au milieu des lys que j'attouche ;
Eclipse aux moires de mon coeur !...
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La plupart des êtres ont le sentiment confus qu’un hasard très précaire, une sorte de membrane transparente, sépare la mort de l’amour, et que l’idée profonde de la nature veut que l’on meure dans le moment où on transmet la vie. C’est probablement cette crainte héréditaire qui donne tant d’importance à l’amour.
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Nullement préméditée, la cohérence de "la petite trilogie de la mort" n'en est pas moins effective, car le petit acte de Sept Princesses se révèle, à une lecture attentive, subtilement lié au dyptique qui l'a précédé par ce jeu d'écho, de répétitions et de variations si typiques de la manière de Maeterlinck. La "trilogie de la mort" n'est toutefois pas aussi close sur elle-même que le voulait son créateur : la "simple idylle" que devait être Pelléas deviendra à son tour un drame "d'un pessimisme imprévu", et sa première scène, en créant la tension tout en suggérant le piétinement d'un éternel présent, commencera comme s'achevait Les Sept Princesses.

Dossier "Une petite trilogie de la mort" ? (Fabrice van de Kerckhove)
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DEUXIÈME AVEUGLE-NÉ
Est-ce qu'il fait clair encore ? Au sixième aveugle. - Où êtes-vous ? - Voyons ; vous qui voyez un peu, voyons !

LE SIXIÈME AVEUGLE
Je crois qu'il fait très noir ; quand il fait du soleil, je vois une ligne bleue sous mes paupières ; j'en ai vu une, il y a bien longtemps ; mais à présent, je n'aperçois plus rien.

PREMIER AVEUGLE-NÉ
Moi, je sais qu'il est tard quand j'ai faim, et j'ai faim.

TROISIÈME AVEUGLE-NÉ
Mais regardez le ciel; vous y verrez peut-être quelque chose!
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L'oncle : Ne pas savoir où l'on est, ne pas savoir d'où l'on vient, ne pas savoir où l'on va, ne plus distinguer midi de minuit, ni l'été de l'hiver... et toujours ces ténèbres, ces ténèbres... j'aimerais mieux ne plus vivre...
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Je ne crois pas qu'on entende ordinairement un son en rêve, c'est-à-dire un véritable son de rêve, et non un bruit effectif et extérieur qui, grâce à la mobilité du songe, peut parfaitement s'adapter à l'un de ses épisodes. Il me semble, au contraire, que le rêve est presque toujours muet, et que tous ses personnages marchent, parlent et agissent au milieu d'une matière molle et singulièrement insonore.
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Alors celui qui tenait par la jambe l'enfant de l'aubergiste du Chou-Vert, lui trancha la tête d'un coup d'épée.
Ils la virent tomber devant eux, suivie du reste du corps qui saignait sur l'herbe. La mère ramassa celui-ci et l'emporta en oubliant la tête... Elle trotta vers sa maison mais se heurta contre un arbre et tomba à plat ventre dans la neige où elle demeura évanouie, cependant que le père se débattait entre deux soldats.
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MALEINE. Je songe à la princesse Maleine.
HJALMAR. Vous dites ?
MALEINE. Je songe à la princesse Maleine.
HJALMAR. Vous connaissez la princesse Maleine ?
MALEINE. Je suis la princesse Maleine.
HJALMAR. Quoi ?
MALEINE. Je suis la princesse Maleine.
HJALMAR. Vous n'êtes pas Uglyane ?
MALEINE. Je suis la princesse Maleine.
HJALMAR. Vous êtes la princesse Maleine ! Vous êtes la princesse Maleine ! Mais elle est morte !
MALEINE. Je suis la princesse Maleine.

Acte II, scène VI
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Vous avez allumé les lampes,
— Oh ! le soleil dans le jardin !
Vous avez allumé les lampes,
Je vois le soleil par les fentes,
Ouvrez les portes du jardin !

— Les clefs des portes sont perdues,
Il faut attendre, il faut attendre,
Les clefs sont tombées de la tour,
Il faut attendre, il faut attendre,
Il faut attendre d’autres jours…

D’autres jours ouvriront les portes,
La forêt garde les verrous,
La forêt brûle autour de nous,
C’est la clarté des feuilles mortes,
Qui brûlent sur le seuil des portes…

— Les autres jours sont déjà las,
Les autres jours ont peur aussi,
Les autres jours ne viendront pas,
Les autres jours mourront aussi,
Nous aussi nous mourrons ici…




XIII - "Vous avez allumé les lampes"
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LE ROI. Pourquoi a-t-on pendu cette tapisserie ?
HJALMAR. Mais elle y est toujours ; c'est le Massacre des Innocents.
LE ROI. Je ne veux plus la voir ! je ne veux plus la voir ! Écartez-la !
(On fait glisser la tapisserie et une autre apparaît, représentant le Jugement Dernier.)

Acte V, scène II
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«Les géomètres savent, dit le Dr Reid, qu'il n'y a que trois sortes de figures que l'on puisse adopter pour diviser une surface en petits espaces semblables, de forme régulière et de même grandeur sans interstices.

«Ce sont le triangle équilatéral, le carré et l'hexagone régulier qui, en ce qui concerne la construction des cellules, l'emporte sur les deux autres figures, au point de vue de la commodité et de la résistance. Or, c'est justement la forme hexagone que les abeilles adoptent, comme si elles en connaissaient les avantages.
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Sans qu'ils s'en redent compte, tous ces grands voyageurs, et les petits aussi, ne cessent de fuir devant quelque chose qui les attend partout. Est-ce eux mêmes, Est-ce la mort ?
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Et s’il revenait un jour
Que faut-il lui dire ?
- Dites-lui qu’on l’attendit
Jusqu’à s’en mourir...

Et s’il m’interroge encore
Sans me reconnaître ?
- Parlez-lui comme une sœur,
Il souffre peut-être...

Et s’il demande où vous êtes
Que faut-il répondre ?
- Donnez-lui mon anneau d’or
Sans rien lui répondre...

Et s’il veut savoir pourquoi
La salle est déserte ?
- Montrez-lui la lampe éteinte
Et la porte ouverte...

Et s’il m’interroge alors
Sur la dernière heure ?
- Dites-lui que j’ai souri
De peur qu’il ne pleure...



.
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YGRAINE. [...] Elle est là depuis des années dans son énorme tour, à dévorer les nôtres, sans qu'on ait osé la frapper au visage... Elle est là sur notre âme comme la pierre d'un tombeau et pas un d'entre n'ose étendre le bras... Au temps qu'il y avait ici des hommes, ils avaient peur aussi, et tombaient à plat ventre... Aujourd'hui c'est au tour de la femme... nous verrons... Il est temps qu'on se lève à la fin... On ne sait pas sur quoi repose sa puissance et je ne veux plus vivre à l'ombre de sa tour...

Acte II
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Pour résumer le rôle et la situation de la reine, on peut dire qu’elle est le cœur-esclave de la cité dont l’intelligence l’environne. Elle est la souveraine unique, mais aussi la servante royale, la dépositaire captive et la déléguée responsable. Son peuple la sert et la vénère, tout en n’oubliant point que ce n’est pas à sa personne qu’il se soumet, mais à la mission qu’elle remplit et aux destinées qu’elle représente. On aurait bien du mal à trouver une république humaine dont le plan embrasse une portion aussi considérable des désirs de notre planète ; une démocratie où l’indépendance soit en même temps plus parfaite et plus raisonnable, et l’assujettissement plus total et mieux raisonné.
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LE VIEILLARD. Il vaut mieux ne pas être seul. Un malheur qu'on n'apporte pas seul est moins net et moins lourd... J'y songeais en venant jusqu'ici… Si j'entre seul, il me faudra parler dès le premier moment; ils sauront tout en quelques mots et je n'aurai plus rien à dire; et j'ai peur du silence qui suit les dernières paroles qui annoncent un malheur... C'est alors que le coeur se déchire... Si nous entrons ensemble, je leur dis par exemple, après de longs détours : On l'a trouvée ainsi... Elle flottait sur le fleuve et. ses mains étaient jointes.
L'ÉTRANGER. Ses mains n'étaient pas jointes; ses bras pendaient le long du corps.
LE VIEILLARD. Vous voyez qu'on parle malgré soi... Et le malheur se perd dans les détails... sans quoi, si j'entre seul, aux premiers mots, tel que je les connais, ce serait effrayant, et Dieu sait ce qui arriverait... Mais si nous parlons tour à tour, ils nous écouteront et ne songeront pas à regarder la mauvaise nouvelle... N'oubliez pas que la mère sera là et que sa vie tient à fort peu de chose... Il est bon que la première vague se brise sur quelques paroles inutiles... Il faut qu'on parle un peu autour des malheureux et qu'ils soient entourés. Les plus indifférents portent, sans le savoir, une part de la douleur... Elle se divise ainsi sans bruit et sans effort, comme l'air ou la lumière.

Intérieur
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STÉPHANO. Encore la comète de l'autre nuit !
VANOX. Elle est énorme !
STÉPHANO. Elle a l'air de verser du sang sur le château !
(Ici une pluie d'étoiles semble tomber sur le château.)
VANOX. Les étoiles tombent sur le château ! Voyez ! voyez ! voyez !
STÉPHANO. Je n'ai jamais vu pareille pluie d'étoiles ! On dirait que le ciel pleure sur ces fiançailles !
VANOX. On dit que tout ceci présage de grands malheurs !
STÉPHANO. Oui ; peut-être des guerres ou des morts de rois. On a vu ces présages à la mort du vieux roi Marcellus.
VANOX. On dit que ces étoiles à longue chevelure annoncent la mort des princesses.
STÉPHANO. On dit... on dit bien des choses...

La Princesse Maleine, Acte I, scène I
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Ayez pitié des mains étranges !
Ces mains contiennent les secrets de tous les rois !
Ayez pitié des mains trop pâles !
Elles semblent sortir des caves de la lune,
Elles se sont usées à filer le fuseau des jets d’eau !


Attouchements [extrait]
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MALEINE. [...] (Ici, le vent agite les rideaux du lit.) Ah ! on touche aux rideaux de mon lit ! Qui est-ce qui touche aux rideaux de mon lit ? Il y a quelqu'un dans ma chambre ? Il doit y avoir quelqu'un dans ma chambre ! - Oh ! voilà la lune qui entre dans ma chambre ! - Mais qu'est-ce que cette ombre sur la tapisserie ? - Je crois que le crucifix balance sur le mur ! Qui est-ce qui touche au crucifix ? Mon Dieu ! mon Dieu ! je ne puis plus rester ici ! (Elle se lève et va vers la porte qu'elle essaye d'ouvrir.) - Ils m'ont enfermée dans ma chambre ! - Ouvrez-moi pour l'amour de Dieu ! Il y a quelque chose dans ma chambre ! - Je vais mourir si l'on me laisse ici ! Nourrice ! nourrice ! où es-tu ? Hjalmar ! Hjalmar ! Hajlmar ! où êtes-vous ? (Elle revient vers le lit.) Je n'ose plus sortir de mon lit. - Je vais me tourner de l'autre côté.- Je ne verrai plus ce qu'il y a sur le mur. (Ici des vêtements blancs, posés sur un prie-Dieu, sont agités lentement par le vent.) - Ah ! il y a quelqu'un sur le prie-Dieu ! (Elle se tourne de l'autre côté.) - Ah ! l'ombre est encore sur le mur ! (Elle se retourne.) - Ah ! il est encore sur le prie-Dieu ! Oh ! oh ! oh ! oh ! oh ! - Je vais essayer de fermer les yeux. (Ici on entend craquer les meubles et gémir le vent.) - Oh ! oh ! oh ! qu'y a-t-il maintenant ? Il y a du bruit dans ma chambre ! (Elle se lève.) - Je veux savoir ce qu'il y a sur le prie-Dieu ! - J'avais peur de ma robe de noces ! Mais quelle est cette ombre sur la tapisserie ? (Elle fait glisser la tapisserie.) Elle est sur le mur à présent ! Je vais boire un peu d'eau ! (Elle boit, et dépose le verre sur un meuble.) Oh ! comme ils crient les roseaux de ma chambre ! Et quand je marche tout parle dans ma chambre ! Je crois que c'est l'ombre du cyprès ; il y a un cyprès près de ma fenêtre. (Elle va vers la fenêtre.) Oh, la triste chambre qu'ils m'ont donnée ! (Il tonne.) Je ne vois que des croix aux lueurs des éclairs ; et j'ai peur que les morts n'entrent par les fenêtres. Mais quelle tempête dans le cimetière ! et quel vent dans les saules pleureurs ! Je vais retourner dans mon lit. (Elle se couche sur son lit.) Je n'entends plus rien maintenant ; et la lune est sortie de ma chambre. Je n'entends plus rien maintenant. Je préfère entendre du bruit. (Elle écoute.) Il y a des pas dans le corridor. D'étranges pas... On chuchote autour de ma chambre ; et j'entends des mains sur ma porte !

Acte IV, scène III
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Maurice Maeterlinck
Il est des individus qui n’ont pas de silence, et qui tuent le silence autour d’eux.Et ce sont les seuls êtres qui passent vraiment inaperçus
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