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Citations de Mélanie Fazi (275)


Elle était de ces gens chez qui l'hospitalité passe par le ravissement du palais. Son affection pour ses proches se mesurait à l'aune des heures qu'elle consacrait à leur mitonner des plats.
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Certains soirs, je t'ai enlacé pour coller l'oreille contre ton épiderme. J'ai cru entendre palpiter juste sous l'écorce, presque à portée de main. Comme autrefois, dans une autre vie, quand le souffle de Benjamin dans notre lit me gardait éveillée. J'ai cru entendre deux cœurs jumeaux battre au ralenti contre mon oreille. Mais j'ai pu me tromper. [Élégie]
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D'autres avant moi l'avaient éveillée à la chair, que me restait-il à lui apprendre ? C'était la première fois qu'elle m'appartenait totalement, absolument, moment d'autant plus précieux qu'il serait bref et sans retour.
Parce que j'étais le seul, le premier, le dernier.
Son seul et unique meurtrier.
J'allais lui faire ce qu'aucun homme avant moi n'avait fait.
Ce qu'aucun après moi ne ferait.
Tout ce que j'avais à lui apprendre.

[Le passeur]
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Alors voila, j ai fait peau neuve. Je suis louve désormais ; j'apprends à montrer ma fourrure au grand jour. Mais j'ap- partiendrai toujours à la lune beaucoup plus qu'au soleil. Et c'est ainsi qu'il doit en être.
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Je ne sais jamais très bien si je désire cette solitude là ou si elle me pèse.
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On ne tutoie pas un esprit des éléments, surtout s'il a connu le grand-père de votre grand-père. On ne vouvoie pas un renard court sur pattes et à la démarche de clown, surtout s'il est né de vos dessins.
[Le Faiseur de Pluie]
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Beaucoup de gens critiquent Paris et les grandes villes comme étant des endroits où "les gens ne se parlent pas" (question de point de vue : c'est la ville où, de toute ma vie, j'ai rencontré le plus de gens avec qui discuter de mes passions diverses, et celle où je me suis fait le plus d'amis). Pour moi, cette forme d'anonymat est confortable : les gens qui me connaissent sont ceux que j'ai choisis. L'idée d'une petite ville où tout le monde connaît tout le monde a quelque chose d'un cauchemar à mes yeux. Un endroit, en tout cas, où la tranquillité telle que je la conçois n'est pas possible. Dans une petite ville, j'aurais l'impression désagréable qu'on regarde constamment par-dessus mon épaule.
C'est le rêve de certains, je le conçois bien ; mais pour moi, ne pas pouvoir m'isoler quand je le souhaite est terriblement anxiogène. (47-48)
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La norme qu'on nous présente comme une évidence est en partie mensongère, et la réalité bien plus fluide qu'on ne voudrait le croire. Ce qui semble étrange pour les uns est la chose la plus naturelle au monde pour d'autres.
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Est arrivé un jour où la fiction n’a pas suffi. Un jour où les mots trop longtemps contenus ont demandé à sortir nus, sans filtre, sans que je ne déguise ma voix derrière celle d’un narrateur. Un samedi matin, au réveil, quatre pages se sont écrites d’une traite, nourrie d’années de réflexion, de tâtonnements, de quête d’identité. Ce jour-là, l’étrangeté autour de laquelle je me suis construite a enfin trouvé des mots simples pour se dire.
Je ne cherche pas à affirmer qu’il y aurait une vérité plus grande dans un récit vécu que dans un texte de fiction : depuis la fin de l’adolescence, mon langage est celui des histoires, et des nouvelles fantastiques en particulier, car c’est ainsi que je sais le mieux parler du monde. J’ai pour les genres en général, et surtout pour le fantastique, un grand amour et un profond respect. J’aime leurs multiples niveaux de lecture, leur richesse métaphorique, j’aime la façon dont ils permettent de traduire des réalités complexes par des images fortes ou poétiques là où les mots se dérobent parfois.
Mais ce jour-là, à cet endroit précis, cet outil s’est révélé inadéquat.
Le dimanche soir, je suis allée me coucher, la peur aux tripes, en me disant : « Demain, ma vie va changer. » J’y avais réfléchi pendant deux longues journées ; il était trop tard pour renoncer.
Le lundi matin, je me suis dévoilée.
Le billet, publié sur mon blog puis relayé sur les réseaux sociaux, s’appelait « Vivre sans étiquette ». Il parlait d’identité de genre, de rapport à la norme, de certaines différences qui vous compliquent la vie parce qu’elles sont discrètes et mal connues, parce qu’elles ne portent pas de nom familier. Il parlait de la façon dont on les vit au quotidien et de la douleur sourde qui vous habite constamment. Il parlait de la nécessité d’arrêter de me cacher pour moi-même autant que pour d’autres.
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Elle n'avait plus qu'à se faner avant d'avoir vécu.

[Extrait de Ghost Town Blues]
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Personne ne vient jamais à Copeland Falls, c'est pourquoi les visiteurs ne passent pas inaperçus. Il n'existe que deux catégories de personnes en ville : ceux dont la place ne peut être qu'ici, et les voyageurs égarés qui cherchent refuge pour la nuit. (...) Si une cité à jamais mérité l'appellation de ville fantôme, je peux me vanter d'y résider.

[Extrait de Ghost Town Blues]
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Pour l’instant, tout restait possible : on pouvait se prendre à espérer monts et merveilles, de quoi occuper ces après-midi d’été interminables. Mais bientôt la fête serait installée, prête à les accueillir, forcément moins fabuleuse que celle dont ils avaient rêvé. L’arrivée des forains suscitait toujours une excitation unique, car c’était le moment où tout restait à faire.
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(...) l’ange me ressemblait. Quelque chose dans le pli du sourire, l’épaisseur des sourcils. La ligne des cheveux peut-être. Juste au-dessus du socle, les pans de la robe se changent en racines d’arbre bien ancrées dans la pierre. Sur les tempes, les joues, le dos des mains, la peau se couvre d’écailles minuscules. Comme si le costume d’humain se déchirait parendroits, dévoilant une nature ophidienne. Bestiale par essence, mais avec la singulière élégance des reptiles.
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Je ne sais plus si j’ai toujours été insomniaque ou si je le suis devenu par la force des choses, pour avoir refusé de vivre le jour. On acquiert vite le rythme des nuits, et plus moyen ensuite de faire marche arrière. C’est la foule, le plus pénible. Tous ces contacts indésirables et moites, ce va-et-vient incessant, quand on n’aspire qu’à marcher dans des rues vides en quête de silence. (...)
Mais le silence, le vrai, n’existe que la nuit.Il abrite seulement cette petite musique lointaine qu’on n’entend qu’après minuit, et en tendant l’oreille. Une voix que seuls connaissent ceux qui ont oublié comment dormir. Le jour, tout n’est qu’apparence, étouffant de banalité. La nuit, il faut affronter sa part d’ombre. La nuit, je peux enfin être animal.

[extrait de 'Le Passeur']
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Elle se repliait sur le secret de son absence, pareille à une huître protégeant sa perle. Mais comment savoir si le trésor n'était pas empoisonné ? Comment, surtout, le lui extirper sans y laisser les doigts ?
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La maison que je découvre derrière la haie ressemble à celle qu’occupent Judith et mon père. Mêmes murs de pierre, même modèle à peu de choses près, mais le jardin paraît négligé en comparaison. L’herbe est plus haute et rien n’indique la présence de plants de fleurs ou de légumes.
Il n’y a qu’une poignée d’arbres, en fait. Trois plus précisément, disposés en triangle dans un coin du jardin. Je trouve la voisine en train d’accrocher aux branches quelque chose de coloré. En m’approchant, je reconnais ces lanternes en papier qu’on associe plutôt aux barbecues d’été.
Je suis surprise en découvrant Bleuenn de près. D’après la description de Judith, je m’étais fait l’image d’une veuve desséchée, enfermée dans un cocon poussiéreux de deuil et de tristesse. J’attendais une vieille dame, mais la femme qui m’accueille n’a pas cinquante ans. Elle a simplement les traits tirés et les vêtements noirs de la tête aux pieds : un long manteau fourré et une jupe bouffante par-dessus ses bottes boueuses. Ses cheveux aussi sont noirs. Pour le reste, elle a le visage à peine marqué de rides et un grand sourire joyeux. Comme si le simple fait d’accrocher des lanternes à ces arbres la remplissait d’une euphorie de petite fille.
Je ne sais pas trop comment me présenter.
— Bonjour, je suis la… Enfin je… Je loge à côté. Pour quelques jours. Judith m’envoie pour les biscuits.
— Oui, bien sûr. Vous pouvez les poser là.
Bleuenn s’accroupit pour inspecter le contenu du panier. Ses jolis yeux pétillent quand elle ouvre la première boîte et en tire un biscuit qu’elle contemple dans sa paume : une étoile au contour souligné d’un trait de glaçage blanc.
— C’est pour les arbres, m’explique-t-elle comme si la chose allait de soi, avant d’ajouter : Vous pouvez m’aider si ça vous amuse.
Son sourire est déroutant. On dirait qu’elle croit m’accorder une grande faveur. Après tout, pourquoi pas ? J’ai des cadeaux à terminer, mais ça peut attendre un peu. Et puis, le temps que je rentre, Sylvain sera revenu. Ce sera plus facile en sa présence. (« Un bal d’hiver »)
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Il y a des jours, ceux qu'on passe à l'écart des miroirs, ou on se lasse même de sa propre humanité.
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Il n'y a pas plus de violence dans un cri d'hystérie que dans une phrase énoncée d'une voix calme et blanche. Être capable de regarder un adversaire droit dans les yeux et le mettre face à vérité nue: le vrai pouvoir est là.
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La musique adoptait les contours d'un dragon, et jusqu'à sa couleur. Elle ignorait que des sons puissent se traduire par des couleurs, mais si cette chanson en possédait une, c'était forcément le rouge sang des écailles.
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L'arrière-goût se précise. Et tu le traques à chaque nouvelle bouchée arrosée de mon vin. Il t'évoque l'amertume d'une herbe que tu as goûtée autrefois. La flamme des bougies creuse des ombres dans la caverne de tes sourcils, arqués dans l'effort de mémoire. Une bouchée de plus et tu sauras peut-être ? [Mémoires des herbes aromatiques]
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