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Citations de Mélanie Fazi (275)


J'ai gardé ceci des jours anciens : la connaissance des herbes et de leurs effets. Tu sais, la cuisine, comme la sorcellerie, est affaire de rémanence. La viande garde la trace de ce qu'elle était de son vivant. Et les herbes, celle de la terre qui les a vues pousser. Le fromage se rappelle la brebis. Chacune des olives qui ont nourri mon huile garde le souvenir de l'arbre qui l'a portée, du parfum de l'écorce, de la couleur des pentes herbeuses.

(Mémoire des herbes aromatiques)
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Ses histoires étaient parfois cruelles. J’ai appris depuis que la vie sait l’être aussi.

Maintenant que les doigts me brûlent et que le silence me blesse la gorge, Ole Ferme-l’Œil est mon seul allié. Quand le monde bascule, c’est si rassurant de pouvoir compter sur quelqu’un qui pratique la logique des rêves et des contes.


[extrait de « Swan le bien nommé »]
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Passés les premiers jours de recherche, les questions aux voisins, les battues dans les champs, sans trop y croire, il s'est installé, confortablement, dans son désespoir tranquille. Vautré dans sa solitude. A présent il pouvait se le permettre : le regard des autres l'y autorisait. Peut-être le germe était-il en lui depuis longtemps. Mais il avait su se contenir pendant six ans (...). Il n'a rien trouvé de mieux pour remplirle vide que d'éponger une bouteille après l'autre. Rien n'y paraît, à première vue. Il est comme un fruit lisse et charnu, mais déjà pourri de l'intérieur.

"Elégie"
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Curieux que l’inspiration vous fasse toujours défaut juste au moment de trouver des réparties cinglantes. J’aurais voulu lui rabattre le caquet une bonne fois pour toutes, mais silence radio dans mon cerveau. Je suis resté comme un idiot à ruminer ma colère.
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Règle immuable des moutons de Panurge : il faut un premier en tout.
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Humains, dieux ou titans, nous sommes tous de cette espèce qui n'oublie jamais, ni ne pardonne. C'est notre essence même, puisqu'on nous a créés pour la fureur et la vengeance. J'ose dire que nous y excellons.

[Extrait de Mémoire des herbes aromatiques]
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S'il te plaît, dessine moi une pulsion.

(dans la nouvelle "Serpentine")
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Dans le confort de ses certitudes, on se répète souvent que le moment venu, dans une situation extrême, on saura se dépasser. Poussé à bout par l'urgence, la nécessité, que sais-je encore. Un coup d'oeil dans l'abîme m'a suffi : j'ai perdu le bénéfice du doute. Même mon remords, aujourd'hui, est égoïste.
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A moins que j'aille me fondre à la pierre, quelque part, pour devenir muraille à mon tour. Ma peau se dessèche déjà. Mon visage n'est plus qu'un nid de démangeaisons, et le bout de mes doigts commence à s'effriter. Si je ne me dépêche pas de gagner du répit en capturant une nouvelle prise, je perdrai bientôt l'usage de mes mains. Venise préférera sans doute cette fin-là : lente et raffinée à la fois.
("La cité travestie")
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Ce n'est sans doute pas un hasard si le fantastique me parle autant. C'est le genre de l'étrange par excellence, qui soulève le voile des apparences et donne la parole au monstre, à la sorcière, à ceux qui ne sont pas comme les autres et qui, parfois, ne désirent qu'être acceptés pour ce qu'ils sont.
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Je suis quelqu'un qui a pendant longtemps souhaité ardemment recevoir des invitations, et voilà que j'en refuse désormais ; l'ironie ne m'échappe pas.
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Il y a des actes qu'on n'a pas le droit de bâcler.
[Le Passeur]
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Vivre une différence, ce n’est pas seulement subir des insultes ou des violences. Ça peut être quelque chose de discret et de très quotidien. Il n’y a pas une journée où le monde ne me renvoie en pleine figure que je ne suis pas comme les autres, que ma grille de lecture de ce qui m’entoure n’est pas la même. Vivre une différence, ça peut être dépenser beaucoup d’énergie pour essayer de comprendre les autres, pour se fondre parmi eux, pour chercher des moyens de répondre à des questions très simples, qui ne le sont pas pour nous, ou de les esquiver.
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Il y aura souvent quelqu’un pour commenter : « Ça devient grotesque, cette manie d’inventer des étiquettes. » Ou bien : « Pourquoi ces gens veulent-ils absolument rentrer dans des cases ? » Je me fais chaque fois la réflexion que ceux qui tiennent ce discours ont la chance de ne pas avoir eu à se poser ces questions.

J’en sais quelque chose. Je vis sans étiquette depuis quarante ans et j’espère encore presque chaque jour trouver la mienne.
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- Tu ressentais ça comment, toi, Arlis ? L’impression de rêver sans être endormi ?
- À peu de choses près. Mais c’est difficile à décrire.
- Vu de l’autre côté, et je t’en parle en y ayant assisté plusieurs fois… On te voyait avec les yeux perdus dans le vide, ou fixés sur un point juste devant toi… Et quelques secondes plus tard, il y avait des gens ou des objets, ou des modifications du décor, qui n’étaient pas là l’instant d’avant. C’est pas tellement que tu rêvais debout… C’est plutôt comme si des rêves s’échappaient pour contaminer ce qui t’entourait. Je peux te dire que la première fois, ça fait bizarre.
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Est-ce que j'avais une tête de candidate au suicide ?

[Extrait de Rêves de cendres]
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Le premier coup, qui m'a choquée bien plus que meurtrie, je l'ai reçue l'un de ces soirs-là. Trop hébétée pour savoir comment réagir. La spirale est pernicieuse : quand on laisse faire une fois, une seule, sans riposter, sans partir en claquant la porte, quand on accepte un seule fois de laisser passer, il est déjà trop tard. Un germe d'habitude commence à s'incruster.
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L'important, ce n'est pas tant les fragments de souvenirs que l'étincelle qui les accompagne : le sentiment de continuité, de quelque chose qu'on porte en soi sans jamais y penser.
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L’été passait doucement, seulement troublé par les fantômes de l’automne imminent. La compagnie de Noé m’empêchait de ressasser. Mais une conversation revenait souvent. « Ta voix…, » commençait-il. Ma voix. Évidemment. Lui m’en parlait par réelle curiosité, par empathie même, sans trace de ces superstitions que je connaissais trop bien. Il voulait simplement savoir. Quel effet ça faisait d’être cette fille-là, comment vivre avec ça. Il écoutait patiemment et il semblait comprendre. (« L’été dans la vallée »)
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Ce matin, au réveil, je l’ai trouvée dans le miroir. Comme découpée à même la vitre et déposée là, de l’autre côté, dans mon sommeil. Elle a englouti mon reflet. Si je me tiens devant l’armoire, c’est elle qui me fait face. Avec sa robe couleur d’hiver, ses longs doigts translucides et des flocons plein les cheveux. Ses yeux comme des lacs gelés. La peau couverte d’une pellicule de givre. Et toujours ses dents coupantes dévoilées par son rire.
Elle a commencé par calquer mes mouvements. Puis, progressivement, elle s’en est dissociée. Je l’ai regardée acquérir une vie propre, avec une élégance que la glace n’aurait pas dû posséder. Et que la chair n’atteint jamais. (« Née du givre »)
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