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Critiques de Mechtild Borrmann (230)
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L'envers de l'espoir

L’envers de l’espoir. Son côté pile, opaque, mystérieux… Un peu comme la face cachée de la lune, cette zone grise et inconnue. C’est là que vont se retrouver Valentina, Katerina, Olena, Matthias et le flic Léonid. Au départ, ce sont des gens bien ordinaires, des gens honnêtes, travailleurs, vaillants qui, plein d’espoir, s’agitent sur cette basse terre pour se construire une vie, gagner un peu de bonheur. Jusqu’au jour où le destin ou la malchance décident de les envoyer de l’autre côté…

Tout se dérègle pour eux alors, et c’est la « nuit des cavaliers bleus » où un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose. C’est le mensonge d’état qui camoufle les périls du nuage radioactif. C’est la fuite éperdue de milliers de gens qui ont tout perdu et sont regardés par le reste de la population comme des lépreux. Ce sont les jeunes et insouciantes Katerina et Olena prenant consciences bien trop tard que l’Allemagne n’est pas un pays de cocagne. C’est Léonid qui soulèvera des montagnes pour les retrouver et se rendra compte que l’Ukraine indépendante est aussi sale et corrompue que l’ancienne URSS. C’est Matthias qui désespéré voit l’histoire se répéter une nouvelle fois. C’est Valentina enfin qui décide de quitter le monde des humains pour rejoindre la zone d’exclusion de Tchernobyl. L’air irradié la tue à petit feu, et la nuit, des loups efflanqués s’approchent dangereusement de la clôture de son jardin ; mais c’est ici, dans ce désert d’hommes, dans les ruines de cette ville dévorée par la nature, dans cette atmosphère assassine, qu’elle se sent encore le mieux pour attendre l’improbable retour de sa petite fille chérie.

L’histoire est poignante. Ils nous ressemblent tant ces personnages si ordinaires qui perdent soudainement pied et dont la vie va se transformer en véritable chemin de Croix, qui se raccrochent farouchement à quelques souvenirs lumineux : le sourire radieux de Glev et ses épaules musclées, l’irrésistible fougue de la petite Olena, les câlins de Mykola, un grand appartement baigné de soleil, les folles baignades dans la rivière toute proche, la tendresse de Vera, la révolution orange, la vie d’avant…

Un livre noir, très noir, sans concession, qui montre à quel point les salauds tiennent le haut du pavé. Et si parfois il leur arrive de perdre de justesse une manche, ils finissent toujours par emporter la partie.









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L'envers de l'espoir

L’Envers de l’espoir est un roman sombre et poignant, d’un réalisme puissant, cruel et tragique.



Mechtild Borrmann développe une douloureuse réflexion sur l’espoir, l’espoir d’une vie meilleure. Tous les personnages attendent, rêvent d’une vie meilleure, d’un changement, d’une amélioration. Contre toute raison parfois, ils s’accrochent à ce rêve, parce que c’est la seule chose qui les aide à tenir debout.



Ce roman bouleversant s’inspire de faits réels et m’a beaucoup touchée. Il rejoint certaines de mes réflexions. Son pessimisme est le reflet de la vie de certains hommes, certaines femmes, certains enfants. Mechtild Borrmann, par le biais de cette fiction, leur donne la parole et fait connaître leurs tragédies.



L’Envers de l’espoir est d’abord le récit qu’écrit une mère, Valentina, pour sa fille Katerina, une jeune Ukrainienne qui a disparu. Elle croyait partir en Allemagne avec son amie Olena, pour un échange d’étudiants organisé par l’université de Kiev. Sauf qu’elle n’est pas étudiante, elle rêve juste de le devenir, de pouvoir payer les frais d’inscription, de devenir interprète. Puisqu’on lui dit qu’elle aura un travail là-bas et qu’elle gagnera de l’argent, il serait idiot de ne pas saisir cette opportunité.



Valentina est sceptique, angoissée, son instinct l’avertit que quelque chose ne va pas, que c’est peut-être trop beau pour être vrai mais face au chagrin de sa fille : « Tu ne veux pas mon bonheur, maman ! », elle ne peut que céder. Elle est sans doute trop vieille, dépassée, elle ne comprend pas les opportunités qui s’offrent aux jeunes, pense-t-elle.



L’ultime espoir de Valentina est désormais d’attendre le retour de sa fille. Elle lui écrit l’histoire de sa vie.



L’enquête est menée par Leonid Kyjan. Nous sommes en 2010. Dans les années quatre-vingt-dix, il rêvait de changer l’Ukraine, de mettre un terme à la corruption qui " gangrenait la vie politique et la milice". Il avait enfin pu intégrer la milice sans donner des enveloppes ou avoir des proches influents. Il s’était engagé pour participer activement, « plein d’espoir dans le changement et convaincu que les paroles ne suffisaient pas. »



Les chapitres consacrés à Leonid alternent avec le récit de Valentina. Grâce à ce dernier, j’ai découvert une partie de l’Histoire tourmentée de l’Ukraine et les malheurs des Ukrainiens qui prennent vie dans cet ultime témoignage de l’amour d’une mère pour sa fille. L’Ukraine, c’est la Seconde Guerre mondiale et la mère de Valentina qui a été emmenée contrainte et forcée en Allemagne par les nazis mais c’est aussi la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et la zone d’exclusion.



D’autres chapitres sont consacrés à Matthias Lessmann qui sauve la vie d’une jeune fille ukrainienne, Tania. Elle s’est échappée, elle était prisonnière d’un réseau de prostitution forcée.



L’ensemble est très bien construit et écrit. Matthias Lessmann est le personnage que j’ai le moins aimé car certains de ses choix m’ont déçue ou déplu, rajoutant une noirceur supplémentaire et peut-être inutile à un univers qui l’était déjà bien assez à mon goût. « Noir, c’est noir, il me reste l’espoir… » Mais s’il n’y a même plus d’espoir, cela devient parfois un peu lourd et suffocant.



L’Envers de l’espoir est un roman émouvant, qui permet de mettre en lumière, grâce à une enquête captivante, la corruption institutionnelle et les réseaux de prostitution forcée. Un roman noir mais nécessaire pour s’informer sur la situation de l’Ukraine et éveiller les consciences. Je ne connaissais pas cette écrivaine allemande. Je dois sa découverte à une très belle chronique d’Eric76. J’en profite pour le remercier. Le sujet de ce roman, bien que sombre, m’intéressait beaucoup et a tout de suite attiré mon attention.

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Enfances perdues

Si j'ai choisi ce roman , c'est en raison de sa couverture et , bien entendu, de son titre et de sa quatrième. Il y avait là de quoi susciter ma curiosité et me permettre de me plonger dans ce que je préfère dans un roman , l'émotion. Bon , les amies et amis , je vous le dis franchement, j'ai été " servi " au point de trouver que , vraiment , une vie telle que celle que vous allez découvrir, il est impossible de la souhaiter à quiconque .Une avalanche de malheurs qui s'abattent sur une famille et , plus particulièrement sur Henni. Terrible . Une jeune fille au destin ....Sa mère meurt , son père se détourne de sa famille, elle nourrit ses frères et soeur en " trafiquant " , " endosse " la responsabilité de la mort de sa soeur , se retrouve "en maison de redressement" ....J'arrête. Tant de malheurs en aussi peu de pages ...Est - ce possible ? Sans doute ...Est - ce trop pour une seule personne ? Sans doute aussi . Alors quoi , renoncer ? Pour moi , hors de question , j'ai suivi Henni jusqu'au bout , partagé ses quelques rares moments de bonheur et ses nombreux moments de détresse. Oui , par moment , trop c'est trop , et pourtant ..Il y a tant de thèmes abordés dans ce roman .....Des personnages qu'on croirait bons et qui s'avèrent être les " pires pervers " , d'autres qu'on croirait insensibles et qui s'avèrent être " débordant d'attention " ....Quel monde étrange....

C'est un roman très émouvant, un roman où l'on est constamment dans l'indignation , la douleur , la haine , la colère ...

Les situations frappent au coeur . L'émotion est là .

Le livre est bien traduit et l'alternance des espaces temporels donne crédit aux propos , relatant " l'explication finale " aux dernières pages . Un balancier permanent entre hier et .... Une obligation d' implication du lecteur très habile .

Et puis , un personnage éblouissant que celui de Henni. Incroyable force humaine . Intelligence et ...beaucoup plus .Coeur tendre et gant de fer .

En parlant d'Henni, j'ai pensé à " Bakhita " , héroïne du roman extraordinaire de Véronique Olmi, roman que je vous recommande chaudement. Le registre est , certes , différent, et pourtant...

Personnellement, j'ai aimé " enfances perdues " . J'ai vraiment "vécu " ces douleurs et je pense que cet ouvrage ne laissera personne indifférent même si certains pourront penser que tout " mélo " a ses limites . Il n'empêche, il y a sûrement, hélas, du vrai dans ces portraits ..." C'était mieux avant ? " Hum , pas forcément, mais ça , c'est un autre débat....
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Sous les décombres

Une nouvelle fois je me suis fié aux avis des amies et amis babeliotes et je dois dire qu'une fois de plus , je n'ai absolument pas regretté de leur avoir accordé ma confiance . Commencé hier matin , terminé ce matin , conquis , séduit. J'avais beaucoup aimé et appris de " la trilogie hambourgeoise " de Rademacher et je dois d'ores et déjà reconnaître que , sans aucunement plagier , ce roman est un extraordinaire et diffèrent complément. Encore une fois , on trouvera certes une énigme policière mais aussi et surtout une formidable peinture de l'immédiat après- guerre en Allemagne , une belle fresque sociale qui va nous placer au coeur de deux familles en quête de survie , les Dietz et les Anquist , les uns moins aisés que les seconds mais dont le sort restera bien précaire face aux manques , aux jalousies et aux adversités nées de cette période trouble où le danger rôde encore malgré la fin des combats .Quels mystères, quels secrets peuvent cacher certains survivants ? C'est , en 1992 , ce que s'efforce de découvrir Anna à qui la mère refuse de livrer le moindre détail .....La quête d'Anna ressemble à une mission impossible , tout comme celle de Joost , un enfant de 3 ans , trouvé dans les décombres , tenant à la main un curieux bouton , et adopté par les Dietz....Mystères de la vie , que d' aucuns veulent taire , que d'autres veulent connaître....Chacun ses raisons , mais qui a raison ? Vaste débat qui ravage parfois des existences...

Formidable quête identitaire , fabuleuse page d'histoire du quotidien de l'après- guerre dans un monde resté impitoyable , enquête policière, ce livre possède une foule d'atouts et se vit avec délectation, si je puis m'exprimer ainsi , tant le sujet est grave , du début à la fin . L'alternance des époques, des vécus , donne une terrible efficacité aux propos et , si le lecteur peut mettre à jours certains éléments , l'intérêt ne faiblit jamais .Les personnages sont parfaitement " campés " , généreux, adorables, humains, violents , hypocrites , méprisants, un panel de portraits qui , hélas, pourraient encore avoir leur place dans nombre d'ouvrages d'histoire contemporaine...

A propos des personnages , je dois avouer que j'ai éprouvé quelques difficultés à les " mettre en place " dans mon " ordinateur perso " et j'ai même, je l'avoue , fait marche - arrière au bout de 40 à 50 pages .Franchement , j'ai bien fait , une attention plus soutenue m'a permis de tout " bien caler " et de passer un excellent moment .

Encore merci , donc , pour vos conseils , amies et amis , et , à mon tour , je voudrais , vous inciter à lire, si ce n'est déjà fait , la " trilogie hambourgeoise " pour retrouver ce dont les livres d'Histoire ne nous parlent jamais , la vie quotidienne dans une puissance déchue de l'immédiat après- guerre......Je vous l'assure , l'intérêt y est aussi intense....

Continuez à prendre soin de vous....une guerre met bien du temps à trouver son vrai épilogue....
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Le violoniste

Mai 1948, à Moscou, Ilia Vassilievitch Grenko, violoniste Russe de renommée internationale, propriétaire d'un Stradivarius, salue les nombreux spectateurs venus assister à son concert. Lorsqu'il rejoint sa loge, deux individus l'attendent et l'emmènent de force. Arrivé à la sortie des artistes, Ilia Grenko prie le portier d'avertir sa femme de son arrestation. Ilia est déporté dans un camp de travail. Un article édité dans un journal annonce la fuite de Grenko à Vienne, son épouse est désespérée, elle ne peut y croire mais ne reçoit aucune nouvelle d'Ilia. Quelque temps après, elle est emmenée avec ses deux garçons dans un autre camp de travail où elle s'échine, vaille que vaille, à survivre pour ses deux enfants. Deux générations plus tard, Sacha, le petit-fils de Ilia apprend la sombre vérité qui entoure l'incarcération de son grand-père et l'histoire du violon qu'il va s'évertuer à rechercher, au péril de sa vie.

Une histoire sombre sur la vie des détenus dans les camps de travail russe et l'omnipotence de certains personnages.



Challenge Atout Prix 2017

Prix du meilleur roman policier – 2012 – en Allemagne

Grand Prix des lectrices Elle Policier 2015



Challenge Petits plaisirs 2017 - 244 pages

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Sous les décombres

Des secrets d'identité bien enfouis dans l'Allemagne déchue

*

Oscillant entre le ton policier, historique et aussi thriller domestique, ce roman a tout pour plaire.

L'histoire se passant majoritairement à Hambourg (le nord de l'Allemagne) et débutant en 1946, à l'entrée d'un terrible hiver.

Un roman polyphonique qui laisse la place à des récits intimistes.

Une quête de vérité, de recherche identitaire est lancée dans les années 80 par une jeune femme.

Voilà pour le fil rouge déroulé tout au long de cette intrigue.

*

Une enquête sous forme de reportage relate les faits administratifs, avec une certaine froideur, au ton sec et précis. Puis à nouveau la narration si riche en émotions de ces personnages attachants qui ont vécu cette période difficile de l'Occupation par les Russes.

On se sent happé par ces citoyens allemands qui ont eu une vie tourmentée (déjà aperçu dans le roman La gouteuse d'Hitler).

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Le titre en VO "Trummer Kind" est plus explicite. ll veut dire "enfant réduit en miettes". Comment ne pas s'apitoyer sur ce petit garçon recueilli dans le tas de décombres? Un être morcelé qui cherche à reconstituer le puzzle de son histoire familiale.

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Un thriller historique aux multiples rebondissements et au suspense bien distillé.

L'affaire des meurtres est bâclée assez vite, peut-être pour justement nous montrer que l'essentiel n'est pas l'intrigue en elle-même mais plutôt valoriser le contexte historique (dénazification, la survie sous l'Occupation, les flous administratifs ou plutôt "vide juridique" post-guerre, la reconstruction d'un pays....).

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L'Allemagne a aussi eu son lot de victimes innocentes. Encore un auteur allemand qui a eu le cran d'écrire sur cette souffrance oubliée.

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Merci à NetGalley
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Rompre le silence

"Toutes les familles possèdent, dit-on, d'épaisses strates de silence tendu, des souffrances engluées dans des secrets cachés bien au fond de belles armoires à linge. » (Philippe Claudel)

Ce n'est pas dans une armoire mais dans une boîte à cigares que le médecin allemand Robert Lubisch découvre à la mort de son père, l'homme d'affaires Friedhelm Lubisch, une carte d'immatriculation SS au nom d'un inconnu, Wilhem Peters, un laissez-passer, un certificat de libération d'un camp de prisonniers de guerre ainsi que la photo d'une belle inconnue. Pendant quelques mois Robert laisse sa découverte de côté mais ce petit grain de sable a priori insignifiant dans son existence bien réglée ne tarde pas à faire son effet. « L'idée que ce père si droit, si irréprochable, ait pu cacher un secret ne déplaisait pas à Robert. Peut-être allait-il enfin découvrir une faiblesse, une faille à ce modèle si parfait auquel il avait été confronté pendant tant d'années. Robert sourit. Quelle libération ce serait pour lui de pouvoir donner à ce père tout puissant une dimension plus humaine! Il avait envie de savoir. Rien que pour lui-même ».

Trois mois plus tard, Robert décide de se rendre dans la petite ville de Kranenburg où le portrait de l'inconnue a été réalisé, retrouve le nom de la femme et la maison où elle résidait pendant la guerre. En confiant la nature de sa quête à la nouvelle locataire du lieu, une journaliste tenace du nom de Rita Albers, Lubisch ne se doute pas qu'il a ouvert la boite de Pandore et que son secret ne lui appartient plus. La journaliste cherche, interroge et le drame arrive."Secret de deux, secret de Dieu . Secret de trois, secret de tous. » En voulant tuer le Père, c'est tout un village qu'il a réveillé.

Les secrets de famille en temps de guerre sont pain bénit pour les romanciers, et on les adore dans Purge de Sofi Oksanen ou Flétrissure de Nele Neuhaus. Rompre le silence commence d'une manière relativement abrupte et quelque peu déconcertante, mais trouve rapidement son rythme de croisière, de l'enquête journalistique et policière aux incursions dans les années 30 et 40. Mechtild Borrmann dresse le portrait saisissant d'une petite ville allemande où la montée du nazisme puis la guerre exacerbent les sentiments et les passions. Avec elle, point de révélations tonitruantes, de manichéisme facile et de suspens haletant. L'intrigue chemine lentement mais sûrement à l'image de ses protagonistes qui tâtonnent et s'obstinent. Le vrai héros de Rompre le silence est finalement le secret qui comme un virus, passe de métabolisme en métabolisme, grandit, et devient incontrôlable. On le pressent dès le début du roman, Robert Lubisch ne peut faire marche arrière quand le doute est semé. On aurait bien envie de lui dire pour le réconforter cette phrase tirée des Pensées de Blaise Pascal "Console toi. Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais trouvé. »
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Le violoniste

J'ai immédiatement été captivée par l'histoire d'Illia Grenko violoniste arrêté à la sortie d'un concert et conduit au goulag et de sa femme Galina déportée au Kazakhstan avec ses deux fils. On souffre avec eux, des conditions de vie, de l'injustice, de l'incompréhension, de la peur, de l'inhumanité et on espère aussi avec eux une réhabilitation, un jour meilleur. On vit le livre, on ressent le froid, la faim, la volonté de vivre mais aussi la honte.

Alors oui, c'est un policier, mais cette partie qui se déroule avec Sacha, le petit fils me parait secondaire et m'a beaucoup moins plu. J'ai même par moment été perdue par les différentes péripéties et rencontres, d'où mes 4 étoiles, c'est dommage.

L'ensemble reste cependant un bon moment de lecture sur cette Russie des années 50 et ses pratiques on ne peut plus condamnables.
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Sous les décombres

Aussi moche qu'une guerre ? L'après.

Inversion des rôles, vengeance aveugle & désordonnée, lutte pour la survie, deuil...



Ici, en 1945 dans l'Uckermark (région au nord de Berlin) : avec la débâcle nazie, l'Armée rouge chasse les populations allemandes vers l'ouest. Et c'est violent, cruel.

« Les routes étaient bloquées par des colonnes de réfugiés. Depuis des jours, on entendait le rugissement des orgues de Staline enfler au-dessus des lacs et des collines paisibles et se rapprocher inexorablement. »



Les soldats russes pillent, massacrent, violent ceux qu'ils trouvent en avançant en terrain conquis.

Dans les campagnes, les propriétaires terriens sont expropriés, leurs biens sont récupérés par les nouveaux vainqueurs (Russes, Anglais).

En ville, des civils périssent sous les bombes, meurent de faim, de froid.

Les rares hommes rescapés rentrent du front ou des camps en triste état, gueules cassées dedans & dehors.

C'est le chaos. Un chaos tel que beaucoup regrettent « l'ordre nazi ».

Tout est contrôlé par les nouveaux occupants ou détruit. On doit se débrouiller pour se chauffer et se nourrir malgré les pénuries et le rationnement.



J'étais peu attentive pendant les cours d'Histoire de 3e et de Terminale. Mais je crois que cet aspect de la seconde Guerre mondiale (le triste revirement pour la population allemande, les cruautés des 'Alliés' d'alors) n'était pas évoqué, ou vite éludé. Ça m'aurait marquée. De la fin de cette guerre, je ne revois dans mes manuels d'Histoire que la liesse de la France libérée. Même les procès sauvages de l'épuration, je les ai plutôt lus dans des romans, plus tard, que dans mes livres scolaires.

Bref, ce sujet me semble développé depuis peu.

Sur ce thème, lire aussi 'Le disparu', de Hans-Ulrich Treichel.



Mechtild Borrmann rend très bien compte de cet épisode de l'Histoire allemande, avec finesse et sensibilité. Ce roman a des allures de thriller familial et de jeu de piste. On s'y promène entre deux périodes et trois lieux principaux. On peut s'y perdre un peu, notamment à mi-parcours car les personnages se multiplient et se croisent, forcément.



Mentions spéciales

- au petit Joost, l'enfant 'des débris' ;

- au jeune Hanno qui endosse beaucoup trop tôt le rôle de chef de famille ;

- à leur formidable maman Agnes.



Ce roman historique est aussi un hommage poignant à toutes les familles séparées à jamais par des guerres, des génocides ou à cause de décisions politiques autoritaristes et folles.

Pensée à tous ceux qui vivent ça en ce moment, à qui les gouvernements refusent un accueil digne sur notre 'terre d'accueil', qui en meurent...

___



• Pour une fois, la petite phrase sur la première de couverture est inspirante : « Par l'auteur du 'Violoniste', grand prix des lectrices de ELLE Policier. »

Le magazine ELLE, je ne le lis pas. Mais les policiers-thrillers primés par les lectrices de son jury, si.
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Rompre le silence

Une enquête relayée par une journaliste, menée à la suite d'un décés ,par hasard ou par simple curiosité ?, une carte d'identité SS trouvée dans une boîte à cigares en bois sombre délicatement veiné, au nom d'un inconnu, et surtout la photo d'une très belle femme !

Quel est le rapport avec le père de Robert Lubisch, décédé en 1997, un industriel qui a fait fortune dans les années d'après guerre ?



Nous voici plongés entre passé et présent, au cœur des années 40 , parmi un groupe d'amis que le nazisme et la guerre vont séparer.

Nous remontons le temps , dans l'angoisse de ces années - là et la découverte d'une vie inconnue à Robert Lubisch.....

Surtout pour lui, l'envie de comprendre et de cerner ce père : "Peut--être allait-il enfin découvrir une faiblesse, une faille à ce modèle si parfait, auquel il avait été confronté pendant tant d'années?"



Ce roman carrefour où se croisent petite et grande histoire : peurs, jalousies, choix d'appartenance ou non au régime totalitaire de cette Allemagne, amours interdites , compromissions, vies sociales altérées , soif de vengeance, trahisons, besoin de fuir, très lourd secret familial,, recherche du pouvoir ,difficulté d'assumer le passé......



Oú est le bien et le mal ?

L'acceptable et l'humain au cœur de l'Allemagne de ce temps -là .......n'en disons pas plus !

Une histoire trouble sans clichés, simple et efficace , sans pathos , ni leçons qui nous renseigne au plus près sur les dégâts , l'influence du national socialisme sur un groupe de jeunes adultes dans la tourmente de l'histoire .

Une enquête sobre et émouvante,

Une quête de vérité et de libération passionnantes à dominante historique , un secret familial, un ouvrage plus documentaire qu'une enquête policière!

Remarquable !



Mais ce n'est que mon avis
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Sous les décombres

Voici un roman historique doublé d’une quête incessante d’identité , à l’allure de thriller mais ce n’est pas ce que je retiendrai.



En avril 1945 , l’Allemagne nazie s’effondre , à Hambourg ,au nord, où se passe majoritairement le roman ,les russes arrivent , les habitants luttent pour survivre , surtout pendant le terrible hiver 1946 - 1947 .

Une deuxième période se déroule à Cologne en 1992, 1993….en alternant les chapitres ..





L’auteure dresse le portrait de deux familles en quête de survie , les Dietz et les Anquist , les premiers bien moins lotis, d’ailleurs : Hanno Dietz , courageux endosse très tôt le rôle de chef de famille , il transportait des morceaux de charbon dans une charrette , des poutres , des chambranles de portes , des tuyaux , colliers de serrage et autres matériaux , tout ce qui pouvait rapporter de l’argent au marché noir afin de supporter la période de grand froid , sans dire , bien sûr à sa mère Agnès courageuse couturière qui allait casser des cailloux , d’où provenait cette manne ….

Il fallait tenter de s’en sortir !



C’est l’histoire de la survie dans un monde de décombres , sous les bombardements , les destructions , les combats , la désolation, la famine , sous le rugissement des orgues de Staline dans une Hambourg qui n’est plus que ruines ….

Les Anquist , eux se réfugient ou plutôt se terrent dans une cabane au bord d’un lac pas loin de leur ancienne maison de maître …



Un jour Hanno Dietz découvre un enfant , «  l’enfant des débris » , le petit Joost , il devait avoir trois ou quatre ans , engourdi par le froid , tout près d’une femme morte , le corps nu…..

L’auteure dresse une intense fresque sociale, peinture très documentée, passionnante , réaliste, remarquable , de l’immédiate après - guerre en Allemagne , fourmillant de détails …..



L’Allemagne a eu aussi son lot de victimes innocentes : des civils périssent, soit sous les bombes, soit de faim ou de froid , soit abattues ou encore violées par les russes …



Elle déroule aussi avec sensibilité et finesse les secrets de meurtres jamais résolus plus de quarante ans après ….



Quête familiale , survie , secrets d’identités enfouis dans l’Allemagne nazie , mystère jamais résolu, enquête , rumeurs malveillantes, souffrances , mensonges ,nombreux jeux de piste , photos , hasards , petit bouton décoratif délicatement ciselé ….Je n’en dirai pas plus .



C’est un excellent roman historique, roman policier aussi ,thriller familial ? , dévoré en une journée, formidablement documenté , pétri d’émotions et de rebondissements , au suspense bien étayé , sur deux périodes et trois lieux principaux ….

On ne lâche pas cet ouvrage !

Une polyphonie magistrale dotée de personnages attachants.

Emprunté par un heureux hasard à la médiathèque.

J’avais lu «  Le violoniste » .de cette femme de lettres .



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Le violoniste

J’ai découvert récemment cette auteure allemande avec l’excellent roman « Sous les décombres ». Avant ce livre, elle avait écrit ce Violoniste, à la structure assez similaire et à l’efficacité tout aussi remarquable.



En 1948 à Moscou, Ilia Grenko, violoniste virtuose, est arrêté au sortir d’un concert et disparaît avec son Stradivarius dans les méandres de la Loubianka. Officiellement, il a fui lors d’une représentation à Vienne. La famille de ce traître à la patrie est envoyée en déportation au Kazakhstan.

En fait, Ilia a tenu le temps qu’il pouvait face à ses tortionnaires du KGB, puis signé de faux aveux, pour finir par arriver au bout d’un voyage effrayant dans un camp de travail au bout du monde. Le violoniste n’est plus, il perd des doigts et ne doit sa survie qu’aux autres détenus.

En 2008, le petit fils d’Ilia, Sacha, vit en Allemagne. Ses parents sont décédés très peu de temps après leur arrivée en Allemagne en 1990. Il ignore tout de ce qui s’en réellement passé en URSS dans les années quarante et cinquante et n’a que peu connu sa grand-mère courage Galina. Mais un appel de sa sœur Vika, qui a été adoptée par des Allemands, l’amène à la rejoindre rapidement, car elle a des nouvelles importantes à lui communiquer sur leur passé familial.



Ce livre a la construction d’un roman policier, mais c’est d’abord et avant tout une présentation de la machine à broyer que fut le régime communiste. Accusés à tort, tortures systématiques des prétendus opposants, inhumanité des gardiens et des conditions de détention, exilés finissant par n’être que des êtres en sursis... Le processus de déshumanisation imposé par la police politique, le KGB, est effrayant.

L’alternance des chapitres entre Ilia désespéré au goulag, Galina qui lutte avec le concours de Lidia, une ancienne institutrice exilée et jugée inapte au travail, et l’enquête menée de nos jours en Allemagne et en Russie par Sacha, le petit-fils, rend le récit fluide.

Mechtild Borrmann sait remarquablement raconter le vingtième siècle.
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Sous les décombres

Allemagne, fin de la guerre.

Le pays paie comptant le prix de la folie de ses dirigeants nazis. Bombardements, destruction, désolation, famine, occupation. A Hambourg qui n'est plus que ruines, la famille Dietz survit tant bien que mal. le père est porté disparu, la mère casse des cailloux et fait des travaux de couture pour les anglais, le fils, Hanno, fouille les décombres à la recherche de matériaux à revendre ou de bouts de bois pour alimenter le poêle, la fille Wiebke, est mutique depuis la déflagration qui a pulvérisé leur maison. La famille vit dans une petite pièce, la faim au ventre, le froid paralysant leurs membres. Pourtant, quand, lors d'une de leurs fouilles, les enfants trouvent un petit garçon de trois ans à peine, seul, non loin du cadavre nu d'une femme, sans doute sa mère, Agnes Dietz n'hésite pas à le recueillir. Baptisé Joost, il devient un membre à part entière de la famille.

Plus à l'est, dans l'Uckermark, l'Armée Rouge, violente, conquérante, exproprie les propriétaires terriens, viole les femmes, chasse les populations dans la douleur et le sang. Les Anquist laissent derrière eux un domaine florissant et leurs espoirs d'un retour à une vie normale. Prévoyants, les Anquist ne sont pas démunis et entraînés par l'énergique Clara, la fille du patriarche, ils traversent l'Allemagne en direction de Hambourg, son port, un bateau vers l'Espagne et un nouveau départ.

Des années plus tard, en 1992, Joost Dietz, devenu architecte, est chargé de restaurer le domaine Anquist. Sa route croise celle d'Anna, la fille de Clara, venue là sur les traces d'une histoire familiale que sa mère a toujours tue. Ensemble, ils vont déterrer les secrets du passé.



Même s'il est classé ‘'polar'' et qu'une ancienne affaire criminelle y est résolue, Sous les décombres n'est pas un roman policier au sens classique. C'est surtout un prétexte pour Merchtild Borrmann de raconter son pays, son peuple, lors de la difficile période de la fin de la seconde guerre mondiale. L'Allemagne est alors à genoux et les Allemands, coupables aux yeux du monde, subissent le sort des vaincus. Dans une ambiance délétère où chacun ne pense qu'à sauver sa peau et à survivre, où il n'y a plus ni lois ni règles, certains ont conservé leur humanité, savent partager le peu qu'ils ont, aider ceux qui ont tout perdu, d'autres se laissent aller à leurs pires instincts, jalousent, convoitent et peuvent aller jusqu'à tuer pour s'enrichir.

Si le suspense n'est pas haletant -certains mystères sont vite résolus-, ce roman réserve tout de même son lot de surprises et se dévore littéralement. Grâce à ses personnages dans la tourmente et ses descriptions de la vie quotidienne des allemands dans l'immédiat après-guerre, Sous les décombres est un livre qui mérite le détour. le passé et le présent s'y mêlent, prouvant encore une fois que pour se construire et aller de l'avant, il faut connaître son histoire et l'histoire de ses parents.

A la fois roman historique, roman policier, roman psychogénéalogique, Sous les décombres est surtout le roman de la souffrance des Allemands, souvent oubliée par les livres d'Histoire. A lire absolument.

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Le violoniste

L'Armée rouge a contribué à libérer l'Europe du nazisme, mais Staline n'était pas un philanthrope. Il avait même beaucoup de points communs avec Hitler (et d'autres dictateurs que je 'connais' moins) : arrestation et torture d'indésirables, lesquels étaient envoyés dans des camps, spoliés de leurs biens, condamnés arbitrairement à 10 ou 20 ans de travaux forcés - pas de CDD, chez Hitler, on était censé garder son 'poste' à vie...



Ce roman de Mechtild Borrmann montre l'horreur des purges staliniennes, à travers le destin d'une famille brisée, celle d'Ilia Grenko, célèbre violoniste accusé d'avoir préparé sa fuite à l'ouest en 1948.

On découvre ainsi les conditions de vie d'un homme dans le goulag de Vorkouta, et celles, à peine moins rudes, de femmes et d'enfants dans le camp de Karaganda.



En fil conducteur : le Stradivarius de Grenko, entré dans la famille en 1862, offert par le Tsar Nicolas II. Soixante ans après la disparition du grand-père artiste, ses descendants recherchent ce violon.



Comme dans 'Sous les décombres', Mechtild Borrmann construit une histoire alternant entre l'après-guerre en URSS et en Allemagne, et le début des années 2000.

Ce polar historique est également un roman d'espionnage, et c'est là que ça coince pour moi. Ce genre me rebute, je ne comprends pas grand chose aux machinations politico-financières, les traques et règlements de compte m'énervent, surtout quand je me perds parmi des noms russes.

Cet aspect prend hélas de plus en plus de place dans le roman, au détriment des histoires d'Ilia, de Galina et leurs deux petits garçons...



J'ai fini par me désintéresser complètement du sort du violon, et me suis ennuyée sur un bon dernier tiers. Je ne suis même pas sûre d'avoir compris le dénouement.



Emotion, en revanche, avec quelques personnages touchants - autant d'échos à cette chanson de Thiéfaine :



« Des visages incolores, des voyageurs abstraits

Des passagers perdus, des émigrants inquiets

Qui marchent lentement à travers nos regrets

Nos futurs enchaînés, nos rêves insatisfaits

Fantômes aux danses australes, aux rhapsodiques peurs

Visages camés bleuis graffités par la peur

Qui marchent lentement vers l'incinérateur

Vers la métallurgie des génies prédateurs

C'est l'histoire assassine qui rougit sous nos pas

C'est la voix de Staline, c'est le rire de Béria

C'est la rime racoleuse d'Aragon et d'Elsa

C'est le cri des enfants morts à Karaganda. (...) »

_________



• 'Karaganda', in 'Stratégie de l'inespoir', 2014.

Sublime version symphonique avec le fils, Lucas Thiéfaine :

https://www.youtube.com/watch?v=-PvuTsl5gPI
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Enfances perdues

« C'était une autre époque. On avait d'autres idées sur l'éducation. »

Oui, mais quand même... A ce point !? Quelle horreur !

Cela dit, d'autres lectures, des films*, et des témoignages de 'vieux' proches me convainquent que les faits ne sont pas exagérés.

.

Ici : 1947, un village allemand proche de la frontière belge.

Pas besoin de savants calculs pour comprendre que les temps sont durs. Immédiat après-guerre, donc pénuries, d'autant que certains hommes - marqués, brisés - ne sont plus en mesure de travailler.

Même si tu es brillant(e) à l'école, petit(e), tu quitteras tôt les bancs de l'école. On a besoin de tes bras à temps complet pour la maison, la ferme, le commerce, voire d'un salaire d'appoint. Beaucoup de potentiel gâché, comme ça, dans ma famille, mais c'est une autre histoire...

.

La construction de l'intrigue est identique à celle des autres romans de l'auteur : deux périodes, un drame entre les deux, beaucoup de difficultés en amont, et plusieurs voix pour relier les événements.

On progresse doucement, on peut s'y perdre un peu (les noms allemands et la chronologie de 1970), mais je l'ai lu trop lentement, faute de temps, et l'ai un peu gâché.

.

L'auteur est douée pour nous faire aimer ses personnages et partager leur douleur. J'ai admiré Elsa, ai été bouleversée et révoltée pour Thomas, en particulier - petit garçon piétiné...

« Petite poupée brisée entre les mains salaces

De l'ordure ordinaire putride & dégueulasse

Kill the kid (...) ♪♫

Pendant qu'un Abraham ivre de sacrifices

Offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils

Kill the kid ... » ♪♫

Quant à Henni, je vous laisse découvrir son courage ♥ et son triste parcours.

.

Si l'enfer existe, braves gens d'église qui ne savez qu'humilier, châtier, briser, castrer pour remettre les gens dans votre 'droit chemin', pour combler vos frustrations, ou assouvir vos pulsions sadiques, il est pour vous ; vous n'aviez rien compris !

Diable merci, vous n'êtes pas tou(te)s ainsi.



-----



* The Magdalene Sisters, Peter Mullan, 2002.



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• 'Demain les Kids', HF Thiéfaine, in 'Chroniques bluesymentales', 1990

>> https://www.youtube.com/watch?v=n5G6hUxEEro
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Sous les décombres

Un roman construit sur trois époques différentes ce dont je suis blasée parce que ça donne l’impression de lire trois livres par alternance. Mais au vu des critiques élogieuses et en ne respectant pas l’ordre donné, mais en lisant trois chapitres de la même année... Beaucoup de personnages. J’en choisis deux. Joost, 3 ans, retrouvé dans les décombres en 1947 par deux enfants et que leur mère acceptera d’élever et Anna dont la mère se cabre quand il s’agit de parler du passé. Ils vont se croiser et faire resurgir des faits peu glorieux. Sur les conséquences d’une guerre, l’identité, l’usurpation d’identité. Fort et la fin s’imbrique bien.
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Le violoniste

Ovations à la fin d'un concert moscovite...

Ilya Grenko est un violoniste virtuose, mais un soir de 1948, il est arrêté, perdant sa liberté, sa famille et son Stradivarius.

Le goulag des grandes purges staliniennes deviendra-t-il son seul avenir? Et pour quelle raison?



L'engrenage fatal suivra la famille d'Ilya sur deux générations, entrainant les descendants dans une série de meurtres et une quête de vérité dans une atmosphère à la Kafka.



Un policier qui transporte le lecteur dans les années noires du communisme. Si le contexte historique a été largement utilisé en fiction littéraire ( ce qui explique le fait de ne lui donner que trois étoiles), il prend ici une dimension humaine au plus proche des individus, nous impliquant en ressentis avec un réalisme qui fait froid dans le dos.

L'aspect policier du livre passe au second plan en regard de la reconstitution sociale d'un réalisme glaçant.



Entremêlant les époques et les parcours séparés d'Ilya, de son épouse, et de son petit fils Sacha, le suspens tient et la lecture en devient addictive. On finit par être navré par tant de déveine.



La moulinette d'un régime dictatorial et la nouvelle société russe contemporaine se déclinent dans un roman fort et poignant parlant de jalousie, de trahison, de mensonges et d'endoctrinement mais aussi d'amitié, de fidélité et d'espoir.

Un roman bicéphale, porté par une écriture efficace, pour une intrigue brillamment orchestrée.

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Le violoniste

Vivre de sa passion, être acclamé pour ça : le rêve de tous les musiciens !

Ilia Vassilievtch Grenko le vit, ce rêve. En plus, il a une femme magnifique, elle-même artiste, et deux garçons.

Le cauchemar : il habite à Moscou, et nous sommes en 1948, sous Staline…

Je vous laisse deviner la suite.



Ce roman nous promène (enfin, ce n’est pas tout à fait le mot approprié ! ) du Moscou de Staline au Kazakhstan des dizaines d’années plus tard, en passant par deux camps de travail où les opposants au régime sont incarcérés pour mourir à petit feu, ou plutôt gelés. N’oublions pas la Police secrète qui elle, sévit à toutes les périodes !



Roman dur, qui détaille les conditions de vie de ces Soviétiques opposés au régime ou tout simplement qui voulaient vivre normalement.

Roman où la torture psychologique fait des ravages.

Roman où l’art n’a pas dit son dernier mot, en particulier par l’intermédiaire d’un Stradivarius appartenant à la famille Grenko, et qui a mystérieusement disparu.



C’est intéressant, dur, mais à la toute fin, je dois avouer n’avoir pas compris le stratagème de la Police secrète. Dommage.



N’empêche, si ce climat délétère vous tente et que vous désirez vous instruire, suivez ce violoniste et sa famille !

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L'envers de l'espoir

Prenante et douloureuse histoire , malheureusement très proche de la réalité, contée par une auteure allemande que je découvre avec grand intérêt...



Trois narrations, durant l'année 2010, vont converger peu à peu , éclairant chacune à sa manière L Histoire, à travers des destins individuels. Celle de l'Ukraine, avant et après Tchernobyl.



Nous faisons connaissance avec Valentina, vieille femme habitant la zone d'exclusion irradiée, dans une maison à l'abandon, avec sa chatte Kisa. Elle attend, l'espoir au coeur malgré tous les drames de sa vie, que sa fille Katerina, partie travailler quelques mois en Allemagne sous contrat, revienne. Elle n'a jamais eu de nouvelles. Pour tromper l'angoisse et la solitude, elle lui écrit sur un cahier, lui confiant toutes les étapes de son existence si tourmentée.



Nous aurons également le point de vue d'un homme de soixante-dix ans ,veuf solitaire, Matthias Lessmann, élevant des moutons dans sa petite ferme allemande proche de la frontière hollandaise. Son morne mais tranquille quotidien est bouleversé lorsqu'une jeune fille terrorisée, pieds nus dans le froid, trouve refuge chez lui. Et qu'une voiture à sa poursuite rôde...



Enfin, nous rencontrons Leonid, membre d'une milice ukrainienne dont il ne supporte plus les compromissions. Creusant la piste de deux jeunes filles disparues de façon suspecte, il sera empêché par ses chefs de poursuivre ses recherches mais décidera d'agir seul et se rendra à Dussseldorf , là où on perd leurs traces...



Trafic d'humains, conséquences désespérantes de Tchernobyl, société ukrainienne gangrenée , même après l'indépendance acquise, autant de thèmes forts abordés ici avec justesse et lucidité. Tout est bouleversant, révoltant. La citation de Goethe au début du roman le reflète tellement bien :" L'espoir est la seconde âme des malheureux".



















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Rompre le silence

Un livre sur le secret, le droit qu'a une personne de laisser sa vie derrière elle pour se reconstruire et reconstruire autre chose, sans penser chaque jour à ce qui est advenu, ce qui a été perdu, à tous ces êtres qu'on ne reverra plus et à ceux qu'on voudrait enterrer. Un livre sur la mémoire, sur la recherche de la vérité, un fils qui finalement, une fois la machine enclenchée, se retrouvera plus loin qu'il ne l'aurait voulu.

Les traumatisme des guerres même pour ceux qui ne sont pas au front, la méfiance qui s'installe, les amitiés qui se brisent et qui changeront à jamais de nature, autant de thèmes présent dans ce roman. C'est un bon livre qui se suit sans déplaisir, le problème est que j'avais deviné le principal ressort de l'histoire dès les premiers chapitres, ce qui a un peu gâché mon plaisir.
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