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Citations de Mélanie Fazi (275)


La lune paraissait tellement proche que j’aurais juré pouvoir l’atteindre. Il suffisait de tendre la main. On pouvait même deviner sa texture, froide et un peu rugueuse au toucher. Elle semblait tellement concrète, grosse boule suspendue en l’air, caillou phosphorescent. On ne regarde pas la lune : c’est elle qui vous regarde. Elle est toute proche et elle vous regarde. Pas comme le soleil qui vous force à baisser les yeux.
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Loin de moi l’idée d’offenser le révérend John Gareth Quinlan en me défilant pendant le sermon, mais je n’ai pas pu rester jusqu’au bout. Seulement, m’éclipser sans me faire remarquer tenait des douze travaux d’Hercule. C’est sournois, une église. Conçu pour décourager toute tentative de fuite, au moins jusqu’à l’heure de la quête. Ce n’est pas un hasard si le sol tremble et résonne à chaque pas, au milieu d’un silence à entendre voler les moustiques. Ni si la porte grince comme le cercueil d’un mort vivant réveillé de son sommeil centenaire. Et les bigotes aux aguets, gardiennes des lieux sacrés, scrutent les recoins avec leurs yeux baladeurs, à l’abri de leurs petites lunettes. Et vous lancent des « Chhhhht ! » à faire vibrer les bénitiers dès que vous murmurez à l’oreille du voisin.
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Je n’avais pas eu le temps d’apercevoir grand-chose avant de me faire chasser à grands cris, mais j’en avais tiré des conclusions intéressantes. Je devinais chez Katrina une haine des hommes dont l’origine m’échappait. Elle ne m’avait plus jamais regardé de la même façon depuis l’incident. À croire qu’elle m’avait catalogué « petit d’homme », comprenez : danger potentiel.
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Le regard s'endort si facilement quand on ne l'exerce pas.

[Extrait de Petit théâtre de rame]
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Elles se ressemblent toutes, les petites villes, mais à première vue seulement. Pour qui sait s’attarder sur les façades et les gens qui les peuplent, le spectacle varie toujours un peu. On trouve souvent un petit rien qui suffit à faire naître un frisson aventureux. Un bâtiment un peu bizarre, fruit des délires de l’architecte ou des caprices du propriétaire qui marque son territoire à grands coups de pinceaux. Un individu qui se détache un peu du troupeau – et Dieu sait que les phénomènes ne manquent pas dans ces endroits-là. (...)
Les petites villes se plaisent à entretenir leurs histoires, faute de pouvoir s’enorgueillir d’autre chose.
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Mère autoroute, père asphalte, protégez les pauvres voyageurs.

[Extrait de Nous reprendre à la route]
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Quelques barrières enjambées dans le noir, et quand nous avons retrouvé la lumière, c'était pour laisser l,autoroute nous reprendre.

[Extrait de Nous reprendre à la route]
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Tout comme on parlait de cette pauvre Pandore, pas foutue de laisser une boîte à sa place. C'est Épiméthée qui l'a poussée à ouvrir la boîte, tu savais ça ? Parce qu'il n'en pouvait plus de ne pas savoir ce qu'elle contenait, et qu'il crevait de trouille à l'idée de l'ouvrir lui-même.
Et voilà comment se forgent les mythes les plus tenaces.

[Extrait de Mémoire des herbes aromatiques]
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La farce n'est pas de ton goût, hein ? Mais c'est la rançon des mythes. Sitôt transmis, sitôt déformés, accommodés à des sauces chaque fois plus incongrues.

[Extrait de Mémoire des herbes aromatiques]
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Je viendrai à toi en silence pour les retrouver. Ce sera de mon plein gré, si c'est le seul choix que tu me laisses.

[Extrait de Élégie]
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Il paraît qu'un jour où Zacharie lui tatouait sur l'épaule un de ses rêves les plus morbides, il l'a regardé bien en face et a déclaré : "Si je continue comme ça, à épingler tous mes rêves, Je finirai par avoir sur tout le corps le visage de mon inconscient." Il a éclaté d'd'un rire nerveux, et il a ajouté : "Peut-être que je serai plus qu'humain arrivé à ce stade-là. Si je deviens mon propre inconscient." Et le pire, c'est qu'il ne blaguait pas.
J'ai adoré l'histoire, tu t'en doutes.

[extrait de 'Serpentine']
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Mélanie Fazi
Puisque tout ce qui touche au fantastique semble être affaire de paradoxe, peut-être y a-t-il là une autre forme de logique. J’y vois pour ma part une nostalgie des lectures de l’adolescence – pas la période la plus facile qui soit, mais sans doute celle où nos lectures ont sur nous l’impact le plus fort. Adulte, on est rarement un lecteur aussi avide et aussi passionné qu’avant vingt ans.
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Mélanie Fazi
Il y a dans le fantastique un vertige bien particulier que je n’ai jamais trouvé ailleurs : celui du moment où une porte s’entrouvre et nous laisse entrevoir l’indicible. C’est lui aussi, je crois, que je cherche en écrivant. Malgré la litanie des paradoxes, je continue à espérer qu’il viendra d’autres générations pour apprécier ce frisson-là. Quelle que soit la peau sous laquelle il cache sa fourrure.
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Voir les animaux pour la première fois, s'ouvrir à ce champ de possibles, n'est pas très éloigné de ce qu'on vit au début d'une relation. Ce mélange de peur et d'extase qui ne lâche plus au moment de faire le grand saut. la trouille qui serre les tripes devant l'inconnu, savoir que les choses s'apprêtent à changer sans savoir en quoi. Et la certitude béate que tout va se transformer d'un coup de baguette magique, simplement parce qu'il vous sourit, qu'il vous regarde avec ces yeux-là, que vous avez de nouveau quinze ans devant le garçon le plus craquant de la classe et que vous essayez de ne pas trop bredouiller en lui parlant. Quelque chose ou quelqu'un qui vous était inconnu la veille devient le pivot de votre existence.
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Moi qui me représentais les harpistes comme des créatures éthérées, j’étais tombée de haut en rencontrant Zoé. Elle était tout le contraire : solide, un peu boulotte, avec un langage de charretier et une franchise qui confinait à la brusquerie. Elle portait des jeans noirs usés, des T-shirts arborant le nom de groupes de metal en lettres gothiques, et des rouges à lèvres criards qui tranchaient avec le roux de ses longs cheveux raides. Elle avait le rire contagieux, un sens de la repartie cinglant et des doigts capables d’une incroyable finesse quand elle pinçait les cordes.
Voir Zoé trimballer la housse de sa harpe dans les couloirs du métro, avec sa veste en cuir et ses allures de batteuse, était pour moi une source d’hilarité constante.
Cet après-midi-là, nous voilà en train d’installer tout le matériel pour les balances dans la salle encore vide. L’endroit ressemblait à un théâtre avec ses rideaux, ses balcons et ses rangées de sièges. Une lumière jaune et terne les recouvrait comme une couche de poussière.
Dans les sièges, en creux, le fantôme des spectateurs à venir. C’était intimidant de les imaginer là. Je me suis placée tout à l’avant de la scène pour me les représenter tels qu’ils seraient tout à l’heure. À moitié plongés dans la pénombre, masqués par les projecteurs braqués sur nous. La chaleur des lumières sur mon visage, les flaques de couleur à mes pieds, sur mes mains, les reflets sur mon violon. Et au-delà de la frontière que marquait le bord de la scène, le public dont je percevrais le regard sans vraiment le voir.
Au milieu des câbles, des amplis, du matériel pas encore entièrement déballé, j’ai sorti mon violon et mon archet pour m’échauffer. Quelques notes pour me mettre en train et tester l’acoustique des lieux. Une de mes compositions, Calliope : un thème qui va crescendo et autour duquel les instruments viennent s’ajouter un par un. J’aime l’utiliser pour me mettre dans l’ambiance : son motif hypnotique me fait l’effet d’un mantra.
La mélodie était apaisante à mes propres oreilles. Mes gestes d’abord approximatifs retrouvaient peu à peu leurs marques. Mes épaules se détendaient. Mon dos se redressait. L’assurance de mes doigts se diffusait dans tout mon corps.
Je me suis laissé emporter, comme à chaque fois. Je ne sais pas pourquoi Calliope m’a toujours fait cet effet. Un morceau composé dans la grâce, comme il m’en vient trop rarement. C’est le premier que j’aie écrit pour Caméo, dans l’euphorie de la rencontre et de l’ouverture des possibles. J’y ai trouvé une nouvelle voix sans bien savoir comment, tout étonnée qu’elle ne se soit pas révélée plus tôt.
Le motif gagnait en ampleur à mesure qu’il se répétait, et un grand calme m’envahissait. Je jouais pour les sièges vides et le fantôme des spectateurs, pour la salle, la lumière jaune, la scène et les rideaux, pour l’euphorie qui me gagnait. C’était l’archet qui guidait mes doigts, plutôt que l’inverse. Et le violon s’emballait peu à peu. Sa voix s’élevait seule dans l’espace, sans les autres instruments pour le soutenir. Calliope sonnait différemment sans eux : un chant nu et beau, lancinant, entêtant.
Quand j’ai vu passer les renards, j’ai failli tout lâcher. Si les réflexes n’avaient pas pris le dessus, j’aurais laissé violon et archet s’écraser sur la scène. Mais mes doigts ne m’obéissaient déjà plus.
Ils étaient trois qui couraient le long des sièges, dans l’allée, en direction de la scène. Trois taches rousses un peu floues que je n’ai d’abord aperçues que du coin de l’œil. Mais des renards, sans aucun doute. La lumière paraissait les traverser. Comme s’ils n’étaient qu’une projection qu’on interrompt en passant la main devant la source. Ils étaient là, pourtant. Bien vivants.
Et c’étaient mes premiers. (« Trois renards »)
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Le regard s'endort si facilement quand on ne l'exerce pas.
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On s'enivre vite de ne plus connaître d'attaches.
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Couleurs de crépuscule : un bleu irréel là où commence la nuit, une rose d'aquarelle qui déteint sur le crépi. Quelques nuances d'un jaune bâtard entre les deux. Premières étoiles et le disque pâle de la lune qui s'esquisse doucement.
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Elle avait sans doute raison. Il fallait appartenir à la nature depuis longtemps pour apprendre à respirer comme le vent. Il devait savoir des choses que les hommes avaient désapprises avec le temps. Comme faire partie du grand tout sans chercher à y laisser sa marque. Du haut de la maison Quinlan, je voyais soudain la nature telle que lui devait la connaître : immuable, indivisible, une entité en soi. Lui savait qu'il ne fallait pas déranger l'ordre des choses. Et de comprendre sa vision du monde, de faire comme si c'était la mienne, il me semblait que le monde m'appartenait un peu. Un monde dans lequel tout devenait possible, simplement parce que la loi des humains n'était pas sa seule règle. Ce monde-là vivait différemment, et j'avais le pouvoir de choisir sa loi ou celle des miens.
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Jusqu'à l'extase du dernier instant. Voir le moment précis où la vie lui échappera. C'est vrai que les yeux sont le siège de l'âme : j'en ai eu la preuve.[Le passeur]
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