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Citations de Mélanie Fazi (275)


Dans la cheminée, les flammes se rapprochaient et s'éloignaient, encore et encore. Je les écoutais crépiter, distraitement, occupée à balancer mes jambes dans le vide. J'étais encore trop petite pour toucher le sol. Je me sentais si bien, dans la chaleur des flammes. Un peu engourdie, comme dans les minutes qui précèdent le sommeil, celles qui gomment le contour des choses et abolissent le temps. Leur lumière m'imprégnait, s'infiltrait jusque dans les os. Calée tout au fond du fauteuil, bras posés sur les accoudoirs, c'est ainsi que je l'ai vu. [Rêves de cendre]
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Le choix du motif n’a rien d’anodin, c’est un geste porteur de sens. Témoignage d’un instant qui vous accompagnera toute votre vie durant. On le choisit comme une profession de foi, un totem ou un blason. Un corps, on naît avec, mais rien n’empêche d’agir sur lui.
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Avant d'étudier le sujet, j'ignorais tout des causes réelles de l'autisme, en tout cas telles qu'elles sont désignées par les connaissances scientifiques actuelles. J'ai appris qu'il s'agit d'un trouble neurobiologique – c'est-à-dire que certaines zones du cerveau, pour des raisons qu'on ne comprend pas tout à fait, ne se développent pas comme elles le font chez la majorité des gens. Des zones qui gèrent entre autres, pour autant que j'aie pu le comprendre, la communication et les interactions avec les autres humains. Ce détail m'a beaucoup parlé quand je l'ai lu, d'une manière quasi viscérale : d'un coup, je mettais des mots sur cette sensation que j'ai depuis si longtemps, ce lien avec les autres qui ne se fait pas malgré tous mes efforts. Si ces zones du cerveau fonctionnent différemment chez moi, comment m'en étonner ? J'ai accueilli cette hypothèse avec un soulagement qui m'a surprise moi-même.
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Être dans sa bulle, je le comprends désormais, ce n’est pas ignorer la présence des autres ou ne pas s’en rendre compte. C’est au contraire en avoir une conscience aiguë, percevoir chaque chose avec une telle acuité qu’elle en devient douloureuse. La plupart du temps, je ne ressens tout ça que sous la forme d’un stress trop vague pour que je lui aie donné un nom jusqu’à récemment. Mais parfois, j’ai besoin que les gens s’écartent, qu’ils me laissent respirer, recharger mes batteries, pour mieux les retrouver ensuite. Je cherche le calme et ne le trouve nulle part.
p. 96
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Mentir avec des mots est une chose mais mentir avec des yeux, avec le sourire, mentir avec réelle conviction, c'est un affront impardonnable.
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La nuit peut vous faire gober n'importe quoi. Le lendemain matin, on y repense avec un sourire en coin, puis on oublie. Le cerveau fonctionne différemment, la nuit. Avec tous ces bruits, ces ombres, ces données inconnues qui vous affolent les sens. Les rayons de la lune pour toute lanterne, pâle écho de la lumière solaire. Pas étonnant qu'il vous vienne parfois des idées curieuses. C'est peut-être au fond le rôle du sommeil : nous empêcher de trop réfléchir quand la lumière disparaît.
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Je sais bien que ce n'est pas comme ça qu'il faut jouer, mais c'est ce que je veux jouer. J'ai toujours préféré la dissonance à l'harmonie. Il peut naître de si belles choses du chaos.
[Trois renards]
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[...] Il m'a appris que la vie est absurde et sans pitié. Qu'elle bascule parfois du jour au lendemain, et atrocement : nos repères sont bâtis sur du sable, et il suffit d'un loup pour souffler d'un coup nos maisons de paille.
Mais il m'a appris aussi qu'on peut s'en sortir à force d'obstination, et répondre à l'irrationnel par nos propres armes. Quand la logique s'effondre, à nous de la réinventer. Mieux vaut parfois réapprendre à croire sans se poser de questions.
[Swan le bien nommé]
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À sa façon, ce texte est un récit de voyage. Après ma prise de parole, plusieurs personnes ont parlé de quête pour décrire mon parcours. Une quête initiatique, m'a dit quelqu'un ; le trône de fer sans les dragons, a ironisé quelqu'un d'autre. Un voyage intimiste sans bouger de sa chambre, l'idée m'amuse assez.
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Dans mes souvenirs d'adolescence, dans la solitude des années de lycée, [...] j'éprouvais une forme de fierté à ne pas m'intéresser aux mêmes choses que tous les autres. En parallèle, je me voyais parfois par un regard extérieur qui me disait que ma vie ne devait pas valoir grand chose, que je n'avais pas d'amis, que j'étais quelqu'un de faible et d'assez terne, que je me mentais en refusant de le voir.
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A force de courir après les heures, je te jure qu'on en devient aveugle.
[Nous reprendre à la route]
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En me documentant sur le sujet de l'autisme, j'ai lu à plusieurs reprises une métaphore qui me semble extrêmement parlante : le cerveau des personnes sur le spectre doit établir manuellement des liens que celui des autres fait automatiquement. (62)
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Je sais que c’est un honneur. Je sais que j’ai fait la fierté et la fortune de ma famille. Et que des centaines d’autres filles de mon âge sur toute l’île crèvent d’envie d’être à ma place. Alors pourquoi est-ce que j’ai peur ?
Des fois, pendant les pauses, je vais m’installer dans le jardin devant la statue du Dragon endormi. Il a dû falloir un bloc de pierre immense pour la sculpter. Il a un corps très long enroulé sur lui-même et couvert d’écailles. Des nageoires, des branchies, et une crête le long du dos. Sa tête repose sur sa queue, et ses paupières fermées paraissent grandes comme cinq fois ma main. Je me concentre très fort et j’essaie de me convaincre qu’il est vivant, que c’est lui le vrai Dragon, endormi sous notre île. Que c’est lui qui a le pouvoir de nous détruire et qui nous laisse la vie sauve en échange du pacte.
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C'est de son ancienne identité sociale qu'on fait le deuil, et de tout ce qu'on y rattachait : la possibilité de se fondre dans la masse, de n'être pas vu comme différent si l'on se cache assez habilement, si l'on choisit soigneusement ses mots, si l'on étouffe une part essentielle de soi. Faire le choix du coming out, c'est dire aux autres : "Je ne serai jamais comme vous. Et désormais, je l'accepte." Tout notre rapport aux autres, notre rapport au monde en est changé, sans retour possible. On adopte une nouvelle peau, et il faut quelque temps pour s'y sentir pleinement à l'aise. On apprend, petit à petit, à devenir soi.
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Émergeait un questionnement par rapport à l'idée même de la norme. On grandit avec des notions binaires qu'on nous présente comme une réalité figée : homme ou femme, hétéro ou homosexuel, amoureux forcément épanoui, célibataire nécessairement frustré, un idéal de couple avec enfants décrit comme la chose la plus immuable au monde. Et puis avec le temps, on entends d'autres histoires. On apprend qu'on peut naître homme dans un corps de femme ou inversement. Que certaines personnes n'ont jamais éprouvé la moindre pulsion sexuelle. Que d'autres s'épanouissent en vivant en parallèle plusieurs relations amoureuses consenties par tous. Que beaucoup de femmes n'ont jamais eu, n'auront jamais de désir d'enfant. Et qu'il y en a comme moi, comme nous, que la vie de couple n'a jamais intéressés.
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Parfois, on sait soi-même, jusque dans ses tripes, que les autres ont tort, mais on ne trouve pas toujours les mots pour l'exprimer. Je n'ai jamais su me rebeller, je ne sais que m'obstiner en silence, en espérant que les autres finiront par entendre raison.
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Devant la chaleur des réactions, mon texte à peine publié m’apparaissait déjà comme obsolète. C’était ça, le monstre qui me hantait, cette chose minuscule qu’il avait suffi de réduire à quelques phrases ? Depuis tout ce temps, ce n’était que ça ?
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Naître avec cette voix, c'était comme naître coiffé, avec les yeux vairons ou les cheveux roux: on vous attribuait une histoire avant même que vous puissiez construire la vôtre.

"L'été dans la vallée"
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Apprendre à écouter respirer les pierres, s’il faut en arriver là. Entendre pulser le sang épais qui alimente les rêves minéraux de la ville. Sentir en chaque pierre, en chaque muraille, la rémanence d’un passé rarement paisible, fantôme des jours de splendeur et de violence.
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On aurait dit qu’il avait pour but dans l’existence de regarder l’envers des choses, et d’essayer de changer lui aussi la vision des autres, par petites allusions subtiles. Habitude contractée, m’avait-il laissé sous-entendre, à force de passer le temps seul en sa propre compagnie, et ce depuis l’enfance. Quand on vient au monde pas totalement « normal », selon les critères de certains, et dans un coin où toute forme d’infirmité passe pour un châtiment divin, on apprend, par la force des choses, à se distraire de ses propres pensées. À plus forte raison quand on ne peut pas passer sa jeunesse à courir partout avec les autres gamins. Quand on rejoint ensuite les gens du voyage, et qu’on apprend vite à n’être de nulle part, l’habitude devient une seconde nature.
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