AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Michel Jean (401)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Maikan

Ceux qui ont eu le bonheur de lire "Kukum" ne me contrediront sans doute pas, entrer dans la culture innue par cette porte fut une expérience intense, belle, douce. Suivre à pas de velours les traces d'Almanda reste et restera un sentiment unique dans ma vie de lectrice.

On y percevait pourtant dans sa deuxième partie une bonne part du lugubre destin que le pays réservait à ses autochtones et à leur terre. Déjà c'était un déchirement, mais rien de comparable avec la lecture de "Maikan".



Dans la nouvelle parution de la collection Talismans, Michel Jean se rend cette fois au cœur de l'ignominie.



Dans une obsession de destruction culturelle, plus proprement renommée "assimilation", le gouvernement Canadien s'est octroyé le droit de séparer des enfants autochtones de leurs familles. Les envoyant dans des pensionnats religieux dont le rôle était de "tuer l'indien dans l'enfant", il les a ainsi exposés à de nombreuses tortures physiques et morales.



Là où tout n'est que brutalité, violence et domination, Michel Jean ose s'armer d'un style délicat et pudique. L'effet obtenu, loin d'atténuer la colère du lecteur, intensifie le sentiment d'injustice qui suppure de toutes ces blessures inqualifiables assénées aux corps et aux âmes.



Par le biais des histoires croisées d'une avocate énergique et de trois pensionnaires définitivement marqués par leur vécu dans le pensionnat de Fort George, les pages se tournent tandis qu'un sentiment doux-amer s'installe. Certaines choses ne peuvent être réparées, mais elles doivent être racontées.



J'ai été particulièrement émue par Marie, Virginie et Charles, qui dans la douleur ont su puiser la lumière les uns dans les yeux des autres et l'apaisement dans la chaleur d'un geste. J'ai aimé voir peu à peu Audrey afficher un visage plus doux, plus empathique et montrer qu'elle n'était pas qu'une exécutante armée d'une bonne intention de façade.



Ce livre vous mettra en rage, mais lisez-le !
Commenter  J’apprécie          180
Amun

Tout d'abord je remercie Masse critique et les éditions Dépaysage pour l'envoi de ce livre.

Un grand bravo aux auteurs et autrices présents dans ce recueil, j'ai littéralement adoré ce bouquin.

J'aime beaucoup les récits sur les amérindiens, comprendre leurs traditions, leur rapport à la nature et aux autres, j'ai été servi tout au long de ma lecture qui n'aura duré que 3 jours tant j'ai été happé par ces histoires.

J'ai particulièrement aimé "Où es-tu ?" pour sa beauté du texte et du rapport homme/nature et "j'ai brûlé toutes les lettres de mon prénom" pour l'écriture et l'impression d'avoir une québécoise avec son accent qui me narrait son histoire.



Un moment de délicatesse, de poésie marqué par une réalité poignante de la condition de ces hommes et femmes appelés "Autochtones ou Premières Nations" qui montrent comment ils ont dû et doivent encore se fondre dans la tradition "blanche" colonisatrice tout en étant toujours bien différenciés et relégués malheureusement très souvent au second plan.
Commenter  J’apprécie          181
Tiohtiá:ke [Montréal]

Montréal, de nos jours. Elie sort de prison. Il vient d'y passer une décennie, c'est un homme brisé qui n'a plus de repère et que personne n'attend : c'est donc dans les rues de la ville qu'il vivra désormais. Dans cette infortune il croise d'autres personnes que la vie a malmenées et continue de briser lentement. Comme lui, beaucoup de ces personnes échouées dans les parcs, les squats et les trottoirs de Montréal sont des Autochtones.



Au fil des pages de ce court roman, Michel Jean lance des upper cut avec des vérités crues sur le sort des descendants de ceux que le gouvernement canadien a envoyé dans les pensionnats.

J'ai été totalement captivée par ce récit que j'ai dévoré en deux jours. Non seulement parce qu'il aborde des thèmes qui me touchent particulièrement, mais aussi parce qu'il m'a donné l'impression de revivre ma lecture de Jeu Blanc - une de mes meilleures lectures en 2020 - avec la subtilité que Michel Jean commence son récit là où Richard Wagamese l'a arrêté, en choisissant de parler des descendants et des conséquences du traumatisme subit par leur aïeux sur eux. Familles dysfonctionnelle et hautement toxiques, addiction, violences conjugales, viols, incestes, tout ce que la société occidentale a de pire et que ces tribus n'avaient pas connu avant la colonisation : voilà l'héritage de la mission civilisatrice de l'homme blanc visible encore deux siècles après.

Et pourtant, ce roman reste plein d'espoir et laisse entrevoir la capacité de ces autochtones à la résilience en transformant leur souffrance personnelle et transgénérationnelle pour renaître à eux-même.



Si ce récit m'a parfois pris à la gorge avec ce narrateur omniscient très pertinent (des vacances appréciables de ce "je" narratif trop égocentrique et à la mode depuis quelques années à mon goût), confrontant et cru mais aussi intéressant car j'ai appris des choses sur l'histoire du Canada également. Certaines scènes du roman me révulsent encore (plus de quinze jours après sa lecture!) L'avenir me dira si elles me hanteront encore comme celles du roman de son défunt compatriote anglophone.

J'ai aussi aimé l'écriture directe et travaillée de Michel Jean qui lui donne une place et une voix à part dans le cercle des écrivains autochtones.



Désormais j'ai hâte de découvrir d'autres romans de cet écrivain, et j'ai déjà beaucoup conseillé celui-ci.
Commenter  J’apprécie          171
Tiohtiá:ke [Montréal]

« Comme tant d’autres, Geronimo avait perdu son chemin sans le réaliser. « C’est comme lorsque tu marches dans le bois et que tu fais pas attention, avait-il l’habitude de dire pour raconter comment il s’était retrouvé dans la rue. Tu prends le mauvais virage. Au début, les sentiers se ressemblent. Puis tu finis par comprendre que tu t’es perdu. Tu oses pas retourner, tu te dis que tu vas t’arranger, que ça doit aboutir quelque part, mais ça ne mène nulle part et tu te perds pour de bon. » (p. 113)



Élie Mestenapeo est originaire de Nutashkuan, une communauté autochtone innue située dans la région de la Basse-Côte-Nord. Il vient de passer dix ans au pénitencier de Port-Cartier pour le meurtre de son père, un homme alcoolique et violent. Ce crime lui ayant valu d'être banni de sa communauté, il prend l'autobus pour Montréal, dès sa sortie de prison, rejoignant ainsi la cohorte de ceux et celles qui l'ont précédé, en quête, quelque part, d'une vie meilleure. Rapidement, il va rencontrer des personnes bienveillantes qui vont le prendre sous leur aile, une communauté d'itinérant(e)s gravitant autour du square Cabot. Avec Tiohtiá:ke - nom mohawk désignant Montréal et qui se prononce « Djiodjiagué » -, Michel Jean aborde une réalité sociale encore peu représentée en littérature : l'itinérance autochtone. Si dans l'ensemble j'ai apprécié ma lecture de ce roman qui met en scène des personnages attachants marqués par les traumatismes transgénérationnels des pensionnats autochtones, j'ai eu de la difficulté à adhérer à la proposition de l'auteur, qui prend un peu trop, pour ce que j'en attendais, le parti des bons sentiments. Me restent néanmoins de beaux passages, notamment celui de la feuille, tourmentée par le vent... Je remercie NetGalley et les Éditions du Seuil pour l'envoi de ce roman.
Commenter  J’apprécie          170
Tiohtiá:ke [Montréal]

A Montréal, les descendants des indiens autochtones représentent 1% de la population mais 10% des SDF. Désocialisés par l’alcool et la drogue, loin de leurs réserves, ils errent dans cette ville tentaculaire. Condamné à dix ans de prison pour le meurtre de son père très violent, Elie, un jeune Innu, échoue dans les rues de Montréal. Mais aidé par quelques indigents désireux d’échapper à leur condition précaire, il évite les dangers inhérents à sa situation et, encouragé par la fille d’une SDF, reprend des études de droit.

Au-delà du témoignage sur les conditions de vie des sans-abris à Montréal, le parcours d’Elie est une belle leçon de courage et son combat pour retrouver ses racines est touchant.
Commenter  J’apprécie          170
Kukum

Dans ce beau récit de souvenirs, émouvant et poétique, l'auteur raconte la vie de son arrière-grand-mère, fille de colons irlandais arrivée au Canada en 1880 qui épousa un Indien innu et partit vivre avec lui dans le Grand-Nord, au-delà du lac Pekuakami. Saison après saison, la voix d'Almanda retrace les hivernages sur le territoire, l'arrivée à Pointe-Bleue pour y passer le printemps et l'été, la vie nomade, les coutumes des Indiens, la vie avec la nature puis sa destruction par les bûcherons dans la première moitié du XXe siècle.

Ce beau récit tout en délicatesse transmet à la fois les sensations et émotions d'Almanda dans sa proximité avec la nature en éternel renouvellement ainsi que les fondements d'une culture malheureusement sur le point de disparaître.
Commenter  J’apprécie          170
Le vent en parle encore

En lisant ce roman, à la suite de Kokum, je me retrouve un peu estomaquée, en tant que Québécoise, d'avoir autant ignoré jusqu'à récemment, la dure réalité des pensionnats où furent envoyés des dizaines de milliers de jeunes Autochtones, dans un objectif maintenant connu d'assimilation culturelle. En effet, on y apprend que 12 des 139 pensionnats canadiens furent établis sur le territoire du Québec. Non seulement ces enfants et jeunes autochtones durent-ils subir un système qui cherchait à détruire leur identité, en plus, certains ont rencontré des prêtres catholiques assoiffés de sexe qui ont abusé d'eux de façon encore plus horrible. J'ai dévoré ce roman d'une traite, il est écrit dans une langue très accessible, et il m'a bouleversée.



Commenter  J’apprécie          170
Maikan

C'est mon troisième roman de l'auteur après "Kukum" et "Atuk, elle et nous"; le plus douloureux aussi.

Le déracinement des populations autochtones du Canada, des enfants enlevés , envoyés dans des pensionnats religieux pour " tuer l'indien". L'ignominie de l'être humain le plus abject nous est dévoilé. Toutes les tortures, sévices sont présentes qu'ils soient physiques ou morales.

Nous passons des années fin 1930 (1936) à 2013 où Audrey, une jeune avocate veut retrouver des survivants des pensionnats et demander réparations. Du pensionnat Fort Charles, on va retrouver Marie, Virginie et Charles et suivre leur destin.

Un livre pour l'Histoire canadienne, une révolte intérieure me submerge. Le dernier pensionnat a fermé en 1996; 150 000 enfants autochtones ont été enlevés à leurs familles.

Un livre d'une grande puissance, émouvant. Un livre qui touche énormément, pour ne pas oublier.
Commenter  J’apprécie          170
Kukum

C'est l'histoire de l'arrière grand mère de l'auteur :Almanda Simeon;sa kukum. Autour du lac Pekuakami, le lac Saint Jean. De la rencontre avec son mari, un indien Innu, leurs enfants...

Une magnifique histoire de leur amour, d'une vie de chasse, d'expéditions dans les grands espaces. Une vie où le sens de la famille est très important et puis le drame lorsque les colons blancs arrivent. Il faut du "progrès" mais à quel prix, la déforestation, le déplacement des enfants dans des pensionnats... La perte de leur identité.

La nature est omniprésente, les Innus tuent pour se nourrir, pour vivre.

Cette femme a une force de caractère exemplaire. Un roman sur l'identité.

Un coup de cœur.
Commenter  J’apprécie          172
Kukum

Ce livre est le recueil de souvenirs d'un temps révolu, à travers le témoignage d'une grand-mère innue, celle que l'on nomme Kukum dans cette langue des amérindiens du Nord du Canada, qui vivent sur les rives du Lac Saint-Jean, le majestueux Pekuakami.

Lorsque Almanda, fille d'immigrés irlandais d'à peine 15 ans, décide de suivre par amour Thomas Siméon à peine plus âgé, elle ne se doute pas de l'accueil chaleureux que va lui réserver la communauté de son époux ni de la vie nomade qu'elle va mener au sein d'une nature préservée dont chacun tirait alors sa substance sans abus, dans la reconnaissance et le respect de ce qu'elle lui offrait généreusement.

Au fil de ces 300 pages, kukum raconte évidemment son apprentissage de jeune épouse de chasseur de gibier, de la langue innu-aimun, de la chasse en forêt, de la préparation et du tannage des peaux destinées au commerce, de la pêche, de la fabrication artisanale de mitaines perlées ou de paniers en écorces, puis, hiver comme été, ses pérégrinations et les campements à travers le Nitassinan c'est à dire le territoire innu du Québec

Mais au delà de l'aspect humain, ethnologique ou anthropologique du récit, ce destin qui nous ramène à la fin du XIXe siècle, est d'abord et surtout celui d'une femme, épouse et mère éprise de culture et de liberté dont le seul luxe est la lecture et l'unique ambition le bien être des siens et l'éducation de huit de ses neufs enfants puisque l'un d'eux ne survivra pas.

Elle n'hésitera pas une seconde à se sédentariser pour construire une maison à proximité des écoles et à revoir sa façon de vivre fût-elle au prix de privations, de séparations et de solitude, partagée entre le désir de préserver et leur léguer sa culture d'adoption mais aussi de leur donner les meilleures chances de s'adapter aux changements de société générés par le progrès.

Au fil du temps, cette femme-courage s'insurgera contre le saccage de la forêt par les bûcherons, la destruction des écosystèmes par l'ouverture de routes et l'installation de chantiers, l'appropriation des terrains par les Compagnies, l'obstruction des rivières par les draveurs, et s'opposera à l'expropriation de sa maison pour permettre la construction de la voie ferrée.

Vieille dame digne, indifférente à ce qu'on peut penser de sa démarche et de son aspect, elle ira jusqu'à Québec faire, trois jours durant pour qu'il la reçoive, le siège du bureau du Ministre Duplessis pour plaider la cause des siens.

Mais ce qui émerge de ce livre magnifique de simplicité, de poésie et d'empathie, au delà de la lutte pour sa survie et le respect de ses coutumes, c'est la chaleur, la solidarité et la bienveillance d'un peuple dont la disparition a été programmée, d'un peuple libre parqué dans une Réserve, d'enfants ravis à leurs familles, violentés moralement et physiquement dans des pensionnats religieux chargés de les rééduquer en les forçant à renier leurs origines, leur langue et jusqu'à leur nom.

Certes, on n'assiste pas là au génocide pur et dur des indiens d'Amérique du Nord ou Latine, mais la dépossession et la négation identitaire de ces populations nomades acculées à la sédentarité et au formatage des sociétés industrialisées conduisent inévitablement à un désespoir générateur de suicides, d'alcoolisme et de violences. le cas, hélas , n'est pas unique…

Il y a une dizaine d'années, j'ai quitté ma lointaine Méditerranée pour faire personnellement le voyage jusqu'au lac Lac Saint Jean, sans pousser jusqu'au Peribonka. A cette époque-là, kukum n'existait pas encore entre les lignes.

Mais il me plait aujourd'hui de croire que l'âme d'Almanda Siméon, cette femme exceptionnelle, guerrière pacifique et féministe avant l'heure, habite toujours les rives de ce lac merveilleux et les forêts alentour dont je me suis nourrie de la beauté quelques jours seulement quand elle y a vécu toute une vie…



Commenter  J’apprécie          170
Kukum

Un chouette roman qui m'a balladé dans le temps et dans des paysages magnifique.

J'ai passé un très bon moment de lecture.

Le ton est apaisant , comme l'héroine nous découvrons la tribu Innu

Au départ j'ai été séduite par la couverture très originaal puis par le titre puis paaar la critique d'une challengeuse

En résumé en un seul je vous encourage à découvrir ce roman qui mérite aussu l'étiquette "nature writting"

bonne lecture
Commenter  J’apprécie          170
Amun

Avant tout je tiens à remercier tout particulièrement Michel Jean et les éditions dépaysage pour l'envoi de ce recueil de nouvelles écrites par des auteurs et autrices canadiens d'origine innue, huronne-wendate, métisse et crie.

Comme vous le savez, la culture amérindienne est basée sur la transmission orale : cet ouvrage l'illustre parfaitement. En l'ouvrant vous entendrez 10 voix singulières. Certaines s'ouvriront à vous sur le ton de la confidence au travers d'un journal ou de lettres, d'autres auront la saveur d'un conte raconté au coin d'un feu hivernal, ou peut-être aurez-vous l'impression que votre copine québécoise vous déballe son coeur et ses tripes au téléphone (le rendu auditif à la lecture est assez exceptionnel dans certaines et l'éditeur a eu le bon goût de ne rien modifier dans l'édition française).

Une pluralité de tons, donc, qui donne à penser de manières différentes l'héritage des premières nations. Tradition et modernité, métissage, nomadisme ou vie citadine, adoption, crise identitaire et communauté, racisme, statut, de nombreux thèmes sont abordés dans un tissus d'histoires qui ne se rejoignent que par leur extrême sensibilité à l'autre, à soi, aux croyances et à la nature. Un instinct de la chair traduit en mots. Car ce que vous murmurent ou vous crient toutes ces voix c'est qu'elles existent de toutes leurs forces, qu'elles écoutent avec acuité et qu'elles observent le monde d'un oeil aiguisé, le ressentent pour mieux s'en faire l'écho.
Commenter  J’apprécie          172
Kukum

Cela fait un moment que je voulais lire "Kukum" dont j’avais lu une chronique élogieuse dans le journal Le Monde, mais j’ai finalement attendu sa sortie en poche aux éditions Points. J’ai alors fait la connaissance d’Almanda, une jeune orpheline d’une quinzaine d’années qui vit sur les rives du lac Pekuakami au Québec à l’aube du XXe siècle jusqu’à ce qu’elle rencontre un jeune homme innu, Thomas, dont elle tombe éperdument amoureuse.



Leurs quotidiens sont diamétralement opposés et Almanda va devoir abandonner l’agriculture au profit de la chasse, la stabilité d’une maison à la vie nomade, le français à la langue innue, l’éducation par l’école à l’éducation par la nature, le catholicisme à la spiritualité autochtone… J’ai beaucoup aimé la simplicité de la langue de Michel Jean et la poésie des scènes qu’il nous dépeint. Sans pathos, il nous rappelle que l’amour de l’humain et le respect de la nature comptent parmi les forces les plus puissantes au monde et sont profondément complémentaires.



Ce roman initiatique illustre aussi plusieurs aspects de la culture autochtone qui doivent nous pousser à questionner nos sociétés. Almanda prend ainsi conscience de l’enfermement des femmes blanches par rapport à la société innue qui les laisse chasser, fumer, et s’exprimer aussi librement que les hommes. Elle constate également que chacun à son importance au sein du groupe, des personnes âgées aux plus jeunes enfants, car la transmission est la clé d’une société saine et stable ; autant de messages qui devraient être sources de réflexion.


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          160
Atuk

Lorsque Michel Jean nous avait présenté Almanda, son arrière-grand-mère, nous avions été nombreux à tomber sous le charme non seulement de la personnalité envoûtante de sa Kukum, mais également de cette plume réconfortante qui de ses mots adoucissait la rudesse des hivers et du temps qui passe.



Dans Atuk, le récit se fait plus intimiste encore. Deux voix se répondent en un écho lointain. Il y a Lui et il y a Elle. L'auteur tour à tour se livre sans masque puis se glisse dans la peau de Jeannette, sa grand-mère.



Les souvenirs sont plus tangibles, sans doute parce que les photos défilent et que nous percevons toute la force de ces racines qui nourrissent alors même qu'elles se dévoilent. Pour l'un comme pour l'autre c'est un cheminement, une prise de conscience que leur vie ne se résume pas à ce qu'ils ont vécu mais que le parcours de leurs ancêtres les a impacté.



Tandis que Michel s'imprègne de sa part d'Innu, Shashuan Pileshish (Hirondelle) doit faire le parcours inverse, découvrant que les yeux bleus de sa mère, Almanda, sont le reflet de tout un pan de son identité dont elle n' avait pas conscience.



Et il serait formidable de simplement s'émerveiller de ces mondes qui se mélangent dans un être et qui en font naître de nouveaux. Mais le kaléidoscope de la vie n'a de cesse de trouver des obstacles sur son chemin. Histoire, sociologie et décisions politiques se chargent de l'illustrer. On ne comprend jamais aussi bien ces dernières que lorsqu'on prend le temps de mesurer leur impact sur une vie particulière. C'est d'autant plus le cas lorsque ces vies se trouvent à des carrefours, lorsqu'elles franchissent des barrières sans nier leur réalité.



J'ai adoré cette lecture, tant pour les émotions qu'elle provoque que pour l'analyse qu'elle permet. Je chéris tout particulièrement les moments de compréhension muette entre Almanda et Jeannette qui m'ont tellement émue. Je dois le dire, j'ai eu bien du mal à laisser s'envoler cette merveilleuse hirondelle.
Commenter  J’apprécie          160
Tiohtiá:ke [Montréal]

Banni par sa communauté, Élie, un innu, se retrouve à Montréal et vit dans la rue avant de s'en sortir graduellement. En soi le sujet est brûlant d'actualité, le portrait que dresse l'auteur de ce cheminement est intéressant et ce livre se lit très facilement. Les chapitres courts vont à l'essentiel, le style est très dépouillé, tout en respectant une certaine pudeur, une certaine retenue ce qui constitue, bizarrement, à la fois une force et une faiblesse. Force car rien ne braque le lecteur malgré un certain regard manichéen (autochtones plus ou moins toujours victimes des méchants blancs) et en même temps convient parfaitement aux nombreuses évocations de la culture innue, présentée ici, à juste titre, comme une bouée de sauvetage. Par contre cette réserve occulte la rudesse des conditions de vie des itinérants; oui on mentionne prostitution, piqueries et beuveries mais sans s'attarder au quotidien souvent conflictuels des rapports avec le société ni sur la violence omniprésente au sein des sans abris.



Mais ces bémols sont mineurs par rapport aux plaisirs que m'ont procuré cette lecture. J'ai particulièrement aimé l'effet apaisant du retour en nature, l'idée centrale que malgré des obstacles énormes on puisse reprendre en main sa destinée et que même si la complicité qui transcende l'appartenance à une race est complexe à établir, elle donne de bon résultats lorsqu'on y parvient. En somme un livre qui vaut vraiment la peine.
Commenter  J’apprécie          160
Kukum

Prolongement des traditions orales amérindiennes, "Kukum" est la voix d'Almanda Siméon. Les pieds dans le sable, léchés par les remous du lac Pekuakami qui l'a vue s'épanouir, l'aïeule ferme les yeux et suspend le temps. Elle nous conte sa vie, celle d'une jeune fille intrépide et vaillante qui quitte sans ciller une vie aliénante à la ferme pour épouser l'amour de sa vie : Thomas, et avec lui la liberté, le nomadisme et la culture innue. L'émerveillement face à la nature, le respect et l'humble crainte qu'elle inspire rythment un récit empreint de sagesse et d'appétit de vivre. Ses mots nous portent loin, dans une autre époque, un autre continent, une autre culture, au cours de longues marches éreintantes, d'hivers rudes, mais de tant d'acceptation, de résilience et de chaleur humaine. Et soudain, on s'aperçoit que l'on respire un peu mieux. Il est dur de lâcher ce livre, dur aussi de rouvrir les yeux avec Almanda sur une civilisation qui change, une version amère déchirante et avilie de ce qu'elle avait laissé derrière elle à l'aube de ses quinze ans. Mais désormais, lorsque la nostalgie s'invitera, nous pourrons inlassablement revenir en pensée sur les berges de ce lac immense, les pieds chatouillant le sable et la tête contre l'épaule d'Almanda,nous nous laisserons porter par le flot de ses mots. Ceux de l'arière-grand-mère de Michel Jean, sa Kukum, qui devient presque un peu la nôtre et à qui il rend ici un hommage bouleversant.

Commenter  J’apprécie          160
Tiohtiá:ke [Montréal]

Tiohtia:ke, (à prononcer « Djiodjiagué ») c’est le nom de Montréal pour les mohawks. C’est là que Élie Mestenapeo descend du train pour commencer une nouvelle vie. Après dix ans de prison pour parricide, il ne peut pas rejoindre sa communauté innu de la Côte-Nord, dont il est banni à vie. Cette double condamnation est dure pour le jeune homme, mais il l’accepte. La ville, et le visage complètement inconnu qu’elle lui offre, en font une proie facile, mais heureusement il rencontre rapidement Geronimo, qui lui vient en aide, puis d’autres exclus, issus comme lui de différentes nations autochtones.



De Michel Jean, j’ai déjà lu Kukum, un beau roman plein de sobriété inspiré de la vie de l’arrière-grand-mère de l’auteur. J’ai retrouvé avec plaisir son empathie pour tous, ici pour les nombreux habitants du square Cabot, anonymes aux yeux de beaucoup, devenus de belles personnalités sous sa plume.

L’entraide existant entre les sans-abris est mise en avant par Michel Jean, plutôt que les agressions et les vols, même s’il n’occulte pas les difficultés, le froid, la faim, le manque de toutes les commodités les plus élémentaires. On pourrait lui reprocher d’embellir un peu les bons côtés, d’accorder à Élie quelques circonstances favorables. Personnellement, je ne me plains pas de ce bon tempérament de l’auteur qui lui fait éviter d’écrire des romans trop sombres sur des sujets déjà difficiles. Il n’occulte pas les drames, il les laisse un peu à la marge, il ne s’appesantit pas.

L’émotion n’est pas absente pour autant, au contraire, la grâce et la concision de l’écriture rendent le roman de plus en plus émouvant au fil des pages. Si vous avez aimé Kukum ou d’autres romans de Michel Jean, le parcours d’Élie et de ses compagnons du square Cabot ne devrait pas vous décevoir.


Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          150
Kukum

Michel Jean nous offre à hauteur de femme l'histoire de son extraordinaire arrière-grand-mère, Almanda Siméon. Elle se tient au bord du lac Pekuakami , le lac Saint-Jean au Québec, au crépuscule de sa vie et se raconte.

C'est un magnifique roman que j'ai eu l'occasion de lire là grâce à un séjour au Québec et grâce à une amie qui me l'a chaudement recommandé. C'est l'histoire des nomades du Nord de l'Amérique, racontée par Almanda Simeon, une jeune fille qui a choisi de vivre cette vie aux côtés de Thomas, l'homme dont elle s'est éprise. C'est aussi l'évolution de cette vie de nomade, forcé à vivre sédentairement, par la pression des hommes blancs et du gouvernement Canadien. J'ai eu le plaisir de le découvrir en version livre lue et j'avoue que cette lecture calme, apaisante et tranquille m'a permis de pleinement goûter à ce rythme de vie qui n'est pas le nôtre. la nature, le calme, les paysages, les émotions sont autant de belles choses découvrir. j'ai ri, j'ai pleuré, j'ai été en colère et j'ai appris ... Quoi de mieux pour un livre ! n'est ce pas finalement le but ultime ? A découvrir pour les amoureux de nature et pour les nostalgiques d'un temps révolu. merci Michel jean pour ce roman d'une grande beauté, merci Claudine pour m'avoir fait découvrir cette petite merveille !
Commenter  J’apprécie          150
Kukum

Kukum raconte l'histoire d'Almanda Siméon, l'arrière-grand-mère de l'auteur, depuis son adoption au Québec par son oncle et sa tante, en passant par son mariage avec Thomas, un Innu du lac Pekuakami, grâce à qui elle trouvera l'amour et la liberté dont elle rêvait. Ainsi, on va traverser les âges, découvrir les coutumes d'une région, naviguer au coeur de la nature, et assister à la destruction d'un mode de vie nomade.



Bien que parfois profondément intime, il y a une réelle pudeur dans ce récit, et une sérénité sans faille. J'ai admiré la force et le courage dont cette femme a fait preuve tout au long de sa vie. J'ai aimé la relation d'Almanda et Thomas, si respectueuse, sincère et passionnée.



Le respect et l'harmonie règnent entre le peuple Innu et la nature. Une tout autre façon d'appréhender le monde, où l'humain ne cherche pas à dominer cette dernière mais à vivre en cohésion avec elle. On traverse les saisons, les lacs et les forêts. On fête avec les Innus le retour des beaux jours, et on ressent la faim qui nous tenaille, en hiver, quand la nourriture se fait plus rare.



Hélas, le changement de moeurs et de gouvernement va peu à peu bouleverser ce bel équilibre. Aussi, Kukum évoque, sans haine, la façon dont le peuple Innu s'est vu dépouillé de son environnement, notamment à cause de la culture forestière. Une nature qui disparaît, des arbres majestueux abattus et des lignes de chemins de fer venant briser ces espaces sereins. Autant d'éléments qui signeront « la fin d'une vie de mouvement » et le début d'une existence sédentaire.



Sans insister trop vertement sur le traitement des indiens innus à l'époque, l'auteur n'en fait pas l'impasse pour autant, et évoque les conséquences d'un tel changement sur ces peuples. Le sujet le plus délicat étant celui de ces enfants arrachés à leur famille afin d'être éduqués, comprenez « civilisés », dans un pensionnat spécialisé dont certains ne reviendront jamais. Ce n'est pas la partie la plus conséquente du roman, mais elle est néanmoins nécessaire.



Kukum est un récit magnifique, simple et émouvant, d'une grande puissance. C'est un roman empreint d'amour et de beauté, qui fait l'éloge de la patience. Ce roman m'a totalement conquise, jusqu'au coup de coeur, et je vous en conseille vivement la lecture !



Chronique détaillée sur le blog.

Caroline - le murmure des âmes livres
Commenter  J’apprécie          150
Tiohtiá:ke [Montréal]

Elie Mestenapeo, un jeune Innu de la Côte-Nord, au Québec, a tué son père alcoolique et violent dans une crise de rage. Pour ce meurtre il a fait 10 ans de prison. À sa sortie, il est rejeté par les siens, exclu de sa communauté. Un bannissement à vie, même s’il a payé sa dette envers la société selon le droit des blancs. Il prend la direction de Montréal, Tiojtia :ke dans sa langue. À peine arrivé il se fait voler son sac et toutes ses affaires. Il rejoint alors une nouvelle communauté : celle des Autochtones SDF, invisibles parmi les invisibles



Michel Jean nous plonge au cœur du quotidien de ces laissés-pour-compte. Un quotidien dominé par la solitude et la solidarité, la peur, la précarité, la violence. Une société en marge de la société, avec ses propres règles, ses codes, où la mort rode, omniprésente. Une communauté à la fois soudée et autonome, où les femmes disparaissent, sont assassinées, des hommes meurent de froid dans l'indifférence générale. Ont-ils - ont-elles une chance de s'en sortir ?



Comme d'autres avant lui, Elie va apprendre la survie, faire des rencontres. Il y a Jimmy et sa soupe populaire, les jumelles Nappatuk qui vivent dans la rue depuis 30 ans, Geronimo, le premier à lui tendre la main, Caya le rockeur, Mafia Doc un vieil itinérant plus ou moins médecin qui refuse de quitter sa tente alors que Montréal plonge dans le froid polaire, et tous ceux et celles arrivés à Montréal par les méandres tumultueux de la vie. Et puis il y a Lisbeth, la fille d'une des jumelles, qui fait des études de médecine. Enfin il y a ce monstre qui se terre au creux du ventre d'Elie, toujours prêt à bondir. Avec l'aide de Lisbeth, de Jimmy et des autres, Elie parviendra-t-il à dompter ce monstre, à faire la paix avec son passé ?



Dans ce roman plein d’humanité, Michel Jean nous raconte le quotidien de ces êtres fracassés, fait d’alcool et de rixes, mais aussi de solidarité, de poésie et d'espoir. Un monde d’humanité au cœur d’une ville qui en manque parfois (souvent).



Les chapitres sont courts. Le style est vif, rapide, simple, brut comme la vie de ces hommes et ces femmes. L'auteur va droit au but, sans s'embarrasser de fioritures inutiles. On est rapidement en empathie avec Elie. On s'attache à ses compagnons d'infortune.



Le récit ethno social se double d'une dose de polar, rendant le roman plaisant.



Première incursion dans l’œuvre de Michel Jean, journaliste et auteur innu, appartenant à la communauté de Mashteuiats.Une belle découverte qui me donne envie de lire les autres œuvres de cet auteur, dont Kukum, son précédent roman qui a reçu de nombreux prix et connait un succès international. Un grand merci à Netgalley et aux Editions du Seuil et sa collection « Voix autochtones ».
Commenter  J’apprécie          152




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel Jean (1983)Voir plus

Quiz Voir plus

Tout sur one piece (difficile)

quel est le 1er homme de l équipage de Gold Roger ?

baggy le clown
shanks le roux
silver rayleigh
crocus

30 questions
3609 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}