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Critiques de Mechtild Borrmann (230)
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Enfances perdues

Encore un bon roman de Mechtild Borrmann, comme tous ceux qui ont été traduits jusqu'à présent.

L'auteure s'est intéressée au phénomène de contrebande entre

l' Allemagne et la Belgique juste après la seconde guerre mondiale.

Elle s'est aussi documentée sur les conditions d'accueil des orphelinats religieux de l'époque.

Ces deux registres se croisent, ils ont pour source commune la misère . La misère appelle souvent le drame..and so

on...!



Les religieuses qui dirigent ces établissements sont loin d'être des tendres.C'est de la maltraitance institutionnalisée , protégée par le pouvoir,la peur et le silence.

(Ces faits ne sont pas une spécialité allemande, ces pratiques etaient largement répandues hors frontière.)



Quant aux douaniers, ils oscillent entre laisser faire et répression selon les commandes de l'Etat. Les contrebandiers sont des hommes, des femmes et... des enfants!



La fin m'a parue un peu convenue avec un coté " vintage", la jeune heroîne au coeur pur..dommage !

Un bon moment de lecture cependant.
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Le violoniste

1948, Ilia violoniste, propriétaire d'un Stradivarius est arrêté à la fin de son concert et disparaît complètement, Galina sa femme va se battre pour connaître la vérité sur cette disparition, élevant seule ces deux fils, ils seront exilés dans un premier temps au Kazakhstan, puis en Allemagne.

2008 : Sacha, le petit fils reprend l'enquête sur cette disparition et sur celle du stradivarius, dans une Russie qu'il connaît peu, ayant grandi en Allemagne, une enquête qui va lui permettre de reconstituer l'histoire familiale tourmentée.



Le violoniste est un roman à 3 voix sur 2 époques : d'abord les voix d'Ilia et Galina, sous l'ère stalinienne où les artistes (musiciens, danseurs) étaient particulièrement espionnés pour éviter tout demande d'asile politique à l'étranger lors de la tournée d'une troupe ou d'un orchestre, quelquefois dénoncés à tort ou tout simplement déportés si leur opinions dérangeaient le système en place.

Ensuite la voix du petit fils, coupé de ce grand père dont on ne parle pas car soupçonné finalement d'avoir fui à l'ouest en abandonnant sa famille... Sacha va devoir reconstituer les événements dans une Russie contemporaine encore marquée par une administration et un goût du secret destructeur.

J'ai aimé le style de Mechtild Borrmann, qui alterne les deux voix d'Ilia et Galina, l'enquête que mène Galina pour retrouver Ilia est particulièrement intéressante et prétexte à décrire l'ambiance pesante et kafkaïenne des heures les plus dramatiques du régime soviétique et stalinien en particulier; on suit le destin tragique et absurde d'Ilia, un être humain broyé par un système qu'il ne comprend même pas.

En revanche je n'ai pas été vraiment séduite par l'enquête actuelle de Sacha, je me suis perdue plus d'une fois dans les aventures du petit-fils par toujours cohérentes, ponctuées de nombreux événements pas vraiment expliqués ou logiques....

Au final le violoniste est une lecture instructive du point de vue historique agréable à lire sans plus.
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Le violoniste

Une famille broyée par le régime totalitaire.

Moscou, 1948 : le destin du violoniste virtuose Ilia Vassilievitch Grenko bascule lorsqu’à la sortie d’un concert, il est arrêté par la police secrète, incarcéré à la Loubianka, le siège du KGB et forcé à des aveux imaginaires : il perdra ainsi ses biens les plus précieux, sa femme, ses deux fils et son précieux Stradivarius.

Ilia est condamné à 20 ans de goulag dans le terrible camp de Vorkuta alors que Galina, sa femme, est exilée au Kazakhstan avec ses enfants et que le violon se volatilise.

60 ans plus tard, Sacha, le petit-fils d’Ilia et Galina, est rattrapé par l’histoire familiale et entreprend de découvrir la vérité, discrètement épaulé par les Vory v Zakone, la mafia de l’ex-URSS.

Le violoniste plonge le lecteur dans la noirceur du régime stalinien, du goulag, des purges et des dénonciations tout en maintenant le suspense grâce à la construction habile qui suit trois fils narratifs et s’attache alternativement à Ilia, Galina et Sacha.

Bien construit et parfaitement documenté, c’est l’aspect historique qui à mon avis l’emporte sur l’enquête et permet de découvrir le régime concentrationnaire de l’ex-URSS, qui ne manquera pas de laisser pantois les moins de 30 ans !

Après Confiteor, de Jaume Cabre, encore une histoire sombre autour d’un régime totalitaire et d’un violon inestimable…

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Enfances perdues

Mechtild Borrmann aime les histoires familiales tragiques mêlant passé et présent. Ce nouveau roman se passe en Allemagne, pas loin de la frontière belge et met en scène le destin d’une famille, les Schöning. La guerre (la Seconde) a complètement détruit le père de famille, il n’est plus qu’un sacristain mal payé dans une église où il passe la majeure partie de son temps à prier un Dieu bien invisible. Pendant ce temps, sa femme travaille dans un restaurant avec sa fille aînée pour joindre les deux bouts. Et quand la mère meurt, le père, chiffe molle, ne songe qu’à les envoyer à l’orphelinat ! Ulcérée Henni, l’aînée de la famille, va trouver dans la contrebande de café un moyen de subvenir aux besoins de la famille. Pendant des mois, elle va pratiquer ce jeu dangereux jusqu’au jour où sa jeune sœur est tuée. Le couperet s’abat sur la fratrie qui est séparée sans que le père intervienne : Henni est envoyée dans une maison de redressement et les deux garçons dans un orphelinat.



Fin de l’histoire ? Non car le roman fait alterner les années d’après-guerre et celle des années 70, où nous apprenons qu’Henni passe en jugement. Pour quelles raisons ? Peu à peu, au fil de la lecture, l’auteure distille les informations qui nous permettent de comprendre ce que fait Henni sur le banc des accusés et de revenir sur le destin injuste de cette fratrie éclatée par la faute de la lâcheté d’un père.



L’intrigue est sombre et aborde les conditions de vie difficiles des allemands après la guerre, la contrebande, le jugement impitoyable de la société qui condamne une jeune fille et l’envoie dans une maison de redressement, les conditions dans lesquelles les deux frères restants vivent dans un orphelinat tenu par des sœurs mauvaises comme des teignes. Il y a beaucoup d’injustice dans ce roman, des gens s’acharnent à séparer la sœur et les deux frères au nom d’une certaine morale. Moi j’y vois plutôt de la malveillance. Oui ce roman est sombre mais je l’ai trouvé en deça des autres romans de l’auteure. Si le passé de Henni et sa fratrie est bien mené, j’ai trouvé que les chapitres consacrés au procès de Henni sont moins plausibles. Pourquoi s’acharner autant sur Henni ? Après tout ce qu’elle a vécu, on aurait pu la laisser tranquille.



Challenge Multi-défis 2020



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Sous les décombres

Cette fiction débute comme un passionnant roman historique sur l'entrée des troupes soviétiques en Allemagne à la fin de la 2e Guerre mondiale et l'immédiat après-guerre, mais elle se termine comme un banal polar (sans c après le n du mot banal puisque l'intrigue est très cohérente, mais avec le b au début puisque le genre n'a pas encore été inventé du moins à ma connaissance…).



Le contexte historique des faits au coeur de l'intrigue est très intéressant ; nous percevons la violence de la conquête soviétique pour la population allemande, ainsi que l'ampleur de la destruction du pays. En 1947, la vie n'avait pas repris un cours normal pour les Allemands de l'Est, loin de là !

Or la manière dont l'Histoire nous est enseignée, avec des dates clés comme points de repère nous en donne souvent une vision trop discontinue, donc faussée.



L'enquête policière m'a moins plu, malgré une intrigue bien construite, notamment du fait de coïncidences surprenantes comme on en trouve souvent dans ce genre de littérature. J'avoue cependant m'être précipité de finir pour connaître le dénouement.

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Sous les décombres

Je découvre Mechtild Borrmann avec ce livre et se fut une belle découverte. Ce roman relate différentes histoires à différentes périodes mais comme vous pouvez l'imaginer, elles ont toutes un lien et le lecteur a hâte au fil de sa lecture de le découvrir. Il est bien construit et nous apprend les conditions de vie d'après guerre, les difficultés rencontrées. L'auteure va à l'essentiel.

#SousLesDécombres #NetGalleyFrance
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Le violoniste

Moscou 1947. Ilja Grenko, de retour d’une tournée triomphale à l’étranger, donne un concert. Sa femme Galina et ses enfants l’attendent, lorsque tout bascule avec l’arrivée de deux membres de la police secrète. Ilja perd alors ces deux biens les plus précieux, sa famille et son violon.



Allemagne, 2008. Sacha, le petit-fils d’Ilia, retrouve sa soeur après des années de séparation. Viktoria lui demande de se joindre à elle pour retrouver le violon d’Ilia, disparu dans sa prétendue "fuite". Une quête commence alors pour Sacha, l’emmenant toujours plus loin dans la découverte de ce qu’il s’est véritablement passé.



Mechtild BORRMANN a réussi à regrouper deux composants : un roman où le suspens, l’histoire et la politique sont présents. Une intrigue qui met en scène les heures sombres de la Russie d’après-guerre. Avec une subtilité romanesque, Mechtild Borrmann pose la question de l’art dans la politique totalitaire.

J’ai lu ce livre avec un réel plaisir mais avec une préférence très nette pour la partie se situant à Moscou aux heures sombres de la dictature Stalinienne qui m’a rappelé les romans de Virgil Georghiu, écrivain aujourd’hui injustement oublié.



Un livre auquel je ne mets pas l’étiquette « polar » tant l’enquête m’a semblé secondaire par rapport à la partie historique de l’œuvre.



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Sous les décombres

Sous les décombres commence en 1946 dans les ruines de Hambourg, ville quasi détruite par les bombardements alliés. On y accompagne 2 jeunes enfants et leur maman qui tentent de survivre et de glaner dans les ruines ou par la débrouille et de petits boulots de quoi ne pas mourir de faim ou de froid encore quelques jours... autant dire que pour le lecteur, c'est une grande claque dès les premières pages. En parallèle, on remonte en arrière de quelques années pour découvrir l'histoire des Anquist, une riche famille d'Allemagne de l'Est qui elle aussi va être rattrapée par la guerre et l'arrivée des troupes soviétiques. Et enfin, de nos jours, 2 personnages en quête de racines se rencontrent : Anna dont la mère refuse obstinément de lui parler de l'histoire familiale et Joost qui a été adopté et ne sait rien de ses vrais parents.

Je n'en dirai pas plus car ces 3 histoires vont brillamment se mêler grâce au talent de Mechtild Boormann : au départ il est impossible de deviner ce qui les rapproche et petit à petit, par petites touches, on commence à comprendre, jusqu'au dénouement qui résoudra brillamment les différentes énigmes et apportera un éclairage nouveau sur toute l'intrigue.

Ce roman est un vrai page-turner qui réussit sans aucun artifice ni facilité dans l'intrigue à embarquer le lecteur dans son histoire et à nous faire découvrir par différentes facettes et récits de vie ce qu'a signifié la fin de la guerre et les années qui ont suivi pour les allemands vaincus et occupés. J'ai trouvé les descriptions très bien documentées, tout sonne juste et même si c'est une période sur laquelle on a beaucoup écrit le point de vue et les événements relatés m'ont passionnée. On s'attache très vite au destin de ces différents personnages (même si l'histoire située de nos jours est un peu moins forte et un peu longue à démarrer).

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, c'est un roman à la fois distrayant, facile à lire et profond, une combinaison qui n'est pas si simple à réussir ! J'ai noté sur ma liste les autres romans de l'auteur en espérant être tout autant séduite.
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L'envers de l'espoir

Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir...



Histoires croisées de tranches de vie très tristes...



Février 2010 : Valentina vit dans la zone interdite de Tchernobyl, car elle n'a pas d'autre choix. Cette femme attend désespérément le retour de sa fille dont elle n'a plus de nouvelles depuis des mois. Elle a disparu, comme beaucoup d'autres étudiantes parties pour l'Allemagne avec une bourse en 2009.



Valentina, pour combler l'ennui, écrit ses souvenirs dans un cahier : sa vie, avant, pendant et après la catastrophe de Tchernobyl. Elle raconte sa mère emmenée en Allemagne en 1943 pour y travailler, son amour pour Glev son mari, qui n'est jamais revenu d'une 'cure" après Tchernobyl où il était un "liquidateur". ses enfants Mylola et celle qu'elle attend, Catherina.



Parallèlement, en Allemagne, Matthias Lessmann, un simple paysan, cache une jeune ukrainienne qu'il a recueillie alors qu'elle tentait d'échapper à de mystérieux hommes. Qui est-elle et pourquoi est-elle poursuivie ?



Léonid, un milicien, devenu enquêteur dans le groupe IV (unité de recherche des personnes disparues) curieux, suspendu, il part pour Düsseldorf pour trouver la trace de ces jeunes étudiantes disparues.



Un style fluide, profond qui décrit bien les états d'âmes et les blessures du peuple ukrainien.

La catastrophe de Tchernobyl est décrite du côté des simples gens (techniciens, soignants...) et elle est encore plus bouleversante.



Ce livre est d'autant plus poignant qu'il a été inspiré par des histoires réelles.



Pour rester dans cette histoire, j'ai regardé la série "Tchernobyl", et j'ai vraiment souffert...
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Le violoniste

Agréable surprise avec ce roman bien mené même si j'ai eu une une impression de déjà lu sans réussir à retrouver la source exacte ...



A la fin du concert qu'il donne à Moscou en 1948, le grand violoniste Ilja Grenko est arrêté par le KGB et son violon, un Stradivarius appartenant à sa famille depuis plusieurs générations lui est confisqué . Cet homme qui ne vit que pour sa musique et parcourt l'Europe pour jouer est persuadé qu'il y a un malentendu mais son emprisonnement dans des conditions inhumaines se poursuit et pour protéger sa famille, il signe des aveux . Il est alors transféré au goulag.



Pendant ce temps sa femme, Galina et ses deux fils sont exilés au Kazakstan et leur survie n'est due qu'à l'acharnement et au travail de Galina et à l'entre-aide de braves gens comme elle éloignés dans ces rudes contrées .



Sans nouvelles de Ilja qu'elle croit , comme la propagande communiste l'a fait savoir, enfui à l'Ouest , elle n'apprendra que trop tard la vérité.



Quant au musicien, il subit le sort des prisonniers politiques où toute humanité est bannie et où pour continuer de vivre, il faudrait soi-même abandonner son statut d'Homme , ce que certains dont Ilja se refusent au mépris de leur existence même .



La narration de la lutte de cette famille est entrecoupée par l'histoire de leur petit fils qui découvre peu peu la vérité et se met lui aussi à la recherche de ce fameux violon .



Même si cette période est moins passionnante, elle permet de "souffler" un peu et apporte une autre dimension : celle de la honte de ces ancêtres d'avoir été exclus et le secret qui entoure cette période mais aussi la solidarité entre justement ces gens bannis qui s'est transmise à travers les générations .
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Le violoniste

Ce livre m'a été prêté : j'étais réticente, ayant commencé à lire Les livres sur la Kolyma ou sur le Goulag...

Bon, mais j'ai tenté l'aventure , et je ne le regrette pas. L'auteur de ce livre connait bien le sujet dont elle parle - un violoniste envoyé au Goulag parce qu'il est suspecté d'avoir voulu fuir son pays en 1948 - et sait faire en sorte qu'une fois ouvert, on lise d'une traite jusqu'à la fin.



C'est un roman choral comme je les aime, mêlant Histoire et "saga" familiale autour du thème de la musique : on s'en douterait à la lecture du titre : je ne dévoile rien !!!



Et il donne envie de continuer la rencontre avec ces êtres fracassées par l'Histoire, tous ces destins des relégués.



Merci au "passeur " de livre !

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Rompre le silence

Quand Robert vide la maison familiale au décès de son père, un riche industriel allemand, et trouve une photographie d'une jolie jeune femme inconnue, il décide sur un coup de tête de chercher à en savoir plus. Mais ce retour dans le passé de son père aura des conséquences inattendues et surtout fera resurgir les secrets enfouis de la seconde guerre mondiale.



Après Sous les décombres où Mechtild Borrmann faisait déjà revivre sous nos yeux l'atmosphère de la fin de la 2nde guerre mondiale en Allemagne et que j'avais beaucoup apprécié, j'avais envie de découvrir les autres romans de l'auteur. Malheureusement je n'ai pas retrouvé dans Rompre le silence la qualité de l'intrigue et la reconstitution minutieuse de l'atmosphère des années 40 que j'avais adoré dans son autre roman.

Ici l'intrigue semble très vite cousue de fil blanc, en parallèle de l'histoire contemporaine, on se plonge dans la vie d'un groupe de jeunes du même village dans les années 30, vie dont on sait déjà qu'elle va être bouleversée par l'idéologie nazie et la guerre qui arrive. Les personnages sont plus des archétypes que de vrais êtres de chair et de sang, on devine très vite ce qui va arriver à chacun d'eux et le tout est mêlé à un semblant de romance très prévisible aussi avec des triangles amoureux qui se résolvent dans la haine et la dénonciation. Je n'ai pas appris grand chose de nouveau sur cette époque, j'ai trouvé que l'atmosphère et le contexte de guerre étaient très survolés servant plus de prétexte à l'intrigue que de réel témoignage historique.

La partie contemporaine tourne beaucoup autour d'une enquête policière sur le meurtre d'une journaliste mêlée à cette affaire, sans grand intérêt pour le lecteur et je me suis un peu perdue entre les différents policiers, leurs rivalités, les interrogatoires et contre-enquêtes qui n'apportent pas grand chose de plus à l'histoire.



C'est une lecture qui n'est pas déplaisante, le style de l'auteur est efficace et on a envie de connaître la solution de l'énigme mais j'ai trouvé que ce roman manquait vraiment de profondeur et de souffle, il sera sans doute vite oublié.
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Sous les décombres

Quelques années les séparent, pourtant leurs histoires sont liées. En Allemagne, comme partout, la seconde guerre mondiale a laissé des ruines, dans les villes, les quartiers, les domaines mais aussi dans les cœurs. Les secrets les mieux gardés refont cependant surface, plongeant les âmes torturées ou meurtries dans l’ombre des décombres…



C’est une rencontre que j’aurais dû faire il y a longtemps. L’histoire de Clara, Anna et Joost, de leurs familles, de leurs quêtes, m’attendaient sagement… En ouvrant le roman de Mechtild Borrmann, c’est avant tout le récit d’un pays dans les tourments de l’après-guerre que nous écoutons…



C’est à travers trois voix que l’auteur nous entraîne sur les pas de Clara, Anna et Joost. Ce récit rythmé, navigue entre deux époques. Dans la première, la seconde guerre mondiale vient de se terminer. Joost n’est encore qu’un petit garçon abandonné dans les ruines, que la famille d’Hanno recueille et adopte. On découvre alors leur quotidien, le combat contre le froid et la faim, la débrouillardise et le retour du front d’hommes qu’on croyait mort. Plus proche de nous, la seconde époque met en scène Anna. Elle n’est encore qu’une jeune fille angoissée qui ne connaît rien de son passé.



Habilement menée, l’enquête suivie par Joost et Anna va les entraîner sur les traces de la famille Anquist. Privés de leur domaine, de leur terre, Clara et son père vont devoir fuir et se reconstruire ailleurs…



Mechtild Borrmann nous conte avec ce roman, une histoire de racines, de liens, de sang. Elle nous interroge sur la famille, l’amour d’une mère, la peur d’un destin, l’ombre d’un secret. Elle met en lumière la vérité qui éclate, celle qu’on pressent parfois au fond de soi, alors que rien ne la prédispose à se dévoiler…
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L'envers de l'espoir

Alors que le conflit russo-ukrainien a éclaté depuis six mois, je tombe par hasard sur ce livre. Ce récit remonte le temps jusqu’au 26 avril 1986, lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Ukraine.



Trois protagonistes sont les éléments-moteur de ce récit constitué de trois parties qui fusionnent.



Matthias Lessmann vit dans un petit village d’Allemagne proche de la frontière néerlandaise. Une adolescente, apeurée, qui semble totalement paumée et en plein désarroi, va débarquer dans sa vie.



Valentina a quitté son appartement de Troïchina dont elle ne pouvait plus assumer les factures. Elle s’est retranchée dans la zone d’exclusion de Tchernobyl. Elle attend en se raccrochant à l'espoir. Elle attend le jour où sa fille Katerina sera enfin de retour ; Katerina qui a quitté l’Ukraine et est partie étudier en Allemagne. Dans l’attente, Valentina se réfugie dans ses souvenirs en noircissant les lignes d’un cahier pour y ancrer l’avant et l’après Tchernobyl.



Leonid qui va mener difficilement son enquête sur des disparitions inquiétantes de jeunes filles parties en Allemagne, dont celle de Katerina.



Ce roman qui s’appuie sur des faits réels est bouleversant et très noir. C’est la description de l’après Tchernobyl et la réalité que l’on a voulue taire à la population, le contexte géopolitique de l’Ukraine, le trafic d’êtres humains pour alimenter un réseau de prostitution.



1986 : Tchernobyl ; 2022 : Zaporijia ???

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Enfances perdues

Roman efficace et habilement mené. Preuve s’il en est que l’intérêt et l’intensité ne sont pas forcément liés à un grand nombre de pages. On retrouve le système narratif de l’auteure qui alterne passé et présent des personnages en maintenant une intrigue sur la vie de cette famille allemande. Une histoire et des vérités en fonction des protagonistes. Bon moment de lecture.
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Rompre le silence

En 1997, suite au décès de son père, Robert Lubisch veut tirer un trait sur son passé familial, hanté par la figure de ce père - riche industriel qui a fait fortune dans les années d’après-guerre - qu’il n’a jamais pu aimer. En faisant le ménage dans les papiers de son père, il découvre la photographie d’une très belle femme et une carte d’identité SS au nom d’un inconnu. Il se rend alors compte qu’il n’a jamais vraiment connu son père et décide d’enquêter sur son passé. Il ne sait pas encore qu’il va mettre le doigt sur des secrets dotés d’une charge explosive redoutable…



« Rompre le silence » est le premier roman traduit en français de l’allemande Mechtild Borrmann. Il a reçu le prix du meilleur roman policier en 2012.

Au départ, l’intrigue semble de facture classique : des secrets de famille que la mort du dernier parent va inciter le fils à élucider. Le rythme est lent et l’on peut penser au départ, à l’instar de Robert Lubisch, que l’enquête conduira à une impasse. Il n’en est rien. Car l’auteure prend le temps de tisser la trame d’une intrigue dont la puissance va se révéler peu à peu, tandis que les divers protagonistes prennent forme et chair.



La plume de l’auteure est surprenante : ses phrases sont empreintes d’une forme de douceur, de tendresse nimbées d’une nostalgie tenace, comme un temps gris qui persiste mais ne laisse échapper aucune averse. Deux périodes se confrontent, celle du présent de la quête de Robert et celle du passé – les temps troubles de la seconde guerre mondiale dans un coin d’Allemagne. On y découvre de jeunes adultes dont la candeur va être entachée par la guerre, les choix qu’elle va imposer, le national-socialisme en toile de fond.



La rondeur des mots, la poésie douce et triste qui en émanent, contrastent avec la violence de certains événements surgis du passé. Ce passé dont les secrets sont d’autant plus difficiles à percer que la chape de silence dans laquelle on les a ensevelis s’est solidifiée avec le temps.

Alors, lentement, se met en place une mécanique implacable, celle par laquelle Robert va rompre le silence, au risque de vaciller - avec le lecteur - sur des bases qu’il croyait acquises…



Le revirement final est impressionnant, aussi habile qu’inattendu, donnant un tout autre tour à l’histoire. « Rompre le silence » est un polar extraordinairement attachant sur l’amour, la jeunesse et la culpabilité.
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Rompre le silence

Une intrigue policière sur fond de seconde guerre mondiale, des allers-retours entre présent et passé, un secret de famille, il faut reconnaitre que tous ces ingrédients finissent par être tellement exploités en littérature qu'ils n'offrent plus guère matière à s'étonner. Ou qu'il faut un réel talent pour renouveler le genre.



Rompre le silence a quand même ceci de particulier que le cheminement de l'intrigue est réellement alambiqué, la faute sans doute à la galerie de personnages (qui sont d'ailleurs épinglés en début de livre au cas où la mémoire nous ferait défaut !) , nécessitant par là un effort de concentration laborieux, et la clé même de celle-ci qui est par contre prévisible dès les premières pages...

De ce point de vue je n'ai donc pas éprouvé grand plaisir à cette lecture.



J'ai par contre aimé l'écriture à la fois fluide et travaillée ainsi qu'émaillée ci et là de quelques jolies réflexions.



Une histoire en demi-teinte donc, qui à l'image des photos sépias de la couverture du livre, se brouillera rapidement dans les brumes de ma mémoire.
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Le violoniste

Les remous du passé s'infiltrent inexorablement dans l'héritage que nous portons.

Ce récit met en lumière une période bien sombre de l'histoire russe. L'instrument clé de l'intrigue c'est un violon, un Stradivarius qui aurait servi de prétexte à une déportation arbitraire qui entraînera des répercussions sur plusieurs générations.



La partie qui retrace la fin des années 40 et la survie dans l'horreur des camps, de la faim et des privations est mieux maîtrisée et aboutie que la traque menée par le petit-fils, racontée de nos jours.



La question qui demeure: Comment des hommes ont-ils pu agir avec une telle inhumanité ?





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Le violoniste

Moscou, 1948



Le rideau se ferme sur les notes encore audibles du Stradivarius d'Ilia Grenko, descendant d'une longue génération de violonistes virtuoses. Il vient d'offrir un concerto pour violon en ré majeur de Tchaïkovski. À peine le temps de regagner sa loge qu'il est arrêté par le KGB. Sous la contrainte, il signe des aveux qui le condamnent à vingt ans de goulag. À l'époque du régime stalinien, les musiciens effectuant des concerts à l'étranger étaient soupçonnés de contacts avec l'ennemi et d'agitation antisoviétique. Au-delà de ces rumeurs, on soupçonna Ilia d'avoir tenté d'élaborer un plan de fuite vers Vienne. Sa femme et ses enfants sont envoyés en exil à Karaganda, au Kazakhstan. Longue descente en enfer...



Cologne, 2008



Sacha, petit-fils d'Ilia, travaille pour une société de sécurité et de renseignements privés. En cherchant à retrouver le Stradivarius de son aïeul - offert par le tsar Alexandre II, rien de moins - il repartira inévitablement sur les traces de son passé. Autre descente en enfer...



J'ai dévoré ce livre d'une traite ! Je lis rarement des thrillers mais quand ils savent aussi bien nous plonger au coeur d'une période marquante de l'histoire je me régale. On se retrouve sous le régime communiste et totalitaire de Staline dans la Russie des années cinquante, régime marqué par la dictature et la terreur. Ilia, comme des milliers d'innocents, a été déporté dans le camp de concentration de Vorkouta. Entassé dans des wagons à bestiaux, il a connu la faim, la soif, l'odeur fétide des excréments, la privation de sommeil, l'isolement, le froid glacial, les travaux forcés... On connaît ces atrocités qu'il est juste d'évoquer en mémoire des millions de vies envolées. L'auteure retrace ce lourd passé sans toutefois en faire un roman historique. C'est par pure curiosité que je suis allée lire sur la révolte des zeks (détenus) dans les camps staliniens du goulag. Sur l'insurrection du système après la mort de Staline et le Soulèvement de Vorkouta - la révolte des prisonniers du Retchlag, un camp pour les prisonniers politiques.



Un roman qui ne manque pas non plus d'évoquer la force réparatrice de certaines rencontres, la solidarité, les liens salvateurs qui offrent des repères et un certain apaisement. Un roman sur la confiance et l'entraide. Sur la force des souvenirs et des liens familiaux. Un roman sur la survie.



Un roman sur la mémoire...


Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Le violoniste

Un très bon petit polar qui s'avale vite, en véritable page-turner qu'il réussit à être.



Une saga policière et d'espionnage couvrant trois générations d'une famille russe qu'un magnifique et inestimable Stradivarius relie. Passant constamment de l'époque de la guerre froide à celle d'aujourd'hui, de l'URSS kroutchevienne à la Russie moderne mais pas moins inquiétante, Mechtild Borrmann nous entraîne dans la course poursuite de Sacha pour remonter le passé de sa famille et découvrir les conséquences de la destinée tragique de son grand-père Ilia, Le violoniste.



C'est rythmé, bien écrit sans être inoubliable, avec une belle réussite dans la description des atmosphères, fastueuses du début, glaçantes du goulag, et inquiétantes du pouvoir russe.
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